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De la Plante au Médicament : Une Passerelle entre Tradition et Science

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Academic year: 2021

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INTRODUCTION

Il y a des milliers d'années, les produits naturels (plantes, animaux, et minéraux) ont joué un rôle important dans le monde entier dans le traitement et la prévention des maladies humaines. Les vertus thérapeutiques des plantes sont connues depuis la préhistoire. Les hommes apprirent souvent à leurs dépens à distinguer les végétaux toxiques des bénéfiques. Puis ces plantes médicinales, appelées ‘’simples’’, furent séchées et préparées en infusion. Ces méthodes perdurent, quoique marginales, et la phytothérapie, ou soin des maladies par les plantes, est aujourd'hui une discipline à part entière.

Même dans la pharmacopée classique, les plantes restent au coeur de médicaments ; ou du moins, leurs principes actifs, ces molécules sont aptes à corriger les déséquilibres ou les dysfonctionnements dans l'organisme. La plante ne possède souvent qu'un seul principe actif : par exemple, la digitaline pour la Digitale, la morphine pour le Pavot ; ou encore le taxol pour l’If, une molécule active dans le traitement du cancer, découverte récemment. Près de 50 à 60% des produits thérapeutiques commercialisés ont une origine naturelle (Quetin-Leclercq, 2002).

La valeur des systèmes traditionnels est prouvée puisque, selon l'Organisation Mondiale de la Santé, presque 65% de la population mondiale ont incorporé les plantes dans leur modalité primaire de soin de santé (Farnsworth et

coll., 1985).

Ce sont donc ces connaissances ancestrales qui ont permis de constituer la pharmacopée des plantes médicinales, l'arsenal de médicaments que nous

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utilisons. L'essor de la chimie au début du XXe siècle a donné naissance à une autre catégorie de médicaments, sans rapport avec la structure d'une molécule naturelle, ce qu'on appelle les "médicaments de synthèse" par opposition aux "médicaments d'origine naturelle". La recherche aujourd'hui de nouvelles molécules dans le monde naturel, pour leur utilisation en thérapeutique humaine, reste de première importance.

Les objectifs d’utilisation des plantes comme source d’agents thérapeutiques sont : i) l’isolement des composés biologiquement actifs pour une utilisation directe comme médicaments (exemples : digoxine, digitoxine, morphine, réserpine, taxol, vinblastine et vincristine) ; ii) la production des composés biologiquement actifs ayant des structures nouvelles ou connues comme composés principaux de l’hémisynthèse pour produire des entités parentales présentant une activité élevée et/ou une toxicité faible ; iii) l’utilisation des agents en tant qu'outils pharmacologiques (exemples : acide diéthylamide lysergique, mescaline et yohimbine) ; et iv) l’utilisation de la plante entière ou une partie de celle-ci comme remède (Fabricant et Farnsworth, 2001).

En dépit du progrès énorme dans la synthèse organique, beaucoup de sociétés pharmaceutiques, en collaboration avec des centres de recherche, élargissent leurs programmes de recherche-développement (R&D) par le criblage des produits naturels dans l'objectif de découvrir et de développer de nouveaux médicaments. Les objectifs escomptés consistent à traiter les maladies auxquelles les traitements disponibles présentent des limites (cancer, malaria, etc.), à traiter les syndromes récents qui demeurent incurables (SIDA) et à

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remplacer ou potentialiser les molécules qui se sont rendues inefficaces suite au développement de souches résistantes à la thérapie.

Les plantes n'ont d'ailleurs pas fini de nous étonner : sur les 250 000 à 500 000 espèces de plantes supérieures recensées, on suppose qu'environ 35 000 possèdent des propriétés médicinales (Quetin-Leclercq, 2002). Or, jusqu'à présent, seulement 5 000 (6%) ont été évaluées et criblées pour leur activité biologique et 15% ont été évaluées phytochimiquement (Fabricant et Farnsworth, 2001). Au Maroc, plus de 42 000 espèces végétales existent dont près de 600 sont utilisées en médecine traditionnelle (Hmamouchi, 1999).

Par ailleurs, et selon l’Organisation Mondiale de la Santé (1998), les médicaments à base de plantes ont deux caractéristiques spéciales qui les distinguent de médicaments chimiques : l'utilisation de plantes brutes et l'usage prolongé. Une seule plante peut contenir de nombreux constituants naturels et une association de plantes encore davantage.

Les plantes médicinales constituent donc une source importante et inépuisable de médicaments pour le soin de toute l'humanité. Il est bien connu que plusieurs de ces plantes contiennent des composés biologiquement actifs et efficaces, et au moins 25 à 30% de médicaments actuellement utilisés dans la médecine moderne sont dérivés des plantes (Lahlou, 2007). Ces dernières contiennent beaucoup de principes actifs dont l’isolement comporte plusieurs processus compliqués et souvent leur élucidation structurale est difficile. La mise sur le marché ces dernières années d'anticancéreux comme la Navelbine et le Taxol constituent autant d'exemples de substances issues de la "chimie du

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Ce travail s’inscrit dans cette optique et vise les objectifs suivants :

1. Faire le lien entre les connaissances ancestrales souvent empiriques et le développement moderne de la pharmacopée basée sur les méthodes de recherche les plus récentes ;

2. Analyser la place des plantes médicinales dans l'arsenal thérapeutique global dans le passé, le présent et le futur ;

3. Présenter et définir les systèmes de soins naturels : phytothérapie et aromathérapie ;

4. Faire comprendre pourquoi malgré leurs qualités thérapeutiques, les plantes médicinales doivent être utilisées avec la plus grande prudence ; 5. Décrire les approches nécessaires (essentiellement biologiques,

pharmacologiques et cliniques) pour le criblage et la sélection des produits naturels candidats au développement de nouveaux médicaments ; 6. Connaître les différentes origines de médicaments et les différentes voies

d’obtention des molécules actives ;

7. Comprendre comment un médicament est-il découvert ; et comment est-il rendu accessible et devient-il un produit de prescription médicale ;

8. Présenter et discuter le parcours et les différentes étapes menant de la plante (dans la nature) à la découverte, au développement et à la fabrication d’une molécule biologiquement active ;

9. Donner des exemples de médicaments et leurs sources de plantes ; 10. Enfin, avant de conclure ce travail, présenter une discussion générale.

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CHAPITRE 1 : Les produits naturels dans l’arsenal thérapeutique :

passé, présent et futur

I. L'utilisation des plantes : Passé et présent

I.1. Les animaux : les premiers utilisateurs des plantes thérapeutiques L'observation de la façon dont se soignent les animaux fournit des indications précises sur la façon dont se soignaient les hommes primitifs. Ces animaux ont découvert les premières plantes médicinales. C'est la

zoopharmacognosie.

En Tanzanie, certains singes ont l'habitude de consommer à des moments précis les feuilles d'une petite plante aux principes amers du genre Vernonia (Asteraceae) ressemblant à une marguerite. Ils sélectionnent les feuilles en les goûtant sans les détacher. Celles qui conviennent sont avalées sans être mâchées. La plante a été analysée et un composé abondant fut isolé et caractérisé : la thiarubrine-A. Cette molécule est très active vis-à-vis des champignons et des levures. Elle a aussi une action très toxique vis-à-vis des vers intestinaux qui parasitent régulièrement le tube digestif des singes.

Mais un autre fait plus curieux encore retint l'attention des scientifiques : certaines femelles chimpanzés mangent trois fois plus de feuilles de cette plante que leurs congénères mâles. Deux autres molécules furent isolées : les acides

kaurénoïque et grandiflorénique. Testées chez le rat, ces substances stimulent

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momentanée des feuilles de cette plante a conduit les chercheurs à penser que cette marguerite tanzanienne permet aux chimpanzés de réguler leur fertilité.

D'autres espèces animales savent reconnaître les vertus curatives de certaines plantes, et il est probable que l’homme a procédé de même dans les temps anciens et de plus a codifié ce savoir qui a ainsi servi de base à la pharmacopée actuelle (Fouché et coll., 2000).

I.2. Les premières relations hommes-plantes

Dès son apparition, il y a trois millions d'années seulement, L'Homo sapiens a utilisé les plantes à d'autres fins que de la nourriture. Que la plante soit comestible ou toxique, qu'elle serve à tuer le gibier et l'ennemi ou à soigner, l’homme a découvert par une suite d'échecs et de réussite, l'utilisation des plantes pour son bien-être.

Cependant, l’homme n'a découvert les vertus bénéfiques des plantes (vertus thérapeutiques) que par une approche progressive, facilitée par l'organisation des rapports sociaux, en particulier à partir du néolithique (8000 ans av. J.C.) qui voit l'essor de l'agriculture et la sédentarisation.

L'observation liée à l'expérience et la transmission des informations glanées au cours du temps font que certains hommes deviennent capables de poser un diagnostic, de retrouver la plante qui soigne et finalement de guérir le malade.

Toutes les civilisations antiques: mésopotamienne, égyptienne, chinoise, indienne, précolombienne avaient une panoplie de remèdes végétaux

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impressionnante. Ainsi, se constitua au fil du temps une pharmacopée relativement développée (Fouché et coll., 2000 ; Quetin-Leclercq, 2002).

I.3. Les débuts de la médecine chinoise

Dans les civilisations chinoise, indienne (médecine ayurvédique) ou aztèque, on trouve la trace des utilisations médicinales très anciennes.

Le premier livre de la matière médicale, le Shen Nung Ben Cao jing ("Traité des plantes médicinales de l'empereur Shen Nung"), fut rédigé vers 2900 avant J.-C. Ce livre contenait la liste de trois cent soixante-cinq remèdes, par analogie avec les jours de l'année, et se divisait en trois parties :

 120 médicaments inoffensifs, toniques, conservant la santé, conférant résistance et longévité ;

 120 médicaments thérapeutiques à donner aux malades, les uns sans danger, les autres doués d'une certaine toxicité ;

 125 médicaments vénéneux, à n'utiliser qu'avec de grandes précautions. Tous ces médicaments étaient d'origine végétale et étaient répartis dans chaque catégorie en herbes, arbres, fruits, graines et légumes. Plus tard, un supplément fut ajouté à l'ouvrage, avec une liste d'autres remèdes, minéraux et animaux.

Dans le livre originel, chaque plante est décrite avec une certaine précision, mais elle n'est que peu souvent assortie d'une indication thérapeutique précise. L'ouvrage reste muet quant à l'administration des remèdes. Il est probable que

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furent certainement les plus habiles dans le choix et la maîtrise des plantes à action curative (Mukherjee et coll., 2007 ; Patwardhan et coll., 2004).

I.4. Les civilisations sumérienne et égyptienne

4000 ans avant J.-C., les populations babyloniennes et sumériennes utilisaient les plantes pour se soigner : 600 tablettes d'argiles mentionnent 1000 plantes telles que le Pavot, la Mandragore, la Jusquiame pour leurs vertus curatives.

C'est le papyrus Ebers qui nous donne le meilleur aperçu de la médecine égyptienne. Ce papyrus (datant d'environ 1600 av. J.-C.) retrouvé par G. Ebers à Louksor, relate la fabrication de remèdes pour toutes les parties du corps.

Plus de 800 remèdes sont décrits par les Egyptiens, mais la médecine était alors fortement mêlée de pratiques magiques. Certaines plantes sont toujours utilisées aujourd'hui comme sédatifs (Pavot, Jusquiame), purgatifs (Séné), etc. Il y figurait aussi divers ingrédients : sang, os, graisses animales, et des minéraux comme l'ocre (Fouché et coll., 2000).

I.5. Les civilisations grecque et romaine

Les grands médecins grecs, dont le plus célèbre est Hippocrate (5e siècle av. J.-C.), utilisaient couramment les narcotiques, les laxatifs ou des émétiques (vomitifs). Hippocrate jeta les bases de la médecine scientifique, cherchant aux maladies une explication rationnelle et non plus magique.

Théophraste (372-287 av. J.-C.) classa les plantes dans son ouvrage « Historia plantarum». Sa classification ne fut pas améliorée avant la

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Renaissance ; c'est aussi le premier savant à planter son propre jardin botanique. L'œuvre d'Hippocrate fut élargie quelques siècles plus tard par Dioscoride. Il inventoria plus de cinq cents drogues dans un traité écrit en grec en 77 après J.-C. Cet ouvrage ne décrit pas seulement l’usage de ces drogues, mais aussi les doses, les modes de préparation, de conservation, etc. Il fut traduit en latin au XVe siècle, sous le titre de « De materia medica » ; cinquante-quatre plantes figurent toujours parmi la liste des plantes médicinales essentielles établie en 1978 par l'OMS.

Le texte grec fut traduit en arabe et persan et servit de base aux herbiers musulmans plus tard. Le traité fut largement utilisé en Occident dans sa traduction latine. Galien (129 à 199 apr. J.-C.), médecin et grand voyageur, est le "père" de l'allopathie (médecine par les contraires), décrit avec plus de détails le mode de préparation de ces « médicaments ». À cette époque, on recherchait plutôt le remède universel en mélangeant un grand nombre de médicaments. Sous Néron, la fameuse Thériaque n'en comportait pas moins d'une centaine. Ce sont les médecins grecs puis romains du 1er siècle de notre ère (Celse, Pline l'Ancien) qui transmirent à l'Occident la connaissance des plantes.

Pendant la période troublée qui suit le démembrement de l'Empire Romain (5e siècle apr. J.-C.), les milieux religieux sont restés les détenteurs de la médecine gréco-latine et ont préservé, dans les monastères, la culture des plantes médicinales et leurs usages (capitulaires de Charlemagne vers 800 apr. J.-C., création au 11ème siècle de l’école médicale de Salerne où furent écrits différents ouvrages dont le « Flos medicinae » qui mentionne 100 drogues importantes) (Fouché et coll., 2000).

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I.6. La civilisation arabe

A l'apogée de l'empire arabe (dont les frontières allaient de l'Inde à l'Espagne), tous les documents écrits furent réunis à Bagdad dans la plus grande bibliothèque de l'époque (entre le 7e et 9e siècle).

C'est au 9e siècle seulement, qu'une équipe de traducteurs révisa les documents grecs pour en produire des versions plus précises en arabe. Les Arabes avaient aussi leurs spécialistes en médecine et en pharmacie : Abu Bakr al-Razi ou Rhazès (865-925), persan d'origine, fut l'un des grands médecins de son temps et aussi le précurseur de la psychothérapie. Il fut suivi par Ibn Sina ou Avicenne (980-1037) qui écrivit à Téhéran une œuvre qui s'intitule Canon de la

médecine. Il reprit et compila les doctrines d'Hippocrate et de Galien. Ce livre

servira de base à l'enseignement de la médecine dans les universités de Louvain et de Montpellier jusqu'au environ 1650.

Mais le plus grand d'entre eux fut sans aucun doute Ibn al Baytar (1197-1248), père de la pharmacognosie. Né à Malaga, il émigra en Orient où il rédigea le très complet Somme (ou Traité) des Simples (Jamii al Mufradat). Ce livre contenait une liste de 1500 préparations et plantes médicinales dont un millier était connu des auteurs grecs (Bellakhdar, 1998).

Ce sont les Arabes qui donnèrent à la pharmacie son caractère scientifique. Les traditions pharmaceutiques arabes passèrent en Europe et influencèrent profondément les grandes universités de l'époque du 9e siècle.

Il est important de signaler que le Prophète Sidna Mohamed avait conseillé plus de 37 plantes médicinales pour la thérapeutique dont la Nigelle.

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I.7. L'Europe du Moyen-âge

Dans l'Europe du Moyen-âge, la pharmacopée, les superstitions et la magie s'entremêlent inextricablement.

La médecine monastique est interdite par différents conciles. Malgré cette interdiction, les monastères gardaient les traditions médicales de l'Antiquité et entretenaient des jardins de plantes médicinales ("les simples").

Les grandes écoles médicales de Salerne et de Montpellier, influencées par les Arabes, vont être les principales sources d'information ayant trait à la pharmacie durant les 13e et 14e siècles. C'est au 13e siècle qu'apparaissent en Europe les premières boutiques d'apothicaires, auxquels Saint Louis donne, en 1258, un statut pour la préparation et la vente de médicaments. La médecine est encore proche de la botanique, et c'est à cette époque que Montpellier devint le premier centre botanique de l'Europe.

Cependant trop mêlée à la sorcellerie et au charlatanisme, la connaissance médicale n'a guère progressé durant toute l'époque médiévale : l'alchimie règne alors sur l'Occident et l'on recherche l'or, la pierre philosophale, l'élixir universel. On soigne avec des extraits végétaux, mais aussi avec des organes d'animaux étranges ou venimeux, de l'urine, des pierres précieuses, de la terre sigillée (argile spéciale de l'île de Lemnos), etc. (Fouché et coll., 2000).

I.8. L'Europe de la renaissance et après...

Aux 16e et 17e siècles, de nouveaux médicaments issus du thé, du café, du cacao, etc., introduits en Europe à la suite de la découverte de la route maritime

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des Indes et de l'Amérique firent leur entrée en thérapeutique, parfois, comme le Quinquina et l'Ipéca sous forme de "remèdes secrets".

C'est durant cette période que Paracelse (1493-1541), de son vrai nom Théophraste Bombast von Hohenheim, un médecin suisse, marque le début de la pharmacie expérimentale en introduisant les premières notions de spécificité et de principes actifs dans sa « théorie des signatures ». Cette théorie est fondée sur la croyance que l'aspect et la couleur des plantes sont en rapport avec leurs propriétés médicinales. Ainsi, la chélidoine (Chelidonium majus, Papavéracée), dont le latex jaune ferait penser à la bile, était utilisée pour combattre les affections hépatiques et biliaires. Les recherches ont montré que la chélidoine contient des alcaloïdes à noyau tétrahydroisoquinoléinique (chélidonine, sanguinarine, berbérine, ...) à actions spasmolytique et cholagogue, mais aussi cytotoxiques, antibactériennes et antivirales in vitro. La plante est utilisée à faibles doses pour traiter les crampes du système biliaire et gastro-intestinal en Allemagne par exemple, mais, en Belgique, on n'utilise que le latex en usage externe pour traiter les verrues (Quetin-Leclercq, 2002).

Paracelse prend le contre-pied de Galien et crée la médecine par les semblables qui sera institutionnalisée ultérieurement par Hahnemaner. Ce dernier préconisera l'utilisation de dilutions et de dynamisation de "teintures mères" (homéopathie).

En 1777, les apothicaires furent, en France, officiellement séparés des épiciers par une ordonnance royale fondant le Collège de Pharmacie.

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Le 19e siècle est considéré comme le grand siècle de l'essor de la médecine et de la pharmacie. De nombreux principes actifs sont isolés des végétaux dont les structures ne seront déterminées que plus tard, tels des alcaloïdes : morphine (1805), strychnine et quinine (1818 et 1820), codéine, cocaïne, colchicine, etc., et des hétérosides : digitaline (1868), ouabaïne, etc.

En même temps, la physiologie progresse notablement à la suite des travaux de Claude Bernard (1813-1878) (curares) qui introduit les essais pharmacologiques et l’étude des relations structures -activités. Les travaux d'Eijkman et Funk sur une maladie par carence, le béribéri, sont à l'origine de la vitaminothérapie. Le développement de la chimie permet aussi de grands progrès en médecine : découverte du phénol et du chloral ; synthèse de l'aspirine, des salicylates, etc. (Fouché et coll., 2000).

I.9. De nos jours

L'information ethnomédicale peut être acquise à partir de diverses sources, comme des livres sur la botanique médicale et les herbes, des articles synoptiques ou des revues bibliographiques ; des notes placées sur des spécimens d'herbier par le botaniste au moment de la collecte, des travaux sur le terrain et des bases de données informatisées (Fabricant et Farnsworth, 2001).

La médecine moderne admise actuellement (ou allopathie) s'est graduellement développée au cours des années par les scientifiques et leurs efforts d'observation. Cependant, la base de son développement demeure enracinée dans la médecine traditionnelle et les thérapies. Néanmoins, la sagesse

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antique a été la base de la médecine moderne et demeurera une source importante de la médecine future et des thérapeutiques.

Selon Dankoure (2005), l’engouement d’utilisation des plantes actuellement s’explique par cinq raisons :

 La première est un constat historique. La médecine traditionnelle fait partie intégrante, depuis les origines, du patrimoine socioculturel et son utilité a toujours été reconnue par les populations pour régler certains problèmes de santé ;

 La seconde raison est un constat économique lié à la pauvreté des populations défavorisées, hélas majoritaire, lesquelles éprouvent de plus en plus des difficultés à faire face au coût de médicaments chimiques (de synthèse) ;

 La troisième raison est liée au fait que certains patients soient déçus par les résultats de la médecine allopathique surtout pour les maladies chroniques ;

 La quatrième raison est un constat de croyance selon lequel tout ce qui est naturel ne peut être que bénéfique pour la santé et dénué d’effets secondaires indésirables ;

 La cinquième raison est un constat scientifique. Certaines vertus thérapeutiques des plantes médicinales peuvent être abordées de façon traditionnelle et scientifique. La médecine traditionnelle offre dans ce sens des voies de recherche importantes et enrichissantes.

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II. L'apparition de la systématique des plantes

Les anciens se consacrent peu à la description des plantes. Ces dernières sont toujours décrites sous des formes approximatives. Après celle de Salerne, c'est l'Université de Montpellier (13e siècle) qui prend le relais dans la diffusion des connaissances médicales et devient la capitale de la botanique d'où vont sortir la plupart des célèbres botanistes de l'époque (Fouché et coll., 2000).

L'un des premiers fut Charles de Lécluse dit Clusius (1526-1609). Clusius décrivit plusieurs milliers de végétaux en donnant une description précise de chaque plante récoltée (racine, tige, feuille, fleur, fruit). Il marqua ainsi une étape fondamentale dans la classification des plantes. À cette époque, les noms donnés aux plantes étaient formés par une périphrase en latin (dénomination polynomiale).

Ses successeurs vont essayer de classer les végétaux plus efficacement: - Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708) systématise le concept de "genre" qui permet de regrouper les espèces qui se ressemblent. Il limite les descriptions de l'espèce à quelques mots placés derrière le nom de genre. Il essaya de classer les végétaux sur la base de la corolle, mais ce système échoua, car il ne prenait en compte qu'un seul caractère.

- Carl von Linné (1707-1778) systématise l'utilisation de la dénomination binomiale (le nom de genre est suivi d'un épithète qui caractérise l'espèce). Il classa les plantes selon leurs organes sexuels. Il publia en 1753 le célèbre

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- Antoine Laurent de Jussieu (1748-1826) établit les grands principes de la classification et, de ce fait, il est considéré le père de la botanique systématique : il a proposé la première classification naturelle en regroupant les genres en familles, puis les familles en ordres et en classes.

Le système binomial permet aujourd'hui de nommer et de classer près de 270 000 plantes à fleurs.

III. Les produits naturels, demeurent-ils une importante source pour la recherche de médicaments de demain?

Depuis toujours les plantes ont constitué la source majeure de médicaments grâce à la richesse de ce qu'on appelle le métabolisme secondaire. Celui-ci produit des molécules variées, à structure chimique souvent complexe, permettant aux plantes de contrôler leur environnement animal et végétal.

Parmi les milliers de molécules produites par ce métabolisme (alcaloïdes, flavonoïdes, composés phénoliques, saponines, …), l’homme sélectionne celles qui lui permettent de se défendre contre les agressions d'autres organismes vivants pathogènes (champignons, bactéries, virus...) et de corriger ses troubles métaboliques.

L’homme a inventorié près de 270 000 espèces végétales et on estime entre 250 000 et 500 000 espèces de plantes vivant sur la planète. Le plus grand nombre d'entre elles vit dans les forêts tropicales et équatoriales (Rasoanaiva et Ratsimamanga-Urverg, 1993). Or, jusqu’à nos jours, seulement un faible pourcentage (15%) de ces plantes qui ont été étudiées de point de vue

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phytochimique et pharmacologique. De ce fait, ces forêts recèleraient plusieurs autres molécules biologiquement actives à découvrir.

Sur le plan scientifique, il est connu que les produits naturels présentent une variété dans la structure chimique, une diversité moléculaire et une fonctionnalité biologique qui sont indispensables pour la découverte de médicaments.

A l'heure actuelle, les plantes sont encore le premier réservoir de nouveaux médicaments grâce à leur diversité moléculaire et leur fonction biologique. Elles possèdent en plus de la stéréospécificité, un grand nombre de centres chiraux et des chémotypes (cas des huiles essentielles) par rapport aux produits de synthèse. L’exploitation des données de bases relatives aux structures chimiques comportant plusieurs variétés de chémotypes, en concertation avec celles relatives aux gènes et aux protéines cibles, va sûrement faciliter la création de nouvelles entités chimiques à travers le calcul pour la modélisation moléculaire pour une évaluation pharmacologique (Littleton, 2007 ; Nisbet et Moore, 1997).

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CHAPITRE 2 : Phytothérapie/Aromathérapie

I. Phytothérapie I.1. Définitions

a. Phytothérapie

La Phytothérapie, du mot grec "Phuton" plante et "Therapeia" traitement, signifie traitement par les plantes. Elle est définie comme étant l’emploi de plantes ou de substances végétales pour traiter des maladies. C’est l’ensemble des soins thérapeutiques faisant directement appel aux drogues d’origine végétale (Hmamouchi, 1999).

b. Plantes médicinales

La Xème édition de la Pharmacopée Française stipule que les plantes médicinales sont des drogues végétales au sens de la Pharmacopée Européenne (1433) dont au moins une partie possède des propriétés médicamenteuses.

Selon Boullard (2003), une plante médicinale étant tout végétal dont l’un des organes possède une activité pharmacologique pouvant conduire à des usages thérapeutiques.

I.2. Histoire et popularité

La phytothérapie existe depuis la préhistoire. Les hommes de Neandertal étaient inhumés avec des plantes dont on sait maintenant qu’elles ont des propriétés médicinales. Les premiers peuples ont probablement découvert ces

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propriétés de façon empirique au cours des siècles et, à chaque génération, ils ont ainsi accumulé des connaissances sur les plantes médicinales. Ces connaissances continuent de s’accroître aujourd’hui dans les régions du monde où les cultures indigènes ont échappé à l’influence destructrice de la société moderne.

Dans d’autres pays, l’information sur les plantes a été mise par écrit et organisée sous forme de longs textes appelés ‘’pharmacopées’’, qui expliquaient le mode de préparation de chaque plante et son emploi pour un traitement donné.

Les savoirs thérapeutiques utilisant les plantes se transmettent dans toute la planète de générations en générations et même à travers les civilisations. Les connaissances traditionnelles serviront de puissants moteurs de recherche de nouveaux médicaments (Patwardhan et coll., 2004).

Par son action en douceur et en profondeur, la phytothérapie apparaît comme la réponse idéale aux maladies qui caractérisent notre société actuelle, comme le stress, l’insomnie, la dépression et l’obésité.

Pour cela, la phytothérapie agit en profondeur, sans agresser l’organisme et en stimulant ses défenses plutôt que de se substituer à elles. Il en résulte une action plus efficace, durable et surtout dépourvue d’effets secondaires (à condition que les modes d’utilisation sont bien respectés).

On compare souvent les médicaments "classiques" à la phytothérapie. II y a pourtant une place pour chacun d’eux dans l’arsenal thérapeutique dont nous disposons aujourd’hui. S’il est vrai que la pharmacie "classique" a occupé pendant près d’un siècle le devant de la scène du fait des excellents résultats

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qu’elle a permis d’obtenir, elle a pourtant peu à peu laissé apparaître des effets secondaires indésirables, parfois même néfastes.

Aujourd’hui, les progrès de la science ouvrent de nouveaux horizons pour la phytothérapie. De nouvelles méthodes d’analyse sont apparues pour connaître et identifier les principes actifs issus des plantes ; en plus de la découverte de nouvelles propriétés et formes de leurs utilisations pratiques adaptées aux besoins de la vie actuelle.

Les plantes médicinales suscitent un certain intérêt pour plusieurs raisons, notamment parce que nous croyons, comme nos ancêtres, qu’elles peuvent nous permettre de nous maintenir en meilleure santé.

I.3. Empirisme et tradition

Pendant des millénaires, l'usage pratique des plantes fut la seule voie de progrès thérapeutique, et toutes les connaissances acquises au cours des siècles, sans réelle approche théorique ni compréhension du mode d'action des plantes, constituent les données empiriques de la tradition.

L'usage quotidien des plantes a permis d'observer un grand nombre de leurs effets que la science actuelle reconnaît comme bien réels. Par exemple, les propriétés calmantes de l'opium issu du Pavot, étaient connues 4000 ans avant qu'on apprenne à en extraire la morphine qui reste l'un des antalgiques majeurs en cancérologie. Toutes ces connaissances longtemps restées empiriques, et que le progrès des sciences modernes a rendu plus rigoureuses, témoignent de la pérennité de la phytothérapie.

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Ainsi, la médecine par les plantes est riche en enseignements grâce à la mine inépuisable des observations accumulées siècle après siècle. D'ailleurs, les grandes sociétés pharmaceutiques ne s'y sont pas trompées. Dans leur quête de la molécule nouvelle, leurs recherches s'orientent vers les substances végétales ou d'autres produits utilisés par les médecines traditionnelles.

I.4. Herboristes et phytothérapeutes

Il existe plusieurs catégories de professionnels formés dans l’emploi des phytothérapies. Bien que ces qualifications revêtent une certaine importance, il est tout aussi important de trouver un praticien en qui le patient a confiance et qui a une longue expérience en matière de traitement des personnes soufrant d’une maladie.

On appelle souvent phytothérapeutes les personnes qui se spécialisent dans le phytothérapie. En matière d’herboristerie, il existe de nombreuses traditions. En général, il n’existe aucune formation standard, mais certaines organisations établissent des normes pour leurs membres. Il existe différentes appellations pour désigner les divers types de formation s’adressant aux phytothérapeutes, et ces termes peuvent se recouper. On peut trouver : consultant en phytothérapie (consultant herbalist), phytothérapeute agréé (chartered herbalist), phytothérapeute clinique (clinical herbalist), maître phytothérapeute (master herbalist) et puis docteur en naturopathie. L’appellation britannique NIMH (National Institute of Medical Herbalists) correspond au plus haut niveau qu’un phytothérapeute puisse atteindre dans les pays anglophones.

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I.5. Les formes d’utilisation des plantes

Il s’agit de plantes ou de produits dérivés de plantes qui sont utilisés pour prévenir ou traiter les maladies. On emploie également les termes phytothérapie, préparation d’herboristerie et remède phytothérapeutique. Plusieurs plantes ont des propriétés médicinales; de ce fait, plusieurs médicaments pharmaceutiques ont été dérivés de plantes. D’ordinaire, pour préparer les plantes médicinales, on en broie ou en fait infuser les parties qui ont la réputation de renfermer les propriétés médicinales (le ou les principes actifs). Les remèdes qui en découlent prennent plusieurs formes, notamment des comprimés, des capsules, des extraits et des infusions. On peut les manger (mixtures), les avaler, les inhaler ou les appliquer sur la peau.

Les formes d’utilisation des PMA sont donc très nombreuses et dépendent à la fois des habitudes des guérisseurs prescripteurs et des voies d’introduction justifiées par les maladies à traiter. L’action des PMA ne dépend pas seulement de leurs propriétés et de leurs qualités mais également de la manière dont elles sont appliquées.

Afin de mettre en valeur les propriétés thérapeutiques d’une plante médicinale, on distingue quatre groupes dans la manière de son utilisation : la plante en nature, la forme galénique proprement dite pour la préparation de médicaments, le principe actif isolé et la forme galénique utilisée en cosmétologie (Jacob, 1981) .

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I.5.1. La plante en nature

La plante en nature constitue le moyen le plus simple et le plus ancien de l’utilisation des végétaux en thérapeutique.

I.5.2. La forme galénique proprement dite pour la préparation de médicaments

Elle constitue toute préparation médicamenteuse, tendant à modifier plus ou moins profondément une matière première, une drogue, afin de lui donner une possibilité d’utilisation thérapeutique plus rationnelle avec ce que cela comporte, à savoir garantie de qualité, dosage précis et contrôle.

Pour les plantes pharmaceutiques, les formes galéniques qui en découlent directement sont essentiellement les teintures, les extraits (tisanes : infusion, décoction, macération), les poudres, les hydrolats, les essences (véhicules médicamenteux), les alcoolats, les sirops aromatiques ou non aromatiques. Ces formes galéniques entrent dans la formulation de comprimés, de potions, de sirops, de suppositoires, de pommades, réalisés aussi bien à l’officine qu’en milieu hospitalier.

I.5.3. Le principe actif isolé

Certains des principes actifs isolés des plantes médicinales ne sont pas reproductibles par synthèse chimique, et même lorsque celle-ci est possible, le prix de revient est parfois plus élevé que l’extraction à partir du végétal (cas de la digitoxine extraite à partir de la Digitale laineuse).

(24)

Dans le cas des substances peu ou pas actives, elles sont utilisées en tant que précurseurs pour l’hémisynthèse de certaines molécules.

L’emploi de principes actifs isolés présente certains avantages sur la plante entière, en particulier au niveau analytique où l’identification et le dosage sont plus précis, ou au plan thérapeutique dans des traitements d’urgence par exemple.

I.5.4. La forme galénique utilisée en cosmétologie

Les formes d’utilisation des végétaux dans ce secteur sont véritablement adaptées aux préparations cosmétiques, telles que les lotions, les laits, les shampoings et les crèmes divers.

Les composés végétaux susceptibles d’être employés dans des préparations cosmétiques se présentent sous divers aspects mentionnés auparavant, tels que les essences et les hydrolats notamment.

Quant aux extraits végétaux retenus pour l’élaboration de ces préparations, ils correspondent à des extractions spéciales qui tiennent compte de la nature des principes actifs, de leur solubilité dans un solvant, mais aussi des excipients de la préparation finale afin d’être parfaitement compatibles. La tolérance de ces extraits sur la peau ou les muqueuses doit être bonne.

L’activité recherchée de ces composés sur les téguments est multiple et l’on considère généralement :

- Les astringents qui sont aussi vasoconstricteurs et décongestionnants, actifs notamment par leur richesse en tanins ;

(25)

- Les émollients, adoucissants grâce aux mucilages à action antiinflammatoire ;

- Les cicatrisants ;

- Les stimulants métaboliques.

I.6. La phytothérapie face à l'évolution médicale

Parmi toutes les espèces végétales qui poussent sur la surface du globe, quelques centaines seulement sont employées couramment aujourd'hui en médecine traditionnelle. Elles ont toutes une activité pharmacologique reconnue et constituent un réservoir de matières premières à l’origine de presque la moitié des spécialités pharmaceutiques classiques.

Par exemple, dans le domaine des cardiotoniques, la Digitaline demeure irremplaçable. L'écorce de Saule qui contient la salicyline est l'ancêtre de notre aspirine (= acide acétyle salicylique). Les alcaloïdes de la Pervenche entrent dans la composition de plusieurs médicaments anticancéreux et on pourrait ainsi multiplier les exemples. Depuis les tisanes des peuples primitifs ou, plus proches de nous, celles de nos "grands-mères", le savoir sur la phytothérapie a beaucoup évolué tant en ce qui concerne les connaissances sur la structure et la pharmacologie des plantes que de certains de leurs effets.

I.7. La chimiothérapie face à la phytothérapie

Les percées des connaissances chimiques, physiques et physiologiques ont permis l'explosion scientifique du 19ème siècle. La mise en évidence des principes actifs des végétaux et leur extraction furent alors possibles permettant

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de confirmer l'activité des plantes, et la justesse d’un certain nombre d'observations empiriques des anciens. C'est ainsi que de la Belladone on a extrait l'atropine, du Colchique la colchicine, du Thé la théophylline, du Quinquina la quinine, de la Digitale la digitaline. La liste de telles substances est bien longue et ouverte (Voir tableaux 1,2 et 3 - chapitre 3).

Rapidement, on a démontré que chaque plante renferme de très nombreux constituants. Pour un certain nombre d'entre elles, on a aussi mieux cerné les propriétés de leurs principes actifs majoritaires, et également mis en évidence la puissance de leur activité. Ces principes, tels les alcaloïdes ou les hétérosides, engendrent souvent des effets violents, parfois difficiles à maîtriser. Les progrès de la recherche chimique se sont alors attachés à renforcer leur activité dominante tout en s'efforçant de réduire ou de supprimer leurs actions secondaires.

Dans la course à l'efficacité immédiate, souvent spectaculaire, on pense ainsi gagner en puissance et en précision. Recherchant une action exclusive et massive sur une fonction donnée, on s'efforce de trouver la molécule spécifique. Une telle approche a été à l'origine de grands succès thérapeutiques. Mais bientôt de nombreux problèmes surgirent et amenèrent la médecine dans la crise importante qu'elle connaît, dans sa confrontation aux problèmes de résistance aux traitements, à la pathologie iatrogène, aux rechutes ou aux maladies chroniques ou dégénératives.

L'approche analytique qui a guidé toutes les recherches a amené obligatoirement à négliger peu à peu la vue d'ensemble des problèmes. De même qu'on a isolé le principe actif majoritaire de multiples constituants de la plante,

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on a isolé les multiples organes et fonctions de l'organisme sans véritablement les relier entre eux. Ce faisant, on perd la vision d'ensemble, et on aboutit au "morcellement du malade".

Ainsi l'action globale des végétaux, liée justement à leur composition complexe, fut laissée rapidement de côté au profit de l'action ponctuelle et massive du médicament chimique aux effets apparemment plus faciles à contrôler. Et la fabrication au laboratoire d'une molécule standardisée bien définie, fut-elle préférée à l'extraction du principe actif de la plante ayant une action similaire.

Les effets de tels remèdes chimiques, à activité ponctuelle souvent spectaculaire, paraissant capables d'assurer à tous coups une guérison rapide, expliquent que la recherche médicale se dirigea dans cette voie des thérapeutiques de synthèse. Ce d'autant plus que les impératifs économiques (productivité) s'accordaient bien à une telle vision des choses. L'industrie pharmaceutique et le monde médical tout entier s'engagèrent alors dans cette direction qui déboucha sur la généralisation des traitements symptomatiques. Le but principal de la médecine consista alors à faire disparaître les signes apparents de la maladie sans en rechercher la cause véritable.

Le déclin du remède phytothérapique au bénéfice du médicament de synthèse apparaissait inéluctable, fondamentalement lié à la difficulté de la maîtrise des multiples effets de la plante médicinale. Son action beaucoup moins massive et moins reproductible aux doses auxquelles il est prescrit prêchait en faveur du seul remède chimique. Sa toxicité qui apparaît très vite avec

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l'augmentation des doses, rendait son maniement délicat et moins fiable qu'un remède standardisé (Sellam, 1993).

I.8. Renouveau de la phytothérapie

Depuis le début du siècle, les nouvelles techniques ont permis d'extraire de nombreux principes actifs, et de mettre en évidence les propriétés pharmacologiques des plantes. Mais ces recherches n'ont pas débouché sur la réintroduction de l'usage des plantes en médecine. C'est seulement grâce à la ferveur et au travail considérable de quelques médecins et pharmaciens de ville qu'une véritable reconsidération de la phytothérapie a été possible.

La recherche réellement clinique a pu être menée, depuis plus de vingt ans, grâce aux nombreux travaux réalisés au sein des sociétés de phytothérapie et d'aromathérapie. Elle trouve son aboutissement dans une nouvelle approche de la plante médicinale, approche qui s'efforce de redéfinir son utilisation médicale dans une vision synthétique partant des données de la tradition confrontées aux connaissances pharmacologiques modernes.

L'évolution récente de la phytothérapie clinique permet ainsi d'envisager trois niveaux d'approches dans l'utilisation des plantes médicinales: un niveau empirique, un niveau pharmacognosique et un niveau clinique.

Cette évolution scientifique est à même d'apporter une réponse cohérente à l'intérêt actuel du public pour la nature en lui apportant des solutions sérieuses et non illusoires ou charlatanesques. Si le malade a pris conscience qu'il n'était pas un simple organe isolé mais un tout, encore faut-il que ce qui lui est proposé réponde à des certitudes qui relèvent de la science et non de la seule croyance

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dans "le merveilleux et magique pouvoir des plantes". S'il recherche une médecine globale, une médecine de la personne, une médecine de l’homme total, encore faut-il que la réponse qui lui est apporté s'inscrive dans une cohérence qui soit en accord avec les données de la science moderne.

I.9. Toxicité des plantes

Les plantes et leurs dérivés n’échappent pas aux mécanismes d’action de médicaments. Les effets secondaires immédiats sont liés, avec ou sans dose excessive, à leurs actions directes sur les glandes ou sur certains axes physiologiques (Lahlou, 2001b).

Mal dosées ou utilisées à mauvais escient, les PMA peuvent être nocives et provoquer des troubles sévères. Certaines peuvent même être toxiques pour l’homme, comme par exemple le Chardon à glu, la Belladone, le Harmel, la Datura, l’Ěphédra, l’Aconit, la Coloquinthe, le Laurier rose et la Digitale (jaune/pourpre) (Bruneton, 1996).

Lorsqu’on respecte les contre-indications des plantes ainsi que leurs contres associations, lorsqu’on les utilise à des doses thérapeutiques convenables, lorsqu’on les adapte au terrain neuroendocrinien du malade ; les plantes sont dénuées d’effets secondaires et de toxicité. Elles ne manifestent leur totale et remarquable action thérapeutique que lorsque ces impératifs sont respectés.

Les effets toxiques des plantes peuvent être divisés en des effets intrinsèques (liés aux constituants de la plante) et d’autres extrinsèques (liés aux processus de préparation ou de commercialisation de la plante). Comme pour les médicaments, les effets intrinsèques peuvent être classés en catégorie A

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(prévisibles et dose-dépendants, sont y compris les interactions avec les médicaments associés) et B (imprévisibles et idiosyncrasiques).

Le principal problème qui peut être rencontré suite à l’usage d’une plante médicinale est généralement l’exagération du mécanisme d’action principal qui est dose dépendante. C’est donc la variabilité de la teneur en principes toxiques d’une plante médicinale qui est le principal facteur de sa toxicité (Dankoure, 2005).

L’étude de la toxicologie des plantes médicinales reste en retard par rapport à l’avancement de la phytothérapie. L’action pharmacologique entière est très complexe et résulte de la synergie des actions de l’ensemble des composants de la plante.

La toxicité des PMA varie d’une espèce végétale à l’autre selon la nature du (des) principe(s) toxique(s), le mode de préparation du remède, la posologie et l’état de la drogue végétale. Pour une même espèce végétale, la toxicité varie également en fonction de la partie de la plante utilisée, du stade de développement, du milieu, de la répartition, du mode d’intoxication, de la quantité de ou des principes toxiques absorbés par voie générale, de l’âge de la personne intoxiquée, de la susceptibilité individuelle, etc.

De ce fait, il est nécessaire d’assurer l’information du public sur les risques de l’utilisation non contrôlée de ces plantes. C’est donc la dose qui fait le poison et c’est elle qui juste différencie le poison du remède.

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II. Aromathérapie II.1. Définition

L’aromathérapie (étym. : lat. "aroma", grec "arôma" = arôme; grec "therapeia" = soin, cure) est l'utilisation médicale et thérapeutique des extraits aromatiques de plantes (essences ou huiles essentielles) pour améliorer notre bien être physique, mental, émotionnel, et spirituel ainsi que notre beauté. Cela la différencie de la phytothérapie qui fait usage de l'ensemble des éléments d'une plante.

Autrement dit, l’aromathérapie est une méthode de soin qui utilise les huiles essentielles extraites des plantes aromatiques pour prévenir ou soigner certaines maladies. C’est une branche de la phytothérapie ou médecine par les plantes. Son action principale est la stimulation des défenses naturelles de l’organisme.

II.2. Historique

L’histoire de l’utilisation des huiles essentielles remonte à environ 3000 ans avant J.C. On retrouve des traces de leur utilisation dans toutes les civilisations et sur les 5 continents. Elles sont depuis toujours appréciées pour leurs vertus bienfaisantes, antiseptiques et cosmétiques ainsi que pour leurs parfums (Bouhours, 1990).

Dans l'histoire de la médecine, au moins jusqu'au XVIe siècle, l'histoire de l'aromathérapie se confond en grande partie avec celle de la phytothérapie. Les

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plantes, dans leur ensemble, constituaient la base de la pharmacopée des civilisations antiques.

Si l'on retrouve les traces des méthodes de distillation ou d'extraction, en Chine ou en Inde, datant de plusieurs millénaires, c'est en Égypte que leur utilisation est avérée. En Grèce, les écrits de Dioscoride font référence à l'utilisation d'extraits aromatiques. Les Romains les utiliseront aussi sous forme d'onguent gras.

Au Xe siècle, on attribue au médecin alchimiste arabe Jabir Ibn Hayyan l'invention de l'alambic. Les procédés d'extractions s'amélioreront par la suite, les pharmacopées les utilisent surtout après le XVIe siècle. C'est à partir du XIXe siècle, que l'on commencera à isoler et classifier les principes actifs des molécules odoriférantes, ce qui permettra leur utilisation spécifique.

Dans les années 1920, le chimiste français René Maurice Gattefossé qui faisait des recherches en parfumerie, se brûla grièvement les mains. Il les plongea dans un récipient d'huile essentielle de lavande et fut immédiatement soulagé, puis constata une guérison rapide de ses brûlures. Dès lors, il consacra ses recherches aux propriétés des huiles essentielles. Il est à l'origine du néologisme aromathérapie, depuis devenu mot courant. Dans les années 1960, le Docteur Jean Valnet reprit les travaux de Gattefossé et publia des ouvrages de référence.

Ils sont considérés comme les pères de l'aromathérapie moderne. Par la suite, Pierre Franchomme, avec la notion du chémotype contribue à l'amélioration de la qualité des extraits utilisés.

(33)

À la fin du XXe siècle, au même titre que l'ensemble de la pharmacognosie, l'aromathérapie bénéficie de l'avancée des méthodes d'analyses, en particulier de la chromatographie. La distinction précise des composés aromatiques permet à la médecine de mieux appréhender leurs mécanismes d'action, et d'affiner leur prescription. À l'avenir, les recherches de nouvelles molécules actives ont toutes les chances de faire encore appel aux extraits aromatiques de plantes.

Parallèlement à ces avancées scientifiques, l'aromathérapie traditionnelle tient toujours une grande place parmi les médecines non conventionnelles, ou est utilisée en complément de traitement. Elle est toujours très présente dans le grand public.

Ainsi l'aromathérapie s'imposa comme l'une des thérapies les plus performantes en matière de santé mais aussi de beauté, d'esthétique par les soins naturels qu'elle prodigue à notre peau et à notre corps. Elle est fondée sur des huiles essentielles, huiles sans corps gras, destinées à rééquilibrer physiquement et psychiquement l'individu.

II.3. Huiles essentielles II.3.1. Définition

Les huiles essentielles (HE) (ou huiles volatiles, essences ou essences aromatiques) sont des substances odorantes et volatiles non grasses extraites à partir des plantes aromatiques. Elles sont constituées d’un mélange souvent complexe de molécules organiques et sont utilisées en parfumerie, en cosmétique, en phytothérapie, en aromathérapie, en nutrition et comme épices (Lahlou, 2004b).

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II.3.2. Extraction

Les HE sont essentiellement obtenues par les méthodes suivantes (Dung et Thang, 2005a) :

- Hydrodistillation : Méthode qui consiste à charger dans la cuve d’un alambic la matière végétale à traiter dans un volume d’eau égal au double ou au triple de son poids. L’ensemble est chauffé pour l’obtention des HE ;

- Hydrodiffusion : Durant laquelle le matériel végétal est soumis à une faible pression ( 0,1 bar) pour l’entraînement de la fraction volatile de la plante suite à une action osmotique ;

- Distillation par entraînement à la vapeur d’eau : Le matériel végétal est extrait directement à la vapeur d’eau ;

- Expression du péricarpe (ou pression sous froid) : Méthode utilisée principalement pour l’extraction des essences à partir des zestes des agrumes (Rutaceae) ;

- Extraction par le CO2 liquide : Il s’agit d’un solvant non polaire. Les extraits obtenus par cette méthode couvrent un large spectre de volatilité, ce qui confère aux huiles obtenues un caractère absolu ; - Micro-ondes : Cette technique consiste à l’immersion de la matière

végétale dans un solvant transparent au rayonnement micro-onde. Le chauffage de l’eau contenu dans le matériel végétal le distend, fait éclater les glandes ou réceptacles oléifères. Ce processus libère ainsi

(35)

les liquides organiques qui se dispersent et sont solubilisés dans le solvant utilisé (Collin et coll., 1991).

II.3.3. Analyse chimique

Généralement, l’analyse chimique des HE est effectuée à l’aide des méthodes chromatographiques comme la Chromatographie en Phase Gazeuse (CPG), la Chromatographie Liquide à Haute Performance (HPLC) et la Chromatographie Fluide Supercritique (CFS) ; en plus du couplage entre la CPG/SM, la CPG/RMN et l’HPLC/SM (Dung et Thang, 2005b ; Singh et Marimuthu, 2005).

L'avantage de ces techniques est de fournir de plus amples informations sur la structure des composés des HE à séparer et, souvent, l'identification est possible.

II.3.4. Composition chimique

Les HE constituent des mélanges complexes de plus de 300 constituants et composés qui peuvent être groupés en deux fractions : une fraction volatile et un résidu non volatil (Dung et Thang, 2005a).

Les fractions volatiles constituent 90 à 95% de l’ensemble de l’huile et elles contiennent des hydrocarbones monoterpéniques, sesquiterpéniques et leurs dérivés oxygénés, des aldéhydes aliphatiques, des alcools et des esters.

Le résidu non volatil, qui représente 5 à 10% de l’ensemble de l’huile, contient des hydrocarbones, des acides gras, des stérols, des caroténoïdes, des

(36)

Les structures chimiques de quelques composés majoritaires retrouvés dans les HE sont élucidées dans la figure 1 suivante.

Il est donc clair que seulement une connaissance détaillée des constituants d’une HE permettra de mieux connaître leurs propriétés et leurs usages dans les différents domaines de leurs applications.

Il est important de signaler que la composition chimique des huiles essentielles varie en fonction de plusieurs paramètres : région ou pays de la récolte, conditions de la récolte, l'altitude, l'ensoleillement, l’espèce, les chémotypes, la méthode d’extraction, la partie de la plante traitée, et les conditions du stockage (Lahlou, 2005).

II.3.5. Mode et mécanisme d’action

Utilisées dans le bain, et additionnées à la chaleur de l'eau, les effluves des huiles essentielles se libèreront, traverseront le revêtement cutané en quelques instants pour se glisser dans le sang et ainsi agir sur nos tissus, nos organes et par conséquent sur la totalité de notre organisme.

Les activités biologiques des HE peuvent être reliées à certains de leurs composés ou bien à une action synergique de l’ensemble des constituants de l’essence. Généralement, leur action constitue le résultat de l’effet combiné de leurs composés majoritaires et minoritaires. Ces derniers pourraient avoir une influence sur la résorption, le taux de réactions et sur la biodisponibilité des composés actifs. Plusieurs composés actifs peuvent agir en synergie. Une étude détaillée a été publiée sur le mode et les mécanismes d’action des HE pour diverses activités pharmacologiques (Lahlou, 2004a).

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-TERPINENE SABINENE GERMACRENE D CAMPHOR

OH

OH O

-PINENE LINALOOL MENTHOL 1,8-CINEOLE

CH3O OH OCH3 C O H O

EUGENOL ANISALDEHYDE MENTHONE LIMONENE

OH

H H

CH2OH

CARVEOL -CARYOPHYLLENE MYRTENOL MYRCENE

OH O

THYMOL PULEGONE P-CYMENE CAMPHENE

CH2OH

OH

O O

CITRONELLOL CARVACROL CARVONE FENCHONE

CH2OH C H O C H O

(38)

ANETHOL NEROL ACETATE DE GERANYL OXYDE DE CARYOPHYLLENE

GEOSMINE GERMACRADIENOL -FARNESENE -FARNESENE

-ELEMENE KAURENE -HUMULENE -PHELLANDRENE

MENTHANE MENTHENE MENTHADIENE NEROLIDOL

TERPINOLENE -TERPINENE -PHELLANDRENE 2-CARENE

Α-TERPINEOL NERAL Α-MUUROLENE -THUJENE

-PINENE Γ-TERPINENE FARNESOL RETINOL

-2-P-MENTHEN-OL-(1) TERPINEN-4-OL TORQUATONE JENSENONE

Figure 1 : Structures de quelques composés majoritaires retrouvés dans les huiles essentielles (d’après Lahlou, 2000)

(39)

Ainsi, les huiles volatiles, utilisées par inhalation ou appliquées sur la peau, agissent par le biais de leur fraction lipophile agissant avec les parties lipidiques de la membrane cellulaire, ce qui entraîne une modification de l’activité des canaux des ions de calcium. À certains niveaux de dosage, les huiles volatiles saturent les membranes et montrent des effets analogues à ceux des anesthésiques locaux. Elles peuvent interagir avec les membranes cellulaires par le biais de leurs propriétés physicochimiques et les formes moléculaires, et peuvent influencer leurs enzymes, les canaux ioniques et les récepteurs. Les composés des HE sont absorbés par inhalation et sont capables de traverser la barrière hémato-encéphalique et d'interagir avec les récepteurs dans le système nerveux central (Lahlou, 2005).

II.3.6. Propriétés pharmacologiques

Les propriétés offertes par les HE sont nombreuses : analgésiques, antalgiques (Camomille, Pin, Lavande, Menthe), Tonifiantes (Menthe, Poivre noir, Romarin, Bois de Santal, Sauge), calmantes (Camomille, Myrte, Orange), anti-inflammatoires (Citron, Encens, Géranium), régulatrices de l'organisme (Camomille, Lavande), cicatrisantes (Eucalyptus, Lavande, Hysope, Romarin), etc.

En somme les huiles essentielles sont des substances complexes qui contiennent plusieurs centaines de composants, cependant on peut les regrouper en 3 classes selon leur action:

1. Stimulante : les oxydes, les aldéhydes aromatiques, les acides, les monoterpènes, , les alcools et les phénols ;

(40)

2. Sédative/relaxante : les esthers, les cétones et les aldéhydes aliphatiques ; 3. Rééquilibrante : les sesquiterpènes, les lactones et les coumarines.

Mais une huile peut avoir des effets différents selon ses composantes ; et seule une analyse détaillée de ces huiles peut indiquer leurs propriétés (Buchbauer, 2000). Une HE peut être en même temps sédative et stimulante. Il faut donc connaître la composition chimique des HE et leurs actions biologiques afin d'estimer au mieux leurs effets probables sur l'organisme. La composition chimique d'un mélange d'essence peut aussi fournir des renseignements sur ses propriétés ou son action biologique aux niveaux physiologique et psychologique.

Si les activités antibactériennes et anti-infectieuses des HE sont aujourd'hui scientifiquement démontrées et mondialement reconnues, d'autres activités pharmacologiques font encore l'objet de recherche pour être bien utilisées ou pour être utilisées au mieux.

II.3.7. Indications thérapeutiques

Les indications thérapeutiques des HE sont multiples (Lahlou, 2005) :

 Anti-infectieuse : antibactérienne (due au carvacrol, au thymol, à l'eugénol, à l'aldéhyde cinnamique, aux monoterpénols, etc.),

 Antimycotique (due aux alcools et aux lactones sesquiterpéniques),

 Antivirale (due aux monoterpénols, monoterpénals, etc.),

 Antiparasitaire (due aux phénols, à l'ascaridole, etc.),

(41)

 Anti-inflammatoire (due aux aldéhydes, au chamazulène, etc.)

 Anticatarrhale : expectorante (due au 1,8-cinéole),

 Mucolytique (due aux molécules cétoniques et aux lactones) ;

 Anti-histaminique ;

 Antispasmodique (due aux éthers et aux esters)

 Antalgique, analgésique et anesthésique ;

 Calmante, hypnotique et anxiolytique ;

 Propriétés endocrinorégulatrices : œstrogène-like, cortisone-like, etc. ;

 Propriétés vasculotropes et hémotropes : hyperémiante, phlébotonique, lymphotonique, anticoagulante (due aux coumarines) et fibrinolytique, antihématome (HE d'hélichryse italienne), hémostatique, hypotensive ;

 Propriétés digestives : eupeptique, carminative, cholagogue et cholérétique (due à la menthone, la carvone et la verbénone) ;

 Antitoxique ;

 Antivenimeuse ;

 Antirhumatismale ;

 Stimulante ou apaisante ;

(42)

II.3.8. Voies d’utilisation

Bénéficiant d'une haute diffusion (composés volatils et lipophiles), les HE peuvent s'utiliser de cinq manières différentes, en fonction de leur nature, de leur dosage et de l'effet recherché (Vankar, 2004) :

La diffusion atmosphérique : C’est le mode d’utilisation le plus simple ;

L'inhalation : Elle s’effectue par respiration des vapeurs et elle permet la

stimulation des centres olfactifs et répercutant ces effets sur le psychique et le physique ;

La voie transcutanée : Elle s’effectue par massages ou bains en utilisant

un dispersant spécifique ;

La voie orale : C’est le mode d'utilisation le plus efficace et la voie la plus

indiquée pour un "drainage hépatique" ;

La voie rectale (suppositoires) : C'est la voie de préférence pour les

enfants et les nourrissons ou alors les personnes ayant des muqueuses digestives fragiles.

II.3.9. Modes d’application

Selon Buchbauer (1993), les HE s'utilisent soit en inhalation, stimulant les centres olfactifs et répercutant cet effet sur le psychique et le physique, soit en compresse ou en friction. Les HE étant parfois photosensibles, il faudra alors les diluer afin de prévenir toute irritation ou allergie.

(43)

Utilisées en enveloppement, les HE permettent une relaxation optimale. On trouve des huiles de massage, des bains parfumés et toutes sortes de présentation de produits aromatiques bénéfiques.

Les HE peuvent être utilisées sous forme d'onction (dissolution dans une huile), de crème ou de lotion (émulsion huile dans l'eau) pour l'usage externe. La dispersion dans du miel ou dans de l'huile alimentaire ou simplement sur un sucre est habituelle pour l'administration par la voie orale. La mise en gélules peut être aussi réalisée. Les aérosols obtenus par nébulisation des huiles essentielles sont plus rarement utilisés mais la dispersion dans l'atmosphère d'une pièce obtenue grâce à l'utilisation de diffuseurs spéciaux est très populaire.

II.3.10. Effets secondaires

Les HE sont des molécules actives, elles peuvent avoir de graves effets secondaires. Il est important de respecter la posologie et la durée de la prise. Parmi leurs effets secondaires, on cite :

 Propriétés vésicantes et nécrosantes ;

 Propriétés allergisantes ou hypersensibilisantes ;

 Propriétés photosensibilisantes (par exemple dues aux furocoumarines) ;

 Propriétés neurotoxiques (par exemple dues aux cétones) ;

 Propriétés néphrotoxiques (par exemple dues aux terpènes majoritaires dans l'huile essentielle de térébenthine, rameaux de genévrier, etc.) ;

 Propriétés hépatotoxiques (par exemple dues aux phénols pris pendant des laps de temps trop importants ou à des doses massives) ; etc.

(44)

Si certaines huiles comme la lavande présentent un seuil de toxicité relativement élevé, d'autres peuvent contenir des substances neurotoxiques ou abortives dès les premiers niveaux de surdosage.

Rappelons aussi que comme toutes substances actives, les HE traversent le placenta ou sont transmises par le lait maternel.

II.3.11. Toxicité

Les HE ne sont pas anodines. Certaines molécules contenues dans ces huiles peuvent avoir des conséquences par effet cumulatif. On en cite :

 Les cétones : neuro-toxiques et abortives ;

 Les phénols : dermo-toxiques, hépato-toxiques (prendre en même temps un hépato-protecteur du type desmodium ou chardon-marie) ;

 Les furocoumarines : elles sont photo-sensibilisantes par voie transcutanée (souvent des citrus).

Les HE issues des plantes suivantes s’avèrent toxiques :

 Amande amère (Prunus amygdalus) ;

 Anis vert (Pimpinella anisum) ;

 Arnica (Arnica montana) ;

 Bouleau jaune (Betula lenta) ;

 Camphre (Cinnamomum camphora) ;

(45)

 Gaulthérie (Gaultheria procumbens) ;

 Menthe pouliot (Mentha pulegium) ;

 Moutarde (Brassica nigra) ;

 Origan (Origanum vulgare) ;

 Sauge officinale (Salvia officinalis) ;

(46)

CHAPITRE 3 : Les différentes étapes menant de la plante à la

découverte du médicament

I. Définitions

a. Drogue végétale

Selon la 4ème édition de la Pharmacopée Européenne, les drogues végétales sont essentiellement des plantes, parties de plantes ou algues, champignons, lichens, entiers, fragmentés ou coupés, utilisés en l’état, soit le plus souvent sous forme desséchée, soit à l’état frais. Certains exsudats n’ayant pas subi de traitements spécifiques sont également considérés comme des drogues végétales. Les drogues végétales doivent être définies avec précision par la dénomination scientifique botanique selon le système à 2 mots (genre, espèce, variété, auteur).

Selon Paris et Moyse (1976), une drogue végétale étant tout matériel végétal utilisé en thérapeutique et n’ayant encore subi aucune préparation pharmaceutique. Ça peut être la plante entière, une partie de la plante, un suc, oléorésine, latex, mais également les mélanges complexes comme les huiles essentielles.

b. Médicament

On entend par médicament, toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales, ainsi que tout produit pouvant être administré à l’homme ou à l’animal, en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions organiques.

Figure

Figure 1 : Structures de quelques composés majoritaires retrouvés dans  les huiles essentielles (d’après Lahlou, 2000)
Tableau 1. Médicaments issus des plantes avec leurs corrélations ethnomédicales et leurs sources  (Fabricant et Farnsworth, 2001 ; Farnsworth  et coll., 1985)
Tableau 2. Médicaments issus des  plantes et leurs sources non développées sur la base de l’information  ethnomédicale (Fabricant et Farnsworth, 2001 ; Farnsworth  et coll., 1985)
Tableau 3. Médicaments issus des  plantes et leurs sources   (Fattinger et Meier-Abt, 2003)

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