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Coronavirus: «On ne peut quasiment rien faire contre le virus en automne»

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Coronavirus:

«On ne peut quasiment rien faire contre le virus en automne»

Alors que l’Hexagone s’apprête à reconfiner, l’épidémiologiste français Martin Blachier estime que la saisonnalité du virus est si forte qu’il n’y a pratiquement pas

d’autre choix. Et ça vaut pour toute l’Europe.

Transfert aérien de patients atteints du covid-19 de Lyon à Angoulême : « Le phénomène automnal est tellement fort que rien n’aurait pu empêcher ce qui se passe aujourd’hui », estime Martin Blachier. - Photo News

Par Joëlle ENTRETIEN

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Meskens (/676/dpi- authors/joelle- meskens) Envoyée permanente à Paris

Le 28/10/2020 à 12:19

ENVOYÉE PERMANENTE À PARIS

E

mmanuel

Macron interviendra ce mercredi soir à la

télévision à 20 heures.

Probablement pour annoncer un

reconfinement de quatre semaines en France. Aurait-on pu éviter d’en arriver là dans toute l’Europe ? Pas forcément, selon l’épidémiologiste Martin Blachier, qui conseille notamment l’OMS et la

Commission européenne.

!

La vague pandémique explose à nouveau un peu partout, comment en est-on arrivé là ?

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Ce qui se passe maintenant, on ne l’avait en réalité pas prévu. Nos modèles ne prenaient pas en

compte la saisonnalité du virus, à laquelle on ne croyait pas, vu qu’il y avait eu des vagues

épidémiques en été. On pensait que le virus arriverait à une sorte de plateau en raison des mesures prises. Mais tout à coup le virus a explosé et ce, dans tous les pays d’Europe. D’un coup, il est devenu 5 ou 6 fois plus fort que deux semaines auparavant.

Cela correspond à la chute brutale des températures fin septembre. On peut dater cela précisément du 29 septembre. On s’est seulement rendu compte à ce moment-là de l’ampleur du facteur saisonnier. En été, un certain nombre de

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mesures permet de contrôler l’épidémie, mais en hiver, tout est balayé. Les mesures sont dépassées. On ne peut pas expliquer ce qui se passe sans ce facteur drastique de saisonnalité.

C’est dû à quoi ? À un virus plus virulent dans le froid ou au fait qu’on vit plus à

l’intérieur ?

En réalité, on n’en sait rien. Au vu des courbes épidémiques, on ne peut qu’émettre des hypothèses. Le mode de vie en est une, avec des gens repliés à l’intérieur, fenêtres fermées. Mais il y a aussi des signes qui montrent que le virus est plus fort quand il fait froid. On l’avait déjà vu, avec les clusters

dans les abattoirs.

L’aérosolisation serait aussi bien plus

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importante dans des environnements froids.

Et puis, il y a aussi les défenses immunitaires qui seraient moins fortes en hiver.

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Donc pendant l’hiver, les mesures barrières ne sont pas

su!samment e!caces ? C’est seulement le confinement qui

permet d’agir compte tenu de la force du virus ?

L’idée de contrôler l’épidémie avec les

mesures barrières qu’on connaît, c’est une

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illusion. On ne s’en sortira pas avec des masques, de la

distanciation sociale et du plexiglas. Dans tous les pays d’Europe, la vague est forte alors que les mesures barrières sont très bien

appliquées.

Lors de notre été, c’était l’hiver dans l’hémisphère sud.

Comment se fait-il qu’on ne s’en soit pas aperçu ?

Mon hypothèse est que la zone tempérée dans l’hémisphère Nord n’a pas vraiment son

pendant dans

l’hémisphère Sud. On a beaucoup étudié le Brésil, l’Australie, l’Asie du Sud-est. Mais ce ne sont pas vraiment les mêmes climats que chez nous. Leurs hivers ne ressemblent pas aux nôtres.

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Vous reconnaissez vous être trompés, mais sur la base de vos nouvelles données, comment voyez-vous le futur ?

Si on ne maintenait que les mesures actuelles, on aurait une courbe qui s’élève et se stabilise plus ou moins jusqu’au début de l’année

prochaine. Le phénomène irait quasiment jusqu’en février 2021.

Évidemment, ce n’est pas ce qui va se passer.

Des mesures drastiques vont être prises. Cela dit, le phénomène est plus inquiétant qu’en mars-avril, car le confinement avait

brutalement tout arrêté et derrière, il y avait l’été.

Aujourd’hui, ceux qui peuvent le mieux répondre à la

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problématique, ce sont les économistes. Eux seuls peuvent nous éclairer sur la manière de confiner. Qu’est-ce qu’on garde, qu’est-ce qu’on aménage ?

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Vous parlez de cibler le confinement ? Oui, il faudra entrer dans le dur des

décisions, car il faudra s’adresser à la

population des 60-80 ans. Il faudra qu’ils aient des interactions

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sociales, mais pas trop, sinon il n’y aura plus de places à l’hôpital pour eux. On n’est plus dans des considérations

sanitaires mais dans des choix éthiques de

société. La mortalité en réanimation est

beaucoup moins

importante aujourd’hui qu’en mars : 15 %

contre 50 % en

moyenne au début de la première vague. Les traitements se sont

améliorés. Le problème, c’est que si on manque de places en

réanimation, la mortalité pourrait devenir pire que ce qu’on a connu en mars- avril. On mourra moins, mais dans la limite des places disponibles.

Des influenceurs

chez les seniors

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Vous plaidez pour des

« influenceurs » chez les seniors…

Dans nos modèles, on a vu que le couvre-feu à 21h n’avait qu’un

impact très faible. Ce qui impacte vraiment la mortalité et le

débordement des hôpitaux, c’est ce que vous faites avec la population des 60-80 ans. Ça, ça joue, parce que ce sont eux qui arrivent à l’hôpital et que c’est une population considérable. Il faudrait presque un plan spécial pour la population âgée.

Tout le monde est d’accord pour dire que c’est une mesure qui marcherait au point de vue économique et sanitaire. Mais

politiquement, c’est très compliqué : tant que cette population n’a pas accepté le principe, de telles décisions seraient

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un suicide politique. Il faudrait des

ambassadeurs, des acteurs populaires de 65-70 ans qui portent ce message et disent : faites attention, c’est sur nous que les choses reposent.

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catastrophe!»

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Pour sauver Noël, la prix Nobel

d’économie Esther Duflo avait

recommandé un confinement de

l’Avent. Mais peut-on reconfiner

maintenant pour

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autoriser les réunions de famille dans deux mois ?

Selon les économistes, le pire pour l’économie c’est le « stop and go », car c’est un stop tout court et après il n’y a pas de go. C’est très di!cile de faire

redémarrer l’économie.

Pour avoir des résultats il faut une certaine constance. Les

accordéons, c’est le pire qu’on puisse faire. Je ne partage pas l’idée qu’il faut à tout prix sauver Noël. Je pense qu’il faut trouver une situation relativement stable pour aller jusqu’à l’été

prochain sans des révolutions tous les mois.

« Toute l’Europe à la même

enseigne »

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La deuxième vague est plus uniforme en

Europe que la

première. Personne ne s’en sort mieux que les autres ?

Oui, il y a une homogénéisation.

Avant, des petits changements de comportement

pouvaient entraîner de grosses di"érences.

Maintenant, c’est pour tout le monde la même chose. Chaque pays a le sentiment d’être le pire élève d’Europe. En Espagne, ils ont

l’impression de n’avoir jamais été déconfinés.

L’Italie est en syndrome de stress post-

traumatique. Elle avait l’impression d’être restée à l’abri du

phénomène cet été et là, on voit des

manifestations à

Naples. La Belgique est le pire pays d’Europe,

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alors qu’elle avait levé des contraintes il y a quelques semaines. Au Royaume-Uni, la moitié du pays est confiné. Et en Allemagne, ils sont déjà en train de penser à reconfiner, ils ouvrent des hôpitaux de

campagne, ils cherchent des infirmiers alors

qu’ils ont 20.000 places de réanimation. Tous les pays sont à la même enseigne.

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Même la Suède ? Il n’y a pas de modèle suédois. C’est un mythe.

La réalité, c’est que les

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Suédois se sont autodisciplinés. Des études montrent qu’ils ont réduit de 70 à 80 % leurs interactions

sociales d’eux-mêmes.

Et puis il y a eu l’été qui a fait que comme tous les autres pays, ils ont été relativement

protégés.

Compte tenu du fort impact du climat, peut-on espérer au printemps une accalmie jusqu’au vaccin ?

Oui on peut estimer que quand on sera arrivé à la fin de l’hiver, les mesures barrières, même légères, seront à nouveau plus e!caces face au virus. Donc on pourra avoir une

accalmie comme l’été dernier, ce qui pourrait laisser 6 mois jusqu’à l’automne suivant pour trouver un vaccin.

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Quel est votre regard sur l’action politique après huit mois de pandémie ?

Je n’arrive pas à critiquer les gouvernements.

Qu’auraient-ils pu faire d’autre ? Le phénomène automnal est tellement fort que rien n’aurait pu empêcher ce qui se passe aujourd’hui. Cet été, en Europe, alors qu’on ne voyait

quasiment plus de contaminations, qui aurait acheté deux fois plus de respirateurs, doublé sa population infirmière ? Je pense que c’était infaisable.

On n’arrivait même pas à faire porter des

masques aux gens, tellement ils avaient l’impression que le virus avait disparu. Il y a une rage très forte, les gens sont très inquiets. Mais

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tourner cette rage vers les politiques, c’est leur faire un mauvais procès.

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Bakker Julie

Quelques règles de bonne conduite avant de réagir (http://plus.lesoir.be/services/charte)

Poster

Posté par Det Ben, aujourd'hui 19:33

Au début, Martin Blachier a défendu vivement l'idée de l'immunité collective. Puis avec le temps, il a changé son approche. Heureux de le lire/entendre ces dernières semaines. On peut se tromper et ne pas trébucher plusieurs fois. Au delà du fond, son expression est le reflet d'une conscientisation globale.

RÉPONDRE (/COMMENT/REPLY/334392/210060)

Posté par Martin Roland, Il y a 25 minutes

@Pierre: tout à fait d'accord avec vous ! En plus, lorsqu'il dit que les mesures prophylactiques ont bien été respectées par la population, franchement, c'est du n'importe quoi !

Posté par Moussiaux Pierre, Il y a 54 minutes

Manifestement son but est avant tout de préserver l'économie au prix de victimes collatérales sans doute jugées inévitables et justifiées au vu de l'objectif supérieur poursuivi. Son discours alimente les négationnistes.

Posté par Coulon Michel, aujourd'hui 18:50

Objection! Et l'Asie et New-York qui a tant sou"ert et où tout est calme ! C'est l'automne aussi la bas

RÉPONDRE (/COMMENT/REPLY/334392/210050)

Posté par Moussiaux Pierre, Il y a 49 minutes

@ esser Olivier La seconde vague (je n'aime pas parler de deuxième, qui sous-entendrait que la suivante est d'o!ce

programmée) n'a pas été favorisée par un apport extérieur; elle est arrivée parce que le virus circulait toujours chez nous.

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Fermer les frontières n'a de sens que si la mesure s'accompagne d'une réelle stratégie d'éradication du virus en interne. En

l'absence de vaccin et de remède éprouvé, seule la limitation des contacts est à même d'apporter une solution.

Tous les commentaires (/node/334392/comments)

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