EPFL
Algèbre linéaire 1ère année 2009-2010
Corrigé de la série 17
Exercice 1. 1. Prenons une base de P, par exemple u= (0,3,2), v = (3,0,1). En ajoutant w= (0,0,1), nous obtenons une base de R3. On commence par appliquer l’algorithme de Gram-Schmidt à la base (u, v, w) de R3. On a
u1 =u/kuk= 1
√13(0,3,2) et
u2 = v− hv, u1iu1
kv− hv, u1iu1k = (3,0,1)−2/13(0,3,2)
k · · · k = 1/13(39,−6,9) 1/13√
1638 = (13,−2,3)
√2·7·13. On a span(u1, u2) = span(u, v). La liste (u1, u2)est libre car (u, v) est libre, et comme P est de dimension 2, la liste (u1, u2) est une base de P. On a donc une base orthonormée (u1, u2, u3)de R3, telle quespan(u1, u2) = P. Comme on a
ProjP(a) =ha, u1iu1 +ha, u2iu2,
pour tout a ∈ R3, où h·,·i note le produit scalaire usuel de R3, on n’a pas besoin de calculeru3. Pour la projection ProjP(a), a= (a1, a2, a3)∈R3, on obtient donc :
ProjP(a) = 3a2+ 2a3
13 (0,3,2) + 13a1−2a2+ 3a3
2·7·13 (13,−2,3)
=
13a1−2a2+ 3a3
14 ,−a1+ 5a2+ 3a3
7 ,3a1+ 6a2+ 5a3
14
= 1
14(13a1−2a2+ 3a3,−2a1+ 10a2+ 6a3,3a1+ 6a2+ 5a3).
La matrice de cette application linéaire par rapport à la base canonique deR3 est donnée par
1 14
13 −2 3
−2 10 6
3 6 5
.
2. Si a(2,0,0) + b(0,−1,2) +c(0,2,1) = (0,0,0), alors a = b = c = 0. B est donc libre.
Comme F3 est de dimension 3, c’est donc bien une base de F3. On considère le produit scalaire φ : F3 ×F3 défini par φ(v, w) = 14v1w1 + 15v2w2 + 15v3w3 pour v = (v1, v2, v3), w= (w1, w2, w3)∈F3. La base((2,0,0),(0,−1,2),(0,2,1)) est une base orthonormale de F3 muni du produit scalaireφ (on a défini le produit scalaire généralisé à poidsφ de façon à ce que cela soit le cas).
D’après un théorème du cours, on trouve donc
[v]B=
φ(v,(2,0,0)) φ(v,(0,−1,2))
φ(v,(0,2,1))
=
1 2v1
1
5(−v2+ 2v3)
1
5(2v2+v3)
.
1
3. Soit (v1, . . . , vn) une liste liée dans un F-espace vectorielV muni d’un produit scalaire φ.
Attention : L’algorithme de Gram–Schmidt n’est pas défini pour cette situation, mais on peut se demander ce qui se passerait si on essayait de l’appliquer à cette liste.
Soit i ∈ {1, . . . , n} minimal tel que vi ∈ span(v1, . . . , vi−1). Si on applique l’algorithme de Gram–Schmidt à la liste (v1, . . . , vn), on va commencer par obtenir une nouvelle base orthonormée (u1, . . . , ui−1) de span(v1, . . . , vi−1), puisque (v1, . . . , vi−1) est libre. D’après le cours, comme vi ∈ span(v1, . . . , vi−1) = span(u1, . . . , ui−1), on a vi = Pi−1
j=1φ(vi, ui)ui. Si on continuait àppliquer l’algorithme à notre liste, on obtiendrait donc
vi−
i−1
X
j=1
φ(vi, ui)ui = 0
à lai-ème étappe de l’algorithme. Ce vecteur pose problème, on le laisse donc de côté (on ne va pas pouvoir le diviser par sa norme !).
En continuant avec vi+1, on va obtenir ou bien 0si vi+1 ∈span(v1, . . . , vi−1), ou bien une nouvelle liste(u1, . . . , ui−1, ui+1)libre et telle quespan(u1, . . . , ui−1, ui+1) = span(v1, . . . , vi+1).
En continuant de cette manière, on est obligé de laisser de côté les vecteurs qui sont déjà dans le span des précédents. On obtient donc finalement une base orthonormale de span(v1, . . . , vn); on a en fait appliqué le lemme du vecteur superflu à chaque fois que le vecteurvk était un élément de span(v1, . . . , vk−1).
Exercice 2. 1. Appliquons Gram–Schmidt à la base (1, X, X2)de P2(R): p0 = 1
k1k = 1
√2 p1 = X−φ(X, p0)p0
kX−φ(X, p0)p0k = X kXk =
r3 2X p2 = X2 −φ(X2, p0)p0−φ(X2, p1)p1
kX2 −φ(X2, p0)p0−φ(X2, p1)p1k = X2−φ(X2,1)12 −φ(X2, X)32X k · · · k
= X2 −13
kX2 −13k = 3√ 5 2√
2(X2− 1 3) Nous avons utilisé :
φ(1,1) = Z 1
−1
dx=x|1−1 = 2, φ(X,1) = Z 1
−1
xdx= 0, φ(X, X) =
Z 1
−1
x2dx= x3
3 |1−1 = 2 3, φ(X2,1) =
Z 1
−1
x2dx= 2
3, φ(x2, x) = Z 1
−1
x3dx= 0, φ(X2, X2) = Z 1
−1
x4dx = 2 5 kX2− 1
3k2 =φ(X2, X2)− 2
3φ(X2,1) + 1
9φ(1,1) = 8 45
2. On a P1(R) = span(p0, p1). L’espace P1(R)⊥ est de dimension 1. Comme (p0, p1, p2) est une base orthonormale de P2(R), on a φ(p0, p2) =φ(p1, p2) = 0 et donc 06=p2 ∈P1(R)⊥ (voir par exemple l’exercice 1.5 de la série 16). On a donc P1(R)⊥= span(p2), et comme φ(p2, p2) = 1, ceci est une base orthonormale de P1(R)⊥.
2
3. On applique l’algorithme de Gram-Schmidt à la base (1, X, X2) deP2(C) : p0 = 1
k1k = 1
√3
p1 = X−ψ(X, p0)p0
kX−ψ(X, p0)p0k = X−ψ(X,1)· √13 · √13
kX−ψ(X, p0)p0k = X−1
kX−1k = 1
√2(X−1) p2 = X2−ψ(X2, p0)p0−ψ(X2, p1)p1
kX2−ψ(X2, p0)p0−ψ(X2, p1)p1k = X2−ψ(X2,1)13 −ψ(X2, X −1)12(X−1) k · · · k
= X2−53 −2(X−1)
k · · · k = X2−2X+13 k · · · k =
√3 X2−2X+13
√2 .
On a utilisé :
ψ(1,1) = 3, ψ(1, X) = 0 + 1 + 2 = 3, ψ(X−1, X −1) = 1 + 0 + 1 = 2, ψ(1, X2) = 0 + 1 + 4 = 5, ψ(X2, X −1) = 0 + 0 + 4 = 4,
ψ
X2−2X+ 1
3, X2−2X+ 1 3
= 1 9+ 4
9+ 1 9 = 2
3. Comme dans la question précédente, on trouve P1(C)⊥ = span
√
3(X2√−2X+13)
2
. 4. D’après un théorème du cours, on trouve donc
[2X2−1]C=
ψ
2X2−1,√13
ψ
2X2−1,√1
2(X−1) ψ
2X2−1,
√3(X2−2X+13)
√2
=
−√1
3 +√13 +√73
√1
2 + 0 +√72
−√1
6 − √2
6 +√7
6
=
√7 3
4√ 2
2√
√2 3
,
et
[iX+ 3]C =
ψ
iX+ 3,√1
3
ψ
iX+ 3,√1
2(X−1) ψ
iX+ 3,
√
3(X2√−2X+13)
2
=
√3 + i+3√
3 + 2i+3√
3
−√32 + 0 +2i+3√2
√3
6 −2(i+3)√
6 +2i+3√
6
=
√3i+ 3√
√ 3 2i 0
.
Exercice 3. 1. On calcule
hei,eji=h(δni)n∈N,(δnj)n∈Ni=
∞
X
n=0
δinδjn=δji.
2. Si la suite(an)n∈Nest un élément deU, alors(an)n∈Npeut être écrite comme combinaison linéaire finie d’éléments de U;
(an)n∈N = (a0, a1, . . .) =
N
X
i=1
αieni,
avec α1, . . . , αN ∈ R et n1, . . . , nN ∈ N. D’après la définition des suites ei, i ∈ N, on obtient am = 0 pour tout m > N.
3
Réciproquement si(an)n∈N∈`2(N) est telle queam = 0 pour toutm > N, on peut écrire (an)n∈N =
N
X
i=0
aiei, et(an)n∈N est un élément de U.
La suite a := 1,12,13, . . .
est un élément de `2(N) car P∞ i=1
1
i2 converge de manière absolue. Mais d’après la caractérisation des éléments de U vue ci-dessus, a6∈U. Donc U est un sous-espace propre de `2(N).
3. Soit (an)n∈N ∈ U⊥ ⊆`2(N). On a alors en particulier 0 =h(an)n∈N,eji pour tout j ∈ N. Mais cela donne
0 =
∞
X
i=0
aiδji =aj
pour tout j ∈ N. La suite (an)n∈N est donc la suite nulle, et on obtient U⊥ = {0}. Par conséquent, on a U⊕U⊥ =U (`2(N) d’après le point précédent.
Exercice 4. 1. On a montré dans l’exercice 1 de la série 16 que U⊥ +W⊥ ⊆ (U ∩W)⊥. SiV est de dimension finie, on peut montrer l’autre inclusion. On pose n= dimV. Pour montrer que U⊥+W⊥ = (U ∩W)⊥, il suffit maintenant de voir que les dimensions des deux sous-espaces sont égales. Calculons-les :
dim(U⊥+W⊥) = dim(U⊥) + dim(W⊥)−dim(U⊥∩W⊥)
= (n−dim(U)) + (n−dim(W))−dim (U +W)⊥
= 2n−dim(U)−dim(W)−(n−dim(U +W))
=n−dim(U∩W) = dim((U∩W)⊥).
Pour la deuxième égalité, on a utilisé l’égalité U⊥∩W⊥ = (U+W)⊥ (voir l’exercice 1 de la série 16). Nous avons aussi utilisé plusieurs fois les formules
dim(U1+U2) + dim(U1 ∩U2) = dim(U1) + dim(U2)
et U1 ⊕U1⊥ = V qui sont valables pour tous sous-espaces U1, U2 de V car V est de dimension finie.
2. On a vu dans l’exercice 3 que U⊥ = {0}. On sait aussi que W ∩ U = {0}, car on a (an)n∈N ∈ W ∩U, si et seulement si on a à la fois (an)n∈N = α· 1,12,14, . . .
et il existe N ∈Ntel quean= 0pour toutn > N. Cela donneα = 0et donc(an)n∈N= 0. On obtient par conséquent (U ∩W)⊥ ={0}⊥ =`2(N). Comme a 6∈W⊥, on a aussi W⊥ (`2(N), et donc W⊥+U⊥ =W⊥ (`2(N) = (U ∩W)⊥.
4