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Academic year: 2022

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de l’information spécialisée

Stéphane Chaudiron

a diffusion des publications scientifiques en ligne s’inscrit dans le cadre plus général de la médiation de l’information spécialisée.

Depuis quelques années, les conditions de production, de diffusion et d’accès à cette information ont été profondément modifiées par plusieurs facteurs techniques, en particulier le processus de dématérialisation de l’information, l’évolution récente des réseaux électroniques et l’apparition de nouveaux dispositifs techniques de traitement « intelligent » de l’information.

Alors que depuis 1665, date de la création par l’Académie des sciences de la revue savante Le Journal des Savants, la revue scientifique sur support papier est le dispositif technique privilégié de la médiation scientifique, la convergence des trois phénomènes cités précédemment modifie en profondeur les mécanismes d’intermédiation de l’information. De nouveaux produits et services informationnels sont mis en ligne, répondant aux attentes et aux besoins accrus et diversifiés des usagers.

Dans cet article, nous étudions la manière dont les nouveaux dispositifs techniques contribuent à modifier les mécanismes d’intermédiation de l’information spécialisée. Dans une première partie, nous définissons la notion d’information spécialisée, ainsi que le contexte dans lequel elle est utilisée. Nous présentons ensuite les nouvelles opportunités offertes par les technologies de traitement linguistique de l’information. Enfin, dans une dernière partie, nous présentons plusieurs produits et services d’information spécialisée actuellement disponibles en ligne qui bénéficient de ces technologies.

L

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L’information spécialisée et la veille stratégique L’information spécialisée

L’évolution récente des publications électroniques en ligne s’inscrit dans un mouvement plus général de diffusion de l’information et en particulier de l’information spécialisée, qui bénéficie simultanément d’évolutions technologiques majeures et d’une modification des comportements informationnels, au sens donné par [WIL 99] à la notion de information behaviour.

Une façon simple de définir l’information spécialisée est de considérer qu’il s’agit de l’information professionnelle, c’est-à-dire de l’information qui est « destinée à l’homme au travail », pour reprendre la définition donnée par René Mayer [MAY 90] dans un rapport adressé au commissariat général du Plan. En ce sens, l’information spécialisée se définit selon deux critères complémentaires, la nature et le contexte d’usage.

Une étude du Groupement français de l’industrie de l’information [GFI 99] consacrée au marché de l’information électronique professionnelle (IEP) identifie neuf segments : l’information financière, l’information de solvabilité, les autres informations sur les entreprises, les autres informations économiques, l’actualité et les fonds de presse, l’information scientifique, technique et médicale (ISTM), les brevets et marques, l’information juridique et les autres informations. Cette étude montre que la diffusion de l’information en ligne se monte à 85,2 % du revenu total du secteur (5,45 milliards de francs en 1998) contre 14,8 % pour la diffusion hors ligne. Les segments du marché concernant l’intelligence économique sont massivement diffusés en ligne, alors que le marché de l’ISTM a une diffusion plus équilibrée entre les canaux en ligne (58,9 %) et les canaux hors ligne (41,1 %). Par ailleurs, la croissance rapide de la diffusion de l’information via l’internet est très nette : entre 1997 et 1998, les revenus passent de 0,18 à 0,67 million d’euros, soit une croissance de 270 %. Cette croissance est en partie alimentée par un transfert des autres canaux de diffusion en ligne (baisse des revenus issus des modes de diffusion en ASCII et Videotex), mais également au fait que l’internet possède son propre potentiel de croissance, lié en grande partie à une meilleure sécurisation du réseau et à de nouvelles fonctionnalités de traitement de l’information pour l’utilisateur.

Un contexte d’usage spécifique : la veille informationnelle

L’information spécialisée se définit également par un contexte d’usage spécifique qui est celui de la veille informationnelle. Ce contexte d’usage ou comportement informationnel ([ING 94], [SAR 96], [WIL 99]) correspond à une

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posture particulière de l’usager en terme de besoin d’informations [LEC 98]. Il n’existe pas de définition consensuelle de la notion de veille ([DOU 95], [MAR 88], [ROM 98]), mais il est néanmoins possible de la définir comme un processus qui vise à être à l’écoute des informations relatives à un domaine donné dans lequel une entreprise ou un organisme exerce son activité, ou dans lequel il/elle pourrait l’exercer. Quel que soit son domaine d’application, la veille a une dimension dynamique et prédictive qui guide les actions des décideurs.

La veille est donc un processus qui touche les différents départements de l’entreprise. On peut citer en particulier la veille « technologie et brevets » qui permet de détecter l’arrivée de nouvelles technologies et les ruptures technologiques ; la veille commerciale, qui permet de repérer les nouvelles pratiques commerciales des concurrents ; la veille juridique, qui vise à suivre l’évolution des réglementations, etc.

D’un point de vue fonctionnel, la veille en ligne se décompose alors en plusieurs tâches : identification des sources, recherche d’informations, analyse, filtrage et routage de l’information pertinente vers l’utilisateur.

Différentes technologies sont utilisées pour assurer ces fonctionnalités, sur lesquelles nous reviendrons.

Une étude, réalisée en 1999 par le cabinet Inforama International [INF 00]

pour le compte du ministère de la Recherche, a montré que 78 % des entreprises françaises dans le domaine des hautes technologies1 sont connectées à l’internet dans le cadre de leur pratique de veille et que le taux de connexion croît avec la taille de l’entreprise. Deux secteurs d’activité disposent d’un taux de connexion proche de 100 %, l’espace et les NTIC. Le temps de connexion moyen pour la recherche d’informations est inférieur à une heure par jour. L’étude souligne néanmoins que 20 % des entreprises (toutes tailles et toutes activités confondues) passent entre une et trois heures sur l’internet pour la recherche d’informations.

Les technologies d’intermédiation

Parmi l’ensemble des technologies qui ont marqué l’évolution du mécanisme d’intermédiation de l’information spécialisée, nous en retiendrons six qui ont un impact particulièrement important. Nous n’aborderons pas ici le sujet des outils de recherche sur l’internet, qui a fait l’objet de nombreuses publications2.

1. Secteurs aéronautique et espace, bio-ingénierie, informatique et télécommunications, énergie et environnement.

2. [GRE 00] par exemple.

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Les technologies linguistiques

L’ambition des logiciels fondés sur les technologies linguistiques ([CHA 99], [FUC 93])est de comprendre le sens des textes dans leur intention de communication, et non d’effectuer de simples calculs statistiques pour identifier des éléments plus ou moins pertinents, à partir des fréquences d’apparition de chaînes de caractères. Le terme recouvre des technologies génériques utilisées dans un grand nombre d’applications. Les niveaux de connaissances linguistiques (la morphologie, la syntaxe, la sémantique, voire la pragmatique) qui sont utilisés dépendent du niveau de compréhension qu’il est nécessaire d’atteindre dans un contexte d’usage donné. L’apport des technologies linguistiques au traitement des flux d’information en ligne est multiple. On peut citer en particulier :

– l’analyse des requêtes de l’utilisateur lors de la recherche d’information : il ne s’agit plus de comparer les mots-clés extraits de la requête avec un index, mais d’analyser le sens profond de la requête en permettant un certain nombre de traitements linguistiques, tels que le redressement orthographique, le traitement de la synonymie ou le traitement de la polysémie ;

– la catégorisation de documents : les documents sont analysés par le système qui les classe automatiquement en fonction de leur contenu. Un document peut ainsi relever d’une ou plusieurs catégorie(s) et sera ensuite adressé aux utilisateurs qui auront manifesté leur intérêt pour les catégories concernées ;

– l’analyse de profil et le routage : les besoins informationnels de l’utilisateur sont formalisés sous la forme de profils d’intérêt à partir d’un document de référence, d’un formulaire à remplir ou d’une expression spontanée. Le système extrait de ces documents un profil d’intérêt et, après comparaison avec les documents catégorisés, distribue l’information pertinente aux utilisateurs concernés ;

– le résumé automatique, qui consiste à condenser un ou plusieurs documents sources afin d’aider le lecteur à décider du caractère pertinent du document en question. Il existe différents types de résumés que l’on peut classer en fonction de leur usage et de leur qualité discursive (qualité linguistique du texte condensé). Ces technologies sont particulièrement utiles dans un contexte de veille pour faire face à la surcharge informationnelle. Peu de produits sont dès à présent commercialisés, mais il s’agit d’un axe de développement important dans le secteur des NTIC, comme en témoignent les nombreux travaux3.

3. Voir [MOE 00] notamment.

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Le filtrage de documents textuels4

Les systèmes de filtrage de l’information sont utilisés sur les flux de documents textuels, tels que le courrier électronique, les newsgroups et les chaînes d’information désormais disponibles sur l’internet. Ces systèmes s’appuient sur différentes technologies issues de la recherche d’information (information retrieval), de l’ingénierie linguistique et de la représentation des connaissances. La popularité croissante des portails d’information qui offrent des canaux personnalisés explique l’intérêt porté à ces technologies.

Alors que les traditionnels moteurs de recherche sont conçus pour être utilisés dans le contexte d’usage le plus générique et le plus large possible, les systèmes de filtrage visent à sélectionner et organiser l’information en fonction des besoins spécifiques d’un utilisateur particulier. Un grand nombre de services d’informations en ligne peuvent bénéficier de ces technologies (le commerce électronique, les bibliothèques électroniques, etc.), mais une des premières utilisations des techniques de filtrage est la diffusion de l’information professionnelle. Ces systèmes permettent en effet d’accéder à l’information pertinente, voire stratégique, sans qu’elle soit noyée dans un flux d’informations. Ces technologies offrent désormais la possibilité d’envoyer l’information directement sur une messagerie électronique, sur une messagerie vocale (celle du téléphone portable par exemple) après synthèse vocale des messages5, ou sur les écrans des téléphones portables grâce à la technologie WAP.

La traduction automatique

La traduction automatique de textes est l’une des applications de l’ingénierie linguistique, mais son importance, notamment pour l’accès à l’information multilingue en contexte de veille, justifie qu’on l’identifie comme une technologie-clé à part entière. Nous n’aborderons pas ici les différentes utilisations de l’ordinateur comme outil d’aide à la traduction6, mais nous rappellerons l’apport spécifique de la TA dans le processus de veille. En contexte de veille, l’objectif d’un système de traduction automatique n’est pas de traduire parfaitement un document ; certains éléments peuvent être traduits approximativement, voire non traduits.

L’objectif est de permettre au lecteur du document traduit (documentaliste, ingénieur, veilleur, etc.) d’identifier l’intérêt de celui-ci et, le cas échéant, de le faire traduire. Il y a donc une contrainte de temps, accéder le plus rapidement possible à une information potentielle, une contrainte de coût,

4. Voir [ERC 98] pour un état de l’art du secteur.

5. Voir l’offre commerciale de la société Elan Informatique par exemple.

6. Pour cela, voir notamment [BOU 93] ou [FUC 93].

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tous les documents ne méritent pas d’être traduits finement, et une contrainte de langue, il peut s’agir de langues pour lesquelles l’entreprise ne dispose pas des compétences linguistiques adéquates.

La recherche interlingue

La recherche interlingue7 (en anglais, cross-language information retrieval) est un processus qui consiste à trouver des documents écrits dans une autre langue que celle de la requête de l’utilisateur. Cette technique permet à des utilisateurs monolingues d’interroger des sources d’informations multilingues (le web par exemple) sans se préoccuper des barrières linguistiques. Les systèmes de recherche interlingue peuvent être utilisés isolément ou dans un système de filtrage de documents. Il s’agit dans le premier cas d’un contexte de recherche rétrospective et dans le second d’un contexte de dissémination sélective de l’information. Dans les deux cas, comme en recherche d’information monolingue, les systèmes construisent une représentation du besoin informationnel et des documents de la base, puis comparent les représentations pour identifier les documents qui satisfont au mieux les besoins des utilisateurs.

Le push de données

Le push est une technologie qui inverse la démarche traditionnelle de recherche d’informations sur l’internet. Plutôt que de passer du temps à localiser, puis collecter l’information pertinente sur l’internet, c’est l’information qui va à l’utilisateur. Les utilisateurs s’abonnent à un service en spécifiant les domaines qui les intéressent, sur le modèle d’une chaîne thématique. Une fois abonné, l’utilisateur reçoit le flux des informations qui ont été classées dans le(s) domaine(s) de référence. L’utilisateur doit paramétrer son logiciel pour déterminer les canaux de diffusion, le moment et la fréquence de consultation du serveur push par le logiciel client. L’information est alors délivrée automatiquement ; il peut s’agir des journaux internes des entreprises, des revues de presse personnalisées ou des lettres d’information destinées aux filiales du groupe et aux partenaires.

L’évolution actuelle de la technologie push permet d’envisager à court terme un couplage de plus en plus fort de cette technologie avec celle du filtrage automatique afin de permettre la personnalisation de l’information.

En effet, l’intérêt majeur de cette technologie réside dans l’automatisation de la diffusion et la personnalisation de l’information qui permet de recevoir une information à haute valeur ajoutée. Le push est donc une technologie qui

7. [OAR 98] présente ces technologies.

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autorise la diffusion sélective d’informations. Un problème désormais posé aux services d’information qui utilisent cette technologie est celui du just in time. En effet, en contexte de veille, la bonne information est non seulement l’information pertinente, mais aussi celle qui arrive au bon moment.

Clustering et visualisation

Le clustering est une méthode d’extraction de groupes (clusters) de termes, qui sont censés représenter le contenu informationnel d’un texte. Ces groupes sont identifiés sur la base d’un calcul statistique de cooccurrence, c’est-à-dire en fonction de leur fréquence d’apparition conjointe dans les documents. Un terme est ainsi associé à d’autres dans un cluster et on peut déterminer de cette manière quels termes apparaissent en même temps qu’un autre. Cette approche permet de présenter à l’utilisateur les associations contenues dans les documents analysés (pages web, littérature grise, publications, etc.).

La présentation à l’utilisateur des résultats du processus de clustering se fait par l’intermédiaire d’une visualisation sous forme d’un graphique qui met en réseau les différents termes, reliés par des liens qui indiquent la force des relations. Ainsi, cette cartographie présente un thème central auquel sont associés plus ou moins fortement des thèmes secondaires. Cette technologie aide l’utilisateur à identifier des « signaux faibles », c’est-à-dire des informations qui sont contenues dans les documents analysés, mais qu’une lecture rapide n’aurait peut-être pas permis d’identifier.

Cette technologie est particulièrement utile en contexte de veille pour analyser des flux importants d’informations. C’est une fonction d’analyse de l’information qui est néanmoins difficile à mettre en œuvre dans la mesure où l’interprétation des résultats n’est pas évidente.

Le langage de structuration XML

Les formats électroniques actuellement les plus utilisés (HTML sur le web, Word ou WordPerfect dans l’univers bureautique) sont conçus pour un usage prédéfini (affichage à l’écran pour HTML, impression pour les formats bureautiques comme Word). S’ils s’acquittent généralement bien de cette fonction, ils se prêtent cependant mal à d’autres types d’exploitation pour lesquels ils n’ont pas été conçus (indexation, création de vues sur les documents, stockage en bases de données, etc.). Une autre approche de la représentation des documents électroniques, incarnée par SGML et plus récemment par XML, est celle de la documentation structurée. Dans cette approche, l’idée est de représenter un document électronique en utilisant un

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codage ayant pour caractéristiques d’être à la fois rigoureusement validé et neutre par rapport aux utilisations possibles.

Cette dernière caractéristique fait du document structuré un support idéal pour la diffusion personnalisée de l’information. Complétant la recommandation XML, il existe en effet un langage dit XSL (Extensible Stylesheet Language) qui permet de définir des feuilles de style applicables aux documents XML8. En ce sens, un même document structuré en format XML peut être consulté selon différentes « vues » correspondant chacune à une feuille de style XSL, chaque feuille de style correspondant à un mode de consultation particulier. Le document peut donc ainsi « s’adapter » à différents usages et besoins d’informations. Concrètement, lorsqu’un utilisateur veut accéder à un document XML, il sélectionne une « vue » particulière du document et la feuille de style correspondant à cette vue est alors appliquée dynamiquement au document XML.

Ce mode de structuration des documents constitue un apport considérable à la diffusion de documents en ligne, car il les rend personnalisables dynamiquement. Plusieurs projets de diffusion de littérature scientifique sont en cours sur lesquels nous reviendrons dans la partie suivante.

La diversité des produits et services d’information spécialisée électronique

Les potentialités de ces six technologies sont encore loin d’être complètement exploitées par les nouveaux services d’information.

Néanmoins, à côté des périodiques scientifiques traditionnels, quelques produits et services sont dès à présent accessibles en ligne, dont nous donnons quelques exemples.

Les revues électroniques

L’apport que constituent l’internet et les technologies associées aux journaux scientifiques a été souligné à plusieurs reprises, notamment par [CHA 98], [LEC 96] ou [REN 96]. Cette dernière contribution insiste en particulier sur les nouvelles fonctionnalités comme l’alerte personnalisée, l’article dynamique qui pointe vers d’autres articles ou démonstrations, ou comme les nouvelles procédures d’évaluation de la qualité des articles par les pairs grâce aux logiciels de relecture qui permettent de lire les corrections suggérées. L’utilisation des techniques de structuration non linéaire de

8. Pour une introduction détaillée à XSL, voir [GOO 99].

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l’information pour la présentation des savoirs est présentée dans [TUR 97]. Les auteurs insistent en particulier sur les nouveaux modes de lecture et d’appréhension des connaissances qu’induisent les hyperdocuments scientifiques. On peut également citer d’autres fonctionnalités permises par les techniques d’ingénierie linguistique, comme l’écriture coopérative d’articles qui permet à plusieurs auteurs de partager un espace virtuel commun de travail.

Les corpus scientifiques en ligne

Les gisements d’informations scientifiques sont de plus en plus nombreux, importants et diversifiés (thèses, cours en ligne, rapports techniques, etc.) et souvent peu accessibles. Un apport de la structuration XML des documents est de rendre disponible plus facilement ces sources d’informations. Parmi différentes initiatives9, on peut mentionner le projet CodeX [CHA 00] qui vise à rendre accessible en ligne un corpus de textes de littérature grise (principalement des rapports techniques, des thèses et des mémoires en sciences de l’information) selon le principe des vues multiples.

Le corpus, structuré en format XML, est accessible selon différentes vues qui correspondent chacune à un usage prédéfini. Ces différents usages ont été modélisés lors d’une étude préalable des besoins effectuée auprès des utilisateurs potentiels. Un utilisateur peut ainsi avoir plusieurs vues du même document en fonction de son contexte d’usage.

Une deuxième phase du projet consiste à générer des vues dynamiques sur le corpus. Ces vues ne seront plus définies a priori, mais générées en temps réel lors de la consultation de la base. Les techniques de clustering et de visualisation seront utilisées pour aider l’utilisateur à identifier les thèmes et sous-thèmes scientifiques importants des documents. Une fonction de résumé automatique sera également intégrée à la plate-forme de consultation à titre expérimental et d’évaluation.

Les lettres d’information et revues de presse personnalisées

L’existence de bases de documents en texte intégral (revues scientifiques, prépublications, journaux, etc.) permet de mettre en œuvre des modes de consultations s’appuyant notamment sur les technologies linguistiques.

L’évolution majeure est le passage d’une logique de produit à une logique de service. Même si elles sont encore peu utilisées, les techniques d’analyse des requêtes en langage naturel, de catégorisation de l’information, de

9. Notamment les projets Callimaque <callimaque.grenet.fr)>, Cither (csdoc.insa-lyon.fr/these), Cyberthese <www.cyberthese.org>

ou Tulip <www.elsevier.nl/homepage/about/resproj/tulip.htm#FinalReport>.

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filtrage et de routage permettent de personnaliser l’information. Les offreurs ne s’y trompent d’ailleurs pas, qui collaborent avec les entreprises du secteur de l’ingénierie linguistique pour offrir des services à différents niveaux de prix en fonction de la personnalisation plus ou moins poussée de l’information. Des prestataires comme les sociétés Europresse10, Presse+11, Qwam12 et Factiva13 par exemple, offrent un accès au texte intégral de nombreux journaux et un service sur profil. L’analyse de l’offre montre néanmoins qu’elle reste en deçà de ce qui est permis par la technique, notamment en termes de traitement multilingue et de filtrage sémantique.

Les portails spécialisés

Le nombre croissant de portails thématiques montre le besoin des utilisateurs à accéder à une information pertinente et à haute valeur ajoutée.

Conçus comme des intermédiaires entre les offreurs d’information et les entreprises, ces portails se spécialisent en affichant un contenu multisource et très sectorisé. Différentes technologies sont utilisées, en particulier les technologies de catégorisation, de filtrage et d’analyse de l’information ; la technologie push est également intégrée pour diffuser directement l’information aux personnes concernées. On peut citer par exemple l’offre de services nnews de la société nfactory14 qui propose différentes chaînes d’information thématiques multilingues.

On assiste depuis peu à un processus de coopération entre les portails spécialisés, principalement dans le domaine des sciences et des techniques, qui porte sur la création commune des métadonnées, le référencement coopératif (utilisant des thésaurus ou des ontologies communs) et des techniques de recherche croisées (notamment via la norme Z39-50). Ces techniques et nouveaux modes d’organisation sont présentés dans [DEM 00]

et [HEE 00].

Les alertes personnalisées

Les services d’alerte personnalisées visent à avertir qu’une source d’information (site web, portail thématique, etc.) est modifiée. L’alerte est de différente nature : il peut s’agir d’un simple courrier électronique15 qui

10. www.europresse.com.

11. www.presseplus.com.

12. www.qwam.com.

13. www.factiva.com.

14. www.nfactory.com.

15. Par exemple à l’adresse mindit.netmind.com.

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avertit qu’une modification (même de forme) est intervenue, ou d’un message plus explicite précisant la nature de la modification ou de l’ajout.

Ce service permet de répondre partiellement au problème de la surveillance des sources d’information en l’automatisant. Ce type de service utilise les technologies de catégorisation de l’information, de filtrage et de push.

Conclusion

L’impact de ces technologies d’intermédiation sur l’offre informationnelle impose un double constat. D’une part, comme le souligne [LEC 96] à propos des éditeurs commerciaux de revues scientifiques, l’un des objectifs majeurs des offreurs d’information est de s’adresser directement à l’utilisateur. En prenant appui sur le désir des utilisateurs d’accéder à l’information pertinente à tout moment depuis son lieu de travail, ce que permettent l’internet et les technologies associées, les offreurs d’information tentent de mettre à l’écart les intermédiaires traditionnels que sont les bibliothèques et les centres de documentation, et plus généralement les professionnels qui assumaient jusqu’à présent les fonctions de médiation de l’information entre les sources et les utilisateurs.

Mais une analyse des technologies et des nouveaux produits montre que l’utilisation efficace de ces dispositifs est conditionnée par une connaissance précise des technologies sur lesquelles ils s’appuient. Les intermédiaires doivent donc acquérir une nouvelle technicité pour utiliser et maintenir opérationnels ces outils ; il est en particulier nécessaire de les faire évoluer en fonction des domaines informationnels intéressant l’entreprise (constitution de dictionnaires, glossaires, ontologies, etc.). En cela, on assiste à un déplacement de certaines fonctions plutôt qu’à une substitution.

Par ailleurs, de nouvelles fonctions d’intermédiation apparaissent en amont de l’utilisation de ces outils. Des sociétés spécialisées dans la classification de l’information, la création de portails ou la conception d’outils de traitement de l’information ont besoin de spécialistes de l’intermédiation, notamment de documentalistes.

Le deuxième constat est celui de l’apparition de nouvelles pratiques informationnelles. Il conviendrait d’étudier plus en profondeur l’impact des technologies d’intermédiation, et en particulier les technologies linguistiques, sur les « pratiques collectives distribuées16 ». L’utilisation de ces artefacts techniques contribue en effet à créer de nouveaux espaces partagés de connaissance et de travail. L’accès partagé aux sources d’informations

16. Voir le site www.limsi.fr/WkG/PCD2000.

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(banques de données, bases de connaissances, bibliothèques électroniques, etc.) comme l’utilisation d’outils de travail coopératifs est un phénomène qui s’impose de plus en plus dans la communauté scientifique pour la production et la diffusion de l’information.

Au cœur du problème de l’évolution de l’intermédiation de l’information spécialisée se trouve donc le double phénomène de personnalisation et de partage de l’information. Au moment où s’effectue, non sans tension, le processus de globalisation de l’information et de l’économie, ce double processus correspond à des enjeux cognitifs, technologiques et économiques intéressants, qu’il conviendrait d’analyser en détail. En ce sens, l’accès à l’information stratégique est sans doute le facteur déterminant qui modifie les mécanismes d’intermédiation.

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Références

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