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Emprises de la violence. Regards sur la civilisation contemporaine

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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L'association Echange et diffusion des savoirs est soutenue par le Conseil Général des Bouches-du-Rhône, principal partenaire de son activité SAISON

2008 2009

LE CONSEIL GENERAL DES BOUCHES-DU-RHONE

Echange & Diffusion des Savoirs

( EMPRISES DE LA VIOLENCE )

“ Il y a toujours un rôle essentiel pour la philosophie,

laquelle n'est, après tout,

qu'une des incarnations principales de notre liberté ”

( Cornelius Castoriadis )

REGARDS SUR LA CIVILISATION CONTEMPORAINE

OCTOBRE 2008 - AVRIL 2009

Conférences à l’Hôtel du département

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Il y a peu, nous avons parlé dans ces programmes de formes proprement politiques, juridiques et militaires de violence ouverte : l'état d'exception (2003-2004) et la guerre (2007-2008). Mais de façon insidieuse et captieuse, souvent perverse, de très grandes violences de tout autres types sont faites aux hommes de notre temps, dont certaines seront évoquées ici.

Par des voies et moyens contournés que ce programme s'efforcera d'éclairer et de mettre en critique, nous en sommes arrivés à considérer comme naturelles, allant de soi, toutes sortes de coercitions quotidiennes, chroniques, qui nous assaillent et nous séquestrent, personnellement et collectivement, sans que personne l'ait décidé, sans que personne l'ait voulu, même si elles sont une insulte au simple bon sens et à l'humanité même.

On sait que “personne” est aussi le nom propre du rusé Ulysse. Par quelles ruses séduits avons- nous donc accepté de naturaliser massivement cette véritable “décivilisation des moeurs”1 ? L'immense déprise de la langue, en particulier chez les enfants et les jeunes, qui limite notre perception même du monde, en même temps que notre capacité collective à y être et le partager avec les autres. La question proprement terrifiante d'une société qui ne se préoccupe plus tant de protéger ses enfants et ses jeunes que de se protéger contre eux. L'effondrement du sens des savoirs qui cessent, comme le remarque Marcel Gauchet, d'être porteurs de l'émancipation de l'humanité. Le poids démesuré de l'image dans notre société, et singulièrement de la publicité, et sin- gulièrement auprès des enfants, image inflationniste sur ces écrans domestiques devenus le troisième, et même le premier parent de nos enfants comme le parent perpétuel des adultes ; devenue aussi omniprésente dans le paysage urbain qui est maintenant un incessant écran publici- taire où rares sont les surfaces vides et silencieuses. Et, bien sûr, il ne s'agit pas, il ne s'agit plus, de l'image d'évocation qui libère l'imaginaire mais de l'image prescriptrice qui enferme l'imagi- naire dans un temps, une histoire et un rythme imposés. L'assujettissement simultané des adultes et des jeunes à l'image a aussi un effet anthropologique majeur : il réduit, efface même, la différence entre les générations. La question de l'accès à l'âge adulte, et de la capacité même à l'atteindre, est ainsi posée au niveau collectif et historique. Vivons-nous une période où cela est devenu de plus en plus difficile, voire impossible ?

Ici, la géographie joue son rôle : le fait social majeur de notre modernité, de notre modernité récente même, est l'urbanisation massive de l'habitat dans le monde, au Nord comme au Sud.

Elle ne va pas sans reposer la question : quelle ville nous fait-on ? Et pourquoi ? Et qui la fait ? Est-t-elle vraiment le lieu de la peur ? Qu'en est-il de la barbarisation, de la brutalisation de nos villes ? De la normalisation de l'espace public ?

Cet environnement intellectuel et matériel détermine une réelle “néoanthropologie” du

“néolibéralisme”. Une “subjectivité nouvelle” comme le dit Jean-Pierre Lebrun. La nouvelle culture du libéralisme mondial détermine-t-elle un homme nouveau?

Bien sûr, le regard fondamental sur ces questions ne peut être qu'un regard politique, au sens essen- tiel du terme. Qu'est-ce qu'une démocratie possible aujourd'hui ? Quelles régressions nous menacent si nous ne prenons pas politiquement notre vie personnelle et collective en mains ?

On le voit, il ne s'agira pas de se plaindre de notre temps, mais de porter plainte.

Spyros Théodorou

1- Nous détournons ici le titre de l’ouvrage de Norbert Elias “La civilisation des moeurs”

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( Le Massacre des innocents )

SAISON

2008

2009

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Quel monde voulons nous ?

C’est autour de cette interrogation que s’organisent, cette année, les conférences d’Echange et diffusion des savoirs. Ce cycle de réflexion et de débat, dont le succès ne se dément pas, ne sera certainement pas suffisant pour dresser une liste complète de réponses.

Telle n’est pas son ambition, au demeurant. Mais je me réjouis que les thèmes retenus recoupent les questionnements que nous adressent les générations futures, inquiètes de lendemains porteurs de terribles menaces, sociales, environnementales, climatiques…

Mais en restant à l’écoute des préoccupations de nos contemporains, ce travail de réflexion s’inscrit dans les mouvements qui redessinent notre horizon intellectuel et nous aide à comprendre, et peut-être, à dire le monde tel qu’il va, ou encore, tel qu’il ne va pas.

C’est cela qui fait la valeur d’Echange et diffusion des savoirs.

Il y a dans les rencontres que prépare patiemment et intelligemment Spyros Théodorou, en étroite collaboration avec le Conseil général, une exceptionnelle qualité que j’apprécie et soutiens sans réserve.

Avec chacun des auditeurs et des participants, nombreux, qui font l'âme de ces rencontres, nous voulons une société plus éclairée, plus lucide et meilleure. C’est pour cela que son oeuvre de décryptage et de déchiffrage est d’une valeur inestimable.

Jean-Noël Guérini Sénateur des Bouches-du-Rhône Président du Conseil Général

( Notre responsabilité )

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JEUDI 16 OCTOBRE 18H45

( Maîtrise de la langue et destin scolaire

Alain Bentolila )

L'enfant effectue ses premières armes linguis- tiques dans un contexte de très grande con- nivence, d'extrême proximité. Un contexte dans lequel le message souligne le partage d'une expérience plus qu'il ne fournit les moyens de découverte et de construction.

Progressivement cet enfant va s'adresser à des auditeurs nouveaux, communiquer des réalités moins immédiates, moins partagées.

Alors que, dans un premier temps, il s'adressait à des gens qui le connaissaient parfaitement et qu'il connaissait parfaitement pour leur dire des choses auxquelles ces mêmes gens s'attendaient, il devra petit à petit s'adresser à des gens qu'il connaît beaucoup moins et leur parler de choses auxquelles ils s'attendent beaucoup moins.

Plus j'avance dans ma réflexion, plus je pense que c'est vraisemblablement la maîtrise de la langue orale qui conditionne un destin scolaire et un destin social. Plus encore que la communication écrite. La maîtrise de la communication orale permet seule d'échapper au ghetto sémiologique auquel condamne l'insécurité linguistique. En ce sens elle con- stitue un des instruments efficaces de lutte contre l'exclusion et la violence : lorsque les paroles ne portent pas, les coups prennent le relais (j'emprunte cette phrase à Philippe Meirieu qui l'utilisa lors d'une discussion sur ce sujet).

Linguiste, Alain Bentolila est professeur à l'université Paris V. Fondateur de l’Observatoire national de la lecture en France, il est membre de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme.

L'illettrisme touche en France 1 Français sur 10, de 17 à 25 ans. La lutte contre cette

“insécurité linguistique” est le grand combat d'Alain Bentolila. Il s'agit pour lui d'un véri- table handicap qui conduit à l'exclusion, à la révolte, parfois à la violence, et favorise l'enfermement dans un ghetto social et un communautarisme croissant.

Le verbe contre la barbarie, Odile Jacob, 2007 ; Urgence école. Le droit d'apprendre, le devoir de transmettre, Odile Jacob, 2007 ; Tout sur l’école, Odile Jacob, 2005 (2004) ; Le propre de l’homme. Lire, parler, écrire, Plon, 2000 ; De l'illettrisme en général et de l'école en particulier, Plon, 1999 (Grand prix de l'Académie française )

)

Photo Drfp Odile Jacob

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JEUDI 13 NOVEMBRE 18H45

( Les vices privés

font-ils le bien public ?

Dany-Robert Dufour )

(

“Les vices privés font la vertu publique” : c'est sur ce célèbre adage de Mandeville énoncé en 1704 que se fonde toute la pensée libérale ultérieure. Pour Dany-Robert Dufour, si ce principe peut avoir un sens pour l'économie des biens, il ne peut que détruire l'économie des personnes – économies poli- tique, sémiotique, psychique, symbolique – de même que l'économie du vivant.

Dany-Robert Dufour est philosophe, professeur en sciences de l’éducation à l’université Paris VIII, et directeur de programme au Collège international de philosophie. Il enseigne régulièrement au Brésil et au Mexique.

Interrogeant la mutation anthropologique post-moderne, en particulier les effets moraux et intellectuels du néolibéralisme, ses réflexions montrent que l’hégémonie du paradigme mar- chand est responsable d'une tragédie anthro- pologique inédite : une aliénation généralisée des individus. La marchandisation du monde a produit un “homme nouveau” privé à la fois d’idéal et de frontières à transgresser. Ne s’appuyant plus sur des entités symboliques objectives pour se garantir une identité stable parmi les autres, cet “homme nouveau” se dissout dans le flux programmé des marchan- dises, flux sans fin ni sens.

Le divin marché. La révolution culturelle libérale, Denoël, 2007 ; On achève bien les hommes. De quelques conséquences actuelles et futures de la mort de Dieu, Denoël, 2005 ; L'Art de réduire les têtes, Denoël, 2003 ; Lettres sur la nature humaine à l'usage des survivants, Calmann-Lévy, 1999

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JEUDI 20 NOVEMBRE 18H45

( Comment rendre justice aux enfants et aux jeunes ?

Jean-Pierre Rosenczveig )

La violence des jeunes – de certains jeunes issus des bans-lieux – mettrait la France à feu et à sang au point qu'il faudrait revisiter tout notre dispositif judiciaire…

Mythe ou réalité ? Protégera-t-on mieux la société par la violence et la simple et seule répression ?

Magistrat, Jean-Pierre Rosenczveig est Président du Tribunal pour enfants de Bobigny depuis 16 ans.

Ardent défenseur des droits de l'enfant, Jean-Pierre Rosenczveig a fondé l'Institut de l'enfance et de la famille et le Conseil français des associations pour les droits de l'enfant (COFRADE). Il est actuellement président du Bureau international des droits de l'enfant dont le siège est à Montréal.

Il préside également l'association Défense des enfants international-France qui veille au respect par la France des engagements qu’elle a contractés en ratifiant la Convention interna- tionale relative aux droits de l’enfant.

Le secret professionnel en travail social et médico-social (avec P. Verdier), Jeunesse et Droit, 2008 (1996) ; Baffer n'est pas juger. La justice des mineurs (avec O. Mazerolle), Plon, 2007 ; Le dispositif français de protection de l'enfance, Jeunesse et Droit, 2005 (1998) ; Justice ta mère !, Anne Carrière, 2003 ; Justice pour les enfants, Robert Laffont, 1999 ; La parole de l'enfant. Aspects juridiques, éthiques et politiques (avec P. Verdier), Dunod, 1999 ; Enfants victimes, enfants délinquants, Balland, 1989

http://www.rosenczveig.com http://jprosen.blog.lemonde.fr/

Photo Y. Dejardin

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JEUDI 4 DECEMBRE 18H45

( Que nous arrive-t-il ?

Sur l'effondrement du sens des savoirs

Marcel Gauchet )

“La société de la connaissance” pourrait bien se révéler, en fait, celle où les savoirs perdent tout sens autre qu'utilitaire. Ils cessent de se présenter comme les vecteurs d'une émancipation promettant à l'humanité la maîtrise consciente de son destin.

Ce phénomène donne la mesure de l'ébranlement que nous connaissons. Il permet d'aller au plus profond de la réorientation d'ensemble où nos sociétés sont engagées.

C'est dans cet esprit qu'on l'interrogera.

On s'efforcera de mettre en lumière, à partir de ce phénomène, les ressorts du changement de monde qui nous emporte et la racine des périls auxquels il nous expose.

Marcel Gauchet est historien et philosophe, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales et rédacteur en chef de la revue

“Le Débat” depuis sa création en 1980.

Les réflexions de Marcel Gauchet proposent une approche critique de la modernité et mettent en relief les incohérences et contradictions du monde moderne pour toujours les replacer dans une perspective historique. L'idée que le mouve- ment spontané des échanges économiques explique le dynamisme de nos sociétés et en assure la cohé- sion est pour lui une croyance dangereuse, une illusion, qui a pour effet d'évacuer le politique de la scène visible.

A paraître chez Gallimard : L'avènement de la démocratie.

Tome 3 : À l'épreuve des totalitarismes Tome 4 : Le nouveau monde

L'avènement de la démocratie. Tome 1 : La révolution moderne et Tome 2 : La crise du libéralisme, Gallimard, 2007 ; La démocratie d'une crise à l'autre, Cécile Defaut, 2007 ; Le religieux après la religion (avec Luc Ferry), LGF, 2007 (2004); Un monde désenchanté ?, Pocket, 2007 (1988); La condition politique, Gallimard, 2005 ; La condi- tion historique, Gallimard, 2005 (2003) ; Le désenchantement du monde. Une histoire politique de la religion, Gallimard, 2005 (1985); La démocratie contre elle-même, Gallimard, 2002 ; La religion dans la démocratie. Parcours de la laïcité, Gallimard, 2001 (1998)

http://gauchet.blogspot.com/

Photo J. Sassier Gallimard

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JEUDI 22 JANVIER 18H45

( Espace public et patrimoine local à l'heure

de la mondialisation

Françoise Choay

débat animé par

Olivier Mongin ) )

Seront “mis en examen” les facteurs de la transformation normalisatrice en cours de la ville et ses conséquences anthropologiques.

Face à cela, quels combats mener ?

Françoise Choay est historienne des théories et des formes urbaines et architecturales, écrivain et critique d'art. Elle est l'une des personnalités internationales les plus éminentes de l'urbanisme, de l'histoire de l'architecture et de la réflexion sur le patrimoine. Faisant se croiser philosophie, esthétique et anthropologie, Françoise Choay pro- pose une approche engagée des pratiques sociales et des arts contemporains.

Professeur émérite des universités Paris I et Paris VIII, elle est professeur associée au Centre d'études supérieures d'histoire et de conservation des monuments anciens de Chaillot.

Alberti. Humaniste, architecte (dir. avec M. Paoli), ENSBA, 2007 ; Pour une anthropologie de l'espace, Le Seuil, 2006 (Prix du livre d'architecture 2007) ; L'Allégorie du patrimoine, Le Seuil, 2006 (1992) (Grand prix national du patrimoine 1995) ; Espacements. L'évolution de l'espace urbain en France, Skira, 2004 ; Dictionnaire de l'urbanisme et de l'aménagement (avec P. Merlin), PUF, 2000 (1988) ; La règle et le modèle. Sur la théorie de l'architecture et de l'urbanisme, Le Seuil, 1998 (1980)

Olivier Mongin est philosophe et essayiste. Il dirige depuis 1989 la revue “Esprit”.

Sarkozy. Corps et âme d'un président (avec G. Vigarello), Perrin, 2008 ; La condition urbaine. La ville à l'heure de la mondialisation, Le Seuil, 2007 (2005) ; Face au scepticisme, Hachette, 1998 ; La violence des images ou comment s'en débarrasser ?, Le Seuil, 1997 ; Vers la troisième ville ?, Hachette, 1995

Photo Opale

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JEUDI 29 JANVIER 18H45

( Démocratie, individualisme et/ou parcellitarisme ?

Alain Caillé )

Il est possible de penser que nos sociétés occidentales contemporaines sont en train de parachever la révolution démocratique qui les travaille depuis au moins deux siècles, et que la libération de l'individu – du sujet disent certains – à laquelle on assiste partout en est le plus sûr indice.

Mais il est également possible de soutenir que cet individualisme est aussi délétère que libérateur. Il marque d'avantage le triomphe du parcellitarisme – cette tendance radicalement inversée des totalitarismes d'hier, mais qui y ressemble pourtant par la capacité à tout fragmenter : groupes, collectifs, savoirs, individus, projets politiques… – que celui d'un individualisme qui libèrerait effectivement les sujets de la domination.

Docteur en économie et en sociologie, Alain Caillé est professeur de sociologie à l'Université Paris X. Fondateur du MAUSS en 1981 – Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales – il dirige “La Revue du MAUSS”.

En tant qu’expert, il a été associé aux travaux du Panel international sur la démocratie et le développement mis en place, en 1998, par l’UNESCO, et a notamment rédigé “Paix et Démocratie : une prise de repères” (UNESCO, 2004).

La démarche d'Alain Caillé est pluridisciplinaire, ses travaux mêlant analyses sociologiques, his- toriques, anthropologiques, philosophiques et économiques. Dans les années 1980, avec la fondation du MAUSS, il s'est imposé comme l'un des chefs de file d'une critique radicale de l'économie contemporaine et de l'utilitarisme dans les sciences sociales. Pour lui, si l'intérêt peut être un motif puissant de l'action, il ne peut être une explication ultime de tous les phénomènes sociaux. Alain Caillé est par ailleurs membre du Comité scientifique d'ATTAC.

La quête de reconnaissance. Nouveau phénomène social total (dir.), La Découverte, 2007 ; Anthropologie du don.

Le tiers paradigme, La Découverte, 2007 (2000) ; Quelle démocratie voulons-nous ? (dir.), La Découverte, 2006 ; Dé-penser l'économique. Contre le fatalisme, La Découverte, 2005 ; Critique de la raison utilitaire. Manifeste du MAUSS, La Découverte, 2003 (1989) ; Association, démocratie et société civile (avec J.-L. Laville, P. Chanial), La Découverte, 2001 ; La démission des clercs. La crise des sciences sociales et l'oubli du politique, La Découverte, 1993

Photo L. Monnier La Découverte

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JEUDI 5 FEVRIER 18H45

( Confronter la peur

Sophie Body-Gendrot )

)

La peur a toujours accompagné l’histoire des villes. Mais à notre époque de grandes mutations, et singulièrement depuis le 11 septembre, s’exprime une inquiétude plus ou moins forte à vivre ensemble à proximité de voisins inconnus.

Elle est exploitée à l’encontre des “suspects”

habituels. Aussi est-il important d’aller voir, sur place, des contextes urbains divers : New York, Shanghai, Johannesburg, Mexico. Il s'agit de comprendre comment, concrètement, les habitants confrontent leurs peurs et quelles mesures publiques ou privées tentent (ou non) de les canaliser.

Politologue et américaniste, spécialiste des vio- lences urbaines, Sophie Body-Gendrot est pro- fesseur à l’Université Paris IV Sorbonne et chercheur au CNRS/Ministère de la Justice.

Elle dirige le centre d’études urbaines dans le monde anglophone. Elle est expert pour le réseau Urban Age de la London School of Economics sur la sécurité dans l'espace public. Elle est membre de la Commission de déontologie sur la sécurité (CNDS).

Ses travaux abordent de manière comparative la question des modes de régulation des enjeux urbains en France et dans le monde. En explorant les problématiques des représentations et des perceptions de la ville, de la pauvreté et des exclusions urbaines, des modes d’intégration des populations immigrantes, de la gestion et de la prévention de la criminalité, ses recherches visent à saisir les liens entre violences urbaines, discriminations économiques et sociales et immi- gration.

La peur détruira-t-elle la ville ?, Bourin, 2008 ; Sortir des banlieues. Pour en finir avec la tyrannie des territoires (avec C. Wihtol de Wenden), Autrement, 2008 ; Police et discriminations raciales. Le tabou français (avec C.Wihtol de Wenden), L'Atelier, 2003 ; La société américaine après le 11 septembre, Presses de Sciences-Po, 2002 ; Les villes, la fin de la violence ?, Presses de Sciences-Po, 2001 ; La ville et l'urbain (dir. avec Th. Paquot & M. Lussault), La Découverte, 2000 ; Les villes américaines. Les politiques urbaines, Hachette, 1998 ; Villes et violences, PUF, 1995

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JEUDI 19 FEVRIER 18H45

( Apprendre à voir ensemble

Marie-José Mondzain )

“ - Alors quand il n'y avait pas la télévision, les gens avaient besoin de plus de mots ? - En effet, on ne parle pas beaucoup devant la télévision, c'est pour ça que tout le monde croit qu'on parle de la même chose : pour apprendre à voir, il faut apprendre à parler. L'image ne s'explique pas toute seule, ce sont les mots qui disent ce qui est réel dans l'image.

- Alors ce sont les mots qui font voir ce qu'on ne voit pas ? Ce qu'on voit à la télévision, c'est vrai si on m'explique aussi tout ce que je ne vois pas.

- Et puis ça permettrait de parler ensemble de ce qu'on voit.

- Oui, mais on ne peut pas beaucoup parler devant la télévision, c'est difficile parce qu'elle ne s'arrête jamais. J'aimerais qu'on éteigne la télé juste pour parler.

- Les images et les mots demandent du temps pour réfléchir, mais justement, la télé, c'est comme une immense horloge qui voudrait faire vivre le monde entier dans le même temps et le plus vite possible. ”

Extraits de Qu'est-ce que tu vois ?, Gallimard, 2007

Après deux ans de rencontres avec des enfants en école primaire, Marie-José Mondzain, philosophe attentive au poids de l'image comme acteur politique et vecteur de pouvoir dans nos sociétés, nous alerte avec les accents de l'urgence. On tente souvent de nous faire croire qu'il y a des images pour les enfants, et des images “pour les grands”, qui seraient, elles, revêtues d'évidence et de simplicité dans chacun de leur genre, informatif ou de distraction, voire de publicité. Mais l’image est

un objet intergénérationnel ; et l'expérience de l'image des enfants est quotidiennement confrontée au manque de ressources et de compétence des adultes en ce domaine, ce qui est, pour l'enfant, la plus violente des expériences. Et sans doute, pour l'adulte, la plus violente des dépossessions.

Philosophe, Marie-José Mondzain est directrice de recherche au CNRS, membre du centre Marcel Mauss de l'Ecole des hautes études en sciences sociales.

Marie-José Mondzain développe une réflexion sur les différents régimes de l’image. Ses travaux questionnent l'art visuel contemporain, la nature du regard et la place du spectateur dans le contexte, notamment, de la guerre des images et de l'empire visuel et audiovisuel. Elle s'attache aujourd'hui à la question de la violence des images ainsi qu'à celle du rapport entre la diffusion planétaire des images et le localisme des regards.

Les peurs du siècle, Bayard, 2007 ; Homo spectator, Bayard, 2007 ; Qu'est-ce que tu vois ? , Gallimard, 2007 ; L'arche et l'arc-en-ciel. Michel-Ange, la voûte de la Chapelle Sixtine, Le Passage, 2006 ; Le commerce des regards, Le Seuil, 2003 ; L'image peut-elle tuer ?, Bayard, 2002 ; Image, icône, économie, Le Seuil, 1998

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JEUDI 12 MARS 18H45

( Etre adulte.

Pour une écologie des générations

Bernard Stiegler ) )

Nous vivons une très grave crise intergénéra- tionnelle, sans doute d’une ampleur et d’une gravité sans précédent. Car le système con- sumériste qui s’est imposé au XXe siècle repose sur une infantilisation systématique des parents, qu’il s’agit de soumettre à leurs enfants, en par- ticulier comme prescripteurs de leurs actes d’achats. Et par là même, ces enfants privés de parents sont aussi privés d’enfance.

Si le père est une puissance symbolique, ce symbole ne peut se construire que dans la mesure où celui qui l’incarne est un adulte. La destruction des adultes par leur infantilisation est donc ce qui produit des enfants symbo- liquement orphelins.

En outre, face au développement tech- nologique foudroyant ces enfants ont une meilleure intelligence du réel que leurs ascen- dants, alors même qu’ils n’auront pas accès à l’âge adulte – s’il est vrai que celui-ci ne peut être atteint que par une identification à une autorité ascendante au sens où en parle Freud.

Au moment où l’humanité est confrontée, et maintenant à très court terme, à la question terrifiante de sa survie, l’impératif politique, c’est-à-dire écologique et donc économique, est de reconstruire un âge adulte. Et cela signifie que la première question est celle d’une écologie des générations.

Reconstruire un être adulte, c’est reconstruire la démocratie.

Bernard Stiegler est philosophe. Il est aujour- d'hui directeur du développement culturel du Centre Georges Pompidou. Il a été directeur de programme au Collège international de philosophie, professeur à l'Université tech- nologique de Compiègne, directeur général adjoint de l'Institut national de l'audiovisuel, et directeur de l'IRCAM.

Prendre soin. Tome 1 : De la jeunesse et des générations, Flammarion, 2008 ; Economie de l'hypermatériel et psy- chopouvoir (avec P. Petit et V. Bontens), Mille et une nuits, 2008 ; De la démocratie participative (avec M. Crépon), Mille et une nuits, 2007 ; La télécratie contre la démocratie, Flammarion, 2006 ; Réenchanter le monde. La valeur esprit contre le populisme industriel (avec M. Crépon, G. Collins et C. Perret), Flammarion, 2006; Mécréance et discrédit. Tome 3 : L'esprit perdu du capitalisme et Tome 2 : Les sociétés incontrôlables d'individus désaffectés, Galilée, 2006 ; Mécréance et discrédit. Tome 1 : La décadence des démocraties industrielles, Galilée, 2004

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JEUDI 26 MARS 18H45

( De la prévention sociale de la délinquance à la dissuasion urbaine du crime

Jacques Donzelot )

La prévention sociale de la délinquance connaît actuellement une transformation tout à fait homologue à celle du traitement du chômage.

On assiste à la même permutation entre les causes objectives et les causes subjectives de la délinquance au profit de ces dernières. Après la criminologie de l'après-guerre qui insistait sur l'insuffisance sociale du milieu d'origine du délinquant, considérée comme la cause objective de son comportement, on présuppose maintenant que tout individu est un criminel potentiel, que tout en cette matière n'est qu'affaire d'opportunité.

Compte tenu de ce changement de paradigme en criminologie, on assiste aussi à un glissement de sens du mot même de prévention : il y va davantage de l'art de dissuader de passer à l'acte que de prendre en charge des causes supposées sociales de la délinquance comme état plus ou moins subi. C'est pourquoi l'on parle en Europe de préventions d'un “nouveau style” pour décrire ce mixte de prévention situationnelle – surveillance des lieux pour décourager le passage à l'acte – et de partena- riat entre institutions qui s'efforcent de réduire toute vacuité entre elles, ces inter- stices par lesquels les individus échappent à leurs contrôles.

Les causes de la délinquance ne sont plus recherchées dans le registre économique – l'appartenance aux classes les plus nécessi- teuses – mais dans des causes sociologiques, dans l'appartenance à des groupes à risques, à certains quartiers…

Soit ainsi, trop rapidement dit, l'esquisse des lignes de transformation qui nous conduisent d'une prévention sociale de la délinquance à un nouveau modèle que l'on propose d'ap- peler la dissuasion urbaine du crime.

Jacques Donzelot est maître de conférences en sociologie politique à l'Université Paris X et dirige le Centre d'études, d'observation et de documentation sur les villes et le Centre d'études des politiques sociales. Reconnu comme l'un des grands spécialistes français de l'étude des questions sociales et urbaines, Jacques Donzelot poursuit actuellement ses recherches sur la poli- tique de la ville.

Villes, violence et dépendance sociale. Les politiques de cohésion en Europe, La Documentation française, 2008 ; Quand la ville se défait. Quelle politique face à la crise des banlieues ?, Le Seuil, 2008 (2006) ; La magistrature sociale.

Enquêtes sur les politiques locales de sécurité (avec A.

Wyvekens), La Documentation française, 2004 ; Faire société.

La politique de la ville aux Etats-Unis et en France (avec C. Mével et A. Wyvekens), Seuil, 2003

http://www.donzelot.org/

Photo Opale

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JEUDI 2 AVRIL 18H45

( Quelle subjectivité produit le néolibéralisme ?

Jean-Pierre Lebrun )

)

C’est dans le passage de la perception immédiate par les sens à la capacité réflexive que Freud a situé l’essence même du progrès de la culture et de la civilisation. Et Lacan, en corrélant ce

“pas de la culture” à notre aptitude au langage, n’a fait que démontrer comment ce consente- ment à perdre l’immédiat des sens coïncidait avec l’interdit de l’inceste, cet interdit qu’on retrouve dans toutes les sociétés. L’immédiat est perdu dès que les humains parlent et c’est la mère qui occupe la place de cet immédiat.

L’interdit de l’inceste n’a, en fin de compte, d’autre fonction que de rendre présent à cha- cun qu’il est nécessaire de perdre l’immédiateté pour pouvoir parler. On ne parle pas la bouche pleine !

Voilà pourquoi il faut que l’enfant quitte la mère, simplement parce que l’humanisation implique que l’être parlant perde l’immédiateté pour trouver la voie de son désir. Voilà pourquoi l’interdit de l’inceste avec la mère, quoique universel, ne fait pas l’objet d’une loi écrite : simplement parce qu’il fonde la Loi.

Or, la question que pose la mutation culturelle dans laquelle nous sommes emportés est de savoir si nous poursuivons toujours dans cette perspective, ou si, au contraire, la nouveauté n’est pas que notre société néolibérale se présente comme sans limite et ne rend dès lors plus perceptible cette contrainte que l’être parlant suppose, à savoir celle de perdre l’immédiateté. Presque tout, dans notre

société néolibérale porte à croire que nous serions débarrassés de la nécessité de ce détour que la psychanalyse a pourtant identifié comme la caractéristique même de l’humain.

S’en suit que la subjectivité de notre époque se croit d’emblée libre, autonome, sans rien devoir aux autres ni aux générations antérieures, dégagée de ce trajet d’humanisation. Est-ce à dire que notre actualité est d’emblée délétère, et qu’il faudrait d’urgence en revenir à un en-deçà de la civilisation postmoderne et nous lamenter de notre évolution ?

Nous ne le croyons pas, car tout va dépendre de comment nous allons riposter à cette invitation à nous croire libérés de la condition humaine.

Jean-Pierre Lebrun est psychiatre et psychanalyste.

Il a été président de l’Association freudienne de Belgique et de l’Association lacanienne inter- nationale.

Des lois pour être humain (avec A. Wenin), Erès, 2008 ; La perversion ordinaire. Vivre ensemble sans autrui, Denoël, 2007 ; L'homme sans gravité (avec C. Melman), Denoël, 2002 ; Les désarrois nouveaux du sujet (dir.), Erès, 2001 ; Un monde sans limite. Essai pour une clinique psychanalytique du social, Erès, 1997

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JEUDI 9 AVRIL 18H45

( La grande régression

Jacques Généreux )

La “modernité” en Occident fut le lieu d’une bataille ininterrompue pour la démocratie, l’émancipation humaine face à l’obscurantisme.

Or, depuis trois décennies, au moment où semblait s’imposer la figure de l’individu autonome, au sommet du mouvement de la modernité, voilà l’Occident emporté par un retour en arrière général : déconstruction des droits sociaux, atteintes aux libertés publiques au nom de la sécurité, mépris pour le suffrage populaire (référendums européens), progrès du fondamentalisme religieux, retour à l’ordre moral et au contrôle des individus par leur communauté, déshumanisation du travail, retour au capitalisme sauvage et à la concurrence sans freins, soumission aux “lois naturelles”

de l’économie.

Ce n’est pas là une pause dialectique préparant un nouveau progrès de la modernité libérale mais plutôt les spasmes destructeurs d’un mouvement qui a épuisé son avenir. A ce stade ultime, le projet moderne de l’émanci- pation n’est pas victime de ses ennemis objectifs, il est victime de son propre accomplissement.

En effet, ce projet est vicié par son erreur anthropologique fondatrice – le mythe de l’individu autonome – à partir de quoi s’est nouée l’erreur libérale qui vise la réalisation d’une bonne société par la libération de l’indi- vidu. Or, la modernité libérale, en son achève- ment, n’engendre pas la liberté ; elle détruit plutôt les éléments constitutifs de l’être humain qui est un être social construit par ses liens ; elle engendre l’atomisation des sociétés.

La modernité ne peut plus comme autrefois sortir de cette impasse par un nouveau pro- grès de l’idée libérale : il n’y a plus de liens à délier, mais seulement des liens à reconstruire.

Le défi du XXIe siècle est d’inventer une nouvelle modernité fondée sur les liens sociaux qui libèrent l’individu et non plus sur la libération individuelle qui délie les humains.

À défaut de cette bifurcation radicale, la seule façon d’avancer, devant le mur infranchissable d’une modernité libérale achevée, sera de repartir en arrière dans une grande régression anéantissant la promesse moderne de l’éman- cipation.

Economiste, Jacques Généreux est professeur à l'Institut d'études politiques de Paris. Il a créé l'émission “L'Economie en questions” sur France Culture, où il participe régulièrement à l'émission “Le Rendez-vous des politiques”.

Le socialisme néomoderne ou l'avenir de la liberté, Le Seuil, 2008 ; La dissociété, Le Seuil, 2008 (2006) ; Les vraies lois de l'économie, Le Seuil, 2008 (2005) ; Manuel critique du parfait européen, Le Seuil, 2005 ; Sens et conséquences du “non” français, Le Seuil, 2005

Photo D. Gaillard

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Identités à la dérive (à paraître) - Lexiques de l'incertain, 2008 -

L'exception dans tous ses états, 2007 - De la limite, 2006 - Figures de la science, 2005 - Figures du temps, 2004 - De la ville et du citadin, 2003 - Savoirs et démocratie, 2003

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16 octobre Alain Bentolila ( Maîtrise de la langue et destin scolaire 13 novembre Dany-Robert Dufour ( Les vices privés font-ils le bien public ?

20 novembre Jean-Pierre Rosenczveig ( Comment rendre justice aux enfants et aux jeunes ? 4 décembre Marcel Gauchet ( Que nous arrive-t-il ? Sur l'effondrement du sens des savoirs 22 janvier Françoise Choay ( Espace public et patrimoine local à l'heure de la mondialisation

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à la dissuasion urbaine du crime

2 avril Jean-Pierre Lebrun ( Quelle subjectivité produit le néolibéralisme ? 9 avril Jacques Généreux ( La grande régression

Les conférences ont lieu à 18h45 à l'Hôtel du département

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