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Représentations et qualifications des inondations et sécheresses sur la Garonne-Gironde à partir de la Presse Quotidienne Régionale : discours d'experts et discours médiatiques dans la presse régionale : la fabrique des représentations sociales

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Academic year: 2021

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Représentations et qualifications des inondations et

sécheresses sur la Garonne-Gironde à partir de la Presse

Quotidienne Régionale : discours d’experts et discours

médiatiques dans la presse régionale : la fabrique des

représentations sociales

M. Verger

To cite this version:

M. Verger. Représentations et qualifications des inondations et sécheresses sur la Garonne-Gironde à partir de la Presse Quotidienne Régionale : discours d’experts et discours médiatiques dans la presse régionale : la fabrique des représentations sociales. Sciences de l’environnement. 2012. �hal-02597391�

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ENSEGID Master 2 Ecologie Humaine IRSTEA ADBX

Mathilde Verger Anne Gassiat

Professeurs référents : Sandrine Gombert

Francis Ribeyre

Inondations à Saintes, 18 février

1904 (source : Prévost)

Tempête Xynthia, 1er mars 2010 (source : Guillaume Plisson)

Arrêté catnat en Haute-Garonne, 12 juillet 2011(Source : DM)

La Garonne, 12 novembre 2007 (Source : DM)

Restriction d’usage dans 54 départements, 2011 (Source : DM)

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Remerciements :

Je tiens à remercier avant tout Anne Gassiat pour son encadrement scientifique et pédagogique de qualité. En effet, le sujet proposé par Anne Gassiat fût passionnant grâce aux échanges critiques et constructifs que nous avons eus tout au long de mon stage à IRSTEA.

Pour leurs encouragements et leurs conseils en termes d’avenir professionnel, je tiens aussi à remercier mes deux professeurs référents : Sandrine Gombert et Francis Ribeyre.

Pour revenir dans le cadre IRSTEA, je tiens à remercier chaleureusement Kévin Petit, pour son œil avisé en matière de cartographie et l’entrain avec lequel nous avons produit nos cartes : outil indispensable en géographie !

Pour les relectures et échanges constructifs au sein de IRSTEA, je tiens à remercier vivement Vincent Marquet, Ludovic Ginelli, et Aurélie Roussary tous trois chercheurs en sociologie. La transdisciplinarité s’avère être vraiment enrichissante !

Pour la bonne ambiance, source de sérénité et par extension d’inspiration je remercie Maud Dugast et tous les stagiaires ADBX.

Enfin, pour les dialogues animés, indispensables au regard critique sur ce mémoire, je tiens à remercier Isabelle et Olivier Verger ainsi que mes camarades de promotion.

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Préface

« Ce rapport est le résultat d’un travail effectué par un étudiant de Master d’Ecologie Humaine. Ce document est tel qu’il a été remis par l’étudiant et ne comporte ni correction, ni commentaire des responsables pédagogiques de la formation, de l’UFR STC, ni de l’ENSEGID ».

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SOMMAIRE

1. EVOLUTIONS SPATIALES ET TEMPORELLES DES EXPERTISES A L’EGARD DES RISQUES DE

SECHERESSE ET D’INONDATION 8

1.1 INONDATION ET SECHERESSE, DES PHENOMENES COMPLEXES A IDENTIFIER 8

1.1.1 ÉVALUATION COMPLEXES DES SECHERESSES PAR L’EXPERTISE SCIENTIFIQUE 8

1.1.2 ÉVALUATION DES INONDATIONS PAR L’EXPERTISE SCIENTIFIQUE 10

1.1.2.1 L’inondation, une diversité de causes aux effets multiples 10

1.1.2.2 Les différents types d’inondations : principes et définitions 10

1.2 VARIATIONS SPATIALES DE L’EXPERTISE DANS LA QUALIFICATION DES SECHERESSES ET INONDATIONS 12

1.2.1 INEGALITES SPATIALES ET VULNERABILITE 13

1.2.2 VARIATIONS SOCIO-SPATIALES DU RISQUE DE SECHERESSE 13

1.2.3 L’INONDATION, UN RISQUE NATUREL A INTENSITE VARIABLE DANS L’ESPACE 14

1.3 VARIATIONS TEMPORELLES DE L’EXPERTISE DANS LA QUALIFICATION DES SECHERESSES ET INONDATIONS 15

1.3.1 EXPERTISE DU PHENOMENE DE SECHERESSE AVANT LES ANNEES 1960 15

1.3.2 EXPERTISE DU PHENOMENE DE SECHERESSE ENTRE 1960 ET 1990 17

1.3.3 EXPERTISE DU PHENOMENE DE SECHERESSE DE 1990 A NOS JOURS 17

1.3.4 ANALYSE TEMPORELLE QUANTITATIVE ET QUALITATIVE DES QUALIFICATIONS DU PHENOMENE INONDATION 18

1.3.5 LES EVOLUTIONS TEMPORELLES DES EXPERTISES A L’EGARD DU PHENOMENE INONDATION 18

1.4 VERS UNE APPROCHE SYSTEMIQUE : ALEAS, VULNERABILITE ET RISQUE 19

1.4.1 L’EMERGENCE DE LA GEOGRAPHIE DES RISQUES NATURELS 20

1.4.2 LE RECHAUFFEMENT GLOBAL, NOUVEL HORIZON DE L’ANALYSE DES RISQUES ? 21

2. REPRESENTATIONS DES RISQUES NATURELS MAJEURS (INONDATION ET SECHERESSE), A PARTIR DE LA PQR, METHODOLOGIE 22 2.1 LES REPRESENTATIONS DES PHENOMENES DE SECHERESSE ET D’INONDATION A TRAVERS LE PRISME SCIENTIFIQUE. 22

2.1.1 QU’EST-CE-QUE LA REPRESENTATION ET LA GEOGRAPHIE DES REPRESENTATIONS, QUI EN PARLE ? 22

2.1.2 LE DETOUR NECESSAIRE PAR LA PSYCHOMETRIE 23

2.1.2.1 Les origines du paradigme psychométrique 23

2.1.2.2 L’application du paradigme psychométrique pour l’étude des risques naturels 24

2.2 QUELLES DONNEES RETENIR ET COMMENT LES RECUEILLIR ? EXPOSITION DU MATERIAU ET DE LA METHODE EMPLOYEE 25

2.2.1 QU’EST-CE-QUE L’EFEGARONNE-GIRONDE ET COMMENT COUVRIR SON TRAITEMENT JOURNALISTIQUE ? 25

2.2.2 LE CHOIX DES EVENEMENTS EXTREMES AYANT ANIME L’EFEGARONNE-GIRONDE 27

2.2.3 L’ENCADREMENT TEMPOREL DES EVENEMENTS EXTREMES 29

2.2.4 LA COLLECTE DES DONNEES JOURNALISTIQUES A PARTIR DES ARTICLES DE PQR 30

2.2.4.1 Présentation de la méthode de collecte des données 30

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2.3 LA JUSTIFICATION DE LA METHODE EMPLOYEE PAR LE RECOURS AUX ENTRETIENS SEMI-DIRECTIFS :

AVANTAGES ET LIMITES 32

2.3.1 RELAI DES RESULTATS SCIENTIFIQUES DANS LA PRESSE, LE REGARD DE L’EXPERT 32

2.3.2 RELAI DES RESULTATS SCIENTIFIQUES DANS LA PRESSE, LE REGARD DU JOURNALISTE 34

2.3.2.1La PQR : reflet de la représentation des citoyens 35

2.3.2.2 La distorsion du discours scientifique par la PQR 36

2.3.2.3 L’intérêt croissant des journalistes pour le Changement Climatique ? 37

2.3.3 LA VALIDATION DE NOTRE MATERIAU ET METHODE POUR LE PASSAGE AUX RESULTATS 37

3. ANALYSE ET RESULTATS SPATIO-TEMPORELS DES REPRESENTATIONS CITOYENNES A L’EGARD DES TEMPETES KLAUS ET XYNTHIA, QUELLE PLACE DONNE-T-ON AU CHANGEMENT CLIMATIQUE ? 39

3.1 PRESENTATION DE LA BASE DE DONNEES SUR LA PQR 39

3.1.1 LES DONNEES SUR LA PQR : 39

3.1.2 LES DONNEES SPATIO-TEMPORELLES DE L’EVENEMENT RETENU 42

3.1.3 LES DONNEES LIMINAIRES SUR LE CONTENU DE L’EVENEMENT RETENU 43

3.1.4 LES DONNEES DE FOND SUR LE CONTENU DE L’EVENEMENT RETENU 43

3.2 EVOLUTIONS SPATIALES DES REPRESENTATIONS CITOYENNES A L’EGARD DES EVENEMENTS KLAUS ET XYNTHIA 44

3.3 EVOLUTIONS TEMPORELLES DES REPRESENTATIONS CITOYENNES A L’EGARD DES EVENEMENTS KLAUS ET XYNTHIA. 49

3.3.1 LA MOBILISATION DES ACTEURS POUR LES TEMPETES KLAUS ET XYNTHIA 50

3.3.2 1ER TEMPS FORT DE L’INFORMATION :J+4 APRES KLAUS 52

3.3.3 2EME TEMPS FORT DE L’INFORMATION :J+11 APRES XYNTHIA 55

3.3.4 LES REPRESENTATIONS DU RISQUE INONDATION PAR SUBMERSION, VERS UNE NOUVELLE APPROCHE DU RISQUE 58

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INTRODUCTION :

Notre travail entre dans le cadre d’un programme de recherche international, le programme GAGILAU : l’adaptation aux changements environnementaux dans les Environnements fluvio-estuariens de Garonne-Gironde et du Saint Laurent. Ce programme s’inscrit dans la perspective des changements globaux qui affectent l’évolution de différents systèmes interdépendants économiques, sociétaux, écologiques tant au niveau global que local. Ce programme de recherche, initialement international, n’a pu être concrétisé qu’à l’échelle des régions Aquitaine et Midi-Pyrénées. La collaboration avec les universités du Québec n’a pu se faire, faute de financements.

Au sein du programme GAGILAU, cinq projets de recherche ont été co-construits par IRSTEA, Bordeaux I et l’Université de Toulouse dont un, intitulé PERISCOPE, dans lequel notre travail s’inscrit. PERISCOPE pour PERception et adaptation aux nouveaux RISques liés aux évènements extrêmes (crues/étiage) : de la quantification des flux de matières et de contaminants à l’ajustement des dispositifs de l’action publique. Ce projet de recherche se positionne sur les risques et les modes d’adaptation aux changements climatiques à l’échelle des bassins-versants.

Dans un contexte où ces changements climatiques font l’objet d’une attention de plus en plus soutenue de la part de la recherche et des médias à l’échelle mondiale, il nous semble pertinent de chercher à comprendre pourquoi ce sujet fait l’objet de nombreux débats. Il est désormais identifié comme un enjeu pour les circonscriptions de l’action publique où s’expriment des phénomènes qui risquent d’influencer les activités sociales et économiques, alors que, jusqu’à présent, les politiques liées au changement climatique se sont essentiellement posées en termes d’efforts d’atténuation (réduction des émissions de gaz à effet de serre). Les préoccupations en termes d’adaptation à des impacts de changements climatiques, devenus inéluctables, sont de plus en plus présentes dans les rapports d’expertise (ONERC, 2007), sur l’agenda politique et dans les stratégies et les pratiques des acteurs socio-économiques locaux (Queffelec, 2009 ; Bardou, 2009).

Les risques liés au changement climatique sont constitués d’interactions entre des phénomènes naturels aléatoires et adaptation aux vulnérabilités sociétales (Becerra et Peltier, 2009). Ils concernent en particulier les Environnements Fluvio-Estuariens (EFE), qui risquent d’être touchés en raison d’une alternance plus marquée des périodes de crues ou d’étiages sévères (risque ponctuel), mais également en raison de l’élévation du niveau de la mer pour la partie estuarienne (risque graduel). Dans le projet GAGILAU, les Environnements Fluvio-Estuariens sont définis comme des socio-écosystèmes intégrés caractérisés par les interactions entre les composantes écologiques et les dynamiques sociétales. Le terme générique d’Environnement Fluvio-Estuarien (EFE) désigne à la fois l’espace géographique, les dynamiques sociales économiques et politiques des territoires, ainsi que les évolutions écologiques, biologiques, biogéochimiques des écosystèmes associés.

Les risques liés au Changement Climatique (élévation du niveau de la mer notamment), concernent directement les EFE. Le niveau océanique est le plus constant des paramètres en évolution avec des tendances à la hausse pluriséculaires. Un accroissement de 2 à 3 mm par an constitue une référence probablement réaliste au futur proche. D’ici 2040, le niveau moyen serait donc augmenté d’environ 10 cm par rapport à aujourd’hui, mais il a aussi augmenté de 15 cm depuis les années 1950 (SMIDDEST, 2008).

L’objectif général du projet PERISCOPE est donc de mettre en relation des observations sur certains impacts des évènements extrêmes sur l’EFE Garonne-Gironde avec

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usagers. Il s’agit de caractériser certains impacts du changement climatique et plus spécifiquement ici, les impacts des évènements extrêmes inondation et sécheresse.

Une inondation constitue le débordement d’un cours d’eau qui sort de son lit. Associée en général à une crue, l’inondation n’en est qu’une manifestation exceptionnelle et « catastrophique », qui peut néanmoins se produire assez régulièrement chaque année dans un même lit d’inondation.

Une sécheresse correspond à une déficience hydrique momentanée, inattendue : les précipitations sont inférieures à celles que l’on espérait. Elle peut se manifester sous tous les climats, sauf les climats arides. Les conséquences en sont aggravées si manquent aussi des gisements d’eaux souterraines. Une autorité fixe alors une norme qualifiant la catastrophe. Le système de référence fixé doit être argumenté par cette autorité pour qu’il y ait objectivité.

La perception / représentation1 constitue ainsi la troisième notion clé de notre travail. Elle est l’activité à la fois sensorielle et cognitive par laquelle l’individu constitue sa représentation intérieure (son image mentale) du monde de son expérience (Di Méo, 2004).

Ces courtes définitions sont essentielles pour l’étude de notre sujet, car l’objectif spécifique à l’intérieur du projet PERISCOPE concerne la représentation des risques naturels (inondation et sécheresse) sur l’EFE Garonne-Gironde. Cette dimension concerne la compréhension des cadres cognitifs et normatifs qui structurent les représentations des risques liées aux évènements extrêmes (Agrawala et Van Aalst, 2005).

Ces représentations, nous allons les saisir grâce à un matériau : la Presse Quotidienne Régionale (PQR). Utiliser ce type de matériau n’est pas totalement inédit, il est possible de s’appuyer sur des travaux antérieurs (Comby & Lay, 2010 ; Lay & Rivière-Honegger, 2009 ; Weingart & al., 2000 ; Llasat, 2009). Grâce à ces auteurs ainsi qu’à des entretiens auprès de journalistes, nous montrerons en quoi la PQR constitue un matériau privilégié dans la définition incertaine et socialement négociée du « risque ».

Ce projet est ancré dans un contexte de multiplication des évènements climatiques extrêmes. Cette recrudescence, avérée ou non fait débat, l’enjeu pour les spécialistes du climat est de réussir à déterminer la part de responsabilité de l’homme et par là, le lien à faire ou non avec le changement climatique. Ce débat suscite différentes grandes questions de recherche :

- Comment les qualifications des évènements climatiques extrêmes (sécheresses et inondations) ont-elles évolué dans la sphère scientifique ainsi que dans la sphère médiatique ?

- Existe-t-il des convergences ou divergences dans les qualifications du risque entre ces deux sphères ?

- Quelles représentations sociales des sécheresses et inondations peut-on construire à partir de l’analyse des articles de PQR sur les évènements extrêmes ?

- Ces représentations sont-elles fixes dans l’espace et le temps ou sont-elles plutôt mobiles ?

Ces questions de recherches englobent deux axes principaux, un concernant la qualification des évènements climatiques extrêmes et l’autre orienté sur la représentation de ces évènements à travers le filtre médiatique. Cette analyse des représentations à travers la Presse Quotidienne Régionale n’est pas nouvelle, certains auteurs se sont déjà servis de ce support, mais en ce qui concerne l’EFE Garonne-Gironne, cet outil de travail est novateur.

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Nous retenons dans ce mémoire le concept de représentation. Nous parlons des perceptions constructivistes ainsi le terme de représentation est mieux adapté.

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Notre sujet et les problématiques qui en découlent nous permettent d’émettre les hypothèses suivantes :

1. Vingt ans après la conférence de Rio, le message passé par la sphère scientifique (concernant les dérèglements climatiques) a été vulgarisé et largement diffusé par la sphère médiatique.

2. Les représentations des « citoyens » à l’égard des évènements climatiques majeurs sont déformées par le filtre médiatique, vecteur de distorsions du discours scientifique. Les incertitudes scientifiques sont transformées en certitudes médiatiques pour produire un effet scoop.

3. Le changement climatique est aujourd’hui reconnu comme étant l’un des facteurs explicatifs de la recrudescence des évènements extrêmes (sécheresse et inondation). 4. La sphère médiatique rend compte des représentations des risques majeurs du grand public.

5. La presse participe à la fabrication des représentations sociales à l’égard des évènements extrêmes.

6. Les « nouveaux » évènements extrêmes (submersion marine sur l’EFE Garonne-Gironde) ont permis de réactiver un débat autour de la prise en compte du changement climatique dans les mesures de prévention du risque inondation.

Pour confirmer ou infirmer ces hypothèses et répondre à notre problématique générale, notre cadre de réflexion s’appuiera sur une double approche, l’une théorique, l’autre empirique, complétée par une analyse spatio-temporelle qui devrait nous permettre d’élaborer une cartographie thématique sur les représentations des risques climatiques.

Notre rapport s’articulera en trois parties : la première partie constitue un état de l’art autour de la question de la représentation des risques naturels : « Les risques naturels majeurs (inondations et sécheresses) : entre expertise scientifique et discours journalistique, comment analyser les représentations du grand public à l’égard de ces évènements climatiques extrêmes ? ». Il s’agira de dresser un tableau le plus exhaustif possible des expertises réalisées autour des notions de sécheresse et d’inondation. L’analyse des évaluations de ces concepts sera spatiale et temporelle afin de déterminer les évolutions spatio-temporelles de ces phénomènes climatiques.

La deuxième partie introduit notre matériau de recherche : la Presse Quotidienne Régionale et montre en quoi elle est un matériau intéressant pour saisir les représentations des publics (lecteurs des PQR) à l’égard des risques. Cette partie s’attache donc aussi à introduire le vaste concept de représentation et notamment de représentation des risques naturels. Puis, cette partie à vocation empirique exposera notre méthodologie tout en la justifiant. Il s’agit d’effectuer un recensement des catastrophes naturelles ayant animées l’EFE Garonne-Gironde pour sélectionner les majeures. La collecte des articles de presse y faisant référence et leur analyse nous a servi de matériau que nous exploitons pour se saisir des représentations citoyennes à l’égard de ces évènements extrêmes.

Enfin notre troisième partie présente nos résultats graphiques, cartographiques et textuels. En croisant les représentations des différentes sphères de références (scientifique, journalistique et de façon minoritaire, politique) nous montrons comment ces représentations et les évolutions de celles-ci permettent d’aller vers une nouvelle approche du risque. Une approche davantage systémique qui ouvre la voie vers une réflexion autour du Changement Climatique.

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1. Evolutions spatiales et temporelles des expertises à

l’égard des risques de sécheresse et d’inondation :

Cette première partie définit deux des trois concepts clés de notre étude que sont les sécheresses, les inondations et les représentations de ces risques. Elle comporte un état de l’art non exhaustif de la littérature scientifique consacrée aux sécheresses et aux inondations. Nous croisons les regards des experts dans le temps et dans l’espace pour déceler les évolutions des qualifications et des représentations à l’égard de ces deux risques naturels majeurs.

1.1 : Inondation et sécheresse, des phénomènes complexes à

identifier :

Les inondations et les sécheresses sont des évènements climatiques, souvent dotés de l’adjectif qualificatif extrême, car ces aléas climatiques peuvent représenter un risque pour les sociétés et leur milieu naturel. En effet, ce risque est déterminé par la multiplication de l’aléa et de la vulnérabilité du territoire concerné.

En tant qu’évènements extrêmes, ils sont d’autant plus dangereux qu’ils sont complexes à identifier, à prévoir et à gérer. Ainsi, nous verrons successivement la complexité de l’évaluation de ces risques naturels de délimitation des espaces concernés.

1.1.1 : Évaluation complexe des sécheresses par l’expertise scientifique :

La sécheresse est un phénomène complexe à évaluer et révèle une grande pluralité d’expertises scientifiques. Plusieurs qualifications scientifiques se côtoient et chaque auteur souligne la complexité de l’identification des sécheresses. Il s’agit d’une donnée climatique azonale qui n’est pas propre aux déserts mais sévit dans toutes les zones climatiques. Enfin, on ne parle pas aujourd’hui de ce risque comme nous en parlions hier, notamment en termes de causes et conséquences. La notion de dérèglement climatique ne semble pas neutre dans cette évolution conceptuelle.

Le terme général de « sécheresse » recouvre des notions différentes. En premier lieu, dans son acceptation générale, elle est bien sûr toujours liée à un déficit pluviométrique ou a une pluviosité en écart au régime « normal ». Toutefois, lorsque ce déficit est systématique, on parle d’aridité. La sécheresse décrirait donc plutôt la pluviosité et un déficit pluviométrique dans l’espace temps des sociétés végétales, animales, et plus encore humaines Hors des zones désertiques ou arides, la sécheresse est plutôt ressentie comme un épisode, et classée, par les climatologues, dans la catégorie des évènements extrêmes. Elle se définira alors par l’intensité de la déviation par rapport aux valeurs moyennes ou normales de pluviométrie, avec des éléments quantitatifs sur sa durée, sa période d’occurrence et son extension géographique (INRA, 2006).

Cette définition de l’INRA rejoint celle de Brunet (1992) dans le sens où elle fait une distinction entre la sécheresse et l’aridité. Celle de Brunet expose la sécheresse ainsi :

«Une sécheresse correspond à une déficience hydrique momentanée, inattendue : les précipitations sont inférieures à celles que l’on espérait. Elle peut se manifester sous tous les climats, sauf les climats arides. Les conséquences en sont aggravées si manquent aussi des gisements d’eaux souterraines. Il en résulte des difficultés d’approvisionnement en eau et, selon les sociétés, des manifestations d’agriculteurs, des famines, des impôts nouveaux « de

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solidarité », et quelques manifestations rituelles pour implorer le « ciel ». Au sens strict et physiologique, la sécheresse est le stade ultime où les plantes manquent d’eau, se dessèchent et meurent. Elle est donc liée à la présence des plantes cultivées et à celle des hommes qui en vivent, et l’on ne parle pas de sécheresse dans les régions réellement arides, où elle est permanente et ne surprend personne. Elle est en revanche dramatique dans les situations de limite, comme au Sahel, surtout si elle s’aggrave et progresse ».

En effet, la sécheresse s’inscrit dans le temps, elle peut être brève, saisonnière, permanente, mais c’est justement sa permanence qui entraîne l’aridité. Ici réside une partie de la complexité de la qualification du phénomène, car celui-ci peut durer des mois ou des années sans qu’il soit situé en zone aride et considéré comme une caractéristique climatique.

Cet évènement climatique extrême, plus ou moins longtemps inscrit dans le temps, est qualifié selon trois types qui se succèdent. La Figure 1 illustre la succession de ces différents types de sécheresse et évoque leurs incidences.

Figure 1: Approfondissement des situations de sécheresse et de leurs incidences pour les différents types de sécheresse généralement admis (Source : Centre National de Lutte contre la Sécheresse, Université du Nebraska) OMM, 2006.

Ce schéma donne plusieurs éléments de compréhension des « causes et effets » de la sécheresse. La variable de temps, représentée par les étapes successives des sécheresses, engendre des impacts plus ou moins nuisibles à l’environnement et aux systèmes socio-économiques.

La sécheresse de type météorologique survient lorsqu'il existe une période prolongée

de précipitations en dessous de la moyenne.

La sécheresse de type agricole lorsqu'il n'existe pas assez d'humidité pour les cultures.

Cette condition peut avoir lieu même si les précipitations sont normales à cause des conditions du sol et des techniques agricoles, ou de choix de plantes inadaptées (ex : maïs ou riz, très consommateurs d'eau en zone sèche).

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La sécheresse de type hydrologique survient lorsque les réserves d'eau disponibles

dans les nappes aquifères lacs et réservoirs descendent en dessous de la moyenne. Ceci peut arriver même avec des précipitations normales ou au-dessus de la moyenne lorsque l'eau est détournée pour une autre zone géographique ou qu'elle a été surexploitée, ou quand qu'une consommation élevée d'eau dépasse les capacités de la nappe ou des réservoirs à se renouveler, ou quand les conditions d'alimentation des nappes.

Ainsi, à ce stade de sécheresse, les conséquences touchent trois niveaux différents, il y a des incidences économiques (pour les agriculteurs notamment, mais pas exclusivement), il y a aussi des impacts sociaux (famines, manque d’eau…), et des effets sur l’environnement (perte de certains habitats naturels sensibles et donc de biodiversité…).

1.1.2 : Évaluation des inondations par l’expertise scientifique : Comme pour la sécheresse, il s’agit de bien définir le phénomène inondation, les controverses, les différences de qualification et de montrer que la complexité de ce phénomène réside dans la multiplication des causes et effets des inondations.

1.1.2.1

:

L’inondation, une diversité de causes aux effets multiples.

La définition de R. Brunet nous enseigne ceci :

« Une inondation constitue le débordement des eaux d’un cours d’eau, qui sortent de leur lit. Associée en général à une crue, l’inondation n’en est qu’une manifestation exceptionnelle et « catastrophique », qui peut néanmoins se produire assez régulièrement chaque année en un même lit d’inondation. Certains cours d’eau inondent régulièrement leur plaine à chaque crue, ou presque, au moins en certaines parties de leur cours. Des systèmes agricoles se sont même fondés sur ces régularités, exploitant les limons et les ressources hydriques apportés par chaque inondation, et utilisables après la décrue, comme le long du Nil. Ailleurs, les inondations restent peu fréquentes et résultent d’une conjonction particulière de phénomènes : averse exceptionnelle en saison de crue, cumul de fortes précipitations et de la fonte des neiges, apports simultanés d’affluents de régimes habituellement différents » (Brunet, 1992).

Brunet souligne le fait que les causes des inondations sont diverses, elles ne résultent pas forcément d’une crue, mais peuvent se produire aussi en cas de submersion marine.

Cette partie sera consacrée à l’analyse des différentes causes et conséquences de cet évènement climatique extrême.

L’inondation, soulève R. Brunet, est le débordement des eaux d’un cours d’eau qui sortent de leur lit. Associée en général à une crue, l’inondation n’en est qu’une manifestation exceptionnelle et « catastrophique », qui peut néanmoins se produire assez régulièrement chaque année en un même lit d’inondation.

Le passage important est qu’une inondation résulte en général d’une crue exceptionnelle.

Ici réside le premier niveau de complexité, une inondation n’est pas forcément associée à une crue. Pour lutter contre le risque inondation, il faut aussi veiller à surveiller d’autres paramètres, comme la montée du niveau de la mer dans le cas des estuaires. Ce paramètre introduit une notion fondamentale : le changement climatique est-il à l’origine de la recrudescence des évènements extrêmes de type submersion marine par exemple ? Est-ce un phénomène récent ? Depuis quand parle-t-on d’inondation par submersion marine ?

1.1.2.2 : Les différents types d’inondations : principes et définitions :

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Si une inondation n’est pas le résultat d’une crue, elle peut être le résultat de nombreux autres « dérèglements hydriques ». Nous dressons ci-dessus un tableau des différentes inondations climatiques possibles. Habituellement, on distingue quatre grands types d’inondations (Vinet, 2010) et plusieurs éléments pour caractériser ces types de crue. Ainsi, nous avons rassemblé l’ensemble de ces données dans un tableau synthétique :

Tableau 1: Les types et caractéristiques des inondations, d'après Vinet, 2010

Pour préciser ce tableau, il faut ajouter que le risque inondation est démultiplié lorsqu’il s’agit d’une zone urbaine, car celle-ci induit l’imperméabilisation des sols et favorise donc les inondations par ruissellement.

Quelles peuvent être les causes de ces différents types d’inondations ? L’augmentation de l’utilisation des plaines jouxtant les lits majeurs des fleuves, ainsi qu’à certains aménagements de l’espace qui, au-delà des crues moyennes, en augmenteraient les effets, même si cela reste à démontrer. De Marsily, pense qu’il s’agit aussi d’un effet indirect de la croissance démographique, qui a accru significativement la population des zones inondables de plaines où les crues passaient autrefois inaperçues.

A cette complexité de processus s’ajoute que les inondations peuvent constituer soit une catastrophe naturelle, soit un bienfait pour les populations.

Dans certains pays, les inondations représentent une véritable richesse permettant d’alimenter des pays entiers, comme en Égypte par exemple. En effet, certains cours d’eau inondent régulièrement leur plaine à chaque crue, ou presque, au moins en certaines parties de leur cours. Ainsi, des systèmes agricoles se sont même fondés sur ces régularités, exploitant

Conditions météorolo-giques Topographie Principales Zones exposées Magnitude Intensité Vitesse Durée Saison principale Exemple Crues « éclairs » : Torrentiel-les Ou urbaines Précipitations Intenses, diluviennes Pentes fortes Pentes faibles Collines Montagnes Pourtour méditerranéen Villes Forte magnitude ou intensité de la crue 1h à quelques heures Printemps, été, automne Vaison la Romaine Tempêtes Cévénoles Inondations littorales Vent pression atmosphérique basse Forte houle Coefficient de marrées important Pentes faibles Plaines fluviales ou littorales, estuaires Pas de crue Une submersion Marine Intensité forte Rapide et Dévastatrice 1 à quelques jours hivers Xynthia, 2010 Inondations lentes de plaine et remontée de nappe Précipitations répétées, modérées à abondantes Pentes faibles Plaines et zones fluviales Lentes Plusieurs jours Fréquence forte Somme en 2001 Caracté-ristiques Types

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les limons et les ressources hydriques apportés par chaque inondation, et utilisables après la décrue, comme le long du Nil (Brunet, 1998).

Les cultures d’inondation se sont développées en Inde, elles sont faites après ennoyage par casiers de culture, hors de toute crue fluviale.

Mais une inondation ne représente pas toujours un bienfait pour une société ; en effet, elles sont souvent dommageables voire meurtrières, car ces évènements (contrairement aux sécheresses) sont violents et arrivent de façon très rapide, voire fulgurante, sur un espace donné.

Ces caractéristiques apportées par F. Vinet permettent de montrer que l’inondation est un phénomène complexe pour des raisons différentes de celles de la sécheresse. En effet, contrairement aux sécheresses, une inondation est visible très tôt. Une inondation arrive rapidement sur un espace donné alors qu’une sécheresse connaît une évolution lente (parfois plusieurs mois avant qu’elle ne soit visible ou ressentie par les populations). Enfin, il n’y pas vraiment de périodicité des crues alors que les sécheresses ont un caractère saisonnier et périodique plus marqué.

Au-delà du débat sur les effets du réchauffement climatique et donc sur la fréquence et l’intensité du risque inondation, on constate une augmentation quasi générale du risque par augmentation des enjeux dans les zones exposées. Le risque inondation est le risque naturel qui coûte le plus cher en réparation et cela quelque soit la région touchée.

En termes d’enjeux, le risque d’inondation est dangereux pour les populations, car ce phénomène n’est pas forcément facile à prévoir. En effet, les inondations ont un caractère fulgurant et lors de forts orages, ou en zone de forte pente, une crue peut se déclencher en quelques heures. Pour maîtriser le risque inondation il est donc indispensable de réaliser des cartes de prévention des risques signalant les zones inondables et une volonté politique forte est nécessaire pour déclarer ces zones inondables non constructibles.

Donc une inondation est avant tout un phénomène hydrologique sévissant sur un périmètre que l’on peut avec de l’expérience délimiter. La diversité du risque inondation à l’échelle globale et locale se manifeste par des catastrophes plus ou moins graves. Ces degrés de dommages entraînent donc des disparités de risques selon que l’on se situe dans une région plutôt qu’une autre.

Cette discrimination spatiale, comme pour le phénomène de sécheresse, est créatrice du creusement des inégalités entres les pays les plus développés et les moins développés, nous allons voir pourquoi.

1.2 : Variations spatiales de l’expertise dans la qualification des

sécheresses et inondations.

Les sécheresses :

Les sécheresses que subissent les Grandes Plaines des États-Unis d’Amérique diffèrent de celles qui sévissent dans le nord-est du Brésil, en Afrique australe, en Europe occidentale, en Australie orientale, dans la plaine de la Chine du Nord ou dans les régions jouxtant le Sahel en Afrique. La quantité, le cycle saisonnier et la nature des précipitations varient grandement d’une de ces régions à l’autre (Wilhite, 2006).

Nous avons donné précédemment la définition de R. Brunet, nous en reprenons une partie ici car elle souligne ce phénomène de disparité spatiale, notamment en fonction des sociétés où la sécheresse se manifeste : « Une sécheresse correspond à une déficience hydrique momentanée, inattendue : les précipitations sont inférieures à celles que l’on espérait. Elle peut se manifester sous tous les climats, sauf les climats arides. Les

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conséquences en sont aggravées si manquent aussi des gisements d’eaux souterraines. Il en résulte des difficultés d’approvisionnement en eau et, selon les sociétés, des manifestations d’agriculteurs, des famines, des impôts nouveaux « de solidarité », et quelques manifestations rituelles pour implorer le « ciel ». Au sens strict et physiologique, la sécheresse est le stade ultime où les plantes manquent d’eau, se dessèchent et meurent. Elle est donc liée à la présence des plantes cultivées et à celle des hommes qui en vivent, et l’on ne parle pas de sécheresse dans les régions réellement arides, où elle est permanente et ne surprend personne. Elle est en revanche dramatique dans les situations de limite, comme au Sahel, surtout si elle s’aggrave et progresse ».

1.2.1 Inégalités spatiales et vulnérabilité :

Prenons l’exemple de la sécheresse qui a affecté les pays du Sahel depuis les années 1960. Le Sénégal connaît un climat tropical sec, ainsi le déficit hydrique est normalement saisonnier. Mais depuis 1968 et jusqu’en 1985, la sécheresse s’est inscrite dans la durée avec notamment trois périodes où le déficit a été très marqué (1970-1973, 1976-1977 et 1983-1984). Depuis 1985 les déficits sont moins marqués, mais il n’y a pas eu de retour à la normale. Dans ce cas de figure, les inégalités résident entre les régions où les conséquences ne sont pas partout les mêmes. Ce sont les régions de climat sahélien dans le nord et le centre-ouest du pays, où l’irrégularité interannuelle des précipitations est très forte, qui ont le plus souffert au plan édaphique et agricole, d’autant que la couverture végétale est limitée surtout au nord et que les réserves en eau sont réduites (Roquet, 2008).

On constate qu’un aléa de même intensité engendre un risque moyen pour les régions du Sénégal les moins vulnérables (régions sud) et un risque élevé pour les régions les plus vulnérables (jouxtant le Sahel).

L’aléa sécheresse, indépendamment de la vulnérabilité, n’est pas une catastrophe. Elle peut le devenir en raison de son incidence sur les populations locales, l’économie et l’environnement et de leur capacité de s’adapter au phénomène et de s’en relever. Pour bien comprendre la sécheresse, il est donc indispensable de prendre en compte tant sa dimension naturelle que sa dimension sociale (Wilhite, 2006).

1.2.2 Variations socio-spatiales du risque de sécheresse :

Cette dimension sociale constitue une autre difficulté pour qualifier le phénomène de sécheresse car certes, c’est un phénomène naturel, mais quelle responsabilité peut être accordée à l’Homme ?

La sécheresse est avant tout un phénomène naturel, mais elle est aggravée par l’Homme et ses pratiques agricoles. La sécheresse est latente sur toute la planète, inhérente à sa présence, d’autant plus qu’au lieu d’être un consommateur raisonnable, l’homme se comporte en prédateur d’eau, au fur et à mesure qu’augmentent ses activités et sa démographie, a fortiori lorsque le « développement » affecte les écosystèmes déjà naturellement « secs » (Mainguet, 1995).

Selon le PNUE (Programme des Nations unies pour l’Environnement, 1992) : 69 % de l’eau consommée le sont par l’agriculture (surtout l’irrigation). 23 % par l’industrie.

8 % par les usages domestiques.

Comment la pratique agricole ainsi que l’urbanisation croissante favorisent l’aléa sécheresse et multiplient les dégâts environnementaux et sociaux ?

Les chiffres du PNUE sont révélateurs, l’agriculture (en particulier l’irrigation des cultures) est la première pratique à remettre en cause. L’évolution du climat en France doit

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faire réfléchir à une évolution des cultures. L’agriculture pratiquée en France et dans d’autres pays n’est pas complètement déconnectée de l’apparition de certaines sécheresses, notamment les sécheresses agricoles. Les moyens d’action pour la prévention des sécheresses doivent donc être pensés à l’échelle locale et globale (globale pour les lois concernant les pratiques agricoles et locales pour les changements de pratique et de culture agricoles en fonction des ressources hydriques disponibles).

Au cours des derniers siècles, les techniques agricoles et la généralisation du commerce ont permis de réduire les (ou certaines) famines dans les pays développés. Les surfaces cultivées ont été accrues : elles couvrent aujourd’hui 1240 millions d’hectares en cultures pluviales et 260 millions d’hectares en cultures irriguées. Mais l’accroissement de ces deux formes mérite réflexion, car il n’est pas possible d’augmenter la productivité sans accroître fortement, dans les mêmes proportions l’irrigation (De Marsily, 2006). Or, les disparités géographiques sont accrues aussi car ce sont les terres les plus sèches (généralement les pays les moins développés) qui ont besoin de ces techniques d’irrigation qui, à terme, engendrent un assèchement des sols et donc des sécheresses agricoles puis hydrologiques.

Ainsi, la sécheresse diffère spatialement dans ses qualifications, ses évaluations et en termes d’impacts sur l’environnement et les systèmes socio-économiques.

Il y a autant de définitions de la sécheresse qu’il y a d’usages de l’eau. D’où l’importance de bien définir aussi le concept de représentation

Les inondations :

Nous avons vu grâce à la définition de R. Brunet que dans certains pays, comme en Inde avec les rizières ou en Égypte avec les décrues, les inondations ne sont pas des catastrophes naturelles, mais constituent un moyen de se nourrir grâce au développement d’un système agricole adapté. Dans ces régions du monde, les habitants ont su composer avec ce risque pour se l’approprier et développer des cultures d’inondations.

Donc la différenciation spatiale est encore plus criante que pour le phénomène de sécheresse dans le sens où dans le cas des inondations, certaines populations périssent et d’autres subsistent grâce aux inondations.

Le problème est que ces phénomènes gagnent en intensité et selon certains auteurs en raison du changement climatique, mais cette analyse fera l’objet de la troisième partie (1.3) car ces évolutions sont inscrites dans le temps.

1.2.3 L’inondation, un risque naturel à intensité variable dans l’espace :

En France, le risque d’inondation peut être considéré comme un risque majeur dans la mesure où c’est celui qui coûte le plus cher et fait le plus de victimes. Nous allons voir pourquoi on en parle différemment dans d’autres pays. En France, les agriculteurs ne bénéficient pas des inondations pour cultiver, ils en pâtissent au contraire. Les cultures inondées sont généralement détruites. Les populations urbaines souffrent aussi beaucoup des inondations, notamment celles établies autour des fleuves. A Toulouse par exemple, la Garonne est déjà sortie de son lit de façon spectaculaire entraînant un grand nombre de morts en 1875. Si on se focalise sur les crues par submersion marine, les dommages sont encore plus graves.

En termes d’inégalités spatiales, les populations les plus touchées sont les plus vulnérables, deux territoires en particulier risquent d’être submergés entièrement et sont donc voués à disparaître : le Bangladesh et les îles Tuvalu (archipel polynésien, au centre de

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l’océan pacifique et au sud de l’équateur). Ici, les risques d’inondations par submersion menacent d’éliminer de la carte du monde ces deux territoires peu développés économiquement, mais sur lesquels, un mode de vie et des savoir-faire bien particuliers et ingénieux en termes d’adaptation et de prévention du risque se sont établis notamment sur les îles Tuvalu. Si ces terres finissent par être submergées par l’océan, on parlera alors de réfugiés climatiques. Ce type de migration existe déjà.

On peut se demander si ces fortes variations des régimes hydrologiques sont associées au changement climatique et si oui depuis quand ?

1.3 Variations temporelles de l’expertise dans la qualification des

sécheresses et inondations.

Les sécheresses :

On a découvert l’existence de sécheresses préhistoriques en étudiant les anneaux de croissance des arbres, les sédiments des lacs et océans et les carottes de glace prélevées dans les glaciers. Des écrits anciens les relatent aussi. Ce qui nous intéresse ici c’est de voir comment les scientifiques parlaient des sécheresses il y a cinquante ans.

Notre état de l’art recense des articles à partir années 1960, nous n’avons pu (faute de temps) remonter plus loin. Mais nous avons élargi ce cadre grâce à l’analyse épistémologique de la géographie, notamment celle consacrée aux évènements extrêmes. Ainsi, nous proposons de segmenter cette période en trois parties.

1.3.1 Expertise du phénomène de sécheresse avant les années 1960 :

La sécheresse est traitée dans le champ de la géographie physique. Ses prémices datent de la Géographie régionale du début du XXème siècle. Ce courant géographique, impulsé et dominé à la fin du XIXème par Vidal de la Blache, a largement influencé la Géographie jusque dans les années 1960. En 1926, De Martonne (disciple de Vidal de la Blache) propose d’étudier les sécheresses et l’aridité et développe son premier indice de l’aridité. Il est le suivant :

I = P/ t + 10.

De Martonne se rend compte de l’inexactitude de ce premier indice et le corrige par le suivant :

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En 1942, il publiait la carte du monde de l’aridité grâce à ce nouvel indice. Cette carte se présente ainsi :

Carte 1: Carte du monde de l'aridité (source : E. De Martonne)

Certes, cette carte n’est pas une carte de la sécheresse dans le monde (il serait d’ailleurs difficile de représenter cette carte vu l’évolution spatio-temporelle de ce phénomène), mais il semblerait qu’avant 1960 la distinction entre aridité et sécheresse soit moins nette qu’elle ne l’est maintenant. De Martonne parle d’aridité et de sécheresse sans faire de réelle distinction.

Cet indice montre que la principale disparité temporelle, si on compare la qualification du phénomène de sécheresse avant 1960 à aujourd’hui, réside dans la non prise en compte des interactions avec les sociétés.

Les liens entre composantes climatiques et implantation humaine n’étaient pas tout à fait établis encore, en tout cas pas par tous. Certes, les géographes « visionnaires » tels qu’Elysée Reclus avaient une vision avant-gardiste qui leur permettait d’avoir une réflexion plus systémique que descriptive, mais ils ne constituent pas une majorité, ni une autorité intellectuelle à cette époque là.

Dans un article de Lay (2009), une étude de représentation des risques naturels menée sur la période 1882-2005 à travers la PQR (Presses Quotidienne Régionale), révèle que sur la période 1882-1944, dans leur effort de compréhension du monde qui les entoure et des phénomènes qui le dynamisent, les communautés riveraines tendent spontanément à objectiver leur relation aux cours d’eau et relèvent essentiellement des causes naturelles lorsqu’il s’agit d’expliquer une sécheresse ou une inondation. Souvent la faute est simplement attribuée à la rivière responsable d’une crue ou d’un étiage. A cette époque, la religion est encore très présente dans les esprits et ces évènements extrêmes sont souvent rapportés au châtiment divin.

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A cela, on peut ajouter qu’en France notamment, les pratiques agricoles (avant les années 1960) n’étaient pas encore des pratiques intensives et les systèmes d’irrigation n’étaient pas aussi développés qu’aujourd’hui.

Ainsi, cette vision très naturaliste du phénomène de sécheresse avant 1960 est dépendante de trois choses : des avancées scientifiques qui se limitaient à une analyse descriptive sans prendre en compte les facteurs environnants, des explications ou déterminations religieuses encore dominantes à cette époque et des avancées technologiques qui n’étaient pas encore trop destructrices en termes d’agriculture notamment.

1.3.2 Expertise du phénomène de sécheresse entre 1960 et 1990 :

Le tournant épistémologique en géographie a permis de regarder les phénomènes comme des systèmes. Cette géographie systémique a établi des liens (actions et interactions) entre un phénomène naturel précis, ici la sécheresse, et les sociétés affectées par ce phénomène. Le résultat de cette vision globale a permis de mettre en évidence des corrélations entre l’occurrence du phénomène de sécheresse et l’urbanisation ou la croissance des pratiques agricoles ou encore la généralisation du commerce (exemple des villes en Amérique de l’Ouest, hyper-consommatrices d’eau pour l’agriculture et les activités récréatives comme la ville de Las Vegas). Certaines constructions, tel le barrage Hoover sur le fleuve Colorado aux Etats-Unis, ont eu des répercussions écologiques graves. En effet, la création de ce grand barrage, initialement réalisé pour maîtriser l’eau pour l’irrigation, a entraîné l’assèchement du Delta du Colorado. Cet assèchement a détruit des écosystèmes, entraînant la fin de la pêche sur ce milieu riche. Ces pêcheurs traditionnels ont connu des difficultés socio-économiques importantes. Cet exemple montre jusqu’où l’établissement humain peut être responsable de ce phénomène de sécheresse. Les liens entre sécheresses et sociétés sont apparus beaucoup plus visibles et criants à partir des années 1960-1970.

On commence donc à évoquer dans les articles scientifiques cette responsabilité sociétale dans l’explication du phénomène de sécheresse ou du moins le fait que les sociétés aggravent cet évènement climatique majeur.

1.3.3 Expertise du phénomène de sécheresse de 1990 à nos jours :

Nous avons pu observer dans certains articles que, suite à la Conférence de Rio en 1992, les scientifiques ont commencé à pointer du doigt les différents dérèglements climatiques (inondations, sécheresses, avalanches, raz de marées…) en montrant qu’ils étaient de plus en plus nombreux et ont introduit une notion nouvelle : le changement climatique ou « Climate Change ». Ainsi, depuis cette conférence et les différents rapports du GIEC, certains auteurs (Weingart et al., 2000) associent les phénomènes de sécheresses aux changements climatiques. Nous garderons une certaine réserve sur cette troisième période car nos recherches sur les qualifications de la sécheresse ne sont pas exhaustives (les auteurs parlent davantage d’inondation que de sécheresse) et l’association sécheresse/changement climatique n’est pas consensuelle. En effet, il existe de nombreux « climato-sceptiques » qui n’approuvent pas cette association.

Cette première sous-partie nous a permis de faire un point assez général sur la notion de sécheresse dans la sphère scientifique en évoquant en fin de partie un « nouveau » concept

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qui restera en toile de fond dans notre mémoire, il s’agit du changement climatique. Nous avons vu que la sécheresse était un phénomène très complexe à identifier et à qualifier. Qu’en est-il des évolutions conceptuelles à l’égard du phénomène inondation ?

Pour les sécheresses nous sommes remontés jusqu’en 1960 mais nos données n’étaient pas nombreuses, pour les inondations les données sont plus nombreuses et permettent une analyse plus fine.

1.3.4 Analyse temporelle quantitative et qualitative des qualifications du phénomène inondation :

Les inondations :

Il y a beaucoup plus d’articles qui ont été rédigés depuis les années 2000 sur les inondations qu’avant cette date. Il faut tout de même garder à l’esprit que ce diagnostic peut être faussé par la mise en ligne récente des articles scientifiques, les plus anciens se situant plus dans les revues papier.

Depuis 1991, la responsabilité de l’homme dans le phénomène inondation s’est accrue et à partir de 2001, tous les articles font référence à l’intervention humaine dans l’explication du risque inondation.

Quant au changement climatique, 1 article sur 4 référence et introduit le changement climatique dans les causes de la recrudescence des inondations pour la période 1991-2001. Par contre à partir de 2001, 12 articles sur 17 mentionnent le changement climatique lorsque l’on évoque les inondations ou tout risque naturel majeur. Ainsi cette courte analyse nous permet de dire que depuis 1980, les qualifications relatives au phénomène d’inondation ont changé et le changement climatique n’est pas neutre dans cette évolution conceptuelle. Une approche plus globale est d’abord sollicitée avant de se pencher sur une gestion locale de ces risques.

1.3.5 Les évolutions temporelles des expertises à l’égard du phénomène inondation :

Une analyse littéraire et épistémologique en géographie du risque inondation révèle une segmentation temporelle semblable à celle de sécheresse.

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Avant 1970, de la vision naturo-centrée à l’approche systémique :

L’école de Chicago (1964), voit le risque comme une potentialité de l’occurrence d’un phénomène naturel destructeur dont les origines sont extérieures à l’homme. La dichotomie est nette et la relation causale univoque : le phénomène naturel frappe un groupe social ou un territoire qui subit des dommages et les surmonte plus ou moins bien. La seule explication qui puisse être donnée est d’origine religieuse : l’inondation des cultures est perçue par le groupe social comme un châtiment divin (même analyse que pour les sécheresses).

A partir de 1970, de l’approche systémique à l’évocation du changement climatique :

Hewitt (1983) introduit la société au cœur du système de production du risque d’inondation. Il montre que le risque naturel n’est pas le simple fruit d’une perturbation de la société par un agent naturel extérieur mais que par le biais de la vulnérabilité, la société porte en elle les germes du risque. Le risque, fruit du croisement entre aléa et vulnérabilité prend tout son sens. Mais certains auteurs vont plus loin. Ils font de la vulnérabilité l’élément déterminant du risque (Gaillard, 2007).

1990 à nos jours, une approche intégrée du risque :

Les inondations et leurs occurrences sont peut-être une des manifestations du dérèglement climatique. Les évènements extrêmes seraient plus récurrents, les précipitations plus violentes et nombreuses sous certaines latitudes et plus rares sous d’autres (provoquant des sécheresses). Il est nécessaire d’étudier de près ces occurrences pour mettre en place un système de gestion du risque axé sur la prévention et l’adaptation.

Cette analyse épistémologique se rapproche beaucoup de celle faite sur les sécheresses, à quelques détails près (Ecole de Chicago pour les inondations, De Martonne pour les sécheresses). Ce qui est intéressant c’est de voir que notre graphique réalisé à partir des lectures d’articles scientifiques correspond très fidèlement au découpage épistémologique. Cet état de l’art permet de rendre compte de trois phénomènes essentiels :

- La qualification des sécheresses et inondations du point de vue de la sphère scientifique est très complexe. Cette complexité tient à deux éléments : le phénomène en lui-même et les points de vue divergents à l’égard des causes et conséquences de ces risques.

- L’évolution de ces phénomènes selon le vecteur espace et le vecteur temps.

- Les causes associées à ces évènements sont évolutives et progressivement on voit l’Homme prendre une place non négligeable dans l’explication de la recrudescence de ces évènements. De même, le changement climatique est progressivement associé à ces deux phénomènes que sont les inondations et les sécheresses.

D’où la nécessité d’aborder dans la partie suivante la dimension systémique de ces deux phénomènes :

1.4 Vers une approche systémique : aléas, vulnérabilité et risque :

Comment les inondations et les sécheresses deviennent-elles des risques ?

La question des risques a connu un important développement depuis une vingtaine d’années. Les médias et les milieux politiques l’ont mise au devant de la scène. C’est en interrogeant la sociologie et la géographie que l’on trouve des explications à l’omniprésence du risque. Si le sociologue est le mieux à même de nous expliquer pourquoi notre société est

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devenue une « société du risque » (Beck, 1986), le géographe nous dit comment se traduit cette omniprésence du risque dans les territoires (Vinet, 2010).

1.4.1 L’émergence de la géographie des risques naturels : La géographie des risques est le fruit d’une longue histoire engagée par des géographes américains, en particulier l’école de Chicago, White en tête (1945, 1961). D’abord centrée sur l’aléa, l’approche des risques s’est élargie grâce à des géographes comme Hewitt (1983). Ce dernier propose une interprétation systémique intégrant la société comme facteur de production du risque. Cette mise en perspective est importante et nous la traduisons par la formule et le graphique suivant :

ALEAS X VULNERABILITE = RISQUE

Figure 2 : Représentation schématique du risque de sécheresse (cas de deux régions du Sénégal)

L’exemple du Sénégal expliqué ci-avant montre qu’un à un même niveau d’aléa, le risque peut être soit faible, soit moyen, soit fort, tout dépend du degré de vulnérabilité de la société concernée. Cela traduit bien l’inégalité des sociétés face au risque.

Pourquoi la géographie des risques est-elle une thématique connaissant une véritable croissance exponentielle ?

Certains acteurs mettent en relation émergence de la géographie des risques et mondialisation, dans le sens où le « monde moderne » induirait de nouveaux risques (risques nucléaires, pesticides…), mais aussi aggravation des risques connus de longue date par l’anthropisation des milieux naturels. En effet, la multiplication des établissements humains et surtout en zone côtière ou fluviale a augmenté le risque inondation par la variable vulnérabilité. Même si l’aléa est resté le même, la vulnérabilité quant à elle, a largement augmenté. De plus, les débats actuels sur le réchauffement de l’atmosphère tendraient à cautionner cette tentative de « globalisation » de la relation au risque. De nombreux magazines ont utilisé bien singulièrement la notion de « risque climatique » pour qualifier

Risque négligeable ou faible Risque négligeable ou faible Risque élevé Risque moyen F ort Risque négligeable ou faible Aléa

Faible Moyenne Forte

Vulnérabilité Régions sud du Sénégal Régions nord du Sénégal Moyen Faible Fort

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l’ensemble des risques qui pourraient croître suite au réchauffement des climats. Le risque climatique, nouvel horizon catastrophiste dans un monde pacifié ? (Vinet, 2010).

1.4.2 Le réchauffement global, nouvel horizon de l’analyse des risques ?

Le risque climatique fait débat dans la sphère scientifique : les climato-septiques expliquent le réchauffement global comme un évènement cyclique telles que les grandes glaciations. Les chercheurs convaincus de la véracité du changement climatique expliquent que les gaz à effet de serre sont responsables du réchauffement de l’atmosphère et montrent comment la croissance exponentielle du nombre d’êtres humains sur Terre est responsable du changement climatique. Vient ensuite un certain nombre de mesures à prendre en compte pour réduire au maximum les conséquences du changement climatique. Pour cela, certains pensent que les variations hydrologiques sont de plus en plus accentuées et que la recrudescence des inondations et des sécheresses serait en lien avec ce réchauffement global.

Ce débat a été déporté dans la sphère médiatique et l’enjeu de notre deuxième partie sera aussi de réussir à déterminer si les représentations des citoyens à l’égard des évènements extrêmes sont aussi influencées par cette nouvelle donne qu’est le « Global Change ».

Les questions scientifiques qui se posent à l’égard de cette problématique sont les suivantes :

Quelle est la réponse pluviométrique au signal thermique global ? Autrement dit le réchauffement de l’atmosphère s’est-il traduit et se traduira-t-il par une augmentation des précipitations ? En intensité ? En fréquence ? Ou les deux ?

Comment intégrer cette évolution (avérée ou non) dans la prévention des risques inondation ? Sur quelle référence pluviométrique faut-il caler les modèles pluviométriques ou hydrologiques ? (Vinet, 2010)

En ce qui concerne l’effet de serre, dans les années 1980, seuls quelques scientifiques connaissaient les conséquences de celui-ci sur l’atmosphère mondiale. La conférence de Rio en 1992 a permis de mettre en lumière ce phénomène et la diffusion de ces connaissances est passée par les sphères politiques puis médiatiques et ces connaissances sont aujourd’hui connues de tous. Ce dérèglement coïncide avec la recrudescence des inondations ces dernières années, l’enjeu est donc de savoir si cette recrudescence est en lien ou non avec le réchauffement global. L’urbanisation qui selon les prévisions, devrait atteindre 80 % à l’échelle mondiale en 2050 provoque certaines inquiétudes quand on sait que 80 % de ces urbains se sont établis sur les littoraux. Le recul de la côte et la recrudescence des inondations par submersion marine laissent perplexe. Le XXIème siècle sera t-il celui des migrations climatiques ? Attention tout de même : « Le réchauffement climatique n’est pas l’alpha et l’oméga du risque. Même si les préoccupations sont légitimes, il ne doit pas occulter les responsabilités humaines et le poids de l’évolution sociale dans la croissance observée des catastrophes d’origine météorologique » (Vinet, 2010).

Nous avons évoqué la nécessité aux vues des définitions complexes et variées des inondations et de la sécheresse de prendre en compte la notion de représentation pour mieux cerner et comprendre les approches scientifiques et citoyennes du risque, c’est pourquoi la partie suivante analyse la littérature grise consacrée aux études sur la représentation des évènements extrêmes.

Cette étude des représentations et notamment celle sur les méthodes possibles pour saisir ces représentations à l’égard des risques fera l’objet de la deuxième partie de ce mémoire.

Figure

Figure  1:  Approfondissement  des  situations  de  sécheresse  et  de  leurs  incidences  pour  les  différents  types  de  sécheresse généralement admis (Source : Centre National de Lutte contre la Sécheresse, Université du Nebraska)  OMM, 2006
Figure 2 : Représentation schématique du risque de sécheresse (cas de deux régions du Sénégal)
Figure 3 Nombre d'arrêtés CATNAT dans le bassin Adour-Garonne entre 1982 et 2012 (source :  BD Gaspar –  variable NUM_RISQUE)
Figure 4 : Diagramme de collecte des données journalistiques
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