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Submitted on 1 Jan 1909
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Chatelier
C. Raveau
To cite this version:
C. Raveau. Les lois du déplacement de l’équilibre et le principe de le Chatelier. J. Phys. Theor.
Appl., 1909, 8 (1), pp.572-579. �10.1051/jphystap:019090080057200�. �jpa-00241481�
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LES LOIS DU DÉPLACEMENT DE L’ÉQUILIBRE
ET LE PRINCIPE DE LE CHATELIER(1);
Par M. C. RAVEAU.
1. Les lois du déplacement de l’équilibre sont des conséquences
du principe de Carnot.On pourrait les exprimer par des formules ma-
thématiques. L’emploi du langage ordinaire, qui a contribué beau-
coup à les vulgariser, risque de ne pas toujours présenter une clarté
ou une précision absolues. A un élève qui ignore les démonstra-
tions, on est obligé de commenter les termes de l’énoncé, dont la signification n’apparait nettement que sur des exemples.
Nous éviterons ces écueils en renversant l’exposition. Nous
noterons sur les transformations les mieux connues certaines parti- cularités, dont il nous suffira d’affirmer la généralité pour énoncer les lois. Supprimant ainsi toute obscurité au début, nous aurons
également l’avantage, comme on le verra, de nous faire sur la ques- tion des idées aussi précises que celles qui pourraient résulter d’une étude thermodynamique.
Ceci nous permettra de reconnaître en particulier que le principe
de Le Chatelier, s’il est une expression parfaitement complète et
correcte des lois du déplacement de l’équilibre, n’en est pas cepen- dant la forme unique et indispensable. Il existe d’autres formes équi- valentes, quoique bien différentes au premier abord.
Ainsi: découverte des lois du déplacement de l’équilibre par examen de propriétés bien connues ; constatation de cé qu’il y a d’essentiel dans les faits ; expressions variées de ces lois ; tel est le plan de la présente communication, où je me place uniquement au point de vue
élémentaire et, je l’espère, pédagogique.
Nous distinguerons deux cas du déplacement de l’équilibre : les
transformations (2) à température constante, avec variation de vo- lume et (en général) de pression, les transformations à pression
constante avec échanges de chaleur et (en général) variations de
température.
(1) Communication faite à la Société française de Physique : Séance du 19 mars 1909.
(’) Par transformation, nous entendons tout passage d’un état quelconque à un
autre.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:019090080057200
présentant une de r:apenr définie, isotherme que nous suppo-
serons tracée dans le plan des ABúCcD (fig. 1).
FIt:. 1.
PREMIÈRE IIFMARQUE.
-Si, partant par exemple du liquide com- primé en A, on augmente progressivement le volume qui lui est offert,
il arrive un moment oit, en B, bifurque. En continuant à augmenter le volume, on peut réaliser, à température constante, deux séries d’états, les uns stables et hétérogènes suivant BC ; les
autres stables et liomogénes en constitués par un liquide
soumis à une pression inférieure à la tension maxima.
Même bifurcation quand on se déplace à partir de D, jusqu’au
delà de C.
DEUXIÈME REMARQUE.
-Bifurcationet différence de stabilité entre les deux voies qui s’offrent équivalent à dire ceci: d’un état stable B il est possible de passer à un état également stable sur BC de deux façons : ou bien par nne succession d’états stables suivant BC, ou bien en deux temps, d’abord par une transformation moins stable Bb, puis par une traiisformation irréversible. De même à partir de C.
TROISIÉNIE REMARQUE.
-Cette notion de transl*ormation en deux temps peut s’étendre à tout point 11I de BC considéré comme point
de départ.
M est le point figuratif d’un système constitué par des masses de vapeur et de liquide respectivement proportionnelles à MB et A partir de M, on peut imaginer une transformation qui, comme B1)
et Ce, ne soit accompagnée d’aucun changement d’état. Il suffira
ponr cela de séparer les deux iluides et de leur faire subir la même,
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variation de pression isotherme (’), c’est-à-dire de faire prendre à
l’unité de masse de chacun d’eux des états représentés respective-
ment par les deux points de l’isotherme situés sur une parallèle à
l’axe des v. Le point figuratif du système divisera le segment de
cette parallèle, compris entre A h et cD, dans le rapport Il aura
pour lieu les deux parties 1B11n, Mm’ d’une même courbe. De chacun des points de mm’ on pourra revenir à un point de BC, ou même de
AB et CD, par voie isotherme irréversible.
En résumé : une transformation isotherme, conduisant d’un état stable à un état également stable par variation de la masse du
liquide et de la vapeur, peut toujours être remplacée par une trans- formation en deux temps, dans le premier temps de laquelle on en -
trave artificiellement toute modificatz"on intérieure.
Examinons maintenant deux cas particuliers de second temps.
a) Le second temps est à volume constant
Il est évident que, dans ce second temps, la variation de pression
mP est de signe contraire à celui de la variation dans le premier temp s
Mm. C’est le principe de Le Chatelier : Tout système en équilibre
stable soumis à l’action d’une cause extérieure qui tend (2) à faire
varier sa pression (à température constante) ne peut éprouver (3) que
des modifications intérieures qui, si elles se produisaient seules (" ),
amèneraient un changement de pression de signe contraire à celui résultant de la cause extérieure (énoncé primitif, 1SS.~).
C’est encore ce que nous écrirons, en attribuant les indices 1 et 2
aux deux temps:
b) Le second temps est à pression constante 1n’D.
Ici les propriétés particulières de systèmes univariants entraînent cette conséquence qu’une variation infiniment petite du volume ou
de la pression dans le premier temps détermine une variation fi- (1) Par exemple en introduisant, entre le liquide et la vapeur, enfermées dans
un même corps de pompe, un piston libre qui séparera les fluides en transmet-
tant les pressions.
(2) Cette tendance n’est pas suivie d’efl’et dans les systèmes univ,-ti-i,-Iilts.
(3) Ceci yeut dire que ces modifications sont seules possibles, mais qu’elles ne se produisent pas nécessairement.
(4) Le mot seul, dont le sens n’a pas toujours été compris, yeut dire : en dehors
de l’action de la cause extérieure. Ici c’est à volume constant.
deux variations, suivant et 1n’D soient de 1nên’le signe, cê que
nous écrirons :
Nous donnerons plus bas (~ 4~z) la traduction en langage ordinaire
de ces formules.
3. Ces deux inégalités, nous allons les retrouver dans un ordre
’
inverse, sur un autre exemple. Soitune dissolution saline en présence
de sa vapeur du dissolvant. Rappelons qu’à température constante
la tension de vapeur est fonction de’c>.oissaY1le de la concentration.
Soit M 2), le point figuratif d’un état stable du système solution-
vapeur. Nous pourrons, comme précédemment, imaginer à partir de
ce point M une transformation sans modification intérieure : nous
séparerons encore lés deux fluides par un diaphragme qui laisse la pression se transmettre et nous augmenterons la pression. Le volume
diminuera pour chacun des deux fluides, et le point figuratif se dé- placera vers m. Ce sera le premier temps.
FIG. 2.
Nous laisserons ensuite la transformation intérieure s’accomplir
en rétablissant le contact entre les deux fluides et attendant que
l’équilibre stable soit atteint.
b’~ Dans ce second temps, maintenons la pression constante. Com- ment va varier le volume ?
La pression dans l’état final A étant plus grande qu’en l~’1, l’équi-
libre stable ne peut s’établir qu’à la condition que la solution soit
plus diluée en A qu’en 1B1 et m. Comparons les deux états »i et A. La
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température et la pression sont les mêmes, la vapeur est donc dans le même état. De îît en A, il Y a eu dilution, c’est-à-dire condensa- tion d’une certaine quantité de vapeur. Cette modification intérieure
ne peut avoir pour eff’et que de diminuer le volume, qui avait déjà
diminué entre 1~I et 1a dans le premier temps. Donc comme précé-
demment :
’