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: Le rôle actif des femmes et le changement social

Fiche réalisée par Camille GUEUCIER

Mary Wollstonecraft publie un ouvrage sur la défense des femmes en 1792.

Au delà du droit au bien-être, elle dévoile l’importance des droits destinés à faciliter l’initiative des femmes, leur conférant un rôle d’agent du changement.

Depuis, les mouvements féministes se sont consacrés à rétablir l’égalité entre la condition des hommes et des femmes dans la société. Cependant, l’action des féministes, pour que les femmes aient un rôle actif dans la société, a émergé depuis peu.

Il est donc important de distinguer le bien-être et la fonction d’agent des femmes, même si ces deux notions s’entremêlent.

Amartya Sen oppose les patients et les agents. Un patient subit sa condition alors qu’un agent a un rôle actif dans la défense de ses droits.

En effet, hommes et femmes sont définis par leur rapport au bien-être mais aussi par leur rôle actif, leur position face à différents choix et objectifs.

Nous sommes donc amenés à prendre nos responsabilités concernant nos actes.

Il semble tout de même compréhensible que les femmes se soient focalisées sur leur droit au bien-être car il y avait et il y a encore des discriminations homme/femme.

Ces discriminations sont très présentes dans le domaine de la santé. C’est pourquoi en Afrique et en Asie on constate une surmortalité des femmes ainsi que le problème des femmes manquantes (parfois jusqu’à 1 femme pour 10 hommes).

Ces discriminations résultent de justifications culturelles qu’il semble indispensable d’éliminer. Pour cela, le rôle actif des femmes est très important même si leur place dans la société le minimise fortement.

Néanmoins, on remarque le pouvoir émancipateur de l’éducation, l’accès à la propriété et le travail. Les femmes ont désormais la capacité et les opportunités de faire entendre leur voix, les rapports homme/femme évoluent ainsi que la société.

Cette évolution influe également sur les relations au sein de la vie familiale. Hommes et femmes ont des intérêts convergents mais aussi conflictuels. La prise de décisions nécessite une négociation jusqu’à la coopération entre les deux parties. C’est la coopération conflictuelle. Cela implique qu’il y ait un gagnant et un perdant. La femme souvent perdante, ne mesure alors pas toujours l’étendue des privations qu’elle subit.

La majorité des conflits sont dus au partage des tâches entre travail productif, dans le cadre familial, et contribution à la prospérité de la famille.

La façon dont sont perçues les contributions individuelles joue un rôle primordial dans la répartition des avantages collectifs d’une famille.

C’est pourquoi, l’indépendance des femmes, du moins leur accès au marché du travail, contribue à corriger les iniquités dont elles sont victimes et qui affectent leur bien être.

Plus que de sauver leur vie, la fonction d’agent des femmes leur permet d’améliorer la vie de leur entourage. Des sociologues ont pu constater qu’une femme ayant un emploi ou une bonne éducation, diminue considérablement le nombre d’enfants qu’elle aura.

De plus, il a été noté par Mamta Murthi, Anne-Catherine Guio et Jean Drèze, qu’une augmentation du taux d’alphabétisation des femmes de 22 à 75% réduit la mortalité des moins de cinq ans de 156 pour mille à 110 pour mille. Une même augmentation du taux d’alphabétisation masculin ne réduit que de 169 pour mille à 141 pour mille. On peut donc dire que l’alphabétisation des femmes augmente significativement le bien être des enfants.

En effet, en plus de leur travail, elle se consacre à leur vie de famille et en particulier à l’éducation de leurs enfants. L’école devient une priorité et a pour conséquences non négligeables la baisse de la mortalité infantile et évidemment l’augmentation du taux d’alphabétisation des plus jeunes.

Les femmes en travaillant se sauvent, sauvent leurs enfants et la planète car la baisse du taux de natalité dans ces pays tendra à réduire le problème de surpopulation mondiale et les problèmes environnementaux qui en découlent.

L’accès au marché du travail permet aussi aux femmes de se faire entendre dans des débats publics tels que sur l’environnement ou le taux de fertilité acceptable. Leur intérêt dans ces débats permet à la société de soulever de nouvelles questions jusque là tabous et de s’adresser directement aux femmes.

D’autres corrélations n’ont pas encore été prises en compte même si elles sont déterminantes pour la société.

Des résultats d’une enquête fondée sur des comparaisons de district en Inde mettent en évidence l’existence d’une relation entre le nombre d’hommes et femmes dans la population et le nombre de crimes violents. Plus les femmes sont nombreuses et ont un rôle important dans la société, moins le nombre de crimes violents est important.

Les causes restent à approfondir mais il semblerait que les hommes sont supposés mieux préparés à affronter un environnement violent et que les femmes sont moins enclines à la violence.

Autre problème, dans les pays en développement, les hommes bénéficient d’avantages fiscaux comme l’héritage, le droit de propriété, les prêts dont ne disposent pas les femmes. Il leur est donc impossible de monter un projet professionnel ou de vivre indépendamment des hommes et de façon libre. Il a pourtant été montré au Bangladesh que grâce au microcrédit accordé aux femmes, ces dernières surmontaient les difficultés dues à leur place dans la société et que leur succès était indiscutable.

Selon l’expression de Bina Agarwal « un champ pour soi-même » suffit souvent à démultiplier la capacité d’initiatives et à modifier l’équilibre du pouvoir économique et social entre hommes et femmes.

Le rôle d’agent des femmes est une des médiations capitales du changement social et du processus de développement dans les pays en retard. Il aboutit à l’amélioration du bien être général.

Cependant, c’est un des domaines les plus négligés dans les études sur le développement alors qu’il mériterait toute notre attention car il s’agit « d’un aspect crucial du développement comme liberté ».

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