A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
J EAN -L OUIS C OLLIOT -T HÉLÈNE L’arithmétique des variétés rationnelles
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 6
esérie, tome 1, n
o3 (1992), p. 295-336
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L’arithmétique des variétés rationnelles(*)
JEAN-LOUIS
COLLIOT-THÉLÈNE(1)
Annales de la Faculté des Sciences de Toulouse Vol. I, n° 3, 1992
RÉSUMÉ. - Le texte ci-dessous développe l’exposé fait à Toulouse à l’occasion de la remise du prix Fermat le 19 juin 1991. Il s’agit d’un
rapport général sur l’arithmétique des variétés rationnelles. Après un rappel historique on décrit les méthodes de fibration et de descente. On dresse ensuite la liste des cas concrets où ces méthodes ont permis d’établir principe de Hasse et approximation faible.
ABSTRACT. - The text elaborates on the address 1 gave at Toulouse in June 1991. 1 first review the status of the Hasse principle and of related problems, up to the early seventies. 1 then describe two basic approaches which enable one to produce new classes of varieties for which the Hasse principle holds : these are the fibration method and the descent method.
The text ends up with a systematic survey of all concrete cases where these techniques - or some complementary one - have been successfully applied.
1. De
Diophante
à HasseEtudier une
équation diophantienne,
c’est chercher les solutions à co-ordonnées
entières,
ou à coordonnéesrationnelles,
d’unsystème d’équations fi(x1~ . .., x~~
=0,
i =1,
..., moù les
,fi(xl,
... ,zn)
sont despolynômes
à coefficients entiers(ou
ration-nels). Lorsque
lespolynômes
sonthomogènes,
iln’y
a pas de distinction essentielle entre leproblème
en entiers et leproblème
en rationnels.( *) Reçu le 26 mars 1992
~ C.N.R.S., Mathématique, Université de Paris-Sud, 91405 Orsay Cedex
(France)
Plusieurs
types
dequestions
seprésentent :
décider si oui ou non il y a unesolution ;
finitude ou non de l’ensemble dessolutions ; lorsqu’il
y en aun nombre
infini,
les "décrire" toutes(trouver
une méthodesystématique
pour les
engendrer),
dire si elles sont denses(par exemple parmi
les solutionsréelles).
Onpeut
aussi poser desquestions quantitatives ([Ba/Ma]) :
calculerle nombre
r(N)
de solutions entières(resp. rationnelles) (xl, ..., xn)
de"taille"
(maximum
des valeurs absolues descoordonnées, respectivement
"hauteur")
nedépassant
pasN,
ou du moins donner des estimations pourr(7V) lorsque
N tend versl’infini ;
estimer la taille de laplus petite
solution.Dans cet
exposé, je
ne considérerai que desproblèmes qualitatifs (existence
et densité des
solutions).
L’archétype
de cesproblèmes
estl’équation homogène
en nombres entiers(Babyloniens,
1700 av.J.-C. ; Pythagore,
500 av.J.-C., Diophante,
300 ap.J.-C.)
dont les solutions en nombres entiers
premiers
entre eux dans leur ensemble sont toutes décrites parEn nombres
rationnels,
cecipeut
seréinterpréter
comme donnant toutes lessolutions de
l’équation ~2
+y2
= 1 au moyen deet ceci de
façon
essentiellementunique ( u = ~ / ( 1 - y) ) .
Bien que ladémonstration de ce résultat utilise le théorème sur la factorisation
unique
des
entiers,
onpeut prétendre qu’au
moins le résultat rationnel n’est pasun résultat
arithmétique,
le même énoncé étant valable avec lecorps Q
desrationnels
remplacé
par un corpsquelconque
- de faitplus généralement,
pour a, b non nuls dans un corps donné
k ,
on obtient defaçon
essentiellementbiunivoque (on paramétrise)
toutes les solutions del’équation
dès
qu’on
en connaît unesolution,
en considérant lepinceau
de droitespassant
par cette solution.Diophante
a considéré de nombreuseséquations polynomiales,
pour les-quelles
il avait trouvé des solutionsparamétriques particulières.
Ainsi Dio-phante ([Dio],
LivreV)
donna-t-il des solutionsparamétriques particulières
pour les surfaces
cubiques (communiquées
par G.Lachaud) :
Bien
qu’il
y ait des traces dansl’antiquité
deproblèmes
vraimentdiophan-
tiens
(e.g. l’équation
dite dePell),
les historiens semblent s’accorder pour trouver chez Fermat lespremières
méthodes de résolutionproprement
dio-phantiennes
au sensmoderne,
c’est-à-direqui reposent
defaçon
crucialesur
l’arithmétique
des entiers(ou
desrationnels) :
voir à cesujet
les livresde
Scharlau/Opolka [Sch/O]
et Weil~W2~.
Il en est ainsi pour deux thèmes centraux de cetexposé,
leprincipe local-global
et la méthode de la descente.Je
parlerai plus
tard de la descente. Voici des énoncés bien connus de Pierre de Fermatqu’on peut
voir comme des ancêtres duprincipe local-global.
THÉORÈME
1(Fermat].
- Tout nombrepremier
congru à 1 modulol~
estune somme de deux carrés d’entiers.
THÉORÈME
2~Lagrange~.
- Tout nombre entierpositif
est une sommede
l~
carrés d’entiers.PROPOSITION 3
(Fermat].
- Un entier de laforme 4n(8m
+7) (n,
mentiers
positifs)
n’est pas une somme de 3 carrésd’entiers,
ni même de 3 carrés de nombres rationnels.THÉORÈME
4(Gauss]
. - Un entierpositif
non de laforme 4’~(8m
+7)
est une somme de 3 carrés d’entiers
(énoncé
par Fermat sous la forme essentiellementéquivalente
: tout entierpositif
est somme de trois nombres"triangulaires")
.La
proposition
3 estélémentaire,
mais la méthode estimportante.
C’estcelle des congruences. En chassant les
dénominateurs,
l’énoncé en rationnelsse ramène à l’énoncé suivant : pour m entier naturel
fixé, il n’y
a pas de solutions en entiers x, y, z, t non tous nuls àl’équation
On
peut
supposer(x,
y, z,t) premiers
entre eux(on parle
alors de solution"primitive" ).
Observons que tout carré d’entier est congru soit à 0 soit à 1 soit à 4 modulo 8. Si t étaitpair,
on auraitx2 + y2 + z2
= 0(4)
et donc x,y, z
pairs,
cequi
est exclu. Si t estimpair,
alorsx2 + y2
+z2
= 7(8),
maisceci est
impossible.
La méthode est toute
générale.
Face à uneéquation diophantienne
ennombres
rationnels,
on la ramène par unehomogénéisation
convenable àune
équation
enentiers,
et l’on se demande si toutes leséquations
auxcongruences
possibles
ont des solutions. Si ce n’est pas le cas, on a fini : iln’y
a pas de solutionsentières,
ni rationnelles(l’ensemble
des congruences à considérer est apriori infini,
mais desargument généraux permettent
dans laplupart
des cas de se limiter aux congruences modulo un nombre finid’entiers, qu’on peut
de surcroît choisirparmi
lespuissances
de nombrespremiers). TI y
a aussi une autre obstructionpossible
à l’existence de solutions rationnelles - c’est l’absence de solutions réelles auproblème ( -1
n’est pas somme de carrés de nombresrationnels... ).
Ainsi unpremier
congru à 3 modulo 4 n’est pas une somme de deux carrés. On
peut
voir par contre que dans les théorèmes1,
2 et4,
leshypothèses
assurentprécisément qu’aucune
congruence ou condition de réalité nes’oppose
à la résolution ennombres entiers du
problème diophantien
considéré.Néanmoins,
le fait queces conditions de congruence soient satisfaites n’est
qu’une interprétation
a
posteriori
de notrepart.
Lepremier
énoncé formellement detype
local-global
est dû àLegendre ;
en voici une reformulation moderne.THÉORÈME
5[Legendre]. -
Soient a,b,
c des entiersrelatifs,
nonnuls,
non tous de même
signe. L’équation ax2
+by2
+cz2
= 0 a une solutionnon triviale en nombres entiers si et seulement si toutes les
équations
auxcongruences modulo les
puissances
de nombrespremiers
ont des solutions(primitives)
.C’est là un énoncé
remarquable :
: pour leséquations considérées,
ondispose
d’une méthodesystématique
pour décider de l’existence de solutionsen nombres entiers. On aimerait bien
disposer
d’énoncés de ce genre pour d’autrestypes d’équations diophantiennes,
et c’est là l’un des thèmes centraux de cetexposé.
Revenons au résultat de
Legendre.
En fait il suffit de considérer le cas où leproduit
abc est sans facteur carré. Pour établir l’existence d’une solutionglobale, Legendre
utiliseuniquement
l’existence de solutionsprimitives
decongruences modulo les nombres
premiers
divisant leproduit abc,
et le faitque les nombres a,
b,
c ne sont pas tous de mêmesigne (cette
conditionassure l’existence de solutions
réelles).
Ceshypothèses impliquent
en faitautomatiquement
l’existence de solutions à toutes les congruences moduloune
puissance
d’un nombrepremier impair quelconque.
Mais defaçon plus surprenante, Legendre
n’a pas besoin dans sa démonstration de l’existence de solutions aux congruences modulo unepuissance
de 2(cf. [Bo/Sha]).
Ceci
peut
être vu comme lapremière apparition
d’une loi deréciprocité.
De
fait, Legendre
essaya des’appuyer
sur cephénomène
pour démontrer la loi deréciprocité quadratique (conjecturée
par lui et parEuler)
pour sonsymbole
de restequadratique (pour
p, qpremiers impairs, (p/q)
==hl,
et(p/q) =
+1 si et seulement si p est un carré moduloq) :
:La
"preuve"
deLegendre
étaitcomplète,
mais elles’appuyait
sur l’existence de nombrespremiers
dans uneprogression arithmétique...
résultat établi par Dirichlet par des méthodesanalytiques
en 1837. La loi deréciprocité quadratique
fut établie par Gauss(1796).
La fin du XIXe siècle et le début du XXe virent le
développement
degénéralisations
de la loi deréciprocité quadratique
et de l’étude de larepré-
sentation des nombres
premiers
par des formesquadratiques
binaires. Ils’agit
là de la théorie dite du corps de classes(Hilbert, Furtwângler, Takagi, Hasse... ).
Dans cettethéorie,
les outilsanalytiques développés
par Dirichlet(fonctions zêta,
fonctionsL) jouent
un rôle trèsimportant.
Ce sont euxqui permirent
à Hilbert(1899)
d’établirl’analogue
du résultat deLegendre
surun corps de nombres
(extension
finie de(Q).
Ce fut Hasse
qui
formulaexplicitement
la notion deprincipe local-global,
et
qui
l’établit dans de nouveaux casimportants.
Pour énoncer ces résultats en toute
généralité,
et avecsouplesse,
il con-vient ici d’introduire le
langage
des corpsp-adiques,
dû à Hensel(fin
duXIX~).
Celangage permet
deremplacer
la considération des congruences modulo toutes lespuissances
d’un nombrepremier
p, avec les ennuispré-
sentés par le fait que l’anneau a des diviseurs de zéro dès que n >
1,
par la considération d’un anneau
intègre Zp (la
limiteprojective,
sur n ElN ,
des
7L/p’~)
et de son corps de fractionsQp.
Uneéquation polynomiale f (xl,
... ,xn)
= 0 à coefficients dans Z a des zéros modulo toutes lespuis-
sances de p si et seulement si elle a un zéro à coordonnées dans
Zp.
Lors-qu’on
s’intéresse seulement à l’existence de solutions rationnelles(coordon-
nées dans
Q),
les conditions nécessaires de congruence sontremplacées
parla condition d’existence d’une solution
(non
nulle si lepolynôme
est homo-gène)
à coordonnées dans le corpsQp,
dont le maniement estplus
aisé. Deplus,
les différents corpsQp peuvent
être mis enparallèle
avec le corps Rdes réels :
Qp est,
tout commeR,
lecomplété de Q
pour unemétrique (mais
une
métrique
nonarchimédienne).
On obtient ainsi toutes lesmétriques
pos- sibles. Le même mécanisme vaut pour un corps de nombresquelconque
k.On
appelle place
une classed’équivalence
demétriques
non triviales sur lecorps
k,
et onnote kv
lecomplété
de k en laplace
v. Les corpskv
sont ditscorps locaux.
Les résultats de
Legendre,
Minkowski(sur Q)
et Hilbertapparaissent
maintenant comme des cas
particuliers
du théorème suivant.THÉORÈME
6[Hasse 1924].-
Uneforme quadratique
àcoefficients
dans un corps de nombres k a un zéro non trivial dans k si et seulement si elle a un zéro non trivial dans chacun descomplétés kv
de k . .
Le
point original
et délicat de la démonstration deHasse,
même surQ,
est dans le passage du cas de 3 variables au cas de 4variables,
où il fait usage du théorème de Dirichlet sur les nombrespremiers
dans uneprogression arithmétique.
Le passage du cas de 4 variables à 5 variables estsimple,
etl’argument peut
êtrelargement généralisé (méthode
desfibrations,
section 3ci-dessous).
Comme
application
immédiate duthéorème,
on voit que tout entierpositif
non de la forme4n(8m
+7)
est une somme de trois carrés dansQ (on peut
déduire de ce résultat lareprésentation
comme somme de trois carrés dansZ,
i.e. le théorème4).
Les conditions donnéesexpriment
en effetque l’entier est somme de trois carrés dans IR et la
représentation
dansles autres
complétés
estautomatique.
Au cours du
développement
de la théorie du corps declasses,
leprincipe local-global
fut établi par Hasse dans d’autres cas. Le théorème deLegendre-
Hilbert est le cas n = 2 du théorème suivant.
THÉORÈME
7[Hasse 1924].-
SoitK/k
une extension de corps denombres de
degré
n et w2(i
=1, ... , n )
une base de K sur k. . SiK/k
estcyclique,
pour tout a dansk,
leprincipe local-global
vaut pour leséquations
normes a =
xiwi)
: si l’élément a de k est une normepartout
localement,
c ’en est uneglobalement.
En
fait,
Hasse établitplus;
il obtint pourK/k cyclique,
une suite exacte(où
Ndésigne
la norme de l’extensionK/k) :
:Lorsque n
=2,
le fait quel’application composée
soit nulle a comme corollaire la loi de
réciprocité quadratique.
Hasse eut recours au groupe de Brauer d’un corps pour
généraliser
encorece résultat. Le groupe de Brauer d’un
corps k
est un invariantqu’on
voit denos
jours
comme un invariantcohomologique : Br( k)
=H2 (Gal(k /k ) ,
k*) ,
où k est une clôture
algébrique
dek,
et k * le groupemultiplicatif
dek,
vu comme module sous l’action du groupe de Galois absoluGal(k /k).
Un des résultats finaux de la théorie du corps de
classes, qui englobe
lerésultat
précédent,
dit que pour vplace
de k corps denombres, il y
a uneinjection invv
deBr(kv)
dansQ/Z 2014
c’est unisomorphisme
pour vplace
non archimédienne - et
qu’on
a une suite exacte :la dernière flèche étant la somme des
invv.
2. De Hasse à Manin
H me sera maintenant nécessaire
d’employer
lelangage
de lagéométrie algébrique,
etje parlerai
de k-variétésalgébriques, plutôt
que de"systèmes d’équations
à coefficients dans k". Les variétésprojectives
sont celles dé- finies par unsystème d’équations homogènes.
Onprendra garde
que deuxsystèmes d’équations d’apparence
différentepeuvent
définir deux k-variétésk-isomorphes.
Une k-variété est ditelisse,
ou nonsingulière,
si elle satis- fait(localement)
le critèrejacobien
derégularité.
Une k-variété est diteintègre
si elle est irréductible(elle
n’est pas union de deux sous-variétés ferméespropres)
et réduite(il n’y
a pas denilpotents
dans son faisceaustructural - le faisceau des
fonctions).
Notons k une clôturealgébrique
dek. Une k-variété est dite
géométriquement intègre
si la variété"géométri- que"
X = X x kk,
c’est-à-dire la variété X vue sur la clôturealgébrique k,
est
intègre.
On noteX(k)
l’ensemble despoints
k-rationnels(qu’on appelle
encore
k-points,
ousimplement points rationnels)
d’une telleA-variété;
pourune variété définie par un
système d’équations
affines comme au début del’exposé,
ce n’est autre que l’ensemble des solutions à coordonnées dans k.Plus
généralement,
pour F un corps contenantk,
on noteX (F)
l’ensembledes
points
F-rationnels de X. Deux k-variétésalgébriques intègres (c’est-
à-dire irréductibles et
réduites)
sont dites k-birationnellementéquivalentes,
ou k-birationnelles l’une à
l’autre,
si ellespossèdent
des ouverts non videsk-isomorphes,
c’est-à-dire si leurs corps de fonctions rationnellesk (X )
etk(Y ) sont k-isomorphes.
Onpeut
montrer que si les k-variétés X et Y sontprojectives,
nonsingulières
et k-birationnellementéquivalentes, X(k)
estnon vide si et seulement si
Y(k)
est non vide.On ne
peut
ici queregretter, puis entériner,
l’utilisation du mot rationnel dans un certain nombred’acceptions :
- le
corps Q
desrationnels ;
- les
points
k-rationnels(à
coordonnées dans le corps de basek) ;
- les
applications
rationnelles d’une variété irréductible X dans unevariété Y : :
morphismes
d’un ouvert non vide de X dansY,
nes’étendant pas néccessairement à
tout X ;
- les fonctions rationnelles sur une variété
(applications
rationnelles de cette variété dans ladroite) ;
- enfin une k-variété irréductible est dite k-rationnelle si elle est k-bira- tionnelle à
l’espace
afhneAk’ (ou
àl’espace projectif Pk)’
et elle estdite rationnelle si elle devient birationnelle à un espace affine
après
extension du corps de base k.
Lorsque
k est un corps denombres,
on ditqu’une
k-variété X satisfait leprincipe
de Hasse(le principe local-global)
si del’hypothèse
0pour toute
place
v de k onpeut
déduireX (h ) ~ ~ (cette terminologie
étant
justifiée
par le théorème6).
On ditqu’une
A-variété X satisfaitl’approximation faible
si pour tout ensemble fini S deplaces
v dek , l’image
de
X (k)
parl’application diagonale
deX(k)
dansX ( kv )
est densedans ce
produit topologique (chaque X(kv)
étant muni de latopologie
induite par celle de
kv).
L’expérience
montre d’unepart qu’il
n’est raisonnable d’étudier cespropriétés
que pour des variétés lissesgéométriquement intègres,
d’autrepart
que ces deuxpropriétés
sont presque inextricablement liées.L’espace
affine
A~
satisfaitl’approximation faible;
on en déduit que toute k-variété lisse k-rationnelle satisfait aussil’approximation
faible.Les
concepts
de lagéométrie algébrique permettent
de mettre de l’ordre dans tous lessystèmes d’équations possibles,
et donc dans lesproblèmes diophantiens,
ordre bien meilleur que celui donné parexemple
par le"degré"
des
équations.
Ainsi unecubique projective plane
avec unpoint singulier
estessentiellement
équivalente
à la droiteprojective (on
sait bien laparamétrer,
même sur son corps de
définition),
cequi
n’est pas le cas des courbescubiques planes
nonsingulières.
On commence par classer les k-variétés par leur dimension :courbes, surfaces,
etc. Puis on les classegéométriquement,
c’est-à-dire en étendant le corps de base à un corps
algébriquement
clos lecontenant. On s’attend à des
comportements diophantiens
très différentssuivant cette classification
géométrique.
Les courbes
(projectives
etlisses)
sont ainsi d’abord classées par leur genre g, entier naturel. Sur un corpsalgébriquement clos,
une courbe(projective
etlisse)
est de genre zéro si et seulement si elle estrationnelle, plus précisément,
si elle estisomorphe (sans exception)
à la droiteprojective pl.
Toute k-courbe rationnelleprojective
et lisse C estk-isomorphe
à uneconique plane
nonsingulière
définie sur k(Hilbert
etHurwitz).
Ainsi : :~ Une k-courbe rationnelle
projective
et lisse C avecC(k)
non vide estk-isomorphe
à la droiteprojective
sur k(on paramètre
lesk-points).
En
particulier, l’approximation faible
vaut pour C.~ Sur un corps de nombres
k,
une k-courbe rationnelleC, projective
etlisse, satisfait
leprincipe
de Hasse.Les courbes de genre 1 avec un
k-point
sont les courbeselliptiques (cubiques planes
nonsingulières).
Pour une telle courbe C définie sur le corpsk,
l’ensembleC(k) peut
être muni d’une loi de groupe. Si k est uncorps de
nombres,
ce groupe admet un nombre fini degénérateurs :
c’estle théorème de Mordell-Weil
(1922-1928),
dont la démonstration repose surla descente infinie à la Fermat. Les courbes de
genre 2:
2 sur un corps de nombres n’ontqu’un
nombre fini depoints
rationnels(Faltings 1983).
En dimension
plus grande
que1,
unanalogue
naturel des courbes de genre zéro consiste en les variétés rationnelles(birationnelles,
sur une extensiondu corps de
base,
à un espaceprojectif),
et unequestion
naturelle est lavalidité des énoncés ci-dessus
( "paramétrage"
despoints rationnels, principe
de
Hasse, approximation faible)
pour les variétés de cette classe.Déjà
en dimension2,
la classification àéquivalence
k-birationnelleprès
des k-variétés rationnelles est fort subtile
(pour
un résumé des résultats et des référencesprécises
à lalittérature,
voir~Ma/Ts~, [CT3], [K/S/T]).
Cette classification fut faite par F.
Enriques
en1897,
modernisée par Manin et Iskovskih à la fin des années60, complétée
par Iskovskih en 1979([1]).
Toute k-surface rationnelle est k- birationnelle à une k-surface
projective
etnon
singulière
de l’un destypes
standards suivants :~ surface de Del Pezzo
(1 ~
d~ 9) ;
~ surface fibrée en
coniques
au-dessus d’uneconique ( - oo d 8).
Ici d
désigne
le"degré" d
=(~. (.1,)) auto-intersection
du faisceaucanonique (c’est
un entierrelatif).
Pour une surface fibrée enconiques,
cet entier estlié au nombre r de fibres
géométriques dégénérées (celles qui
sont union dedeux droites se
coupant transversalement)
par la relation d = 8 - r. Les surfaces de Del Pezzo dedegré
3 sont les surfacescubiques
nonsingulières,
celles de
degré
4 les intersections nonsingulières
de deuxquadriques
dansP~ (voir [K/S/T]).
Des
techniques
desystèmes
linéaires àpoints
basespeuvent permettre
(B. Segre 1951,
Manin et Iskovskih1967-72)
dedistinguer
ces classesentre elles du
point
de vue k-birationnel. Enparticulier,
comme l’observasans doute le
premier
B.Segre,
l’existence d’unpoint
k-rationnel est loin d’assurer la k-rationalité d’une k-surface rationnelle(un
autre invariantpermettant
de détecter la non k-rationalité sera décritci-dessous).
Pourd
petit (d 1),
on ne sait même pas si l’existence d’unk-point
assure que lesk-points
sont Zariski-denses(i.e.
non tous situés sur une sous-variétépropre).
La théorie du corps de classes et des manoeuvres
algébriques permirent
par la suite d’établir le
principe
de Hasse etl’approximation
faible pour de nouvelles classes de variétésalgébriques,
pour laplupart
rationnelles.Ainsi,
en
1945,
F. Châtelet établit leprincipe
de Hasse pour les variétés dites deSeveri-Brauer,
variétésqui après
extension des scalaires sontisomorphes
sans
exception
à un espaceprojectif.
En fait Châtelet associe defaçon
purement algébrique
à une telle k-variété une classe dansBr( k ),
classe dont la nullitééquivaut
à l’existence d’unk-point.
Il établit que toute telle k- variété avec unk-point
estk-isomorphe
à un espaceprojectif P?.
La suite(2)
donne alors leprincipe
de Hasse(voir [CT4]).
Une variété de Severi-Brauer est une variété
homogène
sous un groupealgébrique
linéaire. L’étude des espaceshomogènes (principaux
ounon)
sousdes groupes
algébriques linéaires,
combinée avec les versions modernes de la théorie du corps de classes(Tate-Nakayama),
fournit de nombreuses classes de variétés(rationnelles
ouproches
del’être)
pourlesquelles
onpeut
établir leprincipe
de Hasse etl’approximation
faible(Landherr, Eichler, Kneser, Harder, Voskresenskil, Platonov, Sansuc, Rapinchuk, Borovoi,
voir[Bol], [Bo2], [Kn] [PI/Ra], [Sl], [V]).
°Skolem, Segre, Selmer, Châtelet, Swinnerton-Dyer
établirent leprincipe
de Hasse pour des surfaces
cubiques possédant
despropriétés algébrico- géométriques
diverses(voir [CT4], [S2], [Co/Ts]). Ainsi,
leprincipe
de Hassevaut pour les surfaces
cubiques singulières (Skolem 1955,
voirCoray
etTsfasman
[Co/Ts]
pour uneanalyse systématique
et moderne du cas des surfaces de Del Pezzosingulières).
Leprincipe
de Hasse etl’approximation
faible valent pour les surfaces
cubiques
lisses contenant undoublet,
untriplet
ou un
sextuplet
de droitesglobalement
définies sur le corps debase,
etgauches
deux à deux(Châtelet, Swinnerton-Dyer).
Dans essentiellement tous les cas considérés par ces
auteurs, il y
a unetransformation k-birationnelle
qui
ramène la surface donnée à une k-surface rationnelle standard avecd > 5,
et pourlaquelle
le corps de classes donne leprincipe
de Hasse et d’ailleurs aussil’approximation
faible(variété
deSeveri-Brauer, équation
norme d’une extension dedegré 3, etc.).
De
façon générale,
comme le montra Manin en 1966([Mal], complété
pour le cas d = 5 par
Swinnerton-Dyer,
voir aussi[Ma/Ts]),
les surfaces rationnelles detype
standard(classification ci-dessus),
pour d> 5,
ont les deuxpropriétés :
:2022 l’existence d’un
k-point, automatique
pour d = 5 et d =7, implique
que lasurface
est k-rationnelle ;~ sur un corps de
nombres,
leprincipe
de Hasse vaut.On
peut
enparticulier
déduire de ces résultats que leprincipe
deHasse et
l’approximation
faible valent pour les intersections lisses de deuxquadriques
dansl’espace projectif P~
contenant un doublet de droitesgauches globalement
définies sur le corps de base(une
telle surface est dedegré 4,
mais la contraction simultanée des deux droites la ramène à unesurface de Del Pezzo de
degré 6).
Mais le
"principe
de Hasse" etl’approximation
faiblepeuvent
être mis en défaut ! Hasse lui-même s’en était aperçu en cequi
concerne leprincipe
deHasse,
avec uneéquation
norme a =N~~~(~i 1
pour une extensionK/Q
noncyclique (de
groupe de GaloisZ/2
xZ/2).
. Pour les courbesde genre
1,
descontre-exemples
auprincipe
de Hasse furent donnés par Reichardt et Lindt vers 1940(intersections
de deuxquadriques
dansp3).
H fallut attendre
plus longtemps
pour voirapparaître
descontre-exemples parmi
les surfaces rationnelles. Descontre-exemples
auprincipe
deHasse,
sur le corps
Q,
furent trouvésparmi
les surfacescubiques
nonsingulières
par
Swinnerton-Dyer (1962)
et Cassels etGuy (1966) :
Iskovskih
(1970)
en trouvaparmi
les surfaces fibrées enconiques :
et Birch et
Swinnerton-Dyer (1975) parmi
les surfaces de Del Pezzo dedegré
4.Swinnerton-Dyer (1962)
donna aussi lepremier contre-exemple
àl’approximation
faible(une
surface X fibrée enconiques
définiesur Q
telleque
X(Q)
soit non vide mais non dense dansDans ces divers
exemples,
lesarguments
sont tous fondés sur la finitude des "factorisations"possibles,
et sur des lois deréciprocité plus
ou moins"explicites".
En1970,
aucongrès
international deNice,
Manin proposaun mécanisme
général
pour décrire lescontre-exemples
auprincipe
deHasse
([Ma2], [Ma3]).
L’obstruction de Manin met enjeu
le groupe de BrauerBr(X)
d’une variétéX, qui
est par définition le deuxième groupe decohomologie
étale de X à valeurs dans le groupemultiplicatif Gm (c’est
lagénéralisation
"naturelle" du groupe de Brauer d’uncorps). Étant
donné unélément A du groupe de Brauer d’une k-variété
X,
F un corps contenantk,
et P EX (.F),
onpeut
"évaluer" A en P. On obtient ainsi un élémentA(P)
EBr(F).
PROPOSITION 8
[Manin]. -
Soit X une variétéprojective
et lisse surun corps de nombres. Si pour tout élément du
produit
desX(kv)
il existe un élément A du groupe de Brauer-Grothendieck
Br(X)
tel que0,
alorsX(k)
est vide.Cet énoncé
(où
la finitude de la somme résulte del’hypothèse
deprojec-
tivité faite sur
X)
est uneconséquence
de la suite de Hasse(2)
- à noterqu’on
utilise seulement que cette suite est uncomplexe (i.e.
que lecomposé
des flèches est
nul).
Cette obstructionpermit
àl’époque d’expliquer
tous lescontre-exemples
connus, sauf celui deCassels-Guy, d’équation simple
maisde
justification
assezcomplexe.
En1977,
Sansuc et moi-mêmeremarquâmes
que l’onpeut
définir defaçon analogue,
en termes du groupe de Brauerglobal,
une obstruction àl’approximation faible, qui explique
lecontre-exemple
deSwinnerton-Dyer (1962),
et invite à enfabriquer
de nom-breux autres. Dans la
suite,
onappellera
"de Brauer-Manin" l’une ou l’autre de ces obstructions.Notons ici que
l’expérience
montrequ’il
est bienplus
facile defabriquer
des
contre-exemples
àl’approximation
faible que descontre-exemples
auprincipe
de Hasse. H seraitintéressant,
pour des famillesspécifiques d’équa- tions,
de donner une formequantitative
à cetteimpression générale.
Passons aux
contre-exemples
à la"paramétrisation" (essentiellement) biunivoque
despoints k-rationnels,
c’est-à-dire à laquestion
de savoir siune k-variété lisse rationnelle X avec un
k-point
est k-rationnelle. Pour unek-surface rationnelle standard avec
d 4,
l’existence d’unpoint
k-rationnel n’assure pas la trivialité k-birationnelle. On a descontre-exemples déjà
surles réels
(nombre
decomposantes
connexes réellessupérieur
à2).
Defaçon plus algébrique,
ondispose
d’au moins deuxtechniques
pour établirqu’une
k-surface rationnelle X n’est pas k-rationnelle : la
technique
dessystèmes
linéaires à
points bases, déjà évoquée,
et latechnique générale
de l’invariantPic(X).
Disons
quelques
mots sur ce dernierinvariant, développé
parShafarevich,
Manin
([Mal], [Ma3])
et Voskresenskil([V]).
Hs’agit
du groupe de PicardPic(X)
des classes de faisceaux inversibles àisomorphisme près,
ou encoredes classes de diviseurs modulo
l’équivalence rationnelle,
sur la variété(lisse)
X,
groupe que l’on voit comme modulegaloisien,
c’est-à-dire comme groupe abélienéquipé
d’une action du groupe de GaloisGal(k/k).
Pour une variétérationnelle
projective
etlisse,
ce groupe abélien est libre detype
fini. Un modulegaloisien
est dit depermutation
s’il admet une base(sur Z)
laisséeglobalement
stable par l’action du groupe de Galois. Le module est dit stablement depermutation
siaprès
somme directe avec un module depermutation
il devient depermutation.
Le résultat de
base,
observé par les auteurs ci-dessus(voir
aussi~CT/S6~ )
est que si la k-variété
projective
et lisse X estk-rationnelle,
alors le modulegaloisien Pic (X)
est stablement depermutation.
Ceci est encore vrai sousl’hypothèse
apriori plus
faible que X est stablementk-rationnelle,
c’est-à-dire que pour n, m entiers convenables le
produit
X x kPk
est k-birationnel àPk.
En
particulier,
pour des raisonsalgébriques simples,
le groupe decohomologie galoisienne H1 (Gal(k/k), Pic(X))
est alors nul. Onpeut
biensûr se poser la
question :
si pour une k-variété rationnelle(projective
etlisse) X, le
modulegaloisien Pic (X )
est stablement depermutation,
et siX
possède
unpoint k-rationnel,
la variété X est-elle au moins stablement k-rationnelle ? Ceci fut établi par V. E. Voskresenskii pour lescompactifi-
cations non
singulières
de toresalgébriques ([V], [CT/S2]).
n n’en est pasainsi en
général,
mais le cas des surfaces rationnelles est ouvert.L’invariant
Pic(X)
est lié au groupe deBrauer,
dont nous avonsparlé plus
haut : pour une k-variété rationnelleprojective
etlisse,
le groupeBr(X)/Br(k)
est un sous-groupe du groupe decohomologie galoisienne H1 (Gal(k/k), Pic(X)) (et
est en faitégal
à ce dernier groupe dans denombreux cas, e.g. si k est un corps de
nombres).
Enparticulier,
le groupe de Brauer est trivial(tout
élément deBr(X) provient
deBr(k))
siPic(X)
est un module de
permutation.
Tant la méthode des
systèmes
linéaires àpoints
bases que la méthode du modulegaloisien Pic (X )
assurentqu’aucune
des surfacesd’équation
amne :n’est k-rationnelle.
Ceci exclut donc une
paramétrisation
à laDiophante
de tous lespoints
rationnels de ces surfaces. Le même
problème
se pose pour leséquations
deDiophante
mentionnées au début del’exposé.
Cependant,
en1958,
F. Châtelet[Ch] réussit,
sur un corps denombres,
àparamétrer
lespoints
rationnels de la surface C au moyen d’un nombre fini deparamétrisations
-multivoques.
Latechnique employée
par Châtelet est fort semblable à celle utilisée dans la démonstration du théorème deMordell-Weil,
pour la courbeelliptique
Ed’équation
Pour
E,
sur un corps denombres,
unargument
defactorisation,
lointaindescendant de ceux utilisés par Fermat pour établir que la courbe
elliptique
d’équation
n’a à distance finie que les trois solutions
Q-rationnelles évidentes,
montrequ’il
existe un nombre fini d’éléments ea etda
de k* tels que toutpoint
k-rationnel de E
provienne,
par laprojection
sur lapremière équation,
d’unpoint
k-rationnel d’une des variétésEa
donnée par lesystème d’équations
Dans ce cas, il se trouve que pour ca = 1 et
da
=1,
la courbeEa
estk-isomorphe
àE,
laprojection
s’identifiant à lamultiplication
par 2. Cecipermet
deréinterpréter
la finitude comme celle deE(h~/2E(l~~ :
: c’est lethéorème de Mordell-Weil faible
([Wl]).
Pour la surface de Châtelet
C,
sur un corps denombres,
unargument
de factorisation tout
similaire,
mais à base de normes(pour
l’extensionquadratique k(a)/k) plutôt
que decarrés,
montrequ’il
existe un nombrefini d’éléments Ca et
da
de k * tels que toutpoint
k-rationnel de Cprovienne,
par la
projection
sur lapremière équation,
d’unpoint
k-rationnel sur l’une des variétésWa
donnée par lesystème d’équations
Comme les variétés
Wa
sont de dimension4,
aucune ne saurait être k- birationnelle à la variété C. Mais Châtelet réussit à montrer que les variétésW« possédant
unk-point
sont k-rationnelles : d’où le résultat sur le nombre fini deparamétrisations (multivoques).
Manin vers 1970
([Ma3])
reformulaquelque
peu les résultats deChâtelet,
en introduisant des relations
d’équivalence
sur l’ensembleX(k)
despoints k-rationnels,
enparticulier
la notion de"R-équivalence",
sur lespoints
k-rationnels d’une A-variété X. Deux
k-points
sont dits élémentairement liés s’il existe une courbe de genre zéropassant
par l’un etl’autre, plus pré-
cisément s’il existe un
k-morphisme
d’un ouvert U de la droite afhneAl
dans X tel que les deux
k-points
soient dansl’image
deU(k ) .
Cette relationengendre
laR-équivalence.
Manin définit aussil’équivalence
deBrauer,
paraccouplement
deX(k)
avec le groupe de BrauerBr(X).
On obtient ainsi deuxquotients : X(k)j R
etX(k)/Br.
Pour une variétéprojective, l’équiva-
lence de Brauer est
plus grossière
que laR-équivalence.
Lequotient X(k)/R
est une
approximation
de larépartition
en classes deparamétrages.
Pour kun corps de
nombres,
et X une k-variété rationnelleprojective
etlisse,
lequotient X(k)/Br
est fini. Manin pose laquestion
de la finitude deX(k)j R
pour X une surface
cubique
définie sur un corps denombres;
il réinter-prète
le résultat de Châtelet comme établissant la finitude deX (k) / R
pourdes surfaces
cubiques particulières (un
accident fait que pour cessurfaces, R-équivalence
etéquivalence
de Brauercàncident).
Vers
1970,
et à la suite de travaux de Manin et deSwinnerton-Dyer,
il seposait
donc lesquestions :
w Trouver de nouvelles classes de variétés pour
lesquelles
leprincipe
deHasse vaut.
A défaut,
trouver des classes de variétés pourlesquelles
l’obstruction de Brauer-Manin est la seule.
~ Pour
quelles
classes de k-variétés rationnelles le modulegaloisien Pic(X) (à
additionprès
d’un module depermutation)
contrôle-t-il lak-rationalité,
ou du moins la k-rationalité stable ?Les
pratiques
de factorisation et de descente à la Fermat-Mordell-Weilsur les courbes de genre 1 avaient fait
l’objet
de travauxsystématiques,
enparticulier
deSelmer,
Cassels etTate, qui
avaientdégagé
le moule communalgébrico-géométrique,
etarithmétique, sous-jacent
aux diverses factorisa- tions "à la main"(isogénies
de courbeselliptiques, "A-revêtements").
Ellesavaient aussi mené à des
contre-exemples
auprincipe
de Hasse pour les courbes de genre 1(e.g. 3x3
+4y3
+5z3
= 0(Selmer)),
leprincipe
étantque l’on
part
d’une telle courbe C de genre1,
sanspoint
rationnel évi-dent,
et que par des factorisations comme dansl’exemple ci-dessus,
on pro- duit un nombre fini de courbes auxiliairesexplicites Ca
et demorphismes fa Ca - C,
tels queC(k) ~
soit la réunion desfa (Ca(k)) .
. Dans certainscas, il se
peut
très bien que la courbe initiale C ait despoints
dans tousles
complétés kv,
mais que pourchaque
courbeCa,
il existe au moins uncomplété
oùCa
n’ait pas depoints.
Afortiori,
chacun des ensemblesCa(k)
est-il
vide,
etC(k)
est alors vide. La non-validité duprincipe
de Hasse pour les courbes de genre 1apparaissant
dans les descentes sur une courbeellip- tique
donnée E sur un corps de nombres k est d’ailleursprécisément
cequi empêche
de calculersystématiquement
le rang du groupe de Mordell-WeilE(k).
Seposaient
donc lesquestions :
. Y a-t-il une théorie semblable
sous-jacente
àl’exemple
deChâtelet,
etsi