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ne pouvons pour cela nous empêcher de les trouver un peu

arbitraires. Ils ne s'appuient, en effet, pour

apprécier

l'alcooli-— 30

sation notoire d'une profession, que sur la manipulation de

l'alcool sans tenir un assez grand compte peut-être des condi¬

tions accessoires qui peuvent favoriser l'éclosion et le dévelop¬

pement de la tuberculose. Celles-ci ne sont pas négligeables cependant; nous en avons la preuve en comparant la mortalité

des cabareliers de Londresetdes campagnes, despays agricoles

et des pays industriels. C'est à Londres et dans les pays indus¬

triels qu'elle est le plus élevée. Est-ceà dire que les cabaretiers

des villes boivent plus que ceux des campagnes?oubien que la qualité de leur alcoolisme diffère ? Les deux choses sont égale¬

ment possibles, mais on peut aussi admettre entre eux la même

différence que Peter admettait entre le cultivateur vivant et

travaillant en plein air et buvant un peu trop de bon vin et

l'ouvrier des villes restant enfermé tout le jour et buvant de

détestables breuvages dans d'infectes tabagies.

La même critique s'adresseet plus justement peut-être encore

à la remarque de Peacock sur la fréquence de la tuberculose

chez les tailleurs de pierres meulières. Ce sont, pourla plupart,

des alcooliques, dit l'auteur anglais, et les autres habitants des

mêmes pays, qui sont, eux, beaucoup plus sobres, ne devien¬

nent que rarement tuberculeux. C'est très possible, mais les poussières de pierres ne sont-elles pas capables de déterminer

par elles-mêmes des altérations pulmonaires sérieuses et

depré-parer la voie au bacille de la tuberculose? Les forts de la halle,

chez lesquels Rendu signalait la fréquence de l'alcoolisme et de

la tuberculose, ne sont-ils pas exposés par leur profession à

tous les refroidissements qui peuvent compromettre l'intégrité

de leurappareil respiratoire?

Ces statistiques professionnelles n'en restent pas moins des

documents très intéressants et fournissent de précieuses indica¬

tions à ajouter aux indications obtenues par d'autres procédés.

Après ces statistiques géographiques et professionnelles, on

pourrait essayer d'en établir une autre ne portant que sur des

tuberculeux et recherchant s'ils avaienteu, avant leur maladie,

des habitudes alcooliques. Diverses enquêtes ont été faites dans

ce sens et les résultats les meilleurs et les plus précis ont été

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obtenus par les observations portant sur des périmètres limités

et bien connus des statisticiens; on pouvait s'y attendre; n'est-il

pas indispensable, pour apprécier le rôle exact de

l'alcool, de

^ connaître, pour pouvoir les écarterou leur donner l'importance qu'elles méritent, les autres causes occasionnelles

qui risquent

de survenir, la contagion surtout? Aussi sont ce les résultais

venus de la campagne qui méritent, à notre avis, le plus de

considération.

La statistique d'Àlison est, à ce point de vue, fort intéressante.

Elle a été établie à Baccarat et dans ses environs et l'auteur admet nettement l'influence sinon déterminante, du moins pré¬

disposante de l'alcool : « Nous avons été frappés,

écrit-il, de la

quantité considérable de maladies de poitrine que nous avons

observées chez les buveurs d'eau-de-vie ayant une vie active...

nous croyons donc pouvoir conclure que ce qu'il y a

de plus

à

redouter pour un alcoolique exerçant une profession

active

et

vivant au milieu de phtisiques, ce n'est pas la cirrhose du foie,

, si fréquente, on le sait, chez les alcooliques sédentaires,

mais

la tuberculose pulmonaire. Sur 58 tuberculeux, il trouve

23fem-mes ou enfants non alcooliques et 25 hommes dont 18 alcooli¬

ques.

A l'hôpital, les mêmes enquêtes s'effectuent forcément

dans

des conditions différentes. Bien souvent, en effet, il est à peu

près impossible d'établir la part de

l'hérédité, de la contagion

et des autres causes productrices, on ne peut même pas tou¬

jours établir le rôle exact de l'alcool, car beaucoup de malades

nient obstinément leurs habitudes alcooliques. Malgré ces diffi¬

cultés et l'incertitude relativedes résultats obtenus,ceux-ci sont

à peu près concordants chez les divers observateurs.

C'est ainsi

que Callier trouve 88 alcooliques sur95 tuberculeux, soit 92,6

p. 100.

Jacquet, 180 sur 252, soit 71,7 p. 100.

^

Barbier, 88

p.

100.

De Lavarenne, 80 p. 100.

Imbault, 75 p. 100.

On levoit, la proportion est considérable. II faut bien

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naître que la clientèle de l'hôpital est recrutée surtout parmiles

gens queleur situation sociale met le mieuxà même de s'alcooli¬

ser. Lapratique de lagouttele matinetdel'apéritifavantchaque

repas sévit chez eux avec uneintensité de plus en plus grande j et les alcools qu'ils absorbent possèdent au plus haut degré la

toxicité des alcools lourds, des alcools mauvais goût à laquelle

vient encore s'ajouterla toxicité des espèces que l'onyincorpore.

11 serait intéressant d'établir, à côté d'une statistique de

l'alcoolisme chez lestuberculeux, unestatistique de l'alcoolisme

chez les autres malades. Les diverses tentatives qui ont été d

faites dans cette voie ont donné des résultats trop contradic¬

toires et incertains pour que l'on puisse encore en tenir grand compte (Jacquet, Imbert, Barbier).

Nous nous contenterons designaler les recherches expérimen¬

tales faites dans le même ordre d'idées; elles ne semblent pas

très nettement définies.Quant à l'actionde l'alcool sur le bacille de la tuberculose,elle paraît luiêtre nettement favorable. Ce mi¬

crobe,eneffet, prospère dans les milieuxnutritifs renfermant des i matièresamylacées et sucrées qu'il transforme partiellement en

alcool. Non seulement il ne meurt pas dans ce milieu ni dans les

matières sécrétées par lui, mais, de plus, si l'on filtre à nouveau

une culture ancienne et qu'on l'ensemence ensuite, il sedévelop¬

pe aussi bienque dansun milieu neuf (Traité de médecine,t. I).

Les résultats obtenus sur les animaux sont également très

incertains. Peut-on réellement conclure dece quise produit chez

eux à ce qui se produit chez l'homme? Les conditions d'alcooli¬

sation sont si différentes et comme mode et comme durée?

M. Roos a trouvé récemmentque l'alcool sousforme de vin n'ac¬

célère pas l'évolution dela tuberculoseexpérimentale du cobaye.

Nous avons recherché les antécédents alcooliques des tuber¬

culeux que nous avons pu examiner à l'hôpital Saint-André.

Nous avons essayé d'obtenir des malades les renseignements

les plus précis, nous avons également tâché de faire la part de ^

l'hérédité, nous avons renoncer à établir celle de la conta¬

gion. On trouvera à la fin de cette étude le tableau détaillé de

nos observations.

CHAPITRE IV

RÉSULTATS STATISTIQUES

Un fait se dégage tout d'abord de notre tableau statistique : c'est la rareté relative de la tuberculose pulmonaire chez la

femme ; sur 127 observations que nous avons recueillies, nous

avons trouvé 30 femmes et 97 hommes, soit à peine 1/4 de fem¬

mes. Cette rareté relative n'a pas été seulement observée par

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