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(1)

CHAPITRE 0

RAPPELS : ESPACES VECTORIELS ET APPLICATIONS LIN´ EAIRES

Ce chapitre 0 est constitu´e de rappels : espaces vectoriels, familles g´en´eratrices, familles libres, bases et dimension, applications lin´eaires et matrices, transpos´ee d’une matrice, th´eor`eme du rang, formules de changement de base, matrices ´equivalentes, matrices semblables. Ces notions ont ´et´e introduites en L1 et ne seront pas trait´ees en cours, mais le lecteur pourra se reporter, si n´ecessaire, `a ce chapitre 0 pour un rappel de ces notions ou r´esultats. On suppose ´egalement connue la th´eorie du pivot pour la r´esolution des syst`emes lin´eairesAX=Y ; ceci ´equivaut `a faire des op´erations sur les lignes de la matriceAet on verra dans le chapitre 1 comment faire des op´erations sur lescolonnes(ce qui est plus pratique pour la recherche de vecteurs propres).

On a indiqu´e par des symboles



les d´efinitions, exemples et r´esultats fondamentaux. Par ailleurs, des compl´ements de cours, pour les ´etudiants int´eress´es, sont donn´es dans un appendice `a la fin du chapitre ; ces passages n’interviendront pas dans les ´evaluations.

0.1. Espaces vectoriels : d´efinition et exemples

0.1.1. Trois exemples importants. — (1) Un exemple d’espace vectoriel surRest l’espace de dimen- sion 3

R3={(x, y, z)|x, y, z∈R}.

Dans ce cas, l’espace vectoriel nous est donn´e comme un ensemble den-uplets (icin= 3) de«coordonn´ees».

Deux autres exemples sont les suivants.



(2) Soient a, b R; l’ensemble S(a, b) des suites (un)n∈N de nombres r´eels v´erifiant la relation de r´ecurrence lin´eaire

(∗) un+2=aun+1+bun

est unR-espace vectoriel, qui est de dimension 2, car toute suite v´erifiant (∗) est d´etermin´ee par ses termes initiauxu0et u1, qui peuvent ˆetre choisis arbitrairement.

(3) Soient a, b R et t0 R; l’ensemble S(a, b) des fonctions f : R R de classe C, v´erifiant l’´equation diff´erentielle lin´eaire :

(E) ∀t∈R, f00(t) =af0(t) +bf(t)

est un R-espace vectoriel, qui est de dimension 2, car toute solution f de (E) est d´etermin´ee par les

«conditions initiales»f(t0) etf0(t0), qui peuvent ˆetre choisies arbitrairement.

Dans ces deux cas, le choix de«coordonn´ees»sur l’espaceS(a, b) n’est pas ´evident . . . Une des forces de l’alg`ebre lin´eaire est qu’elle permet de d´ecrire simplement tous les ´el´ements de S(a, b), une fois qu’on a choisi une base appropri´ee de cet espace . . .

Rappelons que la notion d’espace vectoriel sur un corpsk est d´efinie pour tout corps k, par exemple, k=QouC, ou un corps finiFq `aq´el´ements (q´etant une puissance d’un nombre premierp), ou le corps des fractions rationnellesR(X), etc.

(0)version du 23/1/2013

(2)

D´efinition 0.1.2 (Espaces vectoriels). — Soitkun corps. Unk-espace vectorielV est ungroupe ab´e- lien (V,+) (c.-`a-d., un ensemble muni d’une loi de groupe + commutative) muni d’une «op´eration» (t, v)7→t·v deksurV v´erifiant les deux conditions suivantes :

(i) 1·v=v et(t0·v) = (tt0)·v

(ii) (t+t0)·v=t·v+t0·v, (v+v0) =t·v+t·v0.

On peut m´emoriser la condition (i) en disant que 1 agit par l’identit´e et que l’op´eration est«associative», et la condition (ii) en disant que l’action deksurV est«compatible avec l’addition»(dansket dansV).

Remarque 0.1.3 (Vecteur nul). — ´Etant un groupe ab´elien,V est muni d’un ´el´ement z´ero, qu’on no- tera provisoirement 0V ou−→

0 . Par exemple, dansV =R3, 0V est le vecteur nul

0 = (0,0,0).

Notons 0 l’´el´ement z´ero du corpsk. Alors la condition (ii) entraˆıne, pour toutv∈V, 0·v= (0 + 0)·v= 0·v+ 0·v, d’o`u 0·v= 0V =−→

0. Par cons´equent, le vecteur nul 0V =−→

0 sera not´e simplement (par abus de notation) 0. Ainsi, on note{0}

l’espace vectoriel nul. Par exemple, dansR2l’espace des solutions du syst`eme

½ x−y= 0 x+y= 0 est l’espace vectoriel nul{0}={(0,0)}.

Terminologie 0.1.4. — On dira quekest (relativement `aV) le«corps des scalaires», et que les ´el´ements deksont les scalaires (ceux deV ´etant les vecteurs).

Exemples 0.1.5. — 1) Pour toutn∈N,kn={(x1, . . . , xn)|xi∈k} est unk-espace vectoriel.

2) L’ensemble Mm,n(k) des matrices `a m lignes et n colonnes `a coefficients dans k est un k-espace



vectoriel. Lorsquem=n, on le note simplementMn(k).

3) L’anneau de polynˆomesk[X] est unk-espace vectoriel.

D´efinition 0.1.6 (Sous-espaces vectoriels). — SoitV unk-espace vectoriel. Unsous-espace vectoriel (pour abr´eger, on dira«sev»)W deV est un sous-ensemble deV qui est un sous-groupe (en particulier, 0∈W) et qui est stable par l’op´eration dek. Ceci ´equivaut `a dire queW 6=∅et que, pour tousw, w0 ∈W ett∈k, on a t·w+w0 ∈W.

Exemples. — (1) Le plan«horizontal»

P ={(x, y,0)|x, y∈R}, donn´e par l’´equationz= 0, est un sous-espace vectoriel deR3.



(2) L’ensemble des matrices (aij)1≤i,j≤3∈M3(k) qui sont triangulaires sup´erieures, i.e. telles quea21= a31=a32= 0, est un sous-espace vectoriel deM3(k) .

(3) L’ensemblekn[X] des polynˆomes enX de degr´e≤nest un sous-espace vectoriel dek[X].

Le lemme suivant permet de construire de nombreux espaces vectoriels de fonctions :

Lemme 0.1.7. — Soient V un k-espace vectoriel et X un ensemble. Alors l’ensemble Hom(X, V) de toutes les applications X V est muni d’une structure de k-espace vectoriel, d´efinie comme suit : si f, g∈Hom(X, V)ett∈k, on d´efinit l’application t·f+g:X→V par :

(t·f+g)(x) =tf(x) +g(x), pour toutx∈X.

D´emonstration. Soient f, g Hom(X, V) et t, t0 ∈k; il faut voir que les conditions (i) et (ii) de 0.1.2 sont v´erifi´ees. Ceci est facile : pour toutx∈X, on a (1·f)(x) = 1f(x) =f(x) donc 1·f =f, et

¡(t0·f

(x) =t¡

(t0·f)(x)¢

=t(t0f(x)) = (tt0)f(x) =¡

(tt0)·f¢ (x), donc(t0·f) = (tt0)·f. On v´erifie de mˆeme la condition (ii).

(3)

0.1. ESPACES VECTORIELS : D´EFINITION ET EXEMPLES 3

Exemples 0.1.7.1. — (1) L’ensemblekNde toutes les suites (un)n∈Nd’´el´ements dekmuni de l’addition et de l’op´eration dekd´efinies«terme `a terme», c.-`a-d.,

(un)n∈N+ (vn)n∈N= (un+vn)n∈N, (un)n∈N= (t·un)n∈N,

est unk-espace vectoriel. En effet, ceci co¨ıncide avec la structure d´efinie plus haut si on regarde une suite (un)n∈Nd’´el´ements dek comme l’applicationN→k,n7→un.

(2) SoitI un intervalle deR. Alors l’ensemble Fonc(I,R) de toutes les fonctionsI→Rest unR-espace vectoriel. Pour les applications `a l’analyse, il est plus int´eressant de constater que sit∈Ret sif, g:I→R sont continues, resp. de classeC1, resp.C2, . . ., resp.C, alorst·f+g est encore continue (i.e. de classe C0), resp.C1, . . ., resp.C. Par cons´equent, pour tout d∈N∪ {∞}, l’ensembleCd(I,R) des fonctions f :I→Rde classeCd est unR-espace vectoriel.

D´efinition 0.1.8 (Applications lin´eaires et endomorphismes). — Soientkun corps,V, W deuxk- espaces vectoriels. On dit qu’une applicationφ:V →W est uneapplication lin´eaire(ou«homomorphisme d’espaces vectoriels») si elle pr´eserve l’addition et l’op´eration des scalaires, c.-`a-d., si pour toutv, v0∈V ett∈kon a :

φ(v+v0) =φ(v) +φ(v0), φ(t·v) =t·φ(v).

Notons qu’on peut regrouper ces deux conditions en une seule condition :



(AL) φ(t·v+v0) =t·φ(v) +φ(v0)

et bien sˆur cette condition implique (et est impliqu´ee par) la suivante : φ(t·v+t0·v0) =t·φ(v) +t0·φ(v0).

SiW =V, on dit alors queφest unendomorphisme deV.

Exemples 0.1.9. — a) SoitV =R[X] ; l’applicationdqui `a tout polynˆomeP =anXn+· · ·+a1X+a0

associe le polynˆome d´eriv´eP0 =nanXn−1+· · ·+a1 est une application lin´eaire deV dansV.

b) SoitV =C0([0,1],R) leR-espace vectoriel des fonctions continuesf : [0,1]R. Alors l’application V R, f 7→

Z 1

0

f(x)dx est lin´eaire. Par contre, l’applicationf 7→R1

0 f2(x)dxne l’est pas.

D´efinition 0.1.10 (Isomorphismes). — Soient V, W deux k-espaces vectoriels, et φ : V W une application lin´eaire. Suivant des principes g´en´eraux, on dit queφest unisomorphisme(d’espaces vectoriels) si elle estbijective et si l’application inverseψ=φ−1 est lin´eaire.

En fait, la seconde condition est automatiquement v´erifi´ee. En effet, soientw, w0∈W et t∈k; comme φest bijective il existev, v0∈V uniques tels queφ(v) =wet φ(v0) =w0. Alors

φ(t·v+v0) =t·φ(v) +φ(v0) =t·w+w0, donc appliquantψ `a cette ´egalit´e on obtient



ψ(t·w+w0) =t·v+v0=t·ψ(v) +ψ(v0).

Donc :toute application lin´eaire bijective est un isomorphisme.

Exemple 0.1.11. — On rappelle que l’ensemble kN de toutes les suites d’´el´ements dek est unk-espace vectoriel (cf. 0.1.7.1). Soient a, b k et soit S(a, b) le sous-ensemble de kN form´e des suites (un)n∈N

v´erifiant la relation de r´ecurrence lin´eaire :

(∗) un+2=aun+1+bun.

AlorsS(a, b) est un sous-espace vectoriel dekN (le v´erifier !). De plus, l’applicationφ:S(a, b)→k2 qui

`a toute suite (un)n∈N associe le couple (u0, u1), est lin´eaire (le v´erifier !) ; elle est surjective (car on peut choisir arbitrairementu0etu1), et injective (car lesun sont d´etermin´es `a partir deu0 etu1 par la formule (∗)). Doncφest bijective, donc c’est un isomorphisme d’espaces vectoriels :

φ:S(a, b)−→ k2.

(4)

Exercices 0.1.12. — 1) Soit k = R. Est-ce que l’ensemble des suites (un)n∈N v´erifiant la relation de r´ecurrence

un+2=un+1+u2n est un sous-espace vectoriel deRN?

2) Soientk=CetS(−1,−1) l’espace des suites de nombres complexes (un)n∈Nv´erifiant la relation de r´ecurrence lin´eaire

un+2=−un+1−un.

Soit (wn)n∈N l’´el´ement deS(−1,−1) d´efini parw0= 2 etw1 = 1. Pouvez-vous calculerw2010 et w2011? (Cf. la Feuille d’exercices 1.)

0.2. Familles g´en´eratrices, familles libres, bases et dimension

D´efinitions 0.2.1 (Sous-espace engendr´e. Familles g´en´eratrices). — SoitV unk-espace vectoriel.

(1) SoitSun sous-ensemble (fini ou infini) deV. On note Vect(S) l’ensemble de toutes les combinaisons lin´eairesfinies



σ=t1v1+· · ·+trvr, pour r∈N (variable), vi∈S, ti ∈k,

c’est un sous-espace vectoriel deV, car siσ0 =t01v10 +· · ·+t0pvp0 est une autre combinaison lin´eaire de ce type et siλ∈k, alors

λσ+σ0=λt1v1+· · ·+λtrvr+t01v10 +· · ·+t0pvp0

est encore une combinaison lin´eaire du mˆeme type. De plus, siE est un sous-espace vectoriel deV conte- nant S, alors il contient toute combinaison lin´eaire σ comme ci-dessus, i.e. il contient Vect(S). Donc : Vect(S) est le plus petit sous-espace vectoriel deV contenantS. On l’appelle le sous-espace vectoriel engendr´eparS.

Dans la suite, on utilisera principalement ceci dans le cas o`uSest une famillefiniede vecteursv1, . . . , vn; dans ce cas, on a simplement :

Vect(v1, . . . , vn) ={t1v1+· · ·+tnvn |t1, . . . , tn∈k}.

(2) On dit que la famille F = (v1, . . . , vn) est une famille g´en´eratrice deV si Vect(F) = V, c.-`a-d., si tout ´el´ement de V s’´ecrit comme combinaison lin´eaire de v1, . . . , vn. Dans ce cas, on dit aussi que les vecteursv1, . . . , vn engendrent V.

Il r´esulte de la d´efinition que :toute famille contenant une famille g´en´eratrice est g´en´eratrice.

Exemple 0.2.2. — Pour toutn∈N, l’espacekn est engendr´e par les vecteurs e1= (1,0, . . . ,0), e2= (0,1,0, . . . ,0), · · ·, en= (0, . . . ,0,1).

D´efinition 0.2.3 (Familles libres ou li´ees). — SoientV unk-espace vectoriel etF = (v1, . . . , vn) une



famille d’´el´ements de V. On dit quev1, . . . , vn sont lin´eairement ind´ependants, et queF est une famille libre, s’il n’existe pas de relation lin´eaire non triviale entre lesvi, c.-`a-d., si la condition suivante est v´erifi´ee : (FL) pourtous t1, . . . , tn∈k, si t1v1+· · ·+tnvn = 0,alors t1= 0 =· · ·=tn.

Il r´esulte de la d´efinition que :toute sous-famille d’une famille libre est libre.

Au contraire, on dit quev1, . . . , vnsontlin´eairement d´ependants, et queF est unefamille li´ee, s’il existe une relation lin´eaire non triviale entre les vi, c.-`a-d., s’il existe des scalaires non tous nuls t1, . . . , tn, tels quet1v1+· · ·+tnvn= 0. Dans ce cas, si par exempleti6= 0, on peut exprimervi en fonction desvj, pour j6=i:

vi=X

j6=i

tj

ti vj.

Il r´esulte de la d´efinition que :toute famille contenant une famille li´ee est li´ee.

Exemple 0.2.4. — Danskn, la famille (e1, . . . , en) (cf. 0.2.2) est libre. En effet, pour tous t1, . . . , tn∈k on a

t1e1+· · ·+tnen = (t1, . . . , tn), donc si la somme de gauche est nulle, alorst1= 0 =· · ·=tn.

(5)

0.2. FAMILLES G´EN´ERATRICES, FAMILLES LIBRES, BASES ET DIMENSION 5

D´efinition 0.2.5 (Bases). — SoientV unk-espace vectoriel. On dit qu’une familleB= (v1, . . . , vn) est



unebase de V si tout ´el´ementv deV s’´ecrit de fa¸con unique comme combinaison lin´eaire des vi, c.-`a-d., si pour toutv∈V,il existe un uniquen-uplet(t1, . . . , tn)∈kn tel quev=t1v1+· · ·+tnvn. Ceci ´equivaut

`a dire que la familleBest `a la fois g´en´eratrice et libre.

Exemples 0.2.6. — 1) LorsqueV =kn, la famille (e1, . . . , en) (cf. 0.2.2) est une base, appel´ee labase canonique de kn.



2) Soit Mm,n(k) le k-espace vectoriel des matrices `a m lignes et ncolonnes `a coefficients dans k. On note Eij la«matrice ´el´ementaire» dont tous les coefficients sont nuls, sauf celui d’indice (i, j) (c.-`a-d., celui situ´e sur la ligne i et la colonnej), qui vaut 1. Alors, toute matriceA Mm,n(k) s’´ecrit de fa¸con unique comme combinaison lin´eaire desEij :

A= X

i=1,...,m j=1,...,n

aijEij,

o`uaij est le coefficient d’indice (i, j) deA. Donc la famille (Eij)i=1,...,m

j=1,...,n est unebase deMm,n(k).

3) La famille (1, X, . . . , Xd) est une base de l’espace vectoriel kd[X] des polynˆomes de degr´e ≤d. En effet, tout polynˆomeP ∈kd[X] s’´ecrit de fa¸con unique

P =a0+· · ·+adXd, avec ai∈k.

D´efinition 0.2.7. — Soit V unk-espace vectoriel. Disons provisoirement que V est finiment engendr´e (ou«de type fini», cf. le cours LM 125) s’il est engendr´e par un nombre fini de vecteursv1, . . . , vp.

Remarque : il existe desk-espaces vectoriels qui ne sont pas finiment engendr´es, par exemple, l’espace vectorielk[X] (cf. Exercice 10 de la Feuille 1), mais dans ce cours on s’int´eressera `a ceux qui le sont.

Rappelons le r´esultat suivant, d´ej`a vu en LM 125 :

Th´eor`eme 0.2.8 (Dimension d’un espace vectoriel). — Soit V un k-espace vectoriel finiment en-



gendr´e.

(i) Il existe des bases de V, et toutes ont mˆeme cardinal n; cet entier s’appelle la dimension de V sur k et se notedimkV ou simplementdimV.

(ii) De toute famille g´en´eratriceF on peut extraire une base, en particulierF est de cardinal≥n; de plus sicard(F) =nalors F est une base de V.

(iii) Toute famille libre est de cardinal ≤n, et toute famille libre de cardinalnest une base de V. (iv) «Th´eor`eme de la base incompl`ete» : Toute famille libre peut ˆetre compl´et´ee en une base de V. (v) Tout sous-espace W de V est de dimension finie dimkV; de plus si dimkW = dimkV, alors W =V. En d’autres termes, tout sous-espace vectoriel distinct deV est de dimension<dimkV.

D´emonstration. Ceci a ´et´e vu en L1. Pour ˆetre complet, on redonne la d´emonstration dans un appendice

`a la fin de ce chapitre, o`u on introduira aussi les notions de familles g´en´eratrices ou libres dans un espace vectoriel arbitraire (i.e. qui n’est pas n´ecessairement finiment engendr´e).

Terminologie 0.2.9. — En raison du th´eor`eme pr´ec´edent, on dira d´esormais «k-espace vectoriel de



dimension finie» au lieu de«k-espace vectoriel finiment engendr´e», et sin= dimkV, on dira queV est de dimensionn.

D’apr`es les exemples de 0.2.6,knest de dimensionn,Mm,n(k) de dimensionmn, etkd[X] de dimension d+ 1.

D´efinition 0.2.10 (Coordonn´ees relativement `a une base). — SoitV unk-espace vectoriel de di-



mensionnet soitB= (v1, . . . , vn) une base deV. Alors toutv∈V s’´ecrit de fa¸con unique v=x1v1+· · ·+xnvn;

on dit que (x1, . . . , xn) sont lescoordonn´ees de v par rapport `a la base B= (v1, . . . , vn). Donc la donn´ee deBfournit un isomorphisme dek-espaces vectoriels

φB: kn−→ V, (x1, . . . , xn)7→x1v1+· · ·+xnvn.

Remarque 0.2.11. — Remarquons qu’une base de V est un n-uplet ordonn´e; par exemple, si B = (v1, v2) est une base deV, alorsC = (v2, v1) est une base deV distincte deB: l’image de (1,2)R2par φB est le vecteurv1+ 2v2, tandis que son image par φC est le vecteurv2+ 2v16=v1+ 2v2.

(6)

Proposition 0.2.12. — Soitf :V →W une application lin´eaire.

a) Sif est injective et si F = (v1, . . . , vn)est une famille libre de V, alorsf(F)est libre.

b)Si f est surjective et siF = (v1, . . . , vn)est une famille g´en´eratrice deV, alors f(F)engendre W. c) Si f est bijective et si B = (v1, . . . , vn) est une base de V, alors f(B) est une base de W, d’o`u dimW =n= dimV.

D´emonstration. a) Supposons f injective et soit F = (v1, . . . , vn) une famille libre de V. Supposons qu’il existe une relation lin´eaire dansW :

t1f(v1) +· · ·+tnf(vn) = 0,

avecti∈k. Alors 0 =f(t1v1+· · ·+tnvn) d’o`u, puisquef est injective,t1v1+· · ·+tnvn= 0, donc comme F est libre,ti= 0 pouri= 1, . . . , n. Ceci montre quef(F) est libre.

b) Supposons f surjective et soitF = (v1, . . . , vn) une famille g´en´eratrice deV. Soit w∈W; comme f est surjective, il existev ∈V tel quef(v) =w. Comme F engendreV, il existet1, . . . , tn ∈ktels que v=t1v1+· · ·+tnvn, d’o`u

w=t1f(v1) +· · ·+tnf(vn).

Ceci montre quef(F) engendreW.

c) Supposonsf bijective et soitB= (v1, . . . , vn) une base deV. D’apr`es a) et b),f(B) est une famille libre et g´en´eratrice deW, donc une base deW; alors dimW =n= dimV.

Corollaire 0.2.13. — (i) Tout k-espace vectoriel V de dimension finie est isomorphe (de fa¸con non



canonique) `akn, pour un uniquen, ´egal `adimkV.

(ii) Deux k-espaces vectoriels de dimension finie V etW sont isomorphes si et seulement si ils ont la mˆeme dimension.

D´emonstration. (i) Si V est de dimensionn alors, par le choix d’une base, il est isomorphe `akn. (Cet isomorphisme est«non canonique» car il d´epend du choix de la base.) R´eciproquement, siV 'km, alors d’apr`es la proposition pr´ec´edente, on a dimV = dimkm = m, donc m =n. En particulier, km 6' kn si m6=n.

(ii) SiV 'W, alors dimkV = dimkW, d’apr`es la proposition pr´ec´edente. R´eciproquement, si dimkV = dimkW =n, alorsV etW sont tous deux isomorphes `a kn.

Exemples 0.2.14. — 1) La droite d’´equation x1+x2 = 0 dansR2 admet pour base le vecteur e1−e2, mais on peut tout aussi bien choisir le vecteure2−e1.

2) Le plan d’´equationx1+x2+x3= 0 dansR3 admet pour base (e1−e2, e2−e3), mais on peut aussi choisir (e1−e3, e1−e3), ou (e1−e2, e1+e22e3), ou (e1(e1+e2+e3)/3, e1+e22(e1+e2+e3)/3), etc.

Exemple 0.2.15. — Reprenons l’espace S(a, b) des suites (un)n∈Nd’´el´ements dek v´erifiant la relation de r´ecurrence lin´eaireun+2=aun+1+bun. On a vu (cf. 0.1.11) qu’il est isomorphe `ak2, par l’application (un)n∈N 7→ (u0, u1), donc est de dimension 2. Supposons que le polynˆome P = X2−aX−b ait deux racines distinctesλ6=µdansk. Consid´erons les ´el´ements u= (un)n∈Net v= (vn)n∈Nde S(a, b) d´efinis par

u0= 1 =v0, u1=λ, v1=µ.

Alors la famille (u,v) est libre (car si su+tv = 0, on obtient s+t = 0 = +tµ, donc t = −s et s(λ−µ) = 0, d’o`u s= 0), donc est une base de S(a, b). Par cons´equent, tout ´el´ement w= (wn)n∈N de S(a, b) s’´ecrit de fa¸con unique

w=su+tv,

et s, tsont d´etermin´es par les conditions s+t =w0 et + =w1. Ceci permet-il de calculer w2010 et w2011dans l’exercice 0.1.12 ?

(7)

0.3. NOYAU, IMAGE, ET TH´EOR`EME DU RANG 7

0.3. Noyau, image, et th´eor`eme du rang

D´efinition 0.3.1 (Noyau, image et rang). — Soitf : V →W une application lin´eaire. D’une part, on d´efinit son noyau

Ker(f) ={v∈V |f(v) = 0},

c’est un sous-espace vectoriel deV. Noter que f estinjective si et seulement si Ker(f) ={0}: en effet, on af(v) =f(v0)⇐⇒ f(v−v0) = 0.

D’autre part, on d´efinit son image

Im(f) =f(V) ={f(v)|v∈V} ⊆W,

c’est un sous-espace vectoriel deV. Alorsf estsurjective si et seulement si Im(f) =W.

Lorsque Im(f) estde dimension finier(ce qui est le cas siW ouV est de dimension finie, cf. ci-dessous), l’entierr= dim Im(f) est appel´e lerangdef et est not´e rg(f) ou rang(f).

Th´eor`eme 0.3.2 (Th´eor`eme du rang). — Soit f : V W une application lin´eaire, avec V de di-



mension finien. Alors

n= dimV = dim Ker(f) + rg(f).

(En particulier, f est surjective si et seulement siW est de dimension rg(f) =n−dim Ker(f).)

D´emonstration. Comme V est de dimension finie n, alors Ker(f) est de dimension finie d n; soit K = (e1, . . . , ed) une base de Ker(f).

1`ere m´ethode (la plus courte). Compl´etons K en une baseB = (e1, . . . , ed, ed+1, . . . , en) de V. Alors Im(f) =f(V) est engendr´e par f(B) (cf. Prop. 0.2.12), donc par f(ed+1), . . . , f(en) puisque f(ei) = 0 pour i≤d. Montrons que ces vecteurs sont lin´eairement ind´ependants : supposons qu’on ait une relation de d´ependance lin´eaire

0 =t1f(ed+1) +· · ·+tn−df(en) =f(t1ed+1+· · ·+tn−den)

alors le vecteurt1ed+1+· · ·+tn−den appartient `a Ker(f), donc est combinaison lin´eaire dee1, . . . , ed, d’o`u une ´egalit´e

t1ed+1+· · ·+tn−den−s1e1− · · · −sded= 0.

Comme (e1, . . . , en) est une base deV, ceci impliqueti= 0 =sjpour tousi, j. Ceci montre que les vecteurs f(ed+1), . . . , f(en) sont lin´eairement ind´ependants, donc forment une base def(V), d’o`u dimf(V) =n−d et donc rg(f) = dimf(V) =n−dim Ker(f).

2`eme m´ethode. Soit toujoursK = (e1, . . . , ed) une base de Ker(f), donnons une autre d´emonstration, qui sera utile plus loin (cf. 0.5.10).(1)Comme Im(f) =f(V) est engendr´e parn´el´ements (les images d’une base de V), Im(f) est de dimension finier≤n. Soit (w1, . . . , wr) une base de Im(f) et pouri= 1, . . . , r, soitvi un ´el´ement deV tel quef(vi) =wi. Alors la famille

B= (e1, . . . , ed, v1, . . . , vr)

est une base de V. En effet, elle est g´en´eratrice : soit v V arbitraire, son image f(v) s’´ecrit f(v) = t1w1+· · ·+trwr, d’o`u f(v−t1v1− · · · −trvr) = 0, doncv−t1v1− · · · −trvr appartient `a Ker(f), donc s’´ecrits1e1+· · ·+spep, d’o`u

v=t1v1+· · ·+trvr+s1e1+· · ·+spep. Ceci montre queBest g´en´eratrice. Elle est aussilibre : si

0 =t1v1+· · ·+trvr+s1e1+· · ·+spep

alors 0 = f(0) = t1w1+· · ·+trwr, donc chaque ti est nul (puisque (w1, . . . , wr) est libre), d’o`u 0 = s1e1+· · ·+spep, donc chaquesj est nul (puisque (e1, . . . , ep) est libre). Ceci montre queBest aussi libre, donc est une base deV. Donc dimV =d+r= dim Ker(f) + rg(f).

Proposition 0.3.3. — Soit V un k-espace vectoriel de dimensionn et soit u∈Endk(V)ou, plus g´en´e-



ralement, soitu:V →W une application lin´eaire, o`udimW =n= dimV. Alors les conditions suivantes sont ´equivalentes :

(i) uest bijectif ; (ii) uest injectif ; (iii) uest surjectif.

(1)Cette d´emonstration a l’avantage suivant. Elle montre que si une base (w1, . . . , wr) de Im(f) est donn´ee `a l’avance et si v1, . . . , vrV v´erifientf(vi) =wipouri= 1, . . . , r, alors (e1, . . . , ed, v1, . . . , vr) est une base deV.

(8)

En effet, il est clair que (i) implique (ii) et (iii). R´eciproquement, si u est injectif, i.e. Ker(u) = {0}

(resp. surjectif, i.e. Im(u) = W), il r´esulte du th´eor`eme du rang que uest aussi surjectif (resp. injectif), donc bijectif.

0.4. Applications lin´eaires et matrices

D´efinition 0.4.1 (Espaces d’applications lin´eaires). — Soient V, W deux k-espaces vectoriels. On note Homk(V, W) ou L(V, W) l’ensemble des applications lin´eaires de V dans W. C’est un k-espace vectoriel : plus pr´ecis´ement, c’est un sous-espace vectoriel duk-espace vectoriel Fonc(V, W) de toutes les fonctionsV →W (cf. 0.1.7). Rappelons que sit∈ketφ, ψ∈Fonc(V, W) alors les fonctionsφ+ψett·φ sont d´efinies comme suit : pour toutv∈V,

(∗) (φ+ψ)(v) =φ(v) +ψ(v) et (t·φ)(v) =t·φ(v).

Il s’agit de voir que siφ, ψ:V →W sont des applicationslin´eaires, alors il en est de mˆeme deφ+ψet de t·φ. Ceci se v´erifie facilement : siv, v0∈V et s∈k, alors

(φ+ψ)(s·v+v0) = φ(s·v+v0) +ψ(s·v+v0) (par d´efinition)

= s·φ(v) +φ(v0) +s·ψ(v) +ψ(v0) (carφ, ψlin´eaires)

= (φ+ψ)(v) + (φ+ψ)(v0) (par d´efinition) et de mˆeme

(t·φ)(s·v+v0) =t·φ(s·v+v0) =ts·φ(v) +t·φ(v0) =(t·φ)(v) + (t·φ)(v0).

Donc Homk(V, W) = L(V, W) est bien un k-espace vectoriel ; on dit que c’est l’espace des applications lin´eaires deV dansW.

SupposonsV de dimension finienet soit (e1, . . . , en) unebasedeV (par exemple,V =knet (e1, . . . , en) la base canonique). Soitφ∈Homk(V, W), posonswi=φ(ei) pouri= 1, . . . , n; alors toutv∈V s’´ecrit de fa¸con uniquev=x1e1+· · ·+xnen et l’on a

(∗) φ(v) =x1w1+· · ·+xnwn

doncφest d´etermin´ee par la donn´ee desnvecteurs w1, . . . , wn ∈W. R´eciproquement, pour toutn-uplet (w1, . . . , wn)∈Wn, l’applicationφ:V →W d´efinie par la formule (∗) est lin´eaire. On a donc obtenu la Proposition 0.4.2. — SiB= (e1, . . . , en)est une base deV, se donner une application lin´eaireφ:V W «est la mˆeme chose» que se donner un n-uplet(w1, . . . , wn)∈W.

Supposons de plus que W soit de dimension finie m et soit C = (f1, . . . , fm) une base de W. Alors, chaquewj=φ(ej) s’´ecrit de fa¸con unique

wj=a1jf1+· · ·+amjfm,

ce qu’on repr´esente par le vecteurcolonne (d’o`u le choix de l’indicej pour param´etrer ces colonnes) :

wj =



 a1j

a2j

... amj





et doncφest d´etermin´ee par la matrice suivante :

MatC,B(φ) = Mat(fi),(ej)(φ) =





a11 a12 · · · a1n a21 a22 · · · a2n

... ... . .. ... am1 an2 · · · amn





qui exprime les vecteursφ(ej) (les colonnes) en fonction def1, . . . , fm. Noter que la dimensionnde l’espace ded´epart V est le nombre decolonnes, et la dimensionmde l’espace d’arriv´ee W est le nombre delignes.

R´eciproquement, pour toute matrice A comme ci-dessus, ses colonnes d´efinissent de fa¸con unique n vecteursw1, . . . , wn deW, `a savoir

wj=a1jf1+· · ·+amjfm,

et ce n-uplet (w1, . . . , wn)∈Wn d´efinit une application lin´eaireφ:V →W dont la matrice associ´ee est A. On obtient donc unebijection :

Homk(V, W)←→Mm,n(k).

(9)

0.4. APPLICATIONS LIN´EAIRES ET MATRICES 9

De plus, on voit facilement que si A (resp.B) est la matrice associ´ee `a φ (resp.ψ), alors tA+B est la matrice associ´ee `a+ψ, donc la bijection ci-dessus est unisomorphisme d’espaces vectoriels.

Th´eor`eme 0.4.3 (Applications lin´eaires et matrices). — SoientB= (e1, . . . , en)une base deV, et C = (f1, . . . , fm)une base deW. Siφest une application lin´eaireV →W, on noteMatC,B(φ)sa matrice dans les bases :B «au d´epart» et C «`a l’arriv´ee».(2)

(1) L’applicationφ7→MatC,B(φ)est un isomorphisme d’espaces vectoriels :



Homk(V, W)−→ Mm,n(k).

Donc le«slogan» `a retenir est : «Des bases deV et W ´etant choisies, une application lin´eaireV →W est la mˆeme chose qu’une matrice `am lignes etncolonnes» .

(2) Cet isomorphisme transforme la composition des applications lin´eaires en le produit des matrices : siU est unk-espace vectoriel de baseA = (d1, . . . , dp)et siθ∈Homk(U, V)etφ∈Homk(V, W), on peut former la compos´ee φ◦θ:

U θ //V φ //W, et l’on a :

MatC,A◦θ) = MatC,B(φ)·MatB,A(θ).

D´emonstration. — On a d´ej`a vu l’assertion (1), montrons l’assertion (2). Notons A= MatC,B(φ) = (aij)j=1,...,n

i=1,...,m B= MatB,A(θ) = (bj`)`=1,...,p j=1,...,n

alors, pour tout`= 1, . . . , p, on a : (φ◦θ)(d`) =φ¡Xn

j=1

bj`ej

¢= Xn

j=1

bj`φ(ej) = Xn

j=1

Xm

i=1

bj`aijfi = Xm

i=1

¡Xn

j=1

aijbj`

¢fi.

Donc le coefficient d’indice (i, `) deM = Mat(fi),(d`)◦θ) estPn

j=1aijbj`; ceci montre queM =AB.

Remarque 0.4.4. — SoitA= (aij)∈Mm,n(k) et soient (e1, . . . , en) et (f1, . . . , fm) les bases canoniques dekn et km. Alors par l’isomorphisme pr´ec´edent,A correspond `a l’application lin´eaireu:kn →km telle que, pour toutj= 1, . . . , n,

u(ej) = Xm

i=1

aijfi.

On identifiera, chaque fois que ce sera utile, A `a l’application lin´eaire u : kn km ainsi d´efinie (i.e. la i-i`eme colonne deAest l’image dui-i`eme vecteur de la base canonique dekn.

Corollaire 0.4.5. — Soient A ∈Mm,n(k), B Mn,p(k) et u: kn →km, v : kp kn les applications lin´eaires associ´ees. AlorsAB est la matrice deu◦v:kp→km.

Remarque 0.4.6. — Soient B ∈Mm,n(k) etA∈Mn,p(k). Si l’on noteA1, . . . , Ap ∈kn les colonnes de A, alors les colonnes de BAsont les vecteursBA1, . . . , BAp∈km.(3)

En effet, ceci se voit directement sur la formule du produit matriciel : (BA)ij =Pn

`=1bi`a`j. Ou bien, on peut raisonner comme suit : soit (e1, . . . , ep) la base canonique dekp, alorsAcorrespond `a l’application lin´eaire qui envoie chaqueej sur le vecteur Aej =Aj ∈kn, etBA correspond `a l’application lin´eaire qui envoie chaqueej sur le vecteurB(Aej) =BAj∈kn.

Remarque 0.4.7. — On ne peut effectuer le produitABde deux matricesA∈Mm,n(k) etB∈Mq,p(k) que sin=q, c.-`a-d., si le nombre de colonnes deA´egale le nombre de lignes de B.

En raison de son importance, r´ep´etons le th´eor`eme 0.4.3 et le corollaire 0.4.5 dans le cas particulier o`u l’espace de d´epart est le mˆeme que celui d’arriv´ee, c.-`a-d., le cas o`u l’on consid`ere des endomorphismes d’un espaceV de dimension finien, ou des matricescarr´ees de taillen.

(2)L’ordre est choisi afin d’avoir, pour la composition des appplications, la formule qui figure dans le point (2) du th´eor`eme.

(3)Cette remarque sera utile pour la construction du d´eterminant, voir Chap. 2.

(10)

Proposition 0.4.8 (Endomorphismes de V 'kn). — Lek-espace vectorielMn(k)est un anneau (non commutatif si n 2), c.-`a-d., la multiplication des matrices carr´ees est associative : A(BC) = (AB)C, distributive `a gauche et `a droite par rapport `a l’addition :(A+B)C=AC+BCetA(B+C) =AB+AC, et la matrice identit´eIn est ´el´ement neutre. De plus,Mn(k)est unek-alg`ebre, c.-`a-d.,(4) pourA, B∈Mn(k) ett∈k, on at·(AB) = (t·A)B =A(t·B), o`u· d´esigne la loi externe.

De mˆeme, siV est unk-espace vectoriel de dimensionn, l’espace des endomorphismesEndk(V)est une k-alg`ebre (la multiplication ´etant la composition des endomorphismes). De plus, si l’on choisit une base B= (e1, . . . , en)deV, l’application

Endk(V)→Mn(k), u7→MatB(u)

est un isomorphisme d’anneaux et dek-espaces vectoriels, c.-`a-d., un isomorphisme dek-alg`ebres.

D´efinition 0.4.9 (Noyau, image et rang d’une matrice). — SoitA∈Mm,n(k), on d´efinit son noyau



Ker(A), son image Im(A), et son rang, not´e rang(A) ou rg(A), comme le noyau, l’image et le rang de l’ap- plication lin´eaireu:kn →km associ´ee. On a rang(u)≤n (d’apr`es le th´eor`eme du rang), et rang(u)≤m (puisque Im(u) est un sous-espace dekm), donc rang(u)Min(m, n).

Or, l’image de u est le sous-espace de km engendr´e par les vecteurs colonnes C1, . . . , Cn de A, donc par d´efinition rang(A) est le nombre maximum de colonnes de A lin´eairement ind´ependantes, et l’on a rang(A)Min(m, n).

On verra plus bas que rang(A) est aussi le nombre maximum delignes lin´eairement ind´ependantes, et l’on donnera des moyens algorithmiques pour calculer rang(A).

D´efinition 0.4.10 (Transpos´ee d’une matrice). — Soit dansMm,n(k) :



A=





a11 a12 · · · a1n

a21 a22 · · · a2n ... ... . .. ... am1 am2 · · · amn



.

Satranspos´ee, not´eetA, est la matrice deMn,m(k) suivante :

tA=





a11 a21 · · · am1 a12 a22 · · · am2

... ... . .. ... a1n a2n · · · amn





c.-`a-d., laj-`eme colonne deAest devenue laj-`eme ligne detA, c.-`a-d., (tA)ji=aij. On a ´evidemment

(?) t(tA) =A.

Proposition 0.4.11. — L’applicationA7→tAest lin´eaire : si A, A0 ∈Mm,n(k) ets∈k,

t(s·A+A0) =tA+tA0.

De plus, siB∈Mn,p(k), alorsBA∈Mm,p(k) et l’on a dansMp,m(k)l’´egalit´e :



(??) t(AB) =tBtA.

D´emonstration. ´EcrivonsA= (aij) et A0 = (a0ij). AlorssA+A0∈Mm,n(k) est la matrice (saij+a0ij), et sa transpos´ee est la matriceC∈Mn,m(k) telle que, pour tout (j, i),

Cji= (sA+A0)ij =saij+a0ij =s(tA)ji+ (tA0)ji,

doncC=tA+tA0. Puis, si l’on poseB= (bj`)∈Mn,p(k), alors pour tout couple (i, `) on a

¡t (AB)¢

`i= (AB)i`= Xn

r=1

airbr`= Xn

r=1

(tB)`r·(tA)rit BtA¢

`i

ce qui montre quet(AB) =tBtA. ¤

(4)cf. D´efinition 4.2.1 dans le Chap. 3.

(11)

0.5. CHANGEMENTS DE BASE 11

0.5. Changements de base

D´efinition 0.5.1 (Automorphismes et matrices inversibles). — 1) Soit V un k-espace vectoriel.

On dit qu’un endomorphisme f de V est un automorphisme s’il poss`ede un inverse dans Endk(V), i.e. s’il existe un endomorphismegdeV tel quef◦g= idV =g◦f. Ceci ´equivaut `a dire quef est bijectif, car on a vu (cf. 0.1.10) que dans ce cas l’application inversegest automatiquement lin´eaire.

2) On note GL(V) l’ensemble des automorphismes de V; c’est un groupe pour la composition des endomorphismes : en effet, la composition des endomorphismes est associative, l’application identique est

´el´ement neutre, et si f, g sont inversibles, alors f ◦g l’est aussi, son inverse ´etant g−1 ◦f−1 (puisque f◦g◦g−1◦f−1= idV =g−1◦f−1◦f◦g).(5)

3) De mˆeme, on dit qu’une matrice A∈ Mn(k) estinversible s’il existe B ∈Mn(k) v´erifiantAB = In =BA, o`u In d´esigne la matrice identit´e de taille n; dans ce cas B est not´ee A−1. On note GLn(k) l’ensemble des matrices inversibles.

Comme la correspondance bijective Endk(kn) ←→ Mn(k) transforme la composition des endomor- phismes en le produit des matrices, on voit qu’une matriceA est inversible si et seulement si l’endomor- phisme correspondantudeknest bijectif, et dans ce casA−1est la matrice deu−1; de plus GLn(k) est un groupe pour la multiplication des matrices : la matriceIn est ´el´ement neutre, et si A, B sont inversibles, alorsABl’est aussi, son inverse ´etantB−1A−1.

La proposition suivante est importante et tr`es utile :

Proposition 0.5.2. — (i) SoitV un k-espace vectoriel de dimension finieet soient u, v Endk(V)tels queu◦v= idV. Alors uetv sont bijectifs etu=v−1.



(i0)SoientA, B∈Mn(k)telles queAB=In. Alors on a aussi BA=In et doncAetB sont inversibles et inverses l’une de l’autre.

(ii)Si Aest inversible alors tAest inversible et l’on a (tA)−1=t(A−1).

D´emonstration. (i) Pour tout x V, on a x= u(v(x)), donc u est surjectif, et v est injectif. Donc, d’apr`es la proposition 0.3.3,u et v sont bijectifs ; alors en multipliant l’´egalit´eu◦v = idV `a gauche par u−1 (ou bien `a droite parv−1), on obtient quev=u−1.

(i0) Notonsu(resp.v) l’endomorphisme dekn correspondant `aA(resp.B). CommeAB=In ´equivaut

`a u◦v= idV alors, d’apr`es (i),uet v sont bijectifs et inverses l’un de l’autre, donc il en est de mˆeme de Aet B et l’on aB=A−1 etBA=In.

(ii) SupposonsAinversible, alors il existeB ∈Mn(k) telle queAB=In=BA. Prenant la transpos´ee de ces matrices, on obtient, puisquetIn=In :

tBtA=t(AB) =In=t(BA) =tAtB.

Ceci montre quetA est inversible, d’inversetB=t(A−1).

Remarque 0.5.3. — 1) SoitV =R[X], soit I l’op´erateur«d’int´egration», qui envoie chaque monˆome XnsurXn+1/(n+ 1), et soitD l’op´erateur de d´erivation, qui envoie chaque polynˆomeP sur le polynˆome d´eriv´eP0. AlorsD◦I= idV, doncD est surjectif etI injectif, mais Dn’est pas injectif carD(1) = 0, et I n’est pas surjectif car son image est form´ee des polynˆomes de terme constant nul.

2) De mˆeme, soitV l’espace des suites (un)n∈Net soientI (resp.D) l’op´erateur qui envoie toute suite (un)n∈Nsur

(0, u0, u1, u2, . . .) resp. (u1, u2, u3, . . .).

AlorsD◦I = idV, donc D est surjectif etI injectif, maisD n’est pas injectif car D annule la suite telle queu0= 1 etui = 0 pouri≥1, et I n’est pas surjectif car son image est form´ee des suites de terme u0

nul.

Ces deux exemples montrent que si V est un espace vectoriel qui n’est pas de dimension finie et si u, v∈Endk(V) v´erifientu◦v= idV, alorsuetv ne sont pas n´ecessairement bijectifs.

Lemme 0.5.4. — Soientfun endomorphisme d’un espace vectorielV de dimension finie,B= (v1, . . . , vn) une base de V, posonswi=f(vi). Si(w1, . . . , wn)est une base deV, alorsf est bijective, et son inverse est l’endomorphisme g deV d´efini parg(wi) =vi pouri= 1, . . . , n.

(5)Attention ! Noter l’inversion de l’ordre des facteurs : (fg)−1´egaleg−1f−1, tandis quef−1g−1= (gf)−1!

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