MPSI B 1
erseptembre 2019
Énoncé
Dans ce problème
1, n désigne un entier naturel. Pour toute matrice A ∈ M
n( R ) , le polynôme caractéristique de la matrice A (noté P
A) est le polynôme associé à la fonction x → det(xI
n− A) de R dans R.
Partie I. Coecients du polynôme caractéristique
1. Calculer les polynômes caractéristiques des matrices suivantes :
0 0 0 −a 1 0 0 −b 0 1 0 −c 0 0 1 −d
,
0 a b
−a 0 c
−b −c 0
2. Soit A ∈ M
n( R ) , préciser le degré de P
A, son coecient dominant, le coecient du terme de degré n − 1 et le coecient du terme de degré 0.
3. Pour i entre 1 et n , on note X
i∈ M
n,1( R ) la colonne dont tous les coecients sont nuls sauf celui d'indice i qui vaut 1.
a. Montrer que pour B ∈ M
n( R ) et h réel, le coecient de h dans le développement de det(hI
n+ B) est tr(
tCom B) .
b. En déduire le coecient du terme de degré 1 dans P
A.
Partie II. Théorème de Cayley-Hamilton
Dans cette partie et la suivante, A ∈ M
n( R ) est xée et on note P au lieu de P
Aavec
P = P
A= X
n+ a
1X
n−1+ a
2X
n−2+ · · · + a
n−1X + a
net a
0= 1 On dénit aussi, pour tout x réel, la matrice C(x) par
C(x) =
tCom(xI
n− A)
1. Soit B
0, B
1, · · · , B
ndes matrices dans M
n( R ) telles que, pour une innité de x réels, B
0+ xB
1+ · · · + x
nB
n= 0
Mn(R)Montrer que B
0, B
1, · · · , B
nsont nulles. En déduire un principe d'identication à for- muler clairement.
1d'après Ec Sup d'Ingénieurs de Marseille Math 2 M 1990
2. Montrer qu'il existe des matrices C
0, C
1, · · · , C
n−1∈ M
n( R ) telles que C(x) = C
0+ xC
1+ · · · + x
n−1C
n−13. Montrer les relations suivantes
C
n−1= I
nC
n−2− C
n−1A = a
1I
nC
n−3− C
n−2A = a
2I
n...
C
0− C
1A = a
n−1I
n−C
0A = a
nI
n4. a. Exprimer C
n−1, C
n−2, · · · , C
1, C
0en fonction de A . b. Prouver le théorème de Cayley-Hamilton c'est à dire
A
n+ a
1A
n−1+ · · · + a
n−1A + a
nI
n= 0
Mn(R)Partie III. Application aux matrices nilpotentes
1. a. Écrire le développement de P(x + h) suivant les puissances de h à l'aide de la formule de Taylor.
b. Montrer que P
0(x) = tr(C(x)) .
2. Montrer que tr(C
j) = (j + 1) a
n−j−1pour tous les j entre 1 et n − 1 . 3. Montrer que tr(A) = tr(A
2) = · · · = tr(A
n) = 0 implique A
n= 0
Mn(R).
Cette création est mise à disposition selon le Contrat
Paternité-Partage des Conditions Initiales à l'Identique 2.0 France disponible en ligne http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/fr/
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Rémy Nicolai AcayleyhMPSI B 1
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Corrigé
Partie I. Coecients du polynôme caractéristique
1. Pour calculer le premier déterminant, on le développe suivant la dernière colonne, chaque déterminant 3 × 3 qui apparaît est triangulaire :
P
A(x) = −a
−1 x 0
0 −1 x
0 0 −1
+ b
x 0 0
0 −1 x
0 0 −1
− c
x 0 0
−1 x 0
0 0 −1
+ (x + d)
x 0 0
−1 x 0
0 −1 x
= x
4+ dx
3+ cx
2+ bx + a
Je connais pas d'astuce pour calculer le deuxième déterminant. En développant suivant la première colonne, on obtient
P
A(x) = x(x
2+ c) − a(−ax + bc) + b(ac + xb) = x(x
2+ a
2+ b
2+ c
2)
2. Le déterminant d'une matrice n × n est une somme de produits. Chaque produit est formé de n facteurs. Les coecients diagonaux de la matrice sont de degré 1 en x tous les autres sont de degré 0. Le polynôme P est donc de degré n au plus. En fait, le degré d'un produit intervenant dans la somme est le nombre de termes diagonaux qu'il contient (c'est à dire le nombre de points invariants de la permutation dénissant ce produit). Il est impossible qu'un produit contienne n − 1 termes diagonaux car il doit y avoir un terme par colonne et par ligne. Ainsi, seul le produit de tous les termes diagonaux contribue aux degrés n et n − 1 . Les coecients de x
net de x
n−1dans P
Aviennent donc de
(x − a
1 1)(x − a
2 2) · · · (x − a
n n)
Le coecient dominant de P
Aest 1, celui du terme de degré n − 1 est − tr(A) . 3. a. Utilisons la multilinéarité du déterminant pour développer det(hI
n+ B) . En no-
tant C
1, C
2, · · · , C
nles colonnes de B , on obtient :
det(hI
n+ B) = det(C
1+ hX
1, C
2+ hX
2, · · · , C
n+ hX
n)
= det(C
1, C
2, · · · , C
n)
+ h (det(X
1, C
2, · · · , C
n) + det(C
1, X
2, · · · , C
n) + · · · + det(C
1, C
2, · · · , X
n)) + h
2(· · · ) + · · ·
Considérons det(C
1, · · · , X
i, · · · , C
n) où X
ivient remplacer seulement la i -ème colonne. En développant ce déterminant justement suivant la i -ème colonne, il apparait égal au terme i, i de Com(B) ou de
tCom(B) . On en déduit que le coecient de h dans det(hI
n+ B) est tr (
tCom(B)) .
b. La question précédente s'applique en écrivant P
A(x) = det(xI
n− (−B)) , le coef- cient de x est donc
tr(
tCom(−A)) = (−1)
n−1tr(
tCom(A))
Le facteur (−1)
n−1s'explique car chaque terme de
tCom(A) est un déterminant de taille (n − 1) × (n − 1) .
Partie II. Théorème de Cayley-Hamilton
1. Chaque terme de la matrice B
0+ xB
1+ · · · + x
nB
nest une expression polynomiale à coecients réels. Si une telle expression s'annule pour une innité de valeurs de x , le polynôme associé est nul. Ainsi, pour chaque couple (i, j) , tous les termes i, j de toutes les matrices B
ksont nuls. On peut formuler ce principe sous la forme suivante.
Si deux expressions polynomiales d'une variable x réelle et à coecients matriciels sont égales pour une innité de valeurs de x , on peut identier terme à terme tous les coecients matriciels.
2. Chaque terme de la matrice Com(xI
n− A) est un déterminant n − 1 × n − 1 formé avec des termes de xI
n− A . C'est donc un polynôme en x de degré au plus n − 1 . En décomposant en une somme de matrices telles qu'un x
kse factorise dans chaque, on obtient l'existence des matrices C
0, C
1, · · · , C
n−1.
3. On sait d'après le cours sur le déterminant (formules de Cramer) que C(x)(xI
n− A) = P
A(x)I
nD'autre part,
C(x)(xI
n− A) = C
0+ xC
1+ · · · + x
n−1C
n−1(xI
n− A)
= −AC
0+ x(C
0− C
1A) + x
2(C
1− C
2A) + · · · + x
n−1(C
n−2− C
n−1A) + x
nA
et P
A(x)I
n= a
nI
n+ xa
n−1I
n+ · · · + x
n−1a
1I
n. Le principe d'identication de la
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Rémy Nicolai AcayleyhMPSI B 1
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question II 1. prouve alors les relations demandées.
C
n−1= I
nC
n−2− C
n−1A = a
1I
nC
n−3− C
n−2A = a
2I
n...
C
0− C
1A = a
n−1I
n−C
0A = a
nI
n4. a. Les relations précédentes permettent de calculer C
n−1, Cn − 2, · · · . On trouve
C
n−1= I
n, C
n−2= A + a
1I
n, C
n−3= A
2+ a
1A + a
2I
n,
· · · , C
2= A
n−3+ a
1A
n−4+ · · · + a
n−3I
n,
C
1= A
n−2+ a
1A
n−3+ · · · + a
n−2I
n, C
0= A
n−1+ a
1A
n−2+ · · · + a
n−1I
nb. En reportant l'expression de C
0dans la dernière relation, on obtient le théorème de Cayley-Hamilton.
A
n+ a
1A
n−1+ · · · + a
n−1A + a
nI
n= 0
Mn(R)Partie III. Application aux matrices nilpotentes
1. a. La formule de Taylor pour un polynôme de degré n donne P (x + h) = P(x) + hP
0(x) + · · · + P
n(x)
n! h
nb. La question précédente fournit une expression de h dans le développement de P(x + h) . En écrivant P(x + h) = det (hI
n+ (xI
n− A)) , on déduit
P
0(x) = tr(
tCom(xI − A)) = tr(C(x))
2. Exprimons la trace de C(x) à l'aide de C(x) = C
0+ xC
1+ · · · + x
n−1C
n−1. Il vient par linéarité :
tr(C(x)) = tr(C
0) + x tr(C
1) + · · · + x
n−1tr(C
n−1)
D'autre part, tr(C(x)) = P
0(x) = nx
n−1+ (n − 1)a
1x
n−2+ · · · + a
n−1. En identiant les deux expressions polynomiales de cette trace, on obtient
tr(C
0) = a
n−1, · · · , tr(C
n−2) = (n − 1)a
1, tr(C
n−1) = n soit tr(C
j) = (n − j)a
n−j−1pour j entre 1 et n − 1 .
3. Supposons tr(A) = tr(A
2) = · · · = tr(A
n) = 0 . Les expressions des C
ien fonction des puissances de A trouvées en II 4a. montrent que
tr(C
0) = n, tr(C
n−2) = na
1, tr(C
n−3) = na
2, · · · ,
tr(C
1) = na
n−2, tr(C
0) = na
n−1D'après les relations de III 2.,
(n − 1)a
1= na
1, (n − 2)a
2= na
2, · · · , a
n−1= na
n−1⇒ a
1= a
2= · · · = a
n−1= 0 et le théorème de Cayley-Hamilton entraîne A
n= 0
Mn(R).
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