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Guy COLLIN, 2014-12-29
THÉORIE DU NOYAU
Physique nucléaire
Chapitre 13
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On s’est intéressé jusqu’ici au nuage électronique et à l’atome dans son ensemble.
Quelles sont les propriétés des noyaux ?
Comment sont-ils constitués ?
Quelles sont les règles, les lois, les forces qui gouvernent l’assemblage des particules qui le constituent ?
Quelle est sa grosseur ?
ÉLÉMENTS
DE LA THÉORIE DU NOYAU
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ÉLÉMENTS
DE LA THÉORIE DU NOYAU
Puisque le nuage électronique porte des charges électriques négatives, où sont situées les charges positives ?
Existe-t-il d’autres particules que le proton et le neutron ?
Si oui, quelles sont leurs propriétés : leur masse, leur charge électrique, leur moment magnétique, …
Quelles sont les lois qui les gouvernent ?
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Les forces en présence
• La force de COULOMB : nous savons qu’elle est encore valable entre particules situées à des distances de l’ordre de 10-14 m (voir expérience de RUTHERFORD sur la déviation des particules a).
• Les forces répulsives électrostatiques entre les protons doivent être considérables dans chaque noyau.
• Quelle(s) force(s) nouvelle(s) agi(ssen)t pour stabiliser l’assemblage de protons et de neutrons ?
• La force de gravité ?
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Les constituants du noyau
Les particules de base qui constituent chacun des noyaux sont le proton et le neutron.
Le proton a été découvert par RUTHERFORD en 1910.
L’existence du neutron a été définitivement
prouvée en 1932 par CHADWICK à la suite de
travaux de BOTHE et BECKER en 1930 suivis de
ceux de I. et J. CURIE en 1932.
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Le proton et le neutron
Les masses :
proton = 1,007 276 63 ± 0,000 000 08 u ou en énergie (E = mc2 ) 938,256 ± 0,005 MeV
neutron = 1,008 665 4 ± 0,000 000 4 u ou 939,550 ± 0,005 MeV
La charge : le proton porte une charge électrique positive.
Le spin : les deux particules portent un moment angulaire intrinsèque (rotation de la particule sur elle-même).
Le moment angulaire de spin nucléaire LS correspond au
nombre quantique de spin nucléaire S et sa grandeur est telle que :
LS = S (S + 1) où = h 2
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Le moment magnétique nucléaire
Les moments magnétiques sont mesurés en magnéton nucléaire : ß
n= e / 2 m
n=
(5,050 50 ± 0,000 13) 10
-27J/(Wb/m
2)
Rappel : ß
e= e / 2 m
e= 0,927 32 10
-23J/(Wb/m
2)
Le moment magnétique nucléaire du proton est de : + 2,792 76 ß
n
Le neutron a un moment magnétique dont la valeur est de -1,913 15 ß
n
Même s’il est neutre, le neutron a une distribution de
charge non uniforme.
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Distribution de la charge électrique dans le proton et le neutron
Densité de charge
Distance radiale
0 1 2 fermis
Proton
Neutron 1 fermi = 10-15 m
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Les forces entre les nucléons
1 fermi = 10-15 m 0
Énergie
Distance r 0
Énergie
Distance r
3 fermis
Interaction P - P
2,5 fermis Interaction n - P
Note : ƒ(n, n) = ƒ(n, p) Force de répulsion
électrostatique
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Énergie nucléaire et coulombienne
La corde emprisonne le ressort en position compressée
Énergie
coulombienne Énergie nucléaire
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Le deutéron
Il est constitué d’un proton et d’un neutron :
Mp = 1,007 277 u
Mn = 1,008 665 u
Masse totale : = 2,015 942 u
Masse réelle : = 2,013 553 u
Défaut de masse, D M : = 0,002 389 u.
Puisque 1 u = 931,5 MeV/c
2, on peut conclure que
ce défaut de masse, encore appelé l’énergie de
liaison du noyau, est tel que : D M c
2= 2,225 MeV.
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Énergie de liaison du deutéron
Énergie
MP c2 Mn c2
DM c2
MD c2
Bilan d’énergie : il faut ajouter une énergie de 2,225 MeV à un
deutéron pour séparer à l’infini et au repos le proton et le
neutron : c’est une
photodésintégration.
Note : DM c2 représente environ 0,1 % de la somme Mn c2 + MP c2
e-
2
1H + 1
1H + 1 0n
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Les noyaux stables
Soit Z le nombre de protons (numéro atomique). Les noyaux ayant la même valeur de Z sont les isotopes.
Soit N le nombre de neutrons. Les noyaux ayant la même valeur de N sont les isotones.
N + Z = M est le nombre de masse. Les noyaux ayant la même valeur de M sont les isobares.
Les noyaux stables sont ceux qui ont un nombre N égal ou légèrement supérieur au nombre Z.
sont stables.
16
8O, 17
8O et 18
8O
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Zone de stabilité des noyaux
N
100
50
40 80 Z
0
bissectrice de l’angle
Exemple de noyau stable :
208 82Pb
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Le modèle en couche
Les nucléons sont dans un puits de potentiel (une boite tridimensionnelle).
La résolution de l’équation de
SCHRÖDINGER conduit à un modèle similaire au modèle électronique avec orbitales, nombres quantiques, ...
énergie Couches (orbitales) neutroniques
Couches (orbitales) protoniques
1 H
1 D
2
1 He
3 2He
4 2
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Configuration du noyau de
Én
Protons Z Neutrons
N
Si les niveaux peuplés par les neutrons sont régulièrement espacés, étant donnée la force coulombienne qui existe entre les protons, elle entraîne un élargissement graduel entre les niveaux peuplés par les protons.
Faibles valeurs de Z, Z N.
Z < N pour des valeurs plus hautes de Z et de N.
30 14Si
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Le rayon nucléaire
Les expériences de diffraction des noyaux a sur une cible suivent la loi de l’interaction coulombienne pourvu qu’ils passent à une distance supérieure à 10-14 m.
Avec des neutrons cinétiquement excités à 100 MeV, la longueur d’onde est de l’ordre de 1 fermi (10-15 m).
On montre que le rayon nucléaire R = ro M 1/3 , où ro = 1,4 fermis.
Avec des électrons,
R =
ro M 1/3 , où ro=
1,1 fermis. Élevons au cube l’une ou l’autre des ces deux équations et multiplions par 4 / 3.
volume du nucléon :
4 R3
3 =
4 ro3 3 M
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Distributions nucléaire et de charge dans le noyau Au
O,5
1,0 Densité de charge : 1025 C/m3
Au
Densité des nucléons : 1044 nucléons/m3
1,0
0 2 4 6 8 10 Distance radiale
fermis
• Le noyau n’est pas nécessairement sphérique.
• La majorité des
noyaux ont plutôt la forme d’un
ellipsoïde de révolution.
• Ainsi, le noyau Lu est un ellipsoïde
dont le grand axe est environ 25 % plus grand que le rayon de la sphère de volume identique.
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L’énergie de liaison des noyaux
DM = Z M
p+ ( M - Z ) M
n- M :
DM = défaut de masse;
M
p= masse du proton;
M
n= masse du neutron;
M = masse du noyau considéré
contenant Z protons et M - Z neutrons.
L’énergie de liaison est le rapport entre l’énergie équivalente au défaut de masse divisée par le
nombre de nucléons : E
liaison= DM c
2/ M.
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Le cas de l’oxygène
8 protons = 8 1,007 277 = 8,058 216 u
8 neutrons = 8 1,008 665 = 8,069 320 u
Total = 8 2,016 490 = 16,127 536 u
Masse de l’atome d ’oxygène = - 15,994 915 u
Défaut de masse :
DM =
0,132 621 u D M c2 = 0,132 621 u 931,5 MeV/u = 123,54 MeV
L’énergie de liaison =
123,54 / 16 = 7,9 MeV/nucléon C’est une énergie moyenne. Cela ne veut pas dire que cela représente l’énergie pour extraire un nucléon.
16 8 O
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Le cas de la réaction
Masse de 1 proton = 1,007 277 u
Masse de l’azote 17 = 15,000 108 u
Masse totale = 16,007 385 u
Masse de l’oxygène 16 = - 15,994 915 u
Variation de masse :
DM =
+0,012 469 u
D M c2 = 0,012 469 u 931,5 MeV/u = + 11,61 MeV
L’énergie pour extraire un proton est donc E
=
11,61 MeV/nucléon.16
8O + hn 15
7N + 1 1H
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Énergie de liaison du noyau
0 4 8
100 200 MeV / nucléon
M = N + Z
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Le modèle de la goutte d’eau
Le modèle propose que le noyau ressemble à une goutte d’eau dans laquelle il existe deux sortes de nucléons, ceux à l’intérieur du noyau entouré par 12 nucléons, et ceux sur la surface (tension de surface) :
Chaque nucléon interagit avec ses voisins et atteint ainsi une saturation (12 voisins
maximum, dans un empilement de sphères).
À la surface, cependant, le nucléon n’est pas complètement entouré (9 voisins).
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Empilement de sphères
Vue de dessus Vue de côté
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Le modèle de la goutte d’eau
L’énergie de liaison (ou énergie de volume) qui est proportionnelle à M = N + Z
EV = aV M
L’énergie de surface, proportionnelle à la surface du noyau, donc à R
2ou M
2/3 ES = - aS M 2/3
On montre que l’énergie coulombienne est en définitive proportionnelle à Z
2M
-1/3 EC = - aC M -1/3
L’énergie totale est donc :
ET = av M - as M 2/3 - ac M -1/3
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Énergie de liaison du noyau
0 4 8
100 200
MeV / nucléon
M = N + Z
A
0 5 10
100 200 300 15
- 5 - 10
MeV / nucléon
M Énergie de volume
Énergie de surface
Énergie coulombienne
Énergie totale
B
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Le modèle
des particules isolées
Noyau Z - N
Nombre de noyaux stables
Pair - pair Pair - impair Impair - pair Impair - impair
157 53 50 5
Total 265
•
Environ 60 % des noyaux stables ont des nombres pairs de neutrons et deprotons (85 % de la croûte terrestre).
•
Seulement moins de 2 % des noyauxstables ont des
nombres impairs de neutrons et de
protons.
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Les nombres magiques
On constate aussi que les noyaux qui ont un nombre de protons et un nombre de neutrons égaux à 2, 8, 20, 28, 50, 82 et 126 sont les plus stables.
Comme dans le cas de la structure atomique où le dernier électron déterminait les propriétés de l’atome.
Les moments angulaires et les moments magnétiques des noyaux peuvent être expliqués en terme du dernier nucléon.
4
2He, 16 8O,
40
20Ca, et aussi
208
82Pb (82 protons et 126 neutrons)
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La combinaison
des moments angulaires
Le moment angulaire total de n’importe quel noyau provient de trois sources :
le spin nucléaire du proton : 1/2 ;
le spin nucléaire du neutron : 1/2 ;
le moment angulaire orbital de chaque nucléon dans le noyau.
Ces trois moments angulaires se combinent vectoriellement :
pair-pair, combinaison par spins antiparallèles ;
pair-impair, le spin 1/2 se combine avec le moment angulaire orbital ;
impair-impair, le spin nucléaire total est un entier.
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Les noyaux stables
Noyau Z - N
Spin du noyau * Pair - pair
Pair - impair Impair - pair Impair - impair
0
1/2, 3/2, 5/2, . . . 1/2, 3/2, 5/2, . . .
2 n + 1
* où n est un entier positif ou nul
Exemples :
56 26Fe
40 20Ca
95 42Mo 111
48Cd
127
53I 19 9F 14
7N
2 1H
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Les autres modèles
Le modèle en couche (MAYER et JENSEN, 1948).
Le modèle collectif (BOHR et MOTTELSON, 1953).
Et le neutron : est-ce un proton
autour duquel gravite un électron ?
au sein duquel est confiné un électron ?
L’absence de champ électrique intense et la mesure du magnéton nucléaire ne s’accommodent pas d’une telle hypothèse (un magnéton de BOHR est environ 1000 fois plus grand que le magnéton nucléaire).
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Les particules élémentaires
Particules a Masse au repos b
Énergie au repos
Charge électrique
Moment de spin
photon, électron, e - positon c, e +
proton, p+ antiproton, p-
neutron, n antineutron, n
0 1 1 1836 1836 1839 1839
0 0,511 0,511 938,256 938,256
939,5 939,5
0 - 1 + 1 + 1 - 1
0 0
1 1/2 1/2 1/2 1/2 1/2 1/2
a) toutes ces particules ont un temps de vie infini, sauf le neutron et l'antineutron 103 s; b) par référence à l'électron; c) découvert par ANDERSON en 1932.
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Interaction proton-proton
La force qui interagit à courte distance, d £ l,4 fermi, dans le noyau doit être très importante et au delà de cette
distance elle est négligeable.
YUKAWA a montré, en 1935, que cette force est associée à un échange de particules virtuelles, appelées mésons
(mésons , ou pions).
On peut montrer qu’il existe ainsi trois différents mésons,
+, - et °. Les deux premiers furent détectés en 1947 et le troisième en 1950.
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Interaction proton-proton
x
t
Au point A un proton émet un méson °; un laps de temps plus tard, Dt, un autre proton absorbe ce °
Pendant donc un temps Dt, le principe de conservation de l’énergie ne tient pas, puisqu’il y a création de matière.
Cela est convenable à l’intérieur du principe d’indétermination
Dt · DE = h/4
P1 A P1
P2 P2
Protons P1 et P2.
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Propriétés des mésons
Grandeur Unités + - 0
masse au repos énergie au repos charge électrique
spin
moment magn.
temps de vie
me MeV
e
s
273,3 139,58
+ 1 0 0 2,55 10-8
273,3 139,58
- 1 0 0 2,55 10-8
264,3 134,97
0 0 0 1,8 10-6 Ces mésons (pions), à l'état libre, sont instables et produisent des muons
en se désintégrant.
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Autres particules
Autres particules Masse au repos
Masse au repos
Charge
électrique Spin
neutrino, n
antineutrino, n
gravitona
0 0 0
0 0 0
0 0 0
1/2 1/2 1/2
a) cette particule prévue par la théorie n'a pas encore été observée.
hn
L e ne ut ri no ?
pions muon
électron
rayon cosmique
noyau d’azote ou d’oxygène
Lab. sous-terrain
neutrino
autres particules
muons solaires
hn
Propriétés des kaons
Grandeur Unités K+ K- K0
Énergie au repos Charge électrique
Temps de vie
MeV e s
494 + 1 1,2 10-8
494 -1 1,2 10-8
498 0 10-10
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Conclusion
Les noyaux sont principalement constitués de protons et de neutrons en nombre relativement voisin.
En réalité il y a le plus souvent un peu plus de neutrons que de protons.
Il existe également une dizaine d’autres particules, certaines ont un temps de vie très court, d’autres sont sans masse ou n’ont pas de moment magnétique, …
Il existe des modèles pour expliquer la stabilité relative des noyaux. Ces modèles, parfois similaires à ceux
retenus pour expliquer la stabilité des nuages
électroniques, font appel à d’autres types de forces.