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Amartya SEN: sa vie, son œuvre. Fiche réalisée par Anne-Charlotte MOUGENOT

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Sen A. (1999), Un Nouveau Modèle Economique.

Développement, justice, liberté, Odile Jacob, 2003.

Amartya SEN : sa vie, son œuvre . Fiche réalisée par Anne-Charlotte MOUGENOT.

Chapitre 2 : Les Fins et les Moyens du développement . Fiche réalisée par Sarah ZOUAK.

Chapitre 3 : La liberté et les fondements de la justice . Fiche réalisée par Chloé LESCARRET.

Chapitre 4 : La pauvreté comme privation de capacités . Fiche réalisée par Laura DAVY.

Chapitre 5 : Marché, État et opportunités sociales . Fiche réalisée par Laura GERON.

Chapitre 7 : Famines et autres crises . Fiche réalisée par Lola DUBOSC.

Chapitre 8 : Le rôle actif des femmes et le changement social. Fiche réalisée par Camille GUEUCIER.

Chapitre 9 : Population, ressources alimentaires et liberté . Fiche réalisée par Marie TAMARA.

Chapitre 10 : Culture et droits de l’homme. Fiche réalisée par Sébastien HERVO.

Amartya SEN: sa vie, son œuvre.

Fiche réalisée par Anne-Charlotte MOUGENOT.

I/ Courte biographie et parcours professionnel de Sen

Amartya Sen est né le 3 novembre 1933 à Santiniketan, en Inde. Il a d’abord étudié les mathématiques et la physique à Presidency College à Calcutta, puis la philosophie et l’économie à Trinity College. Après avoir enseigné l’économie à Trinity, London School of Economics puis Oxford, et jusqu’en 1998 il a été professeur d’économie à la prestigieuse université d’Harvard. De 1998 à 2004, il a été directeur du Trinity College à l’université de Cambridge.

Son implication internationale est notamment marquée par sa contribution à la fondation en 2003 du « Collegium international éthique, politique et

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scientifique », association qui s’engage à apporter des réponses intelligentes et appropriées aux nouveaux défis de l’humanité.

En 1998, Sen est lauréat du prix Nobel d’économie pour sa contribution à l’économie du développement et du bien-être.

En 1999, il reçoit le Ratna, la plus haute distinction civile indienne.

En 1999 il est fait citoyen d’honneur du Bangladesh par le Premier Sheikh Hasina en reconnaissance de ce qu’il a accompli en gagnant le Prix Nobel, et étant donné que les origines de sa famille se trouvaient au Bangladesh. C’est également en 1999 qu’il publie Un nouveau modèle économique (dont le titre original est Development as freedom), où il reprend en douze chapitres les idées principales de six conférences qu’il a données. Il y étudie la fonction de certaines libertés instrumentales importantes et de leurs interconnexions (parmi lesquelles les opportunités économiques, les libertés politiques, les dispositions sociales, les garanties de transparence et la sécurité protectrice).

II/ Principaux travaux de Sen

Sen est présenté comme un économiste du développement. Pourtant, telle n’était pas sa prétention initiale. Ce sont les questions concrètes du développement qui ont renforcé sa conviction qu’il fallait penser l’économie en prenant en compte les libertés individuelles : considérer Amartya Sen comme un économiste du développement, c’est accepter que les questions éthiques sont pertinentes pour juger des questions de développement.

Son étude porte à la fois sur la famine, la théorie du développement humain, l’économie du bien-être, les mécanismes fondamentaux de la pauvreté, les inégalités entre les hommes et les femmes et sur le libéralisme politique.

On peut distinguer deux moments dans les travaux de Sen.

D’une part, du début des années 1970 jusqu’au milieu des années 1980, il enrichit la théorie du choix social (élaborée par l’économiste américain Kenneth Arrow en 1963, qui a pour objet d'analyser la relation entre préférences individuelles et décisions collectives et de déterminer s'il est possible de dériver des préférences individuelles les préférences collectives) et aux questions d’inégalité. Sen a montré sous quelles conditions le théorème d’impossibilité d’Arrow (démontré en 1951, selon lequel aucune règle de choix social ne satisfait l’universalité, l’unanimité, l’indépendance des alternatives non disponibles, la transitivité et l’absence de dictateur) pouvait se résoudre. En 1981, dans Poverty an famines: an essay on entitlements and deprivation, il montre que la famine

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n’est pas seulement due au manque de nourriture mais aussi aux inégalités provoquées par les mécanismes de distribution.

D’autre part, de 1980 à nos jours, il approfondit son analyse de ces questions éthiques avec la philosophie politique et morale. Dans son article

«Equality of what », il propose une approche par les capabilités (qui désignent la liberté réelle qu’a un individu de choisir une façon de vivre dans une situation donnée) : sa conception d’une société juste est une société qui doit offrir à chacun un même ensemble étendu de capabilités. Le projet de cette approche est de relever les défis laissés par le welfarisme et le libertarisme, et de proposer un espace d’évaluation de certaines questions normatives en mettant en avant les questions nécessaires à de tels jugements (le bien-être individuel n’est pas fondé sur l’utilité mais sur la liberté individuelle). Or une théorie de la justice doit inclure des considérations d’agrégation mais aussi de distribution.

Enfin, Sen a inventé des méthodes pour mesurer la pauvreté qui permettent d’obtenir des informations essentielles pour améliorer la condition des pauvres : il a ainsi contribué à la mise au point de l’indice de développement humain.

Ainsi, Amartya Sen défend « une approche particulière du développement, conçu comme le processus d’expansion des libertés substantielles dont les gens disposent. La liberté y apparaît à la fois comme le but et comme un moyen du changement.» L’analyse du développement exige une approche qui intègre les rôles respectifs des diverses institutions (administration, associations, structures législatives, judiciaires ou liées au fonctionnement du marché) et leurs interactions. La formation des valeurs, l’émergence et l’évolution d’une éthique sociale sont aussi des composantes du processus de développement.

III/ Quelques citations extraites d’Un nouveau modèle économique

 « Surmonter ces handicaps –privations en tous genres, misère et oppression, non-respect des droits des femmes ou de leur rôle, détérioration de notre environnement…- est une tâche centrale pour le développement. Je montrerai dans ces pages que nous devons prendre en pleine mesure le rôle des libertés –et des libertés de toute sorte- pour combattre ces maux. »

 « Nous ne devons pas perde de vue que notre liberté d’action est nécessairement déterminée et contrainte par les possibilités sociales, politiques et économiques qui s’offrent à nous. »

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 « La liberté apparaît comme la fin ultime du développement, mais aussi comme son principal moyen. Le développement consiste à surmonter toutes les formes de non-libertés, qui restreignent le choix des gens et réduisent leur possibilité d’agir. La suppression de ces non-libertés est, selon la thèse défendue ici, constitutive du développement. »

Dans la préface, Sen expose ainsi l’idée des libertés individuelles comme élément essentiel du développement.

Chapitre 2 : Les Fins et les Moyens du développement

Fiche réalisée par Sarah ZOUAK

Sen distingue deux attitudes contradictoires dans le processus de développement.

Le développement vu comme un processus brutal (« sang, sueur, larmes »), où il faille une rigueur et une discipline au moment présent, pour pouvoir espérer plus tard des aides sociales pour le peuple. Et le développement au sens de processus essentiellement compréhensif, tel la promotion des échanges, pour par exemple, pouvoir se développer au niveau social.

Sen rejoint plutôt l’idée d’un développement vu comme un processus essentiellement « compréhensif ». Où le développement serait un processus d’expansion des libertés réelles dont les personnes peuvent jouir.

Il définit l’expansion des libertés comme fin première, (« rôle constitutif ») et également comme moyen principal pour accéder au développement (« rôle instrumental »).

Le « rôle constitutif » concerne la liberté substantielle, facteur important pour l’amélioration de la vie des êtres humains. Il entend par liberté substantielle, les capacités élémentaires, c'est-à-dire le fait qu’il n’y ait pas de problème de famine, de malnutrition ou au contraire qu’il y ait une libre expression dans le pays par exemple.

Ici le développement s’accompagne de l’expansion des libertés fondamentales et se ramène en même temps au processus même d’expansion des libertés.

Ainsi après en avoir fait la distinction, dans ce chapitre Sen se penche plutôt sur l’efficacité de la liberté comme moyen. Il se demande comment différents éléments liés à la liberté, nous amène au développement. Et insiste sur

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les interactions entre les cinq différents types de libertés qui par divers chemin entraînent le développement.

Pour expliquer de phénomène instrumental, il nous expose cinq types de libertés, sur lesquelles il faut se concentrer individuellement, mais également en établir les liens, pour une meilleure compréhension, car elles se complètent.

Sen distingue les libertés politiques, qu’il définit comme l’ensemble des possibilistes offertes aux individus, aussi bien pour choisir entre divers partis politiques, pour voter, ou encore pour déterminer qui gouverne et selon quel principe. Les facilités économiques qui représentent les opportunités offertes aux individus d’utiliser les ressources économiques à des fins de consommation, de production ou d’échanges. Les opportunités sociales, c'est-à-dire les dispositions prises par une société en faveur de l’éducation, de la santé ou d’autres postes et qui accroissent les libertés qu’ont les personnes pour mieux vivre. Les garanties de transparence, qui permettent de lutter contre la corruption ou l’irresponsabilité financière par exemple. Et enfin la sécurité protectrice qui subsiste aux personnes les plus vulnérables.

Ces libertés précédemment développées améliorent la capacité des individus et entretiennent des relations de réciprocité permettant leur propre renforcement. Ainsi la création d’opportunités sociales tel le développement de l’éducation publique, ou des services de santé, entraînent une baisse du taux de mortalité et de meilleures conditions de vie. Et cette baisse du taux de mortalité, améliore les conditions de natalité, qui eux mêmes renforce le développement de l’éducation. C’est en ce sens qu’on peut parler d’interconnexions et de complémentarités entre ces différentes libertés.

Il illustre cela en prenant le cas du développement d’opportunités du Japon, notamment pour l’éducation. Ainsi, au Japon, la qualité de ses ressources humaines, dépendant de l’éducation ou de la santé, a permis le développement économique. Sen nous explique que le « développement humain », n’est pas seulement réservé aux pays riches. Que différents chemins mènent au développement, et selon les facteurs qui nous permettent celui-ci, une interconnexion renforce le plus souvent le processus.

Sen développe ensuite, les multiples disparités entre la Chine et l’Inde, qui sont dans un processus d’ouvertures de leurs économies, et présentent leurs

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différences en terme de maturités sociales (taux d’alphabétisation, conditions sanitaires, démocratie, famine…).

Les libertés instrumentales entretiennent donc des interconnexions entre elles. Et pour expliquer l’influence de celles-ci, il s’appuie sur l’étude de la longévité et l’espérance de vie à la naissance.

Sen nous montre que notre vision de la liberté est trop restrictive, et que la croissance économique, ne la définit pas à elle seule. Il explique que souvent établir un lien entre le revenu par habitant et la longévité est inapproprié. Il est vrai que lors d’une comparaison statistique entre ces deux dernières variables, on aboutit à une certaine corrélation. Mais Sen explique en s’appuyant sur l’analyse de S. Anond et M.R que le lien établi entre le revenu par habitant et la longévité dépend de deux facteurs : l’impact du PNB sur les revenus des plus vulnérables économiquement et sur la dépense publique, notamment au niveau de la santé. Le véritable lien n’est pas qu’une augmentation du PNB entraîne une augmentation de l’espérance de vie. Mais ce que l’on fait de ce PNB, pour permettre une meilleure espérance de vie. Le nœud du problème se situe dans les dépenses publiques et de son utilisation au profit des plus pauvres.

Il illustre cela en montrant qu’un pays ayant une économie à fort taux de croissance peut également avoir, une amélioration de son espérance et de sa qualité de vie, ce qui découle de la logique de départ. Mais celle-ci n’est pas toujours respectée, un taux de croissance en expansion n’entraîne pas toujours cette amélioration des conditions de vie (Brésil).

Sen définit avec son collaborateur J.Dreze, les deux voies pour restreindre la mortalité, celle « par la croissance », permise comme son nom l’indique par une forte croissance économique. Elle permet de développer plusieurs services comme l’éducation ou la santé. Et celle « par le soutien », elle n’utilise point la croissance économique et fonctionne grâce à divers programmes sociaux, mise en place spécifiquement pour cela.

A l’aide de plusieurs organigrammes, Sen montre que le processus « par la croissance » permet de nombreux avantages car grâce à celle-ci on a les moyens d’éviter l’analphabétisme par exemple. Il montre également que les politiques

« par le soutien » aboutissent à des résultats moins satisfaisants, que par des politiques par « la croissance », qui elles permettent une nette amélioration des

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conditions de vie. Par contre avec la politique « par le soutien », on n’a pas besoin d’être assez « prospère » pour mettre en place ces politiques de développement, il suffit de mettre en place des services adaptés à la population.

Tout ceci est illustré avec le modèle de la Grande Bretagne et notamment de sa réduction du taux de mortalité, développé grâce à des tableaux décrivant l’évolution de l’espérance de vie.

Sen termine ce chapitre en évoquant les connexions entre démocratie et incitation politique. Il montre que dans un pays ayant des libertés politiques et des droits d’usages, celui-ci ne peut connaître une crise telle que la famine, grâce à la sécurité permise pas la démocratie.

Dans ce chapitre Sen a développé l’idée, que la liberté dans le cadre du processus de développement est à la fois l’objectif et le moyen. Il illustre le tout grâce à plusieurs études empiriques concernant divers pays, et développe les différents termes de libertés menant au développement et en a établi les liens de réciprocité.

Il montre que pour atteindre ce processus de développement, il faut que la liberté en soit la matrice et que les personnes soient considérées comme des acteurs à part entière, jouant un rôle majeur dans ce développement.

Chapitre 3 : La liberté et les fondements de la justice.

Fiche réalisée par Chloé LESCARRET.

Le célèbre économiste tente de concilier le souci de la croissance avec les exigences humaines et éthiques. Le monde n'est pas seulement partagé entre riches et pauvres. Il est aujourd'hui divisé entre ceux qu'inquiètent les ravages du capitalisme global et ceux qu'effraie la terreur que font régner les États qui brident la liberté individuelle et l'initiative privée. Comment faire en sorte que la prospérité économique permette à chacun de vivre comme il le souhaite ?

Une partie de sa recherche appuyée sur la micro-économie et l'individualisme méthodologique porte sur la théorie des choix collectifs. Un nouveau modèle économique constitue une synthèse des principaux travaux de Sen, qui tous s'articulent autour du thème des libertés réelles dont jouissent les individus.

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Dans ce chapitre, Amartya Sen dit que toute notion de justice suppose que l’on ait fait un choix entre plusieurs principes possibles et que l’on dispose d’une base d’information adaptée. Or les bases d’information qui servent de référence – de façon explicite ou implicite – aux utilitaristes, aux libertariens ou aux rawlsiens sont affectées de sérieux défauts, dès que l’on accorde toute son importance aux questions des libertés individuelles.

L’utilitarisme classique développé par J. Bentham, ne retient que l’ « utilité », c’est à dire le plaisir, le bonheur ou la satisfaction et ignore non seulement des données aussi capitales que les libertés individuelles, l’exercice ou la violation des droits légaux, mais aussi la distribution réelle des « utilités » ; autre critique : les catégories mentales comme le plaisir ou le désir sont trop malléables pour servir d’étalon. A la suite de Rawls, les libertariens ne s’intéressent pas aux notions de bonheur ou de contentement des désirs mais seulement aux droits et aux libertés ; mais pourquoi donner à la liberté la priorité devant la satisfaction de besoins économiques vitaux ?

La théorie contemporaine du choix emploie la notion d’utilité mais en l’identifiant simplement à la représentation numérique du choix d’une personne, pour répondre aux critiques qui ont montré que les comparaisons interpersonnelles des états d’esprit de personnes différentes n’avaient aucun sens. On se borne donc à regarder le comportement des gens.

A. Sen passe en revue toutes les variables qui s’interposent entre le revenu et le bien-être – notion qui englobe la liberté, l’hétérogénéité des revenus, les services publics, la nature des relations sociales, la disposition des « biens premiers » de J. Rawls (« les droits, les libertés et les opportunités, le revenu et la richesse, et les base sociales de l’estime de soi »)

Quant à lui, il propose de prendre en compte les libertés individuelles (qu’il distingue des utilités) et aussi leurs conséquences et d’approcher la justice par les « capacités ». Il est alors important de prendre en compte non seulement les biens premiers détenus par les individus, mais aussi les caractéristiques personnelles qui commandent la conversion des biens premiers en facultés personnelles de favoriser ses fins. Pour cela il recourt au concept de « fonctionnement », issu en droite ligne de l’aristotélisme et de « capacité ». D’une part, la combinaison des fonctionnements, pour une personne

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donnée, reflètera ses accomplissements réels et d’autre part, l’ensemble des capacités représentera sa liberté d’accomplir, c’est à dire les combinaisons de fonctionnements possibles à partir desquelles cette personne peut choisir. Alors l’évaluation peut porter sur les fonctionnements réalisés ou sur les capacités.

Les comportements individuels se prêtent mieux aux comparaisons interpersonnelles que les utilités; mais les comparaisons des avantages globaux exigent encore une fois une opération d’ « agrégation » de composants hétérogènes. Or l’expérience montre que, bien que cela soit théoriquement impossible, il existe des procédures qui permettent d’établir un ordre « complet » ou presque complet, pour évaluer et comparer une organisation sociale.

Laura Davy

La nouvelle économie Amartya Sen

Chapitre 4 : La pauvreté comme privation de capacités

Fiche réalisée par Laura DAVY

D'après A. Sen la pauvreté n'est pas due seulement à des revenus trop bas mais aussi à un manque de capacités, qui est alors la « vraie » pauvreté.

Selon lui, une faiblesse des revenus est une des causes de cette vraie pauvreté et cette relation est différente selon les pays et les sociétés. Il apparaît alors que d'autres facteurs interviennent, parfois combinés (aggravant alors la situation des individus) comme l'âge des personnes, le sexe, le rôle social, la situation géographique, l'environnement épidémiologique (= si des maladies sont récurrentes à certains endroit comme le palus ou le sida).

S'ils sont combinés et qu'il n'existe aucune aide (publique par ex), un cercle vicieux s'installe (une personne âgée aux faibles revenus sera incapable de travailler, n'aura donc pas de revenu etc.).

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Sen ajoute que le modèle familial peut être un autre facteur de pauvreté réelle lorsqu’il est combiné avec la faiblesse des revenus : dans bien des sociétés les garçons sont favorisés et reçoivent plus d'argent que les filles. Même si ce problème est a priori inexistant en Amérique du nord et en Europe, il peut encore se trouver quelques exemples de discrimination sexuelle comme en Italie où le travail au noir des femmes d'après Sen est des plus élevés par rapport au travail légal.

D'autre part, être pauvre dans un pays riche, même si avec ce même revenu on serait riche dans un pays pauvre, est très handicapant car ne permet pas de se conformer aux normes de la société dans laquelle on vit. L'exclusion sociale alors occasionnée peut entrainer une privation de capacité qui entrainera des revenus bas etc.

Sen précise que des structures adéquates permettent de surmonter l'incapacité de revenu, qui reste le principal facteur de pauvreté réelle : l'éducation et un système de santé efficaces sont les dénominateurs communs des pays où la pauvreté est la plus faible. En effet, il y a alors une étroite corrélation entre développement social et économique comme le montre son exemple de l'Inde, où même si des réformes économiques ont été appliquées, les individus n'étant pas assez préparés, le résultat à été globalement minime, sauf au Kerala (région de l'Inde) où aux transformations économiques fut ajoutée une préparation de la population, via l'information et l'éducation.

A l'inverse, les économies asiatiques comme la Corée du sud, Singapour ou Taïwan ont réussi un coup de maître en combinant éducation, santé et développement économique.

Donc il semble que si une politique publique doit intervenir, elle ne doit pas se focaliser uniquement sur les revenus mais aussi sur l’éducation, la santé etc. car ils sont tous interdépendants.

En ce qui concerne les inégalités, Sen souligne que dans une perspective d'équité, elles sont inexcusables. Les choix économiques doivent être fondés sur la notion de justice, plus précisément la justice définie par John Rawls « justice comme équité ».

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Mais il insiste sur le fait que souvent, la volonté de diminuer les inégalités entraine de nombreux conflits, notamment à propos des considérations agrégatives (celles dont il suit qu'une détérioration de la condition du plus mal loti peut conduire à plus de justice si elle engendre une amélioration de la condition moyenne) ou distributives (celles dont il suit qu'une détérioration de la condition du plus mal loti peut conduire à plus de justice si elle engendre une égalité plus grande des conditions).

D'autre part, des conflits reposent sur le point de départ que l'on choisit pour évaluer l'ampleur des inégalités, car certaines seront plus ou moins fortes en fonction de notre position initiale.

Au niveau des inégalités, adopter la définition stricte de pauvreté comme insuffisance de revenus ou des incapacités implique des différences : avoir des revenus suffisants pour ne pas être considéré comme pauvre (même dans le pays le plus riche) mais par ailleurs ne pas avoir le droit de voter, être gravement malade ou au chômage entrainent des inégalités.

En revenant sur le problème du chômage (en Europe), Sen explique que si le chômage n'avait pour conséquence qu'une privation des revenus, les politiques budgétaires menées par les Etats en distribuant de nouveaux revenus suffiraient à éradiquer ces pures inégalités de revenus. Cependant, il souligne le fait que la perte d'un emploi entraîne d'autres conséquences sur la vie de l'individu, notamment sociales, morales et mentales, et que celles-ci ne peuvent être compensées par une simple distribution de revenus.

Ainsi, même si l'Europe de l'Ouest enregistre des records liés à la répartition des revenus, les inégalités n'en sont pas éradiquées. Le chômage est alors une cause des inégalités puisqu’il détériore la vie des individus.

On en vient alors à comparer les systèmes sociaux américain et européen.

Aux Etats Unis, si l'on se base sur l'observation des inégalités de revenus, les noirs américains sont clairement défavorisés au niveau national, mais au niveau mondial sont placés assez haut dans l'échelle des revenus (par rapport aux pays du tiers monde par exemple). Il convient alors de comparer grâce à un autre critère, comme par exemple celui des chances d'atteindre l'âge adulte.

En ces termes, les chinois (plus pauvres) ou encore les sri lankais sont mieux placés. Mais le climat de violence dans lequel les Afro-Américains vivent

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n'explique pas entièrement cette mortalité car dépassé l'âge adulte, elle ne baisse pas. Ainsi, entre 35 ans et 54 ans, en prenant en compte le niveau de revenus le taux de mortalité de femmes noires est 3 fois supérieur à celui des femmes blanches et celui des hommes noirs est 1,8 fois supérieur à celui des hommes blancs.

A l'inverse, les Européens sont favorisés au regard des capacités de survivre, notamment grâce à la sécurité sociale, indissociable de l'Etat providence. Cela s'explique par les différences de perception des inégalités et de leurs causes : alors que les Etats Unis privilégient la réussite personnelle et matérielle, les européens privilégient la santé.

Après avoir comparé les inégalités dans les deux espaces les plus riches, Sen s'intéressent aux deux les plus pauvres: l'Inde et l'Afrique subsaharienne. Mis à part les inégalités de revenus, il existe dans les deux espaces des inégalités d'espérance de vie, des forts taux de mortalité et des taux d'alphabétisation extrêmement faibles. Même si les indices des deux espaces sont proches en ce qui concerne ces deux derniers taux, l'espérance de vie est plus élevée en Inde (environ 60 ans) qu'en Afrique subsaharienne (environ 52 ans). Mais l'Inde est plus atteinte par la malnutrition (infantile surtout) et les inégalités liées au sexe que l'Afrique subsaharienne. Enfin, ces inégalités peuvent s'expliquer par le système politique en vigueur. L'indépendance de l'Inde a entrainé une éradication des famines et des guerres. L'instabilité politique africaine n'a fait que les renforcer. Ce sont tout autant d'obstacles à la mise en valeur des capacités, donc à la diminution de la pauvreté réelle.

Ensuite, Sen se propose d'étudier les inégalités persistantes entre les sexes, en particulier à l'égard des femmes, ces injustices privant de capacités élémentaires. Alors que les femmes dans les pays occidentaux tendent à dépasser le nombre d'hommes (rapport supérieur à 1), certains pays du tiers monde comme l'Asie et l'Afrique du Nord connaissent une situation inverse. Le nombre de « femmes manquantes », quelque soit le rapport choisi, se situe toujours, d'après Sen, entre 60 millions et un peu plus de 100 millions pour l'ensemble de pays considérés, dans lesquels la Chine et l'Inde occupent les premiers rangs.

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Les taux de mortalité dans ces pays, surtout des petites et jeunes filles, s'expliquent (mis à part le fait qu'elles font régulièrement mais rarement l'objet d'infanticides) par la négligence dont elles sont victimes en matière de santé et de nutrition. Ces explications sont valables non seulement pour l'Inde, mais aussi pour les autres pays.

Pour conclure, Sen note que même si les travaux des économistes semblent parfois se consacrer exclusivement à l'efficacité économique, certains économistes s'attardent sur la notion d'inégalité. Sen reconnaît que ces derniers peuvent être critiqués parce qu'ils limitent la question des inégalités à celle des inégalités de revenus, alors que nous avons vu tout au long du chapitre que certes, la faiblesse des revenus était la principale cause de la pauvreté mais que d'autres facteurs doivent entrer en ligne de compte pour apprécier la pauvreté réelle, caractérisée par une privation des capacités.

D'autre part, cette définition restrictive de l'inégalité influence les politiques publiques qui sont alors trompées par cette définition. Les privations liées au chômage, la santé, le manque d'éducation et l'exclusion sociale sont alors ignorées.

Il faut donc différencier inégalités de revenus et inégalités économiques. On a pu observer avec l'exemple des Afro Américains et des Chinois, que malgré des inégalités de revenus, les Chinois sont plus avantagés en termes d'espérance de vie. Cela signifie que les politiques publiques doivent prendre en compte d'autres facteurs afin d'éradiquer les inégalités. Ainsi, comme la relation entre revenus et sa « conversion » en fonctionnement, en capacité, n'est pas automatique, les politiques publiques doivent considérer les différences entre les individus, leur modèle social, leurs ambitions etc., cela revient à considérer les choix des individus, et à assimiler le fait que pour le même objectif (bien être), 2 individus ne feront pas appel aux mêmes moyens. D'autres informations que le revenu et les biens sont à évaluer, c'est pourquoi le débat publique est nécessaire pour construire une politique publique adéquate et satisfaisante et que la démocratie apparaît comme une condition nécessaire à la réduction des inégalités et de la pauvreté.

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Chapitre 5 : Marché, État et opportunités sociales.

Fiche réalisée par Laura GERON.

Dans ce chapitre, Sen s’intéresse tout particulièrement aux notions de marché, de libertés, d’efficacité économique et d’intervention de l’État.

Il souligne tout d’abord le fait que le mécanisme de marché est totalement intégré aujourd’hui dans la vie économique, et est même devenu nécessaire. Or, il estime qu’un examen minutieux de celui-ci s’impose afin d’en remanier certains points, et cela en retenant ce qu’il y a de plus pertinent entre les deux approches extrémistes du marché pour converger vers une « voie moyenne ».

Selon lui, il faut relativiser les succès de cette économie de marché, et pour cela il juge judicieux de mettre en lumière les raisons de la mise en place du marché, et non pas ses résultats effectifs. En effet, la création de ce système de marché s’explique par l’existence d’une liberté fondamentale qui ne peut être niée : celle de réaliser des transactions. Cette même liberté étant omniprésente et évidente, elle est rarement prise en compte dans les analyses économiques. Or, lorsqu’elle se voit entravée par des lois, des règlements, par la tradition, cela représente un handicap majeur. Cette liberté est d’autant plus importante sur le marché du travail, ainsi que le droit à la « participation économique » qui inclut le droit à la libre recherche d’un emploi. De plus, toutes les études historiques considèrent la mise en place de marchés libres en général comme une étape cruciale du développement, déjà atteinte ou bien constituant un objectif essentiel. Il illustre sa position en prenant 4 exemples dans lesquels ces libertés ne sont pas respectées afin de mettre en évidence leur nécessité, et la complémentarité existante entre ces mêmes libertés et celles qui résultent de l’existence d’institutions indépendantes du marché, créées afin d’optimiser le fonctionnement de ce dernier. Enfin, il rappelle la nécessité de la libre discussion concernant l’ensemble des problèmes sociaux et l’avantage des actions de groupes organisés, visant à réduire, voire supprimer ces problèmes.

Il rejoint les modèles classiques de l’équilibre démontrant l’efficacité du mécanisme de marché (tel que l’optimum de Pareto) et induisant que les résultats de ce mécanisme ne peuvent être améliorés de façon à ce l’utilité de chacun s’en trouve augmentée. Néanmoins, cette efficacité doit se mesurer selon lui en termes de libertés individuelles plutôt que d’utilités. Dans ce cas, un marché concurrentiel équilibré garantit le fait que personne ne peut

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voir sa liberté accrue sans porter atteinte à la liberté de tous les autres.

Il ajoute que pour évaluer la liberté, il faut tenir compte du nombre d’options possibles pour chaque individu et de l’attractivité de chacune de ces options. Il établit donc l’existence d’un rapport liberté-efficacité : l’efficacité doit se greffer sur ces options. Pour Sen, ce dont il est question pour atteindre l’optimum n’est pas la réalisation d’intérêts mais la disponibilité de libertés, ce qu’il appelle la perspective des libertés substantielles.

Cependant, il remarque que certaines inégalités dans la distribution des utilités et des libertés subsistent, et qu’il en existe encore plus en termes de libertés substantielles et de capacités, c’est à dire les facilités d’utiliser de la meilleure manière possible un revenu. Donc l’efficacité du marché peut être limitée (soit par les inégalités de liberté au sein du marché ou comme résultat du marché). Il insiste alors sur le fait qu’il faut résoudre ces problèmes d’équité, en partie grâce à l’intervention sociale d’institutions indépendantes ou gouvernementales (la Sécurité Sociale étant jugée insuffisante) simultanément avec l’objectif d’efficacité, en élaborant des priorités sociales générales.

Les intérêts des groupes étant satisfaits en fonction du poids politique ou de l’influence dont ils disposent, certains peuvent tenter de restreindre un libre déploiement des marchés dans l’économie qui leur serait désavantageux, surtout sur les marchés monopolistiques. Pour empêcher ce genre de situation, Sen préconise plus de libertés de débattre et de participer aux décisions politiques, car pour lui dans la confrontation démocratique l’intérêt commun a de meilleures chances de s’imposer contre l’intérêt d’un seul. Ainsi, certaines libertés (liberté politique ici) contribuent à l’établissement d’autres libertés (ouverture économique et libertés qu’elle entraîne).

De plus, il souligne la nécessité d’un examen critique du rôle des marchés car selon lui les « signaux » du marché peuvent être trompeurs.

Effectivement, il existe des situations particulières dans lesquelles le profit personnel et ses motivations s’exercent à l’encontre de l’intérêt social, c’est à dire de l’intérêt général (ex: pollution ou destruction de l’environnement résultant de certaines productions privées). Ainsi, après avoir démontré le rôle important du commerce et de l’échange dans la vie humaine, Sen veut examiner les autres conséquences des transactions sur le marché.

Il affirme alors qu’il existe une réelle nécessité de créer un équilibre entre le rôle du gouvernement (et les autres institutions sociales ou politiques) et le fonctionnement des marchés pour atteindre et expliquer le développement. Selon

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lui, le fait de tirer le meilleur du fonctionnement du marché et de développer les opportunités sociales devrait s’inscrire dans le cadre d’une approche plus large destinée à favoriser des libertés d’autres types (droits démocratiques, garantie de la sécurité, possibilités de coopérations…). De ce fait, les diverses libertés instrumentales utilisées pour atteindre un certain développement remplissent des fonctions indispensables et se renforcent mutuellement.

Les raisons qui justifient l’existence d’institutions complémentaires au marché sont pour Sen l’importance de l’équité et la nécessité de dépasser les considérations d’efficacités. Même dans le domaine de l’efficacité, le marché se montre parfois défaillant, surtout à l’égard des biens publics. Sen s’oppose en effet à l’idée que tout (et surtout ce qui exerce une influence significative sur notre bien-être) peut acquérir le statut de marchandise car certains de ses éléments peuvent se révéler difficiles à vendre exclusivement à une seule personne à la fois : c’est le cas des biens publics qui sont consommés collectivement et non individuellement (ex : domaine de la protection, de l’environnement ou de la santé publique). Donc le mécanisme du marché concerne les biens privés plus que les biens publics. Ou semi-publiques (comme l‘éducation par exemple), car les avantages que la collectivité en retire sont supérieurs aux bénéfices individuels puisque ce sont des facteurs de changement social et de progrès. Ainsi, l’existence de biens publics justifie que l’on se situe au-delà du mécanisme de marché. Les investissements sociaux doivent satisfaire les capacités élémentaires, ce qui amène à penser que les critères d’efficacités et l’exigence d’équité se combinent pour justifier l’aide publique aux biens publics ou semi-publiques.

Mais Sen ne nie pas qu’il existe des arguments défavorables à l’aide publique, tels que le fait que la charge fiscale s’alourdit dès que le projet prend de l’ampleur ou encore le problème des incitations (l’aide publique peut parfois décourager l’initiative). Ainsi, tout transfert est susceptible d’altérer le fonctionnement des incitations dans l’économie. Donc l’étendue de l’aide sociale qu’une société peut fournir dépend des coûts et des incitations.

Il faut donc mesurer l’effet de la compensation du salaire sur le comportement des individus pour déterminer le choix d’un équilibre optimal entre équité et efficacité.

Or, l’importance des effets incitatifs peut varier selon les critères retenus.

Pour analyser le niveau de pauvreté, il faut observer la privation des capacités et non la simple faiblesse du revenu, car sa valeur dépend de

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nombreuses circonstances sociales et économiques. Pour cela, il faut observer les comportements réels des individus, c’est à dire leurs fonctionnements (longévité, état de santé, alphabétisation…) que l’on complétera par d’autres informations afin de réaliser une interprétation réaliste de ces résultats. Sen pense que limiter le champ informationnel aux simples fonctionnements est beaucoup plus pertinent et instructif que les seules statistiques relatives au revenu : cela permet d’éviter la manipulation d’information et de faire apparaître plus clairement les politiques à effectuer pour 4 raisons :

- le raisonnement, la faculté de choisir de chaque individu vont à l’encontre d’un quelconque consentement aux privations

- les revenus ne sont pas la seule source de réduction des capacités

- les motivations des destinataires potentiels vont plus loin que la seule maximisation du revenu

- on met au premier plan l’éducation et la santé, qui ne sont ni échangeables ni revendables

Il y a donc des avantages à cibler le déficit de capacités plutôt que les faibles revenus. Cependant, cette approche ne dispense pas de prendre en compte la pauvreté économique des prestataires potentiels. Le problème est alors le suivant : comment doivent être distribués les financements publics ? Aujourd’hui, le financement des services publics s’oriente de plus en plus vers une politique de contrôle des ressources : la difficulté de ce genre de méthode est alors que l’opération n’entraîne pas d’effet pervers. Néanmoins, certains problèmes apparaissent :

- Distorsion d’information : c’est à dire manipulation de l’information.

Pour y remédier, il est possible de mettre en place un système de contrôle mais cela est susceptible de dissuader certains destinataires potentiels. Par ailleurs, ce contrôle peut être contourné également.

- Distorsion des incitations : l’assistance ciblée peut influencer le comportement économique des individus (on peut citer l’exemple des allocations de chômages qui incitent certains individus à ne pas travailler )

- Désutilité et stigmatisation : un système d’aide qui définit ses bénéficiaires comme pauvres a nécessairement des effets sur le respect que les individus éprouvent pour eux-mêmes et sur le respect que la société leur manifeste (parfois, cela va jusqu’à une certaine marginalisation)

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- Coûts administratifs, pertes généralisées et corruption : la procédure de ciblage suppose des coûts administratifs importants, empiète sur la vie privée et restreint l’autonomie des personnes par ses collectes d’information, ses procédures d’enquête et de contrôles. De plus, il existe un déséquilibre de pouvoir entre le bureaucrate et le solliciteur de l’aide, ainsi qu’une possibilité de tentative de corruption sur les bureaucrates par les bénéficiaires éventuels

- Permanence et qualité : les prestataires de l’aide sociale ciblée ont peu de poids politique et des moyens d’expression trop faibles pour faire valoir leurs intérêts et défendre le maintient de la qualité des services.

Ainsi, le contrôle des ressources et le ciblage ont des aspects contre- productifs et des effets pervers.

Pour Sen, des compromis s’imposent : une bonne approche est celle qui tient compte des circonstances (c’est à dire de la nature de services publics offerts et des caractéristiques sociales du pays dans lequel ils sont offerts). Mais il ne faut pas négliger l’emprise des codes de conduites moraux qui influencent la motivation et les choix individuels. Il faut également prendre en compte le rôle d’agent (c’est à dire appréhender les individus comme des agents plutôt que comme des récepteurs passifs) ainsi que l’importance des informations concernant les privations de capacités (qui constituent la priorité). Donc les prestations de service public supposent un travail préalable d’information.

Or la question qui se pose est celle des effets des excès de l’État. Pour les théories conservatrices, la priorité est accordée à la stabilité des prix. Sen rejoint cette idée et dit « qu’il faut connaître le coût de l’inflation lorsqu’on la tolère et le comparer au coût de sa réduction ou de son élimination ». Il distingue néanmoins le radicalisme anti déficit (qui est contre toute inflation) et le véritable conservatisme financier, qui tolère une inflation ponctuelle. Sen dit de plus que ce n’est pas normal de donner la priorité, de nos jours, à l’absence d’inflation et de tolérer en contrepartie des taux de chômage élevés. Il veut au contraire donner la priorité à l’élimination des privations de capacités impliquées par ces taux élevés de chômage. Il explique donc qu’il faut tolérer les déficits (et de ce fait une certaine inflation) car la dépense publique sert aussi à garantir de nombreuse capacités élémentaires. L’évaluation comparative des différents postes de la dépense publique est indispensable. Si on considère une perspective de développement comme liberté, il faut tenir compte conjointement des institutions et voir comment elles sont susceptibles de fonctionner ensemble.

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Pour conclure, Sen dit que le problème ne réside pas dans l’existence du marché en tant que « dispositif interactif qui permet aux hommes d’entreprendre des activités mutuellement avantageuses », mais dans le fonctionnement et les résultats de celui-ci, ainsi que dans notre manière de l’appréhender et de l’évaluer. Pour régler ce problème, il faut permettre aux marchés de mieux fonctionner et de façon plus équitable. Pour cela, il faut des politiques publiques appropriées donc une complémentarité entre le marché et la politique publique.

Mais le fonctionnement du marché ne donne pas la solution à tous les problèmes, il doit être complété par la création des opportunités sociales élémentaires favorisant l’équité et la justice sociale. Le développement humain est donc le but visé en tant que création d’opportunités sociales qui contribuent à l’expansion des capacités et de la qualité de vie, et favorise les facultés productives des individus et donc le partage de la croissance économique. Ainsi, la maîtrise des coûts peut permettre de le canaliser vers les directions les plus productives. Donc le conservatisme financier n’est pas incompatible, mais uniquement si l’affectation des ressources publiques se réalise à des fins en relation avec un quelconque bénéfice social.

Chapitre 7 : Famines et autres crises.

Fiche réalisée par Lola DUBOSC.

La famine est aujourd’hui encore un phénomène très présent dans le monde. Face à ce problème les solutions se font de plus en plus rares et le pessimisme alimente les esprits.

Cependant cet abandon généralisé ne s’avère pas être fondé puisque aucune analyse n’a encore démontré que l’éradication de ce fléau était impossible. Au contraire, des études récentes montrent la possibilité de combattre les phénomènes de privation nutritive grâce à des politiques adéquates.

Dans ce chapitre Amyarta Sen se focalise sur l’ensemble des crises nutritives inopinées et leurs conséquences. Pour lui toute tentative d’éradication de la famine suppose une compréhension des causes de ce fléau.

DROITS D’ACCES ET INTERDEPENDANCE:

Plusieurs variables économiques (telles que la production, le développement de l’agriculture ou le contexte politique et économique) ainsi que

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le rôle des Institutions (partis politiques, ONG, médias…) sont fortement impliqués dans ce phénomène alimentaire. Ainsi la famine s’explique par des interdépendances économiques et sociales.

Dans une société développée, l’accès à l’alimentation se gagne et est symbolisé par des « droits d’accès ». Ces derniers sont déterminés par deux dotations: la propriété foncière et la force de travail. Ces dotations permettent alors aux agents de trouver un emploi et d’accéder au marché des denrées alimentaires.

On comprend ainsi que la famine puisse être liée à des disfonctionnements de l’économie.

LES CAUSES DE LA FAMINE:

Selon Sen, la famine n’est pas due à un mauvais calcul entre production et offre de denrées alimentaires, le problème est beaucoup plus complexe et peut toucher tout le monde.

Les causes sont variées.

Dans les pays pauvres aucun système d’assistance n’est mis en place pour assurer un revenu minimum à des travailleurs agricoles ou industriels ayant perdu leur emploi. Dans ce cas ils perdent leurs droits d’accès aux marchandises.

Ensuite, les producteurs agricoles vendent souvent des produits chers (viande…) à des couches de la population ayant un fort pouvoir d’achat afin de s’acheter des produits moins chers (céréales) pour leur consommation personnelle. Seulement, en période de crise les denrées chères ne se vendent pas et les producteurs n’ont plus de revenu pour acquérir de la nourriture. [exemple du Bengale en 1974]

La famine peut aussi être causée par un disfonctionnement localisé de l’économie. Dans ce cas les couches pauvres de la population ne peuvent plus accéder aux denrées alimentaires (car ils n’ont plus de ressources) et subissent la famine sans que le pays ne soit affecté par la pénurie.[exemple en Éthiopie en 1973]

Pour finir, l’augmentation brutale du pouvoir d’achat de certaines couches sociales entraîne une hausse considérable des prix alimentaires impliquant ainsi une famine pour les plus pauvres.

Les famines sont toutes de nature et d’importance différentes mais elles ne touchent la plupart du temps pas plus de 10% de la population. Les

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personnes touchées sont souvent les plus pauvres alors que la famine épargne les couches sociales supérieures. [exemple de la famine Indienne en 1344-1345].

LA PREVENTION DE LA FAMINE:

Puisque la famine est due à la perte des droits d’accès aux biens alimentaires (par une perte de revenus préalable), la solution pourrait être de maintenir un niveau minimal de revenu selon un système d’assurance.

La famine ne semble toucher au maximum que 10% de la population (les personnes les plus démunies financièrement) qui ne représente que 3% du PNB.

L’argent qu’il faudrait alors injecter pour leur assurer un droit d’accès aux denrées alimentaires ne représenterait pas une part très élevée des faibles budgets de ces États.

A ce système d’assurance s’ajoute aussi une action publique afin de réduire la mortalité liée aux famines.

D’autres systèmes de prévention existent, comme nous le montre les pays en voie de développement. En effet ces pays, faute de système d’assurance chômage mettent en place en période de crise, des politiques de création d’emplois afin d’assurer un revenu minimum à la population. [exemple en Maharastra en 1973].

FAMINE ET ALIENATION:

La prévention de la famine passe par une action importante de l’État (aliénation). Cependant la distance politique et sociale existant entre les dirigeants et la population peut faire échouer cette prévention.

La famine des années 1840 en Irlande nous en apprend beaucoup à ce sujet.

En effet la baisse de la production alimentaire et donc par suite, la flambée des prix alimentaire fut déclenchée par la crise de la pomme de terre. Les Irlandais ont perdu leur droit d’accès aux biens de consommation car ils n’avaient plus de liquidités. Le pays, appauvri financièrement, ne pouvait donc pas importer de biens de consommation alimentaire. Au contraire une politique d’exportation de produits alimentaires vers l’Angleterre fut mise en place car le pouvoir d’achat des Anglais était élevé (on assiste alors à une famine d’effondrement).

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Bien entendu un frein à ces exportations aurait peut être amélioré la situation du pays mais pas le fond du problème (l’appauvrissement de la population) aurait persisté.

A cette époque, l’Angleterre déconsidérait totalement l’Irlande ce qui explique pourquoi elle n’a pas aidé ce pays à sortir de la pauvreté. De plus les autorités estimaient que les causes de la famine étaient directement liées aux coutumes irlandaises (comme leur dépendance à la pomme de terre).

La distance existant entre les politiques et la population dans certains pays (surtout ceux ayant un système non démocratique) entraînent les dirigeants à rejeter la faute sur les victimes et à ne pas entreprendre de mesures efficaces pour prévenir la famine.

PRODUCTION, DIVERSIFICATION ET CROISSANCE:

Concernant la prévention des famines, la protection des droits d’accès n’est plus nécessaire lorsque le pays a une croissance élevée car cette croissance induit une augmentation de la production et par ce fait, plus de denrées disponibles.

C’est pour cette raison qu’il faut d’abord favoriser la croissance de la production par:

- une politique de prix incitative - des innovations techniques

- des formations augmentant la productivité.

Cependant, la seule croissance de la production ne suffit pas à éviter de tels fléaux. Ainsi les pays doivent diversifier les sources de la croissance économique en développant par exemple les secteurs industriels comme l’ont fait les pays d’Asie. [Dans leur cas, même si leur production alimentaire par habitant baisse, ils ne sont pas touchés par la famine car ils sont plus riches qu’avant grâce au travail du secteur secondaire et peuvent donc importer des denrées alimentaires si leur pays n’en produit pas assez].

LA CREATION D’EMPLOIS ET LA FONCTION D’AGENT:

Certaines politiques ont été mises en place en Botswana et au Zimbabwe afin de faire reculer la famine. Ces politiques (qui se sont avérées efficaces) consistaient à créer de nouveaux emplois. Cette solution permet en fait aux agents de se sentir actif dans la société. De plus le salaire qu’ils perçoivent leur

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permet d’atteindre le marché alimentaire et évite la discontinuité sociale créée par la famine (perte du foyer, éclatement familial…)

DEMOCRATIE ET PREVENTION DES FAMINES:

La démocratie et les règles multipartites sont d’une importance capitale dans la prévention des famines. C’est pour cela qu’aucune famine n’est jamais survenue dans un pays respectant ces règles. Mais est-ce une coïncidence ou y’a- t-il une relation de causalité entre famine et systèmes non démocratiques.

La démocratie permet d’assurer un développement économique plus ou moins élevé et constitue ainsi une immunité contre la famine.

Nous pouvons constater que la famine survient dans des pays dictatoriaux dont la production alimentaire est souvent bien supérieure à celle de démocraties très pauvres ayant évité un tel désastre [exemple du Soudan ayant subi une famine aigue].

Nous avons déjà vu les méthodes permettant de prévenir la famine.

En effet le maintient de revenu minimum pour les dépossédés permet une meilleure répartition des vivres disponibles. [en 1973, la production alimentaire du Maharastra chuta mais la création de cinq millions d’emplois permit d’éviter une famine.]

La démocratie et ses mesures de prévention permettent de lutter contre la famine, et pour preuve : l’Inde n’a plus subi de famine depuis son indépendance, comme le Bengale depuis l’instauration d’une démocratie.

INCITATION, INFORMATION ET PREVENTION DES FAMINES: LE ROLE PROTECTEUR DE LA DEMOCRATIE.

Dans les pays dictatoriaux nous pouvons remarquer que la disette ne touche jamais les dirigeants contrairement à la démocratie. Les dirigeants de pays démocratiques, eux aussi menacés, mettent ainsi en œuvre toutes les mesures pour prévenir la famine. De plus la démocratie est caractérisée par le dynamisme des médias et donc de la transparence de l’information ce qui permet à la population d’être au courant de toute baisse de la production alimentaire ou de toute catastrophe naturelle. [les famines apparues en Chine entre 1958 et 1961 n’ont pas été atténuées car les médias étaient contrôlés par le parti unique: aucune critique d’opposition n’était alors donné à la

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population concernant les politiques entreprises. Après cette catastrophe Mao reconnu le rôle important de l’information dans un pays.]

L’absence d’opposition dans les pays dictatoriaux, ainsi que les crises politiques à répétition empêchent la mise en place de mesure de redistribution car les dirigeants considèrent la famine comme un catastrophe inévitable.

TRANSPARENCE, SECURITE ET CRISES ECONOMIQUES ASIATIQUES Nous avons vu précédemment que la démocratie (caractérisée par la liberté de la presse, le multipartisme…) est le meilleur régime politique permettant de anticiper une éventuelle famine ainsi qu’une multitude d’autres crises dès que la conjoncture économique se détériore. Cette lutte dépend d’une étroite corrélation entre incitations politiques (souvent négligées) et économiques.

Les crises apparues en Asie mettent en relief les problèmes des pays non démocratiques :

Tout d’abord, la crise financière est due en partie, dans ces pays, à l’absence de transparence dans le domaine des affaires. Dans une démocratie une telle crise n’aurait pas été possible car une opposition aurait été formulée.

Ensuite, lorsque cette crise s’est généralisée à l’ensemble de l’économie la population n’a fait l’objet d’aucun soutient de la part de l’Etat, et des pans entiers de la population ont été touchés par la misère.

Cette crise asiatique met en avant les limites des systèmes non démocratiques face aux différents fléaux et justifie en partie la nécessité de mettre en place un système démocratique.

CONCLUSION :

La lutte contre les différentes crises passe par l’action des institutions politiques. Nous savons que le développement des crises dans certains pays est dû aux inégalités existantes, or l’absence de démocratie constitue une inégalité majeure de droits politiques. De plus, l’effondrement de certains pans de l’économie entraîne une perte de revenus pour des centaines de personnes, constituant ainsi une autre inégalité face aux crises. Ainsi les inégalités apparaissent comme une des causes majeures de la pauvreté et de son maintient.

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Les états non démocratiques ne garantissent absolument pas que des mesures seront prises lors de l’apparition soudaine d’une crise, et semblent même au contraire être caractérisés par une politique de « laisser-faire ».

Le système démocratique (caractérisé par l’acquisition de libertés instrumentales, de liberté de discussion…) permet de garantir de bonne condition d’existence en prévenant activement la famine ainsi que les autres crises.

Chapitre 8 : Le rôle actif des femmes et le changement social

Fiche réalisée par Camille GUEUCIER

Mary Wollstonecraft publie un ouvrage sur la défense des femmes en 1792.

Au delà du droit au bien-être, elle dévoile l’importance des droits destinés à faciliter l’initiative des femmes, leur conférant un rôle d’agent du changement.

Depuis, les mouvements féministes se sont consacrés à rétablir l’égalité entre la condition des hommes et des femmes dans la société. Cependant, l’action des féministes, pour que les femmes aient un rôle actif dans la société, a émergé depuis peu.

Il est donc important de distinguer le bien-être et la fonction d’agent des femmes, même si ces deux notions s’entremêlent.

Amartya Sen oppose les patients et les agents. Un patient subit sa condition alors qu’un agent a un rôle actif dans la défense de ses droits.

En effet, hommes et femmes sont définis par leur rapport au bien-être mais aussi par leur rôle actif, leur position face à différents choix et objectifs.

Nous sommes donc amenés à prendre nos responsabilités concernant nos actes.

Il semble tout de même compréhensible que les femmes se soient focalisées sur leur droit au bien-être car il y avait et il y a encore des discriminations homme/femme.

Ces discriminations sont très présentes dans le domaine de la santé. C’est pourquoi en Afrique et en Asie on constate une surmortalité des femmes ainsi que le problème des femmes manquantes (parfois jusqu’à 1 femme pour 10 hommes).

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Ces discriminations résultent de justifications culturelles qu’il semble indispensable d’éliminer. Pour cela, le rôle actif des femmes est très important même si leur place dans la société le minimise fortement.

Néanmoins, on remarque le pouvoir émancipateur de l’éducation, l’accès à la propriété et le travail. Les femmes ont désormais la capacité et les opportunités de faire entendre leur voix, les rapports homme/femme évoluent ainsi que la société.

Cette évolution influe également sur les relations au sein de la vie familiale. Hommes et femmes ont des intérêts convergents mais aussi conflictuels. La prise de décisions nécessite une négociation jusqu’à la coopération entre les deux parties. C’est la coopération conflictuelle. Cela implique qu’il y ait un gagnant et un perdant. La femme souvent perdante, ne mesure alors pas toujours l’étendue des privations qu’elle subit.

La majorité des conflits sont dus au partage des tâches entre travail productif, dans le cadre familial, et contribution à la prospérité de la famille.

La façon dont sont perçues les contributions individuelles joue un rôle primordial dans la répartition des avantages collectifs d’une famille.

C’est pourquoi, l’indépendance des femmes, du moins leur accès au marché du travail, contribue à corriger les iniquités dont elles sont victimes et qui affectent leur bien être.

Plus que de sauver leur vie, la fonction d’agent des femmes leur permet d’améliorer la vie de leur entourage. Des sociologues ont pu constater qu’une femme ayant un emploi ou une bonne éducation, diminue considérablement le nombre d’enfants qu’elle aura.

De plus, il a été noté par Mamta Murthi, Anne-Catherine Guio et Jean Drèze, qu’une augmentation du taux d’alphabétisation des femmes de 22 à 75% réduit la mortalité des moins de cinq ans de 156 pour mille à 110 pour mille. Une même augmentation du taux d’alphabétisation masculin ne réduit que de 169 pour mille à 141 pour mille. On peut donc dire que l’alphabétisation des femmes augmente significativement le bien être des enfants.

En effet, en plus de leur travail, elle se consacre à leur vie de famille et en particulier à l’éducation de leurs enfants. L’école devient une priorité et a pour conséquences non négligeables la baisse de la mortalité infantile et évidemment l’augmentation du taux d’alphabétisation des plus jeunes.

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Les femmes en travaillant se sauvent, sauvent leurs enfants et la planète car la baisse du taux de natalité dans ces pays tendra à réduire le problème de surpopulation mondiale et les problèmes environnementaux qui en découlent.

L’accès au marché du travail permet aussi aux femmes de se faire entendre dans des débats publics tels que sur l’environnement ou le taux de fertilité acceptable. Leur intérêt dans ces débats permet à la société de soulever de nouvelles questions jusque là tabous et de s’adresser directement aux femmes.

D’autres corrélations n’ont pas encore été prises en compte même si elles sont déterminantes pour la société.

Des résultats d’une enquête fondée sur des comparaisons de district en Inde mettent en évidence l’existence d’une relation entre le nombre d’hommes et femmes dans la population et le nombre de crimes violents. Plus les femmes sont nombreuses et ont un rôle important dans la société, moins le nombre de crimes violents est important.

Les causes restent à approfondir mais il semblerait que les hommes sont supposés mieux préparés à affronter un environnement violent et que les femmes sont moins enclines à la violence.

Autre problème, dans les pays en développement, les hommes bénéficient d’avantages fiscaux comme l’héritage, le droit de propriété, les prêts dont ne disposent pas les femmes. Il leur est donc impossible de monter un projet professionnel ou de vivre indépendamment des hommes et de façon libre. Il a pourtant été montré au Bangladesh que grâce au microcrédit accordé aux femmes, ces dernières surmontaient les difficultés dues à leur place dans la société et que leur succès était indiscutable.

Selon l’expression de Bina Agarwal « un champ pour soi-même » suffit souvent à démultiplier la capacité d’initiatives et à modifier l’équilibre du pouvoir économique et social entre hommes et femmes.

Le rôle d’agent des femmes est une des médiations capitales du changement social et du processus de développement dans les pays en retard. Il aboutit à l’amélioration du bien être général.

Cependant, c’est un des domaines les plus négligés dans les études sur le développement alors qu’il mériterait toute notre attention car il s’agit « d’un aspect crucial du développement comme liberté ».

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Chapitre 9 : Population, ressources alimentaires et liberté

Fiche réalisée par Marie TAMARA

Pour Sen Amartya, la persistance de la faim dans le monde actuel est un véritable désastre. En effet, le monde connaissant un développement sans précédent, il est inconcevable que la malnutrition, la famine et tous autres troubles liés aux problèmes de faim existent encore, et ce parfois touchant tout un continent. Il ne faut pas considérer cela comme inévitable mais plutôt trouver un moyen d’y remédier. La nature de ces problèmes ne doit pas se résoudre à la simple analyse de la production alimentaire mondiale même si elle reste capitale notamment car elle détermine les prix des biens alimentaires. Notons également que si l’on examine le problème alimentaire au niveau mondial, la variable des importations alimentaires n’a plus aucun rôle. Ceci nous amène donc l’auteur à étudier l’opinion récurrente selon laquelle il y aurait une baisse continue de la production alimentaire par habitant.

Y a-t-il une crise alimentaire mondiale ?

Il y a déjà deux siècles Thomas R. Malthus présentait une vision pessimiste de la relation entre croissance démographique et croissance de la production alimentaire. Il énonce la « loi de population » selon laquelle la population, livrée à elle-même, aurait tendance à croître selon une progression géométrique (1,2,4,8…) alors que les ressources alimentaires ne pourraient connaître qu’une progression arithmétique (1,2,3,4...) s’expliquant par la loi des rendements décroissants. Ainsi ce déséquilibre, décrit comme le rapport entre la croissance naturelle de la population et la production alimentaire, aurait sur le long terme des effets catastrophiques (famines endémiques, sous-nutrition, malnutrition…).Cependant, Sen Amartya observe que depuis la première publication de son Essai sur la population l’évolution des sociétés infirme cette « loi de population ».En effet, la croissance des ressources agricoles est incomparablement plus élevée que la croissance démographique.

Néanmoins, l’erreur commise par Thomas R. Malthus ne saurait suffire à rendre futile les craintes nées de la croissance démographique. Ainsi qu’en est-il pour l’époque actuelle ? L’auteur constate une hausse de la production par

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