A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
E. B OUTY
Les flammes sensibles et les lentilles acoustiques
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 1re série, tome 10, no3-4 (1896), p. H1-H18
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H.I
LES
FLAMMES SENSIBLES
ET LES
LENTILLES ACOUSTIQUES,
PAR M. E. BOUTY,
Professeur de Physique à la Faculté des Sciences de Paris.
- -~~-.~ --
1. Le
phénomène
de la sensibilité desflammes,
tel queje
l’ai décrit dansun Mémoire antérieur
(’ )
est d’unegrande généralité.
On obtient des flammes sensibles avec divers gaz combustibles oumélanges
de gaz, dans des conditionsqui confirment,
en lacomplétant, l’interprétation
quej’ai proposée.
C’esttoujours quand
la flamme va devenir ou commence à devenirbruyante
que semanifeste,
avecplus
ou moinsd’intensité,
la sensi-bilité à tous les sons
aigus
et non àquelques
sonsparticuliers
formant uneéchelle discontinue.
La forme circulaire de l’orifice est de
beaucoup
laplus
favorable auxphénomènes
de la sensibilité. Les flammesplates (forme papillon,
parexemple) ne jouissent
que d’une sensibilité rudimentaire et à peuprès indépendante
de la nature du gaz combustible. Tout cequi
suit serapporte
à des flammes issues d’orifices circulaires.
2. Flanlmes de
d’éclairage.
- J’aipris
des tubes de verre à peuprès identiques
quej’ai
effilés à unbout, puis
raccourcis et usés à la lime defaçon
à abattre toutes lesaspérités
de l’orifice et à atteindre le maximum de sensibilité pour lapression
ordinaired’eau)
des conduites du laboratoire. Il s’est trouvé que,malgré
ladifférence
deforme, parfois
trèsaccusée,
de lapartie effilée,
le diamètre des meilleurs orifices ne s’écartaitguère
quede ù
de part et d’autre de la moyenne : la hauteur1 Journal de Physique, 3e série, t. IV, p. 40I.
moyenne des flammes était de
55cm,
leur débit de 320lit à l’heure. La vitessedu jet
suivant l’axe devait être à peuprès
la même pour toutes.On rendra sensible une flamme de gaz issue d’orifices
beaucoup plus étroits,
en substituant ungazomètre
aux conduites et en élevant suffi-samment la
pression ;
mais la sensibilitéqu’on peut
ainsi atteindre décroîtassez
rapidement
avec le diamètre de l’orifice d’émission.Ainsi,
une cer-taine
flamme,
alimentéepar les conduites,
atteint seulement 32cm de haut : elle estinsensible;
alimentée par ungazomètre,
elle est à son maximum desensibilité sous une
pression
de 23cm d’eau : à ce moment, elle a 50cm de haut et elle débite 21 2lit de gaz àl’heure;
deux autres flammes de 5 etde de
haut,
sous lapression
de laconduite, exigent respectivement
despressions
de42cm
et de 62cm d’eau : elles s’élèvent alors à 30cm et à 25cm de hauteur et débitentII7lit
et Io5lit àl’heure;
mais la dernière d.e cesflammes n’est
plus
sensible à la consonne s même très fortement accen-tuée ;
elle n’est excitée que par le cri très intense d’une sirèneaiguë ~’ ~.
La vitesse axiale
du jet joue
évidemment ungrand
rôle dans cesphéno-
mènes : elle doit être
supérieure
à un certainminimum, peut-être
assez peu variable avec le diamètre de l’orifice.Remarquons
que ce n’estqu’à partir
d’une certaine vitesse axiale que des tourbillonnements ont chance de seproduire
dans la flamme etj’ai
montré antérieurement toute cause de tourbillonnement déforme la flamme de la même manière que le font les sons
aigus.
3. Si l’on
agit
sur une flamme de gaz de haute sensibilité par un bruitaigu
trèsfaible,
le tic-tac d’une montre parexemple,
on constate que lamontre doit être
placée
auvoisinage
de l’orifice ou de lagaine
bleue de larégion
basilaire de la flamme. Le tic-tac est alorsaccompagné
de flammèches( 1 ) Une expérience, faite en vue de comparer les sections des orifices et les pressions pro- duisant la sensibilité maximum, a fourni les résultats suivants :
Diamètre de l’orifice. Pression en colonne d’eau.
mm cm
1 33
0,8I 13
o,68 84
Les produits de la section par la pression de sensibilité varient comme les nombres 1,
1 ,085 et i, i8.
(2) Voir Journal de Physique, 3e série, t. IV, p.
qui jaillissent latéralement,
à lapartie supérieure
de laflamme,
avec unbruit
qui rappelle
les coups depiston
d’une locomotive trèséloignée.
Aveccertaines flammes il est
possible d’éloigner
horizontalement lamontre jus- qu’à
unequinzaine
de centimètres de l’orifice : la sensibilité de la flamme doit être considérée commeproportionnelle
au carré de cette distancemaximum.
Quand
on excite une flamme par l’intermédiaire de deux miroirs con-jugués,
lefoyer
du miroirrécepteur
doit coïncider avec unpoint
de la ré-gion
basilaire de la flamme. S’il coïncide avec unpoint
de la zone blancheplacée au-dessus,
lesystème
des miroirs est sans effet.L’organe
sensible des flammescylindriques
de gazd’éclairage
est doncsitué à leur base. Nous aurons à rechercher la nature de cet organe.
4. Flammes de divers 2014
L’hydrogène fournit,
avec des orificescirculaires,
de grossesflammes,
presque invisibles à leurpartie supé-
rieure
(t) effilée,
et dont la sensibilité est extrêmement faible. Si l’onaugmente
suffisamment lapression,
la flamme fait entendre un bruit de soufflequi remplace
le ronflement du gaz; en mêmetemps
elles’étrangle
etforme une sorte de
panache indistinct; mais,
pour aucune valeur de lapression,
elle neprésente
nettement cette sorte d’élasticité de la flamme du gazqui,
par l’excitation sonore, passebrusquement
d’une forme à une autre très différente et revient à sa formeprimitive
aussitôt que cesse l’exci- tation.Cependant,
on saisit un médiocre bruit de soufflequand, plaçant
une toile
métallique
dans la flamme non encoresoufflante,
onproduit
dansle
voisinage
un bruitaigu
et intense.Si l’on mêle du gaz
d’éclairage
àl’hydrogène,
on obtient sanspeine
desflammes
sensibles;
mais cequ’il
y a de trèsremarquable,
c’estqu’il suffit,
pour sensibiliser la
flamme,
de mêler àl’hydrogène
un gazinerte,
de l’acide(1) Ces flammes présentent un tube intérieur obscur très effilé, limité par une surface faiblement lumineuse qui prolonge en quelque sorte l’orifice.
Si l’on ajoute à l’hydrogène des proportions croissantes d’un gaz hydrocarboné, ce tube
interne se raccourcit, devient indistinct et finalement disparaît
pour 1 40
en volume de gaz d’éclairage ou 1 100 d’acétylène. La simple inspection de la partie basilaire de la flammerévélerait donc des proportions
encore bien moindres de ces gaz étrangers.Le tube disparaît aussi par l’addition d’une proportion d’acide carbonique supérieure
à trois dixièmes en volume.
Ces faits sont évidemment liés à la décomposition ou dissociation par la chaleur des gaz carbonés et à la précipitation de carbone libre qui en résulte.
carbonique
ou mieux de l’azote. Laflamme,
d’autantplus grêle
etplus
vi-sible
qu’elle
contient moinsd’hydrogène,
finit par être très effilée : pourune valeur suffisante de la
pression
elles’étrangle,
forme un courtpanache
et devient
bruyante.
Avec trois dixièmes d’azote envolume,
la flamme estdéjà
très sensible à la consonne s, c’est-à-dire passe de la forme effilée à la formeétranglée
par l’effet des sonsaigus
même peu intenses. Cette sensi- bilitépersiste
pour desmélanges plus
pauvres enhydrogène.
’Si la
proportion
d’azotedépasse
notablement deux tiers envolume,
laflamme s’éteint pour une
pression
inférieure à cellequi pourrait
la rendresensible.
Les
mélanges d’hydrogène
et d’air sont moins sensibles encore quel’hy- drogène
pur. Lesmélanges
de gazd’éclairage
et d’air sontsensibles,
maisle sont de moins en moins à mesure que la
proportion
d’airaugmente.
L’acétylène
fournit une flamme danslaquelle
le blancapparaît,
à l’inté-rieur de la zone
bleue,
à un demi-centimètre au-dessus de l’orifice. Cette flamme estsensible,
mais seulement à des bruitsaigus
assezintenses;
elleforme alors un
panache
très éclatant. Unmélange
à volumeségaux
d’acé-tylène
etd’hydrogène produit
unemagnifique
flamme d’un blanc éblouis-sant à la
partie supérieure
et dont labase, beaucoup
moinslumineuse,
ressemble
déjà
à la base d’une flamme de gaz. Cette flamme est sensible autic-tac d’une montre. Des
mélanges d’acétylène
et d’azotepeuvent
aussiatteindre une sensibilité assez
remarquable.
Nous reviendrons avec
plus
de détails sur les caractères de toutes cesflammes en cherchant à les
expliquer.
5. Essai
d’interprétation.
- Lacomplication apparente
desphéno-
mènes que nous venons de décrire
paraîtra
sans doute diminuée par deux remarquesqui
secomplètent
l’une l’autre et surlesquelles je
crois devoir insister.La
première,
d’ordrephysico-chimique, dépend
del’hypothèse
quej’ai déjà proposée
etd’après laquelle
la sensibilité des flammes est liée à des retards de combustion, Oncomprendra :
i °
Que
les flammesplates
danslesquelles
la surface demélange
est pro-portionnellement
trèsgrande
dès levoisinage
del’orifice,
soient moinsfavorables aux retards de combustion et, par
suite,
moins sensibles que les flammescylindriques ;
2°
Que
laprésence
d’un gaz inerte dans l’axe d’une flammecylindrique
favorise les retards
(et,
parsuite,
lasensibilité) puisque,
d’unepart,
ce gazagit
en divisant la masse et que de l’autre il abaisse latempérature
de com-bustion.
30 On
comprend
enfin quel’oxyg.ène
secomportera
à l’inverse d’un gazinerte. Ainsi
s’interprètent
trèssimplement plusieurs
faits nouveaux quenous avons
observés; mais,
à elleseule,
cettepremière
remarque nepeut
suffire à toutexpliquer.
’6. Lentilles gazeuses. - La deuxième remarque est d’ordre
purement
physique;
elleexige
d’assezlongs développements auxquels
se rattache toutce
qui
va suivre.Les
grandes
sensibilités coïncident avec unaspect particulier
de laflamme
tranquille,
formée d’un tube de flamme bleueengainant
uncylindre
obscur de gaz relativement froid. Ce
système
constitue une lentille acous-tique cylindrique.
Si elle estconvergente
et si sonfoyer
est à l’intérieur même de laflamme,
le mouvement vibratoire reçu de sources sonoreséloignées
sera concentré sur uneligne
focale intérieure. Dequelque façon
que les ondes sonores
agissent
pour romprel’équilibre
de laflamme,
l’exci-tation deviendra ainsi
plus
efficace. L’inverse doit seproduire
si la lentilleest
divergente.
Nous sommes donc conduits à étudier la condition de con-vergence et la distance focale de cette sorte de lentilles.
Mais nos connaissances sur la constitution et la
température
des diversesparties
d’une flamme sonttrop
rudimentaires pourqu’on puisse
tenter uncalcul
rigoureux.
Nous substituerons à la flamme réelle une flamme fictive constituée par trois milieux de densités et detempératures
uniformes : I° le milieu extérieur de densité p, dont nousdésignerons
par T latempérature absolue ; 2°
le milieu moyen(zone
decombustion) :
densitép’, température
absolue
T’ ;
rayon intérieurR,
extérieur R + x; 3° milieu intérieur(gaz
non
brûlé) :
densitép", température
T".L’uniformité de densité et de
température
dans chacune desrégions
dela flamme réelle n’est certainement pas
réalisée,
même d’une manière ap-proximative ; toutefois,
la variation detempérature
est excessivementrapide
de
part
et d’autre des limitesapparentes
de la flammebleue,
et noshypo-
thèses nous fourniront au moins un
renseignement qualitatif.
Nous allons
appliquer
la théorie élémentaire des lentilles à la flamme fictive. SoientV, V’,
V" les vitesses du son dans les troismilieux,
respec-tivement
proportionnelles
àV p’
Considérons une source sonoreS,
àl’infini,
dans le milieu extérieur et dans la directioni ).
I.
L’image S’,
fournie par lapremière réfraction,
sera à une distance ~ dusommet
A,
distance que nouscompterons positivement
dans le sens AS.On a
Soit de même F la
distance,
aupoint B,
del’image
S" fournie par la deuxièmeréfraction,
distancecomptée positivement
dans le sensBS;
on aencore
Éliminant
entre( 1 ) et (2),
il vient7. . Condition de convergence. - Nous supposons que la combustion a
lieu dans l’air. Dans ces
conditions,
on atoujours ~‘ > V,
c’est-à-direr
car 7p est assez
grande
et laprésence
de l’azoteatmosphérique
dans la/
flamme
empêche toujours ’-
dep.rendre
des valeurs trèséloignées
del’unité.
Au
contraire,
on a, suivant les cas,Voyons
cequi
en résulte pour la convergence de la lentille AB.La condition de convergence est que F soit
négatif,
c’est-à-dire que le dénominateur du second membre de(;3~
soitpositif.
Ellepeut
se mettresous la forme
Puisque
V’ - V estpositif,
les deux termes de cette dernière fractionsont
positifs; l’inégalité (4)
nepeut
être vérifiée que sic’est-à-dire
C’est une condition
nécessaire, mais
nonsuffisante,
de la convergence.Ainsi, quelle
que soitl’épaisseur
x de la flamme parrapport
au rayon R del’espace obscur,
y la lentille ne peut êtreconvergente
que sil’inéga-
lité
(5)
estvérifiée. Mais,
si l’on aV",
il seratoujours possible
dechoisir x assez
grand
pour que(4)
soitvérifiée,
c’est-à-dire pour que la lentille soitconvergente.
Résolue par
rapport à x,
la condition(!~ )
de convergence devient8. Condition relative à la
position
du - Pour que lefoyer
dela lentille tombe dans
l’espace
obscurintérieur,
il faut que m’ soit inférieur à 2 R en valeurabsolue,
d’oùl’inégalité
9.
Vérifications.
- Nous allons essayer de mettre des nombres à laplace
deslettres, mais pour
cela il faut s’adresser à des gazsimples
ou à desmélanges
définis dont on connaisse lestempératures
de combustion. Nousnous occuperons d’abord de
l’hydrogène
pur oumélangé
d’un gazinerte,
en faisant usage des
températures
de combustion T’publiées
par Mallard et Le Chatelier(’ ).
Nous
prendrons
uniformément commetempérature
extérieure2~° C.;
d’où
nous admettrons que la
température
del’espace
obscur intérieur nepeut guère dépasser
deplus
de 200° latempérature
extérieure et nousprendrons
uniformément
Nous
rapporterons
les densités àl’hydrogène.
On aura donc pour l’airUne difficulté se
présente
pour fixer la densitép’ ;
le volume total v’ desproduits
de la combustion est engénéral
inférieur à la somme v des vo-lumes des gaz non brûlés et l’on
ignore quel
est le volumespécifique qu’on
doit
assigner
réellement aumélange
constituant la flamme.Cependant, grâce
à laprésence
de l’azoteatmosphérique
dans cetteflamme,
la diminu-tion relative ‘~
_ ‘ ~ ‘~
,
est
toujours
peuimportante ;
on pourra, sansgrand inconvénient,
admettre que le volumespécifique
est~2014!-’
.10.
Hydrogène. P" =1. -
La combustion del’hydrogène
dans l’airpeut
se réduire à la formuleapprochée
( 1 ~ MAI,LARD et LE CHATELIER, Comptes rendus des séances de l’Académ,ie des Sciences,
t. p.
de gaz sont réduits à 6 par la
combustion; 03BD - 03BD’ 2
==-’
Admettant que dans la zone de combustion le volume est6,5~
on trouve(~ )
Mallard et Le Chatelier
donnent,
pour la combustion del’hydrogène
dans
l’air,
on a donc
La condition de convergence ne
peut
être réalisée. La lentillecylin- drique
formée par la base d’une flammed’hydrogène
estdivengente.
Si l’on attribue un rôle à cette lentille dans la
production
desphéno-
mènes de la
sensibilité,
on est donc amené à conclure que les flammesd’hydrogène
pur sont très peusensibles,
et c’est en effet ce quel’expé-
rience nous a montré.
.
Mélanges d’hydrogène
et d’azote. -Quand
onajoute
des pro-portions
croissantes d’azote àl’hydrogène,
on abaisse d’abord assez peu latempérature
de combustion Tf et l’onchange
àpeine P’,
tandis quep"
croît très
rapidement.
Lerapport 03C1’ 03C1"
décroît donc très vite et le sens de l’iné-galité (5)
ne tarde pas à se renverser.Soit,
parexemple,
lemélange
de0,8 d’hydrogène
et o, 2 d’azote envolume .
La formule de combustion est
( 1 ) En tout cas ce rapport est compris entre les deux limites extrêmes
64 =12, 33
et’~4 = i o, 5; .
et demi de gaz se condensent en et demi
La
température
de combustion T’ n’est pas donnée directement par Mallard et LeChatelier; mais,
pour unmélange
danslequel
laproportion
d’azote est, à laproportion atmosphérique,
dans le rapport 3,0I I,92=
I,567,
ces savants trouvent unetempérature
de combustiont’ =
I770°,
c’est-à-dire inférieure de 3I0° seulement à laprécédente.
Dansle cas que nous considérons
ici,
nous avons fait croître laproportion
d’azotedans un
rapport beaucoup
moindre :4’ 4 ~
= I125.
Nousadmettrons,
, àtitre
d’approximation,
que latempérature
de combustion s’est abaissée dec’est-à-dire que
Le sens de
l’inégalité
fondamentale estrenversé,
la lentillepeut
ê~rcconvergente.
Tous calculs
faits,
la condition de convergence(4 bis )
se réduit àMais le dénominateur de
(6)
se trouve presquenul,
c’est-à-direqu’il
faudrait supposer au
rapport
une valeur énorme pour que lefoyer
tombâtà l’intérieur de
l’espace
obscur. Les conditions de sensibilité ne sont pasencore
remplies.
Toutefois,
il suffira d’accroître assez peu laproportion
d.’azote pour quel’inégalité (6)
nous donne des valeurs de xacceptables.
Eneffet,
lecalcul,
répété
pour unmélange de 1 3
en volume d’azoteet § d’hydrogène,
donned’où,
pour la condition de convergence,et pour la condition relative à la
position
dufoyer
Cette condition se trouve effectivement satisfaite dans mes
expériences
et lesera désormais pour tous les
mélanges plus
riches en azote. .12. Mesure des diamètres. - Pour obtenir
approximativement
lavaleur du
rapport N’ j’introduis
dans larégion cylindrique
de la base de la flamme deux fils deplatine
minceshorizontaux,
queje rapproche
à volontésur un diamètre de la flamme :
I° jusqu’à
ce que lesfils,
entièrement exté- rieurs à laflamme, paraissent
latoucher,
mais en restantsombres; 2° jus- qu’à
ce que les extrémités de cesfils, portées
au blancéblouissant, parais-
sent toucher le bord intérieur de la flamme vers
l’espace
obscur. On mesurela distance des extrémités des fils
après
extinction de la flamme.Cette mesure a été exécutée notamment pour le
mélange de 1 3
en volumed’azote
et 2 3 d’hydrogène.
Sous unepression
de I8cm la flamme débitait dumélange
à l’heure. La consonne s,prononcée
faiblement àplus
de1 nl de
distance,
réduisait la flammeau 1 3
de sa hauteur normalelaquelle
étaitde 35cm environ. La flamme était donc très sensible. On a trouvé
valeur nettement
supérieure
à la limiteo, 8~~
calculée ci-dessus. Lefoyer
de cette flamme sensible tombe donc dans
l’espace
obscur intérieur.13. Des
expériences analogues
ont été réalisées pour ungrand
nombrede
mélanges d’hydrogène
et d’azote. Je me borne àrapporter
les observa- tions relatives à la sensibili té de ces flammes.Prop. d’azote
en volume. Sensibilité maximum.
0,1 i Sensibilité appréciable aux forts sifflements
o, 2 Id.
o, 25 Sensibilité passable, mais seulement à la limite où la flamme va souffler
o, 3 Flamme très sensible
o,333 Id.
0,4 Id.
0,5 Id.
0,6 Id.
0,669 Flamme extrêmement sensible
0;;5 S’éteint avant de devenir sensible
Le calcul
approché,
fondé sur la considération des lentillesacoustiques,
et
l’expérience
fixent donc à peuprès
au mêmepoint
la limite desgrandes
sensibilités.
14. Mélanges d’hydrogène
et d’acidecarbonique.
- Je nerapporte-
rai pas les calculs relatifs aux
mélanges d’hydrogène
et d’acidecarbonique.
Ils fixent la limite de sensibilité à une
proportion
en volume d’acide carbo-nique
un peuplus
faible que laproportion
d’azotecorrespondante.
Notonsque, dans le cas
actuel,
laprésence
d’un gaz carboné dans la flamme tend à rendre indistincte la limite intérieure de la zone decombustion ;
la mesurede §
deviendrait illusoire pour desmélanges
riches en acidecarbonique.
Voici les résultats
expérimentaux
relatifs à la sensibilité :Prop,
d’acide carbonique
en volume. Sensibilité maximum.
o, i Sensibilité faible
o,25 Sensibilité faible et assez bonne sensibilité dans deux expériences
consécutives.
o, 3’33 Flamme très sensible
~, 5 Id,
0,667 Id.
o,y5 Mélange qu’on ne peut enflammer d’une manière durable
Des
mélanges
ternairesd’hydrogène,
d’acidecarbonique
etd’azote,
con-tenant en
tout 3
en volume de gazinerte,
sont aussi sensibles que les mé-langes
binairescorrespondants ( ).
( i ) Signalons, en passant, que j’ai pu répéter avec succès, pour un mélange d’hydrogène et
15. .
Acétylène: : 03C1"= r 3, 03C1’=I4,56.-M.
LeChatelier (1) donne,
pour latempérature
de combustion del’acétylène
dansl’air,
t’ ==2260°,
T’- 2~33.
La condition de convergence et la condition relative au
foyer
sont trèslargement satisfaites,
les seconds membres de(4)
et de(6) prenant
des valeursnégatives.
Cependant
la sensibilité est médiocre : la flamme n’est excitée par laconsonne s que
quand
on l’accentue fortement. Alors la flammes’écrase,
àla manière des flammes de gaz, en formant un
panache
éblouissant.Il faut remarquer que
l’espace
obscur intérieur à la flamme n’existe quesur une hauteur de au
plus
au-dessus de l’orifice.Au-dessus,
l’axe dela
flamme,
d’un blancéclatant,
est absolument opaque pour la lumière etprobablement
au.ssi pour le son. Les conditions sont celles que la flamme du gazprésente
àpartir
d’une dizaine de centimètres au-dessus del’orifice,
dans la
région
où nous savons que l’excitation devient inefficace. La lentillecylindrique
n’existant ici que sur de haut au lieu de on nepeut
être
surpris
que son effet soit médiocre.16. Mélange d’acétylène
et d’azote. - L’azote est àpeine plus
denseque
l’acétylène.
On seconvaincra,
comme dans le cas del’hydrogène,
que l’abaissement de latempérature T’, produit
par une addition même assezconsidérable
d’azote,
est peuimportant.
Les conditions de la lentillecylin- drique
varieront donc très peu : il est clair que lesinégalités (4)
et(6)
continueront à être
satisfaites,
même pour desmélanges
riches en azote.L’expérience
montre, comme onpouvait s’y attendre,
que lalongueur
de la
portion
basilaire de la flammetransparente
croît avec laproportion
d’azote : l’effet de la lentille
cylindrique
doit augmenter dans le même rap-port.
Voici les résultats obtenus :d’acide carbonique contenant 0,4 en volume de gaz inerte, des expériences analogues à celles
de la page 2 sur la variation de pression nécessaire pour sensibiliser la flamme quand on change le diamètre de l’orifice.
(1) LE CIIATELIER, Conuptes rendus de l’Académie des Sciences, t. CXXI, 30 dé- cembre 1895. Température déduite de la formule de combustion ordinaire.
Proportion d’azote
en volume. Sensibilité maximum.
o, y3 Supérieure à celle de l’acétylène pur
o, 333 Flamme très sensible
0,50o Flamme longue et grêle d’une sensibilité remarquable 0,667 La flamme s’éteint
Notons
cependant
que lesmélanges d’acétylène
et d’acidecarbonique
neparaissent
passupérieurs
àl’acétylène
pur aupoint
de vue de la sensibilité.17. .
Mélanges d’acétylène
etd’hydrogène.
Gazd’éclairage.
-drogène agit
surtout en abaissant la densitép"
dumélange
intérieur et, parsuite,
diminuera la convergence de la lentillecylindrique.
Il est donc néces- saire de s’assurer si lesinégalités (4)
et(6)
continuent à être vérifiées.Soit d’abord un
mélange,
à volumeségaux, d’acétylène
etd’hydrogène
Nous admettrons que la
température
de combustion est la moyenne de celles del’hydrogène
et del’acétylène
L’inégalité (6)
se réduit àà au-dessus de l’orifice on a trouvé
Donc
l’inégalité (6)
est trèslargement
satisfaite. Nous avonsdéjà signalé (p. l~)
l’admirable sensibilité de cette flammequi
obéit même au tic-tac dela montre.
Le gaz
d’éclairage, mélange d’hydrogène
et d’un volume un peusupé-
rieur de carbures
divers,
a, parrapport
àl’hydrogène,
une densitép"
variablede 6 à 8. On peut considérer que le calcul
précédent
lui estgrossièrement
applicable. Or,
on trouveexpérimentalement pour x/R
des valeurscomprises
entre
o, 5
et o,8,
c’est-à-dire trèssupérieures
ào, 3.
On rendcompte
ainside l’extrême sensibilité de ces flammes.
Pour un
mélange
de 25 pour 100d’acétylène
et de75
pour 100d’llydro- gène,
le calculapproché
donneCondition de convergence
condition relative au
foyer
L’expérience
donneLa lentille est encore
convergente,
mais sonfoyer (formule 3)
tombe àau dehors de la
flamme;
or cetteflamme,
dont la baserappelle,
parson
aspect,
la flamme du gaz,possède
une sensibilitéqui,
bien que très inférieure à celle des flammesprécédentes,
est encoresupérieure
à celle del’acétylène
pur.Les
approximations qui
servent de base à tous ces calculs sont tellesqu’on
ne peutguère
s’attendre à une meilleure concordancenumérique.
On est d’ailleurs en droit de se demander
quel peut
bien être ledegré
d’efficacité de nos lentilles. Cette efficacité est limitée : 10 par les réflexions
sur les deux faces de la
lentille ;
2° par la diffraction.18.
Effet
desréflexions.
- Si l’on se borne à considérer les rayons centraux, les seulsauxquels
la théorie élémentaire des lentilless’applique
en toute
rigueur,
on peut faire usage des formules de la réflexion vitreuse pour l’incidencenormale,
c’est-à-dire admettre que lerapport
de l’intensité réfléchie à l’intensitéincidente,
à la surface deséparation
de deux milieuxdans
lesquels
le son se propage avec des vitesses V et~V’,
estOn en déduit que la
proportion
ex de l’intensité transmiseaprès
réflexionsur les deux faces de nos lentilles est
On trouve ainsi
Composition du gaz (en volumes). a.
Acétylène pur... o,665 o, 5 acétylène, o,5 hydrogène... 0,708 o, 3 azote, 0,7 hydrogène... ° ~20 o,’25 acétylène, 0"5 hydrogène... ,; 1
La
proportion
de l’intensité réfléchie varie dans ces divers cas deo, 33
ào, 2 l ~’ ~ .
°19.
Effet de la diffraction.
- Lefoyer géométrique
est en réalité lecentre d’une
frange
brillante d’autantplus large
que lalongueur
d’onde dela radiation considérée est
plus grande.
Nous ne savons si les sons très
aigus, capables
d’exciter lesflammes, agis-
sent par leur note fondamentale ou par leurs
harmoniques
élevés. En tout cas, il neparaît
paslégitime
d’admettre que leslongueurs
d’onde efficacespuissent
descendre au-dessous dequelques
millimètres. Or les rayons de courbure intérieurs de nos lentilles sont de à les rayons extérieurs de à Onpeut
donc craindre que lerapport
danslequel
l’intensitéest accrue sur la
ligne
focale ne s’écarteguère
de l’unité.Je n’ai tenté aucun calcul relativement à ces lentilles. Je me suis borné à
appliquer
les formules ordinaires de la diffraction auproblème plus simple
des
petits
miroirs.Soit un miroir
parabolique
de révolution deparamètre p,
limité par un( 1 ) Le tube abducteur du verre par lequel s’échappe la flamme constitue, lui aussi, une lentille cylindrique sonore convergente, mais la vitesse du son dans le verre étant de plus
de l’intensité a transmise après deux réflexions est extrêmement petite.
plan perpendiculaire
à l’axepassant
par lefoyer
et soumis à l’action d’ondesplanes perpendiculaires
à zone du miroir( f b . ~ ~ remplace
~.
une
portion
d’ondeplane
de surface 203C0ydy.
Substituons àchaque
élémentde la zone une source
sphérique équivalente
et supposonsd’abord p
assezgrand
parrapport
à ~. En prenantégal
à 1 le coefficient de vitesse afférent à l’ondeplane,
lacomposante
efficace de la vitesseenvoyée
en F par la zoncaura pour coefficient
ou,
puisque y~
== 2 p x,Puisque
tous ces rayons arrivent concordants enF,
les coefficients effi -caces de vitesse
s’ajoutent simplement,
et le coefficient de vitesse résultant en F estOn voit
aisément,
enappliquant
la méthode de M.Gouy ~’ ),
que cetteexpression
est encore suffisammentapprochée,
même pour p = ?~.L’intensité
envoyée
en F par le miroir est doncsupérieure
à l’intensité( ’) Gour, Annales de Chimie et de Physique, 6e série, t. XXI‘T, p. 1;8.
H.I8
incidente dans un
rapport
Ce résultat est sans doute très
approximativement applicable
à un miroirsphérique
de rayon p.Avec un miroir de (cm de rayon, on aurait
donc p == 3, J ~ (~
pour unelongueur
d’ondc de Icmet ?
=37I,6
pour unelongueur
d’onde de Ilest clair que, pour des miroirs
cylindriques,
on obtiendrait des valeurs de pmoindres,
et tout ce que nous pouvons conclure pour le casplus
coin-plexe
des lentillescylindriques,
c’estqu’on
n’est pas autorisé apriori
àconsidérer leur effet comme
négligeable
pour deslongueurs
d’onde deil 1 mm .