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Collection folio junior. dirigée par Jean-Olivier Héron et Pierre Marchand

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Academic year: 2022

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Collection folio junior

dirigée par Jean-Olivier Héron et Pierre Marchand

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Didier Martin est né à Paris, le 4 février 1938. Il passe son bacca- lauréat avant de passer deux années au séminaire. Après son ser- vice militaire, il entreprend des études à l'Ecole de Psychologues Praticiens. Ensuite, il exerce divers métiers — vendeur en librairie, professeur de français dans une école de langues en Bavière, secrétaire particulier, chauffeur de louage — et, en 1983, crée sa propre entreprise de voitures avec chauffeur. Mais, depuis 1966, il n'a cessé de publier. Son premier roman, Le Déclin des Jours, obtient le prix Fénéon en 1967 et pour ce même titre l'au- teur est proclamé Lauréat de la Fondation de la Vocation. En 1969, il écrit Le Jéroboam; Le Secrétaire, en 1972 ; Le Double Jeu, en 1973 ; Le Prince dénaturé, en 1974 ; Il serait une fois, en 1976 ; Un garçon en l'air, en 1977 ; Bellevue, en 1978 ; Contre- temps, en 1980 ; Les petits maîtres, en 1983 et L'Amour dérangé, en 1984.

Serge Bloch vit à Strasbourg. Après diverses tentatives pour apprendre à jouer d'un instrument de musique, sur les conseils d'un ami, il s'est penché sur une table à dessin. Peut- être mauvais musicien, mais illustrateur de talent ! Serge Bloch se résume ainsi : « Comme tout illustrateur illustre, j'illustre. Je me suis frotté à la bande dessinée humoristique, j'ai fait quelques albums, livres de poche et beaucoup tra- vaillé dans les journaux pour enfants. »

Serge Bloch a trente ans mais il a su se préserver du sérieux adulte pour adresser clins d'œil à l'enfance.

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© Editions Gallimard, 1987, pour le texte et les illustrations.

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Didier Martin

F r é d é r i c

F r é d é r i c

F r é d é r i c

Illustrations de Serge Bloch

Gallimard

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Je suis bien incapable de dire comment j'étais entré dans cet appartement. D'ail- leurs, je ne sais même plus qui m'avait indi- qué l'adresse. Mais ce n'est rien à côté du reste : je n'avais pas la moindre idée de ce que je venais faire là. Il est vrai que la suite des événements n'allait pas être beaucoup plus claire, au moins pendant un bon bout de temps.

Pourtant, j'étais bien dans le vestibule de cet appartement inconnu : la porte était juste derrière moi. Je venais sans doute de la refermer d'un geste machinal. Quelque chose en moi me soufflait que je ne m'étais pas trompé d'adresse, que je ne pouvais pas

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— Mes compliments ! Je n'aurais jamais cru qu'il était possible d'en arriver là où nous en sommes. Et quand cette idée...

enfin, l'idée de prendre ma place vous est- elle venue ?

— Quand vous avez commis votre seconde erreur.

— Oh, je vois : abandonner mon manuscrit ?

— Et votre veston avec vos clefs.

— La première fois, vous étiez pourtant entré ici sans clefs ?

— Ma parole, vous devenez idiot ! dis-je.

La première fois, je n'étais qu'un person- nage. Je faisais ce qu'on m'écrivait de faire, tout comme vous il y a cinq minutes. Mais la seconde fois, j'étais devenu l'auteur. Il me fallait donc mes clefs, tout comme il me faut un stylo pour écrire l'histoire.

— J'avoue que, quand je vous ai vu lais- ser votre veste devant moi pour aller aux toilettes, je n'ai pas résisté à la tentation. Je

me suis dit : « Qui va tirer la chasse perd sa place ! »

— Très drôle !

— Chacun son tour de faire le pitre, monsieur. Je n'ai que quatorze ans, rappe- lez-vous... J'ai couru jusqu'ici, mais je

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n'osais pas encore y croire. Je me disais :

« Ce n'est pas possible ! Il n'a pas pu se lais- ser prendre comme ça. Il a dû écrire d'avance que j'allais lui voler sa veste. Il a même peut-être terminé sa nouvelle, et je ne pourrai plus rien y changer... »

— Vous avez bien changé le chat en

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chien. Soit dit en passant, ce n'était pas nécessaire.

— Quand j'ai vu que le manuscrit était resté à sa place, et qu'il s'arrêtait exactement à la phrase que vous m'aviez dite, j'ai été à moitié rassuré. J'ai lu le début à toute vitesse. J'avais du mal à croire qu'il me suffirait de décapuchonner ce stylo et d'écrire la suite pour devenir maître de la situation. Le chat m'a donné une idée : j'al- lais le remplacer par un chien. Si ça marchait, je pouvais espérer que ça marche aussi pour le reste.

— Et ça a marché, évidemment, dit-il en jetant un coup d'œil à mon chien.

— C'est vous qui m'en aviez donné l'idée, même si c'était encore à un moment où je ne comprenais pas tout ce que je pourrais en tirer.

— Ah oui ! Quand je vous ai fait dire :

« Et si je me fais écrivain ? »

— Vous vous croyiez très fort, hein ? Et vous me preniez pour un môme. Allons, je ne vous en veux pas. Je sais qu'il y avait une part d'affection dans tout ça. Les adultes ne savent pas souvent comment montrer leur affection pour les adolescents.

— Vous voilà devenu bien sagace.

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— J'ai énormément appris en deux ou trois heures. Je n'oublierai jamais que c'est à vous que je le dois. Je crois que, la prochaine fois, je me lancerai dans un roman avec plu- sieurs personnages. Un seul, c'est trop ris- qué, surtout quand on lui donne le même prénom qu'à soi.

— Et qu'est-ce que je deviens dans cette histoire ?

— Vous devenez mon personnage.

— Ça, je sais. Mais qu'est-ce qui va m'ar- river ?

— Ce qui arrive à tous les personnages quand leur histoire se termine. C'est bien ce que vous aviez l'intention de faire de moi ?

— Oui, mais dans mon cas... Je suis écri- vain, tout de même.

— Vous êtes un personnage d'écrivain.

Oh, et puis d'ailleurs, pourquoi parler de ça.

Vous connaissez la musique au moins aussi bien que moi, il me semble.

— Justement ! Je ne suis pas un person- nage ordinaire !

— Je vous remercie du compliment. Je crois en effet que vous êtes assez réussi.

Il fit à nouveau un pas vers la table et recula précipitamment en entendant le chien gronder.

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— Ça, dit-il, le coup du chien, ce n'est pas correct.

— Je n'ai que quatorze ans, et c'est ma première œuvre. Il faut vous montrer un peu indulgent.

— Je suis écrivain, menaça-t-il soudain avec violence. J'ai les moyens de vous rame- ner à la raison.

— Après ce que vous avez dit sur les écri- vains qui manquent de folie, voilà que vous en appelez à la raison ? Vous baissez, mon cher monsieur. C'est mauvais signe. Il est temps de disparaître...

Je rouvris mon stylo.

— Attendez ! s'écria-t-il. Pas tout de suite ! Est-ce que... puisque cette histoire est si bonne, est-ce que vous ne voulez pas essayer d'en faire un roman ? Vous êtes très doué pour un débutant. Vous devriez en être capable.

— Oh, monsieur, dis-je en souriant. Vous continuez décidément à me prendre pour plus naïf que je ne suis. Débutant, en effet, je ne tiens pas à me lancer dans deux ou trois cents pages supplémentaires avec vous qui connaissez au contraire toutes les ficelles du métier. Sans parler de votre désir de revan- che qui rendrait l'opération encore plus dan-

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gereuse pour moi. Il arriverait forcément un moment où je commettrais une faute à mon tour et où vous reprendriez la plume, cette fois sans espoir pour moi. Non, non, je regrette, je ne peux pas prendre un tel risque.

Je commence à aimer ce petit bureau. Il est un peu sombre, mais si tranquille. Et tous ces livres, le long des murs ! Je suis sûr que je n'en ai pas encore lu un sur cent. Je ne retrouverai jamais une pareille occasion de me cultiver. Et mon chien s'est déjà beau- coup attaché à moi. Ça ne change pas de maître comme de veste, un chien !... Je ne vous parle pas de cette vocation d'écrivain qui vient de naître en moi : elle seule suffirait à me décider. Je sais que c'est dur pour vous, qui êtes également écrivain. Que voulez- vous, c'est la vie... pardon : c'est la littéra- ture.

— Et si je vous offrais...

— ... de l'argent? Vous devenez tout à fait méprisable. Du reste, ajoutai-je en tapo- tant mon veston, j'ai tout ce qu'il faut.

Allons, il va falloir nous séparer. Qui sait ? Peut-être, un jour, je vous ferai revenir dans une autre histoire. Ou bien j'écrirai la suite de celle-ci.

Il me regardait fixement.

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— Songez à tous les gens qui vont vous lire, lui dis-je pour le réconforter.

— J'avais déjà mes lecteurs, répondit-il en montrant ses œuvres sur un rayonnage proche de lui.

— Ils vous verront d'un œil neuf.

— Vous êtes fou !

— J'espère bien ! De votre propre aveu, c'est indispensable pour écrire des histoires de quelque valeur. Allons ! J'ai encore les six ou sept dernières pages à rédiger avant le dîner. Je n'ai malheureusement plus le temps de bavarder avec vous. Ça finirait d'ailleurs par ennuyer mes lecteurs.

— Et qu'est-ce que je fais de votre chan- dail que j'ai rapporté du parc ?

— Gardez-le en souvenir. De toute façon, il ne tarderait pas à devenir trop étroit pour moi.

Je décapuchonnai mon stylo et commen- çai à écrire : « Ah, fis-je en relevant lente- ment la tête et en déplissant les yeux. Vous...

qui êtes-vous, d'abord ? »

Tout en regardant ma plume, qui courait

à nouveau sur le papier, j'observai Frédéric

du coin de l'œil. Il refit à pas comptés le tour

du bureau, à distance respectueuse de mon

chien. Puis il disparut de mon champ de

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vision. J'entendis bientôt le petit grincement

de la porte. Il me sembla entendre murmu-

rer : « Adieu, Frédéric... », mais je n'en suis

pas très sûr.

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