Deux journaux naissent d'un coup à l'est du canton

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Deux journaux naissent d'un coup à l'est du canton

AMEZ-DROZ, Philippe René

Abstract

Naissance titre imprimé Riviera-Chablais, avec l'appui du quotidien vaudois 24heures. Contrat entrepreneur privé avec Groupe Tamedia. Interview Dr Amez-Droz sur la situation de la presse écrite imprimée et cette alliance.

AMEZ-DROZ, Philippe René. Deux journaux naissent d'un coup à l'est du canton. 24 heures , 2021

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:150693

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Date: 24.03.2021

Hauptausgabe 24 Heures Lausanne 1001 Lausanne 021/ 349 44 44 https://www.24heures.ch/

Genre de média: Médias imprimés Type de média: Presse journ./hebd.

Tirage: 23'379

Parution: 6x/semaine N° de thème: 377.116

Ordre: 1094772 Page: 3

Surface: 116'114 mm²

Référence: 80144980

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En chiffres

exem- plaires du journal «Riviera-Chablais votre

région» seront distribués une fois par mois en tous-ménages entre Vevey et Monthey.

8000

abonnés. C'est

l'objectif qu'espèrent réaliser les porteurs du projet dans les trois ans.

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communes de la Riviera et du Chablais vaudois et valaisan seront couvertes par la nouvelle publication.

8

journalistes (quatre à Vevey, quatre à Aigle), un rédac- teur en chef et un réseau de pigistes forment la rédaction du journal.

Deux journaux journaux naissent

d'un coup à l'est du canton

Cousin de «24 heures», «Riviera-Chablais» arrive sur le marché. L'attente de la région est forte, les premiers indicateurs sont bons. Reste le plus difficile: tenir sur la durée.

rédacteur en chef,te0,l'équipe do

,,Riviera-Chablais» de_coe- «Rrvie premier numéro rraichleeent imprimé.

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Date: 24.03.2021

Tirage: 23'379

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Emmanuel Borloz

«Il a de la gueule, mon bébé, non?» Mardi après-midi, au

centre d'impression de Bussigny

où sont imprimés nombre de journaux romands - dont «24 heures» -, Armando Prizzi ne

boudait pas son plaisir. Et pour cause. Après plusieurs mois de gestation, le nouveau journal «Ri- viera-Chablais votre région» vient de sortir de presse. Ce mercredi, 210'000 personnes vivant dans

près de 90'000 foyers, privés

d'un titre local depuis la mort du

«Régional» l'an dernier, vont dé- couvrir ce premier numéro de 28 pages grand format, dit berlinois,

dans leur boîte aux lettres. À

l'heure où la presse écrite est loin de vivre sa période la plus faste et où la disparition de journaux est plus courante que leur naissance, la nouvelle est loin d'être ano- dine.

Entrepreneur à l'origine du

projet, Armando Prizzi, qui pos- sédait la société chargée de distri- buer «Le Régional», n'aurait man-

qué l'événement pour rien au monde. Son équipe non plus.

Sous l'assourdissant vacarme des rotatives en pleine action, la pe- tite délégation peut enfin toucher et feuilleter le journal qu'elle pré- pare sur ordinateur depuis des se- maines. L'encre, qui n'a pas eu le temps de sécher, colle aux doigts;

les pages sont encore humides, la dizaine de personnes présentes savourent un moment qui n'arrive pas souvent.

Karim Di Matteo et Patricia Lourinhà, rédacteur en chef et di- rectrice de production du nouvel hebdomadaire, connaissent ce

premier numéro par coeur.

Il

n'empêche. Ils le décortiquent comme s'ils le découvraient. Mais en parlent en connaisseurs. Choix des titres et des sujets, des pho- tos, qualité des couleurs, com-

«Nous voulons

être une vitrine pour la population, refléter son

quotidien tout en n'oubliant pas les sujets sérieux et plus fouillés ni les bisbilles

politiques.»

Karim Di Matteo, rédacteur en chef

«Ce partenariat fait de ce nouveau titre un allié. Nous confions une partie de nos contenus à un partenaire en qui nous avons

confiance.»

Christine Gabelle, déléguée de la direction Ta media

mentaires sur la typographie... On se croirait en séance de rédaction.

«Bienveillant mais pas

complaisant»

Le paysage médiatique compte donc un nouvel acteur. Ou plutôt deux, car le titre porte en réalité deux noms: «Riviera votre région»

ou «Chablais votre région», selon le lieu de domicile des abonnés.

«L'hebdomadaire, payant, s'ac- quiert sur abonnement de 99 francs par année. Une fois par mois, le journal est distribué gra- tuitement en tous-ménages», rap- pelle Armando Prizzi, qui précise encore les objectifs visés: compter 8000 abonnés dans les trois ans.

Pour y arriver, l'entrepreneur table sur le besoin d'informations locales de la région et compte sur le soutien indirect des Communes invitées à publier leurs annonces

dans les pages de l'hebdoma-

daire. Sans oublier sa rédaction bientôt composée de huit journalistes et d'un réseau de pigistes.

«Nous voulons être une vitrine pour la population de la Riviera et du Chablais vaudois et valaisan,

refléter son quotidien tout en

n'oubliant pas les sujets sérieux et plus fouillés ni les bisbilles politiques», annonce Karim Di Mat- teo, qui a fixé sa ligne éditoriale:

«être bienveillant mais pas complaisant».

Alternant reportages,

por- traits, chroniques, sujets «maga- zines», articles sportifs et actua- lité liée au Covid, le premier nu- méro, qui fait aussi la part belle aux enjeux des élections commu- nales en cours, donne un avant- goût de l'aventure médiatique qui commence. L'enthousiasme ma- nifesté, les publicités et les annonces du premier numéro en at- testent, la mayonnaise a l'air de prendre. Les objectifs de lance- ment sont largement dépassés.

Karim Di Matteo sait pourtant que le plus dur reste à faire: tenir sur la durée. «À nous de faire en sorte qu'une fois l'enthousiasme de la nouveauté passé, les promesses

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soient tenues. Et que les abonne- ments et la publicité suivent.»

Déléguée de la direction Tame- dia (qui édite notamment

«24 heures») pour la Suisse ro- mande, Christine Gabella partage les voeux des responsables de la nouvelle parution. Car il faut sa- voir que l'éditeur zurichois, qui a des parts du capital du journal, est partie prenante de l'aventure.

Comme annoncé lors du lance- ment du projet, l'hebdomadaire fonctionne sur le même modèle

que celui éprouvé par le «Journal de Morges».

Concrètement, en marge de ses propres numéros, la rédaction de l'hebdomadaire de l'est du canton - plusieurs journalistes, dont le ré- dacteurs en chef, sont des anciens de «24 heures» - fournira des sujets au grand quotidien vaudois, lui as- surant la couverture de la région.

«Ce partenariat fait de ce nouveau titre un allié. Nous confions une partie de nos contenus à un partenaire en qui nous avons confiance,

ce modèle s'inscrit dans la durée.

L'expérience du «Journal

de Morges» prouve que ça fonctionne.

Les deux titres sont complémen- taires et se renforcent.»

La collaboration entre les deux titres débute officiellement le

avril, annonce Claude Ansermoz, rédacteur en chef de «24 heures», qui a lui aussi découvert le premier numéro en primeur mardi.

«Il contient beaucoup de sujets que j'aurais été fier d'avoir dans nos pages.»

«Une région dotée d'un hôpital peut se le permettre»

À Genève, Philippe Amez- Droz, chargé de cours à l'univer- sité et spécialiste de l'économie des médias, voit l'apparition d'un nouveau journal d'un très bon oeil. Mais n'oublie pas de

souligner les difficultés qui l'accompagnent.

Lancer un nouveau journal alors que l'on parle de la crise de la presse, le pari est risqué, non?

Le secteur est effectivement en dé- clin, mais il faut bien réaliser que l'on part de très haut. En Suisse, la presse quotidienne et son marché publicitaire représentent encore quelque 700 millions de francs par année. En l'occurrence, ce nouveau titre est destiné à un bassin de population qui n'a plus de journal local depuis la disparition du «Régio- nal». Une région qui a les moyens

Philippe Amez-Droz, spécialiste de l'économie des médias de sedoter d'un hôpital peut se permettre l'existence d'un journal.

La région est en attente d'un produit qui s'intéresse à elle, d'une

marque identitaire qui la caracté- rise. Il y a donc une place à prendre, mais le pari n'est pas ga- gné d'avance.

C'est-à-dire?

Le marché publicitaire est en baisse pour tous les médias histo- riques, qui souffrent de la concurrence déloyale des moteurs de re- cherche et des réseaux sociaux aux outils algorithmiques particulière-

ment affûtés. Les équipes commer- ciales vont devoir se montrer per- formantes. La deuxième difficulté réside dans la surabondance infor- mationnelle dans laquelle nous bai- gnons. Pour fidéliser un lectorat et décrocher des abonnés, il faut créer de nouvelles habitudes de consommation d'usage de lecture, créer de l'animation et de l'atten- tion autour du produit phare, le journal papier. Là aussi, il va falloir convaincre en oubliant aucun sup- port: le papier, internet, les réseaux sociaux...

Que pensez-vous du partenariat entre Riviera-Chablais et Tamedia?

J'y vois une sorte de «gentleman

agreement», un bon contrat pour les deux parties. De son côté, Ta- media tire les leçons des échecs passés. Il y a une quinzaine d'an- nées, Edipresse(ndlr: racheté par Tamedia en 2010-2011)a fait une erreur stratégique après le rachat et la disparition de «La Presse Ri- viera-Chablais», en imaginant que tous les lecteurs allaient suivre et se mettre à lire «24 heures». Le transfert d'un produit médiatique à un autre ne s'est pas fait, le titre a perdu des milliers de lecteurs.

Cette nouvelle alliance permet à Tamedia, qui n'édite plus vraiment de journaux locaux, de réinvestir ce secteur, de contrôler une partie de la concurrence, de faire des écono- mies d'échelle en imprimant ce nouveau titre sur ses rotatives. Le risque entrepreneurial est pris par le nouveau propriétaire, qui peut de son côté s'appuyer sur l'exper- tise et la force d'un grand groupe, qui le prend sous son aile. On peut espérer une formule «win-win».

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