Influence de la compétition et de la disponibilité en eau
sur
l’importance de l’aubier du douglas
H. POLGE Recherches sur la
LN.R.A., Stutlon cle Recherche.1 sur la Qualité des Bois.
Centre de Recherche.s /ore.stières cfe Nancy, Chnmpenoux, F 54280 Seichamp,1
Résumé
Les 334 arbres étudiés sont des douglas de 11 provenances différentes
âgés
de 13 ansdont une moitié a été irriguée en 1976 et 1977 et l’autre non. L’aubier a été délimité par 2 méthodes : sur la base de sa teneur en eau
supérieure
(par comparaison des radio- graphies à l’état frais et à l’état sec de carottes de sondage de 5 mm) et par sa différence decouleur,
observée sur la carotte sèche. Deux modalitésd’expression
ont été utilisées : la largeur et le nombre d’années.Un
décalage
de presque un an et de 5 mm dans le sens radial existe entre la méthode couleur et la méthode humidité, la duraminisation intervenantpostérieurement
audépart
de l’eau.
Aucun effet provenance n’a été observé, mais il existe un très fort effet ligne dû
aux 2 lisières où l’aubier est
plus
large, mais s’étend sur unplus petit
nombre d’années.Ce nombre est très
significativement
plus élevé dans les arbresirrigués
que dans les témoins et la largeur y estsupérieure.
Les corrélations entre les deux méthodes sont très étroites, mais celles qui ont été calculées entre les deux modes d’expression ne sont pas
significatives ;
la raison en estque nombres et largeurs varient en sens contraire chez les dominants et dans le même
sens chez les dominés.
De très nombreuses zones sèches ont été dénombrées dans
l’aubier ;
lesplus fréquentes
ont une
largeur supérieure
à 0,5 mm dans le sens radial et se trouvent dans le bois initial. Il est difficile d’expliquer leur présence par des facteursclimatiques
simples, maisune liaison négative très significative a été mise en évidence entre la fréquence de ces
zones sèches et la densité minimale annuelle du bois.
1. Introduction
1.1.
Importance technologique
de la durarniui.ra!iortLa transformation de l’aubier en bois de coeur entraîne des modifications
chimiques
(dépôt
de substancesphénoliques, disparition
del’amidon)
etphysiques (formation
dethylles
dans les vaisseaux desangiospermes
etblocage
desponctuations
aréolées chezles
gymnospermes) qui
conditionnent souvent leurspossibilités d’emploi :
Le cas le
plus
net est celui des feuillus durs pourlesquels
la normefrançaise
NF 53-501 exclut du classement en avivés de choix
exceptionnel
ou de 1&dquo; choix toutepièce comportant
del’aubier,
et ne tolère laprésence
d’aubier que sur une face pour le classement en 2&dquo; et 3’ choix. Cesspécifications s’expliquent
par l’altérabilité de lapartie
vivante de l’arbre(en
raison de laprésence
de matières nutritives de réserve et des facilités de communication entrecellules)
et, àl’inverse,
par la relative résistance du duramen aux attaques des divers agentsbiologiques
dedégra- dation,
que lui confèrent l’absence de matériauxglucidiques assimilables, l’impré- gnation
de ses cellules par des substancesaromatiques
dont certaines exercent uneaction
antifongique
et l’existence d’obstaclesphysiques
pour le passage entre élémentsanatomiques
ou à l’intérieur de ceux-ci.Cependant,
laprésence
d’un aubierimportant
ne constitue pastoujours
undéfaut : elle est au contraire recherchée pour les bois de
papeterie
d’unepart
en raisonde sa
plus grande
accessibilité auxliqueurs
decuisson,
d’autre part du fait desdépenses
accrues de blanchimentqu’entraîne
souvent la forte coloration du bois de cxur.Par
ailleurs,
si l’aubier estplus altérable,
il estaussi,
parchance, plus
facile à traiter par desproduits
depréservation :
c’est ainsi que pour l’essencequi
nousintéresse
ici,
ledouglas,
la norme canadienne A 56-1942 concernant les utilisationsen
pilots impose
unelargeur
minimale d’aubier de 20 mm pour les bois soumis à un traitementantiseptique (pour
les bois nontraités,
aucontraire,
est fixée une limitemaximale à ne pas
dépasser :
20 p. 100 sur le diamètre au gros bout).Les
problèmes
de circulation des fluides dans l’aubier ne sontcependant
pastoujours simples
àrésoudre,
et certaines anomalies restent difficiles àexpliquer ;
unedes
plus
notables concerne le genreépicéa
où certainesespèces
de l’Est canadien(l’icea glauca,
Piceamariana,
Picearubens)
ont un aubier relativement accessibleaux
produits
depréservation,
alors que notreépicéa
commun(Picea abies)
est au contraire réfractaire à tout traitement.1.2. Caractères
distinctifs
de l’acebier et du bois de cœurUn certain
nombre,
de naturechimique
ouphysique,
mais en rapport pour ceux-ci avec l’anatomie dubois,
ontdéjà
été mentionnés auparagraphe précédent ;
ce ne sont pas les
seuls,
et, parailleurs,
ils neprésentent
pas un caractère degénéralité
absolue :
ainsi,
l’absence d’amidon dans les cellules deparenchyme
ne suffit pas pour prouverqu’il
y aduraminisation,
car sa teneur à l’intérieur même de l’aubier varie considérablement en fonction de l’activitéphysiologique
de l’arbre(B AMBER
&
HotvtrHREYS, 1965),
et il peutdisparaître complètement
avant la limite du boisde coeur. La cessation de toute activité
biologique
est, elleaussi,
souvent considéréecomme liée au passage au
duramen ;
il acependant
été démontré(F REY -W YSSI - ING
&
Boss H nxo, 1959)
que les noyaux cellulaires deviennentplus petits, puis disparaissent,
et que les mitochondries peuvent ne
plus
être fonctionnelles bien avant cette limite.Certains critères ne caractérisent la duraminisation
qu’au
niveau del’espèce
ou du groupe
d’espèces :
ainsi les cellules des canaux résinifères radiauxs’épaissis-
sent-elles par formation d’une membrane secondaire dans le bois de cxur des
pins
de la section
Haploxylon,
mais non dans ceux de la sectionDiploxylon (B AMBER ,
1970et
B AMBER , 1972).
Un des caractères les
plus importants
deséparation
de l’aubier et du bois decoeur est le taux d’humidité du
bois,
lui-même lié auxpossibilités
de transport d’eauet de sève brute dans la
partie
vivante de l’arbre.Mais,
làaussi,
la réalité estcomplexe :
comme l’a montré STEWART(1967),
ilexiste,
à l’intérieur del’aubier,
des variations notables
résultant,
d’une part, des fluctuations en fonction des besoins de latranspiration,
du fluxqui
transite par les couches lesplus
externes dubois,
d’autre part, de la
présence,
dans les zones moyennes et internes de ce même aubier, d’un stock d’eau variable pouvant, en cas debesoin,
alimenter le courant ascendant via leparenchyme
des rayons.En
règle générale,
la teneur en eau de l’aubier varie en raison inverse Ge sa vitesse d’ascensionqui,
elle-même augmente avec lalongueur
des éléments conducteurs libred’obstacle,
c’est-à-dire avec lalongueur
entre deux cloisons suc- cessives dans le sens vertical.Ainsi,
les vitesses diminuent de 50 à 5puis
à0,5
m/h en moyenne en passant des feuillus à zone poreuse aux feuillus à poresdiffus, puis
auxrésineux,
et,corrélativement,
le taux d’humidité de leur aubier augmentedepuis
des valeurs inférieures à 75 p. 100 pour lespremiers
à des valeursvoisines de 100 p. 100 pour les seconds et
supérieures
à 130 p. 100 pour les derniers.Une délimitation aubier-bois de cxur basée sur leur différence de teneur en eau sera donc relativement facile à obtenir chez les gymnospermes,
malgré
laprésence
occasionnelle dans le
premier
de zones sèchesplus
ou moins étroites etplus
oumoins
marquées (P OLGE ,
1964). Le cas desangiospermes
est assezdifférent, puisqu’il
y arrive
même,
comme chez les caryas, que ce soit le bois de coeurqui présente
letaux d’humidité le
plus
élevé.1.3. Déterminisme
physiologique
de la duraminisationLa transformation de l’aubier en bois de coeur a
longtemps
été considérée comme résultant d’unphénomène
naturel devieillissement, puis
de mortalité sous l’effet d’une accumulation depolyphénols atteignant
un seuil de toxicité(R UDMAN , 1966),
d’une accumulation d’air dans un tissu cellulaire devenu clos
(PR!ESTEEY, 1932)
oude la dévitalisation du
parenchyme
par desmicro-organismes (Margaret
CHAT-TAWA Y,
1952).
Cependant
BAMBER(1975)
a émisl’hypothèse, étayée
par un certain nombred’éléments de preuve, que la mort des cellules de
parenchyme
est laconséquence,
et non la cause, de la formation du bois de cœur. Celle-ci résulterait d’un processus de croissance
secondaire, analogue
à la chute des feuilles ou à la maturation desfruits,
déclenché par une substance hormonale circulant defaçon centripète
dansles rayons et
atteignant
son seuil d’efficacité à la limite du bois de ooeur, où nepouvant plus
avancer, elle s’accumuleraitpuis
diffuserait dans unplan tangentiel.
Pour
justifier
safaçon
devoir,
il note que certains processusphysiologiques
sontrelativement intenses dans la zone de transition comme la
respiration
ou même ledéveloppement cellulaire,
avec la formation desthylles
ouparfois l’épaississement
des membranes
(canaux
résinifères radiaux ou rayonsmédullaires).
Observantqu’il
existe le
plus
souvent des corrélations étroites entre le diamètre des arbres et lalargeur
de leur
aubier,
il en déduit que la duraminisation est un processusrégulateur
destinéà limiter la surface relative de celui-ci au strict niveau nécessaire à la conduction de la sève et à
l’approvisionnement
des cellules vivantes en matières minérales et enhydrates
decarbone,
la transformation en bois de coeur des couches internes devenues inutiles dans cetteoptique compensant l’apparition
de nouvelles couches du fait de la croissance cambiale.Le but du
présent
travail n’est pasd’approfondir
les mécanismesphysiologiques
en cause dans la duraminisation du
bois ;
il a seulement étéentrepris
pour tirerparti
d’un
dispositif expérimental,
certes très peu satisfaisant dupoint
de vue del’analyse statistique,
mais àpartir duquel
ilparaissait possible
d’étudier leseffets,
sur la for- mation du bois de coeur, de ladisponibilité
en eau desarbres,
de leurvigueur
etde leur hérédité au niveau
infraspécifique.
2. Matériel et méthodes
2.1.
Dispositif expérimental
Les observations dont il est rendu
compte
ici ont été faites sur desdouglas
verts[Pseudotsuga
menziesü(Mirb.) Franco]
de 11 provenances différentes(10 d’origine
américaine et une provenance artificielle
française),
installés auprintemps
1965 dansl’agrandissement
de l’Arboretum d’Amance(Meurthe-et-Moselle).
Chacune d’elles y estreprésentée
par unplaceau
de 10lignes,
à raison de 4 arbres parligne,
à uneéquidistance
de1,80
m, sansrépétition.
Leplan
dudispositif
est donné enfigure
1.Zone irriguée : irrigated area.
Neutre : neutral.
Code des provenances : code name of provenances.
N° des
lignes :
nlllnber of the lines.Limite entre provenances : Provenance boundaries.
En
1976,
cedispositif
a été utilisé pour étudier l’influence de l’alimentation en eau sur la croissance des arbres(Auss E rrnc, 1980),
en comparant des arbres soumis à la sécheresse sévèrequi
sévit cette année-là à d’autres ayant bénéficié d’uneirrigation compensatrice
à l’aide d’unsystème goutte-à-goutte.
Enpratique,
les arbres deslignes
1 à 4 ont reçu en 1976 enapport
artificiell’équivalent
de 414 mm depluie,
et en
1977, l’équivalent
de 172 mm. Une ration de survie de 25 mm a été délivréeaux témoins des
lignes
5 à 8 en1976,
les deuxlignes
intermédiaires étant considéréescomme neutres.
2.2.
Echantillonnage
Tous les individus encore vivants en 1978 ont été
étudiés ;
ilsreprésentaient
untotal de 334 arbres sur
352,
les 18manquants
serépartissant
entre un minimum dezéro et un maximum de 5 par provenance, entre un minimum de 1 et un maximum de 5 par
ligne,
et affectant à raison de 7 lapartie irriguée
et de 11 la zone témoin.Les arbres ont tous été sondés à hauteur d’homme avec une tarière de 5 mm introduite du côté ouest des
tiges.
2.3. Mesures
Aussitôt
prélevées,
les carottes ont étéplacées
dans des tubes de verre de diamètreapproprié,
et transférées au laboratoire où elles ont étéradiographiées
suivantune
méthodologie déjà
décrite (POI,GE, 1966), en utilisant les conditionsd’exposition
suivantes :
- distance source-film :
2,5
m ;- intensité du flux
électronique :
20milliampères ;
- tension
appliquée
aux bornes du tube : 15kV ;
- durée
d’exposition :
4 mn 30 s.Elles ont ensuite été conditionnées à 10 p. 100 d’humidité dans une étuve
hygrométrique, puis radiographiées
à nouveau dans les mêmes conditions queprécé-
demment.
L’ensemble des 668
images radiographiques
obtenues a alors faitl’objet
detirages positifs
augrossissement
de2,06,
et lacomparaison
des 2 clichés successifs d’une même carottepréalablement juxtaposés
a donné unepremière
délimitation de l’aubier basée sur sa teneur en eausupérieure
(POLGE,1964).
On a mesuré sur le
positif
à l’état sec lesparamètres
suivants :- largeur
de l’aubier(méthode
del’humidité) : LAH ;
- nombre d’années d’aubier(méthode
del’humidité) : NAH ; - largeur
de la tranche de cernes 1972-1975 inclusivement : L 1 ;- largeur
de la tranche de cernes 1976-1978 : L 2.Enfin,
sur les carottes à l’état sec, on aprocédé
à une autre délimitation de l’aubier basée sur la différence de couleur(coloration
roséecaractéristique
du boisde
douglas apparaissant
au moment de laduraminisation).
Lerepérage précis
decette limite est apparu
généralement facile ;
en cas dedoute,
une vérification a été faite sur lagénératrice opposée
de la carotte, et lesquelques
échantillons pour les-quels
une difficulté subsistait ont été débités sous forme de sections transversales de],6
mmd’épaisseur
à l’aide de scies-fraisesjumelées,
cequi
donne des surfaces extrêmement lisses où leschangements
de couleur du bois sont très apparents. On a ainsi pu mesurer 2 autresparamètres :
-
largeur
de l’aubier(méthode
de lacouleur) : LAC ;
- nombre d’années d’aubier
(méthode
de lacouleur) :
NAC.En ce
qui
concerne NAH et NAC, ils’agit
de nombres-code attribués pourchaque
année à chacune des 4 zones suivantes : à l’intérieur du bois initial(BI),
à la limite bois initial - bois final(BI-BF),
à l’intérieur du bois final(BF),
sur la limiteavec l’année suivante, d’où le tableau
d’équivalence
ci-dessous :- -.. -! !!- ! - ---!
3. Résultats
3.1.
Moyenne.s générales
Les valeurs trouvées sont les suivantes (toutes les
largeurs
sontexprimées
engrandeurs
vraies àl’échelle 1 / 1) :
:- NAH : 15,36 (limite
vers la fin du bois initial 1972) ;- NAC :
18,43 (limite
vers le début du bois final1971) ;
- LAH :
26,3
mm ;- LAC : 31,1 mm;
- L 1
: 19,05
mm, soit une moyenne annuelle de 4,76 mm ;- L 2 : 9,25 mm, soit une moyenne annuelle de
3,08
mm.Un
décalage
sensibleapparaît
entre les deux méthodes de délimitation de l’aubier : la coloration du duramen seproduit
presque un anaprès
que le bois soit devenuphysiologiquement
sec, etcorrélativement,
la mesure basée sur l’humidité conduit à unelargeur
d’aubier inférieure d’environ 5 mm.En
figure
2 est donné lediagramme
derépartition
des limites aubier-duramen pour les 2méthodes ;
mise à part la confirmation de la différence mentionnéeci-dessus,
on y observe uneprépondérance
très nette des individus pourlesquels
l’apparition
du bois de cœur coïncide avec unchangement d’année ;
cela nesurprend
guère
car le passage du bois final d’une année au bois initial de l’année suivantes’accompagne
de modifications trèsimportantes
au niveau cellulaire etinfracellulaire, qui peuvent
entraîner unbrusque changement
de vitesse pour lesphénomènes phy- siques, chimiques
etbiochimiques
liés à la duraminisation. Il convient d’ailleurs de dire que la délimitation du bois de coeur basée sur sa différence de couleur devient deplus
enplus
difficile au fur et à mesure que l’on serapproche
de la limite decerne, en raison de la coloration de
plus
enplus
foncée du boisfinal ; quelques
coïncidences avec des
changements
d’années peuvent dès lors être dues à unartefact, mais,
dans ce cas, il n’aurait pu conduirequ’à
une sous-estimation de la différence relevée entre les deux méthodes.Une autre observation doit être faite quant aux moyennes
générales :
elle concernela nette tendance à la diminution des
largeurs
de cernequi surprend
chez desdouglas âgés
seulement de 13 ans à la fin del’expérience;
la réduction moyenne de l’ordre de 35 p. 100qui apparaît
pour lapériode
1976-1978 parrapport
à lapériode
1972-1975 ne
s’explique
pas seulement par la sécheresse de1976,
car les arbresirrigués présentent
le mêmegradient
que lestémoins,
et aussi parcequ’un
ralentis-sement de la croissance se manifestait
déjà
entre 1972 et 1975. La véritableorigine
du
phénomène
réside dans lavigueur
de lacompétition
entre arbres dans unpeuple-
ment
planté
à forte densité(3 086 tiges/ha)
etjamais éclairci ;
cela mérite d’êtresignalé,
car la vivacité de la concurrence est sans douteégalement responsable
dela
précocité
de la duraminisation dans cesplaceaux.
3.2.
Analvses
de varianceA défaut d’une
analyse hiérarchique,
il a étéprocédé,
pourchaque variable,
à2
analyses
à 2 facteurscontrôlés,
pour tester les effetsligne
et provenance d’unepart,
et les effets traitement et provenance d’autrepart.
Pour tenircompte
de lanon-orthogonalité
dudispositif,
desajustements
ont été faits successivement pour les 2 sources de variation en cause danschaque
cas,mais,
du fait d’unerépartition
pas tropdéséquilibrée
des arbres manquants, les résultats obtenus sont extrêmementvoisins ;
ne seront donc donnésci-après
que ceux obtenusaprès ajustement
pour lesfacteurs
ligne
et traitementqui, seuls,
sont apparus commesusceptibles
d’exercer uneinfluence
significative
sur tout oupartie
des variables.3.21.
Effets ligne et
provenanceLes valeurs des tests « F » obtenues sont
regroupées
dans le tableau ci-dessous :Les valeurs-limites aux seuils de
signification
de 5 p.100,
1 p. 100 et0,1 p.
100sont
respectivement
de2,96, 2,32
et1,83
pour l’effet provenance(10
et 316D.L.)
etde
3,47, 2,64
et 2,01 pour l’effetligne (7
et 316D.L.).
On note tout d’abord l’absence totale d’effet provenance ; pour les critères de croissance
(L
1 etL2),
elle peuts’expliquer
par le fait que seules desorigines susceptibles
de pousser convenablement dans les conditions de l’Arboretum d’Amance sontreprésentées,
etaussi,
la diminution de la valeur de « F » de L 1 à L 2 le prouve, par l’influenceégalisatrice
de lacompétition
en absence d’éclaircie.Si aucun des critères de
quantification
de l’aubiern’apparaît
comme soumis àune variabilité
inter-provenance,
il seraitprématuré
d’en déduire que tout déterminismegénétique
est exclu dans lesphénomènes
de duraminisation : on saitqu’il
existe dece
point
de vue des différences trèsimportantes
entreespèces,
et, parailleurs,
N
ICHOLLS
(1965)
a calculé une héritabilité au senslarge
de0,37
pour lepourcentage
de bois de coeur du
pin radiata ;
les deux raisonsévoquées
ci-dessus ausujet
deslargeurs
de cernespeuvent expliquer,
au moins pourpartie,
cette absence de différence au niveauinfra-spécifique.
Les
imperfections
d’undispositif comportant
deuxlignes
( et8)
formant lisièressont manifestement
responsables
des valeurs élevées des « F» ligne,
mais une contre-partie bénéfique
en résulte : uneplus grande
variabilité pour l’étude des liaisonsvigueur-duraminisation.
Les résultats des tests de
comparaison
de moyennes sont donnés ci-dessous pour les différentes variables(les lignes soulignées
par un même trait ne diffèrent passignificativement
entre elles au seuil de 5 p. 100) :Si l’on examine d’abord ces deux derniers résultats relatifs aux
largeurs
decernes, on observe une influence évidente des
lisières ; paradoxalement
la futurelisière
irriguée qui
avait une meilleure croissance pour lapériode 1972-1975,
vrai-semblablement
(G ARBAYE ,
communicationpersonnelle)
en raison de conditions éda-phiques légèrement plus favorables, perd
sasupériorité
par rapport à l’autre pour lapériode
1976-1978 où elle a bénéficié d’un apport d’eausupplémentaire ;
il y a làencore un effet
probable
de lacompétition,
la concurrence entre arbres dans laligne 1, plus vigoureuse
audépart, s’y
manifestantdéjà
nettement durant les 3 der- nièresannées,
à un moment où elle ne se faisait encoreguère
sentir dans laligne
8.Pour le reste, on doit seulement noter une amélioration du classement relatif des 3
lignes
intérieuresirriguées après l’application
dutraitement,
etégalement
uneréduction des accroissements annuels entre
périodes beaucoup plus
forte dans leslignes
2 à7,
où elledépasse
nettement 50 p.100,
que dans les lisières où elle n’est que de 35 p. 100 environ.Pour les critères de
duraminisation,
on retrouve ledécalage déjà signalé
entre la limite « humidité » et la limite « couleur », ce
qui
n’exclut pas unegrande
similitude dans le classement deslignes,
aussi bien pour les nombres que pour leslargeurs.
Les deux lisières ont un aubierplus large,
maisrepré-
senté par un
plus petit
nombre d’années(nombres-codes
NAH et NACinférieurs).
La seule différence
significative
relative auxlignes
intérieures faitapparaître
unnombre d’années d’aubier des
lignes irriguées
2 et 4supérieur
à celui de laligne
témoin 7. On doit
cependant
remarquer que pour 3 critères sur 4(NAH,
NAC etLAH)
les résultats ne traduisent pas unesymétrie
totale par rapport à l’axe dudispositif,
comme ce serait le cas si l’effet « lisière » était le seul en cause ; on a au contraire
toujours
8! 1,
7! 2,
6<
3 et 5! 4,
cequi
laisseprésager
un effetpossible
dutraitement.
3.22.
Effets
traitement et provenanceLes valeurs des tests « F » sont les suivantes :
!--- - ! - ---!-
Les valeurs-limites de « F » pour l’effet traitement
(1
et 312D.L.)
aux seuilsde
signification
de 5 p.100,
1 p. 100 et0,1
p. 100 sontrespectivement
de3,84, 6,63
et10,83.
Les valeurs moyennes par traitement sont les suivantes
(les
4 dernièrespaires,
non
significativement différentes,
étant données à titred’information) :
Par les deux
méthodes,
l’aubier occupe un nombre de cernessignificativement plus
élevé chez les arbresirrigués
que chez lestémoins,
et a en outre tendance à y êtreplus large. Ainsi,
les effets de lacompétition
et de la sécheresseapparaissent
comme
opposés
sur le nombre d’années d’aubier, mais, aucontraire,
assezcomparables
si l’on se réfère à sa
largeur.
L’identité presque absolue des
largeurs
de cernes entre arbres traités et témoinsmérite d’être
soulignée.
Dans le mêmedispositif,
AussENnc( I 980,
op. cit.) avaitdéjà
montré que lasécheresse, après
avoir fortement réduit la pousse en hauteuren
1976,
n’avaitpratiquement plus
eu d’effet sur celle de 1977, et Chantal Coy-DON
(1980)
a mis en évidence unecompensation
entre leslargeurs
de cernes,signi-
ficativement
supérieures
chez les arbresirrigués
en 1976 et chez les témoins en1977 et 1978.
3.3. Liaisons etitre variables
Le tableau ci-dessous donne, dans l’ordre, pour
chaque couple
de variables lescoefficients de corrélation entre moyennes de
lignes,
entre moyennes de provenances,puis
le coefficientglobal
pour les 334 arbres del’expérience,
tousmultipliés
par 1 000 :Quel
que soit le niveauconsidéré,
les liaisons entre les deux méthodes utilisées pour estimer une mêmecaractéristique (nombre
d’années oulargeur
del’aubier)
sontsignificatives.
Enrevanche, l’indépendance
entre nombres etlargeurs
pour deux niveaux sur troissurprend ;
or lephénomène apparaît
comme tout à faitgénéral
si l’on considère que la liaison entre moyennes de
lignes
n’est duequ’aux
deuxlisières
qui
donnent des valeurs trèssupérieures
aux autreslignes
pour leslargeurs d’aubier,
mais très inférieures au contraire pour les nombresd’années,
et devientelle aussi non
significative
si on les élimine(voir figure 3).
En fait si l’on retrouve souvent chez les dominants la même tendance que dans les lisières(aubier large
mais n’intéressant
qu’un petit
nombred’années),
on observefréquemment parmi
lesnombreux dominés de ce
dispositif
un schémainverse,
c’est-à-dire des variations concomitantes de lalargeur
de lapartie
vivante de l’arbre et du nombre d’annéesqu’elle représente,
les arbres fortement concurrencés ayant des cernes tellement fins que leuraubier, malgré
saminceur,
s’étend sur unepériode
de temps relativementlongue.
A titred’exemple,
et pour vérifier le bien-fondé de cetteexplication,
lecoefficient de corrélation entre NAH et LAH a été calculé pour l’ensemble des dominés : il s’élève à
0,568, significatif
au seuil de 1 p. 1 000(voir figure 4).
En ce
qui
concerne les critères devigueur,
on note, aussi bien au niveau des moyennes delignes qu’au
niveau intraglobal, qu’une augmentation
delargeur
descernes entraîne la formation d’un aubier
plus large,
mais s’étendant sur unplus petit
nombre d’années.
Au niveau
inter-provenances,
un effet de la concurrence estprobable ;
c’est entous cas le seul
qui puisse expliquer
l’absence totale de liaison entrelargeurs
decernes des tranches 1972-1975 et 1976-1978 : certaines provenances
vigoureuses
ont,faute d’avoir été
éclaircies, déjà
fortement souffert de lacompétition
entretiges
ces 3 dernières
années,
alors qued’autres,
à croissance initialeplus lente,
ne subissaient pas encore cette influence :ainsi,
la provenanceCampbell
River,qui
aeu les
plus
forts accroissements pour lapériode 1976-1978,
étant avant-dernièreen
1972-1975,
et,inversement,
la provenanceTimber, première
en1972-1975,
n’étaitplus
que 6&dquo; pour la dernièrepériode
de mesures.3.4. Observations relatives aiix zones à l’il1/ériellr de l’aubier L’existence inattendue de ces zones, le caractère très variable de leur localisation.
les différences
qu’elles peuvent présenter
suivant lesespèces,
les individus et les annéesont
déjà
été mentionnés(P OLGE , 1966,
op.cit.,
pp. 132 à143).
Leprésent
travail a été l’occasion de vérifier lephénomène
et d’obtenir certaines indications nouvelles àson
sujet.
Tout
d’abord,
si l’on retrouve dans cedispositif
tous les cas defigure signalés
pour le
douglas,
et notamment laprésence
de bandes très minces extrêmement pauvres en eau dans le boisfinal,
ou encore l’alternance deplusieurs
zones sècheset humides
successives,
la modalité de loin laplus fréquente correspond
à de vastesplages
à faible humidité s’étendant sur presque toute lalargeur
du bois initial.Sur la
figure
5 sontregroupés,
à titred’exemple,
lespositifs
deradiographies
à l’état frais et à l’état sec, successivement - d’un arbre à aubier « normal » sans
zone
sèche,
sur toute l’étendueduquel
on observe peu de variations de teneur eneau, si ce n’est une baisse normale dans le bois final liée à la faible taille de ses cavités cellulaires
(il
fautcependant
tenircompte
du fait que, pour avoir le maximum dedétails dans
l’image
de la radio à l’état frais, le tempsd’exposition
a été réduit lors dutirage,
en sorte que son niveau degris
n’est pascomparable
à celui de son homo-logue
à l’état sec) :- - d’un arbre à zone sèche
unique,
- d’un arbre où toutes les années d’aubier comportent de
larges
bandes de bois initial à très faible teneur en eau, dont le cas estparticulièrement
intéressant caril
s’agit
d’un arbre à croissancevigoureuse, irrigué
en 1976 et1977,
et dontcependant
même le dernier cerne, où le flux de sève est le
plus intense,
est engrande partie
sec.Il existe
également
des zones à humidité intermédiaire,auquel
cas l’eauprésente
n’est pas disséminée dans l’ensemble des cellules, mais concentrée dans des groupes de fibres eux-mêmes
dispersés
dans toute lapartie
d’accroissement concernée(figure
6)et dont l’étude
anatomique
n’a pas faitapparaître
de différences par rapport à leurvoisinage.
Un inventaire
complet
des zones sèches ayant au moins 0,5 mm delarge
engrandeur
réelle dans le sens radial a donné les résultats suivants(les
numéros des provenancescorrespondent
à leur ordre de succession degauche
à droite sur lafigure 1 )
:Quel
que soit le critère retenu, la variabilité entre provenances estimportante,
mais leur classement relatif
diffère,
certaines ayant unplus petit
nombre d’arbresconcernés, mais,
pour chacun d’euxplus
d’années à zonessèches,
et inversement.Les provenances 11
(Granite Falls)
et 6(Marion Creek),
dont l’aubierapparaît
comme le
plus
« normal » dupoint
de vue de larépartition
del’eau,
ont des airesd’origine
très différentes aussi bien en altitudequ’en latitude ;
Marion Creek a le bois initial leplus
dense des 1 provenances, mais Granite Falls est tout à fait dans la moyenne ; sans doute convient-il d’observer que lapremière
est en lisièredu
dispositif,
au contact d’unpeuplement
de hêtresqui
a pu l’abriter des vents dominants d’Ouest, et réduire ainsi sonévapo-transpiration.
Une étude de la
répartition
parannées,
toutes provenancesconfondues,
des arbres à zones sèches n’estpossible
que si l’on exclut 1972 et 1973 pourlesquelles
laduraminisation est
déjà
intervenue chez de nombreux individus. Une liaisonapparaît
alors avec les densités minimales annuelles mesurées par Chantal Covnorv
(1980,
op.cit.) ;
les valeurs moyennes sont les suivantes :Après
transformation en Arc sinus racine carrée des pourcentagesqui
sont trèsvariables,
mais dans l’ensemble assezfaibles,
le coefficient de corrélation entre les deux séries de données est de- 0,93 significatif
au seuil de5 p.
100 pour un nombre dedegrés
de liberté réduit à 3(figure 7) ; ainsi,
les années où la densité du bois initial est laplus
faible ont uneplus
forteprobabilité
deprésence
de zonessèches dans ce même bois initial. Cela n’est pas tout à fait
surprenant,
car la formule de laperméabilité
du bois faitintervenir,
à lapuissance 4,
le diamètre de l’orifice desponctuations aréolées ;
on sait que celui-ci estplus grand
pour les trachéïdes du bois initial que pour celles du boisfinal,
et, paranalogie,
on peutenvisager qu’il
augmente avec le diamètre et diminue avecl’épaisseur
de la membrane des cellules dupremier,
cequi
rendrait ledépart
de l’eau d’autantplus
aisé que la densité du bois initial seraitplus
faible. Il n’existe malheureusement dans la littérature pas derenseignements précis
sur les variations entre individus de cescaractéristiques
anato-miques
pour appuyer cettehypothèse,
et, parailleurs,
toutes les tentatives pour lier laprésence
des zones sèches de l’aubier à des facteurs du climat sont demeurées vaines.4. Discussion et conclusion
A la différence des diverses études
publiées jusqu’ici
sur l’étendue de l’aubier dans les arbresforestiers,
celle dont il est renducompte
ci-dessus est basée surdeux critères
macroscopiques simples
de délimitation(différence
de teneur en eauet
changement
decouleur),
et, pour chacund’eux,
sur deux modesd’expression qui apparaissent
au terme de ces observations commebeaucoup plus indépendants qu’on
ne l’aurait
pensé,
et dont l’un se réfère à la très traditionnellelargeur
del’aubier,
et
l’autre,
au nombre d’années surlequel
il s’étend. En outre,grâce
à laméthodologie utilisée,
les mesures ont pu être faites sur un trèslarge échantillonnage,
cequi
apermis,
endépit
des insuffisances dudispositif,
deprocéder
à uneanalyse statistique
des résultats.
Les deux méthodes concordent pour montrer que la coloration du bois de
coeur intervient nettement
après
la diminution de la teneur en eau, et le fait que ledécalage
entre les deuxphénomènes
varie defaçon importante
d’un individu àl’autre amène à penser
qu’ils
résultent de processusphysiologiques qui
ne sont pas liés entre eux defaçon automatique
et fonctionnelle.Les liaisons
positives
étroites trouvées entre critères devigueur
etlargeur
del’aubier,
tout comme les différences relevées entre lisières etlignes intérieures,
concor-dent bien avec les données anciennes de la littérature
(S MITH
etal., 1966)
et aussi avecdes résultats récents de GRANIER
(1981) qui,
pour la même essence et dans la mêmeforêt,
a mis en évidence une relation linéaire très nette entre masse foliaire etsurface d’aubier.
Les corrélations