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Villes et Entreprises Collection dirigée par Alain Bourdin et Jean Rémy

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Développement durable

et renouvellement urbain

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Villes et Entreprises

Collection dirigée par Alain Bourdin et Jean Rémy

La ville peut être abordée selon des points de vue différents: milieu résidentiel, milieu de travail, milieu de culture. Ceux-ci peuvent être entremêlés ou séparés. Il en va de même des groupes sociaux qui communiquent à travers ces divers types d'enjeux. La dimension économique n'est jamais absente, mais elle entre en tension avec la dimension politique. Ainsi peut-on aborder la conception urbanistique ou architecturale, l'évaluation des politiques sociales ou socio- économiques et les formes d'appropriation par divers acteurs. Pour répondre à ces interrogations, la collection rassemble deux types de textes. Les premiers s'appuient sur des recherches de terrain pour dégager une problématique d'analyse et d'interprétation. Les seconds, plus théoriques, partent de ces problématiques; ce qui permet de créer un espace de comparaison entre des situations et des contextes différents. La collection souhaite promouvoir des comparaisons entre des aires culturelles et économiques différentes.

Déjà parus

Louis SIMARD, Laurent LEPAGE, Jean-Michel FOURNIAU, Michel GARIEPY, Mario GAUTHIER (sous la dir.), Le débat public en apprentissage, 2006.

Alain BOURDIN, Annick GERMAIN, Marie-Pierre LEFEUVRE (sous la dir.), La proximité: construction

politique et expérience sociale, 2005.

Pello HUESA, Le développement économique communautaire aux Etats-Unis, La transformation urbaine, 2005.

Pello HUESA, Le développement économique communautaire aux Etats-Unis, Les sociétés de développement communautaire, 2005.

Pello HUESA, Le développement économique communautaire aux Etats-Unis, Les hispaniques, 2005.

Marta Pedro VARANDA, La réorganisation du commerce d'un centre-ville,2005.

Anne CHATÉ, « Villa mon rêve» « Ker Lulu »...,2005.

Claude de MIRAS, Julien Le TELLIER, Gouvernance urbaine et accès à l'eau potable au Maroc, 2005.

Michel WATIN, Les espaces urbains et communicationnels à La Réunion. Réseaux et lieux publics, 2005.

Monique RICHTER, Quel habitat pour Mayotte ?, 2005.

(5)

Catherine Charlot -V aldieu

et Philippe Outrequin

Développement durable et renouvellement urbain

Des outils opérationnels pour améliorer la qualité de vie dans nos quartiers

L'Harmattan

5-7, rue de J'École-Polytechnique; 75005 Paris FRANCE

L'Hannattan Hongrie Kônyvesbolt Kossuth L. u. 14-16 1053 Budapest HONGRIE

Espace L'Harmattan Kinshasa Fac..des Sc. Sociales, PoL et Adm

BP243, KIN XI Université de Kinshasa

- RDC

L'Harmattan Italia Via Degli Artisti, 15 10124 Torino

ITALIE

L'Harmattan Burkina Faso 1200 logements villa 96 12B2260 Ouagadougou 12

BURKINA FASO

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www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr

harmattan! @wanadoo.fr

iÇ)L'Harmattan, 2006

ISBN: 2-296-00540-3

EAN : 9782296005402

(7)

SOMMAIRE

INTRODUCTION: LA NÉCESSITÉ D'AGIR FACE À UNE SITUATION

ALARMANTE. ... 9

1 - Du concept aux démarches de développement durable à

différentes échelles territoriales 9

2- Le développement urbain durable 16

3 - Vers un renouvellement urbain durable 26

4 - L'objectif de ce guide 28

PREMIÈRE PARTIE: INTÉGRER LE DÉVELOPPEMENT DURABLE DANS LES PROJETS DE RENOUVELLEMENT URBAIN: L'EXEMPLE DE LA DÉMARCHE

H Q E2R 31

1 - Rappel sur le contexte français 33

2 - La base méthodologique de la démarche HQE2R 42

3- Les outils de la démarche HQE2R 95

4 - Conclusion 100

DEUXIÈME PARTIE: LE DIAGNOSTIC PARTAGÉ DE DÉVELOPPEMENT

DURABLE: LA MÉTHODE HQDIL I03

1- La méthode HQDIL de diagnostic partagé de développement durable 105 2 - Le système ISDIS : un outil d'analyse systémique au cœur de la méthode

HQDIL pour evaluer le quartier 107

3 - Les 3 étapes de la méthode HQDIL.. 108

4 - La méthode HQDIL : une méthode adaptable et reproductible 120 TROISIÈME PARTIE: LA PARTICIPATION DES HABITANTS ET

DES USAGERS 123

1- Des méthodes de participation active des habitants 125 2 - Des exemples de participation dans des opérations de

renouvellement urbain en Europe 140

3- Analyse du contexte réglementaire français au regard de la participation

et recommandations.. 154

7

(8)

QUA TRIÈME PARTIE: L'ÉVALUATION DES QUARTIERS ET DES PROJETS

DE RENOUVELLEMENT URBAIN 165

1 - Pourquoi un suivi et une évaluation des projets urbains? 167 2 - Le modèle INDI-RU.2005 d'évaluation des projets de

renouvellement urbain au regard du développement durable 169

3 - Le modèle ENVI d'évaluation environnementale 187

CINQUIÈME PARTIE: DES CAHIERS DES CHARGES INTÉGRANT LE DÉVELOPPEMENT DURABLE VERS UN RENOUVELLEMENT URBAIN

DURABLE 193

1 - L'intégration du développement durable dans les cahiers des

charges des projets de renouvellement urbain 195

2- L'intégration du développement durable dans les cahiers des charges de bâtiment ou comment promouvoir les bâtiments durables 224 3- L'intégration du développement durable dans les cahiers des charges des

éléments non bâtis 225

CONCLUSION 237

1 - L'utilisation des outils de la démarche HQE2R pour analyser des projets

de quartier durable en Europe 239

2 - Les conditions de mise en œuvre et de réussite des démarches de

développement durable ... 257

3. Rappel sur les outils permettant de mettre en œuvre des démarches de

développement durable 262

GLOSSAIRE - MÉMENTO 281

B IBLIOGRAPHIE 285

(9)

((Les nouvelles idées vivent trois stades, elles sont d'abord moquées, ensuite combattues, et enfin considérées comme

évidentes ))Schopenhauer

INTRODUCTION: LA NÉCESSITÉ D'AGIR FACE À UNE SITUATION ALARMANTE

Le rapport de 2004 sur la Stratégie Européenne de développement durable!

souligne de nombreuses tendances non durables au niveau européen et international, la plupart déjà évoquées lors du Sommet Mondial du développement durable à Johannesburg en Août 2002 :

- des changements climatiques alarmants particulièrement pour l'Europe, - des risques sanitaires accrus et une santé préoccupante,

- une pauvreté et une exclusion sociale grandissantes, - le vieillissement de la population,

- la biodiversité et des ressources naturelles menacées,

- un volume de transports et une consommation d'espace en croissance permanente,

Il est urgent de réagir sans plus attendre et ceci à toutes les échelles de décision: Etats et organisations internationales, Régions, Départements, Agglomérations ou Communautés de communes, Pays, Communes, quartiers, bâtiments et individus ainsi que dans les différents types de structures:

publiques, privées, associatives, consulaires. . .

1 -

Du CONCEPT AUX DÉMARCHES DE DÉVELOPPEMENT DURABLE À DIFFÉRENTES ÉCHELLES TERRITORIALES

Le développement durable fait l'objet d'un tel succès médiatique que cette expression finit par ne plus signifier grand-chose. Ainsi, un sondage (Baromètre CSA de l'Environnement) réalisé en décembre 2004 en France a montré que 94

% des français qui ont entendu parler du développement durable l'associaient à l'écologie2.

C'est pourquoi nous rappellerons brièvement la définition du concept de développement durable avant d'aborder celle de démarche de développement durable aux différentes échelles territoriales et notamment à l'échelle de la ville ou du quartier.

! COM (2005) 264, Développement durable en Europe pour un monde meilleur: la stratégie de lU nion Européenne enfaveur du développement durable

2 D'oÙ l'utilisation par certains de l'expression « développement durable et solidaire»

qui est en fait un pléonasme

9

(10)

1.1 - L'origine du concept de développement durable

La prise de conscience a tout d'abord été écologique et environnementale. Ce sont les scientifiques qui ont attiré l'attention sur la nécessité de mettre en œuvre des démarches de protection de l'environnement et des ressources (c'est l'Appel de Stockholm des scientifiques dès 1972 et les travaux du Club de Rome avec le fameux ouvrage publié la même année Halte à la croissance).

L'appel à un «éco-développement» est alors marqué par une double solidarité dans le temps (préservation de la planète et des ressources pour les générations futures) et dans l'espace (lié aux problèmes de développement des pays du Sud).

Ainsi, au "développement" qui était déjà au cœur des problèmes (rappelons le livre de René Dumont « l'Afrique noireest malpartie» de 1962), se sont ajoutées la dimension environnementale et celle de la préservation des ressources ou de la viabilité de la planète à long terme.

Puis les années 80 ont vu la prise de conscience des organismes internationaux et notamment de l'ONU sur le fait que la planète est limitée d'une part et que la pauvreté s'accroît d'autre part (programmes des Nations Unies pour le Développement - PNUD - et pour l'Environnement - PNUE). Les années 80 marquent la prise de conscience que le développement n'est ni viable, ni vivable, ni équitable (cf. intersection des trois piliers du schéma ci-dessous). Le rapport de Madame Harlem Gro Bruntland (1987), alors Premier Ministre de Norvège, met l'accent sur les liens entre la pauvreté, la dégradation de l'environnement et la croissance et pose les principes d'une réflexion nouvelle sur le développement économique. Il est à l'origine du schéma bien connu sur les trois piliers du développement durable.

Schéma traditionnel du concept de développement durable

Enfin, la conférence de Rio de Janeiro (1992) a marqué la prise de conscience des gouvernements et des élus. Pas moins de 150 chefs de gouvernements y ont signé une déclaration officialisant la nécessité d'une prise en compte des dimensions environnementales, sociales et économiques dans le développement économique aussi bien au niveau mondial qu'au niveau des régions et des Etats.

(11)

.:. Définitions du concept de développement durable

Nous rappellerons deux définitions connues du développement durable (traduction de « sustainable development» en anglais):

(( Un développementqui répondaux besoinsduprésent sans compromettrela capadtédes génératiomfutureJ à répondre aux leurs.)) (Gro Harlem Brunt/and, 1987) 3

(( Un mode de régulationet une stratégiedont le but est d'assurerla continuitéà traversle temps d'un développementsodal et économique,dans le respectde l'environnementet sans compromettreles ressourcesnaturellesqui sont essentiellesà l'activité humaine. )) (Union Européenne, Traité deMaastricht, 1992) 4.

Le développement durable peut donc être défini comme une approche stratégique et politique fondée sur la notion de solidarité dans un espace temps donné, ayant comme objectif un triple dividende (efficacité économique, équité sociale et qualité environnementale 5) :

.

une solidarité dans l'espace, entre les territoires faisant de la lutte contre la pauvreté et l'exclusion une priorité: le développement doit être global et doit prendre en considération les exclus, les laisser pour compte, notamment dans les pays du Sud mais aussi dans nos propres pays.

.

une solidarité dans le temps, entre les générations d'aujourd'hui et celles de demain: la planète, avec sa finitude, doit être vivable pour les générations futures; les décisions politiques ou économiques doivent donc intégrer le long terme.

La solidarité n'est pas une notion nouvelle mais l'équité est beaucoup plus difficile à mettre en œuvre car elle implique la remise en cause des modes de répartition des richesses et cette notion d'équité est très souvent occultée (par des élus comme par les multinationales).

Enfin le développement durable, centré sur l'homme, doit être mis en oeuvre à toutes les échelles territoriales et au sein de toutes les communautés ou organisations (collectivités territoriales ou entreprises) (cf. chapitre 28 de l'Agenda 21 de la Conférence de Rio en 1992).

3 Notre avenir à tous, rapport de la Commission Mondiale sur l'Environnement et le Développement (Commission Bruntland), les éditions du Fleuve, 1989, traduction française de Our commonfuture, 1987.

4 « The community's mission is to promote sustainable and non-inflationary growth respecting the environment and to invent methods of growth and, therefore, of consumption, to ensure the well-being of human beings today, without compromising the well-being of future generations ».

5 cf les trois piliers du schéma ci dessus Il

(12)

1.2

-

De la notion aux pratiques, du concept aux démarches

« Le développement durable ne constitue pas une théorie mais un objectif»6. Si le développement durable fut tout d'abord un concept (abstrait), il est urgent de le transformer en démarches concrètes et opérationnelles aux différentes échelles territoriales (planète, nation, région, département, pays, communauté de communes ou agglomération, commune, quartier) d'une part et dans les entreprises et organisations d'autre part.

Cependant, dès les années 90, nous nous sommes heurtés à maintes reprises à la difficulté du passage du concept à la pratique.

Ainsi, par exemple, l'accord de Kyoto (1997) n'a pu entrer en vigueur qu'en 2005 et n'est toujours pas ratifié par les Etats-Unis. Quant au sommet de Johannesburg, il a montré plus d'actions de marketing (notamment ciblées sur l'environnement ou l'écologie) que de décisions et de démarches, tant de la part des élus (ou des états) que des multinationales.

Ce n'est donc pas un hasard si le développement durable reste associé à la seule dimension de l'environnement (les démarches ou les actions mises en œuvre n'abordant qu'un seul des trois piliers).

La définition de Madame Gro Harlem Bruntland doit rester le fil conducteur des actions à mener en terme de développement durable, même si les objectifs poursuivis au niveau local dépendent des contextes sociopolitiques et des personnes en charge de ces politiques. Mais celle-ci doit être complétée pour être opérationnelle.

1.2.1- Les démarches territoriales de développement durable7

La stratégie française de développement durable présentée à Johannesburg en septembre 2002 s'est concentrée principalement sur ce qui peut être fait au niveau international: aide au développement, solidarité internationale, Droits de l'Homme et aussi mise en place de régulations environnementales et sociales qui doivent accompagner le processus de mondialisation.

En sus de cette évidente implication internationale, les décideurs territoriaux locaux sont aussi totalement concernés par le développement durable, comme cela a été proclamé lors de la Conférence de Rio : le chapitre 28 de l'Agenda de Rio met l'accent sur le rôle des collectivités locales et territoriales et les incite à mettre en place aussitôt que possible des programmes d'actions « Agenda 21 » à leur échelle (cf. ci-après).

Rappelons aussi que:

la planification urbaine est une obligation réglementaire européenne et les 4 priorités de la stratégie thématique européenne pour l'environnement urbain sont la gestion urbaine durable, les 6 René Passet, Commentparvenir au développementdurable,2000

7 80 % des habitants vivant en milieu urbain, l'expression développement urbain durable est souvent retenue pour différencier les démarches territoriales des démarches au sein d'organismes, institutions ou entreprises.

(13)

transports urbains durables, la construction durable et l'urbanisme durable (lequel englobe les trois autres et permet d'ajouter la cohérence et la synergie aux approches thématiques).

l'un des 6 axes de la Stratégie nationale de développement durable concerne très directement les collectivités territoriales: « Contribuer à une gestion durable des territoires par la mise en place de démarches locales de

développement durable ».

L'intégration du développement durable à l'échelle des territoires peut se faire à travers de nombreuses démarches - Agenda 21, Plan Local d'Urbanisme, projet d'aménagement ou de renouvellement, charte de pays...

Pour clarifier les modalités d'intervention, le Ministère de Développement Durable (MEDD) a proposé de retenir durabilité :

la participation de l'ensemble des parties prenan tes (celle-ci nécessitant une éducation et une formation préalable),

la mise en place d'une stratégie d'amélioration, la transversalité,

une amélioration de l'organisation du processus décisionnel, une évaluation (selon le critère de transversalité).

Enfin, on peut reprendre ces éléments en définissant le développement durable à travers des principes qui sont:

un principe de solidarité dans l'espace et le temps qui se décline en trois éléments:

o un objectif d'économie de ressources, notamment naturelles (énergie, eau, espace, matériaux) ;

o un objectif d'équité sociale qui se traduit par une volonté de lutte contre l'exclusion, la pauvreté, le chômage et aussi d'amélioration de la sécurité, de l'éducation...

o un objectif de précaution afin d'éviter les choix irréversibles et les risques locaux ou pour la planète (effet de serre par exemple)

Ce principe doit conduire à définir une stratégie d'amélioration de la situation, que ce soit à l'échelle locale ou à l'échelle de la planète, ce qui est du ressort des élus.

un principe de participation

des acteurs du territoire;

un principe de transversalité et de synergie entre les acteurs, les projets et les territoires, afin d'assurer une gestion plus efficace et une meilleure cohérence économique et sociale.

Un élément fondamental de ce principe de transversalité va consister à remettre en cause la place prédominante de l'économie. Ainsi que le souligne René Passet (dans une interview de 2001), le développement durable se définit comme «une économie reliée aux autres Jphères. Nous devons inventer une nouvelle approcheéconomiquecapabledepenser les interdépendancesd'un monde complexecommele nôtre».

l'Ecologie et du cinq critères de

13

(14)

L'enjeu du développement durable est la transversalité dans tous les secteurs et plus particulièrement dans la recherche, a souligné par ailleurs Ignacy Sachs.

« S'interroger tout le temps sur où s'arrête telle discipline, c'est de l'Auguste Comte, c'est du

19è1llesiède et pas du 21 èlllesiède. »H

Les éléments rappelés ci-dessus nous ont conduit à proposer de compléter le schéma traditionnel initial des trois piliers du développement durable (Environnement, social et économie) avec les trois piliers de la mise en place de politiques concrètes et locales de développement durable que sont l'éducation, la culture et la participation, lesquels permettent réellement de s'interroger sur les modes de consommation, d'échanges, d'épargne et de compréhension entre les hommes.9

Les trois piliers des démarches territoriales de développement durable

Sourre: Catherine Charlot-Valdieu et Philippe Outrequin

1.2.2 - Un outil spécifique de développement durable: l'Agenda 21 Local L'ancrage d'un territoire dans une perspective de développement durable est proposé par les démarches d'Agenda 21 Local. Une centaine de villes et autant

8Les nouveaux utopistes du développementdurable, dirigé par Anne-Marie Ducroux. Editions Autrement. 2002.

9 Cf. Charte du développement territorial durable de l'association européenne pour un développement urbain durable SUDEN, www.suden.org

(15)

de collectivités territoriales (agglomération, département, région) mettent aujourd'hui en place en France de telles démarchesllJ.

L'Agenda 21 Local est un projet politique de développement durable pour le 21e siècle qui se présente sous la forme d'un programme d'actions répondant aux objectifs, principes et défis du développement durable:

objectifs d'équité sociale, d'efficacité économique, d'amélioration de l'environnement visant aussi l'organisation dans un souci de simplification ainsi que la démocratisation des modes de prise de décision, de gestion et de contrôle (gouvernance) ;

principes de solidarité dans le temps et dans l'espace, de transversalité et de globalité, de participation, principe de précaution et enfin principe de subsidiarité qui demande à traiter les problèmes au plus près de l'endroit où ils se posent;

défis de conciliation du long terme et du court terme, de partage des choix par l'ensemble de la société, des simples citoyens aux acteurs économiques et sociauxl1.

L'Agenda 21 Local est « une démarche qui permet à toute collectivité locale de se fixer des objectifs de développement durable et de les réaliser.

Un Agenda 21 Local implique un processus de concertationavec l'ensemble des acteurs locaux et aboutit à la mise enplace d'un programme d'action, soutenu par une struotureplun'- acteurs de mise en œuvre et d'évaluation».12Il ne s'agit donc pas simplement de la présentation, sous une forme nouvelle qui met en avant les actions environnementales, des actions engagées par la ville ou la Région mais d'un programme d'actions nouvelles.

L'Agenda 21 Local est une initiative citoyenne et collective: le dialogue entre les acteurs est l'élément moteur de l'Agenda 21. Au-delà des débats, l'Agenda 21 Local doit déboucher sur des actions concrètes et visibles.

La complexité de la tâche mêlant stratégie et actions, le retard des mesures prises en faveur de la protection de l'environnement, la transversalité des projets, la difficile articulation de la relation élus - services territoriaux - population, et le positionnement de la démocratie participative dans les processus décisionnels, font que, pour l'instant, très peu d'expériences ont réellement abouti en France.

Celles qui ont abouti montrent une grande diversité de procédures comme de contenus. La diversité observée est redevable à des contextes urbains extrêmement variés. Toutefois, un des risquesde cettevariétéd'Agendas 21 locaux est leur manque de lisibzJité et l'incompréhension de beaucoup de âtoyens devant de telspro/ets.

JOLe site du Comité 21 recense les principaux projets d'Agendas 21 en France:

www.comité21.org. Voir aussi le site du réseau SUDEN, http://\V\V\V.suden.org rubrique Agenda 21 Local, et notamment le fichier en ligne AnalYse d'Agenda 21 Locaux en Europe.

11 C. Charlot -V aldieu, Aménagement et renouvellement urbain durable, Edition La Calade.

12Source: Gaz de France.

15

(16)

Enfin, il faut retenir de cette diversité que l'Agenda 21 Local est un projet volontaire et ne correspond à aucune norme. Il n'y a pas d'Agenda 21 Local type ou modèle13.

Signalons qu'à ce jour un seul bailleur social, l'OP AC 38, a élaboré un Agenda 21 Local. Cependant la complémentarité entre un Agenda 21 de quartier et un projet de renouvellement de quartier, a fortiori pour un quartier en difficulté comme ceux qui sont retenus dans le programme de l'AN RU (Agence Nationale de la Rénovation Urbaine) nous semble évidente et une telle démarche permettrer de mieux structurer les projets ANRU sur des démarches de développement durable.

2 - LE DÉVELOPPEMENT URBAIN DURABLE 2.1 - Définition d'une ville durable

La ville est une échelle territoriale prioritaire dans la mesure où 75% de la population mondiale devraient vivre en ville d'ici l'année 2050 et que cette proportion est déjà atteinte dans la plupart des pays européens.

Le Conseil européen des urbanistes définit la ville durable comme une ville cohérentel4 tandis que la région de Vancouverl5 la définit comme une ville habitable.

Selon le Conseil européen des urbanistes, la Ville Cohérente est une ville qui assure:

la cohérence sociale: nouvelle gouvernance, maintien de la culture et de l'identité, cohésion entre les générations, politique des transports intégrée, accessibilité et flexibilité des équipements et services, maintien d'un équilibre entre intérêt particulier et intérêt général;

les cohérences économiques à trouver entre l'intégration des villes et des régions à la mondialisation avec la recherche des « avantages comparatifs» et en même temps, le maintien d'une diversité économique;

la cohérence environnementale: gestion des ressources, préservation de la santé, du patrimoine. ..

la cohérence spatiale des différentes fonctions dans la ville et la relance de l'Art urbain et de la composition urbaine afin de corriger les dislocations entre les parties de la ville.

]3Même s'ils doivent respecter les 5 critères défInis par le J'vIEDD évoqués ci-dessus.

14Conseil européen des urbanistes, Nouvelle Charte d'Athènes, aoÙt 2003.

15Vanessa Timmer et Dr Nola Kate Seymoar, La villehabitable, International Centre for Sustainable Cities, document préparatoire au Forum urbain Mondial 2006, Vancouver, 2005.

(17)

A Vancouver, la ville durable et habitable doit être vue comme un seul et unique système qui intègre les dimensions sociale, culturelle, économique et écologique (... loin de la vision française des agendas 21 locaux) ; elle doit respecter les objectifs suivants:

l'habitabilité comprend l'accès équitable aux espaces verts, aux services et équipements de base, à la mobilité et aux processus participatifs, la participation et la ville compacte étant les moyens d'atteindre l'habitabilité;

la durabilité intègre dans l'action les facteurs relatifs à l'emploi, au logement abordable, au crime et à la pauvreté;

enfin, la résilience demande d'incorporer la gestion adaptative comme modèle d'apprentissage et de rétroaction.5

Enfin une ville n'est durable que si l'ensemble de ses quartiers l'est. Ainsi, les démarches de développement durable à l'échelle du quartier sont complémentaires des démarches mises en œuvre aux autres échelles territoriales.

2.2 - La mise en œuvre de démarches de développement durable aux différentes échelles territoriales

Une démarche de développement urbain durable, quelque soit le territoire (agglomération, ville, quartier, ...) sur lequel elle est mise en œuvre, doit tenir compte des principes de développement durable qui concernent l'échelle urbaine.

Les projets doivent intégrer cette dimension nouvelle qui est d'associer différents partenaires à la décision, même si la décision finale reste dans les mains d'une seule personne (le maire par exemple).

Cette transversalité renforce aussi la responsabilité de chaque individu face à un avenir partagé et commun: les élus doivent mettre en œuvre le développement durable par l'organisation d'un dialogue permanent, large et loyal sur les projets concernant la ville et la vie, l'homme et l'environnement;

les consommateurs doivent se comporter en citoyens de la planète et faire pression sur les entreprises pour limiter les impacts négatifs des productions, qu'ils soient sociaux ou environnementaux, immédiats ou lointains...

17

(18)

La difficulté est certainement très grande et le coût peut être élevé (monétaire et en temps passé). Mais c'est une nécessité pour les grands projets, comme les Opérations de Renouvellement Urbain (ORU), les Grands Projets de Ville (GPV), les projets ANRU, les projets d'aménagement de quartier ou de ZAC (Zone d'Aménagement Concerté) et aussi la production de biens collectifs.

Ainsi le développement durable des quartiers allie l'équité sociale, l'écologie et l'économie afin de favoriser des environnements bâtis acceptables sur le plan de l'environnement et de la santé. La qualité d'un quartier va dépendre d'un environnement attractif, ainsi que de l'intégration sociale de ses habitants, de la flexibilité de ses équipements et d'une offre de logements décents pour tous les habitants. Cela implique aussi le développement d'entreprises responsables (notamment au plan social et environnemental) offrant aux habitants, aux employés et aux autres usagers un environnement et une structure sociale sûrs.17 Un développement durable, "compatible avec le futur", est un compromis entre les besoins de logements, de lieux de travail, d'espaces dédiés aux loisirs et aux divertissements, la préservation des ressources naturelles, les besoins de mobilité et les intérêts économiques. Les aspects sociaux et culturels doivent également être pris en compte, tels que l'architecture et la qualité du patrimoine bâti.

Un point clé d'une démarche de développement durable (et de la démarche HQE2R présentée dans cet ouvrage) est de concilier les préoccupations des habitants avec les principes globaux de développement durable: «Penser globalement et agir localement ». Des problèmes tels que le réchauffement climatique de la planète, l'épuisement des ressources ou la production de déchets peuvent sembler lointains et hors de propos aux habitants d'un quartier urbain déshérité. En effet ces problèmes ont un impact sur la vie des individus et l'action locale, comme la réduction des déchets ménagers ou les économies d'énergie, les concernent aussi directement.

Cette relation du global au local exige des efforts de chacun, habitant, citoyen et acteur économique, pour modifier son mode de consommation, son rapport à

16 L'Etat, la ville et les bailleurs sociaux travaillent déjà ensemble pour défmir des programmes de construction ou de réhabilitation mais qu'en est-il de la participation, de l'efficacité économique dans les projets?

Les entreprises visent à l'efficacité économique, réalisent des bilans sociaux mais qu'en est-il des bilans environnementaux et de la participation des citoyens riverains?

Les ménages se préoccupent d'environnement en terme de consommation alimentaire, de qualité de l'air, mais combien sont-ils à mettre en œuvre des pratiques d'économie d'énergie, d'eau, de réduction de leurs déplacements automobiles?

17 Cf. Catherine Charlot-Valdieu et Philippe Outrequin, AnalYse de prqjets de quanier durableen Europe, Edition La Calade, 2004.

(19)

la nature, son rapport à l'autre. Certains parlent d'une nouvelle éthique. Il s'agit en tout cas d'une nouvelle culture à développer, en rupture avec la culture médiatique et du paraître d'aujourd'hui.

Ceci nous a amené à privilégier l'éducation et la formation, bases de la participation des habitants - citoyens à la démarche de développement durable.

De même c'est cette conviction de l'importance de l'éducation et de la formation qui a conduit les partenaires de recherche du projet européen HQE2R à décider de créer ensemble, peu avant la fin du projet, en février 2004, un réseau européen pour un développement urbain durable dont la formation est l'un des objectifs majeurs (association SUDEN).18.

Ainsi nous proposons la définition suivante du développement durable urbain19 :

2.3 - La notion de quartier 2.3.1- Qu'est-ce qu'un quartier?

Le quartier est une (( portion de la ville dans laquelle on se déplace à pied, ou pour dire la même (hose sous la forme d'une lapalissade, une partie de la ville dans laquelle on n'a pas besoin de se rendre, puisqu'on y est )). (Georges Perec, in Espèces d'espaces. Paris, 1974.

Editions de Minuit)

Le quartier peut être défini comme la «fraction du territoired'une ville, dotée d'une pf!Jsionomiepropre et caractériséepar des traits distinctifslui conférantune certaineunité et une individualité; (...) le plus souvent, le quartier est indépendant de toute limite administrative» 211;un quartier peut ainsi faire l'objet d'un aménagement propre ou d'une politique particulière.

18 SUDEN Sustainable Urban Development European Network, Association Loi 1901 (www.suden.org)

19 Voir également Vers un urbanisme durable, Catherine Charlot-Valdieu et Philippe Outrequin, Edition du Moniteur, 2006.

20Dictionnaire d'urbanisme et de développement urbain, France.

19

(20)

Les facteurs de différenciation et donc les critères de délimitation des quartiers sont variés:

La configuration des sites et la topographie: quartier haut et quartier bas;

quartier du centre et quartier périphérique; quartier nord et quartier sud;

etc.

La période de première construction et les caractéristiques historiques, architecturales et urbanistiques qui en ont résulté: à Amsterdam, quartier du centre médiéval, quartiers des canaux des XVIFmc et XVlIIèmc siècles, quartiers denses du XIXèmc siècle, nouveaux quartiers d'après la deuxième guerre mondiale, etc.

La typologie dominante des bâtiments: quartier des hôtels particuliers, quartier pavillonnaire, grand ensemble d'immeubles collectifs, etc.

Les fonctions qui y sont exercées principalement: quartier d'affaires, administratif, commerçant, résidentiel, etc.

La distribution des groupes sociaux ou économiques: quartier bourgeois, quartier ouvrier, etc.

La distribution des groupes ethniques dans certaines villes: quartier européen, quartier juif, quartier noir, etc.

L'accessibilité aux mêmes ensembles de services, de commerces ou d'équipements publics.

La relation à un pôle économique tel qu'un établissement industriel, une gare.

Il résulte de cette première approche que:

La notion de quartier s'impose, le plus souvent, comme la résultante des mécanismes de différenciation morphologique, économique et sociale qui affectent les espaces urbains au fur et à mesure du développement des villes.

L'identité d'un quartier relève souvent plus d'un contexte sociologique que d'une définition purement géographique basée sur la topographie ou l'occupation du soL..

Cette "définition" nous permet d'identifier plusieurs caractéristiques qui auront une grande importance pour l'analyse des quartiers21. Chacun de ces éléments contribue à la définition et à l'identification d'un quartier délimité par des frontières géographiques. Ces dernières peuvent être définies à parcir d'éléments naturels, bâtis, administratifs ou psychosociologiques :

.

Les habitants ont un sentiment d'appartenance au quartier ou à une communauté qui résulte de l'histoire, la sociologie, des lieux eux-mêmes,...

.

La cohésion physique est créée par le style architectural dominant et

/

ou par l'aménagement d'un espace public (par exemple dans une zone urbaine 21 Cf. Catherine Charlot-Valdieu et Philippe Outrequin, AnalYse de pro/ets de quartier durableen Europe, Edition La Calade, 2004.

(21)

.

résidentielle encadrée par des routes importantes ou d'autres infrastructures ou par un groupe plus ou moins homogène de bâtiments).

La morphologie urbaine ainsi que sa topographie et ses caractéristiques naturelles.

Les caractéristiques économiques.

Les origines et l'histoire du quartier.

Ses fonctions dans la ville.

. . .

L'origine du quartier

Synthèse rédigée à partir des travaux de A. Chédeville,

J.

Le Goff et

J.

Rossiaud, «La ville en France au Moyen Age », Points Histoire H 247 Jusqu'au Xèmesiècle, la ville n'est que la cité héritée de l'Antiquité ne possédant

presque exclusivement que des fonctions militaires et religieuses. C'est à partir des cités, mais aussi des châteaux, des abbayes que des faubourgs se créent, au fur et à mesure que la production et les échanges se développent.

Dans le courant du VIIFme siècle, sont apparus, autour de la mer du Nord, des centres d'échanges nouveaux appelés « portus» (lieu de passage en latin) ou

« vicus» (localité assez importante en latin sans avoir le rang de civitas). Ces centres d'échanges pour marchands abritaient aussi des artisans et se dotèrent le plus souvent d'un « castrum» et d'une église. Ils n'eurent cependant qu'une fonction économique - que les cités n'avaient pas - sans posséder les fonctions politiques, militaires et religieuses nécessaires aux villes.

Au IXèmc siècle, apparurent les bourgs - « burgus »22 - qui désignent les différents aspects topographiques du développement urbain. Le bourg est l'entité nouvelle qui se développe autour de simples villages, de monastères et de châteaux.

Le château est peu favorable à l'activité économique, il se situe à proximité des petits bourgs castraux, lieux d'échanges et d'artisanat. Autour des monastères se développent des bourgs monastiques qui deviennent généralement des villages viticoles. Autour des cathédrales et des cités se développent aussi des bourgs ecclésiastiques, toujours en dehors des murailles de la cité, même lorsque les enceintes sont très vastes.

Le développement des bourgs s'est fait de façon compétitive, dans la mesure où plusieurs bourgs pouvaient se développer simultanément ou à la suite les uns des autres, certains périclitant et d'autres s'agrandissant. La localisation près d'une route, d'une voie d'eau, constitue des facteurs de succès dans l'objectif de développer les échanges commerciaux. Un stimulant au développement de ces quartiers est aussi le marché. Les quartiers urbains sont donc nés autour de

22Die Burg: hauteur fortifiée en langue germanique.

Burgus : petit château du grec pyrgos : tour fortifiée.

Bourg: agglomération frontalière pour les Romains.

Bourg: lieu d'étape aux portes de la ville pour les Gaulois et aussi quartier suburbain selon la charte royale de 1090.

21

(22)

marchés, de carrefours, voire d'un ancien « portus » pour devenir les zones les plus dynamiques, généralement hors enceinte mais aussi parfois à l'intérieur des enceintes.

On voit bien apparaître, à cette époque, des centres et leurs bourgs avoisinants qui vivent chacun de façon autonome par leurs relations avec le monde rural proche et ceux qui, disposant d'une situation géographique favorable, voient s'ouvrir des horizons plus larges et le développement d'échanges commerciaux plus lointains: la ville naît. . .

C'est vers 1100 qu'apparaît une nouvelle catégorie sociale, celle des bourgeois qui, dans les bourgs, commencent à se distinguer de la population urbaine mais dont les conquêtes politiques restent encore très modestes.

En effet, dans la relation centre - bourg, ce dernier ne peut pas se développer sans un soutien actif du seigneur ou du prieur.

Au XIIlèmc siècle, les enceintes des villes débordent de toutes parts et les nouveaux quartiers bourgeonnent de partout. Les quartiers s'organisent et les repères sont d'abord les églises, les maisons de notables ainsi que les fours, les treuils ou pressoirs et enfin les boucheries. Ce sont aussi les centres de ralliement ou de sociabilité tels que la taverne, les anciennes portes, les arbres vénérables. Le quartier se fonde aussi sur des relations créées par les nécessités de la vie collective: défense, entretien, voirie, usage d'un puits, ...

Le quartier se caractérise aussi le plus souvent par une relative homogénéité sociale de sa population - dominante ethnique mais le plus souvent socioprofessionnelle - avec des regroupements de communautés par îlots.

Toutefois, on trouve toujours quelque puissant au cœur des quartiers pauvres et les pauvres sont toujours présents au sein de l'opulence. Le quartier se structure autour d'axes: la rue qui constitue l'artère principale et un réseau arborescent de venelles ou de traverses donnant accès à des corps de logis échelonnés en profondeur: c'est la distance à la rue qui définit la ségrégation. Le zonage peut aussi être vertical, au sein d'un bâtiment.

La sociabilité s'enracine aussi dans le voisinage, le quartier a toujours des limites bien définies par les habitants, des frontières qui sont parfois très lourdes de sens, définies par l'existence ou par l'inexistence de juridictions particulières.

Les solidarités professionnelles ont toujours été très fortes mais il s'agit parfois de solidarités territoriales. Ces solidarités se développent progressivement au delà des quartiers par le développement des confréries.

Les confréries, comme les quartiers, évoluent, se développent ou meurent. Les quartiers évoluent dans le temps de même que les populations qui y vivent. De nombreux bourgs ou centres se sont paupérisés, puis ont été reconquis par des classes aisées avec des mouvements importants de population, de prix du sol et des loyers. Le rythme des quartiers n'est pas non plus celui de la ville...

2.3.2 - Les différentes limites d'un quartier

La limite d'un quartier peut être géographique. Cependant, ces limites peuvent être différentes selon les personnes et selon leurs objectifs ou occupations. En

(23)

effet, les limites d'un territoire dépendent de la perception de chacun. Les limites sont souvent imposées dans un but administratif, comme pour un projet de renouvellement urbain.

Les différents types de limites d'un quartier peuvent être définis de la manière suivante:

-

Limites administratives

Les limites d'une circonscription électorale ou d'une paroisse ont l'avantage de coïncider avec celles du quartier auxquelles elles sont rattachées. Leur principal désavantage est qu'elles peuvent ne pas coïncider avec la perception que les habitants ont de ces limites ou avec l'aspect physique de l'endroit.

-

Limites historiques

L'âge et l'aspect des principales constructions donnent au quartier son cachet particulier. Ces facteurs peuvent être identifiés à partir de cartes et photographies, en complément d'une connaissance personnelle. Une définition physique des quartiers peut être utile, par exemple, pour l'analyse du parc de bâtiments ou de logements, mais les facteurs sociologiques permettront de compléter cette défmition23.

- Limites sociales

Le « sens commun» donné au « quartier» est généralement défini par la perception que ses habitants en ont.

Des études sociologiques et des ateliers de travail urbains peuvent être utilisés pour déterminer la façon dont les résidents perçoivent leur quartier.

- Limites fonctionnelles

La planification de nouveaux quartiers ou de villes nouvelles s'est traditionnellement focalisée sur la création de zones résidentielles groupées autour d'un centre local de services. Les zones desservies peuvent être identifiées par des enquêtes de déplacements des habitants et par une cartographie des temps et des distances. Ces zones desservies peuvent ne pas correspondre à la perception des quartiers; on s'est aperçu notamment que les centres de services publics se trouvent souvent aux limites du quartier, formant un lieu de rencontre entre les habitants des quartiers.

-

Limites géographiques

Les éléments géographiques et topographiques interagissent avec tous les moyens de classification notés précédemment. Une route principale, une rivière ou des voies ferrées formeront une limite « rigide» d'un quartier, alors qu'une colline ou un parc en donneront une perception plus étendue.

2.3.3 - Les différentes dynamiques d'un quartier

Les limites d'un quartier ne sont pas fixées définitivement. Elles peuvent varier selon le mode d'urbanisation; elles changent également selon la perception des habitants: un quartier est une entité vivante et son évolution dépend de son organisation sociale et de sa relation avec l'ensemble de la ville.

23Manuel de Solà-Morales, Les formes de creixement urbà, Edition UPC, Barcelona, Catalonia, 1993.

23

(24)

Les principaux points à traiter pour l'analyse d'un quartier sont les suivants:

La perception des habitants et usagers du quartier dans lequel ils habitent. A un moment donné, ils connaissent parfaitement les limites du quartier ainsi que celles des quartiers voisins;

Les relations à l'intérieur du quartier en fonction du processus d'urbanisation: interdépendance entre les différents secteurs et les fonctions dans la ville.

L'organisation sociale du quartier, telle que perçue par les habitants et les principaux acteurs:

"Lorsque je parle24 d'organisation sodale,je me rijère au point jusqu'auquel les résidents d'un quartier sont capables d'assurer un contrôle sodal ifficace et de réaliser leurs ol:jedifs communs. L'organisation sodale du quartier reposesur trois dimensions prindpales :

(1) La prédominance, la puissance et l'interdépendance des réseaux sodaux ;

(2) L'étendue de la supervision colledive que les résidents exercent et le degré de

responsabilité personnelle qu'ils aSJument lorsqu'ils traitent les problèmes du quartier;

(3) le taux de participation des résidents dam les organzsations volontaires. . .

L'organisation sodale d'un quartier dépend de l'importance des liens locaux d'amitié, du niveau de cohéJion sodale, du niveau de participation des réJidents à des assodations volontaires formelles ou informelles, de la densité et de la stabilité des organisations formelles, et de la nature des contrôles sodaux Ù?formels. "

Ces différents points ont un impact différent selon l'époque ou la période de leur analyse:

A court terme, la perception des individus est cruciale et leurs attentes doivent conduire à la prise d'une décision.

A long terme, le processus d'urbanisation peut modifier les conditions de vie, l'organisation sociale, le statut, l'origine de la population ainsi que le rôle et la fonction du quartier.

Les villes occidentales vont vieillir et il faut bien prévoir et préparer la « société des seniors» de ces prochaines décennies. Il est d'ailleurs possible qu'on assiste à une désaffection des milieux pavillonnaires et à un retour vers la ville dense, avec des demandes plus fortes de services, commerces et espaces de proximité, que le télé-achat et les télé-services ne parviendront pas complètement à combler.

On assiste aussi à un certain renouveau des quartiers dans les villes nord - américaines, lesquelles ont exploré toutes les facettes du modèle de la ville étalée ou éclatée. Certaines d'entre elles s'orientent vers la construction de quartiers à l'européenne, qu'ils se situent au centre ville (Boston), dans les périphéries immédiates (Saint - Paul, Minneapolis) ou lointaines (Seattle).

« Quartier à l'européenne» signifie alors mixité fonctionnelle, éventuellement sociale, petits commerces en pied ou rez-de-chaussée d'immeubles, espaces destinés aux piétons, densité relative.

24William Julius Wilson, When Work Disappears:the Worldof the New Urban Poor, New York, 1996, Knopf.

(25)

Les stratégies actuelles de développement durable dans les villes nord-américaines font pratiquement toutes référence au « modèle du quartier européen », attitude qui s'inscrit dans une perspective plus large de redensification de la ville et de renouvellement de l'urbanité25.

2.3.4 - Le quartier: une échelle pertinente

"La bonne santé d'une ville, c'est la vitalité de ses quartiers" Jean - Louis Borloo (Ministre de la Ville puis Ministre de la Cohésion Sociale et de la Rénovation Urbaine).

Le quartier ne peut pas être l'unique horizon du processus d'urbanisation et du développement urbain; cependant, il constitue un horizon pour de nombreuses personnes vivant dans la ville d'une part ou travaillant sur le renouvellement urbain d'autre part.

Le quartier n'est pas seulement pertinent parce qu'il représente une échelle d'intervention efficace pour traiter de certains problèmes écologiques, sociaux ou pour la mise en œuvre d'une démarche participative. Il est en outre un territoire vécu, quotidiennement fréquenté, investi ou désinvesti, mais jamais neutre. Même si la vie de quartier ne caractérise plus la vie urbaine, elle n'a pas pour autant disparu et gagnerait peut-être à renaître. Lorsqu'on considère qu'une partie non négligeable de la population est « captive », notamment dans les quartiers d'habitat social, mais aussi dans ceux qui connaissent un fort vieillissement, la réflexion à l'échelle du quartier s'impose.

Considérer le quartier comme un lieu de vie est un premier pas vers le renouvellement urbain durable. Les plans d'actions ou projets pour un développement durable seront différents et spécifiques à chaque quartier, qu'il soit situé en centre ville, à l'entrée d'une ville, au sein d'une zone industrielle ou d'une aire de loisirs, en zone urbaine ou peu dense, etc. Des plans d'actions de développement durable peuvent transformer des espaces fonctionnels en lieux de vie mais permettent aussi d'intégrer dans une approche ou analyse systémique des aspects environnementaux ainsi que la mixité sociale.

L'intérêt de cette approche quartier réside dans la diversité des quartiers et, par conséquent, dans la variété des programmes d'actions (ou projets) possibles pour un développement durable. En effet il n'y a pas une mais des solutions possibles et celles-ci peuvent varier (en fonction des jours de la semaine par exemple pour les transports en commun, les déplacements domicile - travail étant différents des déplacements du week-end ou des loisirs).

Ainsi le quartier est important pour:

la vie de quartier, le développement urbain et les espaces publics, la perception urbaine en terme d'unité géographique, d'héritage culturel, de vie citoyenne (existence d'un espace urbain partagé), etc.

25Catherine Charlot - Valdieu, Philippe Outrequin et Cyria Emelianoff, Le développement durableurbain et l'Agenda 21 Loc'al: évolutiondes documentsd'urbanismeet de l'approchequartier», Cahier du CSTB n° 3331, avril 2001. Voir aussi AnalYse deprqjets de quartier durable en Europe, op. cité.

25

(26)

la participation des habitants et usagers, laquelle conduit à la solidarité, à la sensibilisation des jeunes générations, à la vie citoyenne,

la gestion et la préservation collective ou par le plus grand nombre des biens communs et de l'environnement.

3

-

VERS UN RENOUVELLEMENT URBAIN DURABLE

3.1 - La nécessité d'améliorer la qualité de vie dans les quartiers en France

Depuis de nombreuses années des programmes d'actions portent sur les quartiers dits « sensibles» mais ces programmes ont traité le plus souvent uniquement les aspects sociaux de ces quartiers (en sus des aspects techniques surles bâtiments).

Les évènements survenus dans les quartiers à l'automne 2005 en France ont souligné l'urgence d'une action à l'échelle des quartiers et ont entraîné des modifications ou compléments du dispositif national mis en place et coordonné par l'Agence Nationale du Renouvellement Urbain (ANRU) créée en 2004. A l'évidence le traitement social ne suffit pas et une démarche intégrée ou de développement durable semble nécessaire.

3.2 - Le renouvellement urbain est complexe et nécessite une approche intégrée

Le renouvellement des quartiers est complexe. En effet, il associe des projets de travaux (construction, démolition, réhabilitation, création d'équipements) et des projets de gestion (gestion des équipements, des bâtiments et de l'espace) avec pour objectif général l'amélioration de la qualité de vie des habitants.

La qualité de vie d'un quartier ne se décrète pas, elle est l'aboutissement d'une alchimie complexe mêlant urbanisme, qualité des constructions, qualité des relations sociales et du lien social, qualité des services et de l'environnement...

La participation des habitants est une condition de réussite des projets, les habitants étant par ailleurs les plus à même de définir leurs attentes en matière de qualité de vie.

De même, généralement confrontés à des problèmes importants de chômage, les projets de renouvellement urbain doivent susciter la création d'emplois locaux.

Créer ou rénover une ville ou un quartier requiert aujourd'hui des méthodes nouvelles afin de faire face aux enjeux des villes: pollution, dégradation de la qualité de la vie, insécurité, gaspillage de ressources et de temps.. .

Ces données générales s'intègrent parfaitement dans une démarche globale de développement durable au sein de laquelle certaines dimensions du

(27)

développement durable sont à promouvoir de façon plus spécifique: ainsi, si les habitants ont une vision des problèmes et une attente des solutions à court terme, les projets peuvent aussi (et doivent !) revêtir une dimension à plus long terme, les deux dimensions pouvant se recouper (par exemple, les économies d'énergie doivent permettre des économies de charges et elles contribuent aussi à la lutte contre l'effet de serre).

3.2.1- Rappel sur les pratiques existantes

Le traitement social des quartiers a connu de nombreux programmes depuis les années 80 et nous ne reviendrons pas sur cet aspect bien connu, notamment des bailleurs sociaux.

Intégrer le développement durable dans un projet de renouvellement urbain apparaît aux yeux de certains comme trop compliqué, surtout si l'on parle d'approche systémique: de nombreuses institutions ou associations préfèrent limiter le développement durable à l'ajout de quelques dimensions environnementales aux approches existantes... Des politiques d'énergies renouvelables, d'économies d'eau, de collecte sélective des déchets seraient ainsi les composantes développement durable d'un projet de renouvellement urbain.

- La qualité environnementale

Comme pour les bâtiments, la prise en compte de la qualité environnementale est souvent présentée à tort comme une démarche de développement durable.

Il s'agit en réalité d'une démarche simplifiée où l'objectif du développement durable est réduit à permettre l'intégration de la dimension environnementale dans les projets (il s'agit donc plutôt d'une démarche d'environnement transversal et non pas de développement durable).

Cette approche environnementale a l'avantage d'être simple et d'identifier facilement les acteurs institutionnels (Ademe, MEDD) et associatifs (Eco- maires par exemple). Elle est aussi plus simple pour les financeurs et elle ne fait pas l'objet d'évaluation (ex ante comme ex post).

Mais cette qualité environnementale est seulement un objectif parmi d'autres et le développement durable ne se réduit pas à l'environnement26.

- La démarche participative et la démarche d'insertion

D'autres approches de développement durable émergent avec certains acteurs:

la démarche participative implique prioritairement les sociologues (Adels) et la démarche d'insertion est celie de nombreuses associations (dans le cadre des PLIE ou Plan Local d'Insertion par l'Economie par exemple). Cependant, ces démarches aboutissent parfois à des rejets du terme développement durable pour préférer celui de décroissance soutenable. Le développement durable est alors considéré comme un ajout environnemental qui ne résout pas les 26Rappelons en effet la définition du concept et de ses trois piliers. Chacun des piliers (et non pas un seul) doit faire l'objet d'une approche transversale. La cohérence et la synergie des actions doivent par ailleurs être recherchées en permanence. Enfin l'évaluation est une constante du développement durable

27

(28)

problèmes essentiels d'une société responsable de l'exclusion et de la perte de lien social.

Ces démarches doivent, comme les démarches environnementales, s'intégrer dans une démarche globale de développement durable.

3.2.2 - Le développement durable dans les projets de renouvellement urbain

Les analyses récentes de la ville ont montré que le traitement social des quartiers ne suffit plus. Même si la ville (ou l'agglomération) constitue le terrain privilégié des études urbaines, le quartier est une entité vivante où se joue encore une bonne partie de la vie de chacun: la diversité dans le quartier, son intégration dans la ville, la préservation et la valorisation de son patrimoine (naturel, historique, humain), la qualité de vie pour ses habitants, le lien social constituent les axes fondamentaux d'une politique locale fondée sur le développement durable.

Le développement durable est un objectif à atteindre mais il est aussi une exigence. Cependant il ne s'agit pas de prendre en compte toutes les dimensions sociales, économiques, environnementales et participatives d'un projet, ce qui risquerait de rendre inopérant la mise en œuvre du projet. Le développement durable est l'exigence de poser toutes les questions en termes d'équité, de solidarité, de participation et de transversalité afin de hiérarchiser les réponses apportées.

Au problème complexe du renouvellement urbain, s'ajoutent des exigences de méthode et d'éthique. La durabilité (au sens de la durée) du renouvellement des quartiers n'est à notre sens assurée que si l'on cherche à intégrer réellement les forces du quartier (compétences, disponibilité des personnes, qualité environnementale du quartier, nature des services et équipements présents, histoire du quartier...) et à répondre aux besoins réels (emplois, formation, déficit d'image, intégration dans une politique de droit commun.. .).

Pour cela, la démarche de développement durable apporte une réponse méthodologique fondée sur des principes d'éthique et de responsabilité.

4 -

L'OBJECTIF DE CE GUIDE

Une nouvelle façon (démarche) d'appréhender la ville, ses quartiers et ses bâtiments en proposant des méthodes d'analyse et d'évaluation des territoires qui s'appuient sur les objectifs et principes de développement durable a été imaginée par les auteurs puis développée (sous la coordination des auteurs de

(29)

cet ouvrage) pour les projets de renouvellement urbain, notamment au sein d'un important projet européen cofinancé par la Commission Européenne27. Ces différentes réflexions sont illustrées par des outils opérationnels nouveaux à la disposition des professionnels.

Ainsi, la démarche HQE2R vise principalement à hiérarchiser l'ensemble des thématiques sociales, environnementales et économiques d'un projet de renouvellement urbain tout en s'interrogeant sur les dimensions participatives et partenariales à mettre en œuvre.

De même, les nombreux outils opérationnels de la démarche HQE2R ont été adaptés ou finalisés en fonction du contexte national français du renouvellement urbain par les auteurs en valorisant leurs travaux antérieurs de recherche et d'expérimentation en matière de développement urbain durable et sont présentés dans ce guide avec pour objectif d'aider les professionnels dans leurs pratiques quotidiennes, ainsi que les citoyens et usagers des quartiers, afin que tous s'approprient et partagent une culture de développement durable.

Cet ouvrage méthodologique a pour objectif d'aider les acteurs impliqués ou concernés par des projets de renouvellement de quartier (collectivités locales et bailleurs sociaux mais aussi aménageurs, architectes, collectivités territoriales, associations, acteurs socio-économiques, etc.) à passer du concept28 de développement durable à sa mise en œuvre concrète, à la mise en œuvre de démarches de développement durable à l'échelle du quartier, afin d'améliorer la qualité de vie dans les quartiers en France.

27Le projet HQE2R de réhabilitation durable des bâtiments pour des quartiers durables a été financé au sein du SèmeProgramme Cadre de Recherche et Développement, Action clé 4 Ville de demain et héritage culturel. (2001-2004)

28Concept: représentation mentale générale et abstraite d'un objet.

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