ÉTUDE DU SPECTRE POLLINIQUE DE QUELQUES
MIELS ESPAGNOLS
J. LOUVEAUX Ph. VERGERON
Station de Rrdzcnhes sur l’.Abeille et les Insectes snriaw, l3reres-szer-I’aetle (Seirze-et-Oise)
SOMMAIRE
Les auteurs ont sélectionné 38miels
espagnols
et en ont dressé le spectrepollinique. Quelques
familles nut été choisies :
Papaveracées,
Cistacées, Ericacées et Labiées. L’étude de l’aire deréparti-
tion des
principales plantes
représentantes de ces familles et de lamorphologie
desgrains
depollen correspondants
apermis
de dégager desespèces caractéristiques
des spectres des miels espagnols.INTRODUCTION
Depuis quelques années,
de nouveaux courants commerciaux ont aniené sur le marchéfrançais
destonnages importants
de mielsespagnols (S6!
tonnes enio6o,
2
KS I
tonnes en10 6 1 ,
I3 8 3
tonnes enl q (iz, 2 l!S7
tonnes enm 1 6 3 )
dans lesqualités
les
plus
diverses. Les cours de ces miels étant engénéral
nettement inférieurs à ceuxdes miels
français similaires,
la différence deprix
a étél’origine
d’un certain nombre de fraudes sur lesappellations qu’il importait
depouvoir
détecterrapidement
parl’analyse pollinique.
I>ès
d’abord,
la recherche del’origine géographique
d!smiels suspects
nous aposé
desproblèmes
relativement délicats car on nepossédait,
il v a encorequelques années,
que des connaissances très sommaires sur les mielsespagnols.
On avait bienremarqué
leur richesse enespèces
mais très 1>eu d’entre elles avaient pu êtredétér-
minées avec toute la
précision
désirable. I,abibliographie
était rarepuisqu’on
neltouvait guère
sereporter d u’att
travail deB!IEITEZ (H)50-I<)S1)
sur les miels de Galicequi
fournit certes deprécieux renseignements
mais ne concernequ’une
faiblepartie
du territoire
espagnol.
Lesanalyses
effectuées par MAi’mzio( 193 8- 1955 ) n’appor-
taient que des éléments d’information
fragmentaires
car cet auteur n’avait pas abordé leproblème
el’:s mielsespagnols
defaçon
directe. l-n mémoire de M_txTms d’Ar,rir( 1951
),
fort intéressant par certainscotés,
ne concernaitcependant
que les mielsportugais ;
à cetitre,
il constituait une contribution à l’étude des miels de lapénin-
sule
ibérique
mais d’uneportée
très limitée,Nous nous trouvions donc, pour
pouvoir
être en mesure de reconnaître à coup sîtr les mielsimportés d’Espagne,
dans la nécessité d’enentreprendre
une étude appro- fondie en utilisant le riche matériel mis à notredisposition
par l’intensification desimportations.
C’est le résultat de cesinvestigations poursuivies pendant plusieurs
années que nous exposons ici.
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Les
préparations
depollens
<le référence ont été obtenues par ta méthode habituelle (vtatittrzioet I,OUVEA(JX, 19631. Toutefois, pour certaines espèces. hou- avons fait appel auxcottectionsdu Laboratoire de
1’al_vnologic
du Muséum national d’Histoire naturelle. Il s’agissait dans ce cas dematériel fossilisé.
Les
préparations
de micls ont été réalisées. elle aussi. selon h méthodeclassique
(wnURt7,ioet LOUVEAUX, 196,,,!. Seule modification notable apportée à cette méthode. j’utilisation d’acide
sulfurique ?V/to pour diluer le miel avant la ce)itrifugation : une seconde centrifugation dans l’eau
distillée élimine l’acide avant le montage du culut. Cettc méthode permet souvent d’rrbtenir des
préparations plus
claires par élimination deproduits
minéraux insolubles dans l’eau pure tels que t’oxatate de calcium par exemple.Pour chaque miel étudié, nous avons
procédé,
sous le microscope, à un inventaire aussicomplet
que
possible
des formes présentes. Nous n’avons pas effectué de numérations,ceci pour les
raisonsqui
sont exposées par l’un d’entre nous clans une autre communication présentée à ce colloque (VERGERON
, 1<)641.
Cependant.
afin de met tre en évidence lesespèces
lesplus importantes
etcelles d ui
n’interviennent que de façon accessoire, nous avons
distingué,
selon la nomenclature habituelle, des pollens &dquo; dominants &dquo;, &dquo;d’accompagnement
on &dquo;Isoiés &dquo;, ces termes
correspondant
aux trois grandes classes traditionnelle, defréquence.
Pour opérer ce classement, nous avons tenu compte des connaissances actuclles sur I. richesse spéciti(!ue en pollen des différents tniels unifloraux. Il en ré- sulte que, dans ce travail, nous pouvons très bien présenter NaslI1arinus comme dominant, parexemple,
même sinuutériqucment
il e,t dominépar le pnllen
d’une plante telle que Castallea. Bien que cette méthode fasseappel
a une estimation basée surl&dquo;expérience
et sur les donnésbibliogra- phiques,
elle aboutit à à unereprésentation
des faits plusproche
de LI réalité que len numérationsqui
n’apportent souvent (¡&dquo;une illusoire précision.l’ar ailleurs, nous devous
signaler
que nous avonsprocédé parfois
il (tes regroupementsd’espèces
et traité comme une « aasociatiun <, iau sens desph y togéographesi
un ensemble depollens
cohérent,représentatif
d’un milieuvégéta)
déterminé. C’est ainsi par exempte que le couple Rus-mariJius -lleliau{/¡I’1:!lllll est traité comme un tout caractérisant
parfaitement
les miets de Romarin Dans ce cas. les différentspottens
de l’association sont groupés dans la même classe de fréquence.Cette remarque permet de
comprendre
pourquoi dans te tableau i, un même n1iel peut présenterplusieurs pollens&dquo;
d!)tiiiiiaiits,,, cequi
est contraire à larègle
traditionnelleiZA: BDER
R lo,,5, 104 r ; binmt
tzlo i919). Nous avons tenté, par cette méthode, (le nous
rapprocher
destechniques
desphytogéographes
pourlesquels
ta « dominante &dquo;d’une association n‘est pas toujours la plantenumériquement
laplus importante
d’un rclewé mais cellequi
lui donne son caractère pro]me.Les 38miels espagnols qui font
l’objet
de cette étude ont été sélectionnés parmi de très nom-breux autres parce
qu’ils
représentaient des tvpes courants et< l u’ils
pouvaient généralement rece-voir une
ap ] tell;etion
rtorate bien d0terminée. D’autre part. nous avons choisi uniquement les pro- duits présentant toute garantie d’authenticité dupoint
de vue de l’originegéographique.
En Jin-nous avons jugé
préférable
de nous limiter ’i un nombre restreint d’échantillons prntr éviter d’inu- tilesrépétitions.
Eneffet beaucoup
de spectres se retrouvent avec une grande similitude d’un échantillon a l’autre.ÉLÉMENTS
ESSENTIELS DU SPECTREPOLLINIQUE
DES MIELS ESPAGNOLS
Dès
qu’on
aborde l’étude des mielsespagnols,
on estfrappé
par la richesse enespèces
desspectres
obtenus. On constaterapidement
la dominance dequelques
familles telles que les
Éricacées,
lesCistacées,
lesBoraginacées,
lesPapilionacées,
les Labiées et la
présence fréquente
des genresCitrus, Olea, Eucalyptus,
etc. Bien souvent, le caractèreespagnol
d’un mielapparaît clairement,
du fait mêmequ’on
note la
présence
de combinaisons depollens qui
ne sauraient se rencontrer facile- ment ensemble ailleurs que dans lapéninsule ibérique.
Nous avons
regroupé
dans le tableau i lesspectres polliniques
des3 8
miels étu- diés. Pourplus
decommodité,
nous avonsgroupé
les échantillons sous lesappella-
tions habituelles des
miels,
c’est-à-dire en nous référant àl’espèce végétale
dominante.Nous avons ainsi
distingué
des miels deLavande,
deThym, d’Oranger,
deRomarin,
deBruyère,
deVipérine,
deRonce,
de Sainfoin et,enfin,
des miels neprésentant
pas de dominance nette, sanspropriétés physico-chimiques
ouorganoleptiques
bien carac-téristiques
et que nousappelons
« miels toutes fleurs ». Examinonsplus
en détailles
spectres
obtenus.1
° MIEI,S DE LAVANDE
(Lavandula).
Alors que les miels de Lavande
français
constituent un ensemble relativementhomogène,
tant dupoint
de vuepollinique qu’organoleptique
etphysico-chimique
les miels de
Lavande espagnols
sont très variés. Les miels de Lavandula vera exis- tent enEspagne.
Leurspectre pollinique comporte
un nombred’espèces
bienplus grand
que leurshomologues français :
en moyenne 25espèces.
Lavandula vera y est associée d’unefaçon
trèsgénérale
à d’autre Labiées et, enparticulier
à Lavandulastoechas
(Miel
n°6c!6).
Cette association n’existe pas enFrance,
saufparfois
danscertaines
régions
desPyrénées orientales ;
mais les mielsespagnols présentent
dansleur
spectre,
en mêmetemps
que L.stoechas, Hypecoum.
Lecouple
Lavardulas/ogc/MS-.Hy!coM!M
est trèsfréquent
dans lesspectres
de mielsespagnols (tabl. 2 ).
De
plus,
tous les miels de Lavanded’Espagne présentent
dans leurspectre
unegrande
variété deCistacées, parfois
enpourcentage élevé,
cequi
n’est pas caracotéristique
des mielsfrançais.
Les miels de Lavandin n’ont pas été trouvés enEspagne.
2° MIELS DE THYM
(Tlaymus)
Les miels de
Thym
sont nettement moins variés que lesprécédents.
La richesseen Cistacées constitue le seul
point
commun. Le nombre desespèces
estplus faible,
restant en
général
autour de lavingtaine.
L’association7’fiymus, Hypecoum,
Arbresfruitiers, Papilionacées type
Zi lex est très constante.3° MIELS D’ORANGER
(Citrus)
Les miels
d’Oranger
n’existent pas en France. I,es mielsespagnols
de cetype
sont peu variés. Leur
spectre pollinique
est pauvre enespèces (en général
unequin-
zaine)
et les miels eux-mêmes sont souvent pauvres enpollen (M!uRrzro, 1958).
L’Olivier
(Olea),
les Arbres fruitiers et surtout l’Amandier(Amygdalus)
constituentavec Citvus la base du
spectre pollinique.
Il convient de noterqu’Olea peut
atteindre despourcentages élevés,
cequi
est très rare en France.Enfin, signalons
que les mielsd’Oranger
sont les seuls mielsespagnols
àprésenter
unspectre pollinique
pauvre en Cistacées.
!°
MIELS D! RoMaRru(Rosmarinus)
Les miels de Romarin
espagnols
constituent un ensemble bienhomogène, très
différent de ce
qu’on
observe dans les mielsfrançais
de mêmeorigine
florale. Labase du
spectre comporte
trèsrégulièrement,
à côtédeRosmavia2us, Hypecoum,
H elian-themum,
Cistuscvis!2zs, .4)My!<!MS,
Arbres fruitiers etPapilionacées type
Ulex.3° MIELS DE BRUYÈRE
(CY 2 CGdC22S)
Les miels de
Bruyère
sont, au contraire desprécédents,
très variés. Lesproduits
du nord-ouest de
l’Espagne
et ceux desrégions plus
méridionales sont très diffé- rents les uns des autresmais,
en aucun cas, ils ne serapprochent
des miels deBruyère français.
Les miels de Callune(Caltu!za)
existent enEspagne
mais lepollen
de cetteplante
y est leplus
souvent associé à celui d’Ev-ica vagansqui
se retrouve dans tousles miels de la moitié occidentale de
l’Espagne.
Les mielsfrançais
de Callune pro- duits dans le Sud-Ouest ont unspectre
trèsparticulier (M AURIZIO
etL OUVEAUX , y6!), qu’on
ne retrouve pas enEspagne.
Les miels d’Erica mnbellata
(n°
312 et686)
n’existent pas en France. Ils ont unspectre pollinique complexe,
riche en Cistes et en Lavandes : Cistusladani f evus,
Cist
%
s
hetevo!l2yltus,
Lava¡¡dulastoechas,
Lavaaadulx dentata.6° àIIÈI,S DE vIYkRIV!
(Echium)
Les miels de
Vipérine
sont très rares en Francemais,
par contre, courants enEspagne.
Lesspectres polliniques
des miels où domine Echiumcomportent
ungrand
nombre
d’espèces.
On v trouve,accompagnant
laVipérine,
Ericaumbetlata,
ungrand
nombre de Cistacées et des Labiées
(Lavandula
stoeclaas et Lavanduladentata).
70 ::Vln:I,S
DIVERSA côté de tous les miels
qui
viennent d’être décrits etqui présentent
une carac-téristique
florale nette, on trouveparmi
lesproduits espagnols
des miels variésplus
ou moins
typiques. I,’échantillon n° 725 par exemple présente Ovcobvychis
sativa
comme
pollen
dominant. Il nes’agit
pas d’unproduit exceptionnel
car les miels desainfoin sont communs en
Fspagne ;
ils sedistinguent parfaitement
des miels fran-çais
de mêmeorigine
florale par leur caractère essentiellementméditerranéen ;
leurspectre i><>lliniq q e comporte
des Cistacées et des Labiées ainsiqu’T!v!ecoMW.
Le
spectre pollinique
du miel n° 10est assez semblable à ceuxqui
ont été décritspar VIEITEZ
(r 9 ;o)
en Galice comme miels de Ronce(Ru b us).
Les miels « toutes fleurs » restent
toujours
caractérisés par lacomplexité
duspectre
et la richesse trèsgénérale
en Cistacées.DISCUSSION
L’examen du tableau i montre que nous avons observé dans les
miels espagnols
un certain nombre
d’espèces <l ui
n’ontjamais
été décrites dans les miels.Ainsi,
ànotre
connaissance,
laprésence
dupollen d’ Hypeeoum
dans les miels n’avaitjamais
été
signalée ;
en cequi
concerne lesCistacées,
on s’était bornéjusqu’ici
à noter laprésence
du genre Cistus sans aboutir àl’espèce.
Il
importe
donc de discuter maintenant : 1° L’intérêt de certains
pollens
pour l’identification des mielsespagnols.
2
° La
possibilité
de déterminer avecprécision
lespollens
enquestion. Enfin,
il nousparaît
nécessaire d’aborder leproblème
de la richesse enespèces
des mielsd’Espagne.
i
o Les
espècés caractéristiques
Devant la très
grande
richesse enespèces
des mielsd’Espagne,
nous avons dûrenoncer à identifier avec
précision
tout cequi
seprésentait
sousl’objectif
du micro-scope. Nous avons
préféré
nous limiter à un certain nombre de familles ou de genresqui
nous ont parususceptibles
de nous fournir lesespèces
lesplus
intéressantes dupoint
de vue de la caractérisation des mielsespagnols.
Pour l’étude de larépartition géographique,
nous avons utilisé les différentes floresdisponibles,
tant de Franceque
d’Espagne (Bo NN ŒR,
H)34;Cos ’ m,
y37 ;C ABAUERO ,
H)40; Vi!rr,r,ko!rvr etL AXGE ,
1 870).
P APAV Ë RAC É E S
. -- La famille des
Papaveracées
nous a fourni un élémentparticuliè-
rement intéressant avec le genre
/7y!c<!!t.
EnFrance, Hypecoum procumbens
serencontre dans les
champs
calcaires ensoleillés du Midi et dans la basse vallée duRh«ne ;
c’est uneplante
relativement rare. Par contre, elle est commune enEspagne
où le genre tout entier est abondamment
représenté.
Le
pollen d’H?!!ccorrvh 1) 1’OCUI1 ÛJenS
est extrêmementcaractéristique
et nepeut
être confondu avec aucun autre
(F, k n ’ rnz:w, I ç> 5 ; ? ) .
Il estdicolpé,
presquesphérique
ou
légèrement 1>rolate ( 20
1011 .).
son exiiie est mince. Dans les miels comme dansles
préparations
deréférence,
sa colorationjaune
intense retient l’attention.Le
pollen d’I Y yeco - trn2, qu’il s’agisse
del’espèce firocnmbeaas
oud’espèces voisines,
se retrouve dans 24 des
3 S spectres polliniques
de mielsespagnols
étudiés. Onpeut
donc considérer que c’est un élémentfréquent
dans les mielsd’Espague.
Ilpeut
serencontrer dans toutes les classes de
fréquence
et même comme « dominant » dans certains cas. Par contre, dans les mielsfrançais,
onpeut
considérerqu’il
esttoujours
absent bien que
théoriquement
saprésence
ne soit pas totalementimpossible.
Surl’ensemble des miels
français
que nous avons examinésjusqu’ici,
soitprès
de 2000,nous ne l’avons trouvé
qu’une
seule fois et <t l’étatisolé ;
ils’agissait
d’un miel dela Drome
qui
n’avait par ailleurs aucun caractèreespagnol
alors que dans les miels de lapéninsule ibérique .Hy/!’!MM!
se trouvetoujours
associé à d’autres élémentscaractéristiques.
ERICACÉES.
- Les mielsespagnols
sont souvent très riches enÉricacées.
Ilimportait
donc de savoir si certaines d’entre elles n’étaient pas
susceptibles
de constituer d’intéressantescaractéristiques.
Parmi cellesqui présentent
un intérêtapicole
suffi-sant nous en avons retenu et étudié du
point
de vue de leurrépartition géographique
un certain nombre
(fig. 2 ). Voyons
cequ’on peut
tirer de cette étude.Genre Call1l1lil. Calltiiiii
7!iiil-aris
se trouve dans lesrégions
siliceuses de presquetoute
l’Europe.
Elle se rencontre dans toute la France et dans toutel’hspagne
surterrains
siliceux,
aussi bien enplaine qu’en
altitude.Genre ;1 7.Il</u.;..! 7.ô.utii.; 1flledo existe en
Europe
méridionale etoccidentale ;
onle trouve
jusqu’en
Islande. Il estprésent
aussi bien en France<lu’en Espagne,
surtout dans lesrégions
côtières.Genre J -accinilll11. j&dquo;acciniZ/Jn
) MV/ ’/;7/M<;
se rencontre dans lesrégions
monta-gneuses, aussi bien en
Espagne qu’en
France.Genre Rhododelldron. Rhodendron
le>, 7 ,<.i g ineum
se rencontre dans lesrégions montagneuses
aussi bien enEspagne qu’en
France.Genre 7!’?M. Ce genre
comporte
de nombreusesespèces
visitées par les abeilles :- Erica carnea. Présente en France dans les
régions alpestres
et surtout enSavoie et Haute-Savoie.
Signalée
dans lesAlpes-Maritimes.
N’existe pas enEspagne.
- Evica
tetralix,
Evicacinevea,
Evica ciliayis. Onpeut
grouper ces troisespèces
dont l’aire
géographique
est assez semblable. Ils’agit
deplantes
surtoutocéaniques qui peuvent
se rencontrerdepuis
le nord et le nord-ouest de la Francejusqu’au Portugal.
Elles sont courantes enEspagne : Galice,
Leon,Asturies, Cantabrique,
Navarre,
Aragon,
les deux Castilles.- Erica vagans. Courante dans le sud-ouest de la
France, plus
rare dans lecentre et la
région parisienne,
elle a enEspagne
la mêmerépartition
que les troisespèces précédentes.
- Eyica arborea. Commune dans la
région méditerranéenne,
aussi bien en Francequ’en Espagne.
- Erica umbellata. Cette
espèce
n’existe pas enFrance ;
par contre, elle est abondante enEspagne (ViFiTt7, ig 5 o)
boréale et austro-occidentale( !sturies,
Galice, Leon,
les deuxCastille, Estremadure, régions orientales, Grenade).
L’intérêt d’Erica umbellata en tant que
caractéristique
des mielsespagnols.
apparaît
donc nettement. C’est la seuleBruyère qui
soit inconnue en France et abondante enEspagne
où elle constitue par endroits une ressource mellifèreimpor-
tante. E. unabellata se retrouve dans 14 relevés sur
3 8 (tabl. z).
Le
pollen
d’Evica u1nbellata est biencaractéristique.
Il a été décrit parJ.
A. MAR-TINd’ALTE
(r 95 r) et
par ÔI,1JF’IEI,D(i 959 ).
Lesgrains
de la tétrade sont très arrondiset bien
individualisés ;
c’est un despollens
d’Ericacéesqui
a leplus grand rapport Dld (D =
35 à 50 !t, d = 23 à 30 li,Moyenne
D = 42 p, d = 26>).
L’exine est assez
épaisse,
peuornementée ;
les sillonssont longs
et étroits.Avant de
quitter
lesÉricacées signalons
que les mielsprésentant
Erica f!g’!M’;comme
pollen
dominant sontbeaucoup plus fréquents
enEspagne qu’en
France.I,orsqu’on
se trouve devant les mielsprésentant
l’association Callui!avulgavis-Evica
vagans, on constate que les
pollens d’accompagnement
ne sont pas les mêmes en France et enEspagne ;
en France(Sud-Ouest)
l’association normalecomporte jasiolle
monta7 1
a,
Ulex,
Ericacirerea,
Rha1nnusfrangula,
Castaneasativa ;
enEspagne
cesont au contraire les Cistacées et les I,abiées
qui
dominent.Cistacées. - Les Cistacées constituent sans doute la famille la mieux
représentée
dans les miels
d’Espagne.
En nous limitant au genreCistus,
nous avonsprocédé
à une étude des
espèces
lesplus
intéressantes(fig. 3 ).
Dupoint
de vue de larépir-
tition
géographique,
onpeut
dresser le tableau suivant :- Genre Cistus. Cistus
albidus,
C.monspehensis,
C.C!’S!MS,
C.salviaefolius,
C.
layvi f oliacs
sont communs à la France et àl’Espagne
et on trouve leurpollen
dansles miels des deux pays.
- Cistats vavius. Présent dans le
Gard, l’Aveyron
et larégion
de Barcelone.Espèce
peuimportante,
sauf enAfrique
du Nord.- Cist2!s MaMOi!Met C.
mumbyi.
Ces deuxespèces
sontparticulières
àl’Espagne
du sud et à toute
l’Afrique
du Nord.- Cistits
Lada!2i f erus.
Présent dans toutel’Espagne,
abondant dans lesrégions
centrale et austro-occidentale. Assez courant en France dans l’Aude et les
Pyrénées orientales ; signalé
par certains auteurs dans l’Esterel.- Cistus
popuhfolius. Ça
et là enEspagne
et, enFrance,
dans lesPyrénées
orientales et dans les Corbières.
- Cistus hiysutus.
Fréquent
dans tout le centre et l’ouest del’Espagne.
N’existeen France que dans une station isolée du Finistère à Poularvelin.
- Cistus
heteroPhyllus. Fréquent
enEspagne centrale,
occidentale et méridio- nale. N’existe pas en France.Nous nous trouvons donc en
présence
d’un certain nombred’espèces qui peuvent
être considérées comme
caractéristiques
et que nous avons effectivement mises en évidence dans les mielsespagnols :
Citrus hiys2ctus( 1 ),
Cistusheterophyllus
et CistusmU1nbyi.
Du
point
de vuemorphologique,
les différents Cistes sont assez difficiles à diffé- rencier. Lesgrains
depollens
sont toustricolporés
et ne sedistinguent
entre eux que par lataille, l’épaisseur
et l’ornementation de l’exinequi
passe du réticulum àlarges
mailles au
granulum
fin. La forme du sillon et des pores estcaractéristique
maissouvent fort peu visible sur les
grains
depollen
non fossilisés. Lesgrains
depollen
( 1
) La station bretonne ne joue aucun rôle ; de toute façon un miel breton ne saurait être confondu
avec un miel espagnol.
des Cistacées
français
ont été décrits par M. T.JEAN
et A. Poxs,( 19 6 2 - 10 6 3 ).
Nousdécrirons donc seulement les
espèces caractéristiques
des mielsespagnols.
Cistus hivsutus. Axe
polaire
47 à 55 iL Diamètreéquatorial
45 à 50 !,. Exinede 3,75 à 5 ud’épaisseur.
Réticulumfin,
Itiminae de lde
diamètre. Sillonlong
etmince,
porelégèrement
ovale transversal de c! u de diamètre.Cistus
heterophylhts.
Axepolaire
43 à4 8
!. Diamètreéquatorial 3 8
à 47p. F3ine 3 !.d’épaisseur.
Reticulumfin,
diamètre des lutninae i u. Sillonlong,
de1 , 5 f Ldelar-
geur.
Largeur
du sillon uniforme. Pore presque rond(8 X 7 fL ).
Pollen assezglobulaire.
Cistus
mumbyi.
AYepolaire
50!., diamètreéquatorial
45 à 50p. Exine de 3 à 4 !td’épaisseur.
Reticulum fin mais visible(luminae
i[ .L).
Sillonlong
et mince. Pore ovaleet transversal peu visible.
Cistus
heterophyllus
est courant dans les mielsd’Espagne (tabl. 1 ).
Inconnu enFrance,
ilpermet
dedistinguer
d’unefaçon
sûre les mielsespagnols.
Cistusmumbyi
est
également
absent de France mais nous ne l’avons trouvé que rarement dans les mielsespagnols.
Il est surtoutcaractéristique
del’r!frique
du Nord et ne se trouveque dans les miels
espagnols d’origine
nettementméridionale, accompagnant
leplus
souvent
l’Oranger,
l’Olivier etl’Eucalyptus.
Endéfinitive,
on ne le trouve que dans lesspectres
inconnus dans leur ensemble en France et s’il constitue une caractéris-tique
il n’intervient que dans une faiblepart
dans lediagnostic
final. Cistus hivsutusest
plus fréquent
que C.muinbvi
mais sarépartition
estcependant
moinslarge
que celle de Cistus
heterophyllus.
Si ce dernier constitue la Cistacée laplus typique
des miels
espagnols,
C. hivsutus aidera souvent pourporter
lediagnostic
final.Labiées. - les Labiées interviennent
largement
dans lespectre pollinique
des mielsespagnols.
Nous nous sommes limités au genre Lavandula et nous avons dressé le tableau suivant des aires derépartition géographique.
Genre Lavandula. Lavayzdula veva et L.
heti f ol ia
se rencontrent en France eten
Espagne.
Lelavandin,
cultivé en France sur degrandes surfaces, peut
se rencon-trer à l’état sauvage en
Espagne.
Lavandula stoechas. Plante courante en
Espagne,
elle se rencontre aussi en Francesurtout dans l’Esterel et dans les
P y rénées
orientales.Lccvaa2dula dentata. Cette
plante
est biencaractéristique
de la moitié sud de lapéninsule ibérique (régions
australes etorientales).
Elle n’existe pas en France si cen’est dans
quelques jardins
autour de Nice(BARBIER, z g6 3 ) .
Nous avons vu que Lavandida veva est souvent
présente, parfois
dominante dans lesspectres espagnols.
LavandulaLati f olia
est nettementplus
rare maispeut
êtrerencontrée
cependant
à unpourcentage
élevé(miel 5 8 0 ).
Il n’en reste pas moins vrai que Lavandula stoecdcas et Lavandula dentrrta sont rencontrées d’unefaçon beaucoup plus générale,
maiségalement
à l’état moins dominant. Les miels purs de Lavandula stoechas restentplus
rares que ceux de Lavandula veva. Cette dernière a été rencontrée dans m des miels iciétudiés,
L. stoechas dans 21 et L. dentata dans mégalement.
Lavandula stoechas ne
peut
être considérée comme uneespèce type
desspectres
espa-gnols. Beaucoup
despectres français
laprésentent.
Par contre, L. dentata n’ajamais
été décelée dans un
spectre français.
Elle ne se trouve sur le territoirefrançais
que très rarement, seulement à l’état isolé dansquelques j ardins
del’agglomération niçoise.
Lava!dula dentata constitue donc une excellente
caractéristique,
d’autantplus
que son
pollen
sedistingue
nettement de celui de L. stoechas dont il estcependant
voisin.
Lavan d
ula a’6M!a a été décrite par BARBIER
(ig6 3 ).
Pollenhexacolpé,
axe po- laire 27 à 2g p. Diamètreéquatorial
33 à3 8
y.. Sixcolpus
bien délimités(largeur
descolpus
7ti).
Exine assezépaisse ( 2 iJ.)
et finement ornementée. Coloration ducyto- plasmE j jaune.
-Les autres Lavandes ont été souvent décrites et sont facilement déter- minées.
Bien
entendu,
les genres Citrus etEucalyptus peuvent,
euxaussi,
êtreconsidérés,
dans une certaine mesure comme descaractéristiques. Cependant,
leurprésence
dans les miels
français
nepeut
être totalement exclue et ils neprennent
toute leurvaleur que dans la mesure où le reste du
spectre pollinique
est en accord avec uneorigine espagnole.
Parailleurs, Cifru.s,
aussi bienqu’FMe!v/)/MS,
interviennent danstrop
despectres polliniques
de mielsexotiques
pourqu’on puisse porter
lediagnostic
de miel
d’Espagne
sur leursimple présence.
En
résumé,
nous pouvons donc considérer comme différenciant sansambiguïté
les miels
espagnols
des mielsfrançais
lesespèces végétales
suivantes :T!y!fCOM!M
sp., Lavandulad entata,
Cist2r.sheteroPhyllus,
Cistushirsutus,
Evica umbellata et Cistusmumbyi.
Deplus
Citrlts sp. etEucalyptus
sp. n’existent pas dans lespectre
des mielsfrançais
dans despourcentages dépassant
àpeine quelques
unités.
En considérant cette liste
(
à l’exclusion deCitrzis),
nous avons dénombré lenombre
d’espèces caractéristiques
par échantillon et nous avons construit le dia- gramme ci-dessus. Nous constatons que seuls 3spectres polliniques
sontdépourvus
d’es-pèces caractéristiques (voir fig.
4et bis).
Ils’agit
des miels856, !6z
et 12. Remar-quons
cependant
que le miel de lavande8 5 6
n’est absolument pas conforme à l’idéegénérale
que l’on se fait des miels de lavandefrançais.
Lediagnostic
reste alorsfacile à faire. Si
l’origine
des miels r2 et!6i
n’avait pas été connue commeespagnole,
le
diagno3tic
se serait limité sans doute à une forteprésomption.
2
0 Richesse en
espèces
des miels(I’Espagize
Le nombre total
d’espèces
rencontrées dans les3 8 spectres
est assezimpor- tant : !3 (fig. 5 ).
Il semble suffisant pour se faire une bonne idée des mielsespagnols.
Eneffet si nous cumulons les nombres
d’espèces
obtenues danschaque analyse
nous obtenons une courbe dutype
de celle de GUINOCHET(zg 55 ).
Nous observons la for-mation d’un début de
palier.
Nous pouvons donc en conclure que toutes lesespèces
couramment rencontrées dans les
spectres polliniques
des mielsespagnols
ont étéobservées dans le cadre de ce travail.
L’utilisation
de cetype
de courbe n’est évidem- ment que trèsapproximative ;
certainsgrains
depollens
ne sont, eneffet,
déterminésqu’au
niveau du genre(auquel peut correspondre plusieurs espèces)
ou même sontrapportés
à untype plus général (arbres fruitiers, type
Ulex -Sarothamnus).
Nousavons
déjà remarqué
que lespectre pollinique
des mielsespagnols
esttypiquement
riche en
espèces.
La moyenne du nombred’espèces
pour les3 8 spectres présentés
est de 23,2 et la trentained’espèces
est trèsgénéralement dépassée
surtout pour les miels deBruyère,
deVipérine
et les miels dits « toutes fleurs» (voir fig. 6).
Par contre,les miels
d’Oranger,
et deThym
sonttypiquement
pauvres enespèces.
Pour cequi
est des échantillons
étudiés,
nous constatons queplus
de la moitiécorrespond
à unspectre comportant
de 21 à 30espèces.
Seul le tiers environ estreprésenté
par desspectres
à moins de 2oespèces,
et cettepartie
n’estpratiquement composée
que demiels
d’Oranger,
de Romarin etquelques
miels deThym.
CONCLUSION
La recherche des miels
espagnols
vendus sous de faussesappellations françaises
se trouve facilitée par la connaissance des
espèces
citées ci-dessus et go p. 100 des fraudesdevraient, ainsi,
être décelées.Cette
proportion, quoique
fortsatisfaisante,
doit être améliorée et pour y par- venir nous devons rechercher d’autresespèces caractéristiques
courantes enEspagne.
En
particulier,
l’éventail des familles étudiées doit êtreélargi. Ainsi,
lesComposées présentent
dans lesspectres polliniques
des mielsespagnols
des formestypiques
encore inconnues. I,es
Papilionacées gagneraient également
à être étudiées d’unefaçon approfondie.
Mais leurmorphologie
rend souvent difficile une détermination fine desgrains
depollen.
Les
spectres proposés
dans cette étude sont encore, dans ledétail, incomplets,
mais les connaissances
acquises permettent
deparvenir
dans unegrande
mesure aubut que nous nous étions fixés. La reconnaissance de
quelques grains
depollen
auniveau de
l’espèce
est en définitiveplus
rentable que celle d’unplus grand
nombreau niveau du genre ; l’utilisation de
spectres polliniques légèrement incomplets
estplus
déterminante que celle despectres imprécis.
C’est alors le choix des familles
qui
serontparticulièrement
étudiéesqui
devientimportant. L’approfondissement
de nos connaissances ne doit pas se faire d’unefaçon dispersée
mais sur despoints
bienprécis.
Il existe pourchaque problème
uneou
plusieurs
«espèces-clé
» que nous devons rechercher dans des famillesprésentes
d’une