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L'honneur

TERONI, Fabrice

TERONI, Fabrice. L'honneur. In: Julien Deonna & Emma Tieffenbach. Petit Traité des valeurs . Paris : Ithaque, 2018. p. 140-149

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:109907

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L'HONNEUR

Fabrice Teroni

U

NE ATTITUDE AM.BIVALENT.E ENVERS L'HONNEUR prévaut aujourd'hui. D une pan, dire de quelqu'un qu'il est hono- rable, c'est lui reconnalue une valeur. Après tout, défendre son honneur revient à tenter de préserver quelque chose de valable, le perdre revient à s'en voir dépossédé. Ce constat s'applique aux personnes humaines autant qu'aux personnes morales comme les États, les associations, les sociétés et autres groupes humains. Par ailleurs, lorsque nous affirmons <<qu'il y va de notre honneur» à agir d'une façon donnée, c'est que nous sen- tons que les circonstances mettent notre propre valeur en jeu.

D'autre part, il est tout aussi courant de critiquer quelqu'un pour son attention aux questions d'honneur et de parler avec dédain des «codes d'honneur» ou des «cultures de l'honneur».

Évaluer en termes d'honneur serait le signe d'une tournure d'esprit passéiste ou immorale. Cerre ambivalence s'explique par la difficulté à cerner le type d'évaluation en jeu dans J'hon- neur. Car, s'il est plausible d'affirmer que le point de vue de ['honneur est social, celui qui rente de dépasser ce constat se confrome à des problèmes délicats.

1. Honneur et cultures de l'honneur

On peut tenter de défendre une première conception de l'hon- neur sous-tendue par une attitude négative à son endroit:

celle-ci affirme que l'honneur ressortit d'un type d'évaluation

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tombé en désuétude dans nos sociétés occidentales. La tenta- tion s'explique par le fait que le terme «honneur» est souvent associé à ce qu'il est convenu d'appeler les «cultures de l'hon- neur» [Henderson-Stewart, 1994; Nisbett et Cohen, 1996].

Les sociétés du Sud ainsi que des associations défavorable- ment connues des services de l'ordre (mafias italiennes, ban- dits corses, etc.) vivent et meurent plus que de raison par et pour l'honneur. Les évaluations de soi-même et d'autrui pour lesquelles ces cultures ont un penchant s'articulent autour de la virilité, de la violence et de la ruse masculines, de la pudeur et de la soumission féminines. Ces évaluations se caratl:érisent également par leur caraél:ère contagieux: elles ont souvent pour origine le comportement d'un individu, puis se déploient plus largement à d'autres membres de sa famille ou de son groupe.

Inutile d'en dire plus pour cerner ce qui justifie ici une attitude foncièrement négative envers l'honneur.

Est-ce à dire qu'une attitude positive envers l'honneur a le tort d'établir un lien diretl: entre honneur et valeur? Si parler d'honneur consistait à caratl:ériser une personne du point de vue propre aux cultures de l'honneur, cela ne serait en effet pas forcément l'évaluer. Pour la majorité, cela reviendrait plutôt à dire que ceux qui adoptent ce point de vue l'évaluent ou l'évalueraient d'une façon surannée, inappropriée, voire immo- rale. De même, le sens de l'honneur serait une attitude peu reluisante envers soi-même et autrui. Nul doute que ce constat s'applique à quelques usages du terme «honneur»- à l'expres- sion «cultures de l'honneur», bien sûr, ainsi qu'aux emplois du terme ressortant du contrôle de la sexualité. Rien n'incite pourtant à le généraliser.

Certains usages des termes «Vertu*» et «vice» sont sujets à des réserves similaires, ce qui n'encourage personne à conclure que parler de vertu ou de vice consiste à évaluer d'un point de vue démodé ou immoral. La conclusion qui s'impose pour

«vertu», «vice» et <<honneur» est plutôt que certaines valeurs revêtent une importance si grande dans des groupes donnés que ne pas s'y conformer revient à être dévalorisé. Cette conclusion

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ne menace pas l'honneur, car U n'est pas nécessairement lié à ces valeurs. De multiples références à l'honneur ne se laissem en effet pas comprendre à travers les valeurs en exergue dans les cultures de l'honneur. Ainsi, lorsqu'une personne affirme qu'il }' va de son honneur de dénoncer une opération interlope, ou qu'elle met un point d'honneur à ne pas frauder, elle n'affirme cerrainemenr pas s'évaluer en référence à ces valeurs ou aux codes de conduite qu'elles génèrent.

On

a~ait

donc [QH de promouvoir une attitude négative envers 1 honneur en le liam de manière essentielle aux valeurs des cultures de l'honneur. La première conception adopte une perspeél:ive trop limirée.

2. Honneur et réputation

L'erreur de la première conception est de considérer que par- ler d'honneur revient à évaluer une personne selon qu'elle se conforme ou non ame valeurs promues par les cultures de l'honneur. Si c'est là l'erreur, pourquoi ne pas dire que son hon-

~~ur

esr le pur reflet de Ja façon dom les membres d'un groupe 1 evaluent, ecce, quelles que soient les valeurs dom ils se servent à c7rre

fin? C'es~

là une deuxième conception de l'honneur.

Lanecdore swvante permettra de l'appréhender. Suite à des

~oubles

politiques, les autorités de la ville suisse de Zoug placerent en 1731 sur la porre des maisons de citoyens jugés coupables de fomenrer la sédition des notices avec la mention:

«Ici vir le déshonorable ... 11

[Henderson~Stewarr,

1994). Il est dair que le déshonneur de ces citoyens n'a rien à voir avec les valeurs srruthuanr les cultures de 1 honneur. En accord avec ce qui précède, Ja deuxième conception en conviem et considère que le poim de vue social en jeu dans l'honneur n'est pas ancré dans les valeurs propres aux culrures de l'honneur, mais est équivalent à la réputation ou à l'image sociale. Les malheureux

~oug~i~

auraient perdu le_ur honneur en vertu de leur réputa- non seneusemenr ternie. A l'inverse, une personne honorable serait celle qui jouir d'une bonne réputation. Et, lorsqu'il y va

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de notre honneur d'agir d'une certaine façon, il y irait en fait de la manière dont autrui nous considérerait si nous ne le faisions pas.

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Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que la conception en question souligne le fait que la réputation est sous-ten~ue par des évaluations différentes, voire divergentes, selon quelle est mesurée par les Zougois du XVIIIe, les me~bres d'une. c~t~re

de l'honneur, ceux d'un club de golf ou dun cercle lmeraue.

Cela lui permet d'insister avec raison sur le fait que parler d'honneur ne revienr pas nécessairement à parler de virilité et de soumission féminine. Honneur et déshonneur se situeraient ailleurs, dans une réputation qui procède des valeurs auxquelles fonr appel ceux qui la mesurent.

Au contraire de la première conception, l'idée est donc que l'honneur dépend d'une relation à un groupe pertinent. Il serait ainsi étonnant d'affirmer que l'honneur d'un citoyen respeél:ueux des lois dépend de ce que des voyous penseraient de lui si leurs aél:ivités leur laissaient le loisir de s'en forger une opinion. C'est pourquoi on souligne couramment l'existence d'un ((groupe d'honneur», à savoir un groupe d'égaux aptes à fixer le statut honorable ou déshonorable de leurs membres [Appiah, 2010; Henderson-Stewart, 1994]. Cla~ifier la notio?

d'« égalité» en jeu n'est pas aisé, mais il faut insister s~r le fait que les égaux sont soumis au même code de condwte par~:

qu'ils attachent de l'importance aux mêmes valeurs ~t les, hr~­

rarchisent de façon identique. On parle encore auJourd hw dans ce cadre de «pairs». Selon la deuxième conception, c'est l'opinion des pairs qui compte: elle seule fait et défait l'hon- neur. Dans une culture rigidement stratifiée, les pairs sont les individus de même état ou de même caste, alors que le groupe des pairs peut se voir indéfiniment étendu pour en?lo~er ~'hu­

manité tout entière dans le cadre des cultures plus egaluanstes et des valeurs qu'elles promeuvent [Appiah, 201 0].

Insister sur les liens entre honneur et réputation suggère une explication de notre attitude ambivalente à son encontre.

D'un côté, on admettra qu'il est bon qu'une personne soit sen- sible à ce que ses pairs pensent d'elle, de même qu'il est bon

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qu'elle soü entourée de pairs qui l'ont en estime. De l'autre on conviendra qu'une trop grande sensibiüré à son image sodale est un terreau fertile pour des formes de servilité condamnables er engendre des comportements souvenr immoraux. Certains

~actent ~e ,~prétendu

rapport à la réputation pour condure à 1 aspeér JnevJtab!emenr superficiel d'une évaluation en termes d'honneur [Dacwall, 2013].

, Malgré les

~rogrès

accomplis, cette deuxième conception n esc ~as convamcanre. Elle confond ce que la littérature décrit pacfo1s comme ((honneur vertical» et «honneur horizontal»

fAn?erson-Sr~~·

1994].

~honneur

vertical est un type d'éva- luauon compemif, conrrastif er susceptible de plus et de moins q~e n?us emp!~yons lorsque nous estimons un sportif ou un sctenaiique meilleur ou moins bon qu'un autre. L'honneur proprement dit, ou ((borizomal », se distingue fondamemale- menr de l'honneur vertical, ce qui va nous faire voir ce qui doche

d~

la c?ncep,tion de l'honneur comme répuration.

En prem1er

li~~·

1 honneur propremem die ne s'acquiert P~. par compéaoon entre pairs et consricue une qualité qu1ls

~anagem

(tant que, bien sûr, ils ne l'one pas perdue). Tl possede en outre une dimension c< tour ou rien>> en ce sens qu'une

pers~~e

a_

s~n

honneur ou l'a perdu, mais qu'on ne peur en avou a differents degrés [Anderson-Stewart, 1994;

Deanna, Rodogno et Teroni, 2011]. Pour ces raisons, l'hon- neur se rapproche plus d'un statut qui peur être perd_u que des phénomènes regroupés sous le label ,, honneur vertical''·

~es

constatations mettent à mal la deuxième conception de l

honn~ur

. .!7n

eff~t,

celle-ci identiiie le déshonneur d'une per- soru:e a sa repuranon écornée, voire négative, parmi ses pairs er, corrélativemenr, le statut qu'eUe a perdu à celui d'être estimée d'eux.

?r,

une réputation et l'estime qui lui correspond som suscepnbles de degrés - la première esr plus ou moins bonne, la seconde plus ou moins imense. La dimension <( tour ou rien» de l'honneur ne se laisse donc pas comprendre en ces termes Par ailleurs, la pene de stacur correspondant au déshonneur.

est-elle vraimenr affaire de réputation négative? C'est douteux,

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puisque mésestimer une politicienne ou un achlère n'est ras suffisant pour parler de déshonneur. Perdre son honneur, c est se trouver dans une situation bien plus grave qu'avoir mauvaise réputation. Corrélativement, il n'est pas requis d'estimer une personne pour admettre qu'elle a de l'honneur.

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En second lieu, s'il est évident que l'honneur vertical est af- faire de réputation - on parle ici de l'estime dans laquelle une personne est tenue-, cela l'est ~oins pour l'h?nne~ pro~re­

menr dir. Identifier l'honneur d une personne a sa repucaaon revienc en fait: à nier l'existence d'un lien essentiel encre hon- neur et valeur. Il faut prendre la mesure de cette identification:

cette réputation est celle dont la personne jouit dans les faits, et il n'est pas question de faire référence à ~elle q~' elle mérite~ait.

Ce n'est pas convaincant. Il se peut qu un pau constate b1en après son décès qu'une personne d'excellente réputation n'avait aucun honneur, ou à l'inverse qu'une personne mésestimée de rous ne l'avait jamais perdu. Nul ne l'a mieux souligné que Reid lorsqu'il écrit que l'honneur ne se résume pas à la répu~

tation, <(sans quoi l'homme d'honneur ne mériterait pas noue confiance dans l'obscurité» [1788/2006, III.ill.5]. Reid insiste à raison sur le fair qu'une personne d'honneur ne commer pas d'indélicatesse sous couvert d anonymat, ca~; ce n'est pas par souci de sa réputation qu'elle esr honnête. La conception de l'honneur comme réputation en fait donc quelque chose de trop superficiel; elle semble même confondre I'honneu~ et les honneurs, à savoir les manifestations extérieures de l'estime en laquelle un individu est tenu.

La conception de l'honneur comme réputation e~t donc insatisfaisante. Elle n'explique ni l' aspeé\: <(tout ou nen » de l'honneur ni le caraétère dramatique du déshonneur, et dépeint l'honneur comme un phénomène plus superficiel qu'H ne l'est.

3. Honneur et attachement aux valeurs

L'honneur ne se comprend pas plus en tant que sous-ensemble de valeurs propres à certaines cultures qu'en tant que réputation.

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Mais alors, comment le comprendre tour en reconnaissant la dimension sociale du point de vue qu'il implique?

Un rerour à l'observation de Reid permet de déboucher assez narurellemenr sur une troisième conception de l'honneur, plus convaincante. Si le comporremenr de la personne d'honneur ne s'explique pas par son artachemenr à ce qu'autrui pense d'elle, c'est qu'il s'explique bien sûr par son attachement aux valeurs pertinenres (honnêteté, convenance, etc.) et au code de conduire qui en décowe. Éviter de transformer l'honneur en phénomène superficiel revient à l'appréhender sous l'anale d'un arrachement à ces valeurs. Il est difficile de spécifier

~n

quoi consiste un tel attachemenr. À rour le moins faur-il insis- ter sur le fait qu'une personne arrachée à une valeur fait ce qu'elle peut pour l'honorer lorsque les circonstances le per- mettent et qu'elle lui accorde une place significative dans son raisonnemenr pratique (Deonna, Rodogno er Teroni 2011].

Ces brèves remarques permertenr déjà de comprendre ce qui est en jeu dans l'honneur lorsqu'elles som rapprochées de la

dimensi~n

« rour ou rien» propre à l'honneur, ce starur que de graves cuconstances peuvent faire perdre.

,La nature de ces circonstances est en effet clarifiée par l'idée dun arrachement à une valeur. Ainsi, les Zougois mentionnés plus haut sont considérés avoir perdu leur honneur, car leur comportement durant les troubles politiques était aux yeux de leurs conciroyens incompatible avec un attachement à certaines valeurs civiques. Plus généralemenr, roure aétivité humaine d'importance esr srruél:urée par des valeurs qu'elle cherche à promouvoir. Une personne perd son honneur lorsqu'elle fair preuve d'une infidélité manifeste à ces valeurs dans Je cadre d'une aél:iviré qu'elle a Iibremem choisie (sporr ou science, par e_xemple) ou

gu '~lle

ou ses pairs considèrent comme non op- tlOnnelle- ce qw vaut pour les imeraéhons interpersonnelles en général ou pour des rôles sociaux liés à divers étars ou castes

dan~

les sociétés hiérarchiques. Dans le premier cas, on parle de 1 honneur de quelqu'un «en tant quX>> (sportif, scienti- fique, etc.), alors que, dans le second cas, on parle simplement

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d'honneur. Mais, dans tous les cas, quelqu'un perd son hon- neur si ses attitudes ne sont pas celles d'une personne soucieuse de promouvoir les valeurs struél:urant cette aél:ivité. Un ~port~f

ne perd pas son honneur s'il échoue à monter sur le pod1~m, d le perd s'il n'essaye pas de gagner ou s'il triche, car ces attitudes sont irréconciliables avec un attachement aux valeurs (excel- lence athlétique, fair play, etc.) struél:urant le,_sport. _lJn scien- tifique, quant à lui, ne perd pas son honneur s 1l ne fan aucun:

découverte majeure, mais le perd s'il ne s'y efforce pas ou.manl- pule ses réstÙtats pour satisfaire un bailleur de fonds - at~ltudes

irréconciliables avec un attachement aux valeurs (connatssance, vérité, compréhension) struél:urant la science. Le lien r_é~urrent

entre déshonneur et trahison se comprend dès lors a1sement:

est dévalorisé celui considéré comme infidèle aux valeurs aux- quelles son état ou ses choix exigent qu'il se conforme.

Selon la troisième conception, l'honneur d'une personne est fonél:ion de sa capacité à s'attacher à certaines valeur~ et de ~on

attachement effeél:if à celles-ci. Il s'agir d'un statut qm peur etre perdu et qui l'est dans des circonstances ~raves, à savoir de~

circonstances qui trahissent un manque d attachement mani- feste à ces valeurs. Il n'est pas question ici de mesurer l'hon- neur à l'aune des valeurs propres aux cultures de l'honneur, ce qui contraste avec la première conception. Et ce qui contr~ste

avec la deuxième conception, c'est que l'honneur est fonél:wn de l'attachement effeél:if d'une personne à des valeurs et non pas de ce que son comportement lais~e penser ~ux a~tres, ~ui

peuvent se tromper. C'est donc lier l honneur a la re~ut~tlon

qu'une personne mériterait plutôt qu'~ celle dont :l~e JOUI~.

N'est-ce pas là une conception de 1 honneur qmmterdlt de comprendre le point de vue social q~'il implique? ~'est au contraire en rendre compte sans le cancaturer. Lorsqu une per- sonne affirme que quelqu'un a conservé ou perdu son honneur, elle le fait d'un point de vue struél:uré par certaines valeurs:

son jugement implique qu'elle considère que cette. personne y est restée fidèle ou les a trahies. Dans un cas simple, ces deux personnes font partie du même groupe d'honneur, et

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la personne dont l'honneur est en jeu, celle qui la juge et les autres pairs sont du même avis. Dans ce cas, honneur et répu- tation s'alignent. Mais il n'est pas rare que celui qui affirme qu'une personne a conservé ou perdu son honneur soit plus distant d'elle, comme lorsqu'on juge un personnage historique ou un membre d'une cultute éloignée. Dans ce cas, honneur er réputation au sein des pairs ne s'alignent pas forcément. C'est ce qui se passe lorsque nous jugeons qu'un affranchi repenti a gardé son honneur- il montre son attachement à des valeurs desquelles nous considérons, au contraire des mafiosi, que son honneur dépend.

4. Conclusion

Cette conception permet enfin d'offrir une riche explication de notre ambivalence envers l'honneur. Une personne se place ryplquement du point de vue de l'honneur pour évaluer les membres de sa culture ou ses pairs. Celui dont l'honneur est en jeu est jugé digne ou indigne de faire partie de cette culture ou d'y occuper une fontl:ion, dans la mesure où on le consi- dère attaché ou non aux valeurs qui struéturent ce groupe ou cerre fon&ion. Cela a des conséquences sur la manière dont il sera traité: avec le respeél: dû aux membres de ce groupe ou à ceux qui exercent cette fonél:ion si son honneur est préservé, au mieux avec mépris s'il l'a perdu. Notre attitude négative envers l'honneur provient du fait que ce point de vue social et ses conséquences sont sujets à d'importantes variations et distorsions évaluatives qui promeuvent des conduites que nous considérons comme immorales. Notre attitude positive à son endroit provient quant à elle du fait qu'aucun groupe social ne peut se départir d'un tel point de vue, car il esr essentiellement lié à l'attachement aux valeurs qui en constituent le fondement et à l'aune desquelles ses membres mesurent leur valeur et celle d'autrui. Cette pérennité de l'honneur et du sens de l'honneur suggère qu'ils sont susceptibles de se transformer, voire de pro- gresser [Appiah, 2010].

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BIBLIOGRAPHIE

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