R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
P ATRICK M ASQUELIER
Procédé graphique facilitant les comparaisons entre pays appartenant à un même ensemble (OCDE, CEE, etc.)
Revue de statistique appliquée, tome 29, n
o3 (1981), p. 55-61
<http://www.numdam.org/item?id=RSA_1981__29_3_55_0>
© Société française de statistique, 1981, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Revue de statistique appliquée » (http://www.
sfds.asso.fr/publicat/rsa.htm) implique l’accord avec les conditions générales d’uti- lisation (http://www.numdam.org/conditions). Toute utilisation commerciale ou im- pression systématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou im- pression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
55
PROCEDE GRAPHIQUE FACILITANT LES COMPARAISONS ENTRE PAYS APPARTENANT A UN MEME
ENSEMBLE (OCDE, CEE, etc... ) (*)
Patrick MASQU E L I E R
Service de statistique de l’OTAN
1. INTRODUCTION
S’il est intéressant de connaître les
performances
absolues d’un pays, il estégalement
intéressant de montrer comment cesperformances évoluent,
au coursd’une
période donnée,
relativement à celles des autres pays du groupe(CEE, OCDE, etc... )
dont il faitpartie.
Pour yparvenir
on utilise engénéral plusieurs
indicateursqui
sont leplus
souvent mesurés avec des unités différentes : il est donc difficile de lesprésenter
sur un mêmegraphique.
Leprocédé présenté
iciapporte
à ceproblème
une solution claire sous forme de
graphiques représentant
simultanémentplusieurs
indicateurs et les
reportant
à la moyenne du groupe : cesgraphiques
nerequièrent
pas la
présentation
de tableaux de chiffres et sont faciles àinterpréter.
2. DESCRIPTION
Le
procédé
estprésenté
à l’aide d’unexemple
fictif illustrant les efforts de chacun des pays d’un groupe en faveur de la recherchescientifique.
Les indicateurs utilisés sont :a)
les crédits alloués à la recherchescientifique ; b)
les crédits de recherchescientifique
parhabitant ;
c)
les crédits de recherchescientifique exprimés
enpourcentage
duproduit
intérieurbrut ;
d)
leproduit
intérieur brut par tête.L’étude repose donc sur trois
paramètres
de base :- le
produit
intérieur brut(PIB) ;
- la
population (POP) ;
- les crédits affectés à la recherche
scientifique (RS).
Les résultats se
présenteront
sous forme d’ungraphique
par pays. Pour les besoins de ladescription
seuls lesgraphiques
du pays X et du pays Y serontanalysés
ici.
(*) Le
procédé
s’applique à de nombreux autres domaines tels que par exemple les entreprises d’une même branche ou les agences d’une même firme, etc.Revue de Statistique Appliquée, 1981, vol. XXIX, n° 3
Mots-clés :
Statistiques comparatives,
évolution d’indicateurs :comparaisons
56 2.1.
Préparation
et construction desgraphiques.
Pour chacun des
paramètres (PIB -
POP -RS)
oncalcule,
année parannée,
la
part
dechaque
pays enpourcentage
du total du groupe. Lespourcentages
corres-pondant
à chacun desparamètres
sont alorsreportés
sur ungraphique
semiloga- rithmique :
on obtient ainsi pourchaque
pays, une série de trois courbes(voir figures)
que nous allons étudier. Dans le textequi suit,
nous nous référons à l’en-semble,
c’est-à-dire au total de tous les pays du groupe, et à la moyenne du groupe : parexemple
la moyenne du PIB par tête estégale
au PIB total divisé par lapopula-
tion totale du groupe. Pour le calcul des totaux et des moyennes d’un groupe de pays, il faut évidemment
adopter
un étalon monétaire et des taux dechange
avecles
problèmes qui
y sont associés.2.2. Etude
générale
desgraphiques
par paysa)
La lecture de l’échelle despourcentages
donne une information sur l’im-portance
relative des pays : de l’ordre de 23 % du total pour le pays X et3,5
% pour le pays Y.b)
L’examen dechaque
courbepermet
de voir comment évolue leparamètre correspondant : ainsi,
lepourcentage
de lapopulation
du pays X va endiminuant,
donc lapopulation
sedéveloppe
moins vite que lapopulation
totale du groupe(ce qui
nesignifie
pasqu’elle diminue).
Par contre, lepourcentage
du PIB de Xrestant constant, on en déduit que le PIB se
développe
au mêmerythme
que l’en- semble.c)
L’examen des courbesprises
deux à deux donne des informationssupplé-
mentaires :
ainsi,
pour le paysX,
le niveau du PIBexprimé
enpourcentage
estsupérieur
à celui de lapopulation,
cequi
montre que le PIB par tête estsupérieur
à la moyenne
(*)
et que l’écart entre les courbes allant enaugmentant,
le PIB par tête sedéveloppe plus rapidement
que la moyenne. Legraphique
metégalement
en évidence l’évolution des crédits de la recherche
scientifique
par tête(courbes
RS et
POP),
ainsi que l’évolution des crédits de recherchescientifique
en pourcen-tage
du PIB(courbes
RS etPIB).
Il est à noter quelorsque
deux courbes sont con-fondues,
l’indicateurcorrespondant
estégal
à la moyenne du groupe(*).
d)
Lacomparaison
desgraphiques
de deux paysapporte
de nouveaux rensei-genements.
Parexemple
on observe que, pour chacun des pays X etY,
le PIB par tête estsupérieur
à la moyenne du groupe, mais que les courbes de Y étantplus écartées,
le PIB par tête de Y estsupérieur
à celui deX (*).
Un raisonnement ana-logue s’applique
à la recherchescientifique
par tête et à la recherchescientifique
en
pourcentage
du PIB.(*) Ceci se démontre
mathématiquement
par un raisonnement simple basé sur la pro-priété qu’à
l’échelle logarithmique de conserver les rapports (voir annexe).Revue de Statistique Appliquée, 1981, vol. XXIX, n° 3
2.3. Présentation finale
On
peut
rendre legraphique plus lisible,
enremplissant
dehachures,
ou en coloriant l’intervalle entre les courbes :L’étude est
avantageusement complétée
par desgraphiques
donnant l’évolu- tion des six indicateurs pour l’ensemble du groupe, cequi permet
de visualiser la"moyenne"
àlaquelle
on se réfère.(POP, PIB, RS,
PIB partête,
RS partête,
RSen % du
PIB)
58
3. ANALYSE DES RESULTATS POUR LES PAYS X ET Y
La
simple
observation desgraphiques
des pays X et Ypermet d’enregistrer
d’un seul coup d’oeil la masse des informations suivantes :
3.1.
Graphique
du pays X- Ce pays
représente
environ 23 % de l’ensemble.- La
population
sedéveloppe
moins vite que la moyenne du groupe.- Le PIB se
développe
aurythme
de la moyenne du groupe.- Les crédits de la recherche
scientifique
sedéveloppent beaucoup
moins vite que la moyenne du groupe.- Le PIB par tête est
supérieur
à la moyenne du groupe et sedéveloppe plus
viteque cette moyenne.
- La recherche
scientifique
par tête est biensupérieure
à la moyenne et se déve-loppe
d’abord moinsvite, puis
au mêmerythme
que la moyenne.- La recherche
scientifique
enpourcentage
du PIB estsupérieure
à la moyenneen début de
période
et sedéveloppe
moins vite que la moyenne.3.2. Le
graphique
du pays Y donne des informationsanalogues :
- Le pays
représente
environ 3 % del’ensemble ;
- La
population
sedéveloppe plus rapidement
que lapopulation
totale du groupe ;- Le PIB se
développe plus rapidement
que celui du groupe ;- La recherche
scientifique
suit la moyenne en début depériode
et croît ensuitebeaucoup plus
vite que cette moyenne ;- Le PIB par tête est très
supérieur
à la moyenne et sedéveloppe plus rapidement
que la moyenne ;
- La recherche
scientifique
par tête est bien en-dessous de la moyenne en début depériode,
mais elledépasse largement
cette moyenne en fin depériode ;
- La recherche
scientifique
enpourcentage
du PIB est bien en-dessous de la moyenne en début depériode
mais tend à s’enrapprocher
en fin depériode.
3.3.
Synthèse
etcomparaison
des pays X et Y :- Le pays
X,
relativementimportant, dispose
d’un PIB par têtesupérieur
à lamoyenne et il a fait en début de
période
un effort en faveur de la recherchescientifique
nettementsupérieur
à la moyenne ;cependant,
cet effort relatiftout en restant au-dessus de la moyenne, va en
diminuant ;
- Le pays
Y,
bien que de faibleimportance,
donne dessignes
dedynamisme,
sonPIB à
partir
de 1976 et sapopulation
sedéveloppent plus
vite que la moyenne,Revue de Statistique Appliquée, 1981, vol. XXIX, n° 3
son PIB par tête est très
supérieur
à la moyenne. Son effort en faveur de la recherchescientifique
est inférieur à la moyenne en début depériode,
accumu-lant du
retard,
mais il s’intensifie defaçon spectaculaire
àpartir
de 1977.3.4.
Remarque
Une
analyse plus
fine dechaque
courbepermettrait
dedégager
d’autresinformations,
telles que délais deréaction,
intensité deréaction, analyse
des in-flexions et recherche de leurs causes etc...
4. LIMITATION
a)
Ceprocédé
deprésentation statistique
reste bien sûr entièrementdépen-
dant du choix et de la valeur des données.
Cependant
il est intéressant de noter que l’onpeut
utilementl’appliquer
pour illustrer les effets de certainesoptions
tellesque le choix de l’année de base pour les séries à
prix
constants, le choix entre des taux dechange
courants et des taux dechange constants,
ou encore lechoix, lorsqu’il
estpossible
d’un indice de déflation.b)
Leprocédé
n’estapplicable
que pour un groupe de paysayant
une relativehomogénéité :
si un pays a uneimportance trop grande
parrapport
aux autres, ses propres variations influenttrop
sur le total du groupe et donc sur lespourcentages
de chacun des pays.Cependant
dans certains cas, onpeut
y remédier endistinguant
d’une
part
le groupecomplet
parrapport auquel
est traité le seul paysimportant,
d’autre
part
un grouperéduit,
necomprenant plus
le paysimportant,
parrapport auquel
sont traités chacun des autres pays.c)
Une variationimportante
dans un pays serépercute
sur letotal,
donc surle
pourcentage
dechaque
pays du groupe. Enconséquence chaque
mouvement decourbe
correspond
à un ouplusieurs
événements survenus soit dans le paysétudié,
soit dans un autre pays du groupe.
d)
Leprocédé permet
de visualiser destendances,
mais il estpossible
del’utiliser pour des mesures
précises ;
enparticulier
la mesure sur l’échelleloga- rithmique
de l’écart entre deux courbespermet
de chiffrer l’écart à la moyenne de l’indicateur concerné.5. DOMAINE D’APPLICATION
Le domaine
d’application
de la méthode est très vaste, en voiciquelques exemples :
-
démographie (population totale, population
active +chômage) ;
- commerce extérieur
(total, exportation, importation)
ou(total, catégories
deproduit)
ou encore(total,
zonegéographique) ;
- économie
(PIB, population, dépenses sociales,
oun’importe quelle catégorie
dedépenses) ;
-
syndicat professionnel, représentant
un grouped’entreprises (nombre
desalariés,
chiffre
d’affaires,
bénéfice dechaque entreprise,
ouexportation
etc...).
60 6. CONCLUSION
Les
graphiques
dechaque
pays donnent une vuedynamique
de l’évolution relative d’ungrand
nombred’indicateurs, permettant
de faire desanalyses,
dessynthèses
et descomparaisons
et de montrer l’avance ou le retard relatifs accumulésau cours de la
période.
Leprocédé
s’avèreparticulièrement
clair etpuissant puisque
toutes les informations
apparaissent
d’un seul coupd’oeil,
comme sur une série dephotographies,
une par pays,prises
sous le mêmeéclairage.
APPENDICE
Démonstration
mathématique
1. Définition
RS = Recherche
Scientifique
2. PIB par tête pour un pays donné
(égalité ri 4)
Yn = Xn Le % du PIB est
égal
au % de lapopulation,
lerapport Yn/Xn
estégal
à
1,
le PIB par tête du pays estégal
au PIB par tête de l’ensemble et lespoints correspondants
sont confondus sur legraphique.
Yn > Xn Le % du PIB est
supérieur
au % de lapopulation,
lerapport Yn/Xn
est
supérieur
à1,
le PIB par tête du pays estsupérieur
à celui de l’en-semble et sur le
graphique
lepoint correspondant
au PIB se trouveau-dessus de
point
relatif à lapopulation.
Yn Xn Un raisonnement
analogue
conduit à des conclusions inverses.Revue de Statistique Appliquée, 1981, vol. XXIX, n° 3
3.
Comparaison
entre deux pays(pour
une annéedonnée)
Les raisonnements
qui
suivent sont basés sur lapropriété qu’a
l’échelleloga- rithmique
dereprésenter
des rapportségaux
par deslongueurs égales :
- Si pour deux pays donnés les
rapports Y/X
sontégaux,
les PIB par tête de ces pays sontégaux
et les écarts despoints correspondants
sontégaux
sur les deuxgraphiques.
- Si pour deux pays
donnés,
lesrapports Y/X
sontdifférents,
les PIB par tête de ces pays sont différents :plus
lerapport Y/X
estgrand, plus
le PIB par têteest
élevé, plus
l’écart entre lespoints correspondants
estgrand.
4. Des raisonnements
analogues s’appliquent
aux autres ratioétudiés,
"RS par tête"et "RS en % du PIB".