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L'influence des bassins d'accumulation alpins sur les débits du Rhône

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Academic year: 2022

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— 32 —

L'influence

des bassins d'accumulation alpins sur les débits du Rhône x)

par Jaccard, chef de section au Service fédéral des eaux

I

E n Suisse, le régime des p r é c i p i t a t i o n s et des débits des cours d'eau varie sensiblement d ' u n e a n n é e à l'autre. D ' u n e m a n i è r e générale, on p e u t c e p e n d a n t constater u n e plus g r a n d e a b o n d a n c e d'eau en été q u ' e n hiver.

Nos rivières d'origine glaciaire, tels le R h ô n e , l'Aar et le R h i n , p r é s e n t e n t de forts débits en été, soit au m o m e n t de la fonte des névés et des glaciers, et de faibles débits en hiver.

La surface d u bassin de r é c e p t i o n d u R h ô n e à son e n t r é e dans le L é m a n est de 5220 km2, d o n t 17,9 %, c'est-à-dire 935 k m2 sont recou- verts de glaces. P o u r l'Aar et le R h i n , la glaciation de leurs bassins est moins p r o n o n c é e .

A son e n t r é e dans le L é m a n , le R h ô n e présente le régime suivant (station de jaugeage de la Porte-du-Scex) :

D é b i t m o y e n (1935-1953) : 186 m3/s. (36 1/sec. au k m2) .

D é b i t a n n u e l m o y e n m i n i m u m de la p é r i o d e (1949) : 150 m3/s.

D é b i t a n n u e l m o y e n m a x i m u m de la p é r i o d e (1945) : 214 m3/s.

Débit m o y e n de j a n v i e r (1935-1953) : 57,7 m3/s.

D é b i t m o y e n de j u i l l e t (1935-1953) : 448 m3/s.

') Reproduction d'un article de la revue: Le pêcheur et le chasseur suisses, n° 12, 1954.

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Ainsi les débits moyens de janvier et de juillet sont à peu près dans le rapport de 1 à 8.

A sa sortie du Léman à Genève, le Rhône présente un régime sensiblement amélioré par l'effet compensateur du lac Léman. Les débits moyens de janvier (157 m

3

/s.) et de juillet (464 m

3

/s.) y sont dans le rapport de 1 à 3, donc beaucoup plus favorable que le précédent.

II

Nos cours d'eau sont de plus en plus utilisés pour la production d'électricité. Or les besoins en énergie sont les plus grands en hiver, précisément au moment où la production des usines dites au « fil de l'eau » est la plus minime à cause de leurs faibles débits d'alimentation.

Pour compenser en partie ce déficit, on aménage peu à peu et à grands frais des bassins d'accumulation, surtout dans les Alpes.

L'eau de ces bassins sert à produire de l'énergie d'hiver, la plus précieuse.

En Valais^ les premières accumulations, encore très modestes, ont été créées au début de ce siècle par M. l'ingénieur Boucher, de Lausanne. Ce sont celle du lac Tanay (2,5 mio m

3

) et celle du lac de Fully (3,2 mio m

3

) ; cette dernière alimente une chute de 1650 m., laquelle fut assez longtemps la plus haute du monde.

Il y a trente ans, les C.F.F. construisirent le barrage de Barberine, qui accumule 39 mio m

3

. Puis l'E.O.S. aménagea, en 1934, la retenue de la Dixence de 50 mio m

3

, complétée plus tard par celle du Cleuson (20 mio m

3

). Depuis peu, cette société a mis en service le réservoir de Salanf e, d'un volume utile de 40 mio m

3

.

Les bassins actuellement exploités sur les affluents du Rhône en amont du Léman ont une contenance totale de 168 mio m

3

.

Si l'on admet qu'ils sont utilisés en moyenne au 90 % de leur capacité, ce sont 150 mio m

3

dont l'écoulement est reporté de l'été sur l'hiver, et cela essentiellement de mi-novembre à mi-mars inclus. Le débit supplémentaire déversé dans le Rhône pendant cette période est de 10 à 12 m

3

/s., c'est-à-dire qu'il améliore d'à peu près 20 % les débits naturels d'étiage du Rhône valaisan. Cet effet est donc déjà notable.

La construction de nouveaux et très vastes bassins viendra, dans

un proche avenir, le renforcer encore considérablement. Sont en

chantier maintenant les aménagements de :

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Bassin de:

Ernen (Rhône et Binna) 200 000 m ' Grône (Navisence-Gougra), lac de Moiry . . . 72 000 000 » Lienne III (bassin de Zeuzier) 50 000 000 » Grande-Dixence, première étape 50 000 000 » Riddes (lac de Mauvoisin ) 177 000 000 » Barberine (Vieux-Emosson) 12 000 000 » TOTAL . . . . 361 200 000 m

3

Ces installations nouvelles tripleront le volume utile total des rete- nues du Valais, les portant à un demi-milliard de mètres cubes. Les débits d'étiage du Rhône valaisan en seront accrus de 30-35 m

3

/s. en moyenne; il en résultera une amélioration de 50-60 % de l'écoulement primitif d'hiver.

Les aménagements projetés, enfin, accroîtront d'un deuxième demi-milliard de mètres cubes (dont 300 millions de mètres cubes pour la Grande-Dixence seule) la capacité des accumulations situées en amont du Léman, les portant donc à 1 milliard de mètres cubes au total. Ils doubleront l'effet régulateur des retenues préexistantes. Les débits d'étiage du Rhône valaisan seront accrus en moyenne de 60- 70 m

3

/s., c'est-à-dire qu'ils deviendront à peu près doubles de ce qu'ils étaient en régime naturel. Le débit d'étiage futur sera d'environ 120 m

3

/s. à l'entrée du Rhône dans le Léman. Ce chiffre ne doit cepen- dant pas être admis d'une manière trop absolue, car les débits futurs de basses eaux du Rhône valaisan seront fortement influencés par

l'exploitation des grandes centrales utilisant les accumulations. Les

entreprises électriques auront peut-être avantage à augmenter les lâchures d'eau pour forcer la production de ces centrales durant les mois de plein hiver, c'est-à-dire lorsque la valeur de l'énergie est la plus élevée. Ce système d'exploitation ne présenterait d'ailleurs aucun inconvénient pour la section du Rhône située en aval du Léman, ce grand lac pouvant aisément absorber ou compenser les lâchures des bassins de retenue.

ni

Les bassins de retenue ont également un effet sur les hautes eaux

du Rhône, beaucoup moins marqué néanmoins que celui qu'ils produi-

sent sur les basses eaux.

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— 35 —

C o m m e ils sont tous situés à h a u t e a l t i t u d e , l e u r remplissage s'effec- t u e s u r t o u t d u r a n t les mois de g r a n d e fonte des neiges. Le lac d e la Dixence, p a r e x e m p l e , se r e m p l i t au 90 % au m o i n s d u r a n t les seuls mois d e j u i n , j u i l l e t et août.

Le R h ô n e a p p o r t e e n m o y e n n e 5,9 milliards de m è t r e s cubes p a r an a u L é m a n ; sur ce v o l u m e , p l u s de la m o i t i é , soit 3,2 milliards, y sont déversés d u r a n t les trois mois précités. Si l'on estime à 120 m i l l i o n s de m è t r e s cubes le v o l u m e des e a u x r e t e n u e s d a n s les bassins existants d u r a n t cette p é r i o d e , la r é d u c t i o n q u i en résulte p o u r lès débita d'été d u R h ô n e est de l ' o r d r e de 4 % seulement.

L o r s q u e les bassins en cours d ' a m é n a g e m e n t v i e n d r o n t ajouter l e u r effet à celui déjà exercé p a r les r e t e n u e s existantes, les débits d'été d u R h ô n e seront r é d u i t s en m o y e n n e d ' e n v i r o n 12 %.

E n f i n , a p r è s l'établissement des grands bassins p r o j e t é s , les débits d'été d u R h ô n e seront d i m i n u é s en m o y e n n e d ' e n v i r o n 25 %, donc d ' u n e m a n i è r e sensible. I l n e f a u d r a i t p a s se h â t e r d'en d é d u i r e q u e la vallée d u R h ô n e n e serait p l u s m e n a c é e désormais p a r les grandes crues. Celles d'origine essentiellement glaciaire, q u i se p r o d u i s e n t lors des fortes chaleurs, seront sans d o u t e a t t é n u é e s ; e n r e v a n c h e , celles q u i sont dues s u r t o u t a u x p r é c i p i t a t i o n s a t m o s p h é r i q u e s n e le s e r o n t guère.

I V

Les bassins d ' a c c u m u l a t i o n a l p i n s r é g u l a r i s e n t s i m p l e m e n t les débits, a u t r e m e n t d i t ils p r o v o q u e n t u n r e p o r t d ' u n e p a r t i e de l'écou- l e m e n t d'été s u r l'hiver. I l est d o n c é v i d e n t q u e les grandes accumula- tions existantes ou p r o j e t é e s e n Valais n e p r o d u i r o n t a u c u n change- m e n t t r è s m a r q u é d u r é g i m e des e a u x d u L é m a n . Ce lac c o n t i n u e r a à recevoir la m ê m e q u a n t i t é d ' e a u t o t a l e p a r a n n é e . C o m m e ses affluents y déversent en m o y e n n e 8 m i l l i a r d s d e m è t r e s cubes p a r a n et q u e sa c o n t e n a n c e est de 90 m i l l i a r d s d e m è t r e s cubes, les e a u x y s é j o u r n e n t en m o y e n n e onze ans.

I l s e m b l e donc b i e n q u e les modifications q u ' a p p o r t e r o n t a n n u e l - l e m e n t a u x débits d u R h ô n e les r e t e n u e s d u Valais n ' a u r o n t p a s g r a n d e influence sur la q u a l i t é ou la p u r e t é des e a u x d u lac.

E n r e v a n c h e , le r é g i m e d u R h ô n e , en aval d u L é m a n , sera net- t e m e n t a m é l i o r é d u fait s u r t o u t de l'accroissement des d é b i t s d'étiage p r o v o q u é p a r ces r e t e n u e s .

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