A NNALES SCIENTIFIQUES
DE L ’U NIVERSITÉ DE C LERMONT -F ERRAND 2 Série Mathématiques
M. G UILLAUME
Sur quelques notions concernant les anneaux hilbertiens de la logique algébrique
Annales scientifiques de l’Université de Clermont-Ferrand 2, tome 35, série Mathéma- tiques, n
o4 (1967), p. 37-40
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37
SUR QUELQUES NOTIONS CONCERNANT LES ANNEAUX HILBERTIENS
DE LA LOGIQUE ALGÉBRIQUE
M. GUILLAUME UNIVERSITÉ DE CLERMONT
Dans le texte
qui suit,
pour éviter desambiguités
denotations,
nousabrégeons "Quel
que soitx ... " en "Qx ... " et "Il y a un x ..." en "Yx ... ".
Nous
appelons
anneau hilbertien( [5l)
tout anneau booléien H muni d’une famille A : Hd’endomorphismes
de la structure d’anneau deH,
telle queAlors,
nous pouvons, pour toutxEH,
poser3x= A~x ,
carl’application
ainsi-définie
est unquanti ficateur (existentiel)
au sens de Halmos[6] ;
il détermine sur H un anneau(booléien)mo- nadique
riche, car, pour toutxEH, l’endomorphisme Ax
en est untémoin.
Réciproquement,
tout anneaumonadique
richeporte
des anneaux hilbertiens( 1 ) .
Les définitions et remarques suivantes nous seront utiles par la suite : si B est un anneau
monadiqué, 3
sonquantificateur,
nousappelons
R =3 (B)
sa charpente([5]) ;
1/
les constantes de B sont lesendomorphismes
de la structure d’anneau de Bqui
sont despro jecteurs
de B sur R ; ou encore, ceux de cesendomorphismes
cqui
satisfont àlm(c)
= R et àB = R 0
Ker (c ) (2 ) ;
2/
x est minlmaldans E-1
1(1)
si et seulement si l’idéal(booléien) (1 + x)
est lenoyau d’une constante.
Ces deux dernières
propriétés
ne concernent que les constantes principales, à savoir celles dont le noyau estengendré
par unélément y
= 1 + x seul([5]);
une telle constante est un témoinunique
de l’élément xcorrespondant.
Nous
qualifions
deparfait [5]
tout anneaumonadique possédant,
pour chacun de seséléments ,
un témoin principal.
L’anneau
monadique
simpleporté
par un anneau booléien dénué d’atomes est unexemple
d’anneaumonadique
riche, mais nonparfait ;.la question
de savoir si tout anneaumonadique
seplonge
dansun anneau
monadique parfait
se résoud ainsi[5]:
paradaptation,
au-delà du casfini,
de la démons- tration d’un théorème de Bass[2 ~,
on montre que tout anneaumonadique
decharpente complète
etatomique
est riche, et en outreparfait,
s’il est lui-mêmecomplet
etatomique ;
des lemmes((7.9)
et
(7.11))
de Halmos[7] (qui reposent
eux-mêmes sur les théorèmes de Stone[9]
et de Jonsson et Tarski[8])
assurent leplongement
de tout anneaumonadique
dans un anneaumonadique complet
etatomique,
àcharpente
elle aussicomplète
etatomique ;
en outre([5])
les constantes de l’anneau de base seprolongent
en constantesprincipales (3).
---
(1) On passe du premier aux seconds en utilisant l’axiome du choix. Mais pour la plupart des besoins courants ,
on peut substituer à ce résultat celui de P. Jurie [10] d’après lequel tout anneau monadique peut être étendu, par une construction indépendante de l’axiome du choix, en un anneau monadique porteur d’ un anneau hilbertien.
(2) La somme directe se rapporte aux
Z/(2)-espaces
vectoriels sous-jacents. - Cette caractérisation des cons- tantes est dûe à une remarque faite par P. Samuel dans une correspondance avec l’Auteur.(3) Voir note page suivante
Ainsi,
tout anneau monadique seplon~e
dans un anneaumonadique parf ait,
àisomorphisme près
dutype
suivant :L’anneau booléien
sous-jacent
est celui desparties
d’un ensemble E muni d’unepartition R,
et pour tout
3 X
est laréunion
des classes de Rrencontrées
par X(on
l’obtient en satu-rant X pour la relation
d’équivalence
associéeà St ).
Soit K unsystème
dereprésentants
des classesde R; l’application
cqui,
àchaque X~B(E),
associecX = 3(KX) (la
réunion des classes de R dont lereprésentant
est dansX),
est une constante de l’anneaumonadique
déterminé par lequanti-
ficateur
3,
et c’est un témoin principal deK,
car on a cK =3K
= E(K
est dans3-1(E))
et sil’onremplace
K par une de sesparties
propres L, cettepropriété disparaît,
car il y a une classe de St que L ne rencontre pas(K
est minimal dans3-1(E)). Or,
onpeut s’arranger,
X étantdonnée ,
pour choisir K de telle sorte que lereprésentant
d’une classequi
rencontre X soit dans la trace de cette classe surX,
de telle sortequ’on
aura cX =3x.
Un tel anneau
monadique porte
un anneauhilbertien, qu’on peut
décrire ainsi : àchaque X~$(E),
on associe d’abord un
système KX de représentants
des classesde R,
etensuite,
pour tout "on note la réunion des classes dont les
représentants
dans le systemeKX appartiennent
à Y.On vérifie aisément que pour tout
Ax
est unendomorphisme
de l’anneau booléienporté
par~3
(E),
et que la famille desA~
satisfait aux axiomes(F)
et( ~V ).
On
peut
être tenté de chercher un autreexemple
dans un cal cul deprédicats
restreint du pre- mier ordre, monadique,avec symbole de Hilbert, tel que le T utilisé par Bourbaki [4] ] (auquel
nous emprun- tons les notations nonexpliquées
par lasuite) ;
soit F l’ensemble des formules d’un telcalcul, E
sa variable,
F(E), G E),...,
des formules deà,
et relationd’ équidéducti bi l i té
sur F. Il est bien connu est muni d’une structurecanonique
d’anneau booléien ;soit*
lasurjection
ca-nonique.
On cherche à obtenir un anneau hilbertien enposant
Alors
(0)
traduira l’obéissance dusystème
formel au schéma S5 de[4] -
celui que Beth[31 appelle
lepostulat faible
pour lesymbole
de Hilbert :" ...F(~)20132013>(3~)F(Q,
et(8)
résultera du"fait technique"
que lesprédicats
étantmonadiques,
toutes lespossibilités
de substitution sontépuisées après qu’
une telleopération
ait été effectuée sur une variable libre.Mais pour que
(i)
fût correcte, il faudrait que, deF(E) équidéductible
àG(E),
l’onpût passer à
~F c~~* ’ ~cc~~* ~
cela peut se faire,lorsque,
d’une démonstration de(V~) (F(~)20132013>G(~)),
l’on pe u t conclure - enprésence
d’uneé~al ité -
à une démonstration deI~(F(1)) = 1; ç(G(Ç,» (où
= est lesigne
d’égalité
dusystème formel),
autrementdit, lorsque
l e trai t.ement de comporte usa~e au postu- latforet ([3]
ils’agit
du S7 de( [4]).
On abien,
alors, muni d’une structured’ anneau
hilbertien par leprocédé
décrit(en fait, quoique
sans lepostulat fort,
la situation dupoint
de vuealgébrique
soit moins
belle,
nous avons montré dans[5] qu’elle
s’écarte peu de cequ’elle
est en saprésence).
Cet
exemple
nous conduit à la notiond’ é~al i té sur
un anneau hilbertien H. Nousappelons
ainsi([5])
touteapplication as :
satisfaisant aux conditions(3) La raison profonde de ce groupe de faits peut s’expliquer brièvement, dans le
langage
plus moderne de la théorie des catégories, de lafaçon
suivante : le théorème de Jonsson et Tarski(qui
repose lui-même surcelui de Stone) permet de décrire un
foncteur +,
défini sur lacatégorie
des hémilftorphismes (au sens de Halmos[6])
d’anneaux booléiens, à valeurs dans lacatégorie
des hémimorphismes complets(en
un sens évident ; ils’agit
d’"additivitécomplète"
au sens de Jonsson et Tarski) d’anneaux booléiens complets et atomique;ce fonc- teur conserve les qualités d’homomorphisme et de quanti f icateur (Halmos [7], (7.11)) ; ; le théorème de Stone introduit des plongements constituant une transformation natu1’elle (ou morphisme fonctoriel) du foncteuri-identité de la première catégorie dans le foncteur +; celasignifie
que tout anneau booléien A est canoniquementplongé dans
celui que l’on peut appeler son complété deStone A’,
et que si l’on assimile les éléments desobjets de la première
catégorie
à leurs images par cesplongements,
tout hémimorphisme h se prolonge en l’hémimorphisme completh+;
ainsi, si 3 est un quantificateur sur un anneau booléien A, on a3~(A~)=(3(A))~
et les constantes associées au quantificateur 3 se
prolongent
en constantes complètes associées auquantifi-
cateur 3B
et ces dernières ne peuvent avoir pour noyau qu’un idéalengendré
par sa borne supérieure, tou- jours présente dans un anneau booléien complet.39
Dans
l’exemple qui
vient d’êtretraité,
on posera, pour toutes les formules et G~F(~).G(~).= [1;~ (F(~» = 1;sf(G(~»]* ;
on définira ainsi uneégalité
sur l’anneau hilbertienporté
parcar alors :
(P)
résultera du"fait technique"
que si x =F(~)*
et w =[1;fF(~»
=Q* et y
=G(~)*,
on a(91)
traduira l’obéissance dusystème
formel au schéma S6 de[4] :
(E 2)’
le fait queIfIF(1))
=1$F(1)) possède
une démonstration formelle.On démontre l’unicité d’une
égalité
sur un anneau hilbertien H si elle existe, sasymétrie (sous
laforme ~ xy =
satransitivité (sous
la forme( ~ xz)) ;
saré f t exi vi té
est reflétée par
(LP2
Elle satisfait àl’analogue algébrique
du théorème deLet bniz : az xy
= 1("identité d’essence"
de x et dey )
si et seulement siAy ("identité
de leurspropriétés"),
et àl’égalité
À3 (0) = (1
+c~),
où oo est l’élément(on
démontre par là mêmequ’il
estunique)
associé à x selonl’axiome
(P) (pour
des motifsappartenant
à la théorie desmodèles,
que nous avons examinés dans[5],
un tel w mérite le nom dlob jet
deH,
et leur ensemble - ce n’est autre que celui des éléments minimaux de3 -.1 (1) -
le nom de domaine deH ;
les éléments de Ilreprésentent
une certainefamille de
propriétés
de cesobjets).
Ainsi, Iorsqu’un
anneau hilbertien H porte uneééalité,
i’anneaumonadiquesous-jacent est parfait.
La
réciproque
est vraie, en ce sens que si la famille A définissant un anneau hilbertien sur un anneau booléien H se compose de témoinsprincipaux
de l’anneaumonadique qu’elle détermine ,
H est porteur d’uneéjal ité :
si, pour toutxEH,
w estl’unique
élément de H tel que(1
+w) a flxl (0),
on l’obtient en
posant,
pour tout xy=A,w.
L’égalité
définie dansl’exemple
traitéplus
haut satisfait en outre à la conditionsupplémentaire
qui
n’est autre quel’analogue algébrique
du postulatf ort ([3]).
D’une telle
égalité
sur un anneau hilbertienH,
nous disons([5]) qu’elle
esthi l bert ienne,
caril en est
qui
ne satisfont pas à cette condition(leurs propriétés divergent
alors nettement de celles deségalités hilbertiennes).
En effet, reprenons le
premier exemple cité,
celui danslequel
l’anneau booléiensous-jacent
est celui que
porte
l’ensemble desparties
d’un ensemble E.Si,
pour toutX E ~ (E)
ettoutYE$(E)"
l’on
prend
pour x XY la réunion des classes de lapartition R
dont lesreprésentants
dans lessystèmes Kx
etKy coïncident,
on définit uneégalité
sur l’anneau hilbertienprécédemment
définisur$ (E), qui
ne sera pas hilberti’enne du tout en
éénéral:la
conditionsignifie,
enl’occurence,
que lessystèmes de représentants Kx" Kr, Kz,
... doivent être telsqu’ils
nedépendent
que des traces deX, Y,
Z, , , , suer les classesde 9 ;
; il est bien faciled’agir
defaçon
à ne pas satisfaire à cette condition 1.Puisque
tout anneaumonadique
seplonge
dans un anneaumonadique parf ait,
avecprolongement
des constantes
préalablement
existantes en constantesprincipales,
tout anneau hilbertien seplon%e dans
un anneau hi l bert ien porteur d’ une
( [5]).
Or, sil’égalité
obtenue esthilbertienne,
il est fa cile de déduire, en combinant les axiomes et que l’anneau hilbertien H dont on estparti
n’ estpas
quelconque,
mais-satisfait à l’axiome(d’où ~ a disparu) :
D’un tel anneau
hilbertien,
nous dirons([5]) qu’il
est proprement hilbertien. S’ilporte
uneégalité,
on montre facilementqu’elle
est hilbertienne. Comme leplongement
décrit d’un anneaumonadique
dans un anneaumonadique porteur
d’uneégalité
utilise le théorème deStone(5),
et---
(4) C’est
l’analogue
algébrique d’un schéma écrit par G. Asser [1] :...
(V~) (F(~)
--HIjF1»>-H (Te (G(~)))).
(5) Il utilise le foncteur + de la note (3).
qu’en
l’effectuant onétend, donc,
lafamille A,
il n’est pas du tout évident que tout anneau proprement hi t bert ien seplonge
dans un anneau proprement hi t bert ien porteur d’ une(alors hilbertienne).
Nous l’avons démontré dans
[5].
La démonstration est difficile : si H est l’anneaudonné,
il faut pour tout x E H et toutyG H,
dans un ensemble E telque $ (E)
=H’,
fairecorrespondre
à x et à y dessystèmes
dereprésentants Kx
etKy qui
induisent sur H des constantesprédéterminées,
touten satisfaisant à la condition de tout à l’heure
(où
intervenaient les traces sur les classes de lapartition 9 déterminatrice,
àisomorphisme près,
duquantificateur 3 +).
Cet
"analogue algébrique"
del’opération
d’ad jonct ion
d’ une unsystème
formel - sisimple
enlogique -
n’est-il pas,"algébriquement",
achetétrop
cher ? Nous avons dû recourir authéorème de
Stone,
donc à l’axiome duchoix,
nullementrequis
dans le cas dusystème formel. Ou
la démonstrationalgébrique
a-t-elle(du
fait de l’introduction d’anneauxqui
ne sontplus
néces-sairement 1 i bres) dû concerner
quel que
chose de plus que lespropriétés
des anneaux l i bres associésaux
systèmes formels (6) ?
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rence. Depuis, les résultats de la thèse de 3e cycle de P. Jurie [10] sont venus renforcer cette conviction.