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Étude de l’absorption et de la diffusion des rayons β
dans l’acétate de cellulose
R. Arnoult
To cite this version:
ÉTUDE
DEL’ABSORPTION
ET
DELA
DIFFUSION
DES
RAYONS 03B2
DANS
L’ACÉTATE DE CELLULOSE
Par R. ARNOULT.
Laboratoire Curie. Institut du Radium.
Sommaire. 2014 On décrit un appareil à focalisation magnétique permettant d’étudier, à l’aide de comp teurs Geiger-Muller, l’absorption et la diffusion d’électrons dans de faibles épaisseurs d’acétate de cellulose. On utilisait les électrons de conversion émis par le dépôt actif du thoron, d’énergie comprise entre 24 et
220 ekV. Les courbes obtenues permettent l’étude quantitative, avec un appareil analogue, des spectres
électroniques de faible énergie de radioéléments naturels ou artificiels.
1. Introduction. - En vue d’étudier à l’aide de
compteurs
Geiger-Muller,
fonctionnant encoïncidence,
les
spectres
continus desrayons ~
de faibleénergie
émis par différentes substancesradioactives,
nousavons été amenés à faire une étude
préliminaire
descorrections à effectuer pour tenir
compte
del’absorp-tion et de la diffusion dans les feuilles de fermeture des fenêtres de ces
compteurs.
~ Les sources étaient constituées par des feuilles d’or
(épaisseur
5J100
mm)
que l’on activait seulement surla tranche en les maintenant serrées entre deux
paral-lélépipèdes
de verre, sous tensionnégative,
dans uneatmosphère
de thoron. Les atomes de Th(8
+
C +
C’-~-
C")
déposés
émettent des rayons yqui,
parconver-sion dans les niveaux
électroniques
des atomesformés,
donnent des groupes d’électronsd’énergie
connue(1).
En activant environ
3 j
et en mesurant 1 intensité dessources 3 h
après
la fin del’activation,
on obtient undépôt
enéquilibra
radioactif dont la décroissance sefait sensiblement avec la
période
de ThB(10,6 h).
Lesintensités
variaient de0,~
à 1 mg(équivalent
enRa m3suré par le
rayonnement y
i à travers 1 cm de Pb(~)).
2.
Appareil. -
Les électrons étaient d’abord foca-lisésmagnétiquement
dans lechamp
créé par les cadres de Helmholtz décrits dans unprécédent
arti-cle
(3).
L’appareil
à focalisation était contenu à l’inté-rieur d’une chambrecylindrique (’’) (fig. i)
en maxium(alliage
d’aluminium et demagnésium)
fermée par unejoue
rodée. Le rayon deçourbure
moyen destrajec-toires était de 13,56 cm. Les
grandes
dimensions del’appareil,
le faiblepoids atomique
de la substanceemployée
et lagrande épaisseur
de Pb(22 cm)
entrela source et les
compteurs
rendaient très faible l’action directe durayonnement
y.Les
compteurs
(fig.2)
étaientcylindriques (longueur:
4,5
cm, diamètre :1,’2
cm),
en laiton de 1 mm, ferméspar des bouchons d’ambre et reliés entre eux par un
manchon en laiton. Les
parois
étaient mises au sol etles fils
portés,
à travers une résistanceélevée,
à unpotentiel positif
convenable.ce
Fig. 1, -
Appareil à focalisation.
La fenêtre
(a)
dupremier
compteur
(5
mm,0,5
mm)
était fermée par une feuille très mince(environ
1,2
p.)
d’acétate de cellulose et la fenêtre(b)
du deuxième parune feuille
de 5 t
d’Al. Une étudepréliminaire
nousavait montré que l’absence de métal en
(c),
dans lepre-mier
compteur,
n’amenait pas deperturbation
dansson fonctionnement.
Fig. 2. -
Compteurs.
La feuille
en (a)
étant très mince(ce qui
estindispen-sable pour étudier des
régions spectrales
de faibleénergie)
n’aurait pu résister à unepression
de plusieurs
dizaines de cm de
Hg.Une
dérivation sur la canalisationpermettait
de vider lescompteurs
en mêmetemps
que la chambre. A l’aide du robinet R on les isolaitquand
lapression (mesurée
au manomètreJi)
était de 8 cm10.
146
Hg ()).
On continuait à vider la chambrejusqu’à
unepression
de l’ordre dequelques
millièmes de mm. Decette
façon
la feuille d’acétate nesupportait jamais
unedifférence
de pression
supérieure
à 8 cm. Laposition
dupalier
d’uncompteur dépendant
grandement
de la pres-sion(6),
une lunette munie d’un réticule servait à lire les indications du manomètre II etpermettait
de retrouver laposition
dupalier (au voisinage
de1 200 V )
avec
des
variationsde voltage
inférieures à 1 pour 100. Lespaliers
obtenus dans ces conditions avaient de 12 à15V.
Les résistances de fuite
(de
l’ordre de 3 .10~1ohms)
étaient réalisées avec unmélange alcool-xylène.
Les
impulsions
dechaque
compteur
étaienttrans-mises,
à travers unecapacité
de 30cm (7),
soigneuse-ment
isolée,
à unamplificateur
à troisétages,
et,
après
sélection,
à unthyratron
actionnant un totalisateurtéléphonique.
3.
Diaphragmes. ,-
Pour éviter l’entrée dans lepremier compteur
d’électronsayant
subiplusieurs
réflexions sur lesparois
ou dephotoélectrons
dus aurayonnement
y de la source, troisdiaphragmes
Ll~bA3)
étaientdisposés
sur letrajet
du faisceau. Leur dimension et leurposition
étaient calculées defaçon
à rendreimpossible
l’entrée dans lepremier
compteur
derayons ~ n’ayant
subiqu’un petit
nombre de réflexions. Des courbesd’absorption
dans pour des électrons de 147 ekV(8),
ont été faites en utilisant lepremier-compteur seul,
avec0, 1,
i,
et 3diaphragmes.
Leur forme se modifiait
progressivement.
Dans les deuxpremiers
cas, il étaitimpossible
de considérer un« parcours effectif o, et
quand
onaugmentait
l’épais-seur, tout se
passait
comme si le faisceau n’était pasisocinétique
etcomprenait
une fraction notabled’élec-trons
d’énergie plus
élevée.Quand
onajoutait
lesdiaphragmes,
cette fraction diminuaitet,
avec ledispo-sitif finalement
adopté,
on retrouvait l’alluregénérale
des courbesd’absorption
obtenues par différents auteurs(9).
4. Ecrans. - Les écrans absorbants
employés
et la feuille de fermeture dupremier
compteur
étaientpréparés
suivant unetechnique
décrite parHarris-Johnson
CI».
Onpréparait
une solution d’acétate de cellulose dans racétated’éthyle
ou deméthyle,
et on(~) Une étude préliminaire avait montré que l’efficacité des
compteurs restait constante jusqu’à une pression de 7 cm. (6) Pour les compteurs utilisés, ie voltage moyen du palier augmentait d’une dizaine de volts par mm.Hg.
(i) Chaque capacité était constituée par un petit condensateur
cylindrique à diélectrique de quartz, noyé dans de la paraffine
dont la surface était fréquemment passée à la flammes. (8) Electrons de la raie la plus intense du spectre de Th 8 - C (raie fl’, en employant la notation proposée parËLLis,
Nature,
i933, 1.29, 276).(9) VARDER. Phil J/ag, 1925, 29, 7~~ ~ 1BlADGWICK Jjroc. G’amb. Phil. Soc., 1927,23,910; SCHONLAND. Proc, Soc., 1923, 104,
235 et 1925, 108, i 87.
(10) H&RRis-Jonxsox. Rev. ol Sc. 1933, 4, 414.
l’additionnait d’une résine
synthétique (glyptal)
des-tinée àaugmenter
la résistancemécanique
du film.Après
différentsessais,
la solutionemployée
étaitcomposée
de :Pour des films
d’épaisseur
inférieure à 10-3 mm onpeut
aussiemployer
comme solvantl’oxyde
demési-tyle,
mais nous ne sommes pas parvenus à leur donnerune résistance
mécanique
suffisante poursupporter
longtemps
une différence depression
dequelques
cm
Hg.
Quelques
gouttes
de solution de concentrationcon-venable étaient versées sur de l’eau distillée contenue dans un
petit
cristallisoir(diamètre :
-.3,5
cm).
Unecouronne d’Al
souple (épaisseur :
50~),
fixée à unsupport
à crémaillère étaitplacée
à la surface desépa-ration de la solution et de l’eau.
Quand
l’évaporation
étaitterminée,
on remontait très lentement lecadie,
en
prenant
desprécautions
pour éviter l’action de la tensionsuperficielle.
On obtenaitainsi,
sur lecadre,
un film circulaire que l’on
appliquait
sur la fenêtre ducompteur
après
avoir trèssoigneusement
nettoyé
la surface auvoisinage.
La différence depression
àla-quelle
est soumise cette feuille étantfaible,
on estpar-venu
plusieurs
fois à obtenir une étanchéité très suffi-santependant
la durée d’une série de mesures sansaddition de
piscéine
sur les bords. Onpréparait
de lamême
façon
les films servant d’écrans pour lesme-sures
d’absorption.
L’épaisseur
était déterminée en mesurant lasur-face du film
(surface
ducristallisoir)
produit
par unequantité
connue(calibrage
ducompte-gouttes)
d’acé-tate de cellulose et de
glyptal
(11).
Onpeut
faire varier cetteépaisseur
en modifiant la concentration de cette solution ou laquantité
étendue surl’eau,
On a ainsipréparé
i écran de1,2 y, 2
de2,0 [J.
et 1 de9,3
[1.. Qn aemployé
aussi un écran de20 p.
préparé
avec de lacel-lophane
du commerce.5.
Absorption. -
On déterminaitd’abord
le fond continu descompteurs
en absence de source. Pour descompteurs
récemmentpréparés,
il était de l’ordre de 25 à 30coups/min,
mais il s’élevait, enquelques
se-maines,
à une valeur sensiblement double.(Rayons
cosmiques
et contaminationradioactive
duLabora-toire).
On refaisait la même mesure avec la sourcemise en
place.
Le fond continu devenait un peuplus
grand
pour lepremier compteur
que pour le second. Il restait de l’ordre de 60coups/min.
Encoïncidences,
il était d’environcoup/min.
On déduisait de ces résultats le
pouvoir séparateur
rpar la formule
(
(11) On admettait que la densité, en couche mince, est la méme
(ii,
désignant
respectivement
le nombre dedécharges, pendant
l’unité detemps.
en coïncidenceset dans chacun des
compteurs.)
Il était de l’ordre de 7 .102013’ inin.On vérifiait à l’aide d’une source
auxiliaire,
exté-rieure,
de rayons y, que le fonctionnement descomp-teurs
(en
simple
et encoïncidences),
n’était pasmodi-fié par le
champ
magnétique.
Pour les mesures
d’absorption,
on utilisait lepre-mier
compteur
seul. Pour uneépaisseur
d’écransdéterminée,
on faisait la mesure pour différentesva-leurs du
champ,
correspondant
à des raies bien con-nues duspectre.
Après
avoir rétabli lentement la pres-sion dans la chambre et lescompteurs,
on ouvraitl’ap-pareil
et onchangeait
d’écrans.Après
avoir refait levide,
on vérifiait lepalier
ducompteur,
D’après
uneétude faite antérieurement
(3),
lemontage
potentio-métrique employé permettait
dereproduire
les valeurs du courant dans lescadres,
c’est-à-dire duchamp
ma-gnétique,
avec une erreur inférieure à 5 : 10 000.On étudiaitainsi six groupes
électroniques
648,
830,
852,
1 10t 1 et 1 3ti0 oersteds.cm),
en sepla-çant
chaque
fois auvoisinage
immédiat d’une raie. Il n’était paspossible d’employer
les électrons du fond continunucléaire,
l’intensité des sources utiliséesétant t
trop
faible.L’énergie
de la raie étant connued’après
l’étudephotographique
(’),
on fixait d’abordle
champ
auvoisinage
de la valeurcorrespondante,
puis
onexplorait
lesrégions
voisinesjusqu’à
cequ’on
obtienne,
sansécran,
les meilleures conditions dedénombrement,
Le
régime
de dénombrement desparticules
était déterminéprincipalement
par lecycle mécanique
dutotalisateur. On mesurait son
temps
mort ’t’tenappro-chant une source
jusqu’à
cequ’on
obtienne la vitesse maximum de fonctionnement, Onpouvait
atteindre 600coups/min,
mais leréglage
était alorstrop-délical
pourqu’on puisse
être certain de sa fidélitépendant
plusieurs
heures de fonctionnement.Pratiquement,
ce
réglage
était fait pour obtenir une vitesse maximumde 450
coups/min.
On sait
(~z~
que si lesimpulsions
se succèdent dans letemps
suivant unerépartition
deBateman,
on a : tLe
temps
mort ducompteur
et duthyratron,
ainsi que les constantes detemps
dechaque
étage
del’am-plificateur,
sontnégligeables
devant =~,°
La correction à effectuer sur le nombre lu au
totali-sateur est alors de 13 pour 100 pour une vitesse de 150
coups/min
et de 6 pour 100 pour 70Cotips/min.
En combinant les écrans
d’acétate,
on faisait lesmesures pour les
épaisseurs
de1,2
p. (feuille
deferme-ture du
premier compteur),
~,0 N,, ~..~
5,2
p.,6,4
[J.,10,4
~,15,7 p.
et 21 Onextrapolait
les
courbesobte-nues et on
prenait égale
à100,
pourchaque énergie,
l’intensité
correspondant
à uneépaisseur
nulle.On en déduisait la courbe de transmission :
On voit que
l’absorption
dans la feuille de fermeture dupremier
comptenr
ne devient notable que pour desénergies
inférieures à 36 ekv .Fig. 3. - Coefficient de transmission dans J’acétate de cellulose.
Chacun des
points
expérimentaux
représente
la moyenne de trois séries de mesures. L’erreurstatis-tique
moyenne est de l’ordre de 5 pour 100.L’extrapo-lation
peut
entraîner une erreur de 3 pour 100 pour legroupe A
et de 1 pour 1CO pour le groupe 13(24,5
et z6 ekV.En
extrapolant
lapartie
centrale,
sensiblementrecti-ligne,
des courbes de transmission, onpeut obtenir,
pour ces denx groupes, un « parcours effectif » dans
l’acétate de cellulose
(9 p.
et 21y.),
soit 12 et 27. 10-4gjcm2)
en accord avec les résultats de Schon-land(11)
montrant que les parcours(exprimés
eng/cm2)
d"éleclronsisocinétiques,
sontindépendants,
en première
approximation
de la nature de l’absor-bant.(~2) SCHIFF. Phys. Rev,, ~1~36, 50, 58.
(1~~) RuTHERpoRD, CHADwicK, Radiation from. radioactive
148
6. Diffusion. - Les électrons
qui, après
avoir tra-versé la fenêtre(a)
pouvaient pénétrer
dans le deuxièmecompteur,
étaientcompris
dans un cône dedemi-angle
au sommet de 10". Par suite de la diffusion dans la feuille
d’acétate,
une fraction seulement des électronstransmis restaient dans ce
cône,
cette fraction étant d’autantplus petite
que leurénergie
estplus
faible. Lescompteurs
étantpetits,
onpouvait
admettre que,pour chacun
d’eux,
tous les électronsayant
franchi la feuille de fermeture sontcomptés.
Dans le
premier,
c’étaient tous ceuxqui
avaienttra-versé la feuille
d’acétate,
dans le second ceuxqui,
étant restés dans le cône dedemi-augle
10°,
avaient franchi la feuille d’aluminium.Le coefficient de transmission :
_ Intensité
des électronsprimaires
dans le 2ecompteur
Intensité
des électronsprimaires
dans le 1ercompteur
était donc le
produit
de deux termes : l’undépendant
de ladiffusion,
l’autre del’absorption.
D’oùOn
peut
tirer des mesures de Schonland(3)
lava--
riation de pabs en fonction de
l’énergie
des électrons(courbe
1,
f ig. 4).
Il suffit donc de mesurer p.Si,
pour une valeur duchamp,
on avait dans lepre-mier
compteur
A~impulsions
parminute,
le nombre d’électronsprimaires
était sensiblement(N-60)
et le nombre de ceuxqui
entraient dans le second étaitp (N -
60).
Le nombre des coïncidences accidentelles
(c’est-à-dire
produites
par desparticules qui
ne devaient pasêtre
comptées)
étaitstatistiquement, d’après
la for-mule(1) :
Le nombre
enregistré
en coïncidences était :Il n’est donc correct de retrancher
0,5 à n
pour avoir le nombre exact de coïncidences que si p -~- 1. Mais(fig.
4,
II),
même pour des électrons de 150ekV,
la valeur de p n’est voisine que de0,8.
Inversement, quand
oncompte n
coups/min
encoïn-cidences,
le nombre d’électronsprimaires
dans le,
-0.5
,premier compteur
estn et
pour avoirp
-)-
8 . i0"(i 2013
p)
le nombre d’électrons incidents arrivant sur la le-nôtre
(a),
il faut diviser ce nombre par le coefficient detransmission obtenu au
paragraphe précédent.
4. - I. Transmission à travers
5 N, d’Aluminium (d’après
Schornand). Il. Coefficient de diffusion pd, dans un cone de
4/~ angle W == 10°, après passage dans 1,2 IL d’acétate de cellulose. 111.
Intensité en coïncidences cellulose. III. p =
lntensité incidente ’
intensité incidente
Ce travail a été effectué au Laboratoire
Curie, à
l’Institut du Radium. Je suis heurenx de
pouvoir
exprimer
ici marespectueuse gratitude
à M.Debierne,
Directeur du
Laboratoire,
qui
a bien voulu mettre àma
disposition
les sources et lesappareils
nécessaires à cesexpériences.
’