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La formation des enseignants en éducation physique : recherches sur les pratiques des formateurs et sur l'activité des stagiaires
DENERVAUD, Hervé, POUSSIN, Bernard
DENERVAUD, Hervé, POUSSIN, Bernard. La formation des enseignants en éducation physique : recherches sur les pratiques des formateurs et sur l'activité des
stagiaires . Genève : Université de Genève, Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation, 2010, 177 p.
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:21761
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UNIVERSITE DE GENEVE
FACULTE DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L’EDUCATION CAHIERS DE LA SECTION DES SCIENCES DE L’EDUCATION
La formation des enseignants en éducation physique
Recherches sur les pratiques des formateurs et sur l’activité des stagiaires
Hervé Dénervaud & Bernard Poussin
Préface de Joaquim Dolz & Adrián Cordoba Postface de Benoît Lenzen
Publié avec le soutien de l’ISMMS, de l’IUFE et de la DGCO, Genève
Cahier N°128
Octobre 2010
3
TABLE DES MATIÈRES
PRÉFACE de Joaquim Dolz et Adrián Cordoba 5
INTRODUCTION 9
La formation des maîtres de sport à l’Université de Genève 10 La formation professionnelle des enseignants
d’éducation physique à l’IFMES 14
Un parcours de formation encore en évolution en 2009 18
Les objets d’étude 19
PREMIÈRE PARTIE
Cadrage théorique 25
Les dispositifs d’alternance 25
La didactique en formation 26
Des outils pour une observation didactique 29
Le contrat didactique et la dévolution 31
Le milieu 32
Les étapes du processus d’apprentissage 33
Les techniques didactiques de l’enseignant 36
Nos questions de recherche 38
DEUXIÈME PARTIE
L’étude de cas en formation universitaire à l’ISMMS 45 Le dispositif de formation des étudiants en SMS 45
Le protocole expérimental 48
Le traitement de l’étude de cas 61
HERVÉ DÉNERVAUD &BERNARD POUSSIN
L’étude de cas en formation professionnelle à l’IFMES 93
Les séminaires didactiques de formation 93
L’étude de cas 95
Le traitement de la première « situation-problème » 99 Le traitement de la seconde « situation-problème » 119
CONCLUSION 145
Les aspects spécifiques de la formation didactique 146 Les aspects génériques de la formation didactique 147
POSTFACE de Benoît Lenzen 155
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 163
ANNEXES 171
9
INTRODUCTION
Cette publication a pour origine deux travaux de mémoire présentés en 2007 et 2008 en aboutissement d’une formation de troisième cycle universitaire (MAS) intitulée « Théories, pratiques et dispositifs de formation d’enseignants ». A l’initiative des professeur-e-s Schubauer-Leoni et Dolz, nous avons donc cherché à associer nos deux problématiques de recherche qui avaient pour points communs la formation des enseignants en didactique de l’éducation physique et plus particulièrement l’enseignement des jeux sportifs collectifs à l’école. Ainsi, nous avons travaillé dans la plus grande partie de ce document à associer nos écrits, sur le fond et la forme, en tentant de les articuler de la manière la plus cohérente possible.
Dans cette partie introductive, nous allons retracer brièvement les dernières évolutions du système de formation des enseignants d’éducation physique à Genève, ceci au niveau académique et professionnel, pour aboutir au système de formation qui aura cours dès septembre 2009. Suite à cela, nous évoquerons les objets d’étude qui, au sein de deux institutions de formation différentes, nous ont occupés pendant notre recherche.
La deuxième partie du travail nous permettra de préciser le cadre théorique sur lequel nous nous sommes appuyés pour comprendre et analyser les corpus d’informations que nous avons récoltés. Ensuite, les études de cas qui occuperont la troisième partie reprendront plus fidèlement la forme que chacun d’entre nous a utilisée dans sa recherche respective. Enfin, la partie conclusive tentera de mettre en perspective les résultats des deux recherches pour nous permettre de faire des propositions d’évolution des dispositifs de formation didactique des futur-e-s enseignant-e-s d’éducation physique.
HERVÉ DÉNERVAUD &BERNARD POUSSIN
La formation des maîtres de sport à l’Université de Genève
Les dernières évolutions du système de formation des maîtres de sport
Depuis l’instauration d’une formation de maître de sport à Genève1 et jusqu’en 2000, la formation universitaire était une formation professionnelle, intégrant des aspects théoriques et scientifiques et des aspects pratiques, méthodologiques et didactiques, qui aboutissait à un Diplôme Fédéral de Maître de Sport 1, diplôme professionnel délivré par la Confédération et dont les règlements étaient régis par l’Office fédéral du sport de Macolin. En tant que telle, il ne s’agissait pas d’une formation académique. Néanmoins, l’Ecole d’Education Physique et de Sport (EEPS) figurait dans le règlement de l’Université et était rattachée à la faculté de médecine. Ce lien était distendu et l’EEPS n’avait pas de règlement académique. L’ancrage à l’Université était constitué essentiel- lement d’un conseiller scientifique.
Dès 2001, l’EEPS a été engagée dans un processus de rapprochement des autres formations de l’Université qui lui a permis de créer des liens avec d’autres facultés. Ainsi, les étudiants en éducation physique pouvaient-ils obtenir une licence bidisciplinaire (et non plus un diplôme fédéral) délivrée par les facultés de lettres, de science ou des sciences économiques et sociales (SES) dans laquelle le sport était mentionné en tant que deuxième discipline. L’EEPS est alors toujours rattachée à la faculté de médecine. Toutefois, la contrainte d’une formation bidisciplinaire dont l’autre discipline avait un statut prioritaire2 eut à la fois comme effet d’intégrer davantage l’EEPS à la logique traditionnelle des parcours de formation universitaires, mais également de réduire passablement les effectifs d’étudiants qui, pour beaucoup, souhaitaient en premier lieu effectuer une formation en éducation physique et en sport et s’orientaient vers l’Université de Lausanne qui leur offrait cette possibilité.
L’adhésion de la Suisse aux Accords de Bologne a entraîné, dès 2005, des changements dans la formation des maîtres de sports à l’Université de Genève. Ainsi, l’EEPS a cédé sa place dès 2009 à un Institut des Sciences du Mouvement et de la Médecine du Sport (ISMMS). Cette modification entraîne un rapprochement plus fort à l’Université et à la faculté de médecine puisque
1 Les premières sessions de formation ont débuté en 1946.
2 Dans le sens où cette formation, en géographie ou en biologie par exemple, devait être
LA FORMATION DES ENSEIGNANTS EN ÉDUCATION PHYSIQUE
11
l’ISMMS est rattachée à celle-ci à travers son règlement et ses plans d’études3. Ce changement de dénomination s’est également accompagné d’un changement de la structure de la formation qui comporte désormais un premier niveau de base d’une durée de trois ans (bachelor en sciences du mouvement et du sport (SMS)) et un second niveau d’une durée de deux ans (master en sciences du mouvement et du sport) spécialisé dans cinq orientations différentes, en collaboration avec l’Université de Lausanne :
1. Enseignement de l’éducation physique ; débouchant spécifiquement sur l’enseignement en milieu scolaire. Les titulaires d’un master en orientation enseignement disposeront de deux compétences pour l’enseignement4.
2. Entraînement et performance ; préparant à des activités professionnelles comme entraîneur/coach ou chercheur en sciences du mouvement et du sport.
3. Activités physiques adaptées et santé ; débouchant sur des activités professionnelles dans des établissements de fitness, de réadaptation, d’encadrement de personnes handicapées.
4. Sciences sociales et sport ; permettant de préparer à des activités de journalisme et de recherche en lien avec le domaine des sciences sociales.
5. Gestion du sport et des loisirs ; approfondissant les domaines du management dans la finance et le droit et permettant l’accès à des fonctions de cadre dans les fédérations ou les clubs sportifs.
La première volée d’étudiants a commencé à la rentrée académique 2005 et les premiers baccalauréats en SMS ont été délivrés en 2008, les premiers masters spécialisés étant attribués à la fin de l’année académique 2009-2010.
Cette nouvelle structure de formation comprend des enseignements en sciences de la vie et en sciences humaines, des enseignements pratiques et méthodologiques en activités physiques et sportives, des immersions professionnelles et des enseignements en pédagogie et en didactique en vue de carrières professionnelles diverses. De plus, les étudiants sont amenés à suivre des enseignements destinés à acquérir une deuxième compétence qu’ils pourront faire valoir dans l’enseignement ou dans des activités d’entraîneurs ou de chercheurs en SMS par exemple.
3 Règlement approuvé le 14 février 2005 par le Collège des professeurs de la faculté de médecine et le 1er mars 2005 par le Conseil de la faculté de médecine (Guide de l’étudiant pour 1re année propédeutique, version du 17 septembre 2007).
4 180 crédits en SMS et 120 crédits d’une deuxième compétence (dans les facultés des lettres, des sciences ou des sciences économiques et sociales) soit un total de 300 crédits à la fin du master.
HERVÉ DÉNERVAUD &BERNARD POUSSIN
Ainsi, depuis 2001 et surtout depuis 2005, le parcours de formation des enseignants d’éducation physique a tissé des liens plus étroits qu’auparavant avec d’autres facultés. Celui-ci reste professionnalisant mais il s’est néanmoins
« académisé », non seulement au sein même de la faculté de médecine mais également par les liens et collaborations créées avec d’autres facultés de l’Université. Cela se concrétise, par exemple, par des enseignements communs entre étudiants de l’ISMMS et d’autres facultés. Certains cours restent spécifiques aux études en SMS mais l’époque où l’ensemble du parcours de formation des maîtres de sport s’effectuait au sein même de l’EEPS est révolue.
Evolution de la conception des enseignements en didactique de l’éducation physique
Du compagnonnage…
En ce qui concerne les enseignements didactiques, l’organisation du parcours de formation a également évolué. Jusqu’en 2001, des groupes de quatre à six étudiants, accompagnés d’un formateur, étaient accueillis tout au long de l’année dans des classes de l’enseignement primaire et secondaire en vue d’observer et de comprendre l’activité de l’enseignant pour petit à petit prendre en charge la leçon. Les moments d’analyses et de régulations étaient pris en charge par les formateurs à la fin de chaque matinée. De 2001 à 2005, quelques séminaires ont été mis en place dans le dispositif pour permettre d’introduire des notions théoriques aux interventions dans les classes ou pour effectuer une analyse plus approfondie de certaines situations d’enseignement. Néanmoins, il s’agissait essentiellement d’une formation par la pratique et sur le terrain cherchant à développer des savoir-faire. De plus, comme l’évoque Perisset Bagnoud (2009),
Les maîtres à qui reviendront la responsabilité de recevoir des stagiaires devront être des modèles répondant à une attente sociale bien définie. Il est aisé de comprendre la logique de compagnonnage qui a été celle des stages, à savoir une logique de transmission d’un savoir-faire et de gestes professionnels par imitation d’un maître expérimenté. (p. 5)
Dans ce modèle de formation, l’alternance entre le terrain et l’institution de formation est déjà présente mais elle se présente dans une version qui valorise à l’extrême les savoirs directement mobilisables dans une pratique efficiente, que Vanhulle, Merhan et Ronveaux (2007, p. 11) définissent comme un « modèle acculturateur, faisant la part belle à l’immersion sur le terrain ».
…à l’alternance
Actuellement, les enseignements didactiques ont pris l’appellation
« Intervention 1 ». La notion d’intervention désigne, selon l’Association pour la Recherche sur l’Intervention en Sport (ARIS), tout acte professionnel mettant
