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Le monde parallèle

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Le président,

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Louis Godin

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É D I T O R I A L

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LE MONDE PARALLÈLE

Ceux qui offrent des soins directs à la population, comme les médecins omnipraticiens, font face quo­ tidiennement à la réalité telle qu’elle est et n’ont pas le luxe de vivre dans un monde parallèle où ils auraient le loisir d’être prisonniers de dogmes et de préjugés. Malheureusement, ce n’est manifestement pas le cas de tous. En effet, certains politiciens et commentateurs nous font la démonstration, en ces premières semaines de 2020, qu’ils vivent justement dans un monde paral­ lèle teinté de préjugés et qu’ils manquent probablement d’informations objectives sur les problèmes d’accès aux soins de première ligne et le travail des médecins de famille en heures défavorables.

D’abord, prétendre que le débordement des urgences est lié principalement aux patients classés P4 et P5 au triage est évidemment erroné. Le principal problème des urgences est le nombre de patients sur civières qui y sont stationnés en attente d’une hospitalisation. Ces patients vulnérables créent un engorgement et une charge de travail indue pour les médecins et les infir­ mières qui doivent continuer à leur prodiguer des soins souvent dans des conditions difficiles. Quand certains ignorent ce fait incontestable et préfèrent blâmer les médecins de famille et les heures d’ouverture des cli­ ni ques pour cette situation, il est difficile d’amorcer une réflexion sérieuse pouvant déboucher sur la mise en place de solutions porteuses pour nos urgences. C’est d’autant plus vrai que les médecins de famille travaillent énormément en heures défavorables, soit les soirs, les nuits et les fins de semaine.

En effet, hors établissement, les médecins de famille travaillent beaucoup les soirs et les fins de semaine. Le Québec compte 50 super cliniques ouvertes 12 heures par jour, 7 jours sur 7, et plus de 350 GMF ouverts les soirs et les fins de semaine. Ce sont des milliers de médecins de famille qui y prodiguent des soins non seulement les jours de semaine, mais aussi les soirs et les fins de semaine. Et ce n’est que la pointe de l’ice­ berg ! D’abord, 2420 médecins de famille travaillent dans nos urgences 365 jours par année, 24 heures sur 24. Ensuite, 630 médecins de famille œuvrent en obstétrique où ils effectuent plus de 32 00 accou­

chements par année. Et aux dernières nouvelles, les femmes n’accouchent pas toujours entre 9 h et 17 h la semaine ! Quant aux 3440 omnipraticiens qui prodiguent des soins aux patients admis en milieu hospitalier, aux 1415 qui soignent et accompagnent nos concitoyens en CHSLD ainsi qu’aux centaines qui offrent des soins palliatifs, ne font­ils pas de nom­ breuses heures les soirs et les fins de semaine ? La réponse est tellement évidente qu’on peut com­ prendre que des médecins dévoués soient choqués d’entendre un discours empreint de faits erronés au sujet de leur charge de travail. Les faits sont têtus et parlent d’eux­mêmes : les médecins de famille sont parmi les professionnels, toutes catégories confondues, qui exercent le plus en heures défavorables, soit les soirs, les nuits et les fins de semaine. Ces horaires font partie de nos conditions de travail. Cela va de soi, et il en sera toujours ainsi. Il serait donc temps de mettre fin à la désinformation alimentée par certains.

Enfin, une autre vérité mérite d’être rappelée encore et encore : le plus grand frein à la collaboration inter­ professionnelle n’est pas le mode de rémunération des médecins de famille, mais bien la pénurie de profes­ sionnels, principalement d’infirmières, en première ligne. Au mieux, on parle actuellement d’une, deux ou trois infirmières par GMF pour un groupe de 10, 15 ou 20 médecins de famille et, parfois, d’un travailleur social. Nous sommes très loin du ratio d’un profession­ nel par médecin qui était initialement prévu dans le modèle GMF. Il est difficile de mettre en place le travail interprofessionnel souhaité quand les professionnels ne sont pas présents dans le GMF.

Les médecins de famille sont prêts à collaborer et à déléguer dans l’intérêt de leurs patients, mais ils ne peuvent pas le faire actuellement, faute de

soutien professionnel adéquat. Tout sim­ plement ! Voilà une autre vérité factuelle que certains devraient enregistrer une fois pour toutes.

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