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Mathématique 2
PC
4 heures Calculatrices autorisées
Notations
− Dans tout le problème, n est un entier naturel fixé, supérieur ou égal à 2.
− On note M n,p ( R ) l’ensemble des matrices à n lignes et p colonnes et à coefficients réels.
− En particulier, M n,1 ( R ) désigne l’ensemble des matrices colonnes à n lignes et à coefficients réels. Selon l’usage, on pourra librement identifier les espaces vectoriels M n,1 ( R ) et R n .
− On note M i,j le coefficient sur la i-ème ligne et j-ème colonne d’une matrice M .
− L’espace M n,1 ( R ) est muni de sa structure euclidienne usuelle. En particulier, si (V, W ) ∈ M n,1 ( R ) 2 , on pose
hV, W i =
n
X
i=1
V i,1 W i,1 et kV k 2 =
n
X
i=1
V i,1 2
! 1/2
− La notation t M désigne la transposée d’une matrice M , rg(M ) son rang et, lorsque M est carrée, tr(M ) sa trace. On rappelle que tr(AB) = tr(BA) pour tout A ∈ M k,l ( R ) et B ∈ M l,k ( R ).
− On note également O n ( R ) le groupe des matrices orthogonales d’ordre n, O + n ( R ) le sous-groupe de O n ( R ) for- mé des matrices de O n ( R ) de déterminant positif et O − n ( R ) l’ensemble des matrices de O n ( R ) de déterminant négatif.
− Par définition, une rotation est un automorphisme orthogonal de l’espace M n,1 ( R ) de déterminant 1.
Objectif du problème
On se donne des vecteurs X 1 , . . . , X m , Y 1 , . . . , Y m de M n,1 ( R ), et on cherche à déterminer, si c’est possible, une rotation r de M n,1 ( R ) telle que
r(X i ) = Y i pour 1 6 i 6 m Cela revient à déterminer une matrice W ∈ O + n ( R ) réalisant
W X i = Y i pour 1 6 i 6 m
Sans hypothèse sur les vecteurs X i et Y i , une telle rotation n’a pas de raison d’exister, ni d’être unique. C’est pourquoi on s’intéressera plutôt, dans la suite, au problème plus faible suivant : trouver une matrice W ∈ O n + ( R ) minimisant la quantité P m
i=1 kW X i − Y i k 2 2 , autrement dit telle qu’en un sens les W X i soient « aussi proches que possible » des Y i .
I Questions préliminaires
I.A – Généralités sur les matrices orthogonales
I.A.1) Quel est le déterminant d’une matrice de O n + ( R ) ? de O n − ( R ) ? On justifiera les réponses.
I.A.2) O n − ( R ) est-il un sous-groupe de O n ( R ) ?
I.A.3) Montrer que les valeurs absolues des coefficients d’une matrice orthogonale sont inférieures ou égales à 1.
I.B – Un exemple numérique Dans cette section, n = m = 2. On pose
X 1 = 2 0
!
, X 2 =
√ 2
√ 2
!
, Y 1 =
1
√ 2 3 2
, Y 2 =
− 1
√ 2 3 2
On introduit les affixes respectives des vecteurs X 1 , X 2 , Y 1 , Y 2 : α 1 = 2, α 2 = √
2 + i √
2, β 1 = 1 2 + i
√ 3
2 , β 2 = − 1 2 + i
√ 3
2
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I.B.1) Exprimer ces affixes sous forme trigonométrique puis simplifier pour tout réel θ la quantité f (θ) = |β 1 − e iθ α 1 | 2 + |β 2 − e iθ α 2 | 2
I.B.2) Déterminer les valeurs de θ qui minimisent f (θ). Illustrer le résultat par un dessin.
II Un problème d’optimisation
Dans cette partie, on fixe des éléments X 1 , . . . , X m , Y 1 , . . . , Y m de M n,1 ( R ), et on se propose d’obtenir une matrice W ∈ O n ( R ) minimisant P m
i=1 kW X i − Y i k 2 2 et, dans certains cas, une matrice W ∈ O + n ( R ) minimisant P m
i=1 kW X i − Y i k 2 2 .
Dans toute cette partie, on note X (respectivement Y ) la matrice de M n,m ( R ) dont les colonnes sont X 1 , . . . , X m
(respectivement Y 1 , . . . , Y m ).
II.A – Un produit scalaire matriciel II.A.1) Montrer que l’application
M n,m ( R ) 2 → R , (M, N) 7→ tr(( t M )N) est un produit scalaire sur M n,m ( R ). On pose désormais
hM, Ni F = tr(( t M )N) et kM k F = hM, M i 1/2 F II.A.2) Montrer que, pour toute matrice W ∈ M n ( R ), on a
m
X
i=1
kW X i − Y i k 2 2 = kW X − Y k 2 F
II.A.3) Simplifier hW M, W N i F et kW Mk F pour W ∈ O n ( R ) et (M, N ) ∈ M n,m ( R ) 2 . II.A.4) Simplifier aussi hM W, N W i F et kM W k F pour W ∈ O m ( R ) et (M, N) ∈ M n,m ( R ) 2 . II.B – Dans cette section, on suppose que m = n.
II.B.1) Calculer kW k F pour W ∈ O n ( R ).
II.B.2) Montrer que si une suite (M k ) k∈ N d’éléments de O n ( R ) converge vers M ∈ M n ( R ), alors M ∈ O n ( R ) et en déduire que O n ( R ) est une partie fermée de M n ( R ).
II.B.3) Montrer que O n ( R ) est une partie compacte de M n ( R ).
II.C – Dans cette section, m et n ne sont plus supposés égaux.
II.C.1) Justifier l’existence d’une matrice W ∈ O n ( R ) minimisant kW X − Y k 2 F , c’est-à-dire vérifiant
∀Z ∈ O n ( R ), kW X − Y k 2 F 6 kZX − Y k 2 F
II.C.2) Montrer que les matrices W ∈ O n ( R ) minimisant kW X − Y k 2 F sont les matrices W ∈ O n ( R ) maximisant hW X, Y i F .
II.C.3) Déterminer à l’aide de X et Y une matrice A ∈ M n ( R ) telle que, pour toute matrice W ∈ O n ( R ), hW X, Y i F = hW, Ai F
II.D – Dans cette section, ∆ désigne une matrice diagonale d’ordre n à coefficients positifs.
II.D.1) Déterminer une matrice W 0 ∈ O n ( R ) maximisant hW 0 , ∆i F .
II.D.2) On suppose de plus que les coefficients diagonaux de la matrice ∆ vérifient :
∆ 1,1 > . . . > ∆ r,r > 0 et ∆ i,i = 0 pour r + 1 6 i 6 n
(avec éventuellement r = n dans le cas où tous les coefficients diagonaux de ∆ sont non nuls). Déterminer toutes les matrices W 0 ∈ O n ( R ) maximisant hW 0 , ∆i F .
II.E – Dans cette section, on admet que A peut s’écrire sous la forme Q∆( t P) avec (Q, P ) ∈ O n ( R ) 2 et ∆ ∈ M n ( R ) diagonale avec des coefficients diagonaux vérifiant ∆ 1,1 > . . . > ∆ n,n > 0. Ce résultat sera démontré dans la partie III.
II.E.1) Déterminer à l’aide de P et Q une matrice W ∈ O n ( R ) maximisant hW, Ai F , et appartenant à O + n ( R ) si et seulement si det P · det Q > 0.
II.E.2) Montrer que si det A > 0, il existe une unique matrice W ∈ O n + ( R ) maximisant hW, Ai F , au sens où
∀Z ∈ O + n ( R ), hW, Ai F > hZ, Ai F
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II.E.3) Dans cette question, on suppose que ∆ n,n = 0. Déterminer une matrice W 0 ∈ O − n ( R ) maximisant hW 0 , ∆i F .
II.E.4) Dans cette question, on suppose que det A = 0 et que det P · det Q < 0. Déduire de la question précédente une matrice W ∈ O + n ( R ) maximisant hW, Ai F .
III Une décomposition matricielle
L’objectif de cette partie est d’établir le résultat admis dans la partie précédente.
Soit M ∈ M n,p ( R ) de rang r > 1.
III.A – Soit B = ( t M )M .
III.A.1) Montrer que B est une matrice symétrique réelle. Que peut-on en déduire ?
III.A.2) Montrer que B est positive, c’est-à-dire que pour tout V ∈ M p,1 ( R ), ( t V )BV > 0. En déduire que les valeurs propres de B sont positives.
III.A.3) Montrer que ker B = ker M . En déduire que rg(B ) = r. (M étant une matrice de M n,p ( R ), on pose ker M = {X ∈ M p,1 ( R ), M X = 0}.)
III.B – Dans la suite de cette partie, on note :
− f l’application linéaire de R p dans R n canoniquement associée à M ,
− g l’endomorphisme de R p canoniquement associé à B,
− λ 1 , . . . , λ p les valeurs propres (distinctes ou non) de g rangées par ordre décroissant : λ 1 > λ 2 > . . . > λ r > 0 = λ r+1 = . . . = λ p
− et enfin (v 1 , . . . , v p ) une base orthonormée de R p formée de vecteurs propres de g associés respectivement aux valeurs propres λ 1 , . . . , λ p .
III.B.1) On pose µ i = √
λ i pour 1 6 i 6 p et u i = µ 1
i
f (v i ) pour 1 6 i 6 r. Montrer que (u 1 , . . . , u r ) est une base orthonormée de Im(f ).
III.B.2) Soit ∆ = (∆ i,j ) ∈ M n,p ( R ) la matrice dont les seuls coefficients non nuls sont ∆ 1,1 , . . . , ∆ r,r qui valent µ 1 , . . . , µ r . Montrer qu’il existe Q ∈ O n ( R ) et P ∈ O p ( R ) telles que
M = Q∆P −1 = Q∆( t P )
IV Sur la trace des matrices orthogonales
Dans cette partie, on étudie la trace maximale d’une matrice de O n − ( R ), ce qui va permettre d’aboutir dans les cas laissés en suspens dans la partie II à une matrice W ∈ O + n ( R ) minimisant P m
i=1 kW X i − Y i k 2 2 . IV.A –
IV.A.1) Déterminer la trace maximale d’une matrice de O n ( R ).
IV.A.2) Soit E un espace vectoriel euclidien, et w un automorphisme orthogonal de E. Justifier que les seules valeurs propres possibles pour w sont 1 et −1.
IV.A.3) Montrer que −1 est valeur propre de toute matrice W ∈ O − n ( R ).
IV.A.4) Montrer que si F est un sous-espace vectoriel d’un espace vectoriel euclidien E, stable par un automorphisme orthogonal w de E, alors l’orthogonal de F est aussi stable par w.
IV.A.5) Montrer que pour tout W ∈ O − n ( R ), il existe P 1 ∈ O n ( R ) et W 1 ∈ O n−1 + ( R ) tels que
W = P 1
−1 0 1,n−1 0 n−1,1 W 1
! ( t P 1 )
où 0 k,l désigne la matrice nulle dans M k,l ( R ).
IV.A.6) Conclure sur la trace maximale d’une matrice de O − n ( R ).
IV.B – On rappelle que minimiser P m
i=1 kW X i − Y i k 2 2 revient à maximiser hW, Ai F avec A ∈ M n ( R ) une certaine matrice qui peut s’écrire sous la forme Q∆( t P ) avec (P, Q) ∈ O n ( R ) 2 et ∆ ∈ M n ( R ) diagonale, à coefficients diagonaux vérifiant
∆ 1,1 > . . . > ∆ n,n > 0
IV.B.1) Déterminer une matrice W 0 ∈ O − n ( R ) maximisant hW 0 , ∆i F en commençant par écrire hW 0 , ∆i F à l’aide de tr(W 0 ) et des coefficients W i,i 0 , pour 1 6 i 6 n − 1.
IV.B.2) En déduire, lorsque det P · det Q < 0, une matrice W ∈ O + n ( R ) maximisant hW, Ai F .
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