R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
A.-B. D UFOUR M. P AGES
Modèles de taille et de forme : que choisir ?
Revue de statistique appliquée, tome 42, n
o1 (1994), p. 5-18
<http://www.numdam.org/item?id=RSA_1994__42_1_5_0>
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MODÈLES DE TAILLE ET DE FORME :
QUE CHOISIR?
A.-B.
Dufour,
M.Pages
Laboratoire
d’Analyse
de Données et BiométrieCentre de Recherche et d’Innovation en
Sport
U.F.R.A.P.S., Université Claude Bernard -Lyon
1 27-29, Boulevard du 11 novembre 1918, 69622 Villeurbanne CedexRÉSUMÉ
L’étude de la taille et de la forme
représente
une partimportante
de la rechercheen
morphologie.
Un modèlegénérique
estproposé
concernant unprofil
commun à tousles individus relativement aux différentes variables. Selon celui-ci, les individus sont tous
semblables, à un facteur de taille
près.
La forme met en évidence les écarts entre les individus et le modèle. Elle est étudiée de deuxfaçons
différentes : soit sur les données brutes, soit surles
profils.
Le choix entre les deux méthodesdépend
essentiellement de laproblématique :
certaines définitions de la forme mettent
plutôt
en évidence les individusqui
s’écartent duprofil
moyen pour lespetites
variables, d’autresplutôt
l’existence de groupescaractéristiques.
Mots-clés :
Morphologie,
Fonction taille,Vecteur forme,
A.C.P. non centrée.SUMMARY
Size and
shape
are veryimportant
foranalyzing morphology.
For all individuals, acommon
profile
based on variables isproposed. According
to thisprofile,
the individuals looklike each other :they
arerepresented by
multivariateproportional
vectors.Shape
showsdifferences between the
subjects
and the model. Two differentproceedings
aredevelopped :
one based on
original
data and another one based onprofiles.
Their use is linked with theproblem.
Some of them are well used forshowing
differences between thesubjects
and thecommon
profile
for small measures. Others are better forshowing
the existence of clusters of individuals.Key-words : Morphology,
Sizefunction, Shape
vector, Non centred P. C.A.1. Introduction
Les « facteurs » de taille et de forme sont souvent
évoqués
dansl’interprétation
des résultats d’une
analyse
de données. Or ils ne semblent pas avoir reçu de définitionprécise
et diffèrent selonl’auteur,
le domained’application,
lesquestions
qui
se posent. Le textequi
suit tente de clarifier la situation à travers unexemple anthropométrique
mais il est bien évident que ce choix n’est pas exclusif. Cequi
vaêtre dit est
transcriptible
à d’autreschamps d’application
comme parexemple
celuide la croissance.
Quand
un enfantgrandit,
il croît en taille mais ilchange également
de forme de
façon plus
ou moins désordonnée(Healy
etTanner, 1981 ).
C. Burt
(1946) souligne
que «sichaque
corps humain conservait exactement les mêmesproportions,
les différences entre un corps et un autre consisteraient seulement en différence de taille». Cette situation modèlecorrespond
au cas où tousles individus ont un même
profil :
ils sont alorsidentiques
à un individutype
à un facteurd’agrandissement près (la taille).
Or il existe des
divergences
parrapport
à cet individu modèlequi peuvent
être dues toutsimplement
à une variabilité individuelle ou résulter de l’influence de facteursécologiques, climatiques,
etc...(Collectif, 1986).
Elles induisent ainsi différentstypes physiques (différentes formes).
Ce sont cesdivergences
mêmesqui renseignent
sur desquestions
telles que : surquels
critères regrouper les individus?quels
sont ceuxqui
ont desaptitudes particulières ? quelles techniques
deréadaptation adopter?
Dans l’orientation d’enfants vers la
pratique
d’un sport, lamorphologie
estpar
exemple
un facteurimportant
du choix. Si la stature est naturellement utilisée(Pilardeau
etal, 1978),
certainesparticularités physiques
sontparfois plus spécifiques
d’une activité que d’une autre
(Lot, 1981 ).
La forme est souventmasquée
par ce facteur dominantqu’est
la taille. Son étude estplus
fine si elle est conçue comme unrésidu,
l’informationparasite
de la taille enlevée.1. Définitions et Notations
Les
données
sont constituées d’un ensemble de valeurs observées réelles xj strictementpositives
ethomogènes.
Elles seprésentent
sous la forme d’un tableau dontles q
colonnes sont associées à des variablesquantitatives
et les nlignes
auxindividus.
On définit :
- le total
marginal
de la Í-èmeligne
du tableau :- le total
marginal
dela j -ème
colonne du tableau : - le total des xij noté x..pi,
= xi. x.. et p.j = x.j x..
sont les distributionsmarginales.
On considère le tableau X de terme
général xij p.j .
SoitJRql’espace
euclidiendes
individus, d’origine 0,
muni de la basecanonique (e1
...q )
et duproduit
scalaire«classique» (correspondant
à lamétrique identité).
L’ensemble des n individus est
représenté
dans JRq par un nuage depoints Xi
dont les coordonnéesfigurent
dans la Í-èmeligne
du tableau X. On affecte chacundes individus d’un même
poids -1.
Le centre degravité
H de ce nuage apour j-ème
coordonnée :
Remarque :
La transformationxij p.j
a pour but de donner desimportances
compara- bles aux différentesvariables;
d’autres auraient pu êtreenvisagées ( x2? , xij 03C3j où 03C3j
estl’écart-type
de xj,2013 xij x2ij
parexemple).
Celle-ci a été retenue car ellecorrespond
(paragraphe 2)
à un résultatsimple
dans le calcul de laprojection
despoints Xi
sur OH.2.
Modélisation de l’ensemble des individus.Facteur taille
Les n individus étant décrits relativement aux q variables par les n vecteurs de Rq
Xi, Xi, ..., Xn,
on peut fairel’hypothèse
modélisatricequ’ils
ne différent entreeux que par un coefficient de
proportionnalité
c’est-à-direqu’ils
sontreprésentés
par des vecteursXi, Xi, ..., Xn colinéaires.
Cela revient à direqu’il
existe unprofil
modèle commun
S,
vecteurunitaire,
combinaison linéairedes q
variables initialeset rassemblant toute l’information de ces q variables pour les individus modélisés. On obtient les
points Xi en projetant orthogonalement
lespoints Xi
sur l’axe portant6’.
La forme linéaire de
matrice ts
=(s1 ... sj
...sq) permet
d’associer à un vecteurXi (c’est-à-dire
à unindividu
ou à uneligne
du tableauX)
la mesurealgébrique
desa
projection orthogonale Xi
sur l’axeportant
S. Pardéfinition,
nousappelons
cetteforme linéaire : facteur taille.
La matrice t == Xs a pour éléments les
tailles t.
des n individus. Le modèlecorrespond
àl’hypothèse
d’une similitudegéométrique puisque
les vecteursX
sont tous colinéaires entre eux et colinéaires à S :Xi = ti
C’est lapropriété requise
par Mosimann
(1970)
pour une «fonction taille» T réellepositive : quels
que soientXi
et le nombre réel apositif, T(03B1Xi)
=ceT(Xi).
Analytiquement
le tableau modélisé de dimensions(7z
xq)
s’écrit :Ses
lignes
sont les matrices descomposantes
des vecteursXi ; puisqu’elles
cor-respondent
à des vecteurscolinéaires,
elles sontproportionnelles.
Tous les individus modélisés sont descopies
les uns des autres à un facteurd’agrandissement près : X
est de rang 1. Le modèle est
qualifié
demultiplicatif :
le terme ix j
du tableauX
est
tisj, produit
d’un coefficient lié à l’individu(ti,
«taille»individuelle),
et d’uncoefficient lié à la variable
(sj).
Cette factorisation deX
à l’aide duproduit tt s n’ est
pasunique puisqu’elle dépend
du choix de S . Utilisée en vue d’unereprésentation graphique
dans unplan,
elle peutprivilégier davantage
la conservation des relations entre individus ou entre variables(Gabriel, 1971).
Dès les
premières applications
des méthodes multivariées à lamorphométrie,
on a su définir le facteur taille comme un effet de la croissance
générale
de toutesles variables
(Cohen, 1940;
Pearce etHolland, 1961).
On trouve dans la littérature demultiples
définitions du facteur taille(Mosiman, 1970; Rao, 1964)
dont laplupart
découlent du modèle
précédemment exposé
et varient selon le critère -explicité
ou non - utilisé pour choisir S . Trois critères sont
présentés
ici en raison de leurimportance
dans lesapplications.
1 er Critère
L’axe portant S vérifie le critère des moindres carrés. Il est porteur de l’inertie
projetée
maximum c’est-à-direqu’il minimise n n Xi - i~, écart quadratique
2=1
résiduel moyen. On sait alors que le vecteur S est le
premier
vecteur propre11
del’analyse
encomposantes principales
du tableau X non centré. La matrice des tailles est donnée par lapremière composante principale :
v = Xu =t (v1 ,
... , Vi, ... ,vn).
Le tableau modélisé est le tableau des données reconstitué par le
premier
facteur :X
=Xu t u
=v t u.
Ils’agit
dupremier
terme de ladécomposition
en valeurssingulières
du tableau X(Eckart
&Young, 1936; Good, 1969), appelée N-technique
par Okamoto
( 1972).
Cet auteur la compare à laR-technique
obtenue endécomposant
en valeurs
singulières
le tableau X centré parcolonnes,
méthode utilisée pour l’étude de la taille par Jolicoeur et Mosimann(1960).
Mais dans ce cas, lapropriété précédemment requise :
«deux individusreprésentés
par des vecteurs colinéaires(coefficient a)
ont des tailles dans le mêmerapport
ex» n’est pas satisfaite. Celasignifie qu’on
ne fait pas référence au même modèle : lespoints Xi
sont alors tousmodélisés par
rapport
aupoint
H centre degravité
du nuage(le premier
facteur de ladécomposition
en valeurssingulières
de X centrécorrespond
alors à lataille).
2ème
critèreAlors que le
premier
critère découle d’une démarchemathématique (décompo-
sition de X en valeurs
singulières),
l’attitudeadoptée
pour définir le facteur taille est iciplus pragmatique.
On choisit pour S le vecteur unitaire G de
l’axe joignant l’origine
0 au centrede
gravité
H du nuage depoints.
Le tableau Xayant
pour termegénéral la
matrice
ligne
de ce vecteur estt g
==(p.1, ... , Vf5j,
...,p.q).
La matrice des tailles individuelles estXg
=t(x1. , ... ,
Xi.,..., xn.).
Le tableau modélisé X a pour termegénéral xi.p.j.
3ème
critèreCe dernier critère
correspond
à une attitude naturelle dans les recherchesanthropométriques :
la construction d’indicesmorphologiques (Vandervael, 1980).
On
peut
être amené à définir leprofil
commun à l’aide d’un des axes de la basecanonique. Supposons
que l’une des mesures soit intéressante pour définir la taille.Pour
simplifier l’exposé,
prenons parexemple
lapremière
variable. On est alors amené à choisir pour S lepremier
vecteur de la base :e1.
Il en résulte alorsT(Xi) = xi1 p.1.
Le tableau modèle
X
est dans ce cas le tableau dont tous les éléments sont nuls saufceux de la
première
colonne dont les éléments sontxi1 p.1
Remarques
En
général,
lesprofils communs
et G choisis dans lepremier
et le deuxième critère ne sont pas très différents(Gower, 1966).
Cela vient de ce que lamorphologie
des individus obéit à des lois - linéaires en
première approximation -
c’est-à-dire que lesproportions
entre les différentes variables sont harmonieusement conservées : le pourcentage d’inertieimputable
aupremier
facteur dans l’A.C.P. de X non centré estgrand.
Sans que les individus soient strictement descopies
les uns des autres à unfacteur
près,
unegrande partie
de l’information leur est commune.Mais s’il existe entre les différentes variables des relations d’allométrie
qui
induisent un
gradient important
des«plus petits»
vers les«plus grands» individus,
lesprofils u
communs et G peuventprésenter
des différencessensibles;
ilscorrespondent
à une allométrieappelée
isométrie dans laterminologie
courante(Jolicoeur, 1991).
Dans ce cas, certains auteurs utilisent lelogarithme
desvariables;
le deuxième critère conduit alors à la fonction taille :
T (Xi) = fi x1/qij.
j=l
3. Vecteur forme.
Analyse
multivariée des tableaux de résidus.De
façon
un peuschématique,
nous disons que la forme est «cequi
restelorsqu’on
a enlevé la taille ». Deux méthodes sontproposées
pour l’étude de la forme.Equipollence géométrique
On
peut
proposer pour définition du vecteur forme de l’individu i :X
i -x
Les
composantes
des vecteurs forme des n individusfigurent
dans le tableau des résidus X -X,
différence entre le tableau initial et le tableau modélisé. Si deux individus iet i’
ont mêmeforme,
les deuxlignes
leurcorrespondant
dans le tableau résidu sont lesmêmes,
les vecteurs forme sontéquipollents (figure 1).
L’étude de la forme se fait à l’aide d’une A.C.P. de ce tableau X -
X
non centré.Le retrait de
X
à Xcorrespond
à un centragemultiplicatif (on
a vu que le termegénéral
deX
est tsj).
Les facteurs successifs de cette A.C.P. sont utilisés en vue de lareprésentation plane
des individus et sontqualifiés
de facteurs forme. NotonsFIGURE 1
Equipollence géométrique :
les deux individus i et i’ ont mêmevecteur forme
FSimilitude
géométrique :
les deux individus i et i" ont mêmevecteur forme Ai S
toutefois que les facteurs taille et les facteurs forme ne sont pas incorrélés
puisqu’ils
ne résultent pas de la réalisation
d’analyses
encomposantes principales
centrées par variables. Dans tous les cas,l’espace
des individus estdécomposé
en somme directede deux sous-espaces
orthogonaux : l’espace
«modèle» de dimension 1 etl’espace
« forme » de dimension au
plus égale
à(q - 1).
Tableau
analysé
pour l’étude de laforme
dansl’équipollence géométrique
Remarquons
que dans le cas dupremier critère,
il est inutile de calculer le tableau X -X :
lepremier
facteur de l’A.C.P. de X est le facteurtaille;
les suivants décrivent la forme.Similitude
géométrique
Nous avons vu que les
composantes
duprofil
moyen sont celles du vecteur 5’.Soit i un individu dont la
taille ti
est obtenue par un des critères duparagraphe
2. Pardéfinition :
- les
composantes
du vecteurXi
décrivent sonprofil
- son vecteur forme est
Xi ti - Xi ti = 1 Xi - S.
Dans cette
optique,
si deux individus i et i" detailles ti
ett’
sontreprésentés
dans Rq par des vecteurs colinéaires
Xi
=03B1Xi"
alors ils ont(Mosimann ,1970) :
- le
rapport
de leur tailleégal
à a :ti
=03B1ti"
- même vecteur forme.
La
dynamique
des mesures entre elles est alorsprise
encompte : Sempé et
al(1979) parlent
de la conservation d’une harmonie dans une croissance différentielle.On est conduit pour étudier la forme à réaliser l’A.C.P. du tableau non centré dont les
lignes
sont lescomposantes
du vecteur1 ti Xi -
S. Comme dans le cas del’équipollence,
les facteurs successifs de cette A.C.P. sontqualifiés
de facteurs forme.Géométriquement,
on associe auprofil
de l’individu i lepoint Ai
intersection du vecteurXi
avecl’hyperplan
desprofils qui
passe par l’extrémité du vecteur et lui estorthogonal (figure 1). Remarquons
que lepoint
G engénéral n’appartient
pas à cethyperplan (sauf
dans le cas du critère2)
et que le centre degravité
du nuage despoints Ai
est différent despoints
S et G.Tableau
analysé
pour l’étude de laforme
dans la similitudegéométrique
Remarque
L’A.C.P. réalisée dans le cadre du critère 2
correspond
àl’analyse
factorielle descorrespondances
du tableau des xi j à condition que lespondérations
des individussoient pi.
au lieu de-1,
cequi
est discutable dans le cadre des données que nous nous proposonsd’analyser.
Eneffet,
les tableaux traités par l’A.F.C.présentent
engénéral
une
symétrie ligne-colonne
car ilscorrespondent
au croisement de deux tableaux(à
n individuslignes)
d’indicatrices de variablesqualitatives;
c’est de ce croisement que résulte le choix despondérations
pi. et p.j, les individusayant
eux, lapondération
k.
Dans le cadre del’A.F.C.,
lespoints
S et G sont confondus et coïncident avec le centre degravité
despoints Ai puisqu’ils
sont munis de lapondération
p2, . Eneffet,
03A3pi. -xij xi. p.j = p.j
4.
Exemple
La
pratique
d’un sport nécessite desqualités physiques spécifiques.
Celles-cisont d’autant
plus marquées
que le niveau danslequel
évolue l’athlète est élevé. Le rôleparticulier
de certaines mesuresanthropométriques
dans unediscipline
donnéeest connu des
spécialistes (Thomas, 1975).
A la demande de la FédérationFrançaise
de
Hand-Ball,
nous nous sommes intéressés à la définitionmorphologique
desjoueurs (Dufour
etal, 1987).
Ils’agit
de l’étude de 8 caractèresanthropométriques
mesurés sur 64
sportifs appartenant
auplus
haut niveau decompétition (française
et
internationale).
Les variables sont la stature(1),
la taille assis(2),
le diamètre biacromial(3), l’envergure (4),
la hauteur utilisable(5),
lalongueur
des membres inférieurs(6),
lalongueur
des membressupérieurs (7)
etl’empan
de la mainporteuse
de la balle(8). L’empan
est une mesure de la main : distance maximum(doigts écartés)
entre l’extrémité du pouce et celle del’auriculaire,
mainposée
bien àplat.
Les mesures, toutes
exprimées
ici encentimètres,
ont étépubliées (en millimètres)
dans «Le Modèle Euclidien en
Analyse
de Données»(Pontier et al, 1990).
L’intérêt de
séparer
la taille et la forme est double. La stature est un critère de sélection dans laplupart
dessports (Lot, 1981)
maispeut-elle
être identifiée aufacteur taille? Bien décrire ce
dernier,
c’est sepréparer
à une bonne étude de la forme c’est-à-dire ladescription
de laspécificité morphologique
descinq
postes dejeu : ailier, pivot,
arrière centre, arrière latéral etgardien.
Nous allons exposer les
principaux
résultats obtenus dans les différentesanalyses proposées.
1.
Les facteurs
tailleComme nous l’avons
déjà souligné (remarque
duparagraphe 2),
lesprofils communs 11 (critère 1)
et G(critère 2)
sontpratiquement identiques
et fournissent le même classement pour lataille,
la staturee1 (critère 3) étant, elle,
à part(tableau 1 ).
Si nous
analysons
les tailles desindividus,
que ce soit les valeurs individuelles vi de lapremière composante principale (critère 1)
ou que ce soit les totauxlignes
TABLEAU 1
Présentation des trois vecteurs permettant de
définir
lefacteur
taille.Xi. du tableau initial
(critère 2),
les résultats sont semblables. Nousprésentons
à titred’exemple,
les valeurs individuelles dequatre
handballeurs(tableau 2).
TABLEAU 2
Présentation des tailles et des classements par la taille de quatre individus.
2.
Les facteurs forme
Les facteurs
taille,
critères 1 et 2 étantidentiques,
les tableaux de résidus(paragraphe 3)
sont, par voie deconséquence, identiques.
Une seule des deux études de forme est donc réalisée(critère 2).
Les résultatsprésentés
concernent l’A.C.P du tableau de termegénéral xij p.j - xi. p.j
pourl’équipollence,
et l’A.C.P. du tableau de termegénéral xij. xi.p.j
pour la similitudegéométrique.
Les variables
Il y a identité des
représentations
des variables pourl’équipollence géométrique (figure 2a)
et pour la similitudegéométrique (figure 3a),
une fois le facteur taille enlevé. L’axe horizontal oppose deux groupes de caractères : la hauteur utilisable(5)
et lalongueur
des membressupérieurs (7)
d’une part,l’empan (8),
la taille assis(2)
et le diamètre biacromial(3)
d’autrepart.
L’axe vertical opposel’envergure (4)
et la
longueur
des membres inférieurs(6)
au diamètre biacromial(3)
et à la hauteur utilisable(5).
Dans le cas du critère
3,
on observe que lepremier
axe est un classement desplus petites
auxplus grandes
variables pourl’ équipollence (figure 4)
comme pour la similitudegéométrique.
Il faut donc étudier d’autres axes pour mieux décrire la forme.C’est ainsi que les résultats de l’étude de la forme : critère
3,
axes 2-3(figure 4)
etcritère
2,
axes1- 2,
sontsemblables, quel
que soit le modèle choisi. Uneconséquence pratique
desanalyses
suivant le critère 3 est que, la sélection dessportifs
de hautniveau par la seule stature ne suffit pas, non seulement pour la définition de la taille mais
également
pour lacompréhension
de la forme.Les individus
Compte
tenu de cequi précède,
une seule étude des individus estprésentée :
celle issue du critère 2. L’examen de la
représentation
des individus dans lepremier plan
factoriel del’ équipollence géométrique (figure 2b) permet
de mieuxcomprendre
cette étude de la forme. Les individus situés à l’extrême droite du
plan (individus 18,23,21,17,44)
se caractérisent par lalongueur
des membressupérieurs
et la hauteurutilisable. Ces athlètes
appartiennent
auxpostes
degardien
et d’arrières latéraux. Ils ont un rôle de défense :empêcher l’équipe
adverse de marquer. Agauche
et en hautdu
graphique (individus 59,13,50,22,9)
se situent les arrières centre et lespivots.
Ilsont un rôle
d’interception
et de distribution de la balle. Ils sont confrontés directementaux membres de
l’équipe
adverse. Ungrand
empanpermet
de bien tenir laballe,
un diamètre biacromial(largeur
desépaules)
élevé des’imposer;
une taille assis élevéesignifie
un centre degravité
bas donc une bonne stabilité dujoueur. Enfin,
le bas dugraphique (individus 62,39,56)
est constitué par lesailiers,
lesjoueurs
lesplus rapides.
Ils se caractérisent parl’envergure
et lalongueur
des membres inférieurs.Il existe une
légère
différence dans lareprésentation
des individus entrel’équipollence
et la similitudegéométrique (figure 3b).
Prenons parexemple
lesindividus 13 et 59. La
représentation
issue del’équipollence géométrique
lesplace
côte à côte tandis que la
représentation
de la similitude les dissocieplus
sur l’axehorizontal. Il en est de même pour l’individu 8
qui
se confond totalement avecl’individu 61 dans
l’ équipollence
etqui s’exprime
dans la similitudegéométrique.
Sinous examinons les tailles liées à ces
quatre
hand-balleurs(tableau 2),
nous constatonsque la similitude
géométrique
attire lesgrands
individus au centre du nuage depoints
et met
plus
en évidence lespetits
individus.2a. Les variables 2b. Les individus
FIGURE 2
Représentation
de laforme
sur les axes 1 et 2Méthode de
l’équipollence géométrique
Critère de taille 2
1 = stature, 2 = taille
assis,
3 = diamètrebiacromial,
4 = envergure, 5 = hauteurutilisable,
6 =longueur
des membresinférieurs,
7 =longueur
des membressupérieurs,
8 = empan
FIGURE 3
Représentation
de laforme
sur les axes 1 et 2Méthode de la similitude
géométrique
Critère de taille 2
1 = stature, 2 = taille
assis,
3 = diamètrebiacromial,
4 = envergure, 5 = hauteurutilisable,
6 =longueur
des membresinférieurs,
7 =longueur
des membressupérieurs,
8 = empan
Remarque
Notons que dans cet
exemple,
les résultats del’analyse
descorrespondances
sont
également
semblables à ceux de l’étude de la forme - critère 2(similitude géométrique).
Ceci est dû à une relativeégalité
despondérations
sur les individus.En
effet,
enA.C.P.,
les n individus ont tous mêmeimportance : -1 - 0,
015625(n
=64) alors qu’en A.F.C.,
lapondération
utilisée est la distributionmarginale
deslignes
pi. =
xi. x.. (cf remarque, paragraphe 3).
Leplus grand
handballeur de notre échantillon(n° 14)
a unpoids
p14. =0, 016865 (X 14.
=993, 6;
x..= 58915, 7)
et leplus petit (n°59)
unpoids
P59. =0, 014461 (tableau 2);
lespondérations
des autresjoueurs
variant entre ces deux valeurs
proches
de lapondération
uniforme.FIGURE 4
Représentation
dela forme
Méthode de
l’équipollence géométrique
Critère de taille 3
1 = stature, 2 = taille
assis,
3 = diamètrebiacromial,
4 = envergure, 5 = hauteurutilisable,
6 =longueur
des membresinférieurs,
7 =longueur
des membressupérieurs,
8 = empan
Conclusion
Les données contiennent
toujours
une structure inhérente au matériel étudié.Elle peut être banale comme dans l’étude de la croissance : les enfants d’un groupe
d’âge
ont une taille inférieure à ceux d’un autre groupe,plus âgés.
Elle peut être moins évidente comme parexemple
lacomparaison
de la taille de crânes de groupesethniques
différents sur la base de lalongueur antéropostérieure maximum,
de lalargeur
transverse maximum et de la hauteur du crâne.Dans tous les cas, cette structure
(facteur taille)
est éliminée en étudiant les résidus(facteur forme)
entre les valeurs observées et les valeurs modélisées. L’étudede la forme
peut
êtreappréhendée
de deuxfaçons
différentes : soit àpartir
des donnéesbrutes,
soit àpartir
desprofils.
L’exemple
traité issu d’unproblème anthropométrique
n’a pas révélé de différences trèssignificatives
entre les méthodes que ce soit pour les critères de tailleou pour le vecteur forme utilisé. Cela est dû pour une
grande part,
àl’homogénéité
de l’échantillon : un groupe de 64 handballeurs
français
de même niveau depratique sportive.
Le choix entre lesanalyses proposées
reste lié à laproblématique
dedépart.
Siune
répartition
enagrégats
estsoupçonnée,
il estpréférable
deprendre
comme facteurde
taille,
lapremière composante principale
de l’A.C.P. non centrée(critère 1).
S’il existe une tendance nonlinéaire,
comme parexemple
une relationd’allométrie,on
choisiraplutôt
leprofil
moyen(critère 2). Enfin, l’expérimentateur
peut souhaiterprivilégier
une variable(empirisme, routine,
résultatspréalables...) ; l’analyse -
critère3 est alors la
plus appropriée.
Dans le cas de
grands
écarts entre les distributionsmarginales
deslignes,
lasimilitude
géométrique
gomme cesdifférences,
et par làmême,
doit êtrepréférée
àl’équipollence
pour l’étude de la forme.Références
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