Article original
Relations entre l’allongement et l’épaississement
de la pousse annuelle des rejets de châtaignier (Castanea sativa Mill)
au cours des deux premières années
de leur développement
M Carlue JM Aufort
Faculté des sciences, laboratoire de
biologie
cellulairevégétale
et valorisation desespèces ligneuses,
123 rue Albert Thomas, 87060Limoges
Cedex, France(Reçu
le 13juin
1990;accepté
le 14 février1991)
Résumé — L’étude a pour
objectif
depréciser
les relations entrel’allongement
etl’épaississement
de la pousse annuelle au cours de 2
premières
années dudéveloppement
desrejets
de souchechez le
châtaignier.
Elle est fondée sur unecomparaison
directe, àpartir
degraphiques,
de l’allon- gement et del’épaississement
de chacune des pousses au cours de l’activité annuelle desrejets.
L’évolution relative de ces deux
paramètres
est traduite par des courbes surlesquelles apparaissent
des «vagues» de fluctuation liées au fait
qu’un
type d’activité est momentanémentprépondérant
surl’autre et inversement. Les
rejets
ont uncomportement hétérogène.
Le nombre de «vagues» de fluc- tuation varie de 1 à 4, avec des comportements intermédiaires pourlesquels
les 2e et 3evagues sont seulement amorcées. Un faible nombre derejets
neprésente
pas de «vagues»marquées.
Les«vagues» sont d’autant
plus
nombreuses que la croissance de la pousse estplus importante
etplus
durable. La fin de la
période
évolutiveallongement-épaississement correspond,
pour un tiers des re-jets,
à un ralentissementprogressif
de la croissance enlongueur
alors que l’activité cambiale tend à devenirprédominante.
Par contre, pour un autre tiers desrejets, l’allongement
initialementprédomi-
nant
s’interrompt
assezbrusquement,
l’activité cambialereprend
alors très nettement. L’influence exercée par la souche sur la croissance desrejets
est peu apparente.Ces résultats sont discutés dans les termes de déterminisme externe ou interne du
comportement
des
rejets,
ainsi que parcomparaison
avec les donnéesprécédemment acquises
par nous sur le même matériel.Castanea sativa
/rejet / pousse
annuelle/ allongement / épaississement
Summary — Relationships
betweenelongation
and diameter growth of the annual sprout dur-ing
the first 2 years ofdevelopment
in chestnut tree stump shoots(Castanea
sativaMill).
The presentinvestigation
aims toclarify
therelationships
betweenelongation
and diametergrowth
of theannual sprout
during
the first 2 yr ofdevelopment
in chestnut tree stump shoots. Theanalysis
isbased on the direct
comparison
of thediagrams
onlengthening
and basal diametergrowth
of eachannual sprout. The relative evolution of these 2 parameters is demonstrated
by
the curves on whichfluctuation waves appear.
They
indicate that one typeof growth activity prevails temporarily
over the other , andconversely (figs 9-14). Stump
shoot behaviour is variable; their finallength
and diameterare very
heterogeneous (figs 1-4).
The same holds true for duration ofelongation activity phase (figs
5,6).
However, duration of diametergrowth phase
is morehomogeneous (figs
7,8).
The num-ber of fluctuation waves varies from 1 to 4
(figs
9, 10, 12, 14) with intermediate behavioural types in which the second and third waves areonly
initiated(figs
11, 13). Some stumps do not show marked fluctuation waves(fig
15). In one third of them, the ’1 wave’, ’2 wave’ or ’two and a half wave’ stump shoots are dominatedby
stump shoots withonly 1 elongation activity phase.
On the other hand,most of the ’3 wave’, ’three and a half-wave’ and ’4 wave’ stump shoots are dominant and their
signifi-
cant
elongation
shows 2 successivephases
ofactivity.
In another third of the stump shoots the end of thegrowth
evolutionperiod corresponds
to agradual
decrease in theelongation speed
when cambialactivity
tends to becomepredominant (figs
12,14). Conversely,
in theremaining
thirdinitially predomi-
nant
elongation stops abruptly
when cambialactivity
startsagain (figs
9, 10,15). Stump
influence onthe
growth
of shoots is low. Our results are discussed in terms of the external or internal determinism of stump shoot behaviour and alsoby comparison
with ourprevious
results obtained on the same ma-terial.
stump
/ annual sprout /elongation
/ diametergrowth
INTRODUCTION
La croissance en
longueur rythmique
estune
caractéristique
de nombreuses es-pèces ligneuses tropicales.
Elle se mani- feste dans des conditions de milieu relati- vement constantes et favorables à la croissance. Despériodes
d’activité intensese caractérisent alors par la formation d’entrenœuds
longs;
elles alternent avecdes
phases
de croissance nulle ou très ra-lentie. De tels
phénomènes
ont étésigna-
lés chez :- le cacaoyer
(Greenwood
etPosnette, 1950;
Greathouse etal, 1971; Vogel, 1975);
- le
manguier (Holdsworth, 1963;
Scar-rone
1969);
- l’hévéa
(Halle
etMartin, 1968);
- le Gnetum africanum
(Mialoundama, 1985).
Des
comportements
de même naturese manifestent chez des
espèces
li- gneuses de climattempéré
cultivées enconditions constantes en chambre climati-
sée,
enparticulier
dans le cas du chêne(Payan, 1982),
du hêtre(Klebs, 1914;
La-varenne
et al, 1971)
et duchâtaignier (Si- Mohamed, 1983).
Une tellerythmicité
dela croissance en
longueur peut également
s’observer dans la nature sous nos cli- mats. Elle se manifeste alors sous la forme des pousses herbacées du Lilas
(Klebs, 1914)
ou des pousses de la Saint-Jean du
hêtre,
du chêne ou de diversarbres fruitiers
(Champagnat
etal, 1961;
Lavarenne
et al, 1971).
Les travaux
qui
abordent leproblème
des
rapports
entrel’allongement
etl’épais-
sissement au cours de la croissance
ryth- mique
sont rares. Chez l’Hevea brasilien- sis(De Fay, 1986)
l’activité cambiale estpériodique,
elle semble sous ladépen-
dance du
rythme
de la croissanceapicale
et en
phase
avec lui. Dans le cas du chêne(Payan, 1982; Champagnat et al, 1986)
lacroissance en
épaisseur
de latige
estaussi
périodique
mais elle se manifeste enalternance de
phase
avec sonallonge-
ment. Ces résultats
posent
leproblème
del’origine
de larythmicité.
L’activité cambiale est-elle le facteurprépondérant
ou alorsest-ce la
xylogenèse qui
est déterminante(alternance
de la formation des vaisseaux et desfibres) ?
Nos observations en conditions natu-
relles,
sur lesrejets
de souche du châtai-gnier (Aufort
etal, 1990),
ont mis en évi- dence la difficultéd’analyser
clairement les résultatscomparés
del’allongement
et del’épaississement.
Les variations de crois- sance enlongueur
et en diamètre ont étéreprésentées
chacune en fonction dutemps
et sur desgraphiques
neprenant
encompte
que des valeurs différentielles. Ilapparaît
alors que :- la croissance en
longueur
des pousses s’établit leplus
souvent en 2phases princi-
pales
au cours de lapériode
d’activité an-nuelle.
L’épaississement
des pousses se manifesteégalement irrégulièrement,
maissans
phases
nettementmarquées;
- une relation linéaire
significative
s’établitentre le diamètre final à la base de la pousse annuelle des
rejets
et lalongueur
finale de cette pousse;- les valeurs moyennes hebdomadaires de la
température
sont leplus
souvent bien corrélées avecl’allongement,
mais elles nele sont
jamais
avecl’épaississement.
Il existe donc une
ambiguïté
fondamen-tale dans les relations liant
l’allongement
etl’épaississement
desrejets.
La méthoded’analyse
que nous nous proposonsd’ap- pliquer
consiste à considérer les valeurs cumulées del’allongement
et del’épaissis-
sement et de les associer en
couples
de données(x
=allongement,
y =épaississe- ment)
sur un mêmegraphique.
Elle doitpermettre
depréciser
la nature des rela-tions liant la croissance en
longueur
et lacroissance en
épaisseur
et enparticulier
de fournir des éléments de
réponse
à unequestion
fondamentale seposant
à leur propos :- le
comportement
individuel desrejets
est-il à cet
égard homogène
ou aucontraire caractérisé par une variabilité clairement
descriptible
et dont on pourra discuter les diversaspects
et la causalité.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
La
parcelle
de taillis dechâtaignier
utilisée setrouve sur la commune de Châlus, dans le sud ouest du
département
de la Haute-Vienne.Cette
région
de collines, s’élevantjusqu’à
unealtitude d’environ 550 m,
jouit
d’un climat à ten- danceocéanique.
Lesprécipitations
sont abon- dantes, de l’ordre de 1 200 mm par an en moyenne, sans saison sèchemarquée (Vilks, 1974).
Les observations débutent en mai et s’achè- vent en octobre 1983. Elles permettent
d’appré-
cier la croissance des pousses
qui
sedévelop- pent
sur des souchesrecépées
au cours del’hiver
précédent (pousse
depremière année)
etsur des
rejets
d’un an(pousse
de deuxièmeannée).
Évaluation
de la croissance des poussesLa croissance des pousses est
appréciée
selon2 critères :
allongement
etaugmentation
du dia-mètre des pousses.
L’intervalle de temps
séparant
2 séries d’obs- ervations est d’une semaine. Les observations sont effectuées à heuresrégulières
d’une se-maine sur l’autre dans le but de limiter l’inci- dence des variations de turgescence des cel- lules cambiales lors de l’estimation du diamètre des
rejets.
Les mesures sont réalisées sur un échan- tillon comprenant 25 pousses. Elles sont
répar-
ties sur 5 souches. Les 5
rejets
choisis sont por- tés par des secteurs différents de la souche.Les
longueurs
sont mesurées à l’aide d’un mètresouple
avec uneprécision
de l’ordre du cm. Le diamètre estpris
à la base de la pousse. On uti- lise unpied
à coulisseélectronique qui
donne 0,1 mm.Malgré
lesprécautions prises (repé-
rage du niveau de mesure, orientation de
l’appa- reil)
laprécision
n’est sans doute passupérieure
à 0,5mm.
Traitement des données
numériques
et
présentation
des résultatsPour l’étude de la croissance de la pousse de
première
année, il n’est paspossible,
audépart,
de
distinguer
desrejets
selon des classes de vi- gueur, car on ne connait pas le devenir desbourgeons qui
sedéveloppent
sur la souche. Le choix est donc tout à fait aléatoire.Pour l’étude des pousses de deuxième année, nous avons donc été conduits à utiliser
également
un échantillon nonhomogène.
Ce-pendant,
comme les brins lesplus
chétifs meu-rent très
rapidement,
ils ont été écartés. Ceuxqui
ont été choisisatteignaient
au moins 1,30 m delongueur
à la fin de lapremière
année decroissance.
Les résultats concernant les relations entre
l’allongement
etl’épaississement
des pousses sontanalysés
pour chacun desrejets.
Nous re-groupons sur un
graphique
lescouples
de va-leurs
correspondant
àl’allongement
et àl’épais-
sissement d’un
rejet (abscisse : allongement,
ordonnée :
épaississement).
Cette méthodeprésente
un avantage déterminant pour l’ana-lyse
des relationsallongement-épaississement :
elle permet l’obtention de
graphiques
àpartir desquels
les fluctuations relatives del’allonge-
ment et de
l’épaississement
desrejets apparais-
sent sous la forme de «vagues» sur les courbes. Ces dernières peuvent être mises très clairement en évidence et traduisent le fait
qu’un
type d’activité de croissancepuisse
êtreprédominant
sur l’autre ou inversement.RÉSULTATS
Aspects généraux
de la croissance desrejets
Taille de la pousse annuelle des
rejets
Au 4mai,
date du début desobservations,
la croissance est
déjà
amorcée pour toutes les pousses. Leurlongueur
estcomprise
entre 2 et 12 cm la 1re année et entre 5 et 13 cm la 2eannée.À
la fin de leur croissance enlongueur,
les pousses de 1re année mesurent entre 33 et 208 cm
(fig 1).
La taille des pousses de 2e année estcomprise
entre 26 et 149cm
(fig 2).
La distribution de lalongueur
fi-nale des pousses de 1 reannée est assez
homogène :
lamajorité
d’entre elles mesu- rent entre 150 et 200 cm(fig 1). La
distri-bution n’est pas
homogène
la 2e année etles pousses sont
plus
courtes(fig 2).
L’épaisseur
finale des pousses est com-prise
entre 8 et 26 mm la 1 re année(fig 3)
et entre
7,5
et 22 mm la 2e année(fig 4).
La distribution est assez
homogène
dansles 2 cas. Il existe une
majorité
depousses dont le diamètre est
compris
entre 15 et 20 mm la 1reannée et entre 10 et 15 mm la 2eannée.
Durée de la croissance des pousses La durée de la croissance en
longueur
despousses de 1reannée est variable. L’allon-
gement peut
s’arrêterprécocement
au 15juin
alors que certaines poussesprolon- gent
leur croissancejusqu’au
21 sep- tembre(fig 5),
24% d’entre ellesstoppent
leur croissance au 31 août. La durée de la
période d’allongement
estégalement
va-riable la 2eannée. L’arrêt de
l’allongement apparaît
du 8juin
au 24 août(fig 6),
24%des
rejets stoppent
leur croissance au 3 août. Ungrand
nombre de pousses de 1re et de 2e année manifestent unepériode
d’arrêt momentané ou de ralentissement de croissance en
longueur,
de la finjuin
audébut
juillet.
La durée de la croissance en
épaisseur
des pousses de 1re année est variable
(fig 7). L’épaississement peut
s’arrêterpréco-
cement au 15
juin
alors que 56% des poussesprolongent
leur croissance diamé- tralejusqu’au
21septembre.
Une variabili-té
identique apparaît
la 2e année(fig 8),
l’arrêt de
l’épaississement
s’échelonne du 20juillet
au 14septembre,
33% despousses
prolongent
leur croissance enépaisseur jusqu’à
lami-septembre.
L’épaississement
seprolonge après
l’arrêtde
l’allongement
pour 92% des pousses de 1re et 2eannée
(Aufort
etal, 1990).
L’arrêt simultané del’allongement
et del’épaissis-
sement ne concerne que 8% d’entre elles.
Aspect
des relationsallongement-épaississement
Plusieurs
catégories
decomportement
desrejets
sont mises en évidence au cours deleur pousse
annuelle.Une «vague» de fluctuation
allongement-épaississement (fig 9)
Un seul caspeut
être observé pour les pousses de 1reannée alors que 6 pousses de 2e annéeprésentent
cetype
de com-portement. Cinq
de ces dernières sontcourtes
(respectivement 26, 43, 47,
47 et50
cm),
leur croissance enlongueur
s’in-terrompt précocement (8 juin,
8juin,
15juin,
22juin,
29juin)
et la durée de leurpé-
riode
d’allongement
varie de 5 à 8 se-maines. La «vague» de fluctuation appa- raît
précocement
et se manifeste du 4 au25 mai pour la
plupart
desrejets.
Deux «vagues» de fluctuation
allongement-épaississement (fig 10) Cinq
caspeuvent
être observés la 1re année et 4 la 2eannée.La
longueur
finale des pousses de 1re année est très variable(de
33 à 200cm),
leur croissance
s’interrompt
à des dates très différentes(du
15juin
au 14 sep-tembre).
La durée de lapériode d’allonge-
ment est très
hétérogène (de
6 à 19 se-maines).
La variabilité est moins accentuée dans le cas de pousses de 2e année. Leslongueurs
finales sont com-prises
entre 68 et 129 cm, les dates d’arrêtde croissance s’échelonnent du 13
juillet
au 17 août et les durées des
périodes
d’al-longement
fluctuent entre 10 et 15 se-maines.
La 1re «vague»
peut apparaître plus
oumoins
précocement,
du début mai à la mi- mai dans les cas lesplus précoces,
de lami-mai au début
juin
dans les cas lesplus
tardifs. La 2e «vague» de croissance est souvent moins accentuée que la
première.
Elle débute au bout de 5-10 semaines de
croissance,
entre la 1 erjuin
et le 6juillet.
Deux «vagues» de fluctuation
allongement-épaississement
et amorce d’une 3e «vague»
(fig 11).
Trois pousses de 1re année et 3 pousses de 2e année manifestent ce
type
de com-portement.
Les tailles des pousses de 1re année sont peuhomogènes (1
pousse courte : 56 cm et 2 pousseslongues :
173et 179
cm).
Celles des pousses de 2e année le sontbeaucoup plus (entre
96 et133
cm).
La durée del’allongement
despousses de 1re année est assez variable
(de
10 à 17semaines).
Lesinterruptions
de leur croissance en
longueur
se manifes-tent de la
mi-juillet
à la fin du mois d’août(de
10 à 17 semaines decroissance).
Celles des pousses de 2e année sont assez
synchrones
etapparaissent
du 3 août au 10 août(de
13 à 14 semaines decroissance).
L’amorce de la 3e «vague» des pousses de 1re année
apparaît
au 3 et au 10 aoûtlorsque
leur croissance estprolongée
etau 22
juin lorsque
leur croissance est brève. Elle se manifeste au 6juillet
et au13
juillet
la 2e année. Cette amorce est laconséquence
d’unereprise
de l’activitéd’épaississement
de la pousse lors de laphase
ultime de sa croissance. Ellepré-
cède l’arrêt définitif de son
allongement.
Trois «vagues» de fluctuation
allongement-épaississement (fig 12)
Dix pousses de 1reannée et 4 pousses de 2e année entrent dans cette
catégorie.
Sept
des 10 pousses de 1re année attei-gnent
unegrande
taille finale(169, 176, 186, 193, 208,
208 et 245cm).
Troispousses sur 10 sont par contre nettement
plus
courtes en fin de croissance(79,
122et 135
cm).
Les durées despériodes
decroissance des 7 pousses les
plus longues
sont
homogènes (de
17 à 20 semaines decroissance).
Elles caractérisent des pousses à croissance enlongueur prolon- gée (arrêt
del’allongement
tardif de la fin août à lami-septembre).
Les 4 pousses de 1re année sont de taille moyenne
(87, 93,
104 et 104
cm).
L’arrêt de leur croissance est assezprécoce (du
27juillet
au 3août)
et la durée de la
période d’allongement
estde 12 ou 13 semaines.
La 3e «vague» de fluctuation
allonge- ment-épaississement
ne se met pas enplace
simultanément pour les 10 pousses de 1re année. Elle débute aux 13juillet,
20juillet,
27juillet
et 3 août. La fin de cette 3e«vague»
apparaît
du 3 au 17août, lorsque
la croissance en
longueur
de la pousse n’évolueplus.
Comme pour les pousses de 1re
année,
sa mise enplace
n’est pas si- multanée pour les 4 pousses de 2e année.Elle s’établit aux
22,
29juin,
6 et 13juillet
et s’achève entre le 6 et le 27
juillet.
Trois «vagues» de fluctuation
allongement-épaississement
etamorce d’une 4e«vague»
(fig 13)
Ce
comportement apparaît
pour 3 pousses de 1re année. Deux d’entre elles sont des pousseslongues (184
et 204cm)
alorsque le 3e est de taille moyenne
(127 cm).
La durée de leur
période d’allongement
estrespectivement
de14,
16 et 18semaines,
ce
qui correspond
à des arrêts de crois-sance en
longueur
aux 10août,
24 août et7
septembre.
Le début de cette 3e«vague»
apparaît respectivement
aux 13juillet,
3 et 10 août pour chacune de ses 3 pousses, c ’est-à-dire au bout de10,
13 et 14 semaines de croissance.L’amorce de cette 4e «vague» est la
conséquence
d’unereprise
de l’activitéd’épaississement
de la pousse lors de laphase
ultime de sa croissance. Ellepré-
cède l’arrêt définitif de son
allongement.
Quatre «vagues» de fluctuation
allongement-épaississement (fig 14)
Cecomportement apparaît
pour une pousse de 1re année et 2 pousses de 2e année. La pousse depremière
année estassez
longue (173 cm).
La durée de sapé-
riode de croissance est de 16
semaines,
ellecorrespond
à un arrêt de croissanceen
longueur
au 17 août. Les pousses de deuxième année ont deslongueurs
finalesrespectives
de 140 et 149 cm, elles sont relativement élevées pour l’échantillon. Ladurée de leur
période
de croissance est de 15 et 16semaines, l’allongement
despousses s’achève aux 17 et 24 août.
La 4e «vague» de croissance des pousses de
première
année se met enplace
au 3 août. Elleapparaît plus préco-
cement pour les pousses de 2eannée
(aux
13 et 20
juillet).
Cas
particulier
des poussessans «vagues» de fluctuation
allongement-épaississement
nettement
marquées (fig 15)
Ce
comportement apparaît
pour 2 pousses de 1re année et 2 pousses de 2e année.Les
longueurs
finales des pousses de 1re année sont de 134 et 176 cm. Les durées de leurspériodes
de croissance en lon- gueur sontrespectivement
de 16 et 17 se-maines. L’arrêt de
l’allongement apparaît
aux 24 et 31 août. Les
longueurs
finalesdes pousses de 2e année
atteignent
des valeursqui s’étagent
entre 68 à 176 cm.Les durées des
périodes
des croissanceen
longueur
sontcomprises
entre 11 et 17semaines. Chacune des pousses est ca- ractérisée par une
reprise
très nette de lacroissance en
épaisseur,
en fin depériode
de croissance en
longueur.
Cettereprise
s’effectue au 27
juillet
pour les pousses de 1re année et au 6
juillet
pour celles de 2e année.DISCUSSION ET CONCLUSION
L’aspect
des courbess’explique
par les fluctuations relatives des activités d’allon-gement
etd’épaississement
Un
type
d’activité de croissanceprédo-
mine momentanément sur l’autre et inver- sement. Notre
analyse,
dans le cas duchâtaignier,
montre une succession de«vagues de fluctuations». Si nous nous ré- férons à
l’aspect
leplus
souventprésenté
pour la
première
d’entreelles, l’épaississe-
ment est d’abord
favorisé, puis l’allonge-
ment. Nos résultats sont à
rapprocher
deceux de
Payan (1982),
obtenus sur Quer-cus
pedunculata.
Eneffet, l’augmentation
en diamètre de la
tige
desplantules
dechêne est décalée et en avance d’un
quart
dephase
sur sonallongement.
Deplus,
dans ce cas, le
rythme
d’accroissement enépaisseur
a unepériode comprise
entre 20et
35 j
alors que les vagues de fluctuationallongement-épaississement
s’étendentégalement
surplusieurs
semaines(entre
14 et 56
jours)
pour lechâtaignier.
Cependant,
les méthodesexpérimen-
tales utilisées dans l’un et l’autre cas sont différentes et incitent à une
comparaison prudente
des résultats. Lesplantules
dechêne étaient cultivées en conditions contrôlées. Elles étaient observées tous les
2 j
et les données étaientregroupées
en valeurs moyennes. Notre travail
est,
parcontre,
réalisé en conditions naturelles.Les observations sont effectuées toutes les 2 semaines et les résultats sont
expri-
més en valeurs individuelles.
L’analyse
individuellepermet
de mettreen évidence un
comportement hétérogène
des
rejets.
Cettehétérogénéité
est d’abordcaractérisée par une variation du nombre de «vagues» de fluctuation
allongement- épaississement (de
1 à 4«vagues»).
Nousrelevons deux
comportement
dominants :-
rejets
avec 2 «vagues» de fluctuation(12 cas);
-
rejets
avec 3 «vagues» de fluctuation(17 cas).
L’hétérogénéité
ducomportement
desrejets
serapporte également
àl’aspect
dela
phase
finale decroissance,
2 cas peu- vent êtredistingués :
- un ralentissement
progressif
del’allonge-
ment se manifeste et conduit à une
pré- pondérance
del’épaississement
pour 15rejets (figs
12 et14).
L’activité cambialepersistera après
l’arrêt de la croissance enlongueur.
Ce résultat est en conformitéavec le fait que, sur notre
matériel,
90%des
rejets prolongent
leur activité cambiale bienaprès
l’arrêt del’allongement (Aufort
et
al, 1990).
Il confirme que, sur cepoint,
le
châtaignier
secomporte
comme beau- coup d’autresespèces ligneuses (Wareing et Roberts, 1956);
- la croissance en
longueur peut
devenirnettement
prédominante
surl’épaississe-
ment. Cette
phase
est aussitôt suivie parun net arrêt de
l’allongement accompagné
d’une
reprise
simultanée de l’activitéd’épaississement,
16rejets
sont dans cecas
(figs
9 et10).
Ce résultatapparaît
donc fondamentalement différent du
précé-
dent. Dans ce cas, l’activité des méris- tèmes
primaires
nes’interrompt
pas pro-gressivement
mais au contraire assezbrusquement.
Si les arrêts de croissance desrejets apparaissaient simultanément,
on
pourrait expliquer
ce résultat par l’in- fluence inhibitrice d’un facteur de l’environ- nement. Le raccourcissement desjours
estpar
exemple
un facteur inducteur de l’arrêt de la croissance enlongueur
des arbres(Lavender, 1980),
surtout dans le cas oùils
présentent,
comme dans le cas du châ-taignier (Aufort
etal, 1990),
unallonge-
ment
prolongé
s’établissant par «vagues»successives
(Heide, 1974).
Mais les arrêts de croissance de cesrejets
ne sont passynchrones.
Ilsapparaissent
entre 8 à 18semaines de croissance pour les
rejets
d’1an et entre 6 à 14 semaines de croissance pour ceux de 2 ans.
L’hypothèse
d’un dé-terminisme externe commun à l’arrêt de la croissance en
longueur
de tous cesrejets
est donc à
rejeter.
Dans le cas des
rejets
à faible crois-sance
(rejets dominés), l’interruption
bru-tale de
l’allongement apparaît
finjuin
oudébut
juillet.
Ellepourrait
être le résultat d’unecompétition trophique
entre les re-jets portés
par une même souche. Lesplus
grosses racines de lacépée
de châ-taignier
sont caractérisées par un fort po- tentiel destockage,
cequi permet
de les considérer comme des organes de ré- serve, contrairement aux souches(Dubro-
ca,
1983).
Laproximité
oul’éloignement
des
jeunes rejets
parrapport
à ces racinespeut expliquer
laplus
ou moinsgrande disponibilité
des réserves à leurprofit
etpar
conséquent
les arrêtsprécoces
etassez brutaux de la croissance en lon- gueur de certains
rejets.
D’autrepart,
le vieillissement des taillis dechâtaignier
quenous étudions
peut également
constituerune des causes
explicatives
de cet arrêtprécoce
de la croissance desrejets.
Aucours du
temps,
unecépée
et son ensou-chement se scindent en
plusieurs
sous-unités dotées chacune de leur
système
ra-cinaire propre. Des variations dans le fonc- tionnement de ces
systèmes peuvent
rendrecompte
des différences dedévelop- pement
desrejets
de lacépée
étudiée(Aymard
etFredon, 1986).
Dans le cas des
rejets
à croissance im-portante (rejets dominants), l’interruption
brutale de
l’allongement apparaît
au moisd’août. Le raccourcissement des
jours pourrait
alorsl’expliquer (Heide, 1974;
La-vender, 1980),
d’autant mieux que le châ-taignier,
comme dans le cas desespèces ligneuses
à forte sensibilitéphotopériodi-
que
(Nitsch, 1957),subit
une abscission deson
bourgeon
terminal en août(Aufort
etal, 1980).
Toutefois cettehypothèse expli-
cative fondée sur l’influence d’un seul fac- teur externe est
trop limitée,
laréponse
des
ligneux
à laphotopériode peut
êtremodifiée par d’autres facteurs de l’environ- nement comme la teneur en eau du sol et sa
température (Kramer
etKozlowski, 1979).
L’hétérogénéité
ducomportement
desrejets
est-elleplus
ou moinssuperposable
avec celle mise en évidence lors de l’étude
dynamique
de la croissance desrejets (Aufort
etal, 1990) ?
- Les
rejets
à 1 «vague», 2 «vagues» et2,5
«vagues» de fluctuationsallongement- épaississement
sont, pour un tiers d’entre eux, desrejets
dominés dontl’allongement
est souvent réduit à une seule
phase
d’ac-tivité
stoppée précocement (tailles
finalescomprises
entre 26 et 70 cm et arrêt del’allongement
entre le 8juin
et le 20juillet).
Les deux tiers des
rejets
restants ont unecroissance en
longueur
nettementplus
im-portante (tailles
finalescomprises
entre 77et 200
cm).
Cette croissance seprésente
en 2
périodes
d’activitéséparées
par un ralentissement ou par un arrêt momentané entre le 22juin
et le 6juillet.
- Par contre, la
plupart
derejets
à 3«vagues»,
3,5
«vagues» et 4 «vagues» de fluctuation sont desrejets
dominants dontla croissance
importante
etprolongée (tailles
finalescomprises
entre 79 et 245cm et arrêts de la croissance en
longueur
situés entre le 3 août et le 21
septembre)
se
présente
en 2phases
d’activité.- Il
apparaît
donc une relationsignificative
entre le nombre de «vagues» de fluctua- tion et la taille finale des
rejets.
Les«vagues» sont d’autant
plus
nombreusesque la croissance du
rejet
estplus impor-
tante et
plus
durable. Cette constatationjustifie
l’idée selonlaquelle
l’évolution des relationsallongement-épaississement
semanifeste de
façon cyclique,
le nombre de«phases»
ducycle (nombre
de«vagues»)
étant fonction de la
longueur
finale durejet
et de la durée de sa
période
de crois-sance.
La souche
peut-elle
influencer l’évolu- tion desrapports allongement- épaississement ?
Il s’avère en effet que, dans le cas des
rejets
de 1reannée,
4rejets
d’une même souche secomportent
de manière assezidentique,
2 «vagues» de fluctuation appa-raissent,
elles sont suivies dans un cas par l’amorce d’une troisième «vague».Cepen- dant,
ce résultat doit être nuancé : le choix desrejets
observés la 1re année est aléa-toire car on ne connait pas le devenir des
bourgeons qui
sedéveloppent
sur lasouche. En
fait,
lescomportements
des 4rejets
de cette souche sont assez voisins(longueurs
finalescomprises
entre 122 et193 cm,
épaisseurs
finales variant de16,4
à 25 mm et durée depériode
de crois-sance s’étendant de 14 à 18
semaines).
Ilest donc
possible
que cettehomogénéité apparente
dans l’évolution des relations al-longement-épaississement
soit due au ha-sard de
l’échantillonnage. L’hypothèse
d’un«effet souche» ne
pourrait
être vérifiée que par une étude ducomportement
de tous lesrejets portés
par chacune d’entre elles.D’autre
part,
la notion de «souche» est tou-jours
discutable sur des taillis vieillissants.Elle
correspond
en fait auregroupement
de
plusieurs
sous-unités assez nettement individualisées(Aymard
etFredon, 1986).
Il conviendrait
d’approfondir l’analyse
afin depréciser
le déterminisme de la suc-cession des «vagues» de fluctuation allon-
gement-épaississement pendant
lapé-
riode de
végétation
annuelle. Les résultatsobtenus sur d’autres
espèces ligneuses,
en
particulier
sur lechêne, permettent
d’orienter les futures recherches.
La
périodicité
de la croissance etplus particulièrement
celle de l’activité cambialeest conditionnée par la
température,
laphotopériode
etl’approvisionnement
eneau
(Philipson et al, 1971;
Kramer et Koz-lowski, 1979).
Une étudeécophysiologique
de la croissance des
rejets
devrait doncpermettre
de mieuxdistinguer
lapart
descauses externes et celle du déterminisme
endogène
dans cesphénomènes périodi-
ques.
D’autre
part,
lerythme
de la croissanceen
longueur
et celui de l’activité cambiale sont souvent subordonnés à la croissance foliaire(Brown, 1971; Payan, 1982).
L’ob-servation de la
dynamique
de formation et d’étalement des feuilles ainsi que laprati-
que de leur ablation
peuvent
doncapporter
des informations
complémentaires
sur lanature du déterminisme interne de ces
«vagues» de croissance.
Diverses
interprétations
sont émises ac-tuellement pour rendre
compte
desphéno-
mènes de la croissance
rythmique
chezles
ligneux,
même si elles ne sont pas avancées pour le moment à propos durythme
de la croissance enépaisseur.
SurQuercus
palustris (Borchert, 1975),
lerythme
de croissance de la poussepeut
être attribué à un déficithydrique
internerésultant d’un
déséquilibre
entretige
et ra-cine. Des études récentes réalisées sur
Quercus
pedunculata (Barnola
etal, 1986;
Champagnat, 1989;
Alatou etal, 1989;
Barnola et
al, 1990)
fontapparaître
que lerythme
de croissance desjeunes plants peut
être attribué à une fluctuation entre 2 étatsphysiologiques
différents dans lebourgeon apical.
Elle met en cause le mé- tabolisme des nucléotidesadényliques
etnon
adényliques
ainsi que lespropriétés
membranaires. Le déterminisme de la croissance
rythmique
serait lié aux varia-tions
régulières
etfugaces
despossibilités d’échange
entre lebourgeon terminal,
lestissus
sous-jacents
et lesjeunes
feuilles.Ces résultats amènent à se demander si le
décalage
entreallongement
etépaississe-
ment observé sur les
rejets
dechâtaignier
ne résulterait pas d’une concurrence entre 2 zones consommatrices
(méristème api-
cal et
cambium)
recevant un flux nutritif li- mité ?REMERCIEMENTS
Les auteurs adressent leurs vifs remerciements à S Lachaud, maître de conférences au Labora- toire de
physiologie
et biochimievégétales
del’université de Poitiers, pour ses
critiques
etsug- gestions.
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