1 Master Mathématiques et Applications 1
`ereannée Aix-Marseille Université Année 2014-2015
Analyse fonctionnelle. Devoir à la maison no 2
A rendre au plus tard le : 10 Décembre 2014
Dans ce problème, on se donne un ouvert
bornéde
Rd, d ≥ 1 et un 1 ≤ p < +∞. On notera p
0= p/(p −1) l’exposant conjugué de p.
On s’intéresse à un théorème de représentation des éléments du dual de l’espace L
p(Ω) analogue à ce que nous avons vu en cours pour les espaces l
pet qui s’énonce comme suit :
Pour toute forme linéaire continue Φ ∈ (L
p(Ω))
0, il existe une unique fonction g ∈ L
p0(Ω) telle que Φ(v) =
Z
Ω
gv dx, ∀v ∈ L
p(Ω), et de plus on a kΦk
(Lp)0= kgk
Lp0. (P
p) Ce résultat est vrai en toute généralité mais nous ne le montrerons que dans le cas où 1 ≤ p ≤ 2 et sur un ouvert borné.
Préliminaire
Pour un p ∈ [1, 2] et un Φ donné, démontrer l’unicité de g dans la propriété P
p. Le point délicat est donc de montrer l’existence et l’égalité des normes.
I Dual de L
2(Ω)
On commence par le cas p = 2. On se donne donc une forme linéaire Φ continue sur L
2(Ω).
Pour toute fonction v ∈ L
2(Ω), on pose J(v) = 1
2 kvk
2L2− Φ(v) ∈
R. 1. Démontrer que
J(v) ≥ − 1
2 kΦk
2(L2)0, ∀v ∈ L
2(Ω).
2. En déduire que
I
def= inf
L2(Ω)
J est un nombre fini négatif.
3. Démontrer l’existence d’une suite (u
n)
nd’éléments de L
2(Ω) telle que J(u
n) −−−→
n→∞
I. (1)
4. En utilisant l’identité du parallélogramme avec u
net u
n+pet (??), démontrer que la suite (u
n)
nest de Cauchy dans L
2(Ω).
5. En déduire que (u
n)
nconverge vers une limite notée g ∈ L
2(Ω) et que l’on a J (g) = I = inf
L2(Ω)
J.
6. Soit v ∈ L
2(Ω) quelconque. En calculant J (g + tv) pour t ∈
R, démontrer que ZΩ
gv dx = Φ(v).
En déduire que kΦk
(L2)0≤ kgk
L2.
7. Montrer enfin que I = −
12kgk
2L2et en déduire que kgk
L2≤ kΦk
(L2)0et donc que la propriété (P
2) est vraie.
F. B
OYER- V
ERSION DU15
SEPTEMBRE2015
2
II Le cas 1 < p < 2
On suppose maintenant 1 < p < 2.
1. Démontrer qu’on a l’inclusion L
2(Ω) ⊂ L
p(Ω) et l’inégalité kvk
Lp 6|Ω|
2−p
2p
kvk
L2, ∀v ∈ L
2(Ω).
2. Soit v : Ω →
Rune fonction mesurable quelconque. Pour tout n ≥ 1, on définit une fonction T
nv par T
nv(x) = max(−n, min(n, v(x))), ∀x ∈ Ω.
(a) Montrer les propriétés suivantes (un dessin peut sûrement aider) : i. T
nv ∈ L
∞(Ω) ⊂ L
2(Ω), pour tout n ≥ 1.
ii. T
nv(x) et v(x) sont de même signe, pour tout x ∈ Ω et tout n ≥ 1.
iii. |T
nv(x)|
6|v(x)| pour tout x ∈ Ω et tout n ≥ 1.
iv. lim
n→∞T
nv(x) = v(x) pour tout x ∈ Ω.
(b) Montrer que si v ∈ L
p(Ω), avec p < 2 alors (T
nv)
nconverge vers v dans L
p(Ω). En déduire que L
2(Ω) est dense dans L
p(Ω).
3. On se donne maintenant une forme linéaire continue Φ sur L
p(Ω).
(a) Montrer que la restriction de Φ à l’espace L
2(Ω) est une forme linéaire continue sur L
2(Ω). En déduire qu’il existe g ∈ L
2(Ω) telle que
Φ(v) =
ZΩ
gv dx, ∀v ∈ L
2(Ω). (2)
(b) On pose maintenant v
n= T
n|g|
p0−2g
. En utilisant le fait que (p − 1)(p
0− 1) = 1, montrer que
ZΩ
|v
n|
pdx
6 ZΩ
gv
ndx.
(c) En déduire que pour tout n ≥ 1, on a kv
nk
p−1Lp 6kΦk
(Lp)0.
(d) En utilisant le lemme de Fatou, montrer que g ∈ L
p0(Ω) et kgk
Lp0 6kΦk
(Lp)0. (e) En déduire que l’égalité (??) est encore valable pour tout v ∈ L
p(Ω).
(f) Montrer qu’on a en fait l’égalité des normes kgk
Lp0= kΦk
(Lp)0et donc que la propriété (P
p) est bien vérifiée.
III Le cas p = 1 - Facultatif
Soit Φ une forme linéaire continue sur L
1(Ω).
1. Démontrer que, pour tout 1 < p < 2, la restriction de Φ à L
p(Ω) est une forme linéaire continue sur L
p(Ω) et vérifie
kΦk
(Lp)0≤ |Ω|
1/p0kΦk
(L1)0. 2. En déduire que pour de tels p, il existe g
p∈ L
p0(Ω) telle que
Φ(v) =
ZΩ
g
pv dx, ∀v ∈ L
p(Ω), et kΦk
(Lp)0= kg
pk
Lp0. 3. Démontrer que si p
1, p
2∈]1, 2[, alors g
p1= g
p2.
On notera dorénavant g la valeur commune de toutes ces fonctions.
Par construction on a g ∈
T1<p<2
L
p0(Ω) =
T2<q<+∞
L
q(Ω).
4. Démontrer que
lim sup
q→∞