Article
Reference
La zone des cols dans la région de La Lenck et Adelboden
SARASIN, Charles, COLLET, Léon William
SARASIN, Charles, COLLET, Léon William. La zone des cols dans la région de La Lenck et Adelboden. Archives des sciences physiques et naturelles, 1906, vol. 4e période, t. 31, p.
56-79,pl.III-IV
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:142139
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LA ZONE DES COLS
DANS LA RÉGION DE
LA LENCK ET ADELBODEN
PAR
Ch. SAttASM et L. COLLET
(avec une Carte au 1 50000 et une Planche de profila)
Depuis longtemps déjà, les géologues alpins ont
re-
marqué le contraste particulièrementgrand,
qui existeentre
les Hautes Alpes calcaires et la bordure méridio- nale des Préa)pes, la zône des Cols depuis longtemps aussi, cettedernière
a été reconnue comme une région, dont les dislocations sont spécialement comptiquées.Maintenant que les relations tectoniques entre les Pré- alpes et les Hautes Alpes constituent un des prob)emes les plus considérables de la géotogie alpine et que toute
uneécote,
dont les chefs les plus autorisés sontMM. H. Schardt, M. Lngeon et E. Haug, considère
l'ensemble
des Préa)pes comme le gigantesque lam- beau frontald'un
système de nappes empiiées,s'amor-
çant, par-dessus les p)is haut-atpins, au S. des HautesAlpes, il devient urgent
d'être
fixé sur les caractères exacts de la région, où le contact entre les plishaut-
alpins et préalpins est encore visible, la zone desCols. Or, nous sommes loin
d'en être
là lastrati- graphie
de ceterritoire n'est nullement
éclaircied'une
façon définitive
et
latectonique doit, par conséquent, l'être
encore moins ceci esttout particulièrement
vraipour
lapartie
de la zone des Cols quis'étend
àl'E. et à l'W. de la vaXée de la Lenck
(Simmonthat).
Depuis
qu'Ischer
aécrit
sesderniers travaux,
deux publications sont venues jeter un peu de )umiéresur
la géologie de ce domaine si
intéressant; l'nne
est deM. E.-C.
Quereau'
et date déjà de 1894 ellecontient une
descriptiontrès sommaire
duterritoire des
valléesde la Lenk et d'tfugen la seconde, beaucoup plus
récente,
est uneétude
faitepar
M. G.Rœssinger'
de lahaute
vallée deLauenen.
Ilrestait
doncencore beau-
coup à faire etc'est
ce qui nous a déci lés àentre- prendre,
aussi endétail
que possible,t'examen
de la ré- gion compriseentre
la vallée de la Lenck et les environsd'Adelboden.
Quand nous avons commencé nos explo-rations
sur
leterrain.
le travail de M. Rœssingprn'avait
pasencore paru et
nous pensions pouvoirrac- corder
nosobservations
avec lessiennes.
Nousaurons,
du
reste,
l'occasion de revenir à plusieurs reprisessur
les deux publications précitées.
1.
Stratigraphie.
HAUTES ALPES.
N'ayant étudié
qued'une
façonaccessoire le front des plis
externes
desHautes
Alpes.1 E. C. Quereau. Ueber die Grenzzone zwischenHocha)pcnund Freiburger Alpen im Bereiche des Oberen Limmenthales. Ber. der JVa{;t)' Gesel ~it 7''re!&!(~ i. B B. IX H 2. 189-t.
G Rœssinger. La zône des Cols dans la vallée de Lauenen.
Thèse de doctorat présentée a la Faculté des Sciences de !7M!r-
sité de Lausanne, 1904.
nous n'avons pas la prétention
d'apporter
aucun faitnouveau concernant la stratigraphie de ces chaînes.
~ous nous contenterons de
rappeler
que dans la région de la Lenck et d'Adelboden les plis haut-aipins sont constitués, comme dans les environs de Lauenen. par)°
L'Hauterivien
formé de calcaires foncés plus ou moins marneux,a)ternant
avec des lits schisteux, dans lesquels on trouve comme fossilesparticulièrement
communs ?b.,c<M<cr
comp~Ha~,
Exogyra Couloni,~y~/M)K6~
tMM~t/Ot'MM.2" L'Urgonien, dont le puissant massif de calcaire compact, en gros bancs, gris plus ou moins foncé,
joue ici, comme
pattout,
un rôle orographiquepri-
mordial, endonnant
naissance à de grandes paroisre-
connaissables de loin.3° Au-dessus de cet Urgonien, nous n'avons pas constaté la présence des couches à
Orbitolina /e~t-
cularis,
ou de touteautre
formationappartenant
auCrétacique moyen et
supérieur,
ce qui n'implique du reste pasl'absence
complète de cesterrains
dans la région, nos observations dans le domaine des HautesAlpes étant restées localisées. Mais, en tous cas,
sur
un grand nombre de points nous avons pu observer la
superposition directe
sur
l'Urgonien du Nummulitique.Celui-ci commence par un épais banc de grés durs, siliceux, roux à la surface, remplis, par places,
d'em-
preintes d'Orbitoides et de Nummulites. Ensuite, vientle calcaire nummulitique, compact, brunâtre ou gris, presque toujours pétri de petites Nummulites et formé,
d'autre part,
essentiellementde
Lithothamnium.Enfin,la partie
supérieure
du Nummulitique est constituéepar des marnes jaunâtres, schisteuses, qui correspon-
dent exactement
aux marnes de Leimern etaux
marnes à Globigerines de M. Lugeon. Nous ne connais- sons au-dessus de cesmarnes,
aucundépôt
qui puisseêtre attribué
aveccertitude
au Flysch. Nousverrons,
en effet, que
tout
le long du front des Hautes Alpes soit les schistes de Leimern, soit même le calcaire nummumlitique sous-jacent.entrent directement
en contact avec des formationspréalpines appartenant
au Crétacique ou auJurassique.
ZONE DES COLS. Le Trias
représente
le niveau le plus ancien qui affleure dans la zône des Cols; il ne.s'y
trouve dureste
jamais que sous forme de lames in-tensément étirées
etécrasées,
qui ne seprêtent
en aucune façon à une étudestratigraphique
exacte. H estreprésenté, d'une part, par
des amas parfois assezimportants
de gypse, quidonnent
Heu fréquemment à desentonnoirs
biencaractérisés, d'autre part, par
descorcrueules
et
descalcaires
dolomitiques,gris-jaunâtres,
finement cristallins. Des schistesmarneux
violacés qui,à quelques
endroits,
sont associés auxcorgneules,
doiventprobablement appartenir
encore au Trias.Le Lias est un des éléments les plus
importants
dela zône des Cols dans la région de la Lenck-Adelboden, où Ischer avait déjà
reconnu
sagrande
extension.Grâce à la découverte de ptusieurs gisements fossili- fères, nous avons pu définir
d'une
façon assez précise lescaractères stratigraphiques
de ce sous-système. Làoù le Lias est complet, on peut y distinguer les
termes
suivants
) °
Directementau-dessus
des calcaires dolomitiques du Triassupérieur, apparaissent
des calcaires noirs en bancsrégulièrement
stratifiés,séparés par
des litsschisteux. A la base de ce complexe, les bancs sont un peu marneux et contiennent des lumachelles à fossiles très mal conservés. Ensuite,
s'établit
un faciès de cal- caires spathiques, très durs, contenant des grains dequartz et des fragments ocreux de calcaires dolomiti- ques. La pâte de ce calcaire est constituée en grande partie par des débris de Pentacrines, que l'on peut fréquemment reconnaître sur les surfaces corrodées.
En outre, un gisement fossilifère, situé un peu à l'E.
du Metschhorn, sur
j'aréte
qui se dirige vers le Regen- bolshorn, nous a fourni les restes organiques suivantsDe très nombreux tronçons
d'une
Béiemnite cylin-drique. ationgée, à section circulaire et sans sillon ap-
parent,
quiappartiennent
au type des Bel.niger
etBel. elongatus.
Un échantillon très typique, bien reconnaissable, par
la forme courte et conique de son rostre, par la profon-
deur
de son alvéole et par la section, pour une Bel.acutus
Miller.Trois exemplaires d'Arietites
appartenant
évidem-ment à la même espèce. Les tours ne sont pas du tout enveloppants et s'accroissent lentement leur section est un peu plus haute que large ils portent latérale-
ment des côtes espacées, presque
droites,
tégèrement renforcées versl'extérieur
et une carène très fine etpeu saillante, non bordée de sillons. En somme, mal- gré
l'état
de conservation imparfait de ces fossiles, leur détermination comme Arielites ranco~a~M~ Zieten nepeut pas faire de doute.
Deux échantillons, du reste mal conservés. que nous
rapportons
avec certaines réserves à~e</oce?'<Mcentau- roide Saviet
Meneg, tel qu'il a été ugurépar
M. Cap-pellini dans son étude des formations liasiqnes de la Spezia. Les
tours
de la coquille sont notablement plus larges quehauts,
avec une formesubtrapézoïde
et un large dosarrondi,
coupéabruptement par
les paroisde
l'ombilic;
ilsportent
des côtes bienmarquées,
quise
rennent
entubercules
au passage descarènes laté- rales
et donnent naissance à une ou deux côtes peu visibles passant par dessus le dos.Une
ammonite, caractérisée par
sestours arrondis,
son obilic moyen,
ses
côtesdroites,
un peu inégales,en
partie
très faiblement renflées entubercules
vers le milieu des flancs, non bifurquées. qui rappelle exacte- ment les figures données par VI. Capellini de ~e~oc.Z,M<crt Sow.
Une Gryphea
obliqua
Sow.Deux échantillons de
Zeilleria
numismalis Lam.Cette faune permet de préciser
d'une
façon satisfai- santet'àge
du niveau en question la présence deGryphea
obliqua,
de Bel.aculus
et de plusieurs Arie- titesparle clairement
en faveurd'un
âgesinémurien.
D'autre
part,
la présence d'Aeg. Listeriet
d'~tc~.cen-
~M/'ofde indique un
acheminement
à la faunechar- mouthienne,
quiest
contirmépar
l'existence dans lemême
terrain
de Zeil. HM~M~aHs et de Betemnites aNongées et cylindriques, tellesqu'elles
sontsurtout abondantes
dans le Lias moyen. Nous devons doncplacer les calcaires en question dans te Sinémurien su-
périeur,
au niveau où se trouve cantonnét'.4ne<~
raricostalus.
Les points où ces calcaires du Lias inférieur sont le mieux développés
sont, d'une
part, les environs du Metschhorn,d'autre part,
le pied de la colline deGeii~kummi du côté du N., au-dessus des chalets de Geilsberg. L'on peut se convaincre, en se basant sur
les relations de ces
dépôts
avec le Trias et sur les fos- siles trouvés dans leur partiesupérieure, qu'ils repré-
sentent i'fnfraiias, soit le Rhétien et l'Hettangien, et leSinémurien.
8° Vers le
haut,
ces cai< aires se chargent de plusen plus en é!émen)s détritiques, en particulier en grains de
quartz,
et ils passent ainsi à de véritabtes grès quartzitiques, en gros bancs, destructure
engénéral grossière. Ce complexe gréseux, qui se déve- loppe ainsi au niveau du Lias moyen,
atteint,
parplaces, une grande épaisseur et c'est lui qui forme es- sentiellement la région de Pommern A!p et d'Ammer-
tenalp, au S. du Pommerngrat, ainsi que, au N. de celui-ci,
l'arête
qui sépare les pâturages de Geilsbergde ceux du Butschiberg, et
t'arét~
du Hôchst. Ces grés,en général très durs, sont constitués
surtout
par des éléments granitiques, duquartz,
des feldspaths cao)i- nisés, auxquels se mêlent presque toujours, en petitequantité, des fragments dolomitiques ou calcaires. A certains endroits, on voit le grès passer à de véritables conglomérats, dans lesquels les galets granitiques sont
bien reconnaissables. L'anaiogie de ces dépôts avec certains grés et conglomérats de la zone du ~fiesen, attribues ait Flysch, est évidente et a
certainement
trompé plusieurs auteurs, en particulier M. Quereau.
Nous-mêmes avons
interprété d'abord
ces grésquartzi-
iitiques comme du
nysch,
mais avons dit modifier cette manière de voir,d'abord
parce que nous avons cons- tatéhntercahtiou
incontestabiemeut stratigraphiquede cette formation
entre
le Sinémurien et le Toarcien,ensuite et surtout, parce que nous avons trouvé en
plein grès et à divers
endroits
des Bétemmitesappar- tenant
à la formecylindrique, auongée,
sans sillon ap-parent,
qui est designéecommunément
sons le nom deM. niger
et qui se trouve engrande quantité
au ni- veau du Lias moyen. Nous avons doncincontestable-
ment ici un complèxe représentant le Cbarmouthien et,probablement,
une partieduïoarcien.
3° À la
parhe supérieure,
ces grésdeviennent
plus fins, ilscontiennent
une plus forteproportion d'argi!e
et sont disposés en bancs plus minces,
séparés
par des lits schisteux. Ainsis'établit
latransition
aux schistes noirs, qui forment ici lapartie supérieure
du Lias. Cescouches, qui ont été
décrites
des environs de Lauenen sous te nom de schistesmordorés par
MM. Lugeonet Rœssinger.
sontconstituées par
des schistesmarneux, très
foncés,contenant
engrande
quantité des rnicas et de la timonite sous forme de vernes oud'amas.
Desgrès
noirstrès
durss'intercalent
au milieu des schistes soit en bancs continus, soit en lentilles on en nodules.Parmi les
quelques
rares fossiles que nous avonsré-
coltés à ce niveau, aucunn'était déterminahte, pour- tant
la positionstratigraphique
nepeut
faire aucundoute,
parce que des fossiles toarciens ont été trouvés dans des formationsabsolument correspondantes
de larégion de Lauenen et
que,
de plus, lepassage'est gra-
due)
entre
ces schistes mordorés et le Uogger à Zoophy- cos, dans lequel nous avons trouvé un~p/t.
Hum-phriesi.
M. Querean parait avoirattribué
unepartie
de ces schistes au Flysch, une
autre
au Néocomjen.Grâce à leur résistance relativement faible, les schistes mordorés
ont généraiement
donné lieu à despentes gazonnécs, à des combes, ou même à des vallées, ainsi la vallée du Geilsbach entre Geilsberg et Adelboden. Ils prennent un grand développement dans
la région du Regenbolshorn et du Pommerngrat, au- tour des pâturages de Ludnung et dans la partie mé-
ridionale et orientale de la chaîne du Hochst.
Le Dogger comprend
d'abord
une série de calcaires gris foncés, rendus souvent jaunâtres par oxydation,qui ont une
structure nettement
gréseuse avec uneassez forte
teneur
en mica, et qui sont disposés enbancs, les uns plus durs et plus compacts, les autres
plus marneux. Les fossiles habituels
à ce
niveau sont des empreintes de Zoophycos, qui serencontrent
sou-vent en grande
quantité;
on ytrouve,
enoutre,
desfragments de Belemnites et nous y avons recueilli, sur
le Pommerngrat, un fort bon échantillon de 5~p/iaMO-
co'as
~MM!p/t?'î.
Les calcaires à Zoophycos représen-tent donc le Bajocien. Vers le haut, l'aspect des cal- caires se modifie peu à peu le mica disparaît et )a structure gréseuse devient beaucoup moins
nette.
Ainsi, se dévetoppe une série épaisse de calcaires noirs,
en bancs
d'épaisseur
variable,séparés
par des lits marneux et dont les uns ont une cassuregrenue,
tandisque
d'autres
sont absolument compacts avec un grain très fin cedernier
typemontre,
en général, des tacheset des traînées plus foncées, au milieu
d'une
roche plus claire. Ce complèxe est excessivement pauvre enfossiles et, majgré de persévérantes
recherches,
nous n'y avons trouvé qu'un Lytocerasindéterminable,
quine.permet,
en aucune façon, de préciser un niveau.Mais. étant donné qu'au Regenbolshorn,et
dansle
ravin qui descend de Wangi, ces calcaires sont incontesta-blement interstratiués entre
les couches à Zoophycos et )e Malm, on peutadmettre
qu'ils représentent lapartie
supérieuredu.turassique
moyenet,probablement,
la
partie
inférieure duJurassique supérieur.
Sur lacarte
ci-jointe, ils sontteintés,
comme le Bajocien sous-jacent, en
brunetciassés entièrement
sous larubrique
Dogger.
Le Afa!m ne joue, dans la région
étudiée, qu'un
rôletout-a-fait
subordonné etn'apparaît
quesur quelques
points,d'abord
au sommet duRegenbolshorn et,
un peu plus au SW., vers le chalet inférieur de Wàngi,puis dans le
soubassement
du Mittaghorn,presqu'en
contact avec le Nummulitiquehaut-a)pin
et, enfin, dansla région d'Adelboden et sur le
versant
MW. de la vallée du Geilsbach. I! prend icil'aspect
qu'il a le plus souvent dans lesPréalpes et
estreprésenté
parun
complèxe de calcaires massifs en gros bancs,teintés
engris p)us ou moins foncé.
Le Crétacique joue dans cette région de la zône
des
Cols un rôle encore plus
subordonné;
nerentrent
dans ce système que
quelques
zônesécrasées
de cal- caires gris clairs,souvent
un peu jaunâtres ouverdâ- tres,
à grain très fin, qui serattachent
au faciès gris etpeu
marneux des Couchesrouges.
Lemeilleur
affleu-rement
de cette formation se trouvesur
lapente
occi-dentale
du Metschstand et du Hahnenmoos. Les schis-tes
noirs duPommerngrat
que M. Quereau aattribués au
Néocomien, en se basantsur
ladécouverte d'un
Aptychus
déterminé
comme Apt. cf.seranonis,
sontcer- tainement
des marnestoarciennes.
Le Flysch semble à
première
vueêtre
un desélé-
mentsconstituants
principaux de la zône des Colsentre
la Lenck et Adelboden et l'on est tenté de lui
attribuer
par ana)ogie soit les grès et congiomérats potygéniques, soit les schistes qui sont associés a ces
grès.
C'est cequ'à
fait en partie M. Quereau. En réalité nous croyons avoir démontré que ces dépôtsappartiennent
au Lias, commet'admettait
du reste en généralIscher,
et nousne connaissons de dépôts
attribuables
au Ftysch dans lala région que nous avons
parcourue,
que dans la valléede Pôschenried, sur la rive gauche de l'Iffigenbach et à
peu prés juste à t'W. du sommet N. de l'Ober Laubhorn où des schistes calcaires finement lités se
superposent
sur les calcaires nummulitiques de Schwand.Quant au complèxe de schistes feuilletés
marnocal-
caires, de grés et de conglomérats polygéniques, qui constitue, au NW. de la zône des Cols, la zône du Nie- sen, et qui a été considéréuniversellement
comme devantrentrer
dans le Flysch, nous ne croyons pas devoirémettre
pour le moment d'opinion absoluesur
son âge,mais nous ne pouvons nous empècher de concevoir des doutes sérieux sur son attribution au Flysch.
L'analo-
gie
d'une partie
de ces dépôts avec certaines formations liasiques est frappanted'autre
part à plusieursrepri-
ses déjà on a trouvé dans la zône du Niesen des Bélem-
nites enfin M. Renevier a montré
récemment
que dans la vallée des Ormonts, les relationsentre
les grèsdu Niesen, le Trias et les marnes
toarciennes
sont enfaveur
d'un
âge jurassique des premiers.Le
Quaternaire n'a
pas fait l'objetd'une étude dé-
taittée denotre part.
Nous nous sommescontentés
denoter
au passage les principaux dépôtsmorainiques
etles éboulements ou glissements de
terrains.
C'est dans environs d'Adelboden que les dépôts glaciaires plusou moins remaniés prennent la plus
grande
extension ilscouvrent
tout leterrain entre
Boden et Adelboden ainsique l'éperon
N. de la chaîne du Hochstet,
de làvers l'aval,
ilsremplissent tout
le fond de la vallée,s'élevant sur
les 8 flancs jusqu'à une assezgrande hau-
teur en effet Adelboden
( )
350m.)
estsur
lamoraine et, sur
leversant opposé, nous
avons constaté la mo-raine
typique jusqu'au-dessusde 450
m.La vallée de l'Allenbach en
amont
d'Adelboden estencore
couverted'un épais revêtement morainique,
qui
prend
undéveloppement particulièrement impor- tant
àl'W.
du confluent de l'Allenbach et du Ceitsbach.La
présence
dans ces dépôts denombreux
blocsd'Urgonien
et de Nummulitique, à côté des grèsquartzi- tiques
du Lias, montre que leglacier
qui a formé cesmoraines
venait de la vallée du Bùtschiberg, qui longele pied de la chaîne
Ammertengrat-Fixer.
Dans le bassin de la Simme nous avons observé
une moraine importante,
qui suit à flanc de coteau leversant
droit de la vallée de
FAmmertenbach,
depuis le pied desrochers
det'Ammertengrat
jusquesur
leversant
E.de la
hauteur urgonienne
qui domineStalden.
It nepeut s'agir
ici qued'une moraine latérale
de l'Ammer-tengletscher.
Vers
l'aval
sur le flancdroit
de la vallée de la Lenckl'on trouve des
placagesmorainiques
àmatériaux haut-
alpinsd'abord-un
peu au dessous deschalets
de Metsch-berg
à1770
m.environ,
puis au dessous deTannen- bühl
à)500 m.,
puis près deSeitenwald
à~250
m.Quant aux
éboulements et
aux glissements, ils ontpris
danstoute
cette régionune importance très
par-ticulière
etrendent souvent
impossibletoute constata-
tion
d'ordre
tectonique. Quelques unsd'entre
eux,relativement
récents et comprenant des roches plusrésistantes,
sont encore facilement reconnaissabtes tel est le cas dugrand
éboulement d'Urgonien qui, descendu de la paroi W. du Fixer,s'est
précipité dans le vallon du Butschiberg. a déferlé contre le versant opposé et est tombé en partie dans la dépression de Ludnung tel est le cas aussid'une
série de petitséboulements, qui jalonnent le pied des Hautes Alpes calcaires, et de beaucoup
d'autres,
partis des parois de Dogger de la zône des Cols. Mais, à côté de ceséboule-
ments bien nets, ils'est certainement
produit à une époqueprobablement
plus ancienne, peut-être au moment duretrait
définitif des glaciers, un grand nom-bre
de glissements en masse deterritoires
plus oumoins
étendus.
L'on traverse en effet, souvent dans la région que nous décrivons, des pentes, dont la surface estirrégulièrement
mamelonnée avec despointements
épars nemontrant
aucune coordinationentre
eux, danslesquelles on ne peut
trouver
aucunordre
ni dans leptongement ni dans la superposition ou le prolongement des couches, et dans lesquelles les éléments les plus divers se
trouvent
métés en une sorte de brèche de broyage, quin'a certainement
rien de commun avec une zône de broyage tectonique. Et, si l'on suit vers lehaut
ces pentes àl'allnre
chaotique, on voitqu'elles s'amorcent généralement
dans un vastecirque
plus oumoins franchement dessiné. Il ne peut
s'agir
ici que de glissementss'étant
effectués lentement dans dester-
rains préa)ab)ement distoqués
par
voie tectonique, désaggrégés par les eaux d'infiltration et coupéspar
l'érosion en des pentes souvent très inclinées. C'estainsi qu'un énorme glissement de
terrain
parti du Laveygrat couvrepresqu'entièrement
leterrain
comprisentre
les différentsbras
dutorrent
de Seiten.Les
pentes mamelonnées
qui sedéveloppent entre
Bùhtberg et le Metschbach, avecleurs
affleurementsabsolument
désordonnés de Trias et de Lias, sont, elles aussi, desterrains
glissés. Plus loin auS.,
une zône deglissement se suit
très clairement
depuisl'éperon
W.du Metschband,
par
Metsch et Sumpf, jusqu'à la vallée.Plus loin encore vers
l'amont
lespentes
quidominent
Oberried sontpresqu'entiérement
formées deterrains
glissés, etl'on
esttenté
deconsidérer
même la paroi de Dogger qui est contournée par letorrent
de Sumpf-egg comme un gros
paquet,
détaché de lagrande
paroi qui setrouve
au dessus, et descendulentement
suivant lapente.
Cette suppositionexpliquerait
en tous cas dela
façon la plus simple la déviation singulière de la valléetorrentielle
à cetendroit.
Entre
la vallée de la Lenck et celle de Poschenriedl'éperon
N. du Langenberg est couvert aussipar
desterrains
glissés, qui cachent complètement la roche enplace. D'autre part,
sans avoir encoreétudié
en détail leversant
gauche du Simmenthalentre
les bains de la Lenck etPôschenried,
nous sommespersuadés
qu'ici encore les roches ne sont engrande partie
pas enplace,
mais qu'elles sont arrivées dansleur
positionactuelle par
unlent
mouvement dedescente.
Dans le bassin du Geilsbach les pentes sont en
géné-
ra) plus faibleset
les glissements deterrains par
suitebeaucoup
moins importantspar contre
nousretrou-
vons dans le bassin de l'Engstligenbach
sur
leversant
E.du Hôchst des
terrains
glissés en quantitéconsidérable.
[! était nécessaire, avant
d'aborder
la partie tectoni- que de notre étuded'insister
surl'importance
de ces mouvements de descente et de fixer d'emblée un certainnombre de
territoires,
dans lesquels nous devrons renoncer à poursuivre les lignes tectoniques.Si nous considérons maintenant l'ensemble de cette série
stratigraphique,
nous serons frappéssurtout par
deux faits
d'abord
le rôletrès
subordonné qu'y jouele
Flysch, puis le caractère quartzitique que prend toute une partie du Lias. En somme beaucoup de nosdéter-
minationsstratigraphiques
concordent au moinsappro-
ximativement avec cellesd'Ischer,
tandis qu'elles diffèrent considérablement de celles de M. Quereau.La comparaison de ces formations de la région d'Adel-
boden et de la Lenck avec celles que M. Rœssinger a étudiées récemment dans les environs de Lauenen est difficile, la stratigraphie de ce
dernier territoire
étant encore assez obscure. Quelques pointspourtant
peu-vent être dxés dans les deux régions le Lias inférieur est
représenté
par des calcaires spathiques et bréchoï- des, tandis que le Toarcien conserve son faciès de schistes mordorésquant
au Lias moyen nous sommes convaincus qu'il faut luiattribuer
une partie des grès que M. Hœssingeraa classés dansle
Flysch. Le Dogger est très probablementreprésenté,
dans la région de Lauenen, par une partie des calcaires noirs auxquelsM. Rœssinger
n'a
pas pu fixer de niveau précis faute de fossiles probants. A propos duJurassique supérieur
ilfaut
remarquer
l'absence à l'E. de la Simme de touteformation marneuse
attribuabte
à l'Oxfordien et compa-rabte aux marnes à Phyl.
torlisulcatum
et Perisph. sul-M/ertM du
territoire
de Lauenen. Nous avons dit plushaut
que nous étionstentés d'attribuer
à ce niveau les calcaires gris, compacts, en bancsséparés par
des litsmarneux,
qui sontsurmontés par
le Matmdu
Regen-botshorn.
Nousremarquons
enfin que nousn'avons rencontré
dans notre région aucune formation quirentrât
dans le Crétaciqueinférieur,
tandis que M. Rœs- singer croit devoirattribuer
à ce niveauune partie
du puissantcomplèxe,
qu'ilréunit
sous le nom demarnes secondaires.
Reste
maintenant
àcomparer
les dépôts que nous avons constatés dans la zône des Cols avec les sédi- mentscorrespondants
des régions voisines des Hautes Alpes, ce qui nous est facile, grâce à une publicationrécente
de M. Lugeonsur
les chaînes du Balmhorn et duTorrenthorn.
Or, un fait frappeimmédiatement
dans cettecomparaison, c'est
ledéveloppement,
dans les deux domaines, de grèsquartzitiques
au niveau du Lias moyen,tandis
que le Liassupérieur
est, engrande partie,
formé de schistesargito-arénacés.
Dans le Liasinférieur,
dans le Dogger et l'Oxfordien, lessédiments
des deuxterritoires présentent
des ditlérencesimpor-
tantes
par contre,
le Malm de la zône des Cols serap-
prochebeaucoup
du Hochgebirgskalkdes Hautes Alpes.Pour finir, nous
remarquerons
enfin que la série liasiqueprésente,
dansl'intérieur
même de la zône desCols, des
variations appréciables;
tandis que, telle que nous l'avonsdécrite,
elle est complète dans les plisinférieurs
ouméridionaux,
elle estconsidérablement réduite
dans legrand
plisupérieur
qui, comme nousM. Lugeon. Deuxième communication préliminaire sur la
géologie de la région comprise entre le Sanetsch et ]a Kander.
Eelogce geol. Helv., vol. VIII, p. 421-433.
le verrons, s'amorce au N. et correspond à une zône de sédimentation
septentrionale.
Ici, le Trias est direc- tement recouvert par les marnes toarciennes, comme on peut le constater particulièrement bien au col quise trouve au NW. du Regenbolshorn.
tt.
7'cc<otu~Me.Si l'on envisage à un point de vue tout-à-fait générât
la région de la zône des Cols que nous étudions ici, on constate une disposition en une large voûte, dont les couches plongent au i\W. sous la zône du Niesen, au SE. sous le jambage renversé du pli frontal des Hautes
Alpes. Mais une étude plus approfondie vous amène bientôt à reconnaître une tectonique beaucoup plus compliquée,
comportant
une succession de plis empiléset comme moulés les uns
sur
lesautres
en une fausse voûte. Cette dispositionrappelle
du reste nettement la tectoniquegénérale
des environs de Lauenen exposéepar
M. Rœssinger, d'autant plus que dans la vallée de laLenck, comme dans celle de Lauenen, le soubassement des plis préaipms est formé
par
du Nummutitiquehaut-
alpin. Mais, comme nous le verrons, le contact entre Hautes Alpes etPréalpes
comporte dans le Haut Sim- menthal un véritable enchevêtrement des plis des2 systèmes et un degré de complication bien plus élevé que celui révélé par M. Roessinger.
Pour faciliter la lecture nous ferons notre description tectonique détaillée par profils successifs, en suivant
autant
que possible tes mêmes lignes que suivent nos coupes, et en commençant par le~E., c'est-à-dire
par
les environs d'Adelboden.Profil 1. Au-dessus d'Adelhoden à
l'E. s'étéve
le Schwandfeld, uncontrefort
de la chaîne du Gsur,formé en
grande partie par
letrès puissant
complexe de schistes calcaireset
argileux et de grés micacés, qui constitue cequ'on appelle
le Ftysch du Niesen, etdont l'âge,
comme nous l'avonsdit,
nous paraîtprob)éma- tique.
Sous ces schistes etgrès,
affleure à lahauteur
des chalets de Senggi et de Fluh
une
zôneimportante
de corgneulestriasiques
plongeant vers lamontagne,
soit au NW. de 30° à 40°,qu'on peut
suivresur
leflanc gauche de la vallée de l'Allenbach jusque près de Stiegelschwand. Vers cette
dernière
localité une ligne depetits entonnoirs
indiqueclairement
laprésence
du gypse triasique enprofondeur.
Cette zône decorgneu-
les est
supportée par
une paroiimportante
de Matmbien
visibleentre
Adelbodenet
le confluent du Geils- bachet
de t'AHenbach. etau-dessous
de laquelle ontrouve,
ensérie normale, d'abord
du Dogger engrande
partie caché
par l'éboulis,
mais affleurantpourtant
sur divers points au dessous du chemin d'Adelboden à Gil- bach, puis les schistes argileux noirs duToarcien,
quisont
bien visibles dans le lit de l'Allenbach aux abords du pont de Bad, au SE. d'Adelboden. Cette sérienor-
male deJurassique
plonge au NW. sous lescorgneu-
les son
soubassement
est caché par lamoraine,
mais,d'après
ce que nousverrons
plus au S. dans la chaine du Hôchst, nous pouvonsadmettre
qu'il est constituépar
les grèsquartzitiques
du Liasmoyen.
Si nous considérons
maintenant
leversant
SE. dela vallée d'Adelboden,
c'est-à-dire
lesoubassement
du Mittaghorn,nous voyons qu'ici affleure, au S. detavaiïée
deGrabenmatt, entre l'altitude
de<550m. et
1800m.,
un
énorme
complèxe de calcaires gréseux et marneux du Dogger ptongeant au SE. ceux-ci sont couvertspar
un banc, épais de 3à
4m.,
de calcaire compact presque noir quireprésente
évidemment le Malm, puispar
une zône de calcaires gris-clairs, lités, un peumar-
neux, du Crétaciquesupérieur.
C'est sur cesderniers
que vient
s'appuyer
le Nummulitique du jambageren-
versé du pli déjeté haut-atpin du Mittaghorn.
En
tenant
compte de ce que nous verrons plus loin,ce profil à travers la région d'Adelboden ne
peut s'expli- quer qu'en admettant
un grand pli couchédu Jurassi-
que, dont le jambage normal se trouvesur
la rive gauche de )'A!!enbach prés d'Adelboden, dont lecœur,
caché sous la moraine, doit exister dans le prolongement de la chaine du Hôchst, et dont la
charnière
frontale s'enfonce au SE. sous l'anticlinalhaut-alpin
duMittaghorn.
Profil
Il.
Suivons maintenant une ligne parallèleà celle de
notre
premier profil, passant part'extrémité
NE. de la chaîne de Silleren, par le sommet du Hôchst et
par
leHinterberg,
et aboutissant au S. du Mittag-horn.
Le Ftysch du Niesen forme toute la crête de Silleren et le versant NW. de cette chaîne; son ptongement est général vers le NW. et il est
supporté,
depuis la région de Stiegelschwand jusqu'au col du Haanenmoos,par
une zone continue de Trias. Celle-ci passe juste au dessous du chalet de Gitbachegg, puis vers Berli-schwand elle est formée du haut en bas de corgneules et de gypse, ce
dernier
semblantconstituer
plutôt desamas qu'une bande
d'épaisseurconstante.
Au-dessousdece Trias on voit afueurer, entre Giibachegg et Berli-
schwand. une
bande
de Crétaciquesupérieur extrême- ment disloquée,
puis du Matm formantuue
paroi bien visible. Lesoubassement
de ceJurassique supérieur
estpresque
partout caché par deséboulements,
iln'ap- paraît qu'au
dessus de Gilbach, où des affleurementsimportants
de calcaires grislités,
évidemmentsupra- crétaciques,
semontrent
au milieu des gazons. Ceretour
du Crétaciqueau
dessous du Malm doitêtre
local, il indique un repli secondaire dans unesérie normale,
et nous devonsadmettre que,
plus bas dansla pente, le Malm et le Dogger
existent
sous lerevêtement quaternaire, s'appuyant
sur lesargites
noires
toarciennes
dans lesquelles le Geilsbach a creusé son lit. Sauf unrepli
de faibleamplitude,
nousretrou-
vons donc
un
profilabsolument correspondant
à celui despentes
quidominent
Adelboden,et
la sérienormale
de Lias, de Dogger, de Matm et de Crétaciquesupérieur
que nous devonsadmettre
ici,plongeant
au NW-,re-
couvre sansdoute
au SE. les formations quiconstituent
le
versant
occidental de la chaîne du Hôchstor, par-
tout où la roche en place
apparaît sur
celui-ci, on ne voit que des grésquartzitiques
du Liasmoyen,
dans lesquels, encherchant
bien, on trouve des tronçons de Bélemnites.Ces mêmes grès forment
t'aréte
du Hôchst, depuisl'éperon septentrional
quisépare
les vallées de l'Allen- bach et de t'Engstigenbach au S. d'Adelboden jusqu'audelà du sommet
principal
de la chaîne (P.1972 m.).
Un peu au dessous du sommet
septentrional
du côté du NE. cesgrés s'appuient
plongeant au NW.sur
une