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Quelques recherches sur la fréquence des antécédents alcooliques chez les tuberculeux · BabordNum

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Texte intégral

(1)

FACULTÉ DE

MÉDECINE

ET DE

PHARMACIE DE BORDEAUX

ANNÉE 1902-1903 Ji» 104

QUELQUES RECHERCHES

mm DIS ANTECEDENTS ALCOOLIQUES

CHEZ LES TUBERCULEUX

THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE

présentée et soutenue

publiquement le 13 Mars 1903

PAR

Paul-Marie LACOSTE

auMans(Sarthe), le16janvier1877.

Examinateurs de la Thèse

MM.ARNOZAN, PICOT, RONDOT, MONGOUR,

professeur... Président.

professeur... ) agrégé > Juges.

agrégé )

Le Candidatrépondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses

parties de l'Enseignementmédical.

BORDEAUX

IMPRIMERIE Y. CADORET

17, RUE POQUELIN-MOL1ÈRK, 17

1903

(2)

FACULTÉ

DE

MÉDECINE

ET DE PIIAHMAC1E DE BORDEAUX

M;. de NABIAS Doyen. | M. PITRES.

PROFESSEURS

Doyen honoraire.

MM. MICE...

DUPUY [ Professeurs honoraires.

MOUSSOUS MM.

ru- » i PICOT.

Clinique interne j PITRES DEMONS.

LANELONGUE.

VERGELY.

Cliniqueexterne Pathologieetthérapeu-

j tiquegénérales

Thérapeutique ARNOZAN.

Médecineopératoire... MASSE.

Clinique d'accouchements LEFOUR.

Anatomiepathologique COYNE.

Anatomie CANNIEU.

Anatomie générale et

histologie VIAULT.

Physiologie JOLYET.

Hygiène LAYET.

Médecinelégale MORACHE.

MM.

Physique biologique et

électricité médicale... BERGON1É.

Chimie BLAREZ.

Histoire naturelle GUILLAUD.

Pharmacie FIGUIER.

Matière médicale de NABIAS.

Médecineexpérimentale. FERRE.

Clinique ophtalmologique BADAL.

Clinique des maladies chirurgicales

PIÉCHAUD.

BOURSIER.

Clinique gynécologique.

Clinique médicale des

maladies des enfants. A.MOUSSOUS Chimiebiologique DENIGES.

Physique pharmaceutique SIGALAS.

Pathologieexotique.... LE DANTEC.

AGREGES EN EXERCICE :

section dk médecine (Pathologie interneetMédecine légale).

MM.CASSAET.

SABIIAZÈS.

HOBBS.

MM. MONGOUR.

CABANNES.

Pathologieexterne

SECTION LE CHIltUltGlE ET ACCOUCHEMENTS MM.DENUCÉ.

BRAQUEHAYE CHAVANNAZ.

'BEGOUIN.

Accouchements MM. FIEUX.

ANDERODIAS.

Anatomie.

section des sciences anatomiques et physiologiques

MM. GENIES. I Physiologie MM. PACHON.

CAVALIE. Histoire naturelle BEILLE.

Chimie

section des sciences physiques

M. BENECH. I Pharmacie M.DUPOUY.

COURS COMPLÉMENTAIRES

Clinique des maladies cutanéesetsyphilitiques Clinique des maladies des voies urinaires Maladies dularynx, des oreilles etdunez Maladiesmentales

Pathologie externe Pathologieinterne Accouchements Physiologie Embryologie Ophtalmologie

Hydrologieetminéralogie

MM. DUBREUILH.

POUSSON.

MOURE.

RÉGIS.

DENUCE.

RONDOT.

ANDERODIAS PACHON.

PRINCETEAU.

LAGRANGE.

CARLES.

Le Secrétairedela Faculté: LEMA1RE.

Pardélibérationdu 5 août 1 s"9, la Facultéaarrêté queles opinions émises dans les Thèses qui

sont présentées doivent être considérées comme propres àleursauteurs, et qu'elle n'entend leur donner ni approbation ni improbation.

(3)

A LA MÉMOIRE DE CEUX QUI ME FURENT

CHERS

ET QUI NE SONT PLUS

A MON

PÈRE,

A MA

MÈRE,

A

MA FEMME BIEN-AIMÉE

M ElS ET AMICIS

1*

Lacoste

(4)
(5)

A MES MAITRES DE L'ÉCOLE DE NANTES

ET EN PARTICULIER

A Monsieur le Docteur M ALIIERBES

Directeurde l'Ecole de Médecine et dePharmacie

et a Monsieur le Professeur ROUXEAU

Auxquels jeconserveunepart toute spéciale dereconnaissance.

A MES CHEFS DE SERVICE DE L'HOPITAL

DU MANS

ET EN PARTICULIER

A Monsieur le Docteur

MÉL1SS0N

(6)

:g

(7)

A Monsieur le Docteur

CABANNES

Professeuragrégé à laFacultédeMédecine de

Bordeaux.

Engagedemabiensincèregratitude.

A Monsieur le Docteur

POUSSON

Professeuragrégé àlaFacilité de Médecine

de Bordeaux,

Chargédu cours de clinique des maladies

des voies urinaires.

ChirurgiendesHôpitaux,

MembrecorrespondantdelaSociétéde Chirurgiede

Paris,

Officierdel'Instructionpublique.

Dansleserviceduquelj'aipuisé desi

utilespréceptes.

(8)
(9)

A mon Président de Thèse,

Monsieur le Docteur

ARNOZAN

Professeurcle ThérapeutiqueàlaFaculté deMédecinede

Bordeaux,

MédecindesHôpitaux, Officierdel'Instructionpublique.

Enrespectueuxhommageetenrecon¬

naissant souvenir pour le précieux enseignement que j'ai trouvé à la

fois sous sa direction et dans ses éminents travaux, pour sa grande

bienveillance etl'honneur qu'il m'a

fait de vouloir bien présider ma thèse.

(10)
(11)

PRÉFACE

Il est et sera toujours des vérités

qui doivent être

sans

relâ¬

che éternellement répétées, des axiomes

dont l'oubli comporte

de tels dangers qu'on ne

saurait

trop

accentuer la clameur

d'alarme et apporter à son

appui

trop

d'éléments de démonstra¬

tion.

C'estpénétré de cette

conviction

au

service de laquelle il.a su,

sans se lasserjamais, mettre en toutes

circonstances

son

zèle de

robustetravailleur, que M. le professeur

Arnozan

nous a

éclairé

sur le choix d'un travail à accomplir.

Quel que soit le regret

qu'on puisse éprouver à voir surgir, au

plusâpre d'une lutte

vraiment sainte

parsa

portée humanitaire,

des théories subversives issues d'un sanctuaire respecté

dont la

mémoire de Pasteur eût dù préserver les

adeptes,

nous serons

infiniment heureux d'apporter notretoute

petite pierre à l'œuvre

d'assainissementdela santé publiqueauquel concourent à

l'heure

actuelle les plus beaux

esprits

et

les talents les plus indiscuta¬

bles de notre époque médicale.

Nous remercions très sincèrement lesmaîtres de laFaculté de

Bordeaux qui nous ont

permis de puiser dans leurs services les

éléments de statistique nécessaires à notre

thèse inaugurale et

nous souhaitons que si, par extrême

hasard,

ce

très modeste

opuscule

tombait

entre

les mains de quelque membre de la

ligue alcoolophile,

il

ne nous

tienne

pas

trop

rancune

d'avoir

traitéun pareil sujet et surtout

d'avoir, dans la sphère très limi¬

tée d'unpareil travail,

cherché

une

nouvelle querelle à leur plus

précieux

auxiliaire.

(12)
(13)

OUELQUES

REC11ERCl I ES

SUR LA

CHEZ LES

TUBERCULEUX

INTRODUCTION

Onn'en estplus à discuter,

aujourd'hui,

sur

l'importance pri¬

mordiale des états diathésiques dans l'infection, de

quelque

naturequ'elle soit. Tout le

monde

est

depuis longtemps d'accord

pourreconnaître au «terrain »

la valeur qu'il mérite, et là notion

de « tempérament » tend, peu à peu, à

reprendre la place dont

on l'avait un instant trop radicalement privé^.

Aussi bien que les diathèses héréditaires,

les intoxications

chroniques transforment lentement

l'individu, elles agissent

en produisant des altérations

anatomiques

portant

généralement

sur tout un système, se localisant parfois plus

spécialement

sur

un appareil et y déterminant ainsi de

nouvelles altérations et

destroubles fonctionnelsspécialisés; lesgrands systèmes

de l'éco-

(14)

16

nomie sont bien trop solidaires les uns des autres pour que les

troubles de l'un d'eux ne s'accompagnent pas très rapidement

de troubles généraux.

Par sa fréquence croissante, l'alcoolisme est unedes intoxica¬

tions qui devaient le plus sérieusement retenir l'attention des hygiénistes et des économistes; trop longtempson l'a négligé et si, depuisquelques années, le monde médical s'estémudes dan¬

gers de l'alcool et s'est efforcé de les combattre, il faut bien reconnaître, si triste que soit cette constatation, que ces tentati¬

ves ont été plutôt stériles et, surtout, qu'elles n'ont pastoujours

rencontré auprès des pouvoirs publics l'appui qui n'aurait pas dû leur faire défaut.

Il ne nous appartient pas de rechercher les causes de cette indifférence, nous ne pouvons que la déplorer nous aussi.

L'inlluence que l'alcoolisme peut exercer sur la genèse de la

tuberculose ne fait guère de doute; aussi n'est-ce pas un sujet

neuf dont nous voulons présenter l'étude. Mais, com'me nous le

faisions observer dans notre préface, l'alcoolisme est un fléau

contre lequel les attaques ne seront jamais trop nombreuses et quelque faible que puisse paraître notre effort, nous estimerons

n'avoir pas fait œuvre complètement inutile si nous avons pu

ajouter un peu de certitude à une vérité déjà admise.

Notre tâche est d'ailleurs plus modeste encore que celle qui

consisterait à rechercher et à exposer les relations exactes qui peuvent exister entre l'alcoolisme et la tuberculose.

Quelque intérêt queprésenterait pareil travail,et nous verrons

au cours de cette étude combien le mot « alcoolisme » asouvent été détourné de sa signification véritable, nous avonsrenon¬

cer à seulement l'entreprendre.

Nousnous sommes contenté de recherchersi, parmi les tuber¬

culeux que nousavons puexaminer, beaucoup étaient alcooliques

ou tout au moins alcoolisés. Nous avons fait une simple statisti¬

que et, déjà, qu'il noussoit permis d'exprimer le regret que nos observations nesoient pasplus nombreuses. Ellesnous semblent cependant l'être assez pour nous permettre d'en tirer quelques

conclusions.

(15)

CHAPITRE PREMIER

HISTORIQUE

L'histoire des relations entre la tuberculose et

l'alcoolisme

n'est pasnouvelle.

L'acrimonie spiritueuse des boissons, écrivait

Boerhaave en 1721, détermine une irritation prompte,

de là

des débilités, des Ieucophlegmasies et autres maux

semblables.

Et, en 1761, Lieutaud

établissait nettement

une

relation de

cause

à effet entre l'alcool et la phtisie en

écrivant

: «

La phtisie pul¬

monaire est occasionnée par l'usage

immodéré des vins et des

liqueurs ».

Des médecinsmoins connuset moinsillustresfirent

les mêmes

remarques. De

Brieude, de Madier, Didelot attribuent nettement

à l'ivrognerie l'influence

la plus certaine

sur

le développement

de la phtisie. Mais,

jusqu'en 1830, les observations sont assez

vagues et peu

précises et, dans les traités classiques, il n'est

point fait

mention

ou

à peine de l'alcoolisme dans l'étiologie

de la phtisie

pulmonaire.

En 1830, Papavoine

reprend la question et essaie de l'expli¬

quer; pour

lui, les excès alcooliques agissent en amenant la

débilité de l'organisme.

Broussin,sansnierl'influence

de l'alcoolisme,

ne

pouvait

accep¬

ter la même explication. Pour

lui,

en

effet, c'est l'irritation et

non la débilité qui donne

naissance

au

tubercule.

Lestraitésde Lebert,Grisolle, Valleixne font que

mentionner

simplement cette

influence

sans y

insister. Elle est tacitement

admise par tous sans

avoir

une

importance spéciale jusqu'aux

travaux de Magnus Huss, en

1852.

Le médecin suédois, lui, n'admet plus cette

influence. Les

(16)

18

pêcheurs qu'il a observés sont pour la plupart des alcooliques

non douteux; or, non seulement il n'a pas trouvé parmi eux

beaucoup de phtisiques, mais encore il arencontré souvent chez

les ivrognes des indurations du poumon consécutives à un état

de phlegmasie chronique; ces indurations ne sont autres que des tubercules desséchés. La conclusions'imposait : l'alcoolisme

11e donne pas la tuberculose, il la guérit au contraire.

Mais tout le monde ne partageait pas l'opinion de Magnus

Huss. Deux Américains, le Dr Bell (de New-York)et le DrDawis,

en 1850 et 1851, à quelques mois de distance, faisaient de nom¬

breuses recherches sur la même question; les conclusions qui

s'en dégageaient, nettes et précises, étaient que l'alcoolisme

favorise la tuberculose; dans la plupart des cas, leurs tubercu¬

leux étaient en même temps des alcooliques; de plus, la tuber¬

culose présentaitcette particularité de n'être apparue et de 11e s'être développée que vers quarante ans, après l'âge par consé¬

quent auquel elle se manifeste d'habitude.

Dès ce moment, les publications se succèdent. Kranz (de Liège) décrit la phtisie disséminée aiguë survenant chez des

buveurs de 40 ans; Launay signale la même forme mais admet qu'ellepeut sedévelopperchez des sujets plus jeunes; déjànous trouvons dans son article (Union médicale, 1862), une intéres¬

sante remarque, nous la transcrivons en entier : « Nous avons

dit laphtisie des buveurs, il faudrait dire des buveurs d'alcool.

Cette affection, en effet, était inconnue dans nos pays vignobles

cependant les ivrognes nemanquent pas,avant l'invasion des produits de toutes couleurs que la distillation, jointe à un mer¬

cantilisme effréné et sans pudeur, jette au grand dommage de l'hygiène dans la consommation non seulement de la classe ouvrière maisencorede la classe aisée ».Acôtédescas dephtisie aiguë comparables à ceux de Kranz, il aaussitrouvé des cas de phtisie chronique et il signale l'extrême fréquence des accidents laryngés concomitants.

Mais cet accord entre les observateurs ne tarda pas à être

troublé : Leudet, dans une communication au Congrès de Lyon

en 1864, puis Tripier, vantèrent les bienfaits de l'alcool ; les

(17)

19

ivrognes de profession sont moins souvent tuberculeux que les sujets sobres (Leudet) ; l'alcool sous forme d'eau-de-vie est le

meilleur médicament des phtisiques ; il supprime rapidement

^ leurs vomissements et amène dans leur état général line amé¬

lioration considérable. Kempf partage absolument cet avis et

essaie de l'établir par desobservations cliniques et expérimen¬

tales.

Ces divergences d'opinion ne devaient pas être de longue du¬

rée et depuis 1864, nous n'entendons plus de voix

s'élever

en faveur de l'alcool. Lancereaux, dans son article Alcoolisme, du

Dictionnaireencyclopédique des sciences médicales, discute lon¬

guement les rapports de l'alcoolisme et de la

tuberculose

; aux observations de Bell et deDawis, il ajoute ses observations per¬

sonnelles et il en conclut que « l'abus des liqueurs spiritueuses

contribuepuissammentau développementde l'altération

décrite

sous le nom de phtisie granuleuse, si toutefois il ne l'engendre

pascomplètement, au moins dans un

certain nombre de

cas ».

La forme de la tuberculose ainsi produite est surtout une forme granuleuse, elle s'accompagne souvent de

gastrite chronique

et

de cirrhose hépatique. Très rarement ces granulations arrivent

à produire de grosses ulcérations et des cavernes.

Ilérard et Corail se rangent eux aussi à l'avis de M. Lance¬

reaux et n'acceptent pas les conclusionsde Leudet ni de Tripier.

« Nous avons recueilli l'histoire d'un certain nombre de phtisi-

4 ques qui, très manifestement,

avaient

vu leur

maladie débuter

après l'usage immodéré des boissons

alcooliques... Ces faits

ne

nous permettent pas de nous rangercomplètementà la

manière

de voir du savant professeur de Rouen, qui parait être égale¬

ment celle de Magnus Huss ».

Peter étaitun observateurtrop éminent et trop précis, il avait trop exactementétudié l'hygiène des candidats à

la tuberculose

pour que l'influence de

l'alcoolisme

sur

le développement de

^ cette dernière lui ait échappé. Et dans les lignes qu'il

lui

consacre, nous retrouvons les qualités de critique fine etjudi¬

cieuse qui sont la caractéristique de ses

écrits.

«

L'alcoolisme

produit-il la

tuberculose? Oui

et non, vous

sera-t-il répondu.

(18)

20

Cela dépend des cas. Que

le vigneron de Bourgogne,

par exem¬

ple,boive beaucoup, se

grise même

assez

volontiers de

son

bon

vin, il ne deviendra pas pour cela

tuberculeux,

parce

qu'il vit

au grand air et d'une existence

active. Mais

pour

l'ouvrier des

villes qui reste enfermé tout

le jour

et

s'enivre de breuvages

détestables dans d'infectes tabagies, il n'en est plus ainsi : vous le voyez se tuberculiser sous

l'influence

non pas

de l'alcool,

mais del'alcoolisme ». Et il conclut :

« Il n'y a pas à discuter

si l'alcoolisme peut oui

ou non pro¬

duirela phtisie. Oui,

l'alcoolisme

est une cause

de phtisie, mais

dans certaines conditions. Il faut donc multipliersans cesse les

données du problème au lieu de les

scinder

comme

le font

cer¬

tains esprits simplistes.

Magnus Huss

vous

dira,

par

exemple,

que l'alcoolisme ne cause pas

la phtisie

parce

qu'il observe des

pêcheurs qui vivent au

grand air et d'une vie active. Les méde¬

cins de Londres, au contraire, vous affirment que l'alcool con¬

duit à la tuberculisation, parce que les ouvriers

londoniens,

sujets de leurs observations, passent

leurs journées

à

s'enivrer

lugubrement dans lestavernes fumeuses

de la cité

».

Nous retiendrons une chose des lignes précitées : c'est que Peter établissait déjà une différence très nette entre

l'alcool

et

l'alcoolisme. Ontend beaucoup trop, depuis que la lutte contre

l'alcoolisme a été entamée, à confondre les deux termes.

On oublie volontiers en effet, peut-être même beaucoup ne font-ils jamais su, que l'alcool

depuis

trop

longtemps intro¬

duit dans la consommation par des industriels, le plus souvent

décorés, ne provient pas

exclusivement du vin. Dans l'alcool

de vin lui-même, il y a plusieurs variétés, suivant que

l'on

s'adresse à des produits obtenus à des moments

variables de

la distillation. Alcools de vin et alcools industriels, produits

de tête ou produits de queue

diffèrent

non

seulement

par

leur

goût mais aussi et surtout par

leur composition chimique. Si

des essences aromatiques peuvent masquer le

premier, elles

ne

modifient pas la deuxième, or

celle-ci

paraît

avoir

en

toxicologie

une importance de premier

ordre. Elle

a

été bien étudiée

par plusieurs

observateurs, notamment

par

Rabuteau.

«

Les alcools

(19)

- 21

monoatomiques de la série CnII2n -f-20 sont d'autant plus actifs qu'ils contiennent un plus grand nombre de fois Jegroupe

Cil2,

c'est-à-dire que leur poids moléculaire estplus élevé (1)... Lors-

^ qu'on analyse par une distillation méthodique les

alcools de

vin, 011 trouve qu'ils présentent une composition notablement

différente de celle des alcoolsindustriels de grains, de mélasses

etde pommesde terre.Les premiers necontiennentquedestraces

d'alcool butylique et propylique, ils ne renferment pas d'alcool amylique. Au contraire, il y a dans les alcools

industriels

des quantités d'impuretés considérables; lorsqu'on leur ajoute

de

l'eau, il deviennent laiteux par suite de la présence d'alcool amylique... L'alcoolisme proprement dit

n'est

pas le

résultat

de l'abus des eaux-de-vie de vin ni des vins naturels, c'est-à- dire de l'alcool éthylique pur ou contenant quelques substances inolfensives, mais il est le résultat de la consommation, même à

des quantités relativement peu considérables, des

alcools artifi¬

ciels impurs contenant des substances toxiques ». Et il accom-

w pagne ces observations d'une constatation très

juste

: «

On avait

déjà remarqué et j'avais également observé que l'alcoolisme

était rare et n'existait même pas dans les pays vignobles oùl'on

ne buvait que du vin naturel ou des alcools de bonne qualité,

tandis que cette maladie était fréquentechez les classespauvres buvant du vin viné avec de mauvais alcools et dans les pays

l'on fait usage de ces mêmes alcools ».

Nous verrons plus loin l'intérêt que peut présenter cette der¬

nière remarque; elle est à rapprocher de celles de Launayetde

celles de Peter que nous avons citées plus haut.

On voit, d'après l'exposé que nous venons de faire, que si jusque-là les relations entre l'alcoolisme et la phtisiesont à peu

près admises, elles n'ont pas été cependant expressément re-

i (1) Alcool méthylique GH40.

Alcooléthylique G2 H6 0.

Alcoolpropylique G3H80.

Alcoolbutylique C4Hl0O.

Alcoolamylique C5H,20.

Lacoste 2

(20)

cherchées. Dans sa thèse inaugurale, Longeaud étudie l'alcoo¬

lisme chez des tuberculeux quisonten même temps des aliénés;

l'aliénation mentale est déjà un facteur de tuberculose. Sous l'inspiration de Lancereaux, Garaudeaux recherche l'influencede

l'alcoolisme sur la cirrhose et la tuberculoseetarriveauxmêmes conclusions quelui. Puis, Pellerin admet que l'alcoolisme favo¬

rise l'évolution de la tuberculose par l'affaiblissement général

del'organisme qu'il provoque.

Le premier travail d'ensemble réellement important sur la question est celui du docteur Bauquel dans sa thèse de doctorat (Nancy, 1886 87), il faitune étude trèscomplète de la forme, de

la durée, de l'évolution, de la pathogénie, de la tuberculose

chez les buveurs. Son travail méritait mieux qu'une mention,

nous y avons puisé des renseignements précieux ; il serait in¬

juste de ne pas le reconnaître. L'auteur conclut que l'alcoo¬

lisme est une des causes déterminantes de la phtisie pulmonaire

et qu'il agit par la débilitation de l'organisme qu'entraînent ses excès.

La littérature médicale de ces dernières années est beaucoup plus riche. A mesure que les alcooliques sont devenus plus

nombreux l'étude de l'alcoolisme est devenue plus facile et plus exacte.

Citer seulement toutes les publications serait un travail aussi

considérable qu'inutile. Dans la plupart, on trouve au moins

une allusion à la tuberculose ; quelques-unes même lui sont spécialement consacrées.

Lancereaux et Jacquet se sont faits en France les apôtres de

l'anli-alcoolisme. Leurs communicationsontéveillé l'attention et l'intérêt de tous, et leurs efforts ont poussé la lutte contre l'al¬

coolisme avec une nouvelle vigueur. Sous leur inspiration plus

ou moins directe ont paru une série d'étudestrèscomplète dont

les conclusions ne permettent plus de douter que l'alcoolisme

ne soit un facteur important pour aider le développement de la

tuberculose. Si toutes lesstatistiques n'emploient pas les mêmes procédés, leurs conclusions n'en restent pas moins identiques.

Nous ne pouvons analyser ici tous ces travaux. Contentons-

(21)

nous de citer les thèses inaugurales et les articles de Bruat,

Brunon et Lecaplain, Orlison, Martel, Imbert, Renault, Déjean

de la Bâtie ; on en trouvera à la fin de ce travail l'indication bibliographique.

Une mention particulière cependant à trois d'entr'eux : le remarquable article : Alcool, maladie, mort, publié par M. Jac¬

quet dans la Presse médicale du 9 décembre 1899; la thèse de

doctorat de M. Imbault, très consciencieuse, trèsétudiée ; le tra¬

vail de M. de Lavarenne, Alcoolismeet Tuberculose, dans le rap¬

port établi en 1900 par la Commission de la tuberculose.

Tout le monde paraît d'accord aujourd'hui ; l'influence de

l'alcoolisme n'est plus seulement admise, elle estdémontrée par des faits et la tuberculose est sinon povoquée toutau moins for¬

tement aidée dans son développementparles excèsalcooliques.

« La phtisie se prend sur le zinc » a dit Hayem, « l'alcoolisme

fait le lit de la tuberculose », a ajoutéLandouzy. C'est trop sou¬

vent exact, mais il ne faut pas non plus exagérer et considérer

l'alcool comme suffisant pour créer la phtisie pulmonaire. De¬

puis Galien, on connaît le rôle important joué par le poumon dans l'élimination de certains principes volatils. L'haleine des ivrognes est une preuvequ'une partie de l'alcool absorbée par

eux vient s'éliminer au niveau du parenchyme pulmonaire et

Broussais avait fait de l'irritation qui pouvait en résulter la

cause déterminante des granulations tuberculeuses. Les idées

sont un peu différentes aujourd'hui. On admet plutôt que l'al¬

cool agit par la détérioration progressive des divers systèmesde l'organisme.

Au premier rang doivent se placer les altérations du tube digestif. On voit combien elles sont fréquentes dans l'alcoolisme

et nousn'avons pas à rappeler ici l'influence de l'alcool sur la digestion, influence d'ailleurs variable suivant ses doses. Les

troubles fonctionnels du tube digestif ont une influence désas¬

treuse sur l'apparition de la tuberculose. Le professeur Peter

insistait sur toutes les causes capables de produire ce qu'il appelait 1' « inanitiation » de

l'individu

et

s'il accordait

à

l'air

prérespiré une importance extrême,

il mettait

au

moins

sur

le

(22)

même plan la nutrition défectueuse.

Or, le plus souvent, l'alcoo¬

lique se nourrit fort

mal.

Nous trouvons à cela plusieurs raisons. La

gastrite

en est

la

première et la plus

importante, la plus constante aussi. Mais

elle est loin d'être la seule. Les excès alcooliques n'atteignent

pas l'individu seulement

dans

son

intégrité physique; leur

influence morale est tout aussi considérable. Sans vouloir com¬

parer d'une façon absolue

l'alcoolique

au

morphinomane

capa¬

ble de tout pour satisfaire sa passion,

quoique la médecine

mentale nous fournisse de nombreuses observations de dip- somanies, nous sommes bien près de reconnaître que, pour boire, le premier n'hésitera pas à compromettre sa

situation,

à dépenser jusqu'à son dernier sou.

Déchéance physique et

déchéance morale marchent ainsi de pair. L'ouvrier, et nous

ne pouvons douter que les alcooliques

s'observent

surtout

dans

la classe ouvrière, l'ouvrier qui commence à boire voit peu à

\

peu la misère remplacer

Faisane#, les privations succéder

au

bien-être. Ses facultés morales bientôt affaiblies ne tardent pas à ne plus pouvoir guider ses facultés

physiques affaiblies elles-

mêmes. Son salaire diminue d'autant et le peu d'argent qu'il peut gagner encore il

l'emploie

à

boire plutôt qu'à

se

nourrir.

Que d'alcooliques nous avons rencontrés dans les

salles d'hôpi¬

tal, qui eurent jadis une situation très

aisée

et

qui confessaient

être tombés dans la misère entraînés par la satisfaction de leur

vice ! N'est-ce pasune nouvelle cause,

indirecte

sans

doute

mais non des moindres, d'inanitiation?

Quoi qu'il en soit, les relations dela

tuberculose

et

de l'alcoo¬

lisme ne sont plus discutées. Nous allons voir

maintenant

par quelles méthodes on a pu les

établir.

(23)

CHAPITRE II

MÉTHODES EMPLOYÉES

Dans les premiers ouvrages où sont

admises les relations entre

l'alcoolisme et la tuberculose, la méthode employée est des plus simples. Nous avons

remarqué, disent les auteurs, mais à

l'appui de leurs remarques

ils

ne

citent

aucune

observation.

Les méthodes qui furent employées

ensuite et auxquelles

au¬

jourd'hui encore on a recours,

offrent plus de chances d'exacti¬

tude bien que cependant leur

rigueur

ne

soit

pas

absolue. C'est

aux résultats fournis par des statistiques que

l'on

se

rapporte.

Nous ne rééditerons pas contre ce

procédé d'observation toutes

les critiques qui lui furent

adressées déjà; elle les mérite toutes

et cependant il faut

bien reconnaître qu'elle est seule capable

de nous fournir les résultats que nous

recherchons. Il est

une

réserve cependant qu'il nous

parait indispensable de faire dès

le début; c'est que les résultats

obtenus varient forcément et

avec l'observateur qui les recherche etavec

le milieu dans lequel

ils sontrecherchés. Les conditions économiquesde

deux

pays et nous prenons ce

qualificatif dans

son sens

le plus large

sont infiniment variables; elles modifient trop

profondément

le terrain physiologique et

pathologique

pour

qu'une même

infection agissant en même temps

qu'une même intoxication

alfecte toujours une marche

rigoureusement analogue dans les

deux; cela parait surtout

vrai

pour

la tuberculose et l'alcoo¬

lisme.

Nous n'insisterons pas beaucoup pour ce

qui

concerne

la

tuberculose. La densité relative de la population, son

activité

industrielle, le mode de cette activité,

la qualité de la vie maté-

(24)

rielle sont autant do causes quipeuvent modifier plus ou moins

son développement. Nous ne connaissons pas de conditions bio¬

logiques qui mettent sûrement l'individu à l'abri du bacille de Koch; en revanche nous en connaissons un certain nombre qui

le rendent plus sensible à ses attaques : une des premières est

sans contredit l'encombrement; il est le facteur le plus impor¬

tant de la contagion; aussi trouvons-nous plus de tuberculeux à la ville qu'à lacampagne.

L'alcoolisme nous retiendra un peu plus longtemps. Nous

avons vu plus haut que l'on pouvait admettre des qualités dans

l'alcoolisation. Le fait n'est plus discutable aujourd'hui et de

même que les manifestations de l'alcoolisme aigu sont un peu variables suivant la nature de l'alcool absorbé, de même les accidents de l'alcoolisme chronique sont variables dansleur date

et dans leur mode d'apparition suivant lamêmeraison. Launay,

Rabuteau avaient déjà signalé l'importance de l'origine indus¬

trielle ou vinicole de l'alcool; ils avaient remarqué que l'alcoo¬

lisme était rare dans les pays vignobles. On peutajouter à leurs

remarques une constatation non moinsjuste; c'est que la cul¬

ture de l'alcoolisme a été d'abord employée puis pratiquée

d'une manière intensive et avec le plus éclatant succès dans les

pays où l'on ne récoltait pas de vin. C'est que, en France,

l'alcoolisme est apparu et s'est développé surtout dans les pays

non vignobles et s'est étendu à ces derniers lorsque la vigne a cessé sa production. L'étude de la consommation de l'alcool en

France est suffisamment instructive à cet égard.

La production du vin a commencé à s'atténuer vers 1878; de

1880 à 1890, elle a été minime; elle a repris un peu depuis et, actuellement, elle est aussi abondante qu'avant 1880. Lacon¬

sommation des absinthes, liqueurs et autres spiritueux n'a pas cessé d'augmenter. De 29.192 hectolitres en 1873, elle est pas¬

sée en 1897, à 311.952 hectolitres pour Paris (de Lavarenne).

Elle était, en 1898, de 2.000.000 d'hectolitres pour toute la France; 110.000 hectolitres seulement provenaient de la distil¬

lation des vins, cidres,marcs et fruits.

Voilà donc déjà une première notion et non des moins impor-

(25)

tantes, qui se dégage : la

qualité de l'alcool. Une deuxième dé¬

pend de l'individu lui-même.

Or, la susceptibilité de chacun est

variable à l'infini et une dose de plusieurs litres de vin par jour et même de quelques

petits

verres

d'eau-de-vie

pourra

être supportée pendant fort

longtemps

par

certains

sans pro¬

duire chez eux aucun trouble ni aigu ni chronique, alors que,

chez d'autres, les mêmes quantités ou des

quantités notable¬

ment inférieures des mêmes produits déterminent très

rapide¬

ment une altération de leur santé. Dans tous les pays produc¬

teurs de vin et d'eau-de-vie, il n'est pas rare de trouver des

hommes qui ont toujours

bu deux litres de vin et même plus et

dont la santé reste florissante, jusqu'à une vieillesse

parfois

très avancée. Ceux-là vous affirment de très bonne foi qu'ils ne boivent pas etqu'ils

n'ont jamais bu;

pour eux,

le vin n'est

pas

de l'alcool et n'en contient pas, de nuisible tout au

moins; le

reste, lesspiritueux, tout ce

qui n'est

pas

du vin

ou

de l'eau-de-

vie « naturelle » et qu'ils englobent

dans l'expression mépri¬

sante mais trèsjuste de « saletés » est

seul capable de nuire et

la plupart ajoutent une remarque

qui est peut-être juste, ils

boivent en travaillant. Nous l'avons souvent trouvée dans

la

bouche des malades que nous avons

examinés.

11 faut tenir compte également

de la façon dont l'alcool est

absorbé. Son action sur l'organisme et en

particulier

sur

l'esto¬

mac varie beaucoup, on le

conçoit, suivant

sa

forme et suivant

le moment on le prend. Le

petit

verre

d'eau-de-vie le matin

àjeun, la goutte

prise

pour

tuer le

ver

est certainement, à ce

point de vue,

le mode d'absorption le plus toxique, le procédé

le plus sûr de se

préparer

une

gastrite, à qualité et à quantités

égales

d'alcool, bien entendu.

C'est pour toutes ces

raisons tenant à l'alcool lui-même et à

l'individu qu'il n'est pas et

qu'il

ne sera sans

doute jamais

pos¬

sible de fixer dans quelles limites

l'alcool peut être utilisé

comme aliment, à partir de quelle

dose il devient

un

poison.

De même, ne peut-on dire où

finit l'usage et où

commence l'abus, à partir de quel

degré dans la consommation l'individu

est en imminence d'alcoolisme.

(26)

Ces réserves n'étaient pas inutiles; nous y reviendrons sans doute après l'exposé de nos observations. Dès maintenant, elles peuvent être appliquéesà une première méthode de statistique : la comparaison de la courbe de l'alcoolisme à la courbe de 1a, tuberculose. Deux points de vue secondaires peuvent être envi¬

sagés : la répartition géographique et la répartition profession¬

nelle.

L'étude de la répartition géographique globale a été faite dans

la thèse de Tabary : « L'alcool et la phtisie, écrit l'auteur, sont de pairet les pays qui fournissent les plus forts contingents à l'une sont aussi le plus fortement atteints par l'autre. Si l'on

superpose la carte de France marquant les ravages de l'alcoo¬

lisme sur celle qui indique les désastres de la tuberculose, on voit qu'elles se correspondent à peu près exactement. On trou¬

vera dans l'étude très documentée de Lavarenne (Travaux de la

commission de la tuberculose, 1900) les deux statistiques et l'on

pourra seconvaincreque leur parallélisme n'est pas absolument

constant.

Ce procédé n'indique pas la qualité des alcools consommés;

il ne tient pas assez compte des causes autres que l'alcool et plus importantes que lui qui peuvent produire la phtisie : l'en¬

combrement, la contagion, les conditions hygiéniques défec¬

tueuses sont laissés de côté. Ce ne sont point pourtant des fac¬

teurs négligeables. En outre, comme le dit très justement

M. Surbault à la fin d'unetrèsminutieusecritique de ce procédé

les données que nous avons sur la répartition de l'alcool et sur celle de la phtisie sont peu précises. Pour apprécier la réparti¬

tion de l'alcool, nous n'avons d'autres renseignements précis

que ceuxqui indiquent les quantités d'alcool consommées, cequi

est peut-être insuffisant. Les renseignements actuels surla mor¬

talité par tuberculose sont moins précis encore. Même dans les

villes où il existe un bureau de statistique, ontrouve un écart

sensible entre la mortalité tuberculeuse avouée et la mortalité

probable.

L'étude de la répartition professionnelle de la tuberculose et de ses rapports avec l'alcoolisme peut être effectuée de deux

(27)

manières suivant que l'on compare entre

elles les mortalités

tuberculeusesdesdiverses professionsoubienque,dans

la

même profession, on

recherche si les alcooliques deviennent plus fré"

quemment

tuberculeux

que

les sujets sohres.

Ce deuxième procédé serait certainement

le meilleur; il

per¬

mettrait, en effet, de comparer les uns aux autres

des

gens

menant à peu près la même vie, ayant à peu

près les mêmes

besoins, pouvant matériellement les

satisfaire

à peu

près de la

même manière. Encore faudra-t-il, à notre avis, faire certaines catégories secondaires pour les

industries qui peuvent être

exer¬

cées à peu près partout, les

conditions économiques pouvant

varier considérablement entre deux pays même assez voisins.

Pareille étude nécessiterait un travail considérable et un effort

collectif que nous ne savons pas

avoir

été

tenté. Elle donnerait

aussi les résultats les plus certains.

L'on s'est contenté de comparer entre elles les

mortalités

tuberculeuses de certaines professions en considérant que,

parmi

celles-ci, quelques-unes sont notoirement alcoolisées

Recherchant ensuite la mortalité générale dans chaque profes¬

sion, on l'a comparée à la mortalité par

tuberculose

; on a

trouvé

que les

professions alcoolisées avaient

une

mortalité supérieure

à la moyenne; 011 a trouvé

aussi

que

la mortalité

par

tuberculose

y était plus élevée que

dans les autres professions. Pareille

étude a été faite en Angleterre eta été poursuivie depuis

1860

par MM. Fau, Ogle et

Teatham, leurs tables sont publiées cha¬

que année sous forme

de rapport. Depuis

que

leur travail

a

été

entrepris, leurs conclusions

n'ont

pas

changé

: ce

sont toujours

les aubergistes (patrons et

employés) qui

meurent

le plus et

d'une façon générale et au point de vue

particulier, de la tuber¬

culose.

Nous n'avons point la pensée de contester

les résultats réel¬

lement précieux qui ont

ainsi été obtenus. Ils sont beaucoup

trop imposants pour ne pas

renfermer

au

moins

une

très

grosse part de vérité.

Mais

sans

vouloir les discuter,

nous

ne pouvons pour cela nous

empêcher de les trouver

un peu

arbitraires. Ils ne s'appuient, en effet, pour

apprécier l'alcooli-

(28)

30

sation notoire d'une profession, que sur la manipulation de

l'alcool sans tenir un assez grand compte peut-être des condi¬

tions accessoires qui peuvent favoriser l'éclosion et le dévelop¬

pement de la tuberculose. Celles-ci ne sont pas négligeables cependant; nous en avons la preuve en comparant la mortalité

des cabareliers de Londresetdes campagnes, despays agricoles

et des pays industriels. C'est à Londres et dans les pays indus¬

triels qu'elle est le plus élevée. Est-ceà dire que les cabaretiers

des villes boivent plus que ceux des campagnes?oubien que la qualité de leur alcoolisme diffère ? Les deux choses sont égale¬

ment possibles, mais on peut aussi admettre entre eux la même

différence que Peter admettait entre le cultivateur vivant et

travaillant en plein air et buvant un peu trop de bon vin et

l'ouvrier des villes restant enfermé tout le jour et buvant de

détestables breuvages dans d'infectes tabagies.

La même critique s'adresseet plus justement peut-être encore

à la remarque de Peacock sur la fréquence de la tuberculose

chez les tailleurs de pierres meulières. Ce sont, pourla plupart,

des alcooliques, dit l'auteur anglais, et les autres habitants des

mêmes pays, qui sont, eux, beaucoup plus sobres, ne devien¬

nent que rarement tuberculeux. C'est très possible, mais les poussières de pierres ne sont-elles pas capables de déterminer

par elles-mêmes des altérations pulmonaires sérieuses etdepré-

parer la voie au bacille de la tuberculose? Les forts de la halle,

chez lesquels Rendu signalait la fréquence de l'alcoolisme et de

la tuberculose, ne sont-ils pas exposés par leur profession à

tous les refroidissements qui peuvent compromettre l'intégrité

de leurappareil respiratoire?

Ces statistiques professionnelles n'en restent pas moins des

documents très intéressants et fournissent de précieuses indica¬

tions à ajouter aux indications obtenues par d'autres procédés.

Après ces statistiques géographiques et professionnelles, on

pourrait essayer d'en établir une autre ne portant que sur des

tuberculeux et recherchant s'ils avaienteu, avant leur maladie,

des habitudes alcooliques. Diverses enquêtes ont été faites dans

ce sens et les résultats les meilleurs et les plus précis ont été

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