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Un Erckmann-Chatrian du XVIIIe siècle : Simon Coiffier de Demoret

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Un Erckmann-Chatrian du XVIII

e

siècle : Simon Coiffier de Demoret

Nicolas B

RUCKER

À la mémoire de Ferdinand Stoll

La période de la Terreur révolutionnaire a inspiré nombre de fictions, notamment sous la plume d’écrivains émigrés évoluant dans les milieux de la Contre-révolution. C’est à cette catégorie qu’appartient le roman intitulé Les Enfants des Vosges. Mémoires d’un vieillard alsacien

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qui fait l’objet de cette communication (fig.1). Ce roman, imprimé en 1799 à Brunswick sous les presses de Pierre François Fauche et vendu à Paris par le libraire Charles Pougens, a pour auteur un émigré au parcours caractéristique de ces officiers hommes de lettres qui se firent connaître entre 1792 et 1802, c’est-à-dire durant les années de la proscription, avant leur réintégration dans la société française, et qui dans l’intervalle apportèrent une contribution significative aux journaux et imprimeurs installés en Allemagne.

L’édition originale fut peu diffusée

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: elle demeure aujourd’hui très rare. On en connaît seulement trois exemplaires. Celui que nous avons consulté se trouve dans la bibliothèque du château d’Oron (canton de Vaud, Suisse), qui se distingue par l’importance de son fonds de romans français ou traduits en français publiés entre 1775 et 1815. Ce fonds est notamment composé de la bibliothèque d’Hélène Massalska (1763-1815), qui fut l’épouse de Charles Joseph de Ligne (fils de l’homme de lettres), puis de Vincent Potocki. Les livres qu’elle a possédés portent l’ex-libris de son beau-fils et gendre, le comte François Potocki. Une seconde édition vit le jour à Paris en 1808

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. Les modifications, mineures, portent sur le style. Elles attestent une intervention de l’auteur sur son premier texte.

En situant le cadre de son histoire dans le massif vosgien, Simon Coiffier de Demoret (1764-1826), ne savait pas qu’il éveillerait chez le lecteur des XX

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et XXI

e

siècles des réminiscences d’autres récits, écrits cinquante ans plus tard, ceux d’Émile Erckmann et Alexandre Chatrian. Échos inévitables, qui me donnent l’occasion de rappeler à notre souvenir la personne et les travaux de Ferdinand Stoll, fin connaisseur du roman français, du genre fantastique et d’Erckmann-Chatrian. C’est à lui que je dédie cette communication.

Une belle histoire

Permettez-moi de vous raconter une histoire, de celles qu’on se plaît à entendre le soir à la veillée, quand la nuit est tombée et que le poêle s’est mis à ronfler. Le narrateur, condamné à l’exil en 1792, s’est installé près d’Offenburg, tout près de la frontière, afin de jouir de la proximité de sa patrie, et deux mois après la chute de Robespierre (28 juillet 1794), le 30 septembre 1794, il s’installe à Colmar. Un jour, il tente une excursion depuis Orschwiller.

S’étant aventuré sur les sentiers escarpés qui mènent au Haut-Kœnigsbourg (fig. 2), il croise un homme « avancé en âge », escorté de deux enfants de dix et douze ans. La conversation s’engage, et le vieillard explique ce qui l’amène en ces lieux insolites. L’année précédente, à l’automne 1793, alors que les combats en Palatinat font peser sur la province la menace d’une

1 COIFFIERDE DEMORET (Simon), Les Enfans des Vosges, ou Mémoires d’un vieillard alsacien. Rédigés par S. C., Paris, Pougens et Hambourg-Brunswick, Fauche, 1799. 2 tomes in-12° en un volume : VI-205 p. et 183 p.

Bibliothèque du château d’Oron (Oron-le-Châtel, Suisse) ; cote : RHA 7.4.

2 « Les Enfans des Vosges furent imprimés à Hambourg en 1799, mais comme il n’en pénétra en France qu’un très petit nombre d’exemplaires, cet ouvrage y est entièrement inconnu ». Nouvelle Bibliothèque des romans, t. III, Paris, Demonvile, an XIII-1804, p. 5.

3 Les Enfans des Vosges. Par S. C*******, Paris, Fréchet, 1808. 2 tomes in-12° en un volume : VIII-235 p. et 240 p.

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invasion par les armées coalisées, et que la loi des suspects (votée par la Convention le 17 septembre 1793) répand une paranoïa collective, cet homme, décrit comme d’une « condition un peu relevée », ce qui signifie qu’il est un riche propriétaire, habitant de Kestenholz (Châtenois), est averti par Georges et Henriette, les petits-enfants d’Hermann, son plus fidèle et ancien serviteur, que son arrestation est imminente. Le tout se fait dans le plus grand secret, le père des enfants étant acquis aux idées révolutionnaires et prêt à se faire l’instrument de la rage vengeresse des sans-culottes.

Devant l’imminence du danger, quel refuge trouver ? Les enfants, qui connaissent si bien la montagne qui surplombe leur village, Orschwiller, conduisent l’homme jusqu’aux ruines de ce qu’ils appellent le « vieux château », autrement dit le Petit-Kœnigsbourg, ou château de l’Œdenbourg, situé à deux cents mètres du grand château. Et c’est là, dans un caveau voûté qu’ils l’installent dans un premier temps. Mais les pluies diluviennes qui se produisent dans les jours qui suivent provoquent des éboulements tels que le vieillard se trouve enfermé, emmuré vivant dans le château, à l’exception d’une petite ouverture par laquelle les enfants continuent à le ravitailler, au péril de leur vie. Une nuit, des voix se font entendre : ce sont des hommes (parmi lesquels un dangereux maître d’école, décidé à perdre le vieillard) qui, cherchant à échapper à la conscription, sont en quête d’une cachette. Ils aperçoivent de la lumière, et se décident alors à dégager l’ouverture à coups de pioche et de pelle. Le vieillard n’a que le temps de fuir par une ouverture dans le sol dont il a fait la découverte, et par laquelle il accède à un souterrain qui relie les deux châteaux. Un labyrinthe s’offre à lui, où il ne s’oriente pas sans peine. Il découvre la crypte où sont enterrés les seigneurs du Kœnigsbourg, grande salle voûtée où il va aménager ses appartements, résolu qu’il est de passer l’hiver dans ces lieux froids, humides et lugubres. Mais ses poursuivants n’ont pas lâché prise ; ils reviennent, cette fois avec Georges, dont il soupçonne l’active complicité. Ils sont prêts à lui faire subir les pires tortures quand l’homme, qui les a surpris, se décide à intervenir : il lance du haut d’une terrasse un bloc de pierre en l’accompagnant d’une parole menaçante, se faisant ainsi passer pour une puissance surnaturelle. C’est un succès, les brigands prennent la fuite. Georges, blessé, regagne sa maison, non sans difficulté. Henriette prend le relais et, malgré la neige et la glace, n’hésite pas à monter au château. De peur d’abîmer ses bas, elle les retire et c’est les pieds nus, tout sanglants, qu’elle parvient jusqu’à l’homme, qu’elle prend soin de fournir en vivres.

Cependant des signes étranges inquiètent les enfants. L’homme à son tour surprend à

plusieurs reprises des soupirs longuement poussés sous les voûtes et dans le souterrain. Qui

donc hante les ruines ? La réponse ne se fait guère attendre : un spectre hideux surgit d’un

tombeau ouvert. C’est l’instituteur, qui, grièvement blessé par la pierre lancée par le vieillard,

n’est désormais plus qu’un moribond à l’agonie. Passée la première frayeur, l’homme décide

de porter secours à son persécuteur, il lui prodigue des soins qui rapidement le remettent sur

pied, mais qui le rendent aussi à sa soif de revanche. Car étant lui-même proscrit pour s’être

soustrait à la réquisition, il ne peut regagner la vallée. Le voilà forcé de demeurer au Haut-

Kœnigsbourg. C’est pour l’homme un compagnon bien encombrant, qu’il craint et qu’il doit

ménager. Un soir, il lui livre son projet qui est d’anéantir la ville de Colmar, celle-là même qui

a lancé le mandat d’arrêt qui lui vaut son exil dans les ruines. La noirceur de son âme se montre

dans toute son horreur. En réponse à ses imprécations, le Ciel envoie un orage d’une violence

inaccoutumée. Les éclairs fusent, l’un d’eux frappe l’instituteur, qui expire quelques jours plus

tard dans les tourments de l’athée qui craint la mort. Le vieillard, qui avait fait venir un médecin

afin de soulager le malheureux, ne peut rester plus longtemps dans la ruine. Georges et Henriette

lui trouvent une nouvelle cachette : chez lui, dans sa maison de Kestenholz. Caché dans une des

chambres, il est le témoin d’une réception que le père des enfants (devenu propriétaire de sa

maison) donne à une vingtaine d’habitants du village. La fête dégénère, de sorte que le père

risque d’être massacré par la foule : l’intervention du vieillard apaise les esprits, mais lui vaut

d’être arrêté et emprisonné à Colmar. L’instituteur s’étant rétracté, le vieillard est finalement

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relaxé, il accorde son pardon à l’usurpateur, rentre en possession de ses biens et se charge de l’éducation des deux enfants qui lui ont sauvé la vie.

Gothique, moral et politique

On aura compris, à l’écoute de son résumé, que ce roman fait servir l’esthétique du roman noir (ou gothique) à un objectif de nature tout à la fois morale et politique. Nous envisagerons donc l’ouvrage successivement sous trois points de vue : roman gothique, roman moral, roman politique.

Comme roman gothique, l’ouvrage met à profit le goût pour l’épouvante, les lieux inquiétants et les atmosphères sombres, qu’a récemment relancé la vogue du roman anglais, dit roman gothique (gothic novel), parce que situant l’action dans d’antiques châteaux, vestiges des temps de la chevalerie et des obscures superstitions, situés à l’écart de toute vie sociale, et intégrés à une nature sauvage et imposante. Le Château d’Otrante d’Horace Walpole est traduit en 1767. Trente ans plus tard, en 1797, Les Mystères d’Udolphe d’Ann Radcliffe paraissent dans la brillante traduction de Victorine de Chastenay (1771-1855)

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, qui ajoute à la veine proprement gothique le penchant des héros à la mélancolie et à la contemplation, typique du romantisme. Le sujet s’abandonne à une imagination qui lui ouvre les portes de l’étrange : un

« respect superstitieux » l’anime, et en vertu d’une hyper-sensibilité que nous analyserions aujourd’hui en termes de névrose, il se laisse aisément impressionner par des phénomènes qu’il n’explique pas, des apparitions répétées en particulier. Le compte rendu que donne des Mystères d’Udolphe le journal conservateur L’Éclair en 1797 défend ce nouveau genre en le présentant comme un démenti adressé à la mécréantise du siècle

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. Les philosophes par un rationalisme desséchant ont détourné des ressources spirituelles et religieuses. Le roman gothique est clairement compris comme le signal d’un retour du religieux après un siècle d’incrédulité.

L’auteur des Enfants des Vosges fait du château le lieu d’accès au domaine de l’esprit : la vue des ruines inspire au narrateur une « sombre mélancolie » (I, p. 10). Réduit à une solitude presque totale, le héros se sauve du désespoir qui le guette par la lecture d’un ouvrage spirituel en langue allemande, intitulé Manuel de l’hermite (I, p. 91). Tel un trappiste, il vit au milieu des tombeaux, et n’est pas loin de dormir dans son cercueil. Il s’adresse ainsi à Georges : « Je lui montrai le tombeau qui était vide. Regarde bien, lui dis-je, si je meurs dans ce souterrain, c’est là que je veux être » (I, p. 222). Il désigne sa demeure par le terme « catacombes », passe du temps chaque soir à prier devant l’autel d’une chapelle attenante aux sépultures des chevaliers qui jadis occupèrent le château. Plus le temps passe, plus il est porté à la méditation (fig. 3). Sur la muraille de sa cellule il a écrit « quelques-uns de ces mots qui sont la base des grandes idées », par exemple « néant », « vie », « mort », « immortalité » ou « éternité » (II, p.

31). « Une seule de ces inscriptions suffisait pour me faire réfléchir des heures entières », confie-t-il au narrateur. Les sons de la nature renforcent encore cette atmosphère morbide :

« Une nuée de chauve-souris, attirées par le feu, voltigeaient autour de moi, et me fatiguaient encore par leur vol sinistre ; les cris funèbres d’un hibou retentissaient au-dessus de ma tête, et d’un peu plus loin une chouette lui répondait par ses plaintes de mauvais augure » (I, p. 169- 170). Dans ce contexte, l’étrange advient de façon pour ainsi dire naturelle.

L’univers gothique anglais est ici transposé dans le paysage français. Le choix du Haut- Kœnigsbourg s’explique par la taille du château, qui offre à un fuyard d’innombrables cachettes, par son caractère presqu’entièrement ruiné, et par sa position dominante sur la plaine

4 RADCLIFFE (Ann), Les Mystères d’Udolphe, trad. Victorine de Chastenay, Paris, Maradan, 1797. ⎼ DUROT- BOUCE (Élizabeth), « Traducteurs et traductrices d’Ann Radcliffe, ou la fidélité est-elle une question de sexe ? », Palimpsestes, 22/2009, p. 101-128.

5 L’Éclair, ou Journal de France et de l’Europe, repris dans Le Spectateur du Nord (n° 6 de juin 1797, p. 407- 408).

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d’Alsace, de sorte qu’il permet au personnage de porter sa vue au loin jusqu’à Colmar. C’est, à notre connaissance, le seul roman de cette période à se donner pour cadre ce château. La précision des descriptions semble corroborer l’hypothèse que Coiffier se serait effectivement rendu sur les lieux. Nous y reviendrons.

Comme roman moral, l’ouvrage ne fait pas dans la nuance : la vertu est récompensée, le vice puni. Une justice transcendante se manifeste, rétablissant après les mois du chaos révolutionnaire, parvenu à son comble avec la Grande Terreur de juin et juillet 1794, le règne de l’ordre. Le château, lieu d’infortune, de menace, de mort, s’inverse pour devenir lieu de salut, de justice, de réparation. Les enfants sont l’instrument de ce retournement. C’est là une autre originalité de ce roman : les enfants sont les vrais héros de cette histoire. Georges et Henriette compensent par leur dévouement sans limite l’ingratitude du père. Ils cachent le maître, le nourrissent, protègent sa cachette. Plus tard ils lui trouvent une seconde cachette, et favorisent la réunion avec leur famille et le dénouement final. La mise en scène d’enfants est à la mode : Mme de Genlis les met en vedette dans Les Petits Émigrés, ou Correspondance de quelques enfants, un roman par lettres de 1798 : on y assiste aux actions modestement héroïques d’enfants de familles nobles émigrées en Allemagne.

La présence insistante des enfants et de leurs actions vertueuses destine ce roman à la jeunesse. Un éditeur alsacien ne s’y est pas trompé, qui un siècle plus tard en donnera une version abrégée : Kindlicher Opfermut. Les Enfants des Vosges. Erlebnisse eines Elsässers während der Schreckenszeit (1793) par Hermann Ludwig von Jan (1851-1908)

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. Nous sommes dans le contexte du Reichsland Elsass-Lothringen, en une période où l’édition alsacienne en langue allemande se porte bien. L’ouvrage profite de plus de l’actualité, et du récent regain d’intérêt porté au Kœnigsbourg, puisque les travaux de restauration du château viennent de débuter. Le titre principal met l’accent sur l’enfance, et le terme d’Opfermut fait référence au courage des deux enfants, courage qui peut aller jusqu’au sacrifice de leur vie. Les enfants se montrent, dans l’histoire, bien plus braves que les adultes. Au vieillard qui, emmuré dans le château, laisse éclater son désespoir, Georges lance, dans la version allemande de 1819 :

« Warum sollten wir den Muth verlieren

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? »

Comme roman politique, Les Enfants des Vosges met en avant le contexte historique.

Les repères temporels, situant l’époque de la Terreur, sont précisément posés. Robespierre est nommé, et présenté comme l’instigateur des massacres qui sont perpétrés : il a ouvert la voie aux ambitieux qui, voyant un moyen de sortir de leur basse condition, se sont élevés par le crime. Pendant quelques mois, ils se sont vus les maîtres, et ont exercé leur pouvoir par une tyrannie pire que tous les despotismes réunis. Thermidor ferme cette parenthèse sordide, et permet de former l’espoir d’un retour à la paix civile. Le roman est publié en avril 1799, à un moment où l’on commence à évoquer le possible retour des émigrés, et où se discutent les conditions de ce retour

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. Les émigrés ne se sentent déjà plus tout à fait des proscrits. La Révolution est sur le point de se conclure ; il est temps d’en faire l’histoire. Coiffier tente de le faire, à sa manière, et avec les idées qui sont les siennes, celles d’un monarchiste, d’un noble, d’un chrétien, attaché à l’ancienne France et rejetant sur les Lumières, les encyclopédistes et les philosophes la responsabilité du chaos révolutionnaire.

Ce roman relève de la catégorie des « romans de terreur » (Michel Foucault). L’historien Jean-Clément Martin a récemment montré comment la Terreur s’était constituée en objet

6 Kindlicher Opfermut. Les Enfants des Vosges. Erlebnisse eines Elsässers während der Schreckenszeit, dans Rüdiger Manesse und Kindlicher Opfermut. Erzählungen nach dem Französischen, frei bearbeitet von Hermann Ludwig v. Jan, Straβburg, Le Roux, 1901. Ouvrage illustré par le peintre lunévillois Henry Ganier-Tanconville (1845-1828).

7 Die Kinder in den Vogesen, oder Merkwürdige Geschichte eines alten Elsässers aus den Schreckenszeiten Frankreichs, Leipzig, Hartmann, 1819, I, p. 35.

8 DE WARESQUIEL (Emmanuel), « Joseph Fouché et la question de l’amnistie des émigrés (1799-1802) », Annales historiques de la Révolution française, n° 372, 2013, p. 105-120.

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romanesque, dans des récits qui réalisent la coïncidence entre l’événement historique et le goût du public pour les romans gothiques

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. Le Moyen Âge trouve sa place dans ce dispositif : il est présenté comme l’antidote qui doit purger le pays du danger révolutionnaire et lui rendre ses racines historiques, que la Terreur est accusée d’avoir voulu supprimer. Les Enfants des Vosges illustre parfaitement cette thèse. Dès l’« Avis » liminaire, l’auteur prévient que « la révolution a rendu tout possible » (p. VI), signifiant par là que les limites du vraisemblable ont été repoussées. Le genre romanesque a lui aussi subi une révolution. Son objet a changé : il doit désormais s’occuper de décrire ces forces surhumaines, sataniques ou occultes qui en sous-main déterminent le destin des peuples, comme elles animent les destinées individuelles. Il s’agit bien d’expliquer l’inexplicable. Ajoutons que le mythe de la Terreur sera entretenu et amplifié tout au long du XIX

e

siècle. Les éditions successives du roman le prouvent. Le sous-titre de la première traduction allemande de 1819 ⎼ Merkwürdige Geschichte eines alten Elsässers aus den Schreckenszeiten Frankreichs ⎼ met en avant le mot « terreur », sans doute parce qu’il est un argument de vente. L’illustration de frontispice de l’édition alsacienne de 1901, qui reprend le titre de 1819, est explicite : on y voit un sans-culotte coiffé du bonnet phrygien brandissant une faux et tenant de l’autre main une torche : à ses pieds gisent les débris du trône et de l’autel renversés, et derrière lui apparaît une guillotine, alors que brûle une église. Sur les hauteurs on aperçoit, dominant la scène, les ruines d’un château médiéval (fig. 4).

La dimension esthétique croise la question morale et la question politique dans le motif de la ruine. Il convient d’insister sur la valeur symbolique de la ruine. Le château s’effondre tout au long du récit : voûtes, murs, tours s’éboulent, les pierres tombent, l’édifice tremble aux assauts de la tempête. L’architecture manifeste dans sa précarité la fragilité de la société française malmenée par les vents de l’histoire. L’ancienne société n’y a pas résisté : elle a vacillé et s’est effondrée. Mais il reste les fondations, encore visibles dans la partie souterraine de l’édifice. Dans ces espaces proprement immenses

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(car étant dérobés à la vue ils sont impossibles à évaluer), on trouve les reliques sacrées des chevaliers, la société féodale qui garde intact l’esprit de l’ancienne France. Ce Moyen Âge idéalisé, Coiffier le fait revivre dans un autre roman, La Chapelle ou le Pèlerin

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, qui situe son action au XII

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siècle, au temps des croisades, et met en scène le retour d’un chevalier de Terre-Sainte, après quatorze années d’absence ; son château étant désormais occupé par un usurpateur, il prend le déguisement d’un pauvre pèlerin, avant d’organiser une spectaculaire reconnaissance. Il paraît en armes sous la figure du baron de Dompierre, et rétablit sa fille Elise dans ses droits d’héritière légitime.

Conduit incidemment vers les fondements du château, le vieillard, rescapé des persécutions révolutionnaires, guide le lecteur vers la voie du renouveau politique. Il faut renouer avec les valeurs de la chevalerie, notamment cette réciprocité de service qui liait le féal à son suzerain. Le fidèle Hermann est dans le roman l’exemple de cette solidarité qui a longtemps garanti la société d’ordres. Mais le dévouement sans borne de ses petits-enfants laisse à penser que cet esprit n’est pas tout à fait mort, et que, passée la génération des acteurs de la Révolution, une restauration (dans les deux sens du mot) sera possible. Le château, tout à la fois signe de la fin d’un monde et indice d’un renouveau, abri du juste proscrit par l’iniquité des hommes et du criminel que ses excès ont désigné à la colère divine, tient lieu de creuset historique. Il résume à lui seul la tragédie révolutionnaire dans ses actes successifs, et manifeste dans le mouvement incessant de ses pierres le dynamisme d’une nation qui se cherche un avenir.

Simon Coiffier de Demoret

9 MARTIN (Jean-Clément), La Terreur. Vérités et légendes, Paris, Perrin, 2017, p. 215-218.

10 Le narrateur, décrivant la salle où le vieillard s’est installé, indique que c’est une « pièce d’une immense étendue ». Les Enfants des Vosges, 1799, I, p. 133.

11 Publié dans Le Spectateur du Nord, n° 72, décembre 1802, p. 297-336.

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Il est temps à présent de dire quelques mots de l’auteur. Simon Coiffier de Demoret, né en 1764 et mort 1826, est issu d’une famille originaire du Bourbonnais, précisément de la branche cadette des Coiffier, dont la branche aînée d’Effiat, dite de Ruzé, donna un maréchal de France et le fameux marquis de Cinq-Mars. Officier dans un régiment de dragons, Simon Coiffier émigre en 1792, et rejoint l’armée des princes jusqu’à sa dispersion.

Il nous reste bien peu de documents propres à nous aider à reconstituer la vie de Simon Coiffier : en dehors de ses publications (articles et ouvrages), des lettres adressées à Amable de Baudus, le directeur du Spectateur du Nord, et conservées par ses descendants

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; un bref portrait en forme de souvenirs laissé par sa petite-fille la comtesse Berthe de Clinchamp (1833- 1911)

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, qui resta pendant cinquante ans attachée à la duchesse puis au duc d’Aumale tant en France qu’en Angleterre, durant l’exil de ce fils de Louis Philippe. A partir de 1869 gouvernante en titre d’Henri d’Orléans, elle passe pour en avoir été la maîtresse. On la surnomma « la Maintenonette », mot obtenu par collage de Maintenon et de Nonette, affluent de l’Oise qui coule à Chantilly, lieu de résidence du prince. Elle a couché par écrit ce qu’elle a entendu dire par sa tante, Léontine Catherine, dame d’honneur de la duchesse d’Aumale, de son grand-père le comte de Coiffier.

D’après ces souvenirs, après la chute de Robespierre, Coiffier se serait rendu en Alsace, ne pouvant plus supporter l’exil, sans toutefois oser aller jusqu’en Bourbonnais, son pays, tout ce qu’il y possédait ayant été confisqué et vendu comme biens nationaux. Cette information recoupe ce qu’on lit dans les premières pages du roman Les Enfants des Vosges, et accrédite l’idée que le cadre que la fiction se donne comporte des aspects autobiographiques. Le témoignage de Berthe de Clinchamp demeure cependant suspect, car elle commet l’erreur d’identifier l’auteur au narrateur de l’histoire. Elle évoque le « petit village qui l’avait accueilli », sans doute Orschwiller : « C’est là qu’il écrivit le récit d’une aventure qui lui fut contée par un vieillard, et qu’il appela "Les Enfants des Vosges" » (p. 12). D’une part, elle ne fait pas la distinction entre le « rédacteur », celui à qui l’on a confié un manuscrit qui porte la transcription, par une main inconnue, de l’histoire qu’on a lue, et le narrateur qui, ayant croisé le vieillard, a consciencieusement recueilli son histoire. D’autre part, elle feint d’ignorer que le manuscrit trouvé est un topos du roman de cette époque

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, et que cette convention interdit toute lecture naïvement biographique : malgré les données référentielles (toponymes, dates), on ne peut sans preuve identifier Coiffier à ce voyageur qui rencontra le vieillard, et qui fut l’auditeur attentif de son récit.

Cette preuve, l’archéologie contemporaine est en mesure de la produire. René Kill s’est employé à comparer les descriptions du Petit et du Haut-Kœnigsbourg qu’on trouve dans le roman et la connaissance qu’on a aujourd’hui du site

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. Il explique qu’à l’époque il n’existait aucune description imprimée des lieux, et que par conséquent l’auteur dut s’appuyer sur une découverte personnelle. Cette hypothèse est confirmée par l’exactitude et l’abondance des détails. Il conclut qu’en dehors de certaines exagérations ou inventions requises par les lois du genre, tout est rigoureusement exact dans les données topographiques.

12 Lettres publiées dans : RICHARD (François), Les écrits d’Amable de Baudus dans la presse : "Le Spectateur du Nord", 1797-1802, Saint-Maur, 2013, 2 vol.

13 DE CLINCHAMP (Berthe), Le Comte Simon Philippe de Coëffier de Demoret, Saint-Firmin, 1908, 17 p.

14 BOCHENEK-FRANCZAKOWA (Regina), « Le topos du manuscrit confié dans le récit de la Révolution », dans Jan Herman, Fernand Hallyn, Kris Peeters (éd.), Le topos du manuscrit trouvé, Louvain, 1999, p. 237-244. – DELON (Michel), « Le château ou le lieu de la crise », dans C. Seth (éd.), Imaginaires gothiques. Aux sources du roman noir français, Paris, Desjonquères, 2010, p. 69-83 ; p. 71.

15 KILL (René), « Les châteaux du Haut et du Petit-Kœnigsbourg dans « Les Enfans des Vosges, ou Mémoires d’un vieillard alsacien », roman de Simon de Coiffier de Moret publié en 1799, Châteaux forts d’Alsace, 15/2015, p. 91-98.

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Curieusement Berthe de Clinchamp ne dit rien du séjour de son aïeul dans le Nord de l’Allemagne. Pourtant c’est un fait qu’en février 1797 Coiffier est à Brunswick

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, après avoir été à Constance puis à Anspach (près de Nuremberg), où il a laissé ses parents. Nous avons aussi de lui des lettres datées de Paris

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, des premiers mois de 1802 : ce séjour est destiné à régler ses « affaires d’émigration », selon ses propres termes. Il se rendra également en Bourbonnais, pour y constater que son patrimoine a changé de propriétaire. Il s’emploiera plus tard à racheter son château. Son activité pour Le Spectateur du Nord se fait intense dans la période : il publie des comptes rendus, des fictions et un Mémoire sur l’imprimerie et la librairie ; mais il seconde aussi Baudus à la direction du journal, dans les périodes où celui-ci doit se rendre, en qualité d’agent de renseignement du ministre des Affaires étrangères Talleyrand, aux congrès de Lunéville et de Ratisbonne.

Quand a-t-il été arrêté et emprisonné à la prison du Temple ? Berthe de Clinchamp évoque cette détention de plusieurs mois, sans donner plus de précision. Il aurait, assure-t-elle, employé ce temps à écrire une Histoire du Bourbonnais et des Bourbons qui l’ont possédé, ouvrage qui ne parut qu’en 1814. Il épousa Charlotte Marie de Saint-Loup de Sauveterre, dont il eut deux filles, Louise Caroline Simonne, mère de Berthe de Clinchamp, et Léontine Catherine, restée célibataire, et qui, en raison du décès précoce de sa sœur, s’occupa de l’éducation de Berthe. Elle fut dame d’honneur de la duchesse d’Aumale, avant de léguer cette charge à sa nièce. Simon Coiffier fut élu député de la « Chambre introuvable » de 1815, et en 1823 fut nommé recteur à Amiens, fonction qu’il exerça jusqu’à sa mort en 1826.

« Notre grand-père était un esprit délicat entre tous, de la plus haute distinction, très bon ; la grande douceur de son caractère se reflétait dans ses manières toujours si nobles et si calmes. Une miniature que je possède le montre ainsi ; son visage dit la bonté, en même temps qu’il indique beaucoup de finesse18. »

À sa mort en 1933, Berthe de Clinchamp a légué son importante collection de miniatures à son neveu Henri Raoul de Clinchamp (1878-1938). La veuve de ce dernier, la comtesse Henri de Clinchamp née Lucie Louise Adèle Lafuente, en a fait don au musée de Condé à Chantilly après la mort de son mari. Cependant, d’après nos renseignements, le portrait de Coeffier ne s’y trouve pas.

De Coiffier à Erckmann-Chatrian

À la lecture de ce roman, nous avons été frappé de la ressemblance avec certains des contes écrits par Erckmann-Chatrian, notamment les Contes de la montagne (1860), les Contes des bords du Rhin (1862) et les Contes vosgiens (1877). Sans prétendre prouver une quelconque influence ou filiation, nous voulons énumérer quelques points de convergence.

Tout d’abord la topographie vosgienne, entre Alsace et Allemagne (du Palatinat au pays de Bade) et la donnée régionaliste frappent dans les deux cas. À ce sujet Erich Weis explique que le régionalisme en littérature est incompatible avec la visée universaliste des Lumières.

Commentant Les Enfants des Vosges, il ne voit dans les figures d’enfants que de purs objets d’éducation (« reine Erziehungsobjekte »), indépendants de tout contexte alsacien

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. Il convient de nuancer ce propos : la couleur locale est bien présente, à travers les noms, les descriptions et les allusions à la langue, mais dans les limites prescrites par le code romanesque alors en vigueur. Elle est certes plus marquée chez Erckmann-Chatrian, dont l’objectif est précisément de donner à la culture régionale un droit de cité en littérature. Dans cette vaste fresque sociale,

16 Lettre de Coiffier à Baudus du 5 février 1797.

17 Il loge rue du Gros Chenêt, n° 92, au coin de la rue de Cléry. Lettre de Coiffier à Baudus du 7 janvier 1802.

18 DE CLINCHAMP (B.), op. cit., p. 16.

19 WEIS (Erich), Der Elsässer im französischen Roman des 19. und 20. Jahrhunderts, Tübingen, 1938, p. 66.

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les classes populaires occupent une place prépondérante. On notera cependant que Coiffier leur réservait déjà dans son récit une place significative.

Le cadre historique est essentiel chez les deux auteurs, ainsi que la relecture de l’événement, dans une mémoire qui anime le récit, crée une profondeur de champ et une distance critique. Chez Coiffier, la Révolution est vue du Directoire, période de stabilité relative, avant la guerre et le coup d’état du 18 Brumaire ; chez Erckmann-Chatrian, l’Empire, la Restauration ou la Monarchie de Juillet sont vus du Second Empire. Cette relecture est, quant à l’orientation politique, parfaitement antithétique. Au parti pris contre-révolutionnaire, monarchique et catholique du premier s’oppose le républicanisme militant et anticlérical du second. Chez les deux auteurs cependant le point de vue est engagé, et les moyens littéraires sont assez semblables : un narrateur voyageur rend compte d’un événement dont il a été le témoin direct ou indirect, en rapportant les faits dans la forme d’un récit qui porte l’empreinte d’une langue locale et des particularismes linguistiques qui en font toute la saveur.

Le fantastique est un autre point commun : il s’ordonne autour du thème du château. Le château médiéval ressuscite un arrière-plan de contes et de légendes : c’est une mémoire au- delà des limites de la mémoire humaine et de ce que se transmettent les générations. Les pierres parlent, elles racontent un autre temps, si reculé qu’il en est devenu inaccessible. La ruine d’Erckmann-Chatrian est habitée par une vieille, un ermite, un savant fou, qui en incarnent

« l’esprit ». Elle déguise, sous des toponymes à consonance germanique, des châteaux alsaciens, surtout de la région de Saverne

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. Dans Maître Daniel Rock (1860), est décrit le Felsenbourg, antique château féodal.

« Le vieux castel s’écroulait ; le brouillard des nuits s’engouffrait dans ses tours effondrées ; l’herbe poussait entre ses larges pierres moussues ; quelques blocs énormes se détachaient tous les ans de sa couronne murale, et durant les longues nuits d’hiver […], on entendait parfois tout un pan de muraille tomber dans l’abîme21. »

La même inquiétante étrangeté se retrouve dans Le Trésor du vieux seigneur (1862). Le château de Vieux-Brisach, décrit par Nicklausse, qui le voit d’abord en songe, comme « un grand château qui tombe en ruine », dissimule dans ses profondeurs cryptes, salles voûtées, sépultures de chevaliers et trésors rutilants d’or et de pierreries. Le cadre d’Hugues-le-loup (1860) ou de L’Éducation d’un féodal (1875) présente la même ambiguïté d’un passé voué à la destruction et d’un espace excitant le rêve et promettant une vie meilleure.

L’écriture à quatre mains, si caractéristique d’Erckmann-Chatrian, pourrait aussi concerner celui qui signe ses articles et fictions « S. C. ». Simon Coiffier est parti en émigration avec Henri Coiffier de Verfeu (1770-1830)

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, son neveu, comme lui officier de dragons, comme lui auteur de romans et nouvelles dans les mêmes années et chez les mêmes éditeurs. Il fut aussi traducteur de l’allemand, notamment Kotzebue et Wieland, avec lequel il fut en correspondance, comme l’atteste une lettre du 27 février 1802 conservée aux archives de Weimar

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. Les biographes les confondent généralement, au point d’attribuer indifféremment leurs ouvrages à l’un ou à l’autre. Oncle et neveu étaient-ils en communication ? Se consultaient-ils dans leurs travaux respectifs ? Ont-ils poussé plus loin la collaboration ? Nul document ne permet de l’affirmer. On ne peut cependant s’interdire de le supposer.

20 GRANDIDIER (Christine), Le thème du château dans les œuvres d’Erckmann-Chatrian, mémoire de maîtrise sous la dir. de Monique Brosse, Université de Nancy II, 1984.

21 ERCKMANN-CHATRIAN, Contes et romans nationaux et populaires, éd. J.-J. Pauvert, Paris, 1963, t. VII, p. 175.

22 HAVELANGE (Isabelle), HUGUET (Françoise), LEBEDEFF-CHOPPIN (Bernadette), Les inspecteurs généraux de l'Instruction publique. Dictionnaire biographique. 1802-1914. Paris, Institut national de recherche pédagogique, 1986, p. 54-55.

23 Goethe- und Schiller-Archiv, GSA 93/47.

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Les points de convergence que nous avons pu relever entre les deux auteurs, pourtant situés aux deux extrémités de l’échiquier social et politique, font d’autant mieux percevoir l’étonnante fécondité du genre du roman gothique dans toute la première moitié du XIX

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siècle.

Le climat particulier que dégagent ces récits, et qu’on a qualifié de fantastique, favorise une lecture introspective : le lecteur, à travers la gamme des émotions ressenties, partage une expérience intense et même bouleversante. Mais cette littérature fait aussi réfléchir : la thématique médiévale, présente à travers le château en ruine, introduit à une réflexion sur l’histoire. Le passé provoque une double attitude de rejet et d’attraction : abominable pour les abus qu’il symbolise et auxquels la nuit du 4 août 1789 a mis un coup d’arrêt, il est aussi le refuge des traditions et des valeurs. La ruine est le théâtre où se joue la représentation du drame de l’histoire récente : la Révolution s’y expose toute entière dans son ambivalence essentielle.

Sous les dehors en apparence inoffensifs d’un conte alsacien, Coiffier dit cette ambivalence,

avant bien d’autres écrivains, jusqu’à Erckmann-Chatrian qui à son tour jette une sonde dans

l’abîme du temps pour savoir s’il y trouvera quelque appui où établir le fondement d’une culture

nationale. En fin de compte les entrailles du château réservent bien des surprises, au moins

égales aux rebondissements de l’histoire.

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