UTILISATION DES PROTÉINES
PAR LE VEAU PRÉRUMINANT A L’ENGRAIS
I.
—UTILISATION
DIGESTIVE DESPROTÉINES
DESOJA
ET DES LEVURES
D’ALCANES INCORPORÉES
DANS LES ALIMENTSD’ALLAITEMENT
J.-L.
PARUELLER. TOULLEC J.-F.
FRANTZEN C.-M. MATHIEU Yvette LENTO C.MARPILLAT,
Maryse
VÉRITÉStation de Recherches sur
l’Élevage
desRuminants,
Centre de Recherches de
Clermont-Ferrand,
J.N. R. A.,
63 -Saint-Genès-Champanelle
RÉSUMÉ
Le but de ce travail a été
d’étudier,
chez le veaupréruminant
àl’engrais,
l’utilisationdiges-
tive de différentes sources de matières azotées de
remplacement.
Deux farines de levures d’alcanes dont la taille desparticules
était de 50 et 200microns et une farine desoja
déshuilée et débarrassée de ses facteursantitrypsiques
ont été introduites dans des aliments d’allaitement de manière àapporter
70 il 75 p. 100des matières azotéestotales,
lecomplément
étantapporté
par du lacto-sérum ;
ces aliments étaient en outresupplémentés
en méthionine. Huit veaux mâles( 2
ou 3parrégime)
ont été utilisés. Ils étaient maintenus en cage àbilan,
del’âge
d’environ 8jours jusqu’à
leur
abattage
àl’âge
de 92 à9 6 jours.
Ils ont reçu desquantités
de lait deremplacement impor-
tantes,
comparables
à cellesqui
sont habituellement distribuées à des veaux àl’engrais.
Les aliments ont bien été
consommés,
sauf celui contenant les levures de 200microns à causede sa tendance à se
déposer
au fond du seau. Lesgains
depoids
vif obtenus avec l’aliment à base de levuresde 50
microns ont été satisfaisants alorsqu’ils
sont insuffisants pour les 2autres aliments. L’efficacitéalimentaire,
les rendements àl’abattage,
l’étatd’engraissement
et la couleur de la viande ont été médiocres. Lafréquence
desjours
de diarrhée a été faible dans tous les cas.La
digestibilité apparente
des matières azotées des aliments à base de levures a été satis- faisante(8 5
à8 7
p. 100à partir
del’âge
d’unmois).
Elle a étéplus
faible avec l’aliment à base de farine desoja ( 79
p.100 ).
Pour les 3aliments,
elle a été inférieure d’environ 10points
au coursde la ire
période
de mesure, cequi
traduirait uneadaptation
insuffisante dusystème digestif
dutrès
jeune
veau à la modification de transitgastro-intestinal
due il l’absence decoagulation
desprotéines
dans la caillette. La rétentionapparente
de l’azote a étéélevée ;
elle a été meilleureavec l’aliment à base de
soja qu’avec
les aliments à base de levures. Elle a variéavec l’âge
pour les 3régimes :
maximale vers i mois à i mois etdemi,
elle a diminuélégèrement
par la suite.Les levures d’alcanes semblent être utilisées convenablement, sous réserve d’une taille de
particules
suffisammentfaible,
alors que les résultats obtenus avec la farine desoja
déshuilée sont moinsencourageants.
( 1
)
Adresse actuelle : Station de Rechercheszootechniques,
Centre de Recherches de Rennes, 65
, rue de
Saint-Brieuc,
35- RennesLes matières azotées de
remplacement
devront êtreapportées
dans les aliments d’allaite- ment sous forme de concentrés deprotéines
solubles ouprésentant
un bon maintien ensuspension
et bien
équilibrés
en acides aminésindispensables.
INTRODUCTION
Dans les aliments d’allaitement actuellement utilisés, les protéines proviennent
presque exclusivement du lait écrémé, dont le remplacement total par d’autres
sourcesde protéines pose de nombreux problèmes. Les protéines de remplacement
ne coa-gulent pas
sousl’action de la présure. L’absence de coagulation dans la caillette,
enmodifiant le transit intestinal des constituants de l’aliment (S MITH , H ILL
etSisso N S,
Ig70 ; COLV IN , I,O W K
etRAMSEY, Ig6g ; TOULLEC, T HIV K ND
etMAT HI E U , I g 7I ) pourrait provoquer des diarrhées
et uneutilisation digestive médiocre (K ASTE I, IC ,
BENTI,!Ey
etP HII , I , IPS , 1950 ; BI,AXT!R
etW OOD , I g5 3 ). Ces mauvais résultats
sontcependant contestés par d’autres auteurs (O WEN
etal., I g58 ; N ETKE , G ARDNER et K
ENDA
LL, I g6 2 ; T OULLEC et al., 19 6 9 ). L’utilisation digestive
etmétabolique des protéines du lait
estélevée (M A T HI E U
etBARRÉ, I g6 4 ). Pour être bien utilisées, les protéines de remplacement doivent présenter
unéquilibre satisfaisant
enacides aminés
indispensables
etêtre dépourvues de produits peu digestibles (glucides complexes
de certains tourteaux)
ouindésirables (facteurs antinutritionnels, excès de minéraux).
Elles doivent
en outreêtre solubles
ouprésenter
unbon maintien
ensuspension
et nepas provoquer de réactions immunologiques (V AN A DRI C H E M
etF R E N S, 1965).
Les levures d’alcanes (cultivées
surhydrocarbures)
etle soja constituent deux
sources
intéressantes de protéines d’origine végétale. Ces deux produits
sontriches
en
matières azotées relativement bien équilibrées
enacides aminés indispensables.
Leur
teneur enlysine
estélevée, celle
enacides aminés soufrés
estcependant insuf-
fisante (PION et FAUCONNEAU, I g66 ; V AN
DERWAr,
etS H ACKI,A DY , I g68).
Les résultats médiocres obtenus par l’incorporation de
tourteaude soja dans
les aliments d’allaitement (S HOP T AW , I g 3 6 ; WILLIAMS et K NOD T, I gso ; N OLLER et al., 195 6
a ;I,ASSIT!R
etal., 1959 )
sontdus notamment à la présence de facteurs anti-
trypsiques dans
cetourteau. Ces facteurs réduiraient les sécrétions et l’activité de la trypsine
etde la chymotrypsine, (G ORRILL et al., 19 6 7 a) limitant ainsi la protéolyse
intestinale (G ORRILL
etTHOMAS, 19 6 7 b). Le traitement du
tourteaupar la chaleur humide détruit les facteurs antitrypsiques
etaméliore
sonutilisation digestive (P OR -
TER et
H ILL , I g6 3 ; N I TSA N
etal., Ig7I).
A
notreconnaissance, l’utilisation digestive des levures d’alcanes n’a jamais été
étudiée chez le
veau, etcelle du soja n’a été envisagée qu’à de faibles
tauxd’incor-
poration,
oudans des conditions différentes de la production du
veauà l’engrais :
courte
durée, quantités distribuées peu importantes... (N OLLER
etal., 195 6 b ; PORTER
et
H ILL , I g6 3 ; N ISHIMATSU
etK UMENO , I g66 ; G ORRILL
etN l cxor,so v , I g6g). Nous
avons
donc mesuré chez le
veaupréruminant l’utilisation digestive de laits de
rem-placement obtenus à partir d’aliments d’allaitement dans lesquels la plus grande partie des protéines provenait soit des levures d’alcanes, soit du soja. Nous
avonsdistribué
ceslaits à des
veauxmaintenus
encage à bilan
entreles âges d’environ
7
etI oo j. Les quantités offertes étaient comparables à celles qui
sonthabituellement
distribuées
aux veauxà l’engrais.
MATÉRIEL ET MÉTHODES
Aliments
Nous avons
comparé
3 aliments d’allaitement dont la teneur en matières azotées était de 24p. 100 de la matière sèche
(tabl. i).
Dans 2de ces aliments, 70 p. 100des matières azotées étaientapportées
par des levures d’alcanes dont la taille desparticules
était de 5o microns(ali-
ment Levures
50 )
ou de 200microns(aliment
Levures200 ).
Dans le 3e aliment(aliment Soja),
75
p. 100des matières azotées
provenaient
d’une farine desoja
déshuilée et débarrassée de sesfacteurs
antitrypsiques (tabl. z).
Dans les 3aliments,
25 à 30 p. 100des matières azotées étaientapportées
par du lactosérum et unsupplément
de méthionine. Le lactosérumpermettait
l’intro-duction de lactose dans l’aliment et servait de
support
aux matières grasses(suif). Compte
tenude la
supplémentation
enméthionine,
lacomposition
en acides aminés de ces aliments(rapportée
par
P ATUREAU -.NI IRAND ,
PxucwauD etPcov, 1971 )
était relativement bienéquilibrée. Cependant,
les aliments Levures étaient
légèrement
pauvres en histidine et l’alimentSoja
renfermait uneproportion
un peu faible delysine.
Au moment de
l’emploi,
les aliments d’allaitement étaient dilués dans de l’eau il40 0 C,
laconcentration variant de 120à i6o g par
kg
de lait deremplacement (tabl. 3 ).
Ces laits ne coa-gulaient
pas sous l’action de laprésure,
ce que nous avons pu vérifier par l’examen des contenus de caillette lors del’abattage
des animaux. Deux essaispréalables d’appétibilité
nous ontpermis
de constater que pour être bien
consommé,
l’aliment doitprésenter
un bon maintien en suspen- sion, cequi
a nécessité l’addition de i p. 100d’alginates
aux levures.Animaux et
régimes
Les essais ont été effectués sur 8 veaux mâles de race
Fvançaise
FrisonnePie-Noire,
achetés àl’âge
d’environ t3jours
etplacés
dans des cages à bilan dès leur arrivée. Les mesures n’ont com-mencé
qu’une
semaineplus
tard defaçon
à laisser les animauxs’adapter
à leurs nouvelles condi- tionsd’existence,
et ont alors été effectuéespendant
6périodes
successives de mjours séparées
par des
interpériodes
de 3jours.
Pendant les deux
premiers jours
de lapériode d’adaptation,
les animaux ont tous reçu un aliment d’allaitement du commerceauquel
ont été substitués en4 jours
les alimentsexpérimen-
taux. Ces aliments ont été distribués à 2
(aliment
Levures200 )
ou 3 animaux(aliments
Levures 50 etSoja).
Les veaux étaient alimentés au seau, en fonction deleur poids métabolique (poids vif 0 , 75 )
à raison de 2repas par
jour (tabl. 3 ),
saufpendant
les 3premiers jours
de lapériode d’adaptation
où ils recevaient 3 repas par
jour.
Pendant lesinterpériodes,
onaugmentait progressivement
lesquantités
d’aliment offertesqui
restaient ensuite constantes au cours de chacune despériodes.
Mesures
Les veaux étaient
pesés
àjeun
le matin dupremier jour
dechaque période
et le lendemain de la fin de lapériode,
ainsi que lejour
de leurabattage qui
a eu lieu à la fin del’expérience,
92à
9 6 jours après
leur arrivée. Dans le cadre d’une autre étude(PnTURanu-Mixnxn,
PRUa:!nuDet
PION, 1971 ),
desprélèvements
de sangjugulaire
ont été effectués lepremier jour
suivant les3
e
et 5epériodes
ou la 4epériode,
sur 4 veauxcorrespondant
auxrégimes
Levures 50, etSoja.
Ces
prélèvements, qui
nécessitaient le maintien enplace
d’un cathéterpendant
unejournée,
n’ont pas semblé affecter notablement la croissance ultérieure et l’état sanitaire des animaux.
Nous n’avons pas tenu
compte
dansl’expression
desrésultats,
sauf pour la caractérisation de l’étatdiarrhéique,
d’un des veaux recevant l’aliment Levures 50, sonappétit ayant
été anorma-lement faible tout au
long
del’expérience.
Les refus alimentaires ont été
pesés après chaque
repas et ont servi à constituer des échan.tillons moyens par veau et par
période qui
ont été conservés à -i 5 oC
avant d’êtrelyophilisés-
Les fèces et l’urine de
chaque
veau ont été recueilliesséparément
etpesées
tous lesjours.
Unepartie
des fèces a été séchée à 8ooC dans une étuve à circulation d’air chaud en vue de déterminer la teneurjournalière
en matière sèche. L’autrepartie
a servi à constituer des échantillons moyens par veau et parpériode qui
étaient traités comme les échantillons de refus. Lesprélèvements
quo- tidiens d’unepartie aliquote
d’urine ont servi àpréparer
des échantillons moyens par veau et parpériode.
Lors de
l’abattage,
la carcasse chaude, les différentesparties
del’appareil digestif plein
etvide,
lesdépôts adipeux périrénaux, péritonéaux
etintestinaux,
ainsi que différents organes(foie, reins, pancréas...)
ont étépesés.
Les animaux recevaient leur repas du matin i h ii 2h avantl’abattage.
On a pu ainsi examiner sousquelle
forme se trouvait le lait deremplacement
à l’inté-rieur de la caillette.
Méthodes
d’analyses
La teneur en matière sèche des échantillons
d’aliments,
de refus et de fèceslyophilisés
aété déterminée par
séchage
à6 5 0 C pendant
24 h. La teneur en cendres a été obtenueaprès
inci-nération au four à
550 0 C pendant
6 h et celle en azote par la méthodeKjeldahl.
Ledosage
dessucres réducteurs a été effectué sur les aliments par la méthode de SOMOGYI
( 1952 ).
Celui desmatières grasses a été réalisé sur les aliments et les refus par extraction par le
mélange
chloroforme- méthanol selon leprincipe
de la méthode deF OLCH ,
LEESet SLOANE-STANLEY( 1957 ),
et sur lesfèces par extraction
chloroformique après hydrolyse acide,
l’extraitchloroformique
étant alorssaponifié
pour isoler les acides gras. Lacomposition
en acides gras des matières grasses des alimentsa été déterminée par
chromatographie
enphase
gazeuse des estersméthyliques.
Les résultats sontexprimés
en p. 100du total des estersméthyliques.
RÉSULTATS
Croissance pondérale
etquantités ingérées (tabl. 4 )
Les gains de poids vif ont été satisfaisants
avecles aliments Levures 5 0 (r o2 4 gjj)
et médiocres
avecles aliments Levures
200 etSoja (8 41
et8 04 g/j). La différence
de vitesse de croissance, de l’ordre de
200g/j, s’est maintenue à peu près constante pendant toute la durée de l’expérience
entreles
veaux recevantles aliments Levures 50 ,et Soja. Le gain de poids vif des
veaux recevantl’aliment Levures
200aété compa- rable
audébut à celui des
veaux recevantl’aliment Soja et, pendant le dernier mois, à celui des
veauxrecevant l’aliment Levures 5 0 .
Les aliments (sauf l’aliment Levures 200 ),
ontété généralement bien consommés
puisque pendant la durée de l’expérience, les refus alimentaires
ontété respective-
ment
de 4 , 8 et 4 p.
100des quantités proposées pour les
veauxsoumis
auxrégimes
Levures 50 , Levures
200et Soja. Ces refus
ontété plus importants
au coursde la
première période de
mesure :respectivement 5 ,
10et9 p.
100des quantités proposées.
I,’efficacité alimentaire
aété médiocre,
surtout avecl’aliment Soja. Par kg de gain
de poids vif, les quantités de matière sèche ingérées ont été respectivement de r, 7 kg
avec
les aliments Levures
etde I ,g kg
avecl’aliment Soja.
Diarrhées
etétat sanitaire (fig. i)
L’état diarrhéique
aété caractérisé d’après la classification basée
surla
teneuren
matière sèche des fèces proposée par B LAXTER
etWooD (i 953 ). Pendant toute
la durée de l’expérience, la fréquence des jours de diarrhées
aété faible pour les 3 régimes : respectivement
2,5
et3 p.
100 avecles aliments Levures 5 0 (3 veaux),
Levures
2oo etSoja. Elle
aété plus élevée pendant la première période de
mesure(respectivement 7 , 15
et 10p. ioo). Les aliments à base de levures
ontprovoqué
un
état relâché fréquent (respectivement 8 5
et8 0 p.
100avecles aliments Levures 5 0
et
Levures 200 ) mais l’état sanitaire
atoujours été satisfaisant.
Digestibilité des aliments
Le coefficient d’utilisation digestive (CUD) apparent des matières azotées
avarié d’une part
avecl’âge des animaux, d’autre part
avecla
naturedes matières azotées alimentaires. Il
aété faible
au coursde la première période de
mesure(res- pectivement 7 8, 7 , 7 q., 7
et6g,6 p.
100pour les aliments Levures 5 0 , Levures
200 etSoja), puis il
aaugmenté
ets’est maintenu sensiblement constant pour chaque régime
au coursdes
autrespériodes (fig. 2 ). Les CUD apparents des matières azotées des 3 régimes
ontalors été significativement différents (P ! 0 , 05 ) ; respectivement 87,
3
, 85, 2
et79 , 3 p.
IOO.En utilisant les valeurs du CUD apparent des protéines
du lactosérum obtenues par T OULLEC
etal. ( 19 6 9 ), les digestibilités apparentes des matières azotées des levures de 50 microns, des levures de
200microns
etdu soja
sont
respectivement de 84,7, 8 1 ,7
et7q.,6 p.
100.La digestibilité apparente de la matière organique, des matières grasses
etdes matières minérales des aliments
avarié
avecl’âge des animaux
etla
naturede l’ali- ment, parallèlement à celle des matières azotées (tabl. 5
etfig. 2 ). Elle
atoujours été
inférieure
au coursde la première période de
mesure(respectivement de l’ordre de
5 et
iopoints pour la matière organique
etles matières grasses). Après
cettepremière période, les CUD apparents de la matière organique des aliments Levures (gi,o et
90 ,
7 p.
100sontrestés supérieurs à celui de l’aliment Soja (8!,6 p. 100 ) alors que
ceuxdes matières grasses
ontété identiques pour les 3 aliments (86,5 à 8 7 , 9 p. 100).
Rétention azotée
Le coefficient de rétention apparent de l’azote
aété élevé pour les 3 aliments
et avarié
avecl’âge des animaux. Il
estpassé par
unmaximum
audébut du second mois, puis il
adiminué régulièrement (fig. 2 ). Les valeurs individuelles par période
du coefficient de rétention apparent de l’azote
ontvarié
commel’accroissement rela- tif du gain de poids vif, mais les liaisons
ne sontsignificatives (P ! o,o 5 ) que pour l’ensemble des animaux (r
=-!- o,q.a)
etpour
ceuxrecevant l’aliment Soja (r
=-i- 0 , 59 ). Le coefficient de rétention apparent de l’azote le plus élevé
aété obtenu
avec
l’aliment Soja ( 71 , 7 p. 100 ) alors qu’avec les aliments Levures 5 o
etLevures
200,les coefficients de rétention apparents relevés étaient voisins (respectivement 6 5 ,o
et6
5 ,
7 p. 100 ).
Les coefficients d’utilisation pratique de l’azote, de l’ordre de 55 à 5 6 p.
100,ont été identiques pour les 3 aliments (tabl. 5 ). Les quantités d’azote apparemment
retenues ont
été respectivement de 35 , 1 , 34 , 9 et 41 ,8 g par kg de gain de poids vif
avec
les aliments Levures 5 0 , Levures
200 etSoja. Pour l’ensemble des régimes
etpour chaque période de
mesure,les valeurs individuelles de
cesquantités ont été
significativement (P # o,or) reliées
augain de poids vif (r
=-E- 0 ,66), alors que pour chaque régime, les corrélations
ontété respectivement de + 0 , 55 (non signifi- catif)
etde + 0 ,8 4
et+ 0 ,68 (P # o,oi).
Qualité des
carcasses etétat d’engraissement (tabl. 4 )
Les rendements à l’abattage
ontété peu satisfaisants (6 2 à 6 4 p.
100du poids
vif vide)
etl’état d’engraissement
engénéral insuffisant. La viande était dans l’en- semble trop colorée,
enparticulier celle des
veauxayant consommé les aliments à
base de levures. Les valeurs
moyennesde l’hématocrite
avantl’abattage
ontété respectivement de 43 , 45
et2 8 p.
100pour les
veauxayant reçu les aliments Levures 5 0 , Levures
200etSoja. Ces résultats médiocres
sontà rapprocher des
teneursen
fer élevées des aliments (tabl. l ) dues à des apports importants par les
sourcesde matières azotées étudiées, particulièrement dans le
casdes levures (tabl. 2 ).
DISCUSSION
L’étude de l’utilisation digestive d’aliments d’allaitement
ne contenantque des
protéines de soja
oude levures d’alcanes complémentées par celles du lactosérum
etpar de la méthionine, permet de formuler les conclusions suivantes.
L’absence de coagulation des protéines dans la caillette n’a pas
eud’influence
sur
l’état sanitaire des animaux
et enparticulier
surla fréquence des diarrhées qui
est
toujours restée faible. Ces résultats
sont enaccord
avec ceuxobtenus par Tou L -
LE
C et
al. (ig6g)
avec unaliment d’allaitement
necontenant que des protéines de
lactosérum
etpar F R ANTZEN , T OULLEC
etMa2 H WU ( 1971 )
avec unaliment d’allai-
tementclassique à base de lait écrémé rendu incoagulable par addition de citrate de sodium
oud’acide chlorhydrique.
La digestibilité apparente des matières azotées
aété plus faible
audébut de l’expérience, alors que les
veauxétaient âgés de 15 à 25 jours. Ce résultat
est enaccord
avec ceuxobtenus par N OLLER
etal. ( 195 6)
avecdes aliments d’allaitement
contenantdu soja
etpourrait être attribué à l’absence de coagulation. En effet, F
RANTZEN
, Tou!,r,!c
etM A T HI E U ( 1971 )
ontmontré que la suppression de la coagu-
lation des protéines du lait entraînait
unebaisse de leur digestibilité
au coursdu pre-
mier mois. Cela indiquerait
uneadaptation insuffisante du système digestif du très jeune
veauà l’accélération de la vidange stomacale entraînée par l’absence de coagu- lation (T OULL EC, THIVF,,ND
etM!THWU, 1971 ). Au-delà du premier mois, la diges-
tibilité apparente des matières azotées
est surtoutreliée à la
naturedes protéines
de l’aliment,
auxcomposés qui les accompagnent (glucides complexes du soja
etnucléotides des levures) ainsi qu’à leur technologie d’obtention. Le CUD apparent
des matières azotées des aliments à base de levures
oude soja
estinférieur à celui
du lait écrémé séché par le procédé Spray ( 95 p.
100d’après T OULL E C
etM ATHI E U , 19
6 0
), ainsi qu’à celui d’un aliment d’allaitement
ne contenantque des protéines
de lactosérum ( 93 p.
100d’après T OULLEC
etal., r 9 6 9 ).
Les coefficients de rétention apparents de l’azote, élevés, obtenus montrent que
la composition
enacides aminés disponibles des aliments était satisfaisante
etque
les déséquilibres signalés n’ont
euque peu d’influence. La meilleure rétention appa-
rente
de l’azote de l’aliment Soja peut
enpartie être expliquée par
uneplus faible proportion de protéines dans la matière organique digestible. Cependant, elle conduit à des quantités d’azote apparemment
retenuespar kg de gain de poids vif anormale-
mentélevées qui
sontprobablement dues à des chutes de poils importantes
ouà
des pertes d’urine.
Les levures d’alcanes semblent être bien utilisées par le
veaupréruminant.
L’aliment
contenantles levures à petites particules ( 50 microns)
estbien consommé
etpermet des vitesses de croissance satisfaisantes
aveccependant
uneefficacité
alimentaire
assezmédiocre. Lorsque la taille des particules augmente ( 200 microns),
l’aliment
sedépose
assezrapidement
aufond du
seaumalgré l’apport d’alginates,
ce
qui provoque
unediminution de la consommation
etpar conséquent de la vitesse
de croissance. Les levures
sontriches
enphosphore
etpauvres
encalcium (tabl. 2 ).
Le rétablissement d’un rapport phosphocalcique convenable pour la croissance
osseuse
du
veauoblige à fournir des apports considérables de calcium qui limitent
la
teneur enmatières organiques de l’aliment. En raison de leur richesse
enfer, de l’ordre de
200p.p.m.,
ceslevures devront être incorporées dans les aliments d’allai-
tementdestinés
au veauà l’engrais à des
tauxplus faibles que
ceuxque
nous avonsemployés, à moins que l’on
nedispose d’un complexant du fer efficace. Ce dernier
point
neconstitue cependant pas
unobstacle à leur utilisation par le
veaud’élevage.
En revanche, les résultats obtenus
avecla farine de soja déshuilée
etdébarrassée de
sesfacteurs antitrypsiques
sontmoins encourageants. Nous obtenons
unefaible fréquence des jours de diarrhées, déjà signalée par G ORRILL
etN ICHOLSON ( 19 6 9 ),
mais
unemeilleure acceptation de l’aliment que celle rapportée par
ces auteurs.Nous
avonsutilisé
unefarine de soja riche
englucides probablement peu digestibles
par le
veaupréruminant. La digestibilité apparente des matières azotées de l’aliment
Soja, ainsi que la digestibilité calculée des matières azotées du soja sont inférieures à celles qu’obtenaient PORTER
etH ILL ( 19 6 3 ) ( 75 à 8 7 p.
100suivant l’âge des veaux)
et
Gortxrr,r,
etN ICHOLSON (rg6g) (8 2 p. 100 )
avecdes aliments dont
toutesles matières azotées provenaient d’un concentré de protéines de soja cuit. Pour être bien utilisé, le soja devra donc être introduit dans les aliments d’allaitement
sousforme de
concen-trés de protéines purifiées. Il semblerait cependant que certains traitements techno-
logiques (acidification, alcalinisation
ouautoclavage) puissent améliorer
sonutili-
sation pour la croissance (CO LVIN
etR AM SEY, zg68-6g ; VA N I,!EUwErr, WEIDE et
Bxn9s, 19 6 9 ) mais l’influence de
cestraitements
surl’utilisation digestive n’a pas été précisée. D’autre part, certains
auteurs ontmis
enévidence des réactions anti-
géniques
avecles protéines de soja (V AN A DRI C H E M
etF R E NS , 19 65 ; V AN I,!!uw!N,
W!rD!
etB R AAS, 19 6 9 ; S MI TH
etW YNN , 1971 ). Cependant,
nousn’avons pas observé d’accidents de nature allergique chez les
veauxrecevant l’aliment Soja.
En conclusion, il semble donc possible d’incorporer dans les aliments d’allai-
tementpour
veauxdes quantités importantes de matières azotées
nonlactées. Les
protéines de remplacement utilisées devront être, d’une part solubles
ouprésenter
un
bon maintien
ensuspension,
etd’autre part bien équilibrées
enacides aminés
indispensables. Elles devront
en outreêtre apportées
sousforme de concentrés de
protéines débarrassées de tous composés peu digestibles
ouindésirables (excès de
minéraux
etfacteurs antinutritionnels),
enparticulier dans le
casdes protéines végé-
tales.
Reçu pour publication
en avril 1972.SUMMARY
UTILIZATION OF PROTEINS BY THE PRERUMINANT FATTENING CALF 1. - DIGESTIVE UTILIZATION OF SOYBEAN AND ALKANE YEAST PROTEINS
INCORPORATED INTO THE MILK SUBSTITUTES
The aim of the
present study
was to examine thedigestive
utilization of different sourcesof
protein
substitutesby
thepreruminant fattening
calf. Two alkaneyeast
meals(particle
size :50
and 200
microns)
and asoybean meal,
whose oil andantitrypsic
factors had beenremoved,
were
incorporated
into the milkreplacers
so as toprovide
70 to 75 p. 100of the total amount ofproteins,
the restbeing supplied by whey.
Inaddition,
the feeds weresupplemented by
methio-nine.
Eight
male calves( 2
or 3 perdiet)
were used.They
werekept
in balance crates from the age of about 8days
tillslaughter
at the age of g2to9 6 days. They
receivedlarge
amonts of milk substitutescomparable
to thoseusually given
tofattening
calves.The feeds were all consumed
except
thatcontaining yeast particles
of 200microns because of itstendency
todeposit
on the bottom of thepail.
The liveweight gains
obtained with the dietcontaining yeast particles
of 50 microns weresatisfactory,
whereasthey
were insufficient with the two other diets. The feedefficiency, slaughter yields,
fatness of the carcasses and colour of the meat were mediocre. Thefrequency
of diarrhoea was low in all cases.The
apparent digestibility
of theproteins
of the feedscontaining
onyeast
wassatisfactory 8
5 -8
7
p. 100from the age of onemonth).
It was lower with the feedcontaining soybean
meal(
79
p.100 ). During
the firstperiod
of measurement, theapparent digestibility
of theproteins
was about 10
points
lower in the case of all the threefeeds, indicating
an insufficientadaptation
of the
digestive system
of the very young calf to thechange
of thegastro-intestinal
transitdepen- ding
on the absence ofprotein coagulation
in the abomasum. Theapparent nitrogen
retentionwas
high ;
it was better with the feedcontaining soybean
than with thatcontaining yeast.
It varied with age for the threediets ;
maximum values were reached around I month to I month and a half followedby
aslight
decrease.Alkane
yeast
seems togive
favourable results when the size of theparticles
is smallenough,
whereas the data obtained with defatted
soybean
meal were lessencouraging.
The
substituting protein
sources must be added to the milkreplacers
in the form of solubleprotein
concentrates, must have agood
maintenance whensuspended
and must be wellbalanced
as
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