FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DE PHARMACIE DE BORDEAUXANNÉE 1898-1899 I%f°
DE
LA MYOPLASTIE
DANS
La Cure radicale de la Hernie Crurale
* <♦?♦>—*
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue publiquement le 8 0 Novembre 1898
PAR
Louis-Jean
FOURGOUS
Né à Cahors (Lot), le 31 Janvier 1875 Élève du Service de Santé de la Marine
Lauréat desHôpitaux
/ MM. LANELONGUE professeur Président.
Examinateursde la Thèse:) POUSSON
profseur----]
agrégé } Juges.( PRINGETEAU agrégé....
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL CASSIGNOL
91 — RUK PORTE-DIJEAUX — 91
1898
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABIAS,doyen — M.
PITRES, doyen honoraire.
MM. MIGÉ \
Professeurs honoraires.
MM.
Médecinelégale MORACHE.
Physique
BERGON1É.
Chimie BLAREZ.
Histoirenaturelle ... GUILLAUD.
Pharmacie FIGUIER.
Matièremédicale.... de NABIAS.
Médecine expérimen¬
tale FERRE.
Clinique ophtalmolo¬
gique
BADAL.
Clinique des maladies chirurgicalesdes en¬
fants
P1ÉCHAUD.
Clinique gynécologique
BOURSIER.
Cliniquemédicaledes
maladies des enfants A. MOUSSOUS.
Chimiebiologique.. . DEN1GES.
ACÎBIÉGÉS Biill 13X.13IICICJB :
section de médecine(Pathologie interneet
Médecine légale.)]
MM. CASSAET. | MM. Le
DANTEC.
AUCHÉ. | HOBBS.
SABRAZÈS. |
sectionde chirurgie et accouchements
(MM. BINAUD. I . , . (MM.
CHAMBRELENT
„ . . V G.nimTnr.vi^
Accouchements.
■ T?T T? T T V Pathologieexterne^BRAQUEHAY E | / MEUX.
(
CHAYANNAZ. j
sectiondes sciences ana.tomiqdes et physioi.ogiques
.
, . JMM.
PRINCETEAU I Physiologie MM. PACHON.
Analomie I CANN1EU.
|
Histoirenaturelle BEI LEE.
sectiondes sciencesphysiques
Physique
Al M. S1GALAS. | Pharmacie Al. BARTHE.
€435LBlS C4BSI !*BjH1114MT A I3310 S :
Clinique desmaladies
cutanées et syphilitiques AIA1. DUBREU1LH.
Clinique des maladiesdes
voies urinaires POUSSON.
Alaladies dularynx, des
oreilles
etdu
nezAlOURE.
Maladiesmentales
REGIS.
Pathologie interne
RONDOT.
Pathologie externe
DENUGE.
Accouchements *.
CHAMBRELEN T.
Chimie
DUPOUY.
Physiologie
PACHON.
Embryologie
CANNIEU.
Pathologie oculaire
LAGRANGE.
Conférenced'Hydrologie et
Minéralogie CARLES.
LeSecrétairedela Faculté: LEA1AIRE.
AZAA1 DUPTJY AlOUSSOUS
A1M. .
\ PICOT.
Clinique interne ^ PITRES
„.. . . \ DEMONS.
Clinique externe
j laNËLONGUE.
Pathologie et théra¬
peutique
générales. VERGELY.
Thérapeutique
ARNOZAN.
Alédecine opératoire.
MASSE.
Clinique d'accouche¬
ments LEFOUR.
Anatomie pathologi¬
que
COYNE.
Anatomie BOUCHARD.
Anatomiegénérale et
histologie
VIAULT.
Physiologie
JOLYET.
Hygiène
LAYET.
Pardélibération du 5 août1879, la Faculté aarrêté que
les opinions émises dans les
Thèsesquilui sont présentéesdoivent
être considérées comme propres à leurs autours, et
qu'elle n'entend leurdonnerni
approbation ni improbation.
A TOUTE MA FAMILLE
A MES AMIS
A MES MAITRES
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR LA NELONGUE
PROFESSEUR DE CLINIQUE CHIRURGICALE A LA FACULTÉ DE
MÉDECINE
DE BORDEAUX
CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE
AVANT-PROPOS
Nous ne voudrions pas, au moment
de
quitter laFaculté,
manquer à la touchante tradition, qui nous permet d'assu¬
rerde notregratitude tous ceux qui nous ont
aidé à
attein¬dre ce titre do docteur que nous ambitionnons.
Nos remerciements iront d'abord à nos maîtres de
l'École
de médecine de Rochefortquinous ont faitun
accueil si bien¬
veillant tout à fait au début de nos études.
Nous avons eu l'honneur d'êtrependantun an l'externe
de
M. le professeur
Lanelongue. Auprès de
cemaître
nous avons appris ce qu'étaitla véritable chirurgie et
nouslui devons
beaucoup du peuque nous savons.Jamais
nousn'oublierons
toute la bienveillancequ'il eut pour nous, nous
lui
en avonsune trop grande
reconnaissance. Aujourd'hui
nousle
remer¬cionsdutrès grand honneur
qu'il
abien voulu
nousfaire
en acceptantla présidence de notre thèse inaugurale.
M. le Dr Rousseau Saint-Philippe a eu
toujours
pour nousune grande
bienveillance dont
nous avonsété des plus
touché.
M. le Dr J. Vitrac a droit à notre reconnaissance pour l'in¬
térêt qu'il nous a
toujours témoigné. Il
ne nous ajamais
épargné sesavis
ou sesconseils,
nousl'en remercions bien
sincèrement.
Nous remercions M. le professeur
Jolyet de l'accueil qu'il
nous a faitdans son laboratoire, ainsi que le Dr
Sellier, chef
des travaux, qui a
bien voulu
nousaider
pour nosexpérien¬
ces.
Nous assurons de notre reconnaissance nos
maîtres des
- 10 —
hôpitaux ou
de la Faculté et
nosofficiers de l'École qui ont
eula bonté de s'intéresser à nous.
Enfin que tousnos
amis et camarades reçoivent
nos remer¬ciements de Faide qu'il nousont
donnée
pourpasserle plus
agréablementpossible
cestrois années d'École.
INTRODUCTION
S'il n'est plus
nécessaire de plaider
pourla
cureradicale
des hernies, encore
faut-il s'entendre
surle meilleur procédé
à employer. Sur ce
point l'entente semble plus difficile à se
faire, parsuite d'une multiplicité qui paraît prouver que la
quantité ne
répond
pastoujours à la qualité.
Si la question
est à
peuprès résolue
pourla hernie ingui¬
nale, nous ne croyons pas
qu'il
ensoit oie même
pourla
hernie crurale. On a essayé contre
elle nombre de procédés,
sutures de diversgenres,
autoplastie (musculaire, tendineuse
ouosseuse),
hétéroplastie
;les résultats
nesemblent pas avoir
couronné les efforts.
Ceux qui avant nous
ont parlé de la myoplastie, ou bien
l'ont fait incidemment, lui ont
reproché, à juste titre, de
n'être pasassez connue,
de n'avoir
pasfait ses preuves; d'au¬
tres ont voulu l'a réserver à certaines
catégories
ouvariétés
de hernies exclusivement.
M. le professeur
Lanelongue, possédant quelques observa¬
tions de
myoplastie pectinêale,
a eula bienveillance de nous
autoriser à les
publier dans notre thèse inaugurale. Nous
aurions voulu, par
égard
pourlui, faire
untravail plus
complet,
mais
nous avonsété malheureusement quelquefois
gêné par
les exigences de notre vie
unpeu spéciale.
Dureste,ce n'est pas avec
notre
manquetotal d'expérience personnelle
que nous avonsla présomption de résoudre la
question. Nous avons
voulu seulement contribuer à faire
connaître un
procédé qui
nousparaît rationnel et susceptible
a
priori de donner de bons résultats. Car en somme pour fer-
mer un orifice, le meilleur moyen
c'est d'y mettre
unbou¬
chon.
La hernie est une des infirmités"qui
gênent et fatiguent le
plus lesmalades qui
ensont atteints. Nous croyons que les
moindres efforts que l'on fera pour
les
endébarrasser leur
seront finalement de quelque
utilité,
carils seront toujours
faits dansleur intérêt et nous considérons que
dans notre
art médical le praticien ne
doit être guidé
que parcette idée;
soulager et essayer de
guérir
ceuxqui souffrent.
Notre travail est diviséen six chapitres.
1° Quelques
considérations
surl'anneau crural et la hernie
crurale.
2° La
myoplastie; avenir du lambeau musculaire.
3p Description des
divers procédés et technique opératoire.
4° Observations.
5° Indications de la myoplastie.
6° Conclusions.
CHAPITRE PREMIER
Considérations sur l'anneau et la hernie crurale.
Nous n'avons pas la
prétention
derefaire ici la description
de la région crurale etla
pathologie
dela hernie. Cependant
il y a
quelques détails qu'il peut être permis de rappeler.
L'anneau crural est cette ouverture par
laquelle les vais¬
seaux fémoraux sortent de l'abdomenpour se rendre dans
le membre inférieur. Il est constitué en avant : par le bord
inférieur de l'arcade de Fallope; en
arrière
et endehors
par le musclepsoas-iliaque recouvert de
sonaponévrose;
en arrière et en dedans, par lemuscle pectiné recouvert égale¬
ment desonaponévrose.
Cet anneauest en somme un triangle à sommet postérieur
et à base antérieure. Ses dimensions sont variables suivant les individus; il est moins grand chez
l'homme
quechez la
femme, ce qui expliquela plus grande fréquence des hernies
chez celle-ci. Il mesure environ4 à 5 centimètres au niveau de sabase
(Tillaux).
Ilcontient, danssapartie
externe, les vaisseaux fémoraux,
artère en dehors, veine en dedans, renfermés
dans leur
gainecelluleuse. La partie interne est fermée
parle liga¬
ment de Gimbernat,
d'épaisseur
etde résistance variables.
Entre celigament et
la veine
setrouvent des troncs lympha¬
tiques,
le ganglion de Cloquet et de la graisse.
Al'état normal, l'anneau est fermé, en allant
d'arrière
en avant parle péritoine, la couche sous-péritonéale, le fascia
— 14 —
propria de Cooper et enfin le septuin crurale. Cest dans cette
cloison cellulo-fibreuseque se
trouve le ganglion.
Au point
de
vuedes rapports : l'anneau crural est en con¬
tact, en haut avec
le cordon spermatique chez l'homme et
le ligament
rond chez la femme. De plus, il contracte des
rapports
importants
avecles vaisseaux. L'épigastrique passe
en dehors à 10 ou 15
millimètres. Lorsqu'elle donne nais¬
sance àl'obturatrice,
celle-ci
setrouve répondre directement
au ligament de
Gimbernat.
L'anneau crural se continue en
bas
parle canal crural,
sorte d'entonnoir qui
vient
seterminer
aupoint où la
saphène perfore l'aponévrose. La paroi externe est consti¬
tuée par le
fascia iliaca; la paroi interne par le muscle pec¬
tine et son aponévrose,
la paroi antérieure par le fascia cre-
briformis. Il contient les
vaisseaux fémoraux. Le fascia
crebriformis esttraversé par
de nombreux troncs lympha¬
tiques
allant des ganglions superficiels aux ganglions pel¬
viens.
La hernie crurale sort en
général
parl'espace compris
entrele ligament
de Gimbernat et les vaisseaux fémoraux,
descend dansle canal
crural, perfore parfois le fascia crebri¬
formis et vients'étaler
au-devant des vaisseaux sous l'apo¬
névrose
superficielle.
Mais elle peut
adopter diverses variétés sur le lieu de son
issue hors de la cavité
abdominale.
Depuis
Velpcau,
onadmet
unehernie externe sortant souvent
dans la gaine des
vaisseaux et s'étalant sur eux; une hernie
interne,
traversant le ligament de Gimbernat, se dirigeant en
dedans en s'écartant de
plus
enplus du paquet vasculaire;
enfin une hernie moyenne,
la plus
commune,se produisant
entrele ligament
de Gimbernat et les vaisseaux, mais pou¬
vantensuite adopter
des directions un peu différentes, soit
s'étaler sur ceux-ci, soit
descendre le long de ces mêmes
vaisseaux. Nous ne
parlerons
pasdes autres variétés, bilo-
— 15 —
bées, etc., qui n'ont pas de rapports avec
le sujet
que- nous traitons.Bergerdivise les hernies en
complètes
ouincomplètes
sui¬vant qu'elles ont ou non perforé le fascia
crebriformis.
Le sac est en rapport avec le septum
crurale
quela her¬
nie refoule, puis avecle tissu
cellulaire du canal
et avecle
fascia crebriformis. Lorsqu'il est
perforé,
on avoulu lui faire
jouer le rôle d'un anneauinférieur
dansla constitution d'un
canal crural analogue aucanal inguinal. Mais cette
opinion
ne peut être
admise
quepourdes hernies tout à fait récentes,
et l'analogie estloin être
complète. Quand il s'agit d'une her¬
nie ancienne etun peu volumineuse,
il
y afusion entre l'an¬
neau crural des anatomistes et les divers feuillets cellulo- fibreux perforés.
Ainsi l'orifice de la hernie est constitué le plus souvent
par une sorte
d'anneau formé de
quatreparois. Deux résis¬
tantes, surtout l'une, sontfixes ou très tendues:
l'arcade de
Fallope etl'aponévrosepectinéale; les deuxautres manquent
totalement de force : le ligament de Gimbernatet la gaine
des vaisseaux.
Ladifficulté sera donc grande quand il s'agira de fermer
cet orifice. Eneffet, deux des côtés du
quadrilatère, capables
de résister aux tractions faites sur le moment pour les rap¬
procher, n'auront pas la force de résister
à
celles exercéespar les filsetfiniront par se sectionner au
bout d'un
temps plus ou moinslong.
Quant auxdeux autres côtés, la moin¬
dre traction sur eux est absolument impossible.
Deplus ces parties
fibreuses, même si
011arrive à les
rap¬procher, auront peu de
tendance à s'accoler, d'abord
parce que leurnutrition
estfaible, ensuite
parce quel'on
aura mis en contact deux bords sansépaisseur
et nondeux
parois.Et cependant, cet
orifice doit être fermé de toute nécessité,
sans cela pas de cure
radicale. Bresset, dans
sathèse,
cons¬tate quela
simple résection du
sacrentré dans l'abdomen
donne28,8
0/0 de récidives, moins de six mois après l'opéra-
— 16 —
tion, tandis que la simple suture de ces parties
fibreuses
donne8,6
0/0 seulement.
Lasuture de l'anneau est déjà difficilesur un anneau nor¬
mal, combien le sera-t-elle plus
lorsqu'il
s'agirad'un de
ces orificescapables de recevoir deux doigts et plus,chez des
malades à
paroi abdominale
flasque, sans résistance, por¬teursde grosses herniesanciennes dans lesquelles
l'anneau
est devenu depuis
longtemps
complètement fibreux. Il sera alors absolument impossible non pas d'accoler maismême
de rapprochercesparois rigides.
CHAPITRE II
La
myoplastie
;avenir du lambeau musculaire.
Cette difficulté a conduit les chirurgiens à chercher par quel artifice on
pourrait obturer convenablement Panneau
crural, de façonà avoir
unbon bouchon le fermant bien.
C'est ainsi que certains
furent amenés à employer Vautoplas-
tie eten particulier
l'autoplastie musculaire, la myoplastie.
Il y avait
certainement
apriori plusieurs raisons qui mi¬
litaient en faveur de ceprocédé. On
savait
quedes lambeaux
de peau détachés et
déplacés de leur position normale, tout
enleur conservant un pédicule
suffisant
pour assurerleur
nutrition, nedégénéraient
pas etcontinuaient à vivre,
repre¬naient parfaitement sur
les tissus où ils avaient été mis et
remplissaientle rôle
quel'on désirait.
Cet emploi avait été
limité à la
peau,mais il était à pré¬
voir que tous les
tissus de l'organisme,
pourvuqu'ils puis¬
sent se nourrirdevaient continuer à vivre et que le tissu musculaire, en
particulier, était placé dans d'excellentes
conditions par suite
de
sariche vascularfsation. Cependant
on pouvait se
demander si des tissus déplacés
aumilieu
d'autres tissus différents et nejouant plus
ainsi le rôle
au¬quel ils
étaient primitivement destinés
ne setransfor¬
maient pas. En
d'autres termes
:le muscle
parexemple, res¬
tait-il muscleou devenait-il du tissu fibreuxou
conjonctif?
Watson Cheyne, dans un
article
surlequel
nousrevien¬
drons plus
loin, publié dans The Lancet
en1892, supposait
que le lambeau
musculaire
setransformait
entissu fibreux.
Four. 2
Poullet
(de Lyon), faisant en 1895 une communication à la
Sociétémédicale de Lyon, sur
la néphropexie tendineuse au
moyen
des tendons des longs dorsaux, rapporte qu'ayant
opéré un
chien de cette façon, au bout de quatorze mois les
tendons n'avaient pas
été transformés
;et comme il avait dû
forcémentdéplacer
des portions musculaires, il en était de
même pour
celles-ci.
Nous ne connaissions pas
d'autres faits lorsque nous
pûmeslire la thèse de Gesland, qui rapporte le fait suivant :
Son maître,
Schwartz, ayant
eul'occasion de revoir la région
inguinale d'un malade auquel il avait fait, un an aupara¬
vant, la cure
radicale d'une hernie de cette région par un
lambeau prisdans
le grand droit de l'abdomen, constata que
ce lambeau avait
gardé l'apparence musculaire. Gesland
opéra
des chiens et le microscope constata la présence de
fibres musculaires deux
mois après l'opération.
Nous avons, pour
notre part, pratiqué l'opération sur deux
chiens. Nous
primes
unlambeau du pectiné que nous sutu¬
râmes à l'arcade
crurale. Malgré les artifices dont
nous nous servîmes, ces
deux animaux ne gardèrent
pas les
pansements et suppurèrent abondamment; jamais
ilsne furentgênés pour
marcher, sauf dans les deux ou trois
premiers j
ours.L'un, opéré
le 2
mars,mourut vingt jours après d'hémor¬
ragie
intestinale. Le lambeau, examiné microscopiquement
parM.
le professeur agrégé Cannieu, était constitué par
desfibres musculaires,
mais il avait diminué de moitié.
L'autre, opéré
le"! février 1893, fut sacrifié le 2 août, soit
six mois
après.
Laplaie avait mis un mois à se cicatriser.
Le lambeau fut
facilement retrouvé,mais il avait diminué de
moitié etétait réduit à 1
centimètre de large sur 2 de long.
Examinéau microscope on a
constaté la présence de fibres
musculaires au centre, et sur
les bords
unetransformation
fibreuse etélastique
des fibres musculaires. Ce qui peut être
dû à la longue
suppuration subie par les animaux.
Malheureusement, ces
résultats
nesont
pastrès considé-
— 19 —
rables à cause delàsuppuration que les animaux avaient
eue et qui a pu avoir une influence sur la diminution du lambeau et sur son atrophie.
Il nous semblecependant résulter de tous ces faits que le lambeaupnusculaire, conservant sa structure, n'en est que
plus résistant pourremplirlerôlequeFonveutlui faire jouer: fermer l'anneaucrural. Nous verronsqueles résultatssem¬
blentjusqu'à
présent
devoir répondre aux espérances.CHAPITRE III
Description des divers procédés myoplastiques.
Technique opératoire.
La
première trace
quel'on trouve de la myoplastie dans la
littérature médicale estun
article de Salzer (d'Utrecht), dans
Centralblatt fur
Chirurgie du 20 août 1892. Il se servait
d'un lambeau de l'aponévrose
du pectiné qu'il allait suturer
à l'arcadecrurale. Sur
10 opérés,
unseul fut suivi onze mois.
Dans TheLancetdu 5
novembre de la môme année 1892,
Watson Cheyne,
professeur d'Edimbourg, décrit un procédé
de cure radicale au moyen
d'un lambeau musculaire pris
dans le
pectiné. Lorsque l'on rapproche le ligament de Pou-
partde
l'aponévrose du pectiné, dit-il, il se produit de deux
choses l'une : ou bien
l'aponévrose du pectiné résiste et c'est
le ligament
qui est coupé parla trop grande tension des fils,
ou bien, ce
qui est plus fréquent, l'aponévrose du pectiné ne
résiste pas et
c'est elle qui est coupée. Il faut un tissu qui
bouchelecanal crural sans
être tendu.
Il eutl'idée d'employer
le fasciapeetinéal, mais il le trouva
mince et lui préféra
le muscle pectiné lui-même. Il y avait
déjà un an
qu'il s'occupait de la question au moment où il la
mit en pratique,
et pendant
cetemps-là, dit-il, « je n'ai pas
trouvé d'indication que cette
idée soit
venueà quelqu'un ».
C'est alors
qu'il eut connaissance des travaux de Salzer, qui
n'employait
quele fascia.
Watson Cheyne
procède de la manière suivante : la hernie
réduite, il lie le sac
et le fixe à la paroi abdominale, Il prend
alors dans le
pectiné
unlambeau
assezgrand
pourbouclier
le canal crural sansêtre tendu et comprenant toute
l'épais¬
seur du muscle. L'incision du muscle a la forme d'une courbe à concavité supérieure. Aux
deux
anglesinférieurs,
il met deuxfils,puis le muscle ayant été
détaché
de l'os etre¬levé il passe les
fils, l'un le plus
internederrière le ligament
de Poupart etvient le fixer à la paroi abdominale, au-dessus
du ligament ; le plus externe est fixé au ligament lui-
même. Le canal crural est fermé parun
épais
tampon mus¬culaire, et alors même
qu'ily
auraitatrophie du lambeau, dit
WatsonCbeyne, il resterait toujours une bonne masse fi¬
breuse.
Le chirurgien anglais donne ensuite deux observations datant de 1892. Les malades ont été revus peu de semaines
après.
Mais dans le courant de cette même année,Stonham, autre chirurgien anglais, dans une lettre aux rédacteurs du jour¬
nal The Lancel, datée du 10 novembre, réclame la priorité :
Depuis l'automne de
1888, dit-il,
j'ai employépourla cure ra¬dicale de la hernie crurale,
l'opération
décrite par M. Wat¬son Clieyne, avec cette
différence
queje
n'ai pas pensé qu'ilfûtnécessaire de
disséquer
tout le muscle, me contentant de l'aponévrose etd'une partie du pectiné. Il ditque les raisons qui l'y ontmené
sontles mêmes
quecelles de
W. Cheyne.Il
a fait, depuis 1888 jusqu'à cette époque, trois opérations qui ontparfaitement guéri etqui n'ont réclamé ensuite ni ban¬
dages, ni tampons. Il trouve que
l'opération
est sûre, facileetdonne de bons résultats.
Sinous avons donné presque en entier cet article, c'est que lorsque
Stonham
apublié
cesrésultats, ils dataient déjà de
plusieurs annéeset avaient
en sommeplus de valeur
queceux de W. Cheyne. Il est vrai qu'il ne
dit
pas s'il a suivi ses malades.En 1893, Schwartz, dans une communication au?-Congrès français
de
chirurgie, décrit unprocédé de myoplastie
dans
lequel
il emploie le muscle moyenadducteur.
Pourcela,
après avoir traité le
sac commeà l'ordinaire, il ouvre
la gaine de ce
muscle
par uneincision longitudinale de
6 centimètres environ. Il taille dons le moyen
adducteur
un lambeau plus largequel'orifice à combler. Ce lambeau
ala
forme d'un U. L'ayant
disséqué,
011le retourne et
onl'en¬
châsse dans l'anneau crural
auquel
onle suture
pardes
soies et du catgut. La
gaine du muscle est refermée
par quelquespoints de suture.
Au Congrès
français de Chirurgie de 1895, Poullet (de Lyon)
adécrit
unprocédé dans lequel il emploie le tendon
du muscle premier
adducteur. Il
nele décrit
quedons la
hernie inguinale,
mais le dit applicable à la hernie crurale.
Depuis, il a
fait
auCongrès de 1896
uneautre communica¬
tion dans
laquelle il modifie
sonprocédé primitif en
employantle tendon du triceps crural. Il
nele décrit pas
dans l'application
à la hernie crurale.
Dans cette même année 1895, Kromer, dans
les Arch. f.
Klin.
Chirurgie après avoir constaté
queles procédés consis¬
tant en la simple suture
réussissent
peu,énumère les
procédés
suivants
: «détacher du pubis
parune opération
compliquée un
lambeau pédiculé du périoste et l'implanter
dans l'ouverture ». Outre que
l'auteur n'a
pas eud'excellents
résultats, il est
difficile d'enlever du pubis, qui est étroit,
un large lambeaudu périoste et il
y adanger de nécrose. Il
parle
ensuite du procédé de Frey, lambeau fibreux pris dons
le ligament de
Poupart. Il
enarrive enfin à préférer
unprocédé
assezcompliqué dans lequel il prendrait un lambeau
fibreux dans le ligament de Poupart
et
unlambeau
muscu¬laire dons le moyen
adducteur
oule pectiné.
De même que
Scliwartz, Kramer n'appliquerait la
myo-plastie qu'aux
hernies crurales volumineuses.
Au 2eCongrès
pan-américain, tenu à Mexico
ennovembre
1896, M. de Garay
(de Mexico)
adécrit
unprocédé de
cure radicale dont voici les divers temps,d'après le
compterendu de laSemaine médicale, du 23
décembre
1896.1° Incision de la peau et
traitement du
sacd'après les
méthodes connues. 2° Autre incision de
la
peaule long du
bord interne du couturier que
l'on découvre. 3° On divise
ensuite ce muscle endeux moitiés par une
incision longitu¬
dinale
parallèle à
sesfibres. 4° On sectionne transversale¬
mentla moitié internedefaçon
à obtenir
unlambeau interne longitudinal.
5°On fait
uneincision de la peau réunissant
celle qui a été
pratiquée
auniveau de la hernie à celle qui a
découvert le muscle. Cesincisions
représentent
uneH irré¬
gulière. 6° On
porte alors le lambeau musculaire dans
l'incision transversale. 7° On suture
l'extrémité du lambeau
musculaire à l'arcade crurale, au ligament
de Gimbernat et
au pectiné.
8° Enfin
onsuture la
peau.Avecde légères
modifications, ajoute l'auteur,
onpourrait
appliquer ce
procédé
auxhernies inguinales. 11 dit même
qu'il est
plus rapide
quele Bassini.
Voilà toutce qui, croyons nous,
existait
surla myoplastie
dons la cure radicale des herniescrurales
lorsque parut,
en 1897, la thèse deGesland, qui
nous abeaucoup servi. Il décrit
le
procédé de
sonmaître Schwartz, qui emploie le moyen
adducteur, et il donne septobservations. Sur
cenombre, il
n'y a qu'une
récidive
aubout d'un
an,mais l'auteur avoue
lui-même que certaines
de
cesopérations sont bien récentes.
Il ne propose ce
procédé
que pourles
grosseset les moyen¬
nes hernies pensant que
la suture de l'anneau suffit
pourles petites. Il
est d'avis qu'ils doivent porter
unbandage
pendantsix
mois.
Voilà tous les procédés de
myoplastie employés jusqu'à
ce jour pardifférents chirurgiens. Nous allons voir les qualités
de chacun d'eux.
Nous ne nous arrêterons pas aux
procédés de Salzer et de
Poullet, qui sont
plutôt de l'autoplastie tendineuse. Le
fascia
pectinéal est bien mince
pourrésister à la pression
des viscères; quant aux
tendons du premier adducteur
ou du tricepscrural, il
noussemble
quel'opération doit être
plus
compliquée. De plus,
cesmuscles ont
unrôle plus actif
que le
pectiné
;enfin,
ons'est contenté de dire le procédé
applicable à la hernie crurale sans le décrire et sans donner
derésultats.
Celui de Krapierest bien
compliqué
:deux lambeaux,
un tendineuxetun musculaire; nousn'en connaissons
pas nonplus les résultats.
M. deGarayest
allé chercher bien loin
cequ'il avait bien
près. Cette sangle passant au-dessus des vaisseaux, ne sera-
t-elle pas un
danger constant pouvant causer des œdèmes et
des varices. De plus,
toutes
cesincisions de la
peauen II
sont un bien grand
luxe et font beaucoup de délabrement.
Cnfîn, il est bien
difficile d'apprécier
uneméthode rien
qu'avec
le manuel opératoire,
sansobservations ni résultats
quelconques.
Le
procédé de Schwartz serait préférable
:une seule inci¬
sion suffit; le
muscle est plus voisin
;mais nous lui ferons
cependant
le même reproche d'aller chercher plus loin ce
que l'on a tout
près. Gesland reproche
aupectine d'être trop
près
desvaisseaux; il n'y aurait rien è dire à cela, si les
vaisseaux étaient bien fixés immobiles. Au
contraire, il est
facile d'isoler tout lepaquet et
de le récliner
enle protégeant.
Ainsi plus de
craintes. Quant à l'épaisseur du muscle
pectiné, elle est bien suffisante pour que l'on ne soit pas
.obligé de le
prendre tout entier, et qu'un lambeau suffise,
sauf dons des cas toutà fait
exceptionnels. Quant à
enpriver
l'économie, je ne
crois
pas quel'on puisse avoir à ce sujet
beaucoup de
scrupule,
vule faible rôle que joue le pectiné.
Ce rôle est le même que
celui des adducteurs qui le
suppléentsans
peine. Ce serait même là une raison pour le
prendre
plutôt qu'un de
cesderniers qui ont un rôle plus
important.
Quantaux
procédés de Watson Clieyne et de Stonham, ils
diffèrent en somme peu de
celui de notre maître. Le premier
est un peu
exagéré dans la quantité de muscle qu'il prend
et
peut-être
celambeau est-il fixé d'une façon un peu légère
pardeux
points seulement. Il est regrettable que ses malades
n'aient pas été
suivis plus longtemps et qu il ne donne pas
— 26 —
de détailssur la façon
dont ils marchaient
au début de leur guérison.Quant à Stonham, il donne trop peu
de
renseignementsdans sa lettre pour que
l'on
puisse juger son procédé.Enfin,depuis 1894,
le professeur Lanelongue
emploie, d'une façon courante, unlambeau du pectiné
pourla
cureradicale
de toutes les hernies crurales. La hernie elle-même est traitée de la
façon ordinaire
;puis il prend dans le muscle pectiné
unlambeauquadrilatère
comprenantl'aponévrose
etune partie du
muscle.
Celambeau
estrelevé
et suturé àl'arcade crurale par quelques points de catgut. On referme également la gaine du muscle par un surjet au catgut, la
peau est suturée avec
du crin de Florence.
Les observations que nous rapportons sont faites
d'après
ce procédé et on verra que les résultats ensont satisfaisants.
Nous occupant surtout de la myoplastie nous n'aurions
pas
à
parler icides
autresprocédés autoplastiques
ouliété-
roplastiques, nous pouvonscependant les
passerrapidementen revue.
Nous avons déjà
parlé
del'autoplastie
tendineuse de Poul-let. Le
procédé
deDelagénière
peut être considéréégalement
comme une autoplastie de ce genre. Les trois observations publiées ont
donné de bons résultats, mais
n'y a-t-il pasà
craindre en sectionnant l'arcade crurale et en l'abaissant d'agrandir le canal inguinal et de ne fermer une porte que pour en ouvrir une autre. Surtout chez certains malades à
tissus flasques sans
résistance,
on peut peut-être faciliter ainsi la production deshernies inguinales.
Trendelenburg a
employé
dans les cas de grosses herniesun lambeau ostéo-périostique taillé aux dépens des os
pubiens
et de lasymphyse, lambeau qui
est ensuite ren¬versé sur l'anneau crural, le périoste faisant charnière et assurant la nutrition.
D'après
Hackenbruch, ce procédéaurait encore besoind'être expérimenté.
Thiriar interpose un transplant osseux entre le péritoine
et la paroi abdominale au niveau de l'anneau herniaire.
— 27 —
C'est une plaque d'os décalcifié que l'on maintient par des
sutures. Il serésorberait peu à peu et serait remplacépardu
tissu fibreux. Il rapporte 21 cas, mais 2.fois il fut obligé d'enleverle transplantosseux qui entretenait une suppura¬
tion abondante. La difficulté d'obtenir de l'os décalcifié asep¬
tiquesera une raison qui fera rejeter ce procédé, quand sa
complication ne suffirait pas ainsi que pour le
précédent.
Technique
opératoire.
Nous avonsfait quelques essais sur le cadavreet,
à
la suitede cela, voici comment nous comprendrions l'emploi de la myoplastie au moyen du pectiné.
Premier
temps
:Incision de la
peau. —On fait
engénéral,
pour la hernie crurale, une incision
transversale parallèle à
l'arcade crurale. Cette manière de faireestdictéeparla forme générale dela tumeur, mais
elle
estmal
commode pour aller disséquer lemuscle pectiné.
L'incision verticale qui semble au
premier abord donner
plus defacilité peut devenir gênante
pourlibérer le
sacversla partie externe,
surtout si la hernie s'étend de
cecôté
d'une façon un peu exagérée.
Nous croyons qu'il serait
préférable de réunir
ces deuxformes d'incision :uneincision transversale surla tumeur et
une incision verticale descendant en bas et passant environ
à 2 centimètres en dehors du pli génito-crural. Cette der¬
nière aurait environ 4 centimètres de longueur. Mais
comme il faut autant que
possible
éviterles
tournants brusques qui font des cicatricesvicieuses,
onarrondirait
l'angle de réunion de ces deux lignes. Onaurait ainsi
une incision recto-curviligne formant un angle obtus ouvert en bas et en dehors. Cette incision donne suffisamment de place pourlibérer
la hernie etdisséquer le lambeau.
Deuxième temps :
Cure de la hernie.
—La
peauayant été
incisée, la hernie mise à nu est traitée de la fa;onordinaire,
le saclibéré, ouvert,
lié, réséqué et rentré. On s'occupe alors
de la cure radicale
proprement dite.
Troisième temps:
Mise à
nude la surface pectinéale.
—A
cemoment on se trouve en
présence d'un entonnoir plus
oumoins irrégulier,
suivant
quel'on
adébridé la hernie sur le
ligament
de Gimbernat
ou surl'arcade crurale, mais ayant
en général la
forme d'un triangle à base antérieure et à
sommet
postérieur.
Pour le fermer, il faut
prendre
unlambeau aussi grand
que
possible du pectiné et d'abord mettre à nu la surface
pectinéale.
On commenced'abord par
isoler tout le paquet vasculaire, jusqu'à l'endroit où la sapliène tend à venir passer devant le
pectiné;
oncharge cette veine et tout le paquet vasculaire
sur unécarteur pour
le récliner
endehors et
enmême temps
le
protéger.
Du côté interne, on dissèque
la
peauet les parties
sous- jacentes,de façon à bien mettre à nu le bord interne du
musclepectiné. En
découvrant le muscle
ontrouve en géné¬
ral un petit paquet
vasculaire qui l'aborde par sa face an¬
térieure; on
peut le lier préalablement à la section du
muscle.
Quatrième temps :
Dissection du lambeau.
—A ce moment
on mesure la quantité de
muscle dont
on abesoin
pourfer¬
mer l'anneau crural. Il vaut mieux le
prendre beaucoup
plus
grand qu'il n'est nécessaire, et même peut-être tout ce
que l'on peut.
Donc,
surtoute la largeur du muscle on sou¬
lèvera avec ledoigt ou la sonde
cannelée l'épaisseur
quel'on
jugera
nécessaire
pour assurerla nutrition de la partie dis¬
séquée.
11
enfaudra environ
uncentimètre à un centimètre
et demi. Ce lambeau étant bien
isolé,
on enfera
unesection
en biseau allant de bas en hautet
de dedans
endehors, de
façon quele bord interne soit plus long que le bord externe.
Cette section sera faitede préférence avec
les ciseaux;
onaura ainsi moins de chancesde
blesser les vaisseaux dans
lecas où ilséchapperaient
à l'écarteur.
— 29 —
Cinquième temps
:Mise en place du lambeau. — Le lam¬
beau ainsi
disséqué, est relevé
enhaut, en tournant autour
de son insertion
supérieure qui joue le rôle de charnière. Il
subiten même temps un
léger mouvement de torsion, de
sorte que
le bord interne devenant supérieur vient s'appli¬
quer
contre l'arcade crurale ; le bord externe devenant infé¬
rieur vient
s'appliquer contre les vaisseaux, et l'extrémité
inférieure devenant
externe
seporte dans l'angle formé par
l'arcade etl'artère
fémorale.
Le lambeau recouvre
ainsi le ligament de Gimbernat ou
ce
qui
enreste, la région du septum crurale et le vide qui
existe au-dessus des
vaisseaux, surtout au-dessus de la
veine,
après
quel'on
aréduit la hernie. Il ne faut pas se con¬
tenterde l'appliquer
contre l'anneau, mais on doit l'enfoncer
comme on ferait d'un
bouchon dans l'espèce d'entonnoir
qui se
trouve là, de façon à ce qu'il ne reste pas derrière lui
de petit
cul-de-sac pouvant servir d'appel à une pointe de
hernie ou favoriser la
stagnation de liquides.
Sixième temps :
fixation du lambeau.— On suture ensuite
le lambeau avec du
catgut à toute la longueur de l'arcade
crurale,
depuis
sonextrémité tout à fait interne au point
d'insertiondu
pectiné jusqu'à la gaine des vaisseaux et à la
bandelette
ilio-pectinée si
onla voit, ce qui doit arriver rare¬
ment. Enfin, avec une
aiguille fine, on le fixe à la gaine des
vaisseaux.
Ilnoussemble que
de cette façon, avec un lambeau très
grand,
onarrive à obturer convenablement tout l'orifice de
l'anneau crural. Cequi est
à rechercher,plutôt que de fermer
simplement l'orifice de la hernie, fait qui doit se produire
lorsquel'on
prend
unlambeau trop petit. Dans ce cas les par¬
tiescircumvoisinesdu
lambeau étant toujours aussi faibles,
la hernie pourra
avoir
unetendance à se reproduire à côté,
surtout si le sacn'a pas
été fixé à la paroi abdominale.
Septième temps.
—On referme ensuite la gaine du pectiné
ensuturantl'aponévrose
du premier adducteur à celle du
psoas
iliaque, de façon à reconstituer le plancher du canal
— 30 -
crural. On refait de la même manière laparoi antérieure du canal en accolant les aponévroses superficielles. Comme en isolant les vaisseaux on est descendu au-dessous de la limite inférieure de l'incision, il est bon de faire une contre-ouver¬
ture au fond de laplaie afin d'ypasser un drain. L'incision recto-curviligne est ensuite refermée par des suturesaux crins deFlorence, et l'on fait un pansement légèrement com-
pressif.
L'opéréune fois rapporté
dans
son lit, dans quelle positionva-t-on lui mettre lemembre inférieur ?
Il semblerait que la flexion de la cuisse sur l'abdomen serait de nature à favoriser la prise du lambeausurl'arcade et la cicatrisation du muscle entamé en le mettant dans le relâchement. Mais, d'autre part, est-ce que les deux portions
du muscle séparé n'ont pas une tendanceà serejoindrepour se ressouder, tendance qui serait favorisée elle aussi par la
flexion. Quelques malades dont nous citons plus loin les
observations ontprésenté cetteflexion d'une façon spontanée
et en mêmetemps
exagérée,
car elle fut très longue à dispa¬raître et les gêna pour la marche alors quela plaie
était déjà
cicatrisée. Nous croyons que dansces conditions il ne faut pas favoriser la flexion et au contraire mettre le membre dans l'extension
complète
et veillerà
ce qu'il y reste.CHAPITRE IV
OBSERVATIONS
Observation I
(Recueillie dans le Service du professeurLanelongue).
Jeanne B..., âgée de quarante-trois ans, entre à
la salle 8 le 26
sep¬tembre 1895, pour une double hernie
crurale. Celle de droite fait saillie
beaucoup plus quecelle ducôté opposé. Elle date de huit
ans.A droite,
la malade aporté
longtemps
unbandage qui la gênait et contenait mal
l'intestin.
Le30 octobre, cureradicale double. M. le professeur Lanelongue, ttprès avoir ouvert etincisé
le
sacqui
estdéshabité, prend
surle pectiné
et son aponévrose un
lambeau long de 3 centimètres environ et le
suture àl'arcadedeFallope. Une seconde suture
répare la brèche faite
au pectiné.
Cette malade fut revue au début de 1898 par M. le
professeur
Lane¬longue, elle allait très
bien
et neprésentait
aucunerécidive, soit plus de
deux ans après
l'intervention.
Observation II
(Recueillie dansle Service du professeur
Lanelongue.)
Jeanne L.... soixante ans, entre le25 octobre
1895
pourhernie
cru¬rale droite. Elle s'est aperçuede sa
hernie il
yaseulement
unedizaine
de jours.
- 32 —
Opération le
30 octobre. Kélotomie,
sacdéshabité. Résection du
sac. Suture d'un lambeauprissur le
pectiné à l'arcade de Fallope.
Suitesopératoires
normales,
exeatle 20 novembre. Au début de jan¬
vier 1898, nous
a^ns
retrouvéla malade, qui était marchande des
rues et peinait beaucoup,
elle
nous adit
quedepuis
un oudeux mois
elle souffrait parfois du bas-ventre.
Elle n'a
pas su nousdire si
saher¬
nie étaitressortie, et, l'ayantretrouvée dans
les
rues, nousn'avons
pul'examiner.
Enjuillet 1898, nous sommes
allé à
sondomicile, elle était morte
depuis un mois; safille
nous adit
queles douleurs
quela malade
éprouvait avaient
subsisté, mais qu'elle avait continué à travailler et
étaitmortesubitement d'unehémorragie
cérébrale,
avaitdit le médecin
appelé à cetteoccasion.
En somme, on ne peutdire
s'il
ya eurécidive, mais c'est
peu pro¬bable, la malade ayant continué à
travailler, et elle peinait beaucoup
danssontravail.
* Observation III
(Recueillie dansle Service
du professeur Lanelongue.)
Jeanne 0...,
quarante-neuf
ans, entrele 14 janvier 1897, salle 8,
lit29,pour hernie
crurale étranglée depuis
unjour. L'intestin,
enbon
état, estrentré dans la cavitéabdominale. Cure
radicale.
Dimanche 17. A des selles abondantes.
23janvier. On
enlève les points de suture, plaie
entrès bon état.
29janvier. Exeat.
Cette malade a étérevue enjanvier,
puis
ennovembre 1898. Elle
va trèsbien ettravaille aux champssans aucunegêne.
Observation IV
r
(Due à M. le Dr O'Zous.)
Le 26 novembre 1897,je suis, en
l'absence du chef de clinique de
M. le professeur Démons,
appelé dans le service de
cemaître, où l'on
vientde conduire un homme qui porteune
hernie étranglée.
— 33 —
Cet individu avait, depuis très longtempsdans l'aine droite,unepetite
tumeur qui nedisparaissait jamais, mais qui nelui occasionnaitjamais
non plusde gêne; elle était du volumed'une grosse noix.
Le 25 novembre 1897, cet homme, au moment de partir pour les champs, ressentune douleur vive auniveau de satumeur, en même temps apparaissent des coliques violentes, des vomissements bilieuxqui deviennent alimentaires etde lasensibilité du ventre. Il fait appeler un
médecin, dont il n'attirepas l'attention du côté de sa tumeur, et qui, ne
pensantpas non plus à une hernie, ordonne un purgatif; les coliques redoublent. Un deuxième médecin appelé reconnaît l'étranglement et envoie le maladeà l'hôpital, onil entrele 20novembre au soir.
Amon arrivée,je trouve unhomme deboutet enbon état général ; lesphénomènes aigussont amendés et il ne souffre que très peu, son
visage cependantest tiréet agardé une réelle expression de souffrance.
L'homme unefois déshabilléet couché, l'examendela régionmontre: une tuméfaction générale du pli de l'aine, allongée dans le sens du pli
et qui a son maximum en dehors du milieu de l'arcade. La recherche de la
lig'ne
ilio-pubienneme montre qu'elle siège au-dessous de cette ligne,etquej'ai affaire à une hernie crurale. J'explore le trajet ingui¬nalqui est trouvé complètement libre. Le palper de latumeur révèle:
tumeurallongée parallèlement à l'arcade, du volume d'une petiteman¬
darine, dure, résistante, bosselée, terminée en dehors par une saillie pointue; elle présenteunpédicule qui plonge dans la partie supérieure
dela cuisse et en dehorsduquel on sentles battements fémoraux.
Lapercussion révèle: matité absolue.
Je
ne tente pasde taxis, bienquela marche de l'affectionet la bénignité des accidents, lescaractères delatumeur me fassent penserà unehernieépiploïque.
J'interviens avecl'aide de MM. les internes de garde.
Opération. — Incision verticalesur l'arcade de Fallope et un peu
en dedans du pédicule. La tumeur herniaire unefois àpeu prèslibérée de ses enveloppescutanées et fibreuses etne tenant plus que par son
pédicule,j'enexamine la partie pointue ; celle-ci est transparente, fluc¬
tuante, contientunliquide rosé ; elle estunecavité close, donc unkyste.
Unpeu au-dessous, une deuxième bosselure est également un kyste, et j'en sens d'autres de ci de là; d'un coup de ciseaux j'ouvre celui de la pointe: la paroi en est séreuse ; ilse vide; mais les autres demeurent
Four. 3