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Notice sur les systèmes des montagnes

FAVRE, Alphonse, BEAUMONT, Léonce Elie

FAVRE, Alphonse, BEAUMONT, Léonce Elie. Notice sur les systèmes des montagnes.

Bibliothèque Universelle de Genève , 1853

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:108644

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(2)

NOTICE

SUR

LES SYSTÈMES DES MONTAGNES

BO

1

TO\f E

Of:_

GEOLC'\ ,

PAR '\J l'! IV F\.>1 ' •

M. L.-ELrE DE BEAUMONT.

Paris, 1852; 3 vol. in-12 ; -1543 pag~~-

TIRÉ DE LA lliBI,JOTHÈQDE UNIVERSELLE DE GENEVE.

Juillet 1853.

L'idée de la formation des montagnes par soulèvement remonte à une haute antiquité, cc elle se pe1·d dans la nuit des Lemps, ll dit M. Elie de Beaumont.

A diverses époques et dans ditl"érenls pays on a fait re- paraître cette idée avec plus ou moins de développement, mais sous la plume du célèbt·e géologue français, elle est devenue plus précise et a p1·is une forme toute nou- velle.

Qu.e l'on ouvre les u·aités de géolo~rie qui s'occupent de I'Listoire de celle science, on vcl'l"a. que les po~tes

ct les natmalisws de l'antiquitÎ$ ,. corn me ceux du moyen Ogc' lt;IÎCI\l r.uniliarisés avec l'idée du soulèvement des montagnes. On en trouve des t1·aecs chez Erastothène, Strabon, Virgile, Pline, Ovide, etc. ; dans les traditions

scandin~ves, chez les Arabes Avicenne et Kaswini, chez le Persan Fe1·doucy ; puis, à des époques moins éloi- rrnées, cette idée fut mise en avant pat· Léonard de Vinci,

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2

par Sténon (1667), Varenius (1681), Ulloa (1761).EIIe fut clairement exposée par Lazarro Moro (17 40), lequel fut chaudement combattu pa•· Zeno (1770) et maltraité pal' de StlUssut·e(11779).

CepenJant de Saussure lui-m~me, en Jémontt·nnt que les couches du poudin{pJC de Valorsinc ont éré redres- sées, n donné une base inébl'anlable à cette idée tant dis- cutée.

De S:ntssuJ•c 'fit ses oLservlltions en 17 7 6 et 1784 (Voyages,

§

687), il les publia en 17 86 ct il pensait alo1·s que ces couches avaient été J'cfh·cssées. N'est-il pas singulier qu'en 1791, Werner ait publié une observa- tion tout à fait semblable sur un couglomùe de Hain- chen, en y ajoutant que les <c cailloux ont dans quelques endt·oits la même position, presque verticale, que les strates m~mes » (Nouv. theorie de la formation des

fi-

lolls , 1802, p. 7 6).

Wcmer pensait que c'était par affaissement que ces couches avaient pris cette position. Deluc se joignit au géologue de Freyberg pour souteni1· que lès affaissements avaient plus souvent façonné le relief du globe que les soulèvemenrs; mais, comme on le vert·a plus loin , la théorie de M. Elie de Beaumont ne met point en opposi- tion les ·soulèvements ct les affaissetuents de la croute so- lide du globe; ces deux wrtes de mouvement ont cu lieu, ils sont même intimement liés.

J. Hall concevait aussi les soulèvements d'une manière très-nette (Biblioth. Brilanniqüe,

18H,

t. 55, p. 149);

0~1 poul'l'ait citer encot·e beaucoup d'ault'es savants qui se sont occupés de cette théorie.

Mais parmi les hommes de cette époque qui ont pré- cisé d'uue manière remarqu~ble les soulèvcmenb, il en

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SUR LES SYSTÈMES DES niONTAGNli.S,

3

est un que nous ne trouvons poiitt indiqué dans les ou--.

vrages de géologie et qui ~ependant mérite d' éu·e tiré de l'oubli.

M. Silbersclllag, dans sa Géogénie (Berlin,

1780,

page 1 06), pose cette question en parlant' du Harz.

Comment le BI'Ocken est-il né? et après avoir passé en re- vue, en les réfutant, qua11·e des suppositions que l'on fai- sait souvent alors pour explique!; l'origine des monta- gnes, il finit par d:re que le Bt·ocken a été soulevé du sein 'de" la terre et qu'il est impossible de faire une autre supposition. Il expose les raisons de celle opinion si ferme, elles reposent principalement sur l'inclinaison que pt·ésentent les couches de sédiments redt·essées contre celle montagne, et il en fait comprendre l'importance an moyen de figures nellement dessinées.

On est donc en droit de considéret· l'idée de la forma- tion des montagnes pat· soulèvement, comme étant ac- quise à la science dès le commencement de ce siêél:e·.

A celle conception, il est venu s'ajouter un autre or- dt·e de considérations relatives' à la direction des chalncs de montagnes.

C'est peut-étre M. de Humboldt qui, le pr·einicr,. y a ua cha de l'importance en

17 92 .

Plus tard M. de J:\uch - désigna, sous le nom de Système geognvstique, chacune des chatnes qui ont une certaine influence sm· la confi- guration d'une contrée. Il en a r·econnu quatre en Alle- magne; M. Hotl'mann en ajouta un cinquième (Hollinann,.

Geschichte det· Geognosie, p.

153;

Bibl. Univ. de Ge- nève,

1841,

tome XXXVI, p.

368) .

Mais J'après M. Elie de Beaumont, ces• systèmes doivent étre suhdi,visés parce qu'ils pr·ésentenl des Jirections sensiblement différentes.

On voit encore dans l'histoit·e de la science que qJ.Iel-

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ques géologues ont cru pouvoir ajouter aux points de vue que nous avons signalés, l'idée de l'existence d'une grande régularité à la surface de la terre; c'est aussi l'opinion de M. Elie de Beaumont; mais ces géologues anciens l'envisagent tout aut•·ement, ca•- souvent sous le méme nom se cachent deux idées. Un grand nombre de géologues ont soutenu que la Lene était formée par cris- tallisation, quelques-uns onl été jusqu'à elire que la terre entière est un crist:1l ; en effet on lit dans une t1·aduction d'un travail de Oken

(1809),

faite par M. Boué (Bulletin de la Societe geologique de France,

1851,

torne VIII, p. 274):

« La terre est un réseau régulier de crêtes, d'angles cl de fnces cristallines représentées pa•· les cbaines équa- toriales mé1·idiennes, el celles qui réunissent ces derniè- res dingonalement ou par la verticale. 1>

Mais quelle que soit la portée de celle phrase, elle était placée au milieu de tant d'idées inadmissibles qu'elle avait passé inaperçue jusqu'à ce que les théories dont nous allons parler allirassenl l'allention SUl' elle.

Enfin M. Elie de Beaumont che1·che à établi•· que la direction des chaines de montagnes est liée à lem· àge.

Le p1·emier travail de ce savant date de

1829,

il a été publié dans les Annales des sciences naturelles ; plus ta1·d il le publia en le développant dans la u·aduction française du Manuel géologique de sir H. de la Bèche (1 833), mais ce n' érait que le programme de l'ouvrage qui va nous occuper, dont le prernie1· tie1·s a été textuellement publié il y a environ cinq ans, dans le Dictionnaire de M. Ch.

d'Orbigny. Ceci explique polll'quoi une partie des idées exposées aujourd'hui par l'auteur sont populaires depuis longtemps.

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SUR LES SYSTÈ~IES DES ~IONTAGNES.

5

Pendant ce long intervalle, quelques systèmes ;malo- gues à celui de M. Elie de Beaumont ont été mis au joill'.

En

1844, M.

de Boucheporn a donné un volume dont la leeture est très-c:1ptivante, sous le nom d'Etudes SUl'

l'!tistoire de la ter1'e. Il groupe en treize systèmes les principales chalnes du montagnes du globe; chacun des grands cercles de la sphère, déterminé à la sm·face de la terre p:1r chacun de ses systèmes, représente llO -des équateu•·s que la terre a cu à divc1·ses époques. Le chan·

gemcnt successif de ces équarem·s a été produit par le choc de comètes qui, on le voit, interviennent d'une rnaniè1·e un peu abusive dans cette théo1·ie (V. Arcllives,

1846, I, 330).

M. de Hauslab (Bull. de la Société geolog. de France,

1851,

VIII, p. 1

i8)a

tracé, à la surface du globe, comme M. Elie de Beaumont, des lignes passant par· des points remarquflblcs. Tl est résulté de l'ensemble de ces lignes un octaèdre irréguliel' qui, aux yeux du géologue f•·an- çais, a le défaut de n'avoir p:~s pour centre le cent•·e de la tenc.

M. Pissis (Bulletin de la Société geolog. de France.

1848,

V,

453)

indique quinze grands cercles à l11 sur- face de la sphère terrestre; il les établit d'apr·ès la position des côtes des continents. Il les comp:~re avec la direction des chalnes de montagnes, el ce qui est fort remarqua- ble, « les ·di•·ections des chaînes de montagnes sont éc-a·

lement celles des lignes qui forment les limites des con- tinents , des grondes dépressions occupées par les mers intérieures ou des principales vallées. n

Dernièrement encore M. de Fr:mcq a fait des obser- vations curieuses sur les rapports que présentent soit entre eux, soit avec la configuration des continents, cer-

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6

tains S'rands ce•·clcs tracés sur la sphère terrestre. (Aca- démie des Sciences, 4 avril 1853.)

Mais quelle que soit l'originalité que ces t1·avaux présen- tent, il nous parait qu'on ne peut refuser à M. Elie d.e Beaumont la priorité dans ce genre de recherche~.

En examinant l'état de la géologie dans le siècle der- nier, on y trouve, parmi les nombreuses théories qui en faisaient partie, d'un côté l'idée d'une suite de révolu- tions violentes ayant eu lieu à la surface du globe, et d'un autre côté, la croyance à la formation des chaînes de montagnes pm· soulèvements. Ces deux points étaient séparés, M. Elie de Beaumont les a •·éunis en faisant com- prendre comment les soulèvements des montagnes pou- vaient, en modifiant le relief du globe, déplacer l'Océan el donner lieu à des révolutions violentes. Ainsi l'exhaus- sement du sol peul avoir formé des intenuptions dans la form;Jtion des dépôts de sédiments.

Au pied de chaque chaîne de montagnes se trouvent deux classes rle terrains, les uns sont rcùressés, les au- Ires horizontaux. Tl est évident que l'âge de la chaîne est intem·1édiaire entre l'âge de ces deux classes cie ter- rains. En effet, la chat ne en surgissant a redressé le te•·- rain inférieur qui était déjà formé, tandis qu'elle n'a pas affecté la position du terrain supérieur qui n'était pas encore déposé. Cette différence dans la position des cou- ches ou des strates, dont les unes sont inclinées, et les

;llltrcs horizontales, se nomme discordance de stratifica- tiQr;l. Elle permet d'établir l'âge relatif des montagnes, des dislocations, des fractures ou redressements du sol par rapport au tenain de sédiments. Grâce aux prog•·ès de la paléontologie, elle permet d'établir leur âge rela- tif. Quelquefois ces disc9rdances n'ont point une grande

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SUR LES SYSTÈliES DrS JIO!iTAGNES.

7

étendue, ct l'on voit deux ten·ains disc01·dants dans un pays ~tt·e concordants dans une contrée peu éloignée.

Le~ chaînes de montagnes peuvent se décomposer en chatnons, et, le plus souvent, on voit 'lue les cbalnons

par:~llèles sont de méme âge. Celle importante concep- tion généralise et étend l'observation faite par Werner, s:n•oir que, dans un mémc dist1·ict, tous les filons d'une même nature doivent lem· origine à des failles parallè- les entre, elles ouvertes en même lemps et remplies en- suite durant une mc:lme période. D'apt·ès cela, le nombre des dislocations que le sol de chaque contrée aurait éprouvées serait à peu près égal à celui des dit·ections des chalnes de montagnes ou des crêtes des couches. Ce nombre est en général très-limité. Ln corncidence de la variation d'orientation des système~ de fractures ou de montagnes et de la var·iation dans l'âge de ces mémes montagnes a été établie, d'après l'auteur, sur un assez grand nombre d'exemples pour pouvoir conclure que

« l'indépendanr.e ries formations de sédiments successives est une conséquence ct m~me une preuve de l'indépen- dance des systèmes de montagnes diversement dirigés.

»

Ce fait arrivant à ~tre démontré, il en résùltcrait qu'on peut connaître l'âge des montagnes d'après letir direc- tion.

Cependant il ne faut pas se dissimuler que l'on t'en- contre souvent des soulèvements d'âges différents qui ont cu lieu dans la méme direction et souvent d;ms une méme chaine de mon.l3gnes; il y en a douze en Europe qui rentrent dans celle catégorie. C'est ce que l'auteur désigne sous le nom Je récurrence des direction.s.

Dans le commencement de l'émission de cette théorie qui a eu, à jus te titre, un immense retentissement et la

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plus grande influence sur la marche de la science, on a entrevu que ces époques de dislocation et de boulever- sement avaient été la cause du renouvellement des fau- nes d:ms la succession des ten·ains. M:~is cette g•·aude idée ne par0111 pas 1,mco•·e complétemcnt démout•·ée; en effel, si

r

On ex:miinc f't.&e des nornbreusP.S dislOCatiOnS indiquées par 1 auteur en le compar:~ut à l'ttrre des ter- n•ins de sédiments 1, on devrait trouve•· un systémc, de montagnes l1 chaque renouvellement de faune, Jans l'hy- pothèse que ces renouvellements soient liés aux disloca- tions du sol. La science n'en est pas anivée là, el l'on voit, par exemple, les trois étages du trias qui renfennent trois faunes différentes, n'être jusqu'à p1·ésent séparés par aucune dislocation du sol. Il en est de même des nombreux renouvellements de faunes qui ont eu lieu pendant la période jurassique.

Comme nous l'avons dit, celle liaison de la nature inOI'(f~tnique avec la Il:! lUre oraanisée n'est p;~s en CO l'El

démontrée, cepentlnnt il n'est pas impa·obablc qu'un jour elle ne. soit admise en géolo!Jie , caa• tous les jours four- nissent à cette science un gl"and nombre d'observations nouvelles; et c'est ce qui empêche de fixer d'une ma- nière positive le nombre des systèmes de fractures qui existent en Europe et, à plus foa·te raison, ceux qui exis- lênt J:~ns le monde.

En

1829,

M. Elie de Beaumont, dans les Recl!erclzes

$111' quelqlles-unes des rello[utious de la surface du globe, en faisait connaitre quat1·e; mais en imprimant son mé-

1 On trouve un tableau où cette compa1·aison est faite dans l'ou- vrage de MM. d'O•·bigny et Gente. Géologie appliquée aux arts et à l'agriculture. Paris, 1851 ; 1 vol. in-8°.

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SU Il !.ES SYST ÈnŒS DES nJONTAGNES.

9

moire dans les Annales des Sciences naturelles dans celle même année et dans l'année suivante, il avait porté le nombre de ses systèmes à dix, et il faisait clairement en- trevoir un accroissement dans ce nombre qui n'a pas tardé à se réaliser. Maintenant, dans son ounage, il indi- que vingt systèmes de soulèvements en Europe et le temps n'est pas éloigné, dit-il, où J'on pourra en signaler plus de cent su1· la surface entière du globe.

Les partisans des causes actuelles expliquent, par la répétition prolougée des effets lents et continus que nous voyons se produire sur la surface du globe, l'ensemble des phénomènes qui s'obsei'Vent dans les pays de monta- gnes; ils devraient êu·e moins opposés aux idées de l'au- teur depuis que le nombre des systèmes de montaffnes s'est augmenté que lorsqu'il n'était que de quatre, qui semblaient faire exception aux lois qui régissent le globe, cc en personnifiant et en multipliant les révolutions du globe sous la forme et la dénomination de systèmes de montagnes, composant une série nombreuse et d'une régularité rationnelle; je marche, dit l'auteur, relative- ment à eux, dans une voie de conciliation. >>

Voici l'énumération des systèmes en suivant leur âge, en .::ommençant par le plus ancien et en se sei'Vant, pour les désigner, des noms géographiques des montagnes ou des conll'ées les plus remarquables où ils aient été ob- servés :

1° Système de la Vendée; 2° S. du Finistère; 3° S.

de Longmynd; 4° S. du Morbihan;

5o

S. du Westmo- reland et du Hundsruck; 6°S. des Ballons et des collines du Boc:1ge; 7 o S. du Forez; 8° S. du nord de l'Angle-

terre;

go

S. des Pays-Bas et du sud du Pays de Galles;

10°

S. du Rhin;

11"

S. du Thuringerwald, du Bohmer-

(11)

10

NOTICE

walcJ-Gebirge et du Morvan; 12° S. du mont Pilas, de la Côte-d'Or et de I'Erzgebirtre; 13° S. du Mont-Viso et du Pinde; 14" S. des Pyrénées; 15°S. des îles de Corse èt de Sardaigne; 1 ()oS. de l'ile de Wight, du Tiltra, du Rilo-Daffh et de I'Hœmus; 17° S. de I'Erymanrhe et du Sancerrois. (La date du S. du Vercors n'est p:•s encore exactement détei'Tninée.) 18" S. des Alpes occidentales;

19" S. de la cha1ne principale des

A

Ipes (du Valais en Autriche); 20" S. du Ténare, de I'Etnil ct du Vllsnve.

On peut enco•·e ajouter à ceux-ci le système de l'axe volcanique de la Méditrrranée, celui de l'Oural ct celui des Açores.

Ces systèmes sont espacés dans les âges du monde au travers de la longue série des terrains, et ils la compren- nent. tout entière depuis le premier, qui se •·econnalt dans les schistes cristallins de la Vendée, jusqu'au del'- nier qui est postérieur aux p:ll'ties les plus récentes du terrain subapennin.- M. Elie de Beaumont, au moyen d'une immense érudition, a pu suivre les traces de cha- cun de ces systèmes sur toute la surface du globe. Il dé- montre 'lue quelques-uns d'entre eux ont une telle in- fluence sur le relief du globe qu'ils onl 1!té reconnus par six géologues différents procédant pm· des méthodes dif- férentes d:ms des pays dont quelques-uns sont éloignés de toute la distance qui sépare l' Altar des Et:•ts-Unis.

Si on scrute cette longue sé1·ie de soulèvements suc- cessifs en cherchant à y deviner l'avenir de notre globe, on verra que le Mont-Blanc ct le Mont-Rose font partie des dernières révolutions de la smface du globe, et quelle que soit la place que d'autres montagnes plus hautes cn- cor·e viennent prendre dans la série, jamais celle série ne prendra cette forme longu.ement et régulièrement dé·

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SUR LES SYSTÈ!JES DES ~IONTAGNES,

11

croissante, qui conduirait à conclure que la limite est at- teinte et flUe les phénomènes' dont les derniers paroxis- mes ont été si violents, ne sc renouvelleront plus. On peut donc entrevoir fJUe la période de IJ·anquillité dans laquelle nous vivons sera troublée par l'apparition d'un nouveau S)'Stème de montagnes, effet d'une nouvelle dislocation du sol, et dont les trem!1lements de terre nous avertissent assez que les fondements ne sont pas inébranlables.

Les S)'Stèmes de MM. Boucheporn et Pissis, ::1insi que celui de M. Elie de Be;~umont, rlémontrent que les gr;~n­

des lignes terminales des continents suivent en masse des directions rectilignes déterminées par les chatnes de montagnes qui en forment l'ossature, pa•· conséquent la surface du globe terrestr·c n'est point dessinée au ha- sard.

En traçant des g-rands ceJ•cles de la sphère suivant les systèmes de montagnes et en examinant leur direction, c'est-à-dire l'orientation de chacun d'eux, on voit qu'ils se groupent d'une manière si curieuse autoul' de cer- tains points de l'horizon, que M. Elie de Beaumont a été conduit?. rechercher la cause réelle de cet arrangement.

En recherchant une construction géométrique qui s'ac- cordAI :~vec ses vues, l'auteur, après quelques tâtonne- ments, s'est arrêté au réseau pent:~gonal for.mé de quinze gran 1& cercl.es, et contonnnt clouze pentagones I'~Gulicrs

renfermant ten.t vinr,ttt•i:mglcs t:eotangles scalènes égnux en :-m·f:~r.e et symétriques deux à deux, formant par leu•·

aj nstnrre trente Josnngcs ou vinl}'l tt'iangle~: équilatéraux. En calculant les angles de celle construction, il a •·e- ti'Ouvé ceux de ses systèmes de montagnes. Le secret de ces angles cc était alors dévoilé, l> dit l'auteur.

L'un de ces douze pentagones est représenté dans l'ou-

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12

nage, c'est celui de l'Europe; il est en projection gno- monique, on y voit ses subdivisions octaédt·iques , dodé- caédriques, etc. Les angles du pentagone sont placés dans les cinq points suivants : à l'entrée du détroit de Davis, à l'extrémité N.-E. de la Nouvelle Zemble, au bord

du pl<~teau septentrional de la Perse, près du l:~c Tschad

dans l'intérieur de l'Afrique eL dans l'océan Atlantique.

Les côtés du pentagone s'accordent d'une manière re- marquable :~vec les accidents importants de la surface du globe. Cependant les ce1·cles qui forment le t·éseau pen- tagonal ne peuvent pas représenter tous les systèmes de mon~<•rrnes, Je même que la cristallorrraphie ne peut re- présenter toutes les faceties du système cristallin rérru- lier :1\'CC les seules faces du cube de l' oct:-.èdt·e ou du dodécaèdre rhomboïcbl. Pour arriYer à cc but, il faut ajouter aux quinze grands cercles de ce réseau des cer- cles auxili:-.it•es qui peuvent y étre rallacbés pat· une po- sition susceptible d'une définition géométrique basée sur·

des rapports de symétrie Mais il f<mt choisir au milieu de ces cercles, qui sont en nombre infini, et de même que la c•·istallog-raphie est arrivée à fixer la limite des plans possiLles çristallographiquemcnt. Peut-étre la

géo-

logie pm·y.iendrn-t-elle à fixe1· la limite du possible d~ms le choix les grands cercles des systèmes de montagnes. Ces ce•·cles aux·iliaires portent lOus le caollel pentagonal. Il parah u·ès-naturel que les cercles auxquels :-~ppa•·tien­

nent ces combinaisons numériques simples soient préci- sément ceux Jont se comp.ose essentiellement la sphère géologique.

Si, au lieu d'un 7'eseau pentagonal, on choisissait un reseau quadrilateral' on pourrait arriver à déterminer très-approximatiYement, peut-être méme exactement, la

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SUR LES SYSTÈ~IES DES MONTAGNES.

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pos111on ,les cercles géologiques , mais en se se1·vant de ce def'()iet· réseau, on couvri1•a la sphère (pou1· arriver à celle détermination) de cercles dont l'ordonnance géné- rale n'aura aucun J'apport avec l'objet, tandis qu'au moyen du réseau pentagonal on couvrira la sphère de cercles do ut l'ordonnance générale sera en rappot·t avec célie des gTanJs cercles des systèmes de montagnes em·opéens.

Voilà pomquoi le réseau pentagonal est préférable au réseau quadrilatéral.

M. Elie de Beaumont a démontré par l' expé1·ience que ce réseau s'accordait avec les systèmes de montagnes en plaçant sm· un globe un filet formé par des mailles, et dont les fils représentaient les cercles du réseau pentago- Hal (Acad. des Scie11ces, 9, scptcmlwc 1850). Cette pc·

tite consu·uction, facile à se procurer, amène à des ré- sultats de géographie géologique curieux. On voit qu'en général les chalnes de montagnes se terminent à la ren- coutre de l'un des cercles qùi coupent sa direction, que les pics bien détachés sur une ch~1ne Je moutagqe, les volcans isolés ou les tles isolées, se trouvent très-souvent au point d'intersection de deux cercles du •·éseau, en sorte que ces cercles se tJ·onvent jalonnés pa•· un certain nombre de points géologiquement el géog•'aphiquement remarquables, el il n'est pas très-facile d'en trouve•· plus de deux en ligne ùroitc, excepté su•· les cercles du ré- seau pentag·onal.

Celte symétrie pentagonale a pu résulter de la con- lrHction que la masse interne dn globe a éprouvée de siècle en siècle, et qui paralt être la cause des systèmes de montagnes er. de la diYision des terrains de sédiments en formations. La formation des montagnes a été inter- mittente à la sm-face du globe, et chacune des périodes

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de tranquillité qui les a séparées peut être assimilée à la période actuelle; mais rien n'autorise à supposer que les causes de la formation des montagnes n'ont pas été plus intenses anciennement. Celle supposition ser,ait même en opposition avèc le rait de l'indépendance des formations.

La contraction ou le •·ef•·oidissement rlétermine dans un globe tel que notre planète une force qui est une partie de la volcanicité, fon~e que M. de Humboldt a dé- finie: l'influence «qu'exerce l'întérieut· d'une planète sur son enveloppe extéi'Ï'eu•·c dans les différents stades de son refroidissement. » Un refroidissement aussi avancé que celui de la tene chang·e le rapport qui existe entre la cllpacité Je son enveloppe solide et le volume de sa masse interne. Dans un temps d01~né, la température de l'intérieu•· de not1·e pl:mète s'abaisse d'une quantité beau- coup plus grande que celle de sa surface, dont le refroi- dissement est aujourd'hui presque insensible.

Cette force peut :1gir d'une manière analot;ue à celles dont les effets se voient dans les expériences de M. Go- ri ni (Archives,

1852,

XXI,

245 ).

PoUl' expliquer la con- traction ép•·ouvée par l'intérieur du globe terrestre, on doit tenir compl.e également de la diminution que les roches cristallines éprouvent en se solidifiant. Cette di- minution a été Jémontrée pa•· les expériences de MM. Bi- schoff, DeYille et Delesse. D'après un calcul de M. Elie de Beaumont, on u·ouve

38359

ans pou•· la durée du lemps qui s'est écoulé, depuis l'origine du rcfroidissementjus·

qu'au moment où le ref•·oidissement annuel de la sul'face a cessé d'être plus gr·and que celui de la masse totale du globe , et à partir duquel le l'ef•·oidisscment annuel de la masse surpasse celui de la surface et le dépasse de plus en plus. Tous les systèmes de monl<tglles pa1~aissent

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SUR LES SYSTÈMES DES MONTAGNES. 15

avoir pt·is naissance daus la seconde période du rerroi- dissement terrestre, pendant laquelle la masse inteme a diminué de volume plus vite que l'enveloppe solide cx- tét·ieur.e. Cette idée n'est point contraire à celle d'une ancienne fluidité ignée Je toutes les •·oches.

Cette enveloppe solide extéJ·ieuJ'e doit toujous·s être suppot·téc par la matière ignée intérieure, eu égard à sa petite épaisseur (50,000 mètres au plus) par rapport au diamètre de ·la terre, à la faiblesse de sa courbua·e et :1u nombre indéfini de ses fissut~es. Mais le liquide intériem·

diminuant de volume, elle s'est écartée par degré de Cl'lte figur·c en se bosselant légèrement, et dans celle

;Jction il s'est développé des forces dives·ses yui ont aug- menté d'intensité avec les progrès du refroidissement, si hien qu'une debacle est d:evenue inévitable. L'écorce de la planète a diminué son ampleur pa•· la formation subite d'une sOJ·te de rempli; en sorte que la formntion de r.hacun des systèmes de montag11es par:1h pouvoir s'ex- pliquer par· un dfet d'écs·<Jsement t•·anS'vcrsal, ayant fait surgir des s·oches dans un étal plus ou moins pâteux.

Daus la l"onguc succession des <îges, ces rides se sont groupées sous des rormes variées; mais il ne faut pas avoir en vue uniquement les systèmes de montagnes, on doit tenir compte du bossellement des continents, c'est- à-dire des parties convexes représentées par l'élévation des eontinents au-dessus des mers, aussi bien que des parties concaves occupées pat· les mers. En examinant de près la configuration générale du globe, on voit que les augmentations de volume produites par les convexités sont à peu près de m~me ordre que les diminutions pro- duites par les concavités; cet·taines parties se sont éloi- gnées du centre de la terre, d'autres s'en sont rappro-

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,.)

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NO~rJCB SUR LES SYSTÈA1ES DES MONTA.GNES.

chées, el. ce bossellement est, en r~tpport avec Je réseau pentagonal. D:après l'auteur, ce bossellement qui est le produit d'une .action lente, résultant de la contraction du volume de la terre durant les époques de.tranquillité, présente moins de stabilité que les systèmes de monta- gnes qui ne sont cependant que le résultat d'un phéno- mène ayant une très-courte durée , et pom· ainsi dire instantanée. Les mouvements observés de nos jours dans le sol de la Suède, ·du G1·oi:lnland et des iles madrépo- riques du grand Océan montrent que la surface du globe tend à se modifier pal' un bossellement lent.

· Quelle que soit l'opinion que l'on ait sur la cha.leur in·

terne, on verra que le caractère esse.ntiel de celle théo- rie, qui s'appuie sur la dépe1·dition de cette chaleur, consiste en ce qu'elle fait dériver le soulèvement des montagnes d'une diminution lente et progressive du VO•

)ume de la terre. Les remplis ou systèmes de montagnes formés par écrasement se sont distribués avec régularité à la surface du globe, mais il n'en résulte pas cependant que la te ne soit un cris ta 1.

A. F.

Références

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