• Aucun résultat trouvé

Concept de niveau lié virtuel

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Concept de niveau lié virtuel"

Copied!
10
0
0

Texte intégral

(1)

HAL Id: jpa-00236663

https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00236663

Submitted on 1 Jan 1962

HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.

Concept de niveau lié virtuel

J. Friedel

To cite this version:

J. Friedel. Concept de niveau lié virtuel. J. Phys. Radium, 1962, 23 (10), pp.692-700. �10.1051/jphys-

rad:019620023010069200�. �jpa-00236663�

(2)

CONCEPT DE NIVEAU LIÉ VIRTUEL Par J. FRIEDEL,

Physique des Solides, Faculté des Sciences, Orsay.

Résumé.

2014

La structure électronique des impuretés de transition dissoutes dans les métaux

« normaux » est discutée en termes de niveaux liés virtuels d. On discute leurs propriétés physiques

aux fortes dilutions et leurs couplages magnétiques possibles.

Abstrac.

2014

The electronic structure of transitional impurities dissolved in " normal

"

metals is discussed in terms of d virtual bound levels. Their physical properties at large dilutions and their possible magnetic couplings are discussed.

LE JOURNAL DE PHYSIQUE ET LE RADIUM 23. 1962,

Introduction.

-

Le concept de niveau lié virtuel semble s’être imposé dans l’étude des impuretés de

transition dissoutes dans les métaux normaux. Cet

exposé a pour but de faire le point dans ce domaine,

en résumant les points acquis et en soulignant

les problèmes qui restent à résoudre.

Le concept de niveau lié virtuel est un cas parti-

culier des phénomènes de résonance, qui se pro- duisent quand on met en présence deux systèmes

de fréquences propres voisines en mécanique clas- sique ou d’énergies voisines en mécanique quan- tique. Dans le cas qui nous intéresse, il s’agit des

états d des impuretés de transition mis, par disso-

lution, en présence des états de conduction de la matrice. On sait en effet que ces états ont des

énergies comparables, puisque les couches d de ces impuretés ont souvent un moment magnétique, indiquant qu’elles sont partiellement remplies. Par

FIG. 1.

-

Phénomènes de résonance donnant lieu à un

niveau lié virtuel.

résonance, un état d et l’état de conduction k de même énergie dans la matrice doivent se combiner linéairement pour donner deux états «J gl + p k d’énergies un peu différentes. Ces nouveaux états doivent résonner avec les états k’, k" de mêmes éner-

FIG. 2.

-

Représentation schématique d’un niveau lié virtuel dans un diagramme espace-énergie.

gies pour donner de nouveaux états «’d :1:: B’ k :f: y’k, d’énergies différentes, etc... (fig. 1). En procédant

ainsi à l’infini, on obtient une région de l’espace

et des énergies chacun des états étendus possède,

dans l’alliage, une amplitude plus grande sur l’im- pureté, et de caractère d. En sommant les excès de charge correspondants sur tous les états du conti-

nuum, on obtient un excès local de charge égal à

celle de l’état lié dont on est parti (fig. 2). C’est ce qu’on appelle un niveau lié virtuel.

1. Propriétés des niveaux liés virtuels.

-

Ils

peuvent s’étudier simplement dans deux modèles

assez différents.

a) On peut assimiler les électrons de conduc- tibilité à des électrons libres [1], [2]. Comme la per- turbation produite par l’impureté a à peu près la symétrie sphérique, on peut analyser les fonctions d’ondes de l’alliage en harmoniques sphériques.

C’est l’harmonique de nombre quantique 1 égal à

celui du niveau lié virtuel qui est intéressante : l

=

2 pour un état d. La présence de l’impureté perturbe ces fonctions d’onde, en produisant à grandes distances des déphasages 03B4t caracté- ristiques. S’il y avait un état l lié, on sait que 8j

partirait de la valeur n au bas En de la bande de conductibilité et tendrait vers 0 à grande énergie.

Comme il n’y a pas de niveau lié, 03B4t part de 0 ; mais, si la perturbation est presque suffisante pour

capter un état lié l, les électrons de grandes éner-

FIG. 3. - Déphasages 81(E) pour un gaz d’électrons libres.

a) niveau lié 1 ; b) niveau lié virtuel l.

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:019620023010069200

(3)

693

gies E ne doivent pas faire de différence appré-

ciable avec le cas précédent : 03B4l doit rejoindre la

courbe précédente aux grandes énergies. Pour un état d, le raccord se fait assez brutalement ( fig. 3),

sur une largeur w autour d’une énergie moyenne Eo qu’on peut prendre comme celles du niveau lié virtuel l.

Aux très faibles énergies Eo, on trouve que la dérivée d03B4l/dE, donc le supplément 8n(E) de den-

sité d’états introduits par le niveau lié virtuel,

varient comme une lorentzienne au voisinage de Eo (1) :

Dans cette formule, c est la concentration ato-

mique en impuretés, v le volume atomique de l’alliage, q la multiplicité de l’état 1 (2 X (21 + 1)

au maximum). Enfin on trouve, pour un potentiel perturbateur en puits carré [1]

où (*) k2

=

2(Eo -EG) et le rayon ro du puits doit

être près de l’ordre du rayon atomique de l’impu-

reté.

La formule (2) met en relief les deux caracté-

ristiques essentielles des niveaux liés virtuels [2] :

-

leur largeur w décroît quand le nombre quan-

tique 1 croit. En fait, pour les états s (l

=

0) et

même p (1

=

1), les états ont une largeur si grande vis-à-vis de leur énergie moyenne Eo - Ec, qu’ils perdent leur intérêt physique ;

-

leur largeur croit avec leur énergie

moyenne Eo.

Ce comportement de w s’explique parce qu’un

état lié l résonne avec la portion 1 des états de

conductibilité. On sait que cette portion 1 décroit avec l et croît avec l’énergie, aux faibles énergies.

Des calculs exacts [1], [4], [5], [6] confirment qualitativement, ces conclusions pour des énergies Eo - Ec comparables aux énergies de Fermi des

métaux ordinaires. Ils montrent cependant que les formules (1) et (2) sont alors assez grossières :

-

les densités d’états (1) sont surestimées ;

-

les largeurs w croissent moins vite avec

l’énergie que ne le suggère la formule (2).

Une bonne approximation, pour les impuretés de

transition dans les matrices normales (l

=

2, Eo2013Ec 5à 15 eV) est

-

les états liés virtuels contiennent au maxi-

mum un peu moins d’électrons que les états liés dont ils sont issus. Ceci correspond au fait que la valeur maxima du déphasage 8a est en général un

peu inférieure à 1t (fig. 3).

(*) On utilise les unités atomiques lel

=

m = ri - 1.

b) Une autre méthode simple [71, [8] peut s’uti-

liser quand l’impureté introduit un potentiel pertur- bateur U faible et répulsif, donc quand la matrice appartient à la même période que l’impureté, et

est située à sa droite (ex. : Cu Mn).

Comme U est très faible, on peut analyser la

fonction d’onde d’un état de conductibilité de

l’alliage en fonction des seules fonctions d et k des bandes d et de conductibilité de la matrice. Si, de plus, la matrice est à droite de l’impureté dans le

tableau périodique, sa bande -d est assez étroite

pour qu’on puisse considérer l’énergie Ed des états d

comme à peu près constante. Un calcul de pertur- bation poussé au secorid ordre donne alors pour la densité d’états une lorentzienne du type (1)

avec une largeur.

,

L’avantage de cette deuxième méthode est de tenir un compte explicite de la forme des fonctions

de Bloch k de la bande de conductibilité de la matrice. Ce serait donc le type de méthode à uti- liser pour essayer d’étendre les concepts de niveaux

liés virtuels aux bandes d des matrices de tran- sition [9]. L’inconvénient majeur est de n’être valable, au mieux, comme l’équation (1), que pour des énergies moyennes Eo - Ec faibles. Pour de plus fortes énergies, de meilleures formules peuvent

en principe s’obtenir en poussant aux ordres sui- vants en perturbation ; mais les calculs sont vites inextricables. Il semble donc que, pour les matrices

ordinaires, le premier modèle d’électrons libres soit

plus satisfaisant.

2. Alliages du type Al T.

-

La description précé-

dente s’applique directement aux alliages à matrice

de forte valence, comme l’aluminium.

Il semble en effet que, dans de tels alliages, la

couche d de l’impureté de transition donne lieu à

un seul état lié virtuel d, capable de contenir 2(2l + 1)

=

10 électrons. Quand on passe du scan- dium au cuivre, cet état se remplit progressi-

FIG. 4.

-

Résistivités résiduelles 8p des alliages AI T

(en 03BC03A9 cm/%).

(4)

vement, et ce remplissage explique les variations caractéristiques de diverses propriétés physiques.

Les phénomènes de résonance qui produisent le

niveau lié virtuel doivent correspondre à de fortes

résistivités électriques résiduelles, maxima quand les

électrons de Fermi tombent sur le milieu de l’état,

donc pour une couche à demi-pleine. C’est bien ce

qu’on observe expérimentalement [2], [10], cf.

(fig. 4). Si on ne considère que les forts dépha-

sages 82 dûs au niveau lié virtuel, le modèle d’élec- trons libres conduit à une résistivité (en 03BC03A9cm/%).

p est ici la valence de la matrice, kM son nombre

d’onde au niveau de Fermi. Le maximum

a le bon ordre de grandeur. Un calcul plus exact, supposant que les déphasages 03B4o et 81 ont les

mêmes valeurs du titane au cuivre, rend compte de façon satisfaisante des variations de 8p dans la

série [18].

Le pouvoir thermoélectrique est relié directement à la quantité x

=

d 8p J8p dEM soit, dans l’approxi-

mation (5), à cot 2 d 2· dEm Des variations de E (fig. 3), on s’attend à une quantité x positive

dans la seconde partie de la série et négative dans

la première. C’est ce que confirment un calcul

plus poussé [5] et l’expérience [2] (cf. fig. 5).

FIG. 5. -Variation de x

=

d8p j8p dEM des alliages Al T.

La chaleur spécifique électronique devrait posséder-

un terme positif 8C,, proportionnel à la concen-

tration en impuretés et présentant un fort maxi-

mum au milieu de la série (fig. 6). Les mesures sont difficile, parce que ces impuretés sont peu solubles dans l’aluminium. Mais des mesures dans les com-

posés riches en aluminium, la situation est ana- logue, seraient intéressantes.

Enfin la susceptibilité magnétique 8x est indé- pendante de la température ; elle est paramagnétique

dans la première moitié de la série, diamagnétique

dans la seconde [2], [11]. C’est ce qu’on attend de

FiG. 6.

-

Variation de 8CJT des alliages Al T.

ce modèle. Sx est en effet la somme d’un parama-

gnétisme de Pauli 8xp et d’un diamagnétisme 8xn

de Landau ou de couches internes [12]. 8xp est proportionnel à la densité d’états 8n(EM), donc pré-

sente un maximum au milieu de la série ; 8XD est proportionnel au nombre d’électrons d, donc aug- mente linéairement dans la série ; d’où le compor- tement voulu de 8x ( fig. 7). Des calculs exacts sont

’W’

FIG. 7.

-

Variation de la susceptibilité magnétique 8X

des alliages AI T.

difficiles : une correction d’échange doit être faite

sur 8xp et le calcul de 8xD demande une bonne des- cription des couches d des impuretés, qui est déli-

cate (cf. plus bas). Mais les ordres de grandeur

observés sont convenables.

3. Découplages des états lies virtuels d.

--

L’exis- tence d’un seul état dl°, observée dans les alliages alliages Al T, est à priori surprenante. On aurait

pu s’attendre à ce que cet état soit découplé en

plusieurs états d’énergies différentes. L’observation

d’un seul état vient certainement de sa grande

largeur (w - 4 eV, d’après (3)), supérieure aux

énergies de découplages possibles.

(5)

695

Divers termes de décuuplages peuvent être consi-

dérés [2]. Ils semblent tous correspondre à des

situations effectivement observées dans d’autres

alliages.

a) CHAMP CRISTALLIN. -La présence d’un réseau cubique par exemple, comme dans les Al T, aurait

pu découpler l’état d10 en deux états d4 (x2 - y2,

x2 - Z2) et d6 (xy, yz, zx). Ce terme peut s’estimer grossièrement d’après les énergies de bandes d à k

=

0 dans les métaux purs. On trouve une énergie

au maximum de l’ordre de 1 eV, donc effectivement bien inférieure à w dans les Al T. On peut donc bien prendre, dans ces alliages, un potentiel d’impureté

à symétrie sphérique.

D’après cette estimation, le champ cristallin ne

pourrait jouer un rôle appréciable que dans des matrices à très faible valence. Il semble cependant

que ce rôle est encore négligeable même pour les matrices à environ 0,5 électrons de valence par atome comme le nickel ferromagnétique ou le palla-

dium hydrogéné.

Ainsi, dans le nickel ou le cobalt ferromagnétiques, on peut interpréter les moments magnétiques des impuretés de substitution de la façon suivante [30] :

Pour les éléments voisins de la matrice dans le

tableau périodique, le potentiel perturbateur dé-

place surtout des électrons dans la demi bande d

incomplètement remplie, de spin opposé au mo-

ment magnétique ( fig. 9). Pour une différence Z de nombre atomique, le moment de l’impureté sera

si yo est le moment de la matrice et [lB le magnéton

de Bohr. Pour les éléments assez à gauche de la

matrice dans le tableau périodique, le potentiel perturbateur est assez répulsif pour soustraire un

FiG. 8.

-

Moment magnétique moyen en fonction du nombre atomique moyen dans les alliages à base de

nickel et de cobalt.

état lié de la demi-bande d pleine et l’amener au-

dessus du niveau de Fermi ( fig. 9). Les 5 électrons

qu’il contient se vident alors dans la demi-bande de

FIG. 9.

-

Structure de bande des alliages Co T.

spin opposé. Ce retournement de spin conduit à un

moment par atome d’impureté

(1.2

=

03BC0

-

(Z + 10) (1.B.

Ces deux lois sont assez bien suivies, avec un

retournement pour les impuretés à gauche du man- ganèse dans le nickel et à gauche du fer dans le cobalt (fig. 8).

On observe cependant pour le chrome un

moment [1.2 anormalement fort. Ceci peut s’expli-

quer si l’état d5 n’est que partiellement vidé, parce que trop voisin du niveau de Fermi. Ceci peut pro- venir à son tour soit de l’élargissement du niveau d5

en niveau lié virtuel, par résonance avec la bande de conductibilité ; soit de son découplage par le

champ cristallin en deux états d2 et d3.

Dans le premier cas, on s’attend à une forte résis- tivité de résonance pour le chrome, et à une forte

anomalie de pouvoir thermoélectriques, analogues à

celles des alliages d’aluminium. C’est bien ce qu’on

observe ( fcg. 10) [14]. Il semble donc bien que

FIG. 10.

-

Résistivité résiduelle des alliages

à base de nickel ferromagnétique.

l’élargissement en niveau lié virtuel l’emporte

encore ici sur le découplage par le champ cristallin.

Un résultat analogue vaut pour les alliages

à base de Fe Co [31].

(6)

De même, le palladium hydro géné p a une bande d remplie complètement par les électrons des atomes

d’hydrogène. Il se comporte donc comme un métal

normal à environ 0,5 électrons de valence par atome. Une étude récente de Daniel [18] montre

que les propriétés électriques des impuretés de transition, analogues à celles dans les alliages à

base de cuivre, s’interprètent par la présence de

niveaux liés virtuels d5 ou d10 non découplés par le

champ cristallin.

b) CORRÉLATIONS d -d DE COULOMB. - Si ces

corrélations étaient fortes, on s’attendrait à ce

qu’elles stabilisent les états à nombres entiers d’électrons d, en décomposant l’état d10 en

10 états d" d’ionisation (n

=

1 à 10) bien dis-

tincts dans les énergies. C’est ce qui semble se

passer pour les couches f des métaux des terres rares

et les niveaux liés virtuels doivent s’y concevoir

comme obtenus par résonance de chacun des états

fn (n =1 à 14) avec la bande de conductibilité [15].

L’absence d’un tel effet dans les impuretés de

transition est certainement dûe à des interactions de Coulomb dd plus faibles (orbites plus étendues)

et à des interactions de résonance dk plus fortes (w plus forte). C’est ce qui fait la simplicité essen-

tielle des impuretés de transition, et permet leur

étude dans le modèle de Hartree.

C) CORRÉLATIONS ’ d - d D’ÉCHANGE.

-

On

pourrait penser que les corrélations découplent

l’état d1° en deux états d5 de spins opposés, qui se rempliraient successivement dans une série de tran- sition. C’est bien ce qui se passe dans les atomes libres (règle de Hund ),

FIG. 11.

-

Condition de découplage d’un état lié virtuel.

On obtient la condition de découplage en utili-

sant le même raisonnement que Stoner pour les métaux purs [16]. Partons d’un. niveau lié virtuel dont les deux moitiés de spins opposés sont égale-

ment peuplées. Un découplage infinitésimal pro- duit un moment magnétique 03BCB 8p (03BCB magnéton de Bohr), en transférant 8p /2 électrons d’une moitié

de l’état à l’autre (fig, 11). On gagne ainsi une énergie d’échange 8Ee

=

dE(’8p/2)2, si AE est la

différence moyenne d’énergie entre deux électrons d de spins parallèles et antiparallèles dans l’atome.

On dépense une énergie cinétique

soit, finalement,

Il y aura au total gain d’énergie par découplage

des spins, si

soit

Cette condition est dûe à Blandin [6] ; elle est équivalente à celle énoncée par Anderson [7]. Si

l’on remplace 8n(EM) par la forme (1), on obtient

à peu de chose près la condition

obtenue par l’auteur en comparant la largeur des

états à l’énergie d’échange maxima p AE pour un

découplage total [2]. p est ici un nombre au plus égal à 5, qui représente le nombre d’électrons ou de trous positifs dans le niveau d. L’équivalence approchée des deux critères suggère que le décou- plage est presque toujours à peu près total quand il

est stable. C’est ce que confirme l’étude plus détaillée

de Blandin [6].

A l’aide de la condition (7), on peut dresser un

tableau approximatif qui prédit, pour diverses

matrices, quelles impuretés doivent avoir un décou-

plage de spin, donc un moment magnétique per- manent. C’est ce que nous avons fait ci-dessous, en

admettant la formule (3), en comptant les lar-

geurs w quand l’énergie moyenne Eo des états est

au niveau de Fermi EM, et en adoptant une énergie d’échange moyenne AE c-2 0,8 eV. Enfin nous ’

avons estimé le nombre p assez arbitrairement, en supposant que toutes les impuretés cédaient un

électron à la bande de conductibilité. La zone de

découplage prédite est hachurée et les alliages doués

effectivement de moments magnétiques sont mar- qués d’une croix. L’accord général, assez satis- faisant, est encore amélioré quand on tient un compte explicite des populations p déduites des moments magnétiques observés [6], [17], [18].

On voit que le découplage est impossible pour les matrices de fortes valence comme l’aluminium;

il est maximum pour une matrice comme le pal-

ladium hydrogéné,où les électrons de l’hydrogène remplissent sans doute la bande d du palladium

sans guère changer le remplissage à environ 0,55

électrons par atome de la bande de conductibilité

[19]. Il affecte surtout les éléments à forts p, au

milieu de la série.

(7)

697

Dans les alliages le découplage est fort, on

s’attend au passage successifs des deux états d5 de

spins opposés à travers le niveau de Fermi, quand

on décrit une série de transition. On explique ainsi numériquement les deux pics de résistivité observés dans les alliages à base de Cu, Ag, Au (fig. 12) et

Fic.. 12.

-

Résistivité résiduelle des alliages à base de cuivre.

FIG. 13.

-

Résistivité résiduelle des alliages

à base de palladium hydrogéné.

Pd H ( fig. 13) [2], [18], [32], ainsi que les fortes anomalies de pouvoir thermoélectrique [2] et les

fortes chaleurs spécifiques électroniques [20].

Enfin, dans les alliages à spins découplés, les cons-

tantes de Curie correspondent à des nombres rai- sonnables p de magnétons de Bohr:

Il faut cependant remarquer que le découplage

des spins conduit à des difficultés de détail qui

n’ont pas été jusqu’ici proprement résolues [21].

-

Dans la résistivité électrique, il s’ajoute au

terme (5) un terme supplémentaire dit d’échange

ou de spin-flip : il correspond au cas l’électron

incident retourne son spin en faisant basculer le

moment de l’ion diffuseur. Ce terme n’a jamais été

évalué correctement dans le cas des fortes diffu-

sions, comme c’est le cas dans les diffusions par état lié virtuel.

1

-

Ce terme correspond à une charge déplacée

et à un moment magnétique créé dans la bande de

conductibilité, qui n’ont pas non plus été correc-

tement estimés. La description self-consistante des niveaux liés virtuels magnétiques est donc incom- plète.

-

Enfin, quand le nombre p d’électrons ou de trous est fractionnaire, on ne sait pas calculer la constante de Curie correspondante dans le para-

magnétisme de Curie-Weiss.

4. Couplages des impuretés magnétiques.

-

4.1. NATURE DES COUPLAGES (couplage de Blandin).

-

Un atome d’impureté magnétique diffuse de

façon différente les électrons des deux directions de spin. Les perturbations à grandes distances qui

s’en déduisent dans la densité électronique sont

donc différentes dans les deux directions de spin ;

cette différence donne lieu à une polarisation de spin à’grande distance. Les théorèmes généraux [3), [21)

montrent que, dans les matrices normales, cette polarisation est à peu près isotrope ; elle oscille

avec une longueur d’onde moitié de la longueur

d’onde de Fermi, et son amplitude décroit comme

FIG. 14.

-

Couplage I12 entre deux impuretés magnétiques

à distance r12.

le cùbe de la distance fig. 14). On s’attend à ce

que le couplage magnétique I12 Sl S2 entre deux impuretés soit proportionnel à la polarisation de

spin produite par l’une sur l’autre. On peut donc

écrire :

La force A du couplage se discute clairement dans le modèle d’électrons libres du paragraphe I.-

Il est d’abord évident que la contribution ma-

jeure à la polarisation de spin vient des dépha-

sages 82. Nous pouvons négliger ,en première appro-

ximation, les autres déphasages. Ceci revient à

(8)

698

négliger la polarisation d’échange [22] par rapport à la polarisation de résonance [6]. On peut effecti-

vement montrer qu’on fait ainsi une erreur d’au

plus 20 % [21].

La situation est totalement différente en ce qui

concerne le couplage de la polarisation de la pre- mière impureté avec le moment magnétique de la

seconde. En effet, si nous analysons cette polari-

sation en harmoniques sphériques autour de la

seconde impureté, l’harmonique l

=

2 donne lieu à

un couplage de résonance ; les autres, à un couplage d’échange. Mais la polarisation n’a une symétrie

l

=

2 pure qu’autour de la première impureté ; sa composante 1

=

2 autour de la seconde impureté

sera faible, même quand les deux impuretés sont premières voisines, à cause de la courte longueur

d’onde des oscillations. Il est donc probable que le

couplage se fera en majeure partie par échange,

avec les autres harmoniques. Avec ce couplage

mixte résonance-échange, on peut écrire [6], [21] :

où J ci 0,65 U. a. est l’interaction d’échange s d

et S le spin des impuretés. D’autre part,

avec

où 03B42± sont les déphasages des deux directions de

spin.

Cette formule asymptotique n’est probablement

pas très bonne pour des couplages d’impuretés pre- mières voisines [6]. Mais la plupart des prédictions

du modèle ne dépendent pas de façon très critiques

des valeurs exactes des interactions à courtes dis- tances.

4.2. HAUTES TEMPÉRATURES. - On peut appli-

quer le couplage (8-11) à l’étude des phénomènes

d’ordre magnétiques [6], [21], [23]. Nous suppo-

serons les solutions solides diluées et parfaitement désordonnées, ce qui semble être réalisé par exemple

dans les alliages Cu Mn.

Dans la limite des hautes températures T, un développement classique [24] donne pour la suscep- tibilité magnétique

C est la constante de Curie. On sait que le terme

en température de Curie paramagnétique TP vient

du champ moléculaire moyen produit par le champ

appliqué, tandis que le terme en A/T vient des

fluctuations de champ molécualire. D’où, pour une concentration atomique c d’impuretés,

où les sommes s’étendent sur tous les sites du réseau. On observe effectivement des tempéra-

tures Tp proportionnelles à la concentration c en

impuretés, et une déviation vers le haut de 1/X(T)

par rapport à la loi de Curie-Weiss (flg. 15). Les températures Tp calculés par la formule (13) sont

du bon ordre de grandeur pour Ou Mn.

Flc. 15.

-

Susceptibilité magnétique x des alliages du type Cu Mn.

FIG.16.

-

Chaleur spécifique Cv des alliages du type Cu Mn.

Fie. 17.

-

Résistivité électrique des alliages du type Cu Mn.

(9)

699

Les fluctuations de champ moléculaire, qui sub-

sistent dans un champ appliqué nul, produisent également des anomalies de chaleur spécifique,

dues à l’apparition de couplages magnétiques, et de

résistivité électrique, aux changements qu’elles produisent dans la résistivité avec échange. Ces

anomalies doivent être proportionnelles à Ac, c’est-

à-dire à la concentration C2 et à IIT. Ceci semble bien observé [25]. [26], cf. (fig, 16 et 17) (*).

4.3. BASSES TEMPÉRATURES (modèle de Blandin

et Marshall). -Les anomalies de x, p et Cv obser- vées à basses températures suggèrent que les moments magnétiques des impuretés sont gelés dans

un ordre en moyenne antiferromagnétiques au-dessous

d’une température TN proportionnelle à la concen-

tration c.

Plus précisément, l’aire f03B4 Ce dT de l’ano-

malie de chaleur spécifique observée vers TN (fige 16) correspond à l’entropie de désordre des

moments magnétiques, ce qui montre que ces moments sont, pour la plupart, gelés près du 0 OK.

La résistivité epo au 0 OK est toujours plus

faible que le minimum de résistivité 03B4poo observé

au-dessus de TN ; le rapport 03B4Po/8poo est du bon

ordre de grandeur si les résistivités avec échange

sont bloquées au 0 DK [28], cf. (fig, 17). Enfin le

maximum de x(T) vers TN suggère un arrangement antiferromagnétique ( fcg. 15). Ces observations ne

peuvent s’expliquer que par des couplages à grandes

distances entre impuretés. Elles ont conduit Blandin puis Marshall [6], cf. [21], [23] à proposer un modèle qui semble expliquer certaines caracté-

ristiques des anomalies observées.

L’idée essentielle est de remarquer que les cou-

plages (8) s’étendent à grandes distances et oscil-

FIG. 18.

-

Densité n(HM) des sites ayant un champ molé-

culaire HM dans les alliages du type Cu Mn à faible

teneur et à basse température.

(*) Les formules (12) et (13) ne sont valables qu’aux températures T supérieures aux énergies de couplage et,

pour (13), à faible concentration. Elles restent cependant

une bonne approximation dans les alliages dilués jusqu’à

des températures peu supérieures aux températures de

Néel définies plus bas. Il faut que les paires d’impuretés proches voisines soit assez peu nombreuses, c’est-à-dire en

pratique des concentrations au plus de quelques %.

lent rapidement avec la distance. Il en résulte que,

quelque soit la nature de l’ordre à basse tempé- rature, le champ moléculaire HM qui en résulte sur

une impureté donnée dépend en général de son

interaction avec plusieurs impuretés voisines ; il a

une valeur et un signe qui varient rapidement avec

la disposition exacte de ces voisins. La distribution des champs moléculaires est donc nécessairement

une courbe quasi-continue et symétrique tant qu’il n’y a pas de champ magnétique extérieur stabi-

lisant une direction privilégiée. La figure 18 repré-

sente schématiquement cette courbe de densité de

sites : n(HM) dHm est la concentration atomique de

sites soumis à un champ moléculaire compris

entre HM et HM + dHm. Il résulte évidemment de la symétrie de n(HM) un arrangement gelé mais désordonné, donc antiferromagnétique en moyenne des moments magnétiques ( fig.19).

Une étude des moments d’une telle distribution,

FIG. 19.

-

Couplage désordonné de basse température

des alliages du type Cu Mn.

analogue à celle faite pour la largeur de raie du déplacement de Knight [27], montre qu’à faibles

concentration (c quelques %), la raie centrale est quasi-lorentzienne, avec quelques satellites S, S’

correspondant à des paires de voisins proches (*) :

avec

et

Il en résulte une largeur 20394 proportionnelle à la

concentration et une densité de sites à champ nul n(O) indépendante de la concentration.

La température de ’Néel doit évidemment être liée à la largeur 0394, donc croître proportionnellement

à la concentration :

(*) A plus fortes teneurs, la raie deviendrait quasi gaus-

sienne, en englobant les satellites ; les conclusions seraient

un peu différentes.

(10)

C’est bien ce qu’on observe, avec un bon ordre

de grandeur dans les Cu Mn.

Bien au-dessous de TN, seuls les sites de l’aire hachurée figure 18 (yB HM £ kB T) sont excités

thermiquerrent. Il en résulte une chaleur spécifique magnétique et une résistivité d’échange qui croissent

linéairement avec la température et sont indépen-

dantes de la concentration (fig. 16 et 17). C’est bien

ce qu’on observe [20]. Un accord quantitatif rai-

sonnable est obtenu pour Cv dans les alliages Cu Mn

On doit avoir en particulier

Enfin si l’on refroidit l’alliage sous champ magné- tique H ou si l’on soumet l’alliage après refroidis-

sement au-dessous de TN à un champ magné- tique H, on observe une aimantation M(H) qui

varie de façon caractéristique, avec une pente ini-

tiale peu fonction de la concentration c et un champ critique Hc proportionnel à c (fig. 20). Dans un

calcul grossier, on peut supposer que l’application

FIG. 20.

-

Aimantation (ou aimantation rémanente) en

fonction du champ H dans les alliages du type Cu Mn.

d’un petit champ H extérieur déplace la distri- bution n(HM) de H sans la modifier. L’aimantation M par atome est donc égale à l’aire hachurée

( f g.18).

On doit donc avoir :

L’accord quantitatif avec l’expérience [29] est

assez grossier dans les alliages Cu Mn.

RÉFÉRENCES [1] MOTT (N. F.) et MASSEY (H. S. W.), Theory of atomic

Collisions, Oxford University Press, Oxford, 1949.

SCHIFF (L. I.), Quantum Mechanics, McGraw Hill, New-York, 1955.

MESSIAH (A.), Mécanique Quantique, Dunod, Paris,

1959.

[2] FRIEDEL (J.), Can. J. Phys., 1956, 34,1190.

[3] FRIEDEL (J.), Adv. Phys., 1954, 3, 446.

[4] MORSE (P. M.), Rev. Mod. Phys,, 1932, 4, 577.

[5] DE FAGET DE CASTELJAU (P.) et FRIEDEL (J.), J.

Physique Rad., 1956, 17, 27.

[6] BLANDIN (A.) et FRIEDEL (J.), J. Physique Rad., 1959, 20, 160.

[7] ANDERSON (P. W.), Phys. Rev., 1961, 124, 41.

[8] WOLFF (P. A.), Phys. Rev., 1961,124., 1030.

[9] CLOGSTON (A. M.) et al., Phys. Rev., 1962, 125, 541.

[10] VASSEL (C. R.), J. Phys. Chem. Solids, 1958, 7, 90.

[11] TAYLOR (M. A.), BURGER (J. P.) et WUCHER (J.),

J. Physique Rad., 1959, 20, 829.

[12] KOHN (W.), Communication privée.

[13] BOZORTH (R., M.), Ferromagnetism, Van Nostrand, New-York, 1951.

[14] KÖSTER (W.) et GMÖHLING (W.), Zeits. Metallkunde, 1961, 52, 713.

[15] ROCHER (Y.), Thèse, Paris, 1962 ; Adv. Phys., sous

presse.

[16] STONER (E. C.), Rept. Progr. Phys., 1948,11, 43.

[17] DU CHATENIER (F. J.) et DE NOBEL (J.), Physica, 1962, 28,181 ; colloque C. N. R. S. sur les solutions solides métalliques.

[18] DANIEL (E.), J. Phys. Chem. ,Solids, 1962, sous presse.

[19] MOTT (N. F.) et JONES (H.), Metals and Alloys, 1936.

[20] ZIMMERMAN (J. E.) et al., J. Phys. Chem. Solids, 1960, 17, 52 ; ibid., 1961,21, 71.

[21] BLANDIN (A.), Thèse, Paris, 1961.

[22] YOSIDA (K.), Phys. Rev., 1957, 106, 893.

[23] MARSHALL (W.), Phys. Rev., 1960, 118, 1519.

[24] OPESHOWSKI (W.), Physica, 1937, 4, 181.

[25] DE NOBEL (J.) et DU CHATENIER (F. J.), Physica, 1959, 25, 969.

[26] BÉAL (M. T.), Colloque C. N. R. S. sur les solutions solides métalliques, 1962.

[27] DANIEL (E.), J. Physique Rad., 1959, 20, 769, 849.

[28] FRIEDEL (J.), J. Physique Rad., 1958, 19, 573.

[29] KOUVEL (J. S.), J. Phys. Chem. Solids, 1961, 21, 57.

[30] FRIEDEL (J.), Nuovo Cimento, 1958, 7, 287.

[31] CHEN (C. W.), Phil. Mag., 1962, sous-presse.

[32] BURGER (J.), Thèse, Strasbourg, 1962.

Références

Documents relatifs

Plus près de notre quotidien socio-politique actuel, nous croyons pouvoir reposer l’évolution de la légitimité d’un Etat-nation dans le monde actuel sur l’acceptation de

Dans la figure 9, on présente une comparaison entre la commande par mode glissant d'ordre un avec un onduleur à deux niveaux et la commande par mode glissant d'ordre deux avec un

● l'intranet ou extranet VPN permet de relier deux réseaux LAN entre eux. Dans le cas de l'extranet, il peut s'agir par exemple, d'un réseau d'une société et de ses clients. Dans

Donc, la majorité de travailleurs dans tous les niveaux d’études confondus se situent au deuxième niveau de l’échelle de stress selon Hargreaves. Nous estimons que cette prise

A l’aide de deux études menées dans Second Life, nous voulons reproduire les effets du PDLP avec un avatar non-humain personnifié et expliquer les effets de

Si, sauf dans la situation décrite par la Loi 27.3 (Position du gardien de guichet), une balle, lancée par le lanceur, touche une part de la personne d’un chasseur avant soit

Le recyclage est étudié comme solution à l’épuisement des réserves : s’il permet de diminuer significativement la production primaire de cuivre, il ne suffira pas à répondre à

On a dans cette étude, appliqué la méthode des composantes principales aux taux de mortalité des principales causes de décès constatés en France par sexe, pour le groupe d'âge