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Submitted on 1 Jan 1963
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Étude des constantes élastiques de la blende et de leur variation avec la température
André Zarembovitch
To cite this version:
André Zarembovitch. Étude des constantes élastiques de la blende et de leur variation avec la tem- pérature. Journal de Physique, 1963, 24 (12), pp.1097-1102. �10.1051/jphys:0196300240120109700�.
�jpa-00205710�
1097.
ÉTUDE DES CONSTANTES ÉLASTIQUES DE LA BLENDE
ET DE LEUR VARIATION AVEC LA TEMPÉRATURE
Par ANDRÉ ZAREMBOVITCH,
Laboratoire des Recherches Physiques, Sorbonne.
Résumé.
2014Les vitesses des ondes ultrasonores
sepropageant dans différentes directions d’un monocristal de sulfure de zinc (blende) ont été mesurées
aumoyen de trois méthodes optiques indépendantes : méthode de résonance, méthode de diffraction de la lumière par les ultrasons,
méthode de visualisation. Les expériences ont été répétées sur plusieurs échantillons. Les cons-
tantes élastiques déduites de
cesmesures à température ordinaire sont en accord avec la valeur de la compressibilité de la blende.
Cette étude
aété poursuivie depuis la température ordinaire jusqu’à la température de l’azote liquide. On
adéduit par extrapolation les constantes élastiques
auzéro absolu, et la température
de Debye de la blende. On constate que l’écart entre notre valeur, et la température de Debye
déterminée par des mesures de chaleur spécifique, est supérieur
auxerreurs d’expériences.
Abstract.
2014The velocities of ultrasonic
wavestravelling along different directions of
azinc blende monocrystal have been measured by three independent,optical methods : the thickness
resonance
method, light diffraction by ultrasonic waves, and the visualization method.
Several samples have been investigated. The elastic constants derived from the measurements at room temperature agree with the value of the compressibility of zinc-blende.
This study has been carried out from room temperature to liquid nitrogen temperature. The
elastic constants at 0 °K are derived by extrapolation and the Debye temperature of zinc-blende calculated. The difference between our value, and that deduced from heat capacity measure- ments, is greater than the experimental error.
PHYSIQUE
TOME24, DÉCEMBRE 1963,
I. Introduction.
-La première détermination des constantes élastiques du sulfure de zinc (blende)
par une méthode statique à 20 OC, est due à Voigt (1918) [1].
En 1944 Bhagavantam et Suryanarayana [2]
déduisent de méthodes dynamiques (vibrations ultrasonores), un jeu de constantes élastiques à
20 °C différent du précédent d’environ 10 %.
Prince et Wooster en 1951 [3] obtiennent
d’autres valeurs par diffusion des rayons X au
voisinage des réflexions sélectives. Leurs résultats s’écartent des précédents d’environ 10 % pour Cxx
et C12, de plus de 15 % pour C44. Ils opèrent égale-
ment à la température ordinaire.
La dispersion de ces résultats rend hasardeux
les efforts entrepris pour relier les grandeurs élas- tiques à d’autres constantes physiques de la blende (notamment la chaleur spécifique et la tempé-
rature de Debye).
Par suite du grand intérêt que présente ce cristal,
d’autres auteurs (Forsterling [4], Martin [5]) ont cependant poursuivi ces efforts, sans connaître toutefois la valeur, nécessaire à leurs calculs, des
constantes élastiques à 0 OK.
Pour lever ces incertitudes, nous nous sommes
proposé de déterminer les constantes élastiques de
la blende de façon plus précise, et d’étudier la
variation de ces grandeurs avec la température,
pour en connaître la valeur extrapolée au zéro
absolu.
2. Description des échantillons.
-La blende
appartient à l’hémiédrie tétraédrique du système
cubique (43 m).
.Nous disposons de trois échantillons de blende naturelle provenant de Pico de Europa. Nous les désignerons par 1, 2,3 (1).
-
L’échantillon n° 1 a été taillé en forme de parallélépipède rectangle de dimensions
16 X 9 X 5 mm. Les grandes faces, les faces
moyennes et les petites faces sont respectivement parallèles aux plans (110), (110), (001). L’orien-
tation des faces par rapport aux axes cristallo- graphiques a été vérifiée aux rayons X. Elle est correcte à mieux de 10.
-
L’échantillon no 2 se présente sous la forme
d’une lame dont l’épaisseur est faible (3 mm) ce qui nuit à la précision des mesures.
-
L’échantillon no 3 est un parallélépipède rec- tangle de dimensions 10 X 10 X 19 mm. L’orien- tation des faces est la même que pour l’échan- tillon no 1.
3. Mesures à température ordinaire (20 oC).
--Nous avons déterminé la vitesse de propagation
d’ondes ultra-sonores planes se propageant dans
nos échantillons.
(1) Les échantillons ont été mis;aimablement à notre dis- position par MM. les Professeurs J. P. Mathieu et H. Curien.
Les échantillons 1 et 2 ont déjà servi à des études optiques [6], [7], [8].
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:0196300240120109700
1098
Trois méthodes optiques indépendantes ont été
mises en oeuvre : la méthode de résonance, la
méthode de visualisation, la méthode de diffrac-
tion de la lumière. Ces méthodes sont rappelées
dans un article de Meyer et Hiedemann [9] ; nous
en limiterons l’exposé aux particularités propres à notre étude.
3.1. MÉTHODE DE RÉSONANCE. - Des ondes
élastiques planes, engendrées par un quartz piézo- électrique forment entre deux faces planes et paral-
lèles du monocristal un système d’ondes station- naires.
On sait [10] qu’un tel système peut diffracter la lumière comme le ferait un réseàu de pas À
(À désignant la longueur d’onde élastique).
L’intensité de la figure de diffraction est maxi- male quand le solide entre en résonance, c’est-à-
dire quand
L : distance des faces parallèles,
k : nombre entier,
ou encore
N : fréquence de résonance,
V : vitesse de propagation des ondes élastiques.
Le cristal est posé sur un quartz piézo-électrique.
On excite ce quartz à l’aide d’un générateur dont
on peut faire varier la fréquence de façon continue depuis 5 méga-cycle jusqu’à 30 méga-cycle.
La résonance du cristal est décelée par l’obser- vation visuelle d’un maximum de l’intensité’de la
figure de diffraction. On note la suite des fré- quences de résonance ; de cette mesure et de celle
de L, on déduit y’ d’après l’équation [2].
On augmente notablement le contraste de la figure de diffraction en plaçant l’échantillon
en vibration entre polariseur et analyseur croi-
sés. Si les directions de polarisation sont à 450
de la direction de propagation des ultra-sons,
on observe les résonances âues aux ondes longitu-
dinales.
Si les directions de polarisation sont à 0 et 900
de la direction de propagation des ultra-sons, on
observe les résonances dues aux ondes transver- sales.
Nous avons pu ainsi observer à différentes fré- quences les figures de diffraction de la lumière dues aux ondes planes, stationnaires, longitu-
dinales et transversales, parallèles aux plans (001)
et (110).
On relie la vitesse de ces ondes aux constantes
élastiques CIl’ C12, C44 à l’aide du tableau de
correspondance ci-contre :
TABLEAU 1
(un vecteur d’onde de cosinus directeurs [1, m, n], pilote une vibration longitudinale de vitesse Vi et
deux vibrations transversales de vitesse Y2 et ’V3).
(p désigne la’masse spécifique du cristal.) ,Cette méthode est précise. Nous avons pu, par
exemple, observer toutes les résonances des ondes
longitudinales se propageant suivant la direc- tion [110], depuis l’harmonique 25 jusqu’à l’har- monique 175.
3.2. MÉTHODE DE VISUALISATION.
-Un solide
Îransparent, siège d’un système d’ondes station- naires ultrasonores est en première approximation,
du point de vue de l’optique, un objet de phase.
On peut donc, par différents procédés (strioscopie,
contraste de phase), visualiser les ondes ultra-
sonores à l’intérieur de ce solide.
Un autre procédé de visualisation est applicable
dans le cas d’un milieu isotrope ou d’un cristal
cubique. Aux ventres de tension élastique se mani-
feste une biréfringence accidentelle qui n’existe
pas aux noeuds. L’observation du solide en vibra-
tion, placé entre polariseur et analyseur croisés
à 450 de la direction de propagation des ondes élas-
Fm. 1.
-Ondes longitudinales
dans un parallélépipède de verre.
tiques, révèle des raies sombres aux noeuds de tension et des zones claires aux ventres de tension
(exemple fig. 1).
Nous avons photographié les échantillons de blende dans lesquels les ondes ultrasonores étaient visualisées. La figure 2 représente l’échantillon 1
siège d’un système d’ondes stationnaires longi-
tudinales.
-Fie. 2a.
-Ondes longitudinales stationnaires dans la blende. Direction de propagation[001].
Fie. 2&.
-Ondes longitudinales stationnaires dans la blende. Direction, de propagation [110].
,En a la direction de propagation est [001].
En b la direction de propagation est [110]..
La distance de 2 noeuds est égale à la demi- longueur d’onde, xi j2 en a, Xg/2 en b. Le rapport
des longueurs d’onde À1 et À2 relatives à deux
fréquences V1 et v2 que l’on mesure exactement,
nous donne une relation entre les constantes élas-
tiques, sans qu’il soit nécessaire de connaître le
grandissement du système photographique.
3.3. MÉTHODE DE DIFFRACTION DE LA LUMIÈRE
(Franges de Lucas-Biquard).
On photographie la figure de diffraction donnée par le systèmes d’ondes stationnaires décrit au
paragraphe 3.1.
La distance du réseau ultrasonore à la plaque
photographique n’est pas connue avec précision.
Pour éliminer cette inconnue, nous avons photo- graphié les figures de diffraction données simul- tanément par les ondes longitudinales et trans-
versales.
La figure 3 représente une telle figure de dif-
fraction due aux ondes transversales et longitu-
dinales se propageant suivant la direction [1, 1, 0].
Le rapport des distances d1 et d2 des franges du premier ordre est mesurable sur le cliché.
FIG. 3.
-Diffraction de la lumière par deux systèmes simultanés d’ondes stationnaires dans
uncristal de blende.
V1 et V2 désignant les vitesses de propagation de
ces deux types d’ondes.
Cette mesure donne une relation supplémentaire
entre constantes élastiques.
3.4. RÉSULTATS. Discussiorr.
-Pour chaque
échantillon de blende, la méthode de résonance
fournit quatre équations où figurent les constantes
élastiques. Cette méthode suffit donc pour déter-
miner les trois constantes. Les deux autres mé-
1100
thodes ont été utilisées pour améliorer la précision
des résultats. On en déduit :
Ces résultats sont obtenus avec pour valeur mesurée de la masse spécifique
Les résultats précédemment publiés sont re- portés dans le tableau 2.
TABLEAU 2
Les constantes de Wooster et Price étant déter- minées avec une erreur relative de 5 %, la diver-
gence avec nos résultats reste dans des valeurs admissibles pour Cl1 et C128 Par ailleurs, on
remarque que la constante C44 est beaucoup plus
faible d’après ces auteurs que d’après les autres.
Il est plus difficile de comparer nos résultats avec ceux de Bhagavantam et Suryanarayana qui ne communiquent pas la précision de leurs mesures.
On notera toutefois que C44 est déterminé par ces auteurs de façon statique c’est-à-dire moins pré-
cise. Si l’on reporte dans leurs calculs notre valeur de C44, on trouve pour C12 un résultat proche du
nôtre.
4. Mesures à basse température.
-Nous avons mesuré.par la méthode de résonance les constantes
élastiques de la blende depuis 20 OC jusqu’au voisi-
nage de la température d’ébullition de l’azote
liquide (- 180 °C).
4.1. DESCRIPTION DU MONTAGE.
-Le cristal
posé sur le quartz piézoélectrique est logé à l’inté-
rieur d’un bloc de laiton de grande capacité calo- rifique.
Le refroidissement du bloc est assuré par une circulation d’azote liquide le long de tubulures percées dans sa masse. L’ensemble est placé dans
un vase Dewar où l’on a ménagé deux fenêtres optiques permettant le passage de la lumière et
l’observation des figures de diffraction.
La commande du circuit de pompage de l’azote
est asservie à la température de l’enceinte par l’intermédiaire d’un thermomètre à gaz ou d’un thermomètre à résistance de platine. Dans les deux
cas, la température au niveau du cristal est main- tenue constante à + 1°C. Ce montage est inspiré
de celui décrit par Kahane [11].
Discussion.
--La relation (2), qui nous permet de calculer la vitesse de propagation des ultrasons,
n’est applicable que si le couplage entre quartz et cristal, assuré par une couche de liaison, est suffi-
samment lâche pour que l’on puisse considérer le cristal comme libre.
Suivant la température nous avons utilisé dif- f érents a liants » répondant à cette condition : huile de paraffine, décahydronaphtalène, méthylcyclo- hexane, méthyl 2 butane.
4.2. RÉSULTATS.
-Le calcul des constantes
élastiques à différentes températures nécessite la connaissance du coefficient de dilatation de la blende en fonction de la température. Nous avons emprunté les résultats à Adenstedt [12].
Les courbes 1, 2 et 3 (fig. 4) représentent les
variations des constantes élastiques CI,, C12, et
FIG. 4.
C44 en fonction de la température depuis 20°C jusqu’à - 180 °C, Ces courbes sont d’allure presque rectiligne, avec une légère convexité tournée vers l’axe des Cu croissants, à basse température. Les pentes des courbes sont toutefois très faibles com-
parées aux courbes relatives à des cristauX ioniques.
4.3. CONSTANTES ÉLASTIQUES A 0 OK.
-Les courbes 1, 2 et 3 nous ont permis d’évaluer par
extrapolation les constantes élastiques C,1, C12.
et C44 au zéro absolu. On peut extrapoler graphe
quement en prolongeant les courbes 1, 2 et 3
jusqu’à 0 OK de façon à ce que è)Cu jôT
=0 pour T = 0.
On peut également, suivant une méthode em- ployée par Durand [13], écrire que :
( Cu) 0 désignant la valeur de Cn à 0 OK ;
u
=T ¡aD avec T t’empérature en degré Kelvin ;
OD température de Debye ;
Fii(u) est une fonction de u qui ne dépend pas de la substance étudiée ; Ais une constante carac- téristique de la substance étudiée.
L’utilisation de ces deux méthodes est concor-
dante et nous conduit aux résultats suivants :
5. Utilisation des résultats.
-5.1. ÉVALUATION
DE LA COMPRESSIBILITÉ ISOTHERME DE LA BLENDE.
-
De nombreux auteurs ont mesuré à la tempé-
rature ordinaire, la compressibilité isotherme de
la blende xT [14, 15].
Cette grandeur peut être calculée à partir de nos
résultats puisque
C i, CT2 désignant les constantes élastiques iso-
thermes- de la blende. La méthode dynamique que
nous utilisons nous donne les coefficients élastiques adiabatiques Cfl’ C 2, reliés aux précédents par
les relations (6) et (7)
oc : coefficient de dilatation linéaire,
p : masse spécifique,
Cv : chaleur spécifique à volume constant.
Le terme 9T(X2/pCv XT est un terme correctif dont 1 a valeur est : 0,03 .1011. Il vient :
Ce résultat est en excellent accord avec les valeurs publiées [14, 15].
obtenues par mesure statique de la compressibilité
5.2. TEMPÉRATURE DE DEBYE DE LA BLENDE. -
5.2.1. Rappel des résultats précédents.
-La théorie
de Debye des chaleurs spécifiques relie la tempé- .
rature caractéristique OD aux constantes élastiques
par la relation :
Notations de Blackmann [16]
Cm, la vitesse moyenne de propagation des ondes élastiques dans le cristal est définie par la relation :
où V1, V 2, V3 désignent les vitesses de propa-
gation des ondes longitudinales et transversales relatives à une même direction ; l’intégration porte
sur toutes les directions de l’espace.
La comparaison de aD ainsi calculé (nous note-
rons 6D élastique) à la valeur 6D(y) évaluée d’après
les mesures de chaleur spécifique, est particuliè-
rement intéressante dans le cas de la blende. En
effet, ce cristal est un semi-conducteur, dont le
«
gap » est élevé (La résistivité à température
ambiante est supérieure à 1012 ohm/cm). Il en
résulte que la contribution électronique à la cha-
leur spécifique est négligeable devant la contri-
bution du réseau.
Comparaison de OD(T) et OD)(élastique).
-
Forsterling [4] a calculé Sa (élastique) et Cm d’après les constantes élastiques de Voigt ; il
trouve :
-
Clusius et Harteck [17] ont mesuré la chaleur spécifique de la blende entre 19 OK et 200 OK. De
leurs mesures ils déduisent.
On constate donc que 03B8D( T) OD (élastique).
D’après les prévisions de Blackmann [16], la
mesure des chaleurs spécifiques à des températures
inférieures à 19 OK était susceptible de réduire l’écart entre OD(T) et OD(élastique). En effet
Martin [5] a étudié la blende de ce point de vue
entre 19 OK et 4 OK. La courbe de variation de OD
en fonction de la température s’élève quand la température diminue, pour atteindre la valeur
.