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Le Valaisan désabusé ou Les aberrations des prétendus libéraux dévoilées = Aberrations des prétendus libéraux dévoilées

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Academic year: 2021

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ile

m u m m

DÉSABUSÉ,

o u

LES ABERRATIONS

DES PRÉTENDUS LIBÉRAUX

D É V O I L É E S

P a r un Anonyme franchement patriote.

Ce m ot de liberté ne m ’en impose guère ; Et par ta n t de fripons je le vois r é p é t e r , Que je les crois d ’accord pour le faire adopter. Ils o n t quelque in térêt à le m ettre à la m ode; C'est un voile à la fois honorable e t commode

i'

Oui, de leurs sentimens masque la nullité , lit prete un beau dehors à leur avidité.

Le s Ph i l o s o p h e s, comcdic.

! C D

1833

.

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A V A N T -P R O PO S.

Une le ttre a donné occasion à cet ouvrage. Nous la rap po rton s te x tu e lle m e n t, si l’on en excepte quelques particularités.

De Mon they, quand m êm e. ce 10 octobre i833.

Mo n c h e r a m i ,

Le temps marche rapidem ent, m ais la révolution le devance encore. Les progrès qu'elle fa it dans notre chère patrie sont alarm ans. Les manœuvres honteuses et les moyens mesquins dont on vient de se servir à Foccasion des assemblées prim aires sur lég a lité de

représentation, fournissent de nouveau une ample

m atière à mes lamentations politiqu es, et tout ce que j e regrette, c'est de ne pouvoir, tout en ripostant à la mauvaise foi de la Réponse des pactistes, don­ ner un essor à m a ju ste indignation. Fous connais­ sez le m o tif de mon empêchement P lû t au ciel que vous eussiez la bonne volonté. d'y suppléer, et

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bientôt j e me sentirai soulagé. Je vous envoie, p a r exprès, quelques idées éparses, quelques faits à re­ lever, et f espère que votre amour pour le lie n public fera le reste V otre position géographique est pou r vous un m o tif de sû reté, qui 7i'est plus pour

moi ( grâces à la liberté ) / Dans p e u , cependant, j'espère en j o u i r , et a lo r s , dévoilant mon n o m ,

public r ir a de ses méprises. Je vis d'espérance...

F'iotre in tim e ,

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PRÉFACE.

Personne ne devrait contester sans doute un pri­ vilege qu’on ne cesse , quel qu’il soit, de vanter avec tant d’emphase : celui d’exposer librement son opi­ nion. Les discussions sur des matières qui occupent tous les esprits, ne sauraient être interdites que par un despotisme timidement soupçonneux ; et cepen- dandant, en Valais, le génie du mal tremblant pour ses œuvres et fécond en ruses, a su se faire un rem­ part contre la vérité, en intimidant et trompant les faibles, en menaçant les forts. La nature m’a heu­ reusement donné assez d’intrépidité pour ne pas me laisser épouvanter par des menaces. Fort de ma cons­ cience , j’entrerai en lice, au risque, si je suis décou­ vert , d’être parmi les bienheureux qui souffrent pe?-i

sécution pour la justice.

On n’ignore pas que cet écrit, dicté par une con­ viction profonde, choquera beaucoup de personnes à une époque oîi les lé les sont tant échaudées ; mais celte considération n’a pas dû nous empêcher de dire ce que nous croyons vrai. On n’est point, obligé de

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‘plaire, et en usant du droit de dire mon opinion, je n’ai d’autre désir que celui d’être utile, d’autre espé­ rance que de recueillir force injures et calomnies.

On ne saurait attaquer les doctrines, sans attaquer en même temps, et les discours qui les expriment, et les actes qui les consacrent. Or, quand il s'agit d’actes et de discours, les hommes, quoi qu’on fasse, parais­ sent nécessairement sur la scène et doivent porter le poids souvent critique de la responsabilité. Que faire, sinon avancer? Ne serait-ce pas, en effet, une étrange charité, que celle qui sacrifierait la société , l'ordre, la religion à l’orgueil ombrageux de quelques indivi­ dus aveuglés ou pervertis ?

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LE V A L A ISA N

D ÉSABU SÉ.

--- ■—-a»<r

---Les temps où nous vivons se caractérisent p ar quelque chose de bien dégradant : c’est par u n m épris com plet p o u r la vérité. La vérité est, p o u r nos p s e u d o -lib é ra u x , com me la souverai­

neté p o p u la ire, u n g ran d m ot d o n t ils se m o­

q u en t sans p u d eu r ; elle est comme l’opinion p u b liq u e , au nom de laquelle ils p arlen t sans l’avoir jamais c o n su ltée, et q u ’ils foulent aux pieds, to u t en s’ap p uy an t sur elle. La v é r ité , ils la bannissent de leurs écrits et de leurs dis­ c o u rs , en disant le contraire de ce q u ’ils fon t ; de leurs actes, en faisant le co ntraire de ce q u ’ils disent.

T o ut ce qui se passe en Valais depuis près d ’u n e année n e prouve que trop ce que nous venons d ’avancer; u n libelle intitulé Réponse au,

prétendu Démophile vient lui seul appuyer à m e r­

veille n o tre triple assertion. Démophile était loin de tro u v e r mauvais q u ’o n ait usé à son égard d u droit q u ’a tou t hom m e d ’exam iner et do ju ­ g e r , selon ses opinions p ro p re s , les opinions e t les paroles d ’un autre homm e : rien ne

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con-trib u e davantage au progrès de la vérité ; mais q u a n d , au lieu de com battre le p ro pre ouvrage de l’au teu r, on le dénature p o u r soulager son h u m e u r , rien n e dém ontre m ieux la faiblesse d ’une cause: et tel est cependant le cas de l’apo­ logiste de quelques magistrats froissés. N ous le déclarons coupable de perfidie, de mauvaise foi : il a le u rré ses lecteurs à force de grands m ots; il a tr o n q u é , transposé les expressions de Dé- m ophile p o u r le dép réc ier; e t , q u an d on n ’a plus p o u r se justifier que d ’aussi mauvaises a r ­ m es, on ferait m ieux de dire avec le so n n et:

M a f o i , c ’est f a i t ; nous avons suivi un e m a u ­

vaise ro u te , le m eilleur parti est d ’avaler l’igno­ minie et de nous taire.

Loin de p re n d re cette sage réso lu tio n , on a mis en pratiq u e la m axim e infernale que pour

détruire une opinion contraire à la sienne, le m eilleur moyen c’est de déchirer à belles dents ceux qui la professen t, et de les rendre odieux.

Est-ce-là que vous en venez à force de lum iè­ res ? Serait-ce donc ce que vous appelez avec complaisance les progrès de la civilisation ?

Nous com m encerons d ’abord par signaler, parm i une foule de m ensonges, celui q u ’on a le plus habilem ent exploité : on a cherché à faire croire que Démophile avait attaqué tous les m a ­ gistrats d u Bas-Valais. Celle asserlion, qui n

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’é-to n n e pas quiconque considère l’esprit dans lequel tou t le pam phlet est réd ig é, démasque la fourberie la plus m aladroite ; qu 'o n relise Dé- mophile et l’o n en sera convaincu. Courbés sous le poids de le u r h o n te , les coupables o n t sans doute tenté de faire partager à d ’autres le u r ignoble fardeau ; mais en v a in , les souvenirs et les actes étaient présens ; n u l n e s’y est m épris. Il n e le u r est resté p o u r toute consolation que de p rô n e r le libelle à quelques i gnor ans, e t , après avoir vainem ent espéré d ’en voir épuiser l’édition à 5o rappes l’ex em p laire, la Réponse au rait eu infailliblem ent l ’insigne h o n n e u r de servir aux grands cornets de l’épicier, si les ma­ gistrats soussignés et d ’autres ne s’étaient tra n s­ form és en colporteurs. Démophile n ’a sans doute pas eu cet h o n n e u r ; il n ’a point été placé par l’o rd re d ’u n p résid en t de dixain dans les a r­ chives publiques, mais il le fu t dans celles du p e u p le , p o u r qui il avait écrit; et c’était-là toute son am bition , com me c’est encore toute sa gloire.

Semblable aux médecins qui ne craignent pas de s'exposer au mauvais air des hôpitaux p ou r g u érir des fièvres contagieuses, je m ’engagerai avec courage dans cet am phigouri d’injures et de sophismes ; protestant d ’avance que si l ’indigna­ tion m’arrache quelques expressions virulentes,

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elles ap partienn en t en p ropre à mes antago­ nistes, et sont puisées dans le u r b ro ch u re qui en est u n arsenal bien abondant.

On n e suivra pas l’auteur de la Réponse dans tous ses principes politiques, ce serait par trop difficile, car

Il va du blanc au noir, E t condamne au matin ses sentimens du soir. On relèvera encore moins toutes les erreu rs d o n t fourm ille son é c r it, il faudrait p o u r cela des volumes ; on se contentera d ’en signaler quelques-unes des principales, et d ’ab o rd r e ­ m arquons com m ent il débute dès sa préface :

« Concitoyens! Démophile se cache, et vous » d it q u ’en souscrivant le pacte lib rem en t con- » senti p ar la Suisse n o u v elle, vous consentez à » l’anéantissem ent de votre lib erté , de votre » religion, de vos biens. Ses argum ens sont des » in ju re s , ses raisons des calomnies, son b u t de » vous trom per. Q uant à n o u s , sachez qui nous » sommes. Nous vous disons : L’union fait la » force. Us étaient trois au G r u ttl i, nous sommes » vingt-deux en i 833. Puisse-t-il n ’en pas man- » q u e r u n s e u l, qu and il s’agira de sceller de » nouveau le lien fédéral ! »

Un tel d éb u t est digne de l’ouvrage. O u i, Dé­ mophile a raiso n n é , et on y a rép o nd u par des déclamations. Ces dix lignes de la préface re«-*

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ferm en t en effet la substance des deux ouvrages ( de Démophile et de la Réponse ) : p o u r les ap­ précier l’un et l’a u t r e , il ne serait presque pas nécessaire d ’en lire davantage. T o u tefo is, a r r ê ­ to n s-n o u s u n instant à ce p eu de mots : Démo-

phile se cache. Quel crime y a-t-il de se cacher?

La force d u raisonnem ent consiste - 1 - elle dans le nom d ’un au teu r q u elc o n q u e , ou dans ses propres argum ens ? L’auteur de XImitation de

Jésu s-C h rist a - t - i l moins fait u n ouvrage im ­

m o rte l, parce q u ’il s'est caché et se cache depuis des siècles? N ’en p e u t-o n pas d ire autant de no m bre d ’ouvrages excellens, qui passeront à la p ostérité, et d o n t le n om des a u te u rs, à cause de le u r m odestie, est resté inconnu? P ar co n ­ tr e , les V oltaire, les P i r o n , les Volnay, dans les temps m o d e rn es; les Gelse, les Ju lie n , dans les temps anciens, o n t apposé leurs nom s à leurs écrits e t se sont fait gloire de leur im pudence : leurs ouvrages en ont-ils été m eilleurs? Tous les lecteurs disent non.

La Réponse ajo u te, que les véritables amis

du peuple ne craignent p a s de dire leur noni,

et cepen dan t n o u s , qui prétendons l’étre autant q u ’e u x , comme D ém ophile, avons craint de le faire ; s’ils veulent en connaître la ra iso n , c’est que l’on a affaire à u n libéralisme qui ne laisse d'autre perspective que la proscription et

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l’os-u

tracisme à ceux qui n e pensent pas com me l u i , qui fait subir le joug d u sabre aux idées qui ne sont pas les siennes ; qui p o u rsu it, p ar des m e­ naces et des traitem ens tout au plus dignes des enfans d u Caucase, ceux qui m anifestent u n e opinion contraire. Sont-ce-là, le u r d iro n s-n o u s à n o tre to u r , les mœurs suisses, les mœurs r é ­

publicaines? Venez encore nous p a r le r lib e rté , de (ju elpoids seront vos p a ro les? Ce mot sacré est profané p a r votre bouche , s a li p a r votre plum e.

Dèmophile v o u s d it qu’en souscrivant le>pacte librem ent consenti p a r la Suisse nouvelle, vous consentez à Vanéantissement de votre lib erté.

Jules M u re t, ancien landam m an d u canton de V au d, l’a d it avant Dèmophile dans ses Obser­

vations sur l ’acte f é d é r a l proposé, e n d ém o n ­

tra n t ( page 7 ) que la lib erté des Suisses y était com plètem ent sacrifiée ; que les cantons conser­ vaient cette liberté p o u r le m o t, et q u e la con­

féd éra tio n s’en em parait p o u r la chose. G. H. de

S eig n e u x , savant au teur d u P ré c is historique

de la révolution du canton de Vaud, l’a d it avec

Dèmophile dans sa b ro ch u re du P rin cipe f é ­

d é r a tif en S u isse, en d ém o ntran t, dans son i cr

et a 0 chapitres, que « le projet d ’acte fédéral » proposé contrevenait form ellem ent aux bases » fondamentales de toute confédération su isse,

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» q u ’il n ’offrait aucune garantie à l’indépendance » des cantons, q u ’il paralysait leurs m oyens p a r­ t i c u l i e r s de défense, et q u ’il les constituait » dans une sorte de vasselage m ilitaire, adm i- » nistratif et judiciaire. » Le conseil-d’état-d u canton de Vaud 9 dans son préavis de février i 8 3 3 , l’a d it avant D ém ophile, en d ém o n tran t (depuis la pag. 106 de ce ra p p o rt jusq u ’à la pag. 112) que le nouveau pacte établissait deux gou-

vernemens, u n fé d é ra l, l’autre c a n to n a l, avec des attributions p lu s ou moins communes et in­ distinctes; que ces deux gouvernem ens s’entre­ choqueraient sans cesse, se p a ra ly se ra ie n t, et

que Y un d'eux ( le fédéral ) fin ir a it p a r absorber

l ’autre complètement. Le docteur M iéville, dans

son discours en séance d u g r a n d - conseil d u canton de V au d , le 4 juillet i 8 3 3 , n ’était pas d ’un avis con traire à D ém ophile, en disant que le p rojet d ’acte f é d é r a l rédu isait les cantons à

la condition de sim ples provinces dépendantes d ’un pouvoir -presque monarchique, etc. etc., et

mille autres qu’il serait trop long de citer.

Vous consentez à l ’anéantissement de votre religion : o u i , et Démophile n ’est pas le seul à

l ’affirmer. Le grand-conseil d u canton d u Tessin en a développé les motifs ainsi que nous le ver­ rons plus ta r d : le canton de Zug a tenu le même langage. Du r e s t e , l’article 5 d u prem ier p ro je t

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d ’acte fédéral est positif dans ses conséquences ; il n e parle pas de religion, il est v rai, mais no­ tre co n stitu tio n , établissant le pouvoir fédéral juge des différends qui peuvent s’élever sur les articles concernant les droits et les libertés d u p e u p le , aussi bien que les attributions des au­ torités, ce pouvoir fédéral devient par-là même juge des différends qui peu v en t survenir su r le p rem ier comme su r tous les autres articles de n o tre constitution. Voilà donc u n e autorité laï­ q ue et semi - p ro te sta n te , établie juge p o u r les affaires religieuses comme p ou r les affaires poli­ tiques , tit voilà a u s s i, p ar c o n sé q u e n t, F anéan­

tissem ent de la religion.

Vous consentez à Vanéantissement de vos biens : c’est encore M. M uret qui l’a dit pages 5

et 6 , ainsi que dans to u t le reste de son ouvrage, en é n u m é ra n t, de m êm e que le conseil-d’état d u canton de V aud dans son p r é a v is , les pouvoirs

régaliens et les principales ressources de ch a­

que canton d ont le pouvoir fédéral s’em p arait, afin d ’avoir, comme le disait M. Nicole en séance d u grand-conseil d u canton de V au d , de quoi pay er de gros traitem ens à ses proconsuls, q u i

se promèneront d'un canton à V autre, pour y dépecer les constitutions et les ju ger. C’est enfin

la Suisse entière qui l’a dit comme D ém ophile, puisque tous les cantons o n t dem andé des r é

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-formes à ce su jet, b ien persuadés de l ’énorm e b u d g e t, quasi - royal et m o n a rch iq u e, que nos homm es d u ju ste -m ilieu , avides d ’or et de pla­ ces , voulaient établir aux dépens de la bourse d u peuple suisse. Si les argumens de Démophile

sont des in ju res, ses raisons des calom nies, son but de tromper, il est h eu reu x et très - h e u reu x

de partager ces complimens polis avec tous les hom m es les plus éclairés, les plus désintéressés, les plus instruits de la Suisse, e t , nous pouvons le d ir e , avec la Suisse e n tiè re , qui a rejeté le pacte do nt on voulait la doter.

Quant à nous, dites - v o u s , sachez q u i nous sommes. C ertes, quelle préten tio n ! On dirait

que vous êtes le gran d s u lta n , qui fait annoncer son arrivée p o u r p résider le divan ! Quand nous saurons qui vous êtes, f a u d r a - t - i l nous taire? Dans ce c a s , il fallait placer vos noms à la tête de l’ouvrage et n o n à la fin ; p o u r lors, inclinant nos têtes devant vo tre hautesse se p tu p le , nous nous serions tus. Mais, en lisant votre bro ch u re, loin de nous in tim id er, nous avons senti n o tre courage se ra n im e r, et en disant que les argu­ mens de Démophile étaient des paroles de B a ­

laam ., vous nous avez mis à même de penser

que les paroles de votre Réponse pouvaient bien être de son ânesse. TJnicuique suum.

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b ien , Démophile le d it aussi. Pourquoi donc ve­ nez-vous diviser, d o n n e r m ain-forte aux brouil­ lons de la Suisse, et jeter par voire nouveau pacte la pomm e de discorde au milieu d ’une nation u n ie , libre et heureuse? On le devine ai- se'ment, vous passez sous silence la devise qui vous est com m une avec tous ceux qui sont avides de pouvoirs : L ivid e et regna.

Ils étaient trois au G r u ttli, nous sommes vingt-deux en i 8 3 3 ; p u i s s e - t - i l n’en p a s man­ quer un s e u l, quand i l s'agira de sceller de nouveau le lien f é d é r a l ! Votre calcul est faux

d u to u t au tout. L ’année a douze mois : vos v in g t-d e u x en i 833 sont additionnés trop tôt. Les événemens o n t d ém on tré q u ’en i 833 vous étiez vin g t-d eu x , moins vingt-deux : la raison en est q ue, contre vos voeux, loin de rien p a s man­

quer un seul quand i l s'agira de sceller de nou­ veau le lien f é d é r a l , au c o n tra ire , il ne s’en est

pas trouvé un seul po u r le sceller, p o u r l’ap­ p ro u v e r, p o u r l ’adopter. Le pacte de L ucerne est tom bé à Z u ric h , et le pacte de Zurich a éga­ lem ent expiré dans cette ville. Ces d eux coups de m o rt lui sont donnés en 1833 par la Suisse en tiè re , et c’est après de tels événemens que vous venez d ire au peuple d u Valais : Concitoyens!

écoutez nos p a ro les, elles ne tendent qu’à vous éclairer. E n vérité, des adm inistrés sont bien à

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p la in d r e , q uan d ils sont conduits p ar de tels éclaireurs.

E n voilà assez sur quelques mots de la p ré - face. La b ro ch u re en tière offrirait, presque à chaque lig n e, le m êm e sujet de critique à q u i­ conque aurait le temps et le loisir de s’en occu­ p e r , mais il n ’en vaut pas la peine : parto u t on n e trouve que déclamations d ’orgueil et des p r é ­ tentions ridicules opposées à des raisons fondées et solides. P o u r les faire p araître dans to ut leu r jo u r, Démophile n ’aurait q u ’à faire réim prim er textuellem ent son ouvrage et m e ttre la Réponse en regard : le lecteur le moins judicieux serait alors à même de juger que la magistrature sep­ tuple a n o n - seulem ent fait une réponse sans réponse , mais encore que la cause q u ’elle a entrepris de défen d re est devenue m oindre q u ’auparavant, selon l ’expression d ’u n poète an­ cien , passée en prov erb e : Causa patrocinio non

bona pcjor erit.

Dès le com m encem ent de l’ouvrage, on ose avancer que les puissances a llié e s , en do n nan t à la Suisse le pacte de i 8 i 5 , f t # e n t surprises

et trompées sur le véritable état des esprits en Suisse. D’après une telle assertio n , nous appli­

querons aux auteurs de la Réponse les paroles qu'ils adressent à D ém ophile; savoir, que dès le u r début, ils ne fo n t pa s preuve que Vhistoire

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de la Suisse leur soit bien fa m iliè re . Jetons u n

coup-d’œ il rapide su r les diverses constitutions qui se sont succédées en Suisse, depuis 1798 jusqu'à 1815 : exam inons quels en ont été les résultats, et nous verrons alors si la religion des

puissances alliées a été su rprise, et si ces p uis­

sances o n t été trompées sur le véritable état des

esprits en Suisse. Voici com m ent s’exp rim e, à

cet é g a rd , u n de nos plus illustres écrivains : « A l’époque où la tourm ente révolutionnaire » agitait et renversait to u t en F ra n c e , ce fléau » d estru cteu r vint aussi envahir l’antique Ilelvé- » tie et d étru ire toutes ses anciennes institutions. » Alors les agens d u directoire de F ra n c e , sou- » tenus p ar qu atre-v in gt mille baïonnettes, im- » p o rtè re n t en Suisse une constitution unitaire » qui selon ses auteurs devait réaliser l’idéal le » plus parfait de la liberté et du bonheur.

» L'invasion de la Suisse avait eu lieu en janvier » 1798, et déjà en 1799 la guerre civile ajoutait « ses désolations à celles de la présence d ’une » arm ée étrangère et dévastatrice. Déjà de vio- » lentes i n s u r ^ c t i o n s , excitées par le désespoir, » surgissaient p artou t avec une violence extrêm e ; » les populations se soulevaient contre la constitu- » lion unitaire pour défendre leur indépendance « et le u r liberté. On entendait même d éjà, dans » les conseils de cette république à peine n é e , des

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» m em bres qui se prononçaient énergiquem ent » contre elle; car il y siégeait u n plus g rand » no m b re de véritables Suisses que de mauvais » citoyens. A la fin de 1799 l’opposition contre » ces derniers devint si violente q u ’ils d u ren t » c èd e rle pouvoir qu'ils avaient usurpé et aban- « d o n n e r la chose publique. A lors, po u r satis- » faire au cri de la n atio n, on s’occupa à modifier » la constitution u n ita ire, afin de la rapprocher » davantage de l’ancien o rd re de choses.

» Ce fu t le 5 juillet 1800 que le Sénat helvé- » tique parvint à en p résen ter au grand-conseil » u n e au tre que celle du trib u n Ochs. Elle offrait » déjà bien des am éliorations, mais elle était » encore beaucoup tro p unitaire ; elle ne ren - » tra it pas assez dans les habitudes et les besoins » réels de la nation. E n conséquence elle fu t » aussi repoussée. — Le Sénat d u t alors recom - » m encer u n nouveau travail, et com poser une » troisième constitution moins unitaire que la » seconde et plus en harm onie avec les anciennes . » institutions.

« Cette troisièm e constitution fu t soumise le » 29 mai l ô o i à l’acceptation de la nation. Ses » bases reposaient su r un pouvoir central et sur » un pouvoir cantonal.

» Le p rem ier était exercé par une diète de » s o ix a n te - d ix - s e p t m em bres et un sénat de

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» v in g t- c in q , dans lequel se prenait un petit~ » conseil de cinq m em bres chargé des départe- » m ens de l'extérieur, de Vintérieur, de la ju s - » t i c e , des fin an ces et de la guerre.

» Ce troisièm e. p ro je t fut m ieux accueilli que » les précédons p ar les anciens c a n to n s , mais il » fu t moins favorablement re ç u p a r les homm es » de la rév o lu tio n , do n t il h e u rta it tro p directe- » m e n t les principes. Ce p ro je t devait être mis » à exécution le i . er janvier 1803 ; mais étant » en b u tte dans les conseils à u n p arti très-fo rt » et très-actif, il fu t culbuté par un coup d'état » in a tte n d u et ad ro item en t dirigé. Le p arti qui » eu t le dessus-dans cette occasion, et q u ’on peut » à juste titre no m m er an ti-n ation al, s’e'tant » arb itraire m en t em paré d u p o u v o ir, réclama » im m édiatem ent la puissante protection de Bo- » n a p a rle , en lui soum ettant u n quatrièm e p ro - » jet qui ob tin t son approbation. Alors u n e assem- » blée de notables, pris dans tous les can to n s, » l’ayant accepté à l’unanim ité le 19 mai 1802, » il fu t offert sans discussion aux votes indivi- ? duels de la nation ; et le dépouillem ent de ces » votes ayant p ro d u it une m ajo rité, ce d e rn ie r » p ro je t f u t déclaré loi de l’état dans toute la » république par la proclam ation d u 26 mai » 18 0 2 , signée Ruttiman, p ré s id e n t, et Mousson, V secrétaire en chef,

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» Il semblait q u ’on avait enfin réalisé tout ce » qui pouvait dans les circonstances d u m om ent » calm er les e s p rits , satisfaire les espérances et » rétab lir l’o rdre. E n effet, cette constitution » avait été m û re m e n t discutée et sagem ent com- » binée. Elle avait été acceptée p a r la m ajorité » apparente de la nation et approuvée p ar Bo- » naparte. T o u t se réunissait donc p o u r inspirer » en elle un grande confiance. — C ependant telle » était la rép u g n an c e de la nation con tre toute » espèce de centralisation des pouvoirs , q u ’à » peine cette quatrièm e constitution fu t organi- » sée dans quelques nouveaux c a n to n s , que déjà » elle était si én erg iq u em en t repoussée p ar les » anciens états, q u ’on prévoyait u n nouvel orage » don t l’explosion n e se fit pas long - temps » attend re.

» C ar, aussitôt qu’en v ertu de l’article ix d u » traité de L u n év ille, les tro u pes françaises eu- » re n t évacué le territo ire suisse, on vit de toute » p a rt et spontaném en t le peuple p re n d re les « arm es p o u r se soustraire à u n o rd re de choses » q u ’il d é te sta it, et se re d o n n e r u n e constitu- » tion plus en rap p o rt avec ses m œ u rs et ses » besoins.

» Ces nouveaux co n fé d é ré s, d o n t le nom bre » s’augm entait à chaque p as, en trèren t inopiné- » m en t à B erne et s’en em parèrent sans coup

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» f e r ir , après avoir mis en fuite le gouverne- » m e n t de la république une et indivisible.

» U ne joie générale avait électrisé tous les » cœ u rs. On se croyait arrivé au term e des h u - » milialions et à la veille de fo rm er u n congrès » national à S chw ytz, lorsque le général Rapp » v in t, de la p a rt d u Prem ier Consul, paralyser » cet élan vraim ent patriotique et renverser to u - » tes les espérances c o n ç u e s , en som m ant la » Suisse, sous peine d ’une c o m p ite destruction, » de m ettre bas les armes et d ’envoyer à Paris » des de'putés p o u r y recevoir une constitution » selon les vues politiques de Bonaparte.

» Tel fu t le résultat où v in ren t aboutir tous » ces rêves de républiques L èm anique, R oda­

it nique, H elvétique et toutes ces constitutions

» un e et indivisible! C’est à ce résultat que devait » servir tan t de sang r é p a n d u , tant de trésors » dilapidés, tan t de greniers pillés, tan t d ’arse- » n au x enlevés! ta n t de m isères, tant de souf- » frances et la perle de l’ancienne liberté !

» Il fallut subir la loi du plus f o r t , et enten d re » ces hum iliantes paroles que Bonaparte adressa » au x rep résen tan s d e là Suisse en prenant congé » d ’eux : « Ma médiation est p ou r vous ce q u ’un 3> gouvernail est à u n vaisseau en danger de » naufrag e; n e l’abandonnez pas, a u trem en t il » ne me restera que de contenir la Suisse par

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» les armes ou de la réunir à la France. »

•>■> Ainsi parlait en i 8o3 le tout-puissant Napo-

» léon! C ep en d an t, il fau t en convenir, toutes » les factions agitatrices ayant été comprimées » p ar son irrésistible v o lo n té, la Suisse sous » l ’acte de médiation f u t , pendant dix a n s , aussi » heureuse et aussi tranquille q u ’elle pouvait » l'être à cette époque. Les passions se calm èrent » et toutes les populations r e n trè re n t dans l’or- » d re à l’exceplion de quelques mouvemens in- » .surreclionnels qui eu re n t lieu dans le Tessin » et dans les com m unes riveraines de Zurich. » Mais ils fu re n t pro m p tem en t étouffés p a r quel- » ques bataillons de milices q u ’on fit sur-le- » cham p m arch er contre les communes rebelles » p o u r p u n ir les principaux coupables.

» La tranquillité ren d u e à la Suisse p ar la m é- » dialion de Bonaparte d u ra jusqu’à la chute de » ce grand hom m e et jusqu’au reto u r des Bour- » bons en France. Mais alors l’acte de médiation » ayant été abandonné et dissous avant d ’avoir » été rem placé par u n autre pacte fé d é ra l, les « anciens états de la confédération livrés à eux- » mêmes c ru re n t pouvoir revendiquer tous leurs » droits su r les nouveaux cantons, mais ceux-ci » n e vo u luren t point adm ettre de semblables » prétentions. Alors des ferm ens de haine et » d ’animosité éclatèrent avec violence et n e

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» p u re n t être étouffes q u e p ar la bienveillante » in terv en tion des hautes puissances alliées. Le

» pacte fédéral de i 8 i 5 , qui en fu t le résu ltat,

» re n d it à la Suisse la p aix , le b o n h e u r, et fu t » incontestablem ent le meilleur de tous ceux qui » s’étaient succédés depuis 1798: et cela, parce » q u ’en r e n tra n t dans le principe p rim itif de la » co n fédératio n , et en re n d a n t à chaque canton » u n e rep résentation égale en d iè te , il conciliait » h ab ilem en t les intérêts compliqués qui divi- » saient les Suisses, e t , par d ’heureuses com bi- » naiso ns, créait e n tr ’eux des élémens d ’union » et de prospérité inconnus au parav an t; enfin » p arce q u ’il sut allier et satisfaire également les » in térêts cantonaux et les liens fédéraux.

» Tous ces puissans motifs p o u r accueillir ce » pacte favorablem ent n e f u r e n t pas cependant » les seuls qui m éritèren t aux puissances média- » trices la reconnaissance des divers états de la » Suisse; car n ’ayant pas pu engag er, en 1813 , » les anciens cantons à faire cause com m une avec » elles p o u r e n tr e r en F ra n c e , rien n e les empê- » chait en 18 1 4 , lorsqu’elles rev in re n t victo- » "rieuses, de dicter arb itraire m en t la loi, com me » Bonaparte l ’avait fait en i 8 o 3. M ais, bien loin « de se prévaloir des droits de la v icto ire, elles » tra itè re n t la Suisse de la m anière la plus ma­

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» nouveaux c a n to n s , e n dotant ceux de Berne » et de Genève de plusieurs territoires im por­

li tans pour la Suisse, en p ro cu ran t d ’équitables

» indem nités aux petits cantons qui avaient si » cruellem ent souffert p o u r la défense de la » b o n n e cause sous la république une et in divi- » s iò le , en réunissant à la confédération les » élats d u Valais, de Genève et de N eufchâtel ; » enfin en assurant la paix et la n eutralité de la » Suisse par la garantie de son indépendance et » de son pacte.

« Cette noble et belle co n d u ite des puissances « alliées, qui contraste si fo rtem en t avec celle » d u d irectoire de F ran ce et celle de Bonaparte, » a valu à la Suisse, avec une paix de quinze ans, » u n e tra n q u illité, u n e union en tre ses m em bres, » et u ne prospérité sans exemple. Car jamais » l’industrie agricole ou com merciale n e s’est » développée avec autant d ’activité et de succès » que p en d an t cette époque-/jam ais les gouver- » n em ens n ’o n t été plus justes ni plus paternels, » jamais la liberté individuelle n ’a été plus éten- » d u e n i plus respectée, et jamais le périple ne » se trouva plus h e u re u x ( i ) . »

Ainsi, c’est donc à ces mêmes puissances alliées à qui le Valais en particulier, après avoir été

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isolé de la république helvétique en 1802, et incorporé à l’em pire français en 1811, doit l’in ­ signe faveur d ’avoir été mis au no m b re des 2.2. cantons suisses : c o n v e n o n s, que si la religion

des puissances a lliées a été surprise et trompée,

d u m o in s, p o u r ce qui nous c o n c e rn e , c’était u n e heureuse surprise et u n e e rre u r bien avan­ tageuse.

La Réponse accuse Démophile d ’être l’ennem i de to u t perfectionnem ent : écrivain p e rfid e , Dé­ m ophile sait aussi bien que vous que le progrès

est une lo i pour le monde m o ra l, q u e les in telli­ gences sont appelées à se développer : il est loin

de p en ser à retenir la société emmaillotée dans

les langes d'une éternelle enfance, et sans avoir

en tête u n b o n n et de p édagogue, quoiqu’il n ’ait pas fait m archer les lumières la férule en m a in , il n ’a pas vieilli sans avoir travaillé à éclairer ses concitoyens. On sait que la raison que vous allé­ guez p o u r justifier les nouveaux systèmes en p o litiq u e, est le progrès des lum ières et la n é ­ cessité d ’élever la société au niveau des connais­ sances actuelles. Mais, traduisez ces mots p ar les

progrès de l'orgueil et de la cupidité, et la né­ cessité d'avoir des places et de l ’argen t, et vous

vous y reconnaîtrez.

11 est curieux de savoir sur quoi se base l’a u ­ te u r de la R éponse, po u r dire que l'histoire de la

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Suisse n ’est pas fa m iliè re à Démophile : sur ce

q u e, d ’après lu i, il n ’a pas co n n u les menées des

J rères et amis dans le canton en i 8 3 i : en vérité,

il faudrait avoir sa lorgnette et être dans ses se­ crets p o u r y voir; mais sous p e u , lorsqu’il aura mis au jo u r l’histoire d u V alais, Démophile n e sera plus si ig n o r a n t, et tout en attendant avec impatience ces lu m iè re s , il prie Monsieur l’his­ torien de vouloir lui in d iq u er quel est le despo­

tisme q u ’il voit échapper dans n o tre pays ! Homme

de d é c e p tio n , veuillez bien ajo u ter en co re , quel est le peuple suisse qui se trouve beaucoup m ieux q u ’avant sa régénération politique? Mais rem arquez que m on peuple n ’est pas le vôtre ; je p a r le , m oi, d u peuple occupé et non d u peuple oisif qui veut faire le peuple occupé souverain malgré l u i , po u r g ouverner sous son nom et vivre à ses dépens. Vous dites aussi fo rt h a u t, que Xaristocratie suisse a reçu le coup de mort, et m o i, en vous rép o n d an t q u ’une aristocratie riche a fait place à u n e aristocratie pauvre , affamée de r e v e n u s , je vous dem anderai tout b as, laquelle des deux est préférable po u r le peuple : le re n a rd l’a dit au hérisson dans La Fontaine.

On les touche au v if, Messieurs les signa­ taires , lorsqu’on parle des intrigues de nos me­ neurs avec les f r è r e s et amis de Genève et de

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L aiisane, ils se fâchent tout ro u g es, ils traiten t

à ’écrivain déhonté, d ’insensé et de p erfid e, de calomniateur : rien de plus facile. On dem ande

où on a vu les agens de la p ro p a g a n d e , à qui ils se sont advesse's, ce qu’ils o n t d it, ce q u ’ils ont fait? Demandez toutes ces réponses à M on­ sieu r le p r é s i d e n t et en vous com m uni­ q u an t sa c o rresp o n d an c e, vous v errez tout au g ran d jo u r et vous serez alors à m êm e, si bon vous sem ble, dans l’in térêt de votre sainte cause, de publier un volum e in-folio de P ièces ju s tifi­

ca tif es.

Il f a u t vraim ent s’être déterminé à se moquer,

à se jouer de ses lecteurs pour oser insinuer que

Démophile a accusé les m agistrats du peuple

B as- Valaisan d ’être les auteurs des troubles de

18 3 i : chaussez donc vos besicles, p én étran t et

surtout véridique écrivain , et vous verrez q u e , malgré vos lu m iè re s, vous n ’y avez rien vu. Je n e dissimulerai p o in t cependant que q u an d je cherche les causes de quelque effet je tâche de re m o n te r à ia cause p rem ière, et ici je la trouve dans u n petit n o m b re d ’a m b itieu x , députés à la diète ; qui tro m p èren t les Hauts-Valaisans su r le véritable état des esprits dans le Bas-Valais.

QueVdévergondage ne faut-il pas, p o u r d ire que Démophile a transformé le conseil-d'état en

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diète en intrumens de girouettes? po u r u n aussi

gros mensonge il a b ien fallu faire concevoir les

cavales de l’E gypte au hennissem ent des chevaux de B aby lo n e, car la conception d ’une aussi r é ­ voltante calomnie ne pouvait sortir qu e d u siège de Satan. Qu’on juge p ar ces échantillons de la bonne foi d u red resseu r de torts et de la con­ fiance q u e nous pouvons do n n er à ses paroles ! Mais ce n ’est pas encore tout : p o u r pouvoir selon son goût b a rb o te r de plus en plus dans la boue et y p é trir ses argum ens à son aise, il fait d ire à son antagoniste que le pacte ne veut poin t de

religion , que les m agistrats sont des tyranneaux, de vils vendeurs de citoyens lib re s , des m ar­ chands de chair humaine. E t cep en d an t rien

de plus faux : il n ’est question dans ces passages ni de p acte, ni de magistrats, mais enfin il fal­ lait tro u v er quelques m oyens d ’évacuer sa b ile; et en voyant com bien elle est noire et p u a n t e , on n e peut que se d ire q u ’il faut vraim ent avoir eu des démêlés avec la police autrichienne et être épuisé de sermens à toutes les opinions po u r être aussi pauvre en délicatesse et aussi riche en injures. C’est être en vérité fo rt libéral de m é­ pris. Il fau t q u ’il en ait beaucoup recueilli dans ses aberrations politiques p o u r qu’il en ait tant à donner. E n fa n t p r o d ig u e , tu ferais mieux d ’être plus économ e de ton bien : et apprends

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d o n c , u n e fois p o u r to u te s , à n e pas dissiper ainsi à l’avenir ta substance inutilem ent ; que quand on s’est avili, on n ’a plus le pouvoir d ’avilir, et que l’h o n n e u r seul peut infliger le déshonneur.

C’est en passant à la question d u p acte, qu’on rem arq u e plus particulièrem ent la forte dose de fourberie que possède l ’astucieux a u te u r, lors­ q u ’il s’agit de couvrir ses fautes d u voile d u mensonge. E n nous rép étan t à chaque instant que c’est ou trag er la vérité de dire q u ’il voulait

accepter le p ro jet du nouvel acte f é d é r a l te l q u i i éta it sorti des mains de ses rédacteu rs, croit-il

donc nous faire oublier q u ’il l’a dit lu i-m êm e, à Mar tigny, à des personnes qui se le rappellent fo rt bien et qui po u rraien t le p rouver au besoin. E t d ’ailleurs les harangues éternelles des pactistes à chaque pèlerin q u ’ils ren co n traien t sur le u r r o u t e , leurs propres paroles à leurs p ro sély tes, to u t ne prouve-t-il pas assez q u ’ils voudraient p o u r ceci comme p o u r le reste en imposer à leurs concitoyens et le u r faire des contes à la cigogne?

Vous dites qu eD ém o p h ile, habile à se tourner

en tout s e n s , à saisir le f a ib le de chacun , sut

• utiliser toutes les situations p o u r soulever les esprits contre le pacte : Démophile n ’a cherché à su rp ren d re p erso n n e, mais, quant à vous, M. le réd acteu r de la R éponse, nul ne vous conteste ce m é r ite , seulement l’on s’étonne que vil

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eau-dataire de tous les partis, vous osiez dévoiler si hardim ent votre f a c e hypocrite et cauteleuse. Peut-être croyez-vous avoir acquis par-là quel­ que droit à la reconnaissance publique et avoir bien m érité de la patrie : je ne le crois pas. Os­ cillant comme le p en d u le de la lâcheté d u devoir à l’égoïsm e, et de l’égoïsme au devoir , vous n e pouvez penser à recueillir de ces vacillations odieuses que le stigm ate de la honte , la haine et le mépris universel. Qui m ieux que v o u s , Mes­

sieurs les m e n e u rs , a su saisir le f a ib le de cha­

cun? Les excursions continuelles de vos mission­

naires politiques déposent en vo tre faveiy : to u ­ tes les pierres d u pays re n d e n t hommage à votre habileté. P arto u t on se rapelle vos prophéties : Conthey trem ble encore de voir arriver les Au­ trichiens p o u r le soum ettre ; l’E n trem o n t n'est point rev en u de sa fra y e u r et se croit à chaque instant réuni à la Savoie ; à M onthey et à Marti- g n y , les violences et les troubles nocturnes , les menaces et les coups vous d écern en t à bien juste titre la couronne civique p o u r savoir si bien uti­

liser toutes les situations, et surtout comme

protecteurs de la liberté publique. Démophile s’est co n ten té de p a r le r , laissant à chacun son opinion, mais vous sûtes m ieux faire , vous avez violenté l’o p in io n , voilà la différence.

Y cnons-en m aintenant à la protestation des

(35)

u

Seize que Ja Réponse do n n e à ses lecteurs dans toute sa ten eu r. Une telle pièce est tro p curieuse et tro p extraordinaire p o u rn e pas être exam inée avec quelque soin. C’est une chose inouïe q u ’une faible m inorité ose protester d ’une manière f o r ­

melle contre la décision d ’une m ajorité im po­

sante , émise légalem ent ét ayant force de loi. Aussi Démophile a-t-il à bien juste titre appelé cet acte un prem ier p a s f a i t vers Iabîm e : aussi la diète en a-t-elle fait justice; e t, en rejetan t la protestation comme illégale, com me inconstitu­ tionnelle, en refusant de l’adm ettre dans son p ro to c o le , celte pièce n e se trouvait-elle p a s , par-là m ê m e , flétrie et frappée de nullité tout- " à-la-fois par l’autorité souveraine ?

D’après tous les dictionnaires de d r o it, p ro ­

tester, signifie appeler d ’une autorité inférieure

à une autorité supérieure : on n e p e u t donc protester contre une décision de l ’autorité sou­ v e ra in e , puisqu’il n ’y a po in t d'appel. La sou­ veraineté , dit M. de M a is tre , a des formes différentes sans d o u te , elle ne parle pas à Cons­ tantinople com me à L ondres; mais q u an d elle a parlé de part et d ’autre à sa m anière, le bill est sans appel comme le F et f a . Il en est de m êm e dans l’ord re judiciaire; il faut, en d ern ier résu ltat, en venir à une autorité qui juge et ne soit pas jugée. Que dirait-on de la m in o rité de

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q u atre juges, q u i , au tribunal suprêm e,proteste­ raien t form ellem ent contre la sentence de n e u f autres juges, qui fo rm en t une g ran de majorité, sous prétexte que selon le u r conviction p erso n ­ nelle les intérêts des parties ont été mal com pris et mal soignés ? On le u r rirait au nez. Pourquoi? Parce que la suprêm e autorité judiciaire, comme la suprêm e autorité législative, ne reconnaît et n ’ad m et n i protestation ni ap p e l, et que dans tous les gouvernem ens, il faudra toujours u n pouvoir auquel on n e puisse d ire : vous avez erré. C’est cependant ce q u ’ont dit les Seize dans leu r protestation d u 2 m a r s , et voilà p ar consé­ q u en t un p a s f a i t vers V abîme. Nos députés n ’ont d e pouvoir en diète que p o u r la discussion des objets qui y sont légalem ent proposés et po u r ém ettre le u r suffrage selon leu r conscience , leur conviction personnelle e t dans les intérêts de leurs commettans et d u canton ; la discussion finie, le suffrage émis , le scrutin passé, la diète est close sur cet o b je t, et les d é p u té s , r e n tra n t p a r le fait dans la classe ordinaire des citoyens, sont tenus de soumettre le u r conviction indivi­ duelle aux convictions des députés de la m ajorité qui fait loi p o u r eux comme po u r tous-les autres administrés.

P our autoriser u n e telle co n d u ite, les Seize disent dans leu r pièce, qu’ils ne pouvaient

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tenir de pro tester, sans crainte de trahir leur m andat ; e t dans q uel m a n d a t, s’il vous p la ît,

l ’obligation de pro tester contre les décisions de la majorité' de la diète est-elle imposée à nos députés ? 11 vous serait difficile de le p r o d u ir e , tandis que nous vous citerons au contraire u n m andat qui n ’est pas équivoque là-dessus, et qui est la constitution e lle -m ê m e , qui dit que les décisions de la diète souveraine se p re n n e n t à la m ajorité des suffrages, cela sans protestation et sans appel p o u r les députés comme p o u r les citoyens.

La m agistrature qui a entrepris dans la Ré­ ponse de justifier une telle aberration n ’est pas nouvelle dans ces sortes de prétentions : l’année d e rn iè re , le conseil du dixain de Montliey avait déjà p rotesté contre Je recrutement po u r le ser­ vice de Rome , e t , n o n content d ’avoir donné l ’exemple de l’in su b o rd in atio n , elle tenta encore de la fom enter dans les autres dixains, en le u r envoyant copie de son acte de rebellion. Dans ces conjonctures pénibles le conseil-d’élat n ’hésita pas à rép ro u v er h au tem en t une pareille conduite, et dans une lettre du 3 août 1882, adressée à tous les présidens de dixains, il s ’exprimait en ces termes : « Le conseil d u dixain de Monthey » a p r is , au sujet d u vote de la diète sur l’ouver- » tu re d u recrutem ent au service d u St.-Siége,

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» une délibération qui vous étonnera certaine- » m ent autant q u ’elle nous a surpris et peines. Si » chaque dixain pouvait se constituer juge des » actes de l’assemblée souveraine, to u t serait » livré chez nous à l’arbitraire. La maxime que » le conseil du dixain de M onthey p ro c la m e , » saperait le principe vital des gouvernem ens » républicains, d étru irait la base de l’ord re et » de la tranquillité d ont a joui jusqu’ici no tre » p a trie ...

» La diète a p arlé: que ce soit à Vunanimité

i> ou seulem ent à la m ajorité des voles, peu im-

» p o rte , ses décisions com m andent le même » respect ; devant e lle , doit se taire toute oppo- » sition ( et par-là même toute p rotestation). Si » on oubliait ce p rincipe, on rô m p raitle lien so- » cial, la confusion, le désordre serait jeté dans » la fam ille, c’en serait b ien tô t fait de son exis- » tence. » Voilà une excellente leço n , dans u n casparfaitem entsem blableàcelui qui est en ques­ tio n , po u r ne pas d ire pire encore. 11 parait que les signataires de la Réponse l'avaient déjà ou­ b lié e , il £tait bien temps de la leur rappeler.

De ce p eu de considérations que nous venons de développer, il est facile de conclure que dans une assemblée souveraine, la m inorité qui p ro ­ teste contre la m ajorité se trouve en pareil cas hors de l’o rd re légal, et que p o u r rester dans la

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ligne d u d ev o ir, elle doit se taire ainsi que ses com m ettans, et savoir que ses convictions indi­ viduelles n ’ont aucune portée en pre'sence de la majorité, qui seule, à la teneur d u d roit reçu dans tous les pays civilisés, est sensée avoir exclusive­ m e n t de son cô té, et la saine ra iso n , et la v érité:

m ajors p a rs prœsumitur sanior.

E n voilà bien assez p o u r le principe : voyons m ain ten ant les raisons su r lesquelles se sont fon­ dés les Seize p o u r le violer : parce que la diète a refusé de p re n d re connaissance du p ro jet

d ’acte f é d é r a l qui n ’était en effet, com me ils le

d isen t, q u ’u n p ro je t, et q u ’on était par-là m êm e en d ro it d ’exam iner ou de n e pas e x a m in e r, de d iscuter ou de n e pas d iscu ter, ils l’accusent h autem ent d ’un m anque complet d ’égards envers

la commission d u pacte, et ces scrupuleux obser­

vateurs des convenances ne re d o u te n t point un

manque complet d'égards envers la souveraineté

cantonale. 11 faut p rem ièrem en t observer les égards envers ceux à qui on les doit p ar justice, avant de les rem p lir là où il n ’y a pas m êm e de convenances. On qualifie la décision de la diète de déplorable, dans le cas p lu s que probable

que la m ajorité des cantons donnerait suite à la révision. Quelle accusation plus grave p eut-on

p o rte r contre une assemblée souveraine, que de traiter ses décisions de déplorables et de f â

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-cheuscs ? Ne faudrail-il pas po ur cela des rai­

sons plus qu'évidentes ? E t cependant la protes­ tation des Seize ne s’appuie que sur des probabi­

lités ! On la qualifie de déplorable, en ce qu elle est le prélude d ’une scission envers nos chers con­ f é d é r é s : vous étiez dans l’e r r e u r , elle a été au

contraire le p rélu d e de la volonté de bien d ’au­ tres cantons comme de la conservation du pacte, q u i .a fait depuis i8i5le b o n h eu r de la Suisse

entière et qui le fera encore long-tem ps comme nous l’espérons. On la qualifie de déplorable en

ce qu elle p la c e le V alais dans l ’impuissance de signaler le vœu et le besoin de ses ressortissans contre des dispositions auxquelles, dans la suite, i l serait peut-être obligé d ’adhérer sans restric­ tion. Voilà donc u n e grave accusation, répétée

po u r la troisième fois su r des p e u t-ê tre , su r des

p rélu d es, su r des probabilités. Quel oubli de

devoirs ! Quel m anque complet d ’égards et de convenances ! H eureusem ent que vos paroles ont subi le sort de votre cause : les événemens ont mis au jo u r vos fausses p ro p h éties, et vos com- m ettans savent m aintenant à quoi s’en tenir sur vos protestations et sur vos déclamations illégales.

C’est avec des p ré lu d e s, des s i, des probabi­

lités , des peut-être q u ’on a osé présenter une décision souveraine comme pouvant compro­ mettre sans retour et notre indépendance et notre

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nationalité et tous les intérêts les p lu s chers de la p a tr ie ! Q uand dans une république les p re ­

miers magistrats d ’un dixain se p erm etten t de faire im prim er et publier de semblables choses contre l’autorité souveraine, q u i n e s’est écartée en r ie n des lois fondam entales d u p a y s , on ne p eu t s’em pêcher de s’écrier avec Cicéron :

0

DU im m o rta les, ubinam gentium sumus ! Quelle

confiance doit avoir le peuple valaisan e n <une diète qui peut compromettre sans retour et son

indépendance et sa n ationalité, et cela de fait p ar

une seule déterm ination, par une seule décision et dans u n e seule séance ? Qu’a-t-il cependant de plus à c œ u r que les p lu s chers intérêts de la

p a trie ? Que doit-il faire po u r les d éfen d re?

Quelles mesures doit-il p re n d re po u r d é to u r n e r , selon la protestation des Seize, les fu n estes con­

séquences d ’une décision souveraine trois fois déplorable ?

Les 221 de la cham bre des députés à P a ris , o n t aussi protesté contre les ordonnances, des ministres de Charles X , en déclarant q u ’ils

croyaien t, ainsi q ue nos Seize , que ces o rd o n ­

nances com prom ettaient l’indépendance et la nationalité de la F ran ce; et si nous n ’avons pas eu à n o tre to u r trois glorieuses jo u rn ées, si la majorité des députés de n o tre diète n ’a pas subi le même sort que les ministres de Charles X ,

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c'est que le peuple valaisan n ’a pas cru comme le peuple parisien au danger de son in d épen ­ d ance, ni de sa nationalité, et que la conviction des Seize était loin d ’être la sienne. Mais par une telle protestation im p rim ée, publiée et rép an ­ d u e , ce n ’était pas m o in s, quoiqu’indirectem ent, . exciter le peuple à la résistance aux décisions de l’autorité souveraine: cas prévu et punissable de l ’am ende et de la p r is o n , à la te n e u r de la loi d u i . er décem bre i 8o3 .

On objectera p e u t - ê tr e que les Seize en d i­ sant : Nous croyons que la décision de la diète

peut compromettre sans retour notre indépen­ dance , n ’ont fait q u ’ex p rim er le u r pro p re con­

viction; u n e telle objection nous donne gain de cause : nous avons déjà d it que celte protesta­ tion était basée su r des s i , su r des p e u t- ê tr e , su r des pro ba b ilités, en u n m o t, sur des riens. O r, qu an d on dem ande Dieu à témoin d ’une

conviction profonde, on ne peut asseoir une telle conviction sur de telles bases, ce serait leu r faire

in ju re. S’ils avaient une profonde conviction , elle n e pouvait pas être basée sur des riens; s’ils étaient basés su r des rien s, ils ne pouvaient pas avoir une profonde conviction. En conséquence, ou l’objection tom be d ’e lle - m ê m e , ou il faut voir, dans le u r p ro testatio n , quelque chose de plus que leur profonde croyan ce, quelque chose

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de plus q u 'une simple possibilité des funestes événem ens q u ’ils prophétisent si m aladroite­ m ent. D u ran t les discussions de la d iète, ainsi q u e nous l avons déjà o b serv é, que la m inorité

croie tout ce q u ’elle v o u d ra, et prophétise to u t

ce q u ’il lui plaira, a lo rs , elle est dans ses d roits; mais elle en sort en protestant contre la m ajo­ rité e t, en p o rta n t ses croyances, ses prophéties, ses convictions profondes devant les m asses, c’est inviter ces masses à être juges des discussions qui n e sont que de la com pétence d u p rem ier corps de l ’état. C’est, comme le dit M ontesquieu, cor­ ro m p re le principe de la dém ocratie et provo­ q u er le peuple à se défier d u pouvoir q u ’il a

établi. r:

On objectera encore que les Seize n ’ont p ro ­ testé q u ’afin de n ’être pas so lid a ires, et rejeter

toute la responsabilité sur les auteurs d e la d é­

cision souveraine : p rétex te aussi futil q u ’illu­ soire. Il n ’existe pas deux d iètes, u n e d e majo­

rité , u n e de m inorité. 11 n ’y a q u ’une d iè te,

comme il ne p eu t y avoir qu ’une responsabilité : celui qui se refuse de la p a rta g e r, doit se r e f u ­ ser d ’en être m em bre. Les opinions des députés p eu v en t être diverses, u n e décision quelconque de la diète n ’est q u ’u n e , et tous les suffrages y concourent égalem ent, q u ’ils soient affirmatifs ou négatifs. Il en est p o u r la confection des lo is ,

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com me po u r l’élection aux emplois qui sont de la compétence de la d iè te , et il n ’est pas plus permis de rejeter la responsabilité sur la m ajo­ rité des d é p u té s , p o u r une mauvaise lo i, que p o u r une élection fâcheuse. Dans l’u n et l’autre cas, la diète entière est responsable ; a u tr e m e n t, il faudrait adm ettre chez nous la publicité des discussions, la publicité des séances et la publi­ cité de tous les scrutins de la diète, ce qui n ’est pas encore admis; voilà, nous n 'en doutons pas, les raisons p o u r lesquelles la diète a (fait à cette protestation l’h o n n eu r q u ’elle m éritait.

Voilà Vacte, dit la Réponse, que tous les con­ seils de d ixain s du B as -V a la is ont ratifié et corroboré. Cette ratification des dixains d u B a s -

Valais, si elle était v ra ie , n e serait q u ’une in ­ fraction de plus à l’ord re légal. Les relations d u

referendum ne peuvent s’établir en tre quelques

députés de la diète et quelques d ix a in s, mais en tre la diète du pays et tous les dixains d u can­ ton. Des députés isolés, qui font sanctionner leurs oppositions à des dixains isolés, ne sont q u ’une répétition de la même e rre u r de principe, qui ne fait que changer de scène, mais qui ne change pas de n ature.D ’ap rèsl’échelle graduelle des pou­ voirs établis dans no tre can to n , la m inorité des dixains n ’a pas plus de d ro it de protester contre la majorité des dixains, que la minorité des

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dé-u

putes n ’a le droit de pro tester co n tre la majorité de la diète : il en est de même p o u r les com m u­ nes. E n conséquence, la protestation des S eize, se ra it-e lle sanctionnée et corroborée tout à la fois, et par leurs dixains, et par les co m m u n es, et par le peuple m êm e, ne p o u rrait jamais d e ­ v enir légale, parce que c’est toujours le même principe de m inorité qui proteste contre la ma­ jorité ; c’est toujours dans u n gouvernem ent d ém o cratiq u e, comme dans tout autre gouver­ n e m e n t, le m êm e principe de de'sordre et d ’a­ narchie , qui proteste contre le principe vital d ’unité et de stabilité sociale.

Les conseils de quelques dixains sont n o n - seulem ent sortis du terrain de la lég a lité en sanctionnant la protestation illégale des Seize, mais encore en s’occupant isolém ent de la ques­ tion d u pacte. C’est ici avec bien d ’autres u n e e rre u r lo u rd e de la R ép o n se, qui d it gravem ent à ses lecteu rs, q u ’on n e trouve p o in t, dans la

constitution du. V a la is, la défense aux conseils de dixain s de s'occuper de questions qui tou­ chent de s i p rès aux intérêts de tou s, telles que celles de la révision du pacte. Singulière m a­

nière de raiso n n er, si les conseils de dixains ont tous les pouvoirs do n t la constitution n e parle p a s , et q u ’elle n ’in terd it p a s , ils seraient plus puissans que le grand sultan ; car ce souverain,

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to u t despote q u ’il s o it, est loin de s’attrib u e r tous les pouvoirs que 1’Alcoran ne lui in terdit pas ; il sait q u ’ou tre le code de M ah o m et, il y a encore le dro it n aturel et le droit divin qui li­ m iten t sa puissance. Nos nouveaux Lycurgues croient pouvoir définir la puissance des conseils de dixains comme on définit la liberté des ci­ toyens. Il est vrai que la liberté des citoyens consiste dans le droit de faire tout ce que la loi n e défend pas; mais on ne peut pas dire q u ’il en soit ainsi'des pouvoirs des magistrats : leurs pou­ voirs sont limités et n e s’éten d en t q u ’à ceux que la constitution le u r donne et nullem ent à ceux do n t elle ne fait aucune défense : autrem ent la chose irait loin. La constitution a tracé claire­ m en t les pouvoirs des conseils de dixains : à part la sanction des lois, ils n ’ont d ’autre mission que celle de régler les affaires qu i concernent le

dixain en particulier, et nullem ent de s’occuper

individuellem ent de celles qui concernent l’in­ té rêt général. Des affaires particulières aux af­ faires g én érales, telles que celles de la révision d u p a c te , il y a une immense distance et une immense différence, la m êm e que celle qui existe entre la partie et le tout. De ce que les dixains peuvent régler les affaires particulières de leur territoire, n ’y a-t-il pas de la folie d ’en conclure q u ’ils peuvent également s’occuper individuel­

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lem ent desaffaires générales ? Telle est cepen­ dan t la logique des signataires de la R éponse: n ’est-e lle pas d ig n e , d is o n s -le to u t b as, d ’un sophiste ou d ’un charlatan ?

C’est en suivant u ne telle logique qu'o n a arrêté la conférence de M arligny : une e rre u r conduisait dans u n e autre e r r e u r , u n abîme dans u n au tre abîme. C’était u n e diète en oppo­ sition à la diète d u canton. Qu’a - t - o n d it p o u r la justifier? pas u n m o t, sauf des déclamations hors de sujet et étrangères à la question, et, p o u r s’en convaincre, lisez la R éponse, pag. 3s et 3 3 ! Ce n ’est sans doute pas le u r fa u te , c’est celle de la cause q u ’ils défendent. E n r e v a n c h e , les si­ gnataires s’en sont dédommagés en enchérissant sui' les termes inconvenans de la protestation des Seize; e t, to u t en déclarant que la décision contre laquelle on avait p ro te sté, n ’était q u ’u n e

aberration ridicule, on ajoute q u ’elle répugnait au sens commun, c’est-à-dire, q u ’on y fait l’hon­

n e u r à nos législateurs de les m ettre au n o m b re des insensés. N’e s t- c e pas ici faire preuve de m odération et observer tous les égards qui sont dus à la souveraineté d u canton ? Sans doute q u e le sens commun avait déserté la m ajo rité en d iè te , po ur venir se loger exclusivement dans la m inorité des Seize : il faut le croire su r la p a ­

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ici le cas de leu r appliquer ces propres paroles de leur b ro c h u re , et de dire d ’e u x , qu’ils d if­

fa m en t les m agistrals du p a y s , et qu'en appe­ lant le mépris et la h a in e, ils provoquent à la désobéissance, au d éso rd re, et conséquemment à l'anarchie ; car, ébranler la confiance du peu­ p le dans ses ch efs, c’est énerver l'autorité p u ­ blique , c'est mettre le pouvoir dans Iim possibi­ lité de f a ir e le bien et d'empêcher le mal.

Après nous avoir dit que le royaume de Dieu

n’est p a s de ce m onde, article de foi de nos

lib é ra u x , car ils ne s’occupent guères ni de sa gloire, ni de sa religion ; leur apologiste sollicite les prêtres d 'adjoindre à leur noble m ission ,

celle de défendre avec lu i la cause sacrée de la liberté selon Dieu et selon sa lo i. E n défendant

la lib erté , les ministres de la religion n ’adjoin­ d ro n t rien à leur mission ; ils rem p liro nt leur d evoir, et rie n de plus consolant p o u r eux que de trouver des sentinelles po u r veiller à sa sû­ reté dans toutes les classes de la société. Mais le clergé a bien des réllexions à f a ir e , avant de se joindre à ces ouvriers in c o n n u s, et l’avenir est trop sérieu x , et aura p e u t - ê t r e prochainem ent des conséquences qui touchent de trop près aux intérêts de l’ég lise, p o u r q u ’un p rê tre ne s’oc­ cupe pas avec u n e vive sollicitude des. devoirs q u ’il a à rem plir au milieu de tout ce qui se fait

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نــﻋ ثﻴدــﺤﻝا ﻰــﻝإ ﺎــﻤﺘﺤ ﻲــﻀﻔﻴ ﺎــﻤ وــﻫو ،بوــﺘﻜﻤو قوــطﻨﻤ وــﻫ ﺎــﻤ لوﻘﻝﺎــﺒ دــﺼﻘﻨو ،ﻩدﺎــﻘﺘﻋا لــﻴﻠﺤﺘ مــﺜ ﻪــﻝوﻗ لــﻴﻠﺤﺘ نــﻤ ةرـﻜﻓ لوـﺤ