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Article pp.115-119 du Vol.30 n°152 (2004)

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Texte intégral

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Le développement

durable

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L

a première nouvelle ou presque qu’on me pro- pose le matin quand j’ouvre ma radio concerne l’évolution de la bourse de Tokyo, la dernière que j’entends le soir, ce sont les cours de Wall Street.

Fort de ces deux indicateurs, je pénètre dans le métro et je me trouve confronté à un autre indicateur : le nombre de gens qui viennent demander un secours. Jamais je n’accepterai l’idée que si la bourse prospère et que le cours de ma monnaie reste fort cela signifie que la société dans laquelle je vis se porte bien ». Voilà com- ment s’exprimait Ignacy Sachs, le père du développe- ment durable lors d’un entretien donné à Nature, Science et Société.

C’est au début des années 1970 que remontent les valeurs qui ont présidé au développement durable. On a tous en mémoire le Club de Rome et son fameux rap- port : The limits to growth. Mais dans une atmosphère d’affrontement idéologique entre le mouvement hippie d’un côté et les industriels de l’autre, auxquels la crise économique donnait un surcroît de légitimité, cette réflexion alliant scientifiques et économistes resta sans écho. Il en ira de même de la notion d’écodéveloppement proposée par Ignacy Sachs (directeur de l’EHESS) offi- ciellement adoptée dans la déclaration de la conférence PAR EMMANUELLE REYNAUD

Le développement durable

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mondiale de l’environnement de Stockholm (1972). Pourtant c’est avec cette notion qu’environnement et développement com- mencent à être connectés. Cette conférence reflète l’éveil de la prise de conscience au niveau planétaire. Il faudra attendre plus de dix ans pour que la commission de l’ONU présidée par Gro Harlem Brundtland (ministre norvégienne de l’Environnement devenue en 1990 Premier ministre) rajeu- nisse et renomme la notion d’écodévelop- pement dans son rapport de 1987. Le sus- tainable development est né. Il imagine la possibilité d’un développement rendant compatible croissance économique, protec- tion de l’environnement et prise en compte des exigences sociales.

S’il connaît un vif intérêt politique dans les pays anglo-saxons, notamment lors du som- met de la terre à Rio en 1992, il aura du mal à trouver sa place dans le contexte franco- phone. On peine d’ailleurs à le traduire développement soutenable, durable, viable ? Depuis 1987, le développement durable est défini comme « le développe- ment économique qui permet de satisfaire les besoins de la présente génération sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins » (WBCSD, 1987). Ceci suppose une équité inter mais aussi intragénérationnelle (Faucheux et al., 1996). Au niveau macro- économique, cette définition est déjà source d’interprétation (cf., les maigres résolutions de Johannesburg) mais c’est au niveau micro qu’elle est le plus soumise à caution.

Elle n’offre que peu de pistes sur la façon dont ce concept peut être intégré aux actions de l’entreprise. Si l’on se réfère aux triple bottom lines qui préconisent la prise en compte conjointe de l’économique, de l’environnement et du social, de premières

lignes idéologiques émergent mais la tra- duction opérationnelle fait encore défaut (Epstein et Roy, 2001).

Ce n’est d’ailleurs qu’en ce début de siècle que le discours développement durable essaime dans l’entreprise. A-t-il fallu attendre la conférence de Johannesburg en 2002 et les bilans inquiétants dressés dix ans après l’adoption des principes de déve- loppement durable pour que ces principes gagnent l’entreprise ? S’agit-il d’un tour- nant dans la convergence des intérêts éco- nomiques, écologiques et sociaux ? Pour quelles raisons ? Intérêts bien compris ? Le sommet de Johannesburg ne prophétisait-il pas le People Planet Profit ? Ou bien sim- plement la compréhension des dangers d’une croissance « sans conscience » ? Pour répondre à ces interrogations diffé- rents points de vue sont proposés.

Alain Charles Martinet et Emmanuelle Reynaud montrent la place des dimensions environnementales et sociales dans la stra- tégie. L’historique des dimensions environ- nementales et sociales est abordée avant de centrer la discussion sur les deux courants – financiers et durables – qui s’affrontent à l’heure actuelle.

Jacques Lauriol présente une définition conceptuelle du développement durable.

Afin d’appréhender ce nouveau concept, il repère les liens qui l’unissent aux approches généralement mobilisées en stra- tégie : responsabilité de l’entreprise, théorie des parties prenantes, etc.

Deux articles analysent les rapports de développement durable.

Jacques Igalens le fait à l’aune de l’article 116 de la loi NRE qui oblige les sociétés cotées à intégrer des informations sociales et environnementales dans leur rapport de gestion. Il remarque que la plupart des 118 Revue française de gestion

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entreprises n’ont pas satisfait l’ensemble des exigences du décret de février 2002 même si la plupart ont intégré de nouvelles informations. Mais quelle crédibilité peut- on accorder à ces informations ? Qui doit les vérifier ? Comment ce travail peut-il être envisagé ? Telles sont les questions abor- dées par cet article.

Éric Persais s’attache moins à la fiabilité des rapports développement durable qu’aux buts qu’ils poursuivent. Il cherche à savoir quels sont les véritables enjeux de ces rap- ports ? En quoi s’inscrivent-ils dans une démarche de responsabilité sociétale de l’entreprise ? Quelles sont leurs limites et

quelles sont les voies d’amélioration de ces dispositifs ?

Enfin, Patrick Gabriel et Pascal Gabriel s’interrogent sur le rôle de coordination, entre le système social et économique, joué par le principe de développement durable.

L’article s’attache à la dynamique de cette coordination ainsi qu’aux conséquences sur l’appropriation par le système économique d’un principe a priori peu en adéquation avec ses habitudes. Il est en particulier pro- posé d’étudier la diffusion du principe à partir d’une grille de lecture particulière : un modèle de résolution des conflits tiré de la théorie des conventions.

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