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Les points d'ancrage d'un territoire à la dérive, visions plurielles d'un espace municipal au Mexique

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

HAL Id: halshs-00463474

https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00463474

Submitted on 15 Mar 2010

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Les points d’ancrage d’un territoire à la dérive, visions

plurielles d’un espace municipal au Mexique

Odile Hoffmann

To cite this version:

Odile Hoffmann. Les points d’ancrage d’un territoire à la dérive, visions plurielles d’un espace mu-nicipal au Mexique. Paul Claval et Singaravelou. Ethnogéographies, L’Harmattan, pp.201-225, 1995. �halshs-00463474�

(2)

1995‐
 
 Les
 points
 d?ancrage
 d’un
 territoire
 à
 la
 dérive,
 visions
 plurielles
 d?un
 espace
 municipal
 au
 Mexique?,
 pp201‐225
 dans
 P.Claval
 et
 Singaravelou
 (sous
 la
 direction
 de),
 Ethnogéographies,
 L’Harmattan,
370p.
 
 
 
 "Les
points
d'ancrage
d'un
territoire
à
la
dérive
:
visions
plurielles
d'un
espace
municipal
au
Mexique"
 
 
 
 Odile
Hoffmann
 géographe
ORSTOM‐CREDAL
 décembre
1991
 
 
 
 Dans
la
sierra
madre
orientale
du
Mexique
comme
ailleurs
en
Amérique
Latine,
l'histoire
du
territoire
 est
une
histoire
violente,
faite
de
conflits
souvent
sanglants,
de
spoliations
répétées,
d'invasions,
de
 soumissions,
de
rébellions
et
de
fuites
devant
le
conquérant
étranger.
Les
évènements
significatifs
à
 cet
égard
furent
nombreux
et
d'importance
variable
:
l'irruption
des
conquistadors
en
1519,
l'arrivée
 des
évangélisateurs
quelques
décennies
plus
tard,
l'intégration
administrative
et
politique
au
royaume
 de
la
Nouvelle
Espagne
au
XVIIème
siècle,
la
colonisation
agricole
des
marges
montagneuses
par
les
 espagnols
ou
créoles
aux
XVIII
et
XIXèmes
siècles,
et
le
nouveau
peuplement
des
montagnes
au
XXème
 siècle,
conséquence
de
la
Révolution
et
de
la
répartition
des
terres
aux
paysans.

 


A
 chaque
 étape,
 les
 nouveaux
 venus
 cherchent
 à
 s'approprier
 tout
 ou
 partie
 du
 territoire,
 matériellement,
politiquement
ou
symboliquement.
Les
visions
du
territoire,
son
existence
même,
les
 connaissances
 agricoles,
 rituelles
 ou
 religieuses
 qui
 s'y
 rattachent
 se
 modifient
 dès
 lors
 au
 cours
 du
 temps,
résultantes
de
compromis
ou
de
conflits
plus
ou
moins
déclarés
et
"gagnés"
par
les
uns
ou
les
 autres.



On
 prendra
 trois
 exemples,
 trois
 étapes
 représentatives
 des
 phénomènes
 d'aliénation
 connus
 dans
 l'ensemble
du
Mexique
:
l'étape
indienne,
avant
ou
après
la
conquête
mais
liée
à
une
société
encore
 forte
et
capable
de
revendiquer
son
identité
indienne
;
l'étape
des
colons
et
la
nouvelle
conception
du
 monde
 et
 de
 l'espace
 (notamment
 l'espace
 utile)
 importée
 de
 l'occident
 ;
 l'étape
 actuelle,
 d'une
 société
locale
métisse
très
hétérogène,
hiérarchisée,
diverse
et
encore
mal
définie
dans
ses
principes
 et
ses
"points
d'ancrage"
socio‐culturels.



On
 suivra
 ainsi
 le
 fil
 de
 la
 "dérive"
 d'un
 territoire
 qui
 était
 socialement
 et
 culturellement
 cohérent,
 continu
 et
 limité,
 connu
 et
 nommé,
 contrôlé
 et
 utilisé
 sinon
 collectivement
 du
 moins
 par
 une
 collectivité
‐communauté‐,
vers
un
espace
éclaté
qui
tend
à
perdre
de
sa
légitimité
culturelle
et
à
ne
 devenir
qu'une
portion
d'espace
de
gestion
administrative
et
politique.


Existe‐t‐il
 des
 "points
 d'ancrage"
 qui
 seraient
 liés
 au
 territoire
 lui‐même
 et
 qui
 auraient
 traversé
 les
 époques
à
peu
près
intacts?
ou
au
contraire
chaque
étape
est‐elle
génératrice
de
sa
propre
vision
qui
 "écrase"
les
autres
en
les
oblitérant?



 


(3)

Le
 corpus
 d'analyse
 est
 hétérogène,
 avec
 des
 sources
 archéologiques,
 ethnogéographiques
 et
 bibliographiques,
revues
sous
l'angle
d'une
lecture
de
l'espace.
Il
ne
s'agit
en
tout
état
de
cause
que
 d'un
 essai
 d'interprétation,
 un
 modèle
 à
 critiquer,
 compléter
 ou
 infirmer
 ultérieurement.
 Mais
 il
 a
 semblé
intéressant
de
participer,
de
cette
façon,
au
débat
sur
les
concepts
de
territoires
et
de
réseaux,
 que
l'on
oppose
souvent
alors
qu'ils
me
semblent
différents,
et
parfois
complémentaires.
 
 
 L'étude
porte
sur
l'ancien
territoire
indien
de
Xicochimalco,
aujourd'hui
municipe
(équivalent
grossier
 de
la
commune
française)
de
Xico,
dans
la
sierra
madre
orientale
au
Mexique.
Si
le
territoire
municipal
 est
"depuis
toujours"
clairement
circonscrit,
limité
par
les
rivières
Huehueyapan
et
Xoloapan,
depuis
 leurs
sources
sous
le
Cofre
de
Perote
jusqu'à
leur
confluent
30
km
en
aval,
son
contenu
a
en
revanche
 été
considérablement
modifié,
exploité,
transformé,
utilisé
de
manière
souvent
contradictoire
par
les
 diverses
catégories
d'habitants
ou
d'utilisateurs
de
cet
espace.

 


La
 diversité
 des
 rythmes
 et
 des
 modalités
 de
 transformation
 est
 accentuée
 par
 la
 grande
 variété
 agroécologique
de
cet
espace,
qui
couvre
une
superficie
de
176
km²
depuis
les
terres
froides
à
plus
de
 3000
 mètres
 d'altitude
 à
 l'Ouest,
 jusqu'aux
 terres
 chaudes
 situées
 à
 l'Est,
 à
 700
 mètres
 d'altitude
 environ
 (cf.
 figure
 1).
 Très
 schématiquement,
 la
 zone
 basse
 du
 municipe,
 tôt
 colonisée
 par
 les
 espagnols,
 est
 dans
 les
 premiers
 temps
 de
 la
 colonisation
 le
 siège
 de
 grands
 domaines
 dédiés
 à
 la
 culture
 de
 la
 canne
 à
 sucre,
 avec
 emploi
 de
 main
 d'oeuvre
 indigène
 servile
 mais
 non
 esclave.
 Au
 contraire,
les
zones
hautes
restent
longtemps
inexploitées
par
les
colons
et
deviennent
zone
de
refuge
 pour
 les
 communautés
 indiennes
 qui
 pratiquent
 une
 agriculture
 à
 base
 de
 maïs
 et
 haricot,
 tout
 en
 ayant
recours
au
travail
salarié
en
période
de
pointe,
lors
de
la
récolte
de
la
canne
à
sucre
notamment.
 Entre
les
deux,
un
espace
moins
peuplé
est
progressivement
gagné
à
l'élevage
bovin
de
type
extensif,
 exclusivement
contrôlé
par
les
espagnols
ou
riches
créoles.
Après
l'indépendance
en
1821
et
depuis
 lors,
d'autres
changements
considérables
sont
intervenus,
notamment
à
la
fin
du
XIXème
siècle
avec
 l'introduction
du
café
et
au
début
du
XXème
avec
la
Réforme

 agraire
et
les
répartitions
de
terres
aux
paysans,
mais
l'opposition
est
toujours
restée
nette
entre
les
 trois
zones
ou
étages
cités
ci‐dessus.
 
 
 
 
 A‐
La
conception
indienne
de
l'espace
:
les
lieux
et
les
dieux
 
 A‐1
Un
territoire
aux
centres
multiples
 


Le
 territoire
 de
 Xicochimalco,
 délimité
 par
 des
 rivières
 et
 une
 montagne,
 est
 entouré
 d'autres
 "territoires"
indiens,
notamment
ceux
d'Ixhuacan
au
Sud
et
de
Coatepec
au
Nord.
Territoires,
plus
que
 terroirs
 ou
 finages,
 dans
 le
 sens
 où
 ils
 correspondaient
 à
 des
 espaces
 défendus
 militairement
 et
 opposés
 les
 uns
 aux
 autres,
 quitte
 à
 s'allier
 dans
 des
 moments
 cruciaux.
 C'est
 ainsi
 que
 tous
 témoignent
 solidairement
 avec
 Xico
 lors
 des
 négociations
 de
 souveraineté
 territoriale
 de
 ce
 dernier
 avec
les
autorités
espagnoles,
dès
1542
(AGN,
Ramo
Tierras
1348).


Cependant
plus
qu'une
étendue,
l'espace
indien
est
d'abord
construit
autour
de
"centres"
marqués
par
 des
lieux,
le
plus
souvent
des
collines
ou
des
montagnes,
réparties
sur
l'ensemble
du
territoire.


(4)

"Principe
 organisateur
 de
 relations
 entre
 les
 positions
 des
 lieux
 mais
 aussi
 entre
 les
 positions
 des
 groupes,
 la
 hauteur
 peut
 prêter
 ses
 figures
 à
 la
 problématique
 du
 centre.
 En
 effet
 si
 l'on
 accepte
 l'analyse
de
Mircea
Eliade,
la
première
étape
dans
la
définition
du
centre
serait
la
sacralisation
d'une
 montagne
 particulière
 considérée
 comme
 centre
 du
 monde,
 en
 tant
 que
 la
 montagne‐sacrée‐centre
 permet
d'établir
la
liaison
entre
le
ciel
et
la
terre.
Avec
la
montagne
sacrée
se
trouve
ainsi
assurée
une
 série
de
relations
et
d'identités
:
la
montagne
est
haute,
le
haut
est
sacré,
le
centre
est
haut,
le
haut
est
 une
 intersection
 entre
 le
 ciel
 et
 la
 terre,
 le
 centre
 est
 cette
 intersection,
 ce
 noyau
 d'associations
 autorisant
ensuite
plusieurs
types
de
configurations
centrales"
(F.Paul‐Levy,
M.Segaud
1983,
p73).
 
 
 La
dimension
sacrée
du
centre
est
associée
à
un
jeu
d'opposition
haut/bas,
où
le
centre
unit
la
terre
 aux
mondes
d'en
haut
et
aux
mondes
d'en
bas
(cf.
R.Noriega
1987).
Ce
complexe
du
centre,
du
haut
et
 du
bas
est
au
coeur
même
de
l'oeuvre
de
Mircea
Eliade,
qui
débute
son
livre
sur
l'histoire
des
religions
 par
 ces
 mots
 :
 "l'espace
 est
 organisé
 en
 une
 structure
 inaccessible
 aux
 pré‐hominiens
 :
 en
 quatre
 directions
horizontales
projetées
à
partir
d'un
axe
central
"haut"‐"bas"...
Cette
expérience
de
l'espace
 orienté
 autour
 d'un
 "centre"
 explique
 l'importance
 des
 divisions
 et
 des
 répartitions
 exemplaires
 des
 territoires,
des
agglomérations
et
des
habitations,
et
leur
symbolisme
cosmologique"
(M.Eliade,
1976,
 p13).


Par
ailleurs
on
retrouve
le
rôle
du
binôme
haut/bas
dans
d'autres
cultures
indiennes,
notamment
dans
 les
Andes
:
"la
distinction
entre
quechua
et
puna
est
l'une
des
formes
d'une
opposition
plus
générale
 entre
 les
 catégories
 de
 "bas"
 et
 de
 "haut"
 qui
 est
 fondamentale
 dans
 la
 cosmogonie
 indigène
 des
 paysans
de
la
vallée"
(A.Molinie‐Fioravanti,
in
F.Paul‐Levy
et
M.Segaud
1983).



Il
 n'y
 a
 pas
 un
 mais
 plusieurs
 centres
 ;
 le
 territoire
 est
 un
 maillage
 de
 points
 forts,
 de
 centres
 hiérarchisés
d'inégale
importance
mais
en
général
sans
correspondance
directe
avec
leur
importance
 physique
:
le
plus
haut
volcan
par
exemple
(le
Cofre
de
Perote
à
4280m.)
n'est
qu'un
parmi
les
centres
;
 les
 principaux
 se
 trouvent
 à
 des
 altitudes
 moindres
 mais
 mieux
 placés
 "stratégiquement"
 et
 "cosmiquement",
c'est‐à‐dire
plus
aptes
à
réfléchir
un
certain
ordre
du
monde.

 
 Ces
centres
sont
en
général
des
collines
ou
des
montagnes
;
certains
furent
habités
et
cultivés
(Xico
 Viejo),
d'autres
furent
le
siège
de
constructions
cérémonielles
dont
témoignent
des
restes
de
colonnes
 colossales
(Chapa,
Xico
chiquito),
d'autres
n'abritent
apparemment
aucun
vestige
matériel
mais
sont
 systématiquement
mentionnés
dans
les
récits
et
légendes
des
anciens.
 D'après
les
témoignages
des
premiers
conquistadors,
dont
Hernan
Cortès
en
personne
qui
passa
par
 Xico
en
1519,
le
centre
principal
d'alors
était
la
montagne
de
Yoticpac
(actuel
Xico
Viejo),
forteresse
 guerrière
en
même
temps
que
centre
cérémoniel
et
probablement
centre
de
peuplement.
Une
demi
 douzaine
 de
 hameaux
 ("aldeas")
 étaient
 disséminés
 aux
 alentours
 et
 en
 aval
 :
 peut‐être
 des
 campements
 autour
 des
 parcelles
 de
 culture,
 peut‐être
 également
 des
 "branches"
 plus
 ou
 moins
 autonomes
du
centre,
comme
semble
le
penser
R.Noriega
(1987)
qui
reprend
les
annotations
laissés
 par
un
ancien
"sage"
de
Xico.
Ce
dernier
fait
allusion
à
"l'union
des
indiens
toltèques,
quimixtèques
et
 ceux
de
Nenetlan,
Yoticpac
et
Xico
chiquito"
(actuels
lieux‐dits
autour
de
Xico)
lors
de
la
fondation
de
 l'actuel
Xico,
vers
1550.
Plus
que
d'un
groupe,
le
territoire
de
Xicochimalco
serait
celui
d'un
ensemble
 de
groupes,
chacun
s'identifiant
à
un
lieu
spécifique.
Il
y
aurait
un
réseau,
dominé
par
l'un
des
centres,
 Xicochimalco,
mais
constitué
d'autres
points
forts
qui
tous
cependant
se
reconnaissent
dans
un
espace
 fini
et
limité
:
le
territoire
de
Xico.
 
 


(5)

A‐2
 "La
 relation
 à
 l'espace
 est
 ainsi
 (...)
 universellement
 garante
 de
 la
 particularité
 des
 identités"
 (F.Paul‐Levy,
M.Segaud
1983)


A
chaque
"centre"
ou
"point
fort"
n'est
pas
associée
une
portion
précise
du
territoire,
mais
l'ensemble
 du
maillage
couvre
l'ensemble
du
territoire
de
Xicochimalco.



Ce
 réseau
 hiérarchisé
 est
 à
 son
 tour
 relié
 aux
 centres
 et
 réseaux
 voisins,
 à
 travers
 des
 relations
 réciproques
 centre
 à
 centre,
 relations
 parfois
 "matérialisées"
 mythiquement
 par
 des
 émanations
 de
 gaz
 ou
 des
 échappements
 de
 fumée
 qui
 marqueraient
 les
 relations
 souterraines
 entre
 montagnes‐ centres.
 
 Circonscrit,
de
superficie
et
limites
connues
et
défendues,
le
territoire
n'en
est
pas
pour
autant
fermé
 aux
influences
extérieures.
Au
contraire,
il
se
définit
par
sa
place
dans
un
double
réseau
plus
vaste
:
un
 réseau
régional
d'une
part,
en
relation
avec
les
centres
et
territoires
voisins,
un
réseau
cosmique
et
 magique
d'autre
part,
qui
assure
l'intégration
de
l'habitant‐du‐lieu
à
la
communauté
des
humains
d'ici
 et
d'ailleurs.
La
relation
aux
lieux,
fondement
de
l'identité,
est
en
même
temps
le
cordon
ombilical
qui
 unit
l'individu
à
la
société
et
à
ses
origines
divines
et
terrestres.
Si
le
territoire
est
profane,
les
centres
 ou
noeuds
des
réseaux
sont,
eux,
sacralisés.
Il
n'y
a
pas
antinomie
ou
contradiction
entre
réseau
et
 territoire,
entre
sacré
et
profane,
entre
lieux
et
étendues
;
les
uns
prolongent
les
autres,
à
des
échelles
 et
dans
des
ordres
symboliques
différents.
 
 C'est
donc
une
construction
complexe
et
multiple
que
rencontrèrent
les
premiers
colonisateurs,
mais
 qui
reposait
sur
les
rapports
nécessaires
et
privilégiés
des
hommes
avec
les
lieux
et
des
lieux
entre
eux.
 Les
 conquistadors
 le
 comprirent
 rapidement,
 qui
 dès
 la
 fin
 du
 XVIème
 siècle
 procédèrent
 à
 une
 mobilisation
 générale
 et
 au
 déménagement
 autoritaire
 des
 populations
 vers
 de
 nouveaux
 centres
 d'habitat
et
de
culture.
Rompant
le
lien
espace/société/monde
cosmique,
ils
créaient
une
fissure
dans
 la
société
indienne,
fissure
qui
ne
fit
que
s'agrandir
par
la
suite.

 
 
 
 
 B‐
La
vision
coloniale
:
l'idéologie
géographique
"moderne"
 
 
 La
conquête
puis
la
colonisation
viennent
rompre
brutalement
le
schéma
précédent.
Il
ne
s'agit
plus
de
 se
 repérer,
 ou
 d'opérer
 une
 reconnaissance
 et
 une
 appropriation
 du
 territoire
 à
 partir
 de
 points
 centraux,
mais
bien
de
contrôler
une
étendue,
une
portion
d'espace.
 
 
 B‐1
étendue
et
lieux
 
 L'appropriation
s'opère
rapidement
selon
la
conception
occidentale
la
plus
stricte
de
la
propriété
:
le
 droit
d'user
et
d'abuser.
Toutefois
en
Nouvelle
Espagne
comme
dans
tout
l'empire
sud
américain,
elle
 se
double
d'une
"appropriation"
des
hommes
qui
peuplent
et
habitent
la
portion
d'espace
considérée.
 Il
ne
s'agit
évidemment
pas
de
"posséder"
les
habitants,
mais
d'avoir
sur
eux
un
droit
d'administration,
 et
notamment
un
droit
de
prélèvement
de
tribut
et
de
travail
servile
obligatoire,
au
nom
et
place
de
 l'Etat
conquérant
et
en
échange
de
l'évangélisation.
 


(6)

Cette
nouvelle
conception
privilégie
d'une
part
l'étendue,
le
mesurable,
la
superficie,
d'autre
part
les
 qualités
 productives
 "objectives"
 des
 terres
 (fertilité,
 relief,
 accessibilité...),
 et
 enfin
 les
 avantages
 indirects
que
procure
la
propriété,
à
savoir
le
contrôle
et
l'usage
des
populations
résidentes.
C'est
le
 triomphe
de
"l'idéologie
géographique
moderne",
qui
"ne
voit
de
réalité
que
quantitative
et
d'espace
 que
géométrique.
La
"parcelle",
zone
homogène
définie
par
ses
limites,
est
l'expression
la
plus
parfaite
 de
cette
idéologie
:
le
lieu,
quoi
qu'on
en
dise,
y
perd
sa
substance"
(J.Bonnemaison,
1989,
p509).

 


N'est
 qualifié,
 nommé,
 mesuré,
 entouré,
 que
 ce
 qui
 est
 formellement
 approprié,
 selon
 les
 normes
 occidentales
du
droit
foncier.
La
propriété
prime
sur
toute
autre
sorte
d'appropriation
ou
modalité
de
 contrôle
de
l'espace,
jusques
et
y
compris
le
contrôle
administratif
et
politique.
Dans
le
cas
des
grands
 domaines,
 la
 confusion
 est
 fréquente
 entre
 terres
 de
 l'hacienda
 et
 terres
 municipales,
 entre
 les
 attributs
et
les
droits
associés
aux
unes
et
autres.



Cette
 nouvelle
 conception
 ne
 tient
 aucun
 compte
 des
 anciens
 "marqueurs"
 ou
 qualificatifs
 qui
 donnaient
sens
au
territoire
indien,
de
la
"valorisation
religieuse
de
l'espace"
(M.Eliade
1976,
p.54).
Il
y
 a
 négation
 des
 lieux
 ‐
 et
 des
 dieux‐,
 qui
 se
 traduit
 le
 plus
 brutalement
 par
 leur
 destruction
 pure
 et
 simple
:
les
temples
laissent
la
place
aux
chapelles
et
aux
églises,
érigées
sur
les
mêmes
emplacements.
 Mais
au‐delà
de
ces
processus
d'appropriation
symbolique
sur
les
lieux
les
plus
évidemment
marqués
 par
 la
 culture
 indienne,
 les
 conquérants
 ignorent
 tout
 des
 valeurs
 données
 à
 telle
 ou
 telle
 portion
 d'espace,
 tel
 ou
 tel
 lieu.
 Il
 y
 a,
 de
 la
 même
 façon
 qu'à
 Madagascar
 lors
 de
 la
 colonisation,
 une
 "uniformisation
 de
 l'espace
 qui
 élimine
 toutes
 les
 polarisations
 religieuses
 ou
 politiques",
 une
 "oblitération
d'un
ordre
symbolique
qui
organise
aussi
bien
la
maison
que
l'espace
régional"
(Raison,
 cité
dans
F.Paul‐Levy,
M.Segaud
1983).
La
"laïcisation"
du
territoire
s'accompagne
d'une
profanation
 des
lieux
sacrés,
d'une
provocation
aux
dieux
et
aux
puissances
indiens.
Avec
la
destruction
des
lieux
et
 la
rupture
des
liens
d'identité
spatiale,
la
domination
sur
les
sociétés
indiennes
passe
par
la
domination
 sur
leur
espace,
tant
idéel
que
matériel,
et
par
l'imposition
d'un
nouveau
mode
de
penser
et
occuper
 l'espace.
 On
 retrouve
 un
 processus
 très
 général
 de
 correspondance
 entre
 structure
 spatiale
 et
 structure
 symbolique
 ou
 religieuse,
 que
 notait
 déjà
 Levi‐Strauss
 chez
 les
 Bororo
 :
 "il
 a
 suffi
 que
 les
 missionnaires
 salésiens
 obtiennent
 le
 transfert
 spatial
 des
 Bororo
 de
 leurs
 villages
 circulaires
 à
 un
 village
de
type
européen
pour
que
ceux‐ci,
renonçant
à
leur
conception
du
monde,
se
convertissent
au
 christianisme"
(in
F.Paul‐Levy,
M.Segaud
1983,
p29).



 
 


Au
 Mexique,
 et
 suivant
 ce
 schéma,
 les
 conquistadors
 puis
 les
 colonisateurs
 (administrateurs,
 négociants
 et
 hacendados)
 se
 découpent
 l'espace
 régional,
 en
 choisissant
 évidemment
 les
 terres
 reconnues
comme
les
plus
fertiles,
en
l'occurrence
la
partie
"basse"
de
la
région
aux
alentours
de
1000‐ 1400
mètres
d'altitude
:
le
climat
y
est
clément,
le
relief
collinéen,
les
pentes
relativement
faibles
et
les
 sols
volcaniques
assez
riches
et
aptes
à
une
mise
en
culture
pour
la
canne
à
sucre.
Les
haciendas
s'y
 installent,
délimitant
strictement
leurs
confins
par
des
fossés
ou
des
rangées
d'arbres
(notamment
les
 izotes,
 sortes
 d'agave).
 Les
 titres
 de
 propriété
 s'établissent
 et
 s'échangent
 entre
 négociants
 et
 hacendados
 au
 gré
 des
 fortunes
 et
 des
 faillites
 (fréquentes),
 et
 mentionnent
 formellement
 les
 étendues,
qualités
et
limites
des
terrains
mis
en
jeu,
au
moins
dans
la
zone
basse,
la
plus
convoitée.
En
 effet,
 aux
 yeux
 des
 colons,
 ces
 questions
 de
 limites
 revêtent
 une
 moindre
 importance
 dans
 la
 zone
 haute,
méconnue,
faiblement
peuplée
et
seulement
par
des
petites
communautés
éparses
d'indiens
 refoulées
de
la
zone
basse
aux
premiers
temps
de
la
colonisation.



(7)

Une
nouvelle
différenciation
spatiale
voit
le
jour,
fondée
non
plus
sur
des
centres
ou
des
lieux,
mais
sur
 des
aires,
zones
ou
portions
de
terres
plus
ou
moins
appréciées,
recherchées
et
exploitées.

 
 
 B‐2
L'opposition
hauts/bas
:
une
inversion
ou
une
invention?
 
 Après
la
conquête,
les
colons
ont
tendance
à
ignorer
"les
hauts",
de
moindre
utilité
économique,
et
à
 développer
le
contrôle
et
l'appropriation
de
la
zone
basse.
En
même
temps
qu'une
"invention"
de
la
 zone
basse
dans
sa
mise
en
valeur
productive
avec
la
canne
à
sucre,
c'est
un
retournement
par
rapport
 aux
normes
et
valeurs
indigènes
qui,
au
contraire,
privilégiaient
"les
hauts"
(1),
zone
de
production
de
 maïs
où
étaient
établis
les
centres
cérémoniels
et
d'habitation
(cf.
plus
haut).
Le
même
espace
est
ainsi
 perçu
et
utilisé
de
façon
pratiquement
inverse
par
les
deux
cultures,
qui
toutes
deux
s'appuient
sur
les
 caractéristiques
concrètes
du
milieu,
en
l'occurrence
un
milieu
montagnard
où
s'opposent
les
"hauts"
 et
les
"bas".
 
 
 Cette
nouvelle
appréhension
de
l'espace
se
révèle
lors
des
conflits
de
terre
et
à
travers
la
toponymie.

 


Un
 conflit
 éclate
 dès
 le
 XVIIème
 siècle
 entre
 la
 communauté
 indienne
 de
 Xico,
 qui
 avait
 obtenu
 l'intégralité
de
son
territoire
en
"merced"
(2)
dès
1563,
et
les
hacendados
qui
s'étaient
appropriés
la
 partie
basse
du
municipe
après
une
hypothèque
à
cette
communauté,
en
1650.
Le
conflit
dure
plus
de
 deux
siècles,
et
donne
lieu
à
de
multiples
expertises
et
contre‐expertises,
rapportées
dans
un
imposant
 dossier
disponible
aux
Archives
Nationales
de
Mexico
(AGN
Ramo
Tierras
1348).


Sans
entrer
dans
les
détails
(cf.
Bermudez
1987),
notons
simplement
que
le
conflit
s'éternise
à
cause
 de
 l'imprécision
 des
 limites
 en
 amont
 de
 l'hacienda,
 ce
 qui,
 à
 chaque
 expertise,
 rend
 nécessaire
 un
 nouveau
bornage.
En
effet,
dès
l'attribution
même
de
la
"merced"
en
1563,
l'ambiguïté
règne
entre
les
 superficies
 déclarées,
 approximativement
 3600
 hectares,
 et
 l'étendue
 telle
 qu'elle
 est
 décrite
 et
 dessinée
 sur
 documents
 officiels
 :
 l'intégralité
 du
 territoire
 municipal
 actuel,
 soit
 quelques
 17600
 hectares.
 C'est
 que
 seules
 sont
 prises
 en
 compte
 les
 superficies
 jugées
 dignes
 de
 quelque
 intérêt,
 à
 savoir
la
partie
basse.
Toute
la
zone
haute
est
décomptée,
ou
plutôt
non‐comptée
dans
les
calculs
de
 surface,
 quand
 bien
 même
 on
 reconnait
 son
 intégration
 dans
 le
 territoire,
 comme
 le
 prouvent
 les
 descriptions
et
traductions
pictographiques
incluses
dans
les
dossiers
d'archives.



Pour
 les
 colons
 et
 administrateurs
 de
 la
 Conquête,
 ces
 espaces
 montagnards
 et
 forestiers
 sauvages
 étaient
le
domaine
des
indiens,
inutiles
et
inutilisables,
donc
négligeables.
La
conception
utilitariste
de
 l'espace
 conduit
 à
 une
 méconnaissance
 de
 larges
 portions
 du
 territoire,
 ce
 qui
 autorise
 par
 la
 suite
 toutes
les
interprétations
et
les
manipulations
qui
mènent
à
la
spoliation
des
terres
indiennes.


Au
niveau
de
la
toponymie,
on
remarque
une
forte
différenciation
spatiale
dans
la
densité
des
noms
de
 propriétés
(3)
:
en
gros
trois
fois
plus
nombreux,
par
unité
de
surface,
en
zone
basse
qu'en
zone
haute.
 La
zone
basse,
plus
peuplée,
plus
productive
(autrefois
canne
à
sucre
et
aujourd'hui
café),
est
certes
 plus
 fractionnée,
 mais
 elle
 est
 surtout
 plus
 "personnalisée".
 Chaque
 parcelle,
 chaque
 propriété
 est
 nommée
par
référence
au
lieu‐dit,
ou
par
un
nouveau
nom
qui
devient
lieu‐dit
après
quelque
temps.

 


Au
contraire
dans
la
zone
haute,
l'espace
toponymique
est
moins
découpé,
moins
divisé.
La
population
 y
est
moins
nombreuse,
l'espace
moins
fractionné,
couvert
de
vastes
pâturages
ou
de
parcelles
encore
 boisées,
 mais
 ce
 n'est
 pas
 là
 l'unique
 motif
 d'une
 moindre
 densité
 toponymique.
 En
 effet,
 on
 peut


(8)

distinguer
les
aires
appropriées
par
les
éleveurs
d'origine
espagnole,
qui
nomment
toutes
et
chacune
 de
 leurs
 parcelles
 d'un
 nom
 spécifique
 et
 souvent
 "original"
 (souvent
 leur
 propre
 nom),
 des
 aires
 encore
 aux
 mains
 des
 paysans
 d'origine
 indienne
 qui
 ne
 connaissent
 pas
 une
 telle
 dissémination
 de
 noms.
Les
lieux‐dits
abondent,
chacun
avec
leur
nom,
mais
ils
correspondent

à
des
"rumbos",
à
des
 parages,
 plus
 qu'à
 des
 parcelles
 ou
 des
 propriétés.
 C'est
 le
 territoire
 qui
 mérite
 appellation,
 non
 les
 parcelles,
les
lieux
et
non
les
propriétés.
Une
analyse
linguistique
fine
de
la
toponymie,
des
origines
et
 des
significations
‐
en
nahuatl
et
en
espagnol‐
des
noms
de
lieux
serait
indispensable
pour
poursuivre
 l'analyse
dans
cette
voie
(cf.
R.Noriega
1987
pour
une
première
tentative
sur
le
seul
corpus
de
noms
 nahuatl).
 
 A
partir
de
la
colonisation,
l'espace
du
municipe
de
Xico
connaît
donc
une
qualification
différentielle,
 avec
une
opposition
claire
entre
deux
zones
("les
hauts"
et
"les
bas"),
sans
toutefois
qu'il
y
ait
de
limite
 stable
et
nette
entre
les
deux.
Les
critères
de
différenciation,
essentiellement
utilitaristes
au
départ,
 recouvrent
rapidement
des
concepts
d'identité
et
d'appropriation
culturelle
de
l'espace.
 


"Les
 hauts"
 deviennent
 refuge
 de
 l'indianité,
 au
 moins
 jusqu'au
 XIXème
 siècle,
 et
 souvent
 refuge
 physique
des
indiens
(cf.
Aguirre
Beltran
1973).
En
transposant
du
monde
des
humains
vers
le
monde
 surnaturel,
on
retrouve
de
nouveau
les
références
andines
:
"la
montagne
est
également
le
royaume
 des
 Apu,
 c'est‐à‐dire
 les
 esprits
 puissants
 de
 chacun
 des
 sommets
 qui
 dominent
 la
 vallée...
 Par
 opposition
à
la
montagne,
les
êtres
surnaturels
qui
peuplent
la
vallée
sont
d'origine
hispanique
:
âmes
 errantes
 du
 purgatoire,
 farfadets
 plaisantins
 mais
 dangereux,
 le
 diable
 dans
 le
 visage
 d'un
 homme
 blond
aux
yeux
bleus...
Par
opposition
à
la
puna
en
haut,
la
vallée
en
bas
est
le
territoire
maîtrisé
et
 connu
 de
 l'histoire
 humaine"
 (Molinie‐Fioravanti,
 op.
 cit.)
 Pour
 les
 espagnols
 en
 revanche,
 les
 hauts
 sont
 le
 domaine
 du
 sauvage,
 de
 l'inconnu,
 du
 lointain,
 du
 dangereux
 également.
 Ils
 assoient
 leur
 domination
dans
"les
bas",
siège
des
nouveaux
pouvoirs
locaux
et
nationaux.
La
création
du
bourg
dans
 la
 partie
 basse
 au
 XVIIème,
 et
 son
 développement
 ininterrompu
 depuis
 lors,
 consacrent
 ce
 renversement
des
valeurs.



Aujourd'hui
"les
hauts"
restent
mal
reliés
au
réseau
régional
de
communications
(seulement
par
des
 sentiers),
déficitaires
en
services
publics
élémentaires
(eau
potable,
écoles,
centres
de
soins...),
et
d'un
 niveau
de
vie
général
inférieur
à
celui
de
la
zone
basse.
Ils
regroupent
moins
de
25%
de
la
population
 du
 municipe,
 dispersée
 en
 villages
 et
 hameaux,
 mais
 plus
 de
 la
 moitié
 de
 la
 population
 "rurale"
 (environ
10000
hab.,
cf.
Marchal,
Hoffmann
1989).



 


Les
 conceptions
 de
 l'espace
 développées
 par
 les
 sociétés
 indiennes
 et
 celles
 importées
 par
 la
 colonisation
diffèrent

tant
dans
leur
élaboration
même
(caractère
religieux
et
culturel
des
lieux
chez
 les
premiers,
valorisation
de
l'étendue
plus
que
des
lieux
chez
les
seconds)
que
dans
leurs
implications
 sur
 les
 façons
 d'user
 de
 cet
 espace
 (appropriation
 foncière
 et
 gestion
 de
 l'espace
 local).
 Cependant
 toutes
 deux
 reposent
 sur
 l'idée
 de
 "territoire",
 dans
 le
 sens
 de
 portion
 d'espace
 appropriée
 ‐ matériellement,
politiquement
ou
symboliquement‐
par
un
ou
des
groupes
sociaux
qui
y
trouvent
des
 sources
identitaires.


Est‐il
 possible,
 à
 plusieurs
 siècles
 de
 distance,
 de
 décrypter
 une
 nouvelle
 conception
 de
 l'espace,
 et
 dans
 l'affirmative
 d'analyser
 ses
 éventuelles
 filiations
 avec
 l'un
 ou
 l'autre
 de
 ses
 antécédents?
 En
 d'autres
termes
comment
se
traduit
aujourd'hui,
dans
une
société
métissée
mais
dominée
par
l'élite
 blanche
d'origine
espagnole,
l'idée
d'identité
locale
liée
au
territoire?
Comment
les
différents
groupes


(9)

se
 représentent
 l'espace?
 Il
 nous
 aurait
 fallu
 procéder
 à
 des
 enquêtes
 distinctes
 dans
 les
 différents
 milieux
 socio‐culturels
 pour
 répondre
 à
 cette
 question,
 ce
 que
 nous
 n'avons
 pu
 mener
 à
 bien.
 En
 attendant
 d'éventuelles
 recherches
 plus
 approfondies
 sur
 ce
 thème
 (4),
 une
 réponse
 partielle
 
 peut
 être
 donnée
 pour
 le
 groupe
 dominant,
 celui
 des
 éleveurs,
 propriétaires
 fonciers
 et
 commerçants
 résidents
à
Xico
depuis
plusieurs
générations.

 
 
 
 C‐
La
jeunesse
créole
( )
:
construction
d'un
nouveau
modèle
 
 


L'analyse
 s'appuie
 sur
 une
 enquête
 réalisée
 auprès
 de
 jeunes
 scolarisés
 de
 16‐19
 ans
 à
 l'école
 secondaire
du
bourg
de
Xico,
dans
la
classe
de
seconde
(6).
Il
s'agit
donc
de
la
jeunesse
"instruite",
de
 la
nouvelle
génération
de
la
bourgeoisie
locale,
en
excluant
toutefois
les
membres
les
plus
haut
placés
 qui
 scolarisent
 de
 préférence
 leurs
 enfants
 dans
 les
 autres
 villes
 de
 la
 région
 (notamment
 Xalapa),
 mieux
cotées
sur
le
plan
scolaire.


Le
 questionnaire,
 auquel
 ont
 répondu
 38
 jeunes
 (14
 garçons
 et
 24
 filles)
 comprend
 une
 partie
 "rédactionnelle"
 et
 une
 partie
 "dessinée",
 portant
 toutes
 deux
 sur
 la
 connaissance
 du
 municipe,
 les
 lieux
connus
et
préférés,
pourquoi,
etc...
Devant
l'hétérogénéité
des
réponses,
les
questionnaires
ont
 été
exploités
séparément
pour
les
filles
et
les
garçons.



Les
méthodes
d'exploitation
ont
beaucoup
emprunté
à
F.Péron
(1990),
et
à
son
excellente
analyse
de
 la
vision
de
l'espace
et
du
monde
insulaire
dans
les
îles
du
Ponant
français.
Il
n'est
pas
question
de
 développer
 ici
 toutes
 les
 méthodes
 et
 l'on
 se
 reportera
 à
 l'ouvrage
 cité.
 Un
 principe
 nous
 apparait
 toutefois
 fondamental
 :
 appréhender
 ce
 genre
 d'enquêtes
 et
 de
 résultats
 avec
 toute
 la
 prudence
 requise
 dans
 l'interprétation
 "psycho‐spatiale",
 notamment
 les
 apports
 distincts
 des
 pratiques
 personnelles
et
de
la
vision
collective
de
l'espace.
Deux
hypothèses
générales
sous‐tendent
l'analyse
:
 1‐
Toute
représentation
mentale
d'un
espace
ou
d'un
lieu
passe
d'abord
par
le
filtre
de
la
culture.
 2‐
 Dans
 la
 représentation
 de
 l'espace
 subjectif
 et
 sur
 un
 échantillon
 suffisamment
 large,
 la
 vision
 collective
prime
la
vision
individuelle
(F.Péron
1990,
p284).
 
 
 
 
 C‐1
La
référence
aux
lieux
:
de
nouveaux
repères
?
 
 
 Le
questionnaire
porte
sur
plusieurs
types
d'appréciation
des
lieux,
certains
du
domaine
du
cognitif
:
 "les
 villages
 que
 tu
 connais",
 "les
 lieux
 que
 tu
 connais
 le
 plus",
 d'autres
 plus
 portés
 sur
 la
 représentation
et
la
projection
de
l'espace
selon
des
critères
plus
intimes
et
personnels
:
"les
lieux
qui
 te
plaisent
le
plus",
"les
lieux
où
tu
aimerais
vivre".
 
 a‐
le
domaine
du
connu
 
 Une
première
constatation
s'impose,
assez
inattendue
quand
on
sait
le
mépris
général
que
portent
les
 gens
du
bourg,
et
spécialement
l'élite
commerçante
et
bourgeoise,
à
l'égard
des
villages
de
montagne
:


(10)

les
 différents
 hameaux
 et
 villages
 de
 la
 commune
 sont
 assez
 bien
 connus
 de
 ce
 groupe
 de
 jeunes,
 résidents
du
bourg.
La
plupart
des
hameaux
(80%
environ)
sont
mentionnés,
ne
serait‐ce
qu'une
fois
 (fig
2).
Les
quelques
villages
"oubliés"
ou
"méconnus"
sont
situés
sur
les
marges
de
la
commune
:
ce
 sont
 les
 plus
 inaccessibles,
 et
 souvent
 aussi
 les
 moins
 peuplés.
 Les
 villages
 et
 hameaux
 du
 "vieux
 centre"
du
municipe,
quand
bien
même
ils
sont
difficilement
accessibles
(plusieurs
heures
de
marche
 en
montagne),
sont
tous
connus.
Il
faut
savoir
que
leurs
habitants
descendent
régulièrement
au
bourg,
 en
fin
de
semaine
ou
pour
les
démarches
administratives,
pour
acheter,
vendre
ou
chercher
du
travail
 (cf.
Gonzalez,
Hoffmann,
Hoffmann
et
Portilla
1989).
 
 D'une
façon
générale,
les
filles
connaissent
un
peu
moins
bien
les
villages
que
les
garçons,
surtout
dans
 la
 partie
 haute
 du
 municipe.
 En
 effet,
 si
 l'on
 raisonne
 désormais
 en
 "fréquence"
 de
 mention
 des
 villages
 et
 non
 plus
 seulement
 en
 "présence",
 la
 zone
 basse
 apparait
 nettement
 privilégiée
 chez
 les
 filles
(63%
des
réponses
pour
seulement
30%
des
villages
situés
dans
cette
zone),
et
légèrement
chez
 les
garçons
(44%
des
mentions,
toujours
pour

30%
des
villages,
cf.
tableau,
fig
2).
Les
cinq
principaux
 villages
de
la
zone
basse
sont
tous
très
bien
représentés
(plus
de
la
moitié
des
réponses).
 Parmi
les
villages
de
la
zone
haute,
un
seul
est
largement
représenté
(dans
plus
de
la
moitié
des
cas
 tant
par
les
filles
que
par
les
garçons)
:
celui
de
Xico
Viejo,
dont
on
connaît
l'importance
historique
et
 symbolique,
comme
lieu‐ancêtre
et
centre
primitif
du
municipe.
Malgré
sa
faible
population
(150
hab.
 environ),
sa
production
médiocre
(maïs
pour
l'autoconsommation),
son
éloignement
et
ses
difficultés
 d'accès,
ce
village
reste
une
référence
pour
la
plupart
des
jeunes.
La
distance,
non
pas
physique
mais
 sociale
 et
 économique,
 est
 pourtant
 énorme
 entre
 les
 paysans
 du
 village
 et
 les
 gens
 du
 bourg,
 particulièrement
 les
 jeunes.
 La
 référence
 vivace
 et
 la
 connaissance
 de
 Xico
 Viejo
 qu'ils
 ont,
 ou
 prétendent
 avoir,
 ne
 reflètent
 pas
 les
 réalités
 actuelles
 mais
 dérivent
 d'un
 passé
 indien
 aujourd'hui
 revalorisé,
même
(et
surtout)
dans
une
catégorie
de
population
qui
a
priori,
par
ses
origines,
n'est
pas
 concernée.
On
sent
chez
ces
jeunes
un
souci
de
récupération
de
l'histoire
indienne,
à
travers
celle
des
 lieux,
lié
à
une
soif
d'appropriation
de
l'espace
local
‐du
territoire‐
et
de
légitimation
de
leur
présence.
 
 
 La
seconde
question,
relative
aux
"lieux
que
tu
connais
le
plus",
diffère
sensiblement
de
la
première
:
 elle
ne
se
restreint
plus
aux
seuls
villages,
hameaux
ou
lieux
habités.
Elle
induit
par
ailleurs
la
notion
de
 fréquentation,
d'usage,
de
pratique
spatiale.

 La
première
observation
concerne
la
différenciation
très
nette
entre
garçons
et
filles.
Déjà
perceptible
 dans
la
première
question,
elle
s'accentue
ici
et
sera
confirmée
par
les
résultats
postérieurs.
 


Pour
 les
 filles,
 seules
 5
 réponses
 mentionnent
 des
 lieux
 situés
 dans
 la
 zone
 haute,
 et
 pour
 5
 lieux
 différents
(12%
des
lieux
cités):
il
ne
s'agit
plus
de
perception
ou
de
connaissance
collective
mais
de
la
 seule
traduction
d'expériences
ponctuelles
et
très
personnelles,
non
partagées
par
une
classe
d'âge
ou
 une
 "tranche
 socio‐culturelle"
 de
 la
 population.
 En
 revanche,
 les
 "lieux
 les
 plus
 connus"
 de
 la
 zone
 basse
sont
presque
unanimement
perçus
:
la
cascade
de
Texolo
(rang
1),
le
village
de
Rodriguez
Clara
 (rang
2),
le
lieu‐dit
de
Agua
bendita
(rang
3).
Viennent
ensuite,
à
égalité,
6
villages
ou
lieu‐dit,
toujours
 dans
les
environs
du
bourg,
en
zone
basse.
Par
rapport
à
la
question
précédente
on
assiste
donc
à
une
 diminution
des
références
à
la
zone
haute.



Pour
 les
 garçons,
 ce
 "retrait"
 de
 la
 zone
 haute
 est
 moins
 net
 :
 encore
 37.5%
 des
 mentions
 et
 13
 localités
 nommées,
 à
 partir
 du
 rang
 2
 (Xico
 Viejo).
 On
 retrouve
 toutefois
 le
 même
 "trinôme"
 de
 préférence
que
chez
les
filles,
en
zone
basse
:
Agua
bendita
(rang
1),
la
cascade
de
Texolo
(rang
2),
 Rodriguez
Clara
(rang
3).
Les
deux
premiers
sont
des
lieux
non
habités,
des
"parages".
Le
troisième
est


(11)

un
village
récent,
créé
lors
de
la
Révolution
dans
les
années
1920.
C'est
le
seul
village
de
la
zone
basse
 qui
ne
soit
pas
un
"ejido",
un
village
né
de
la
Réforme
agraire
et
contrôlant
ses
propres
terres.
Autour
 des
 maisons
 des
 péons
 et
 des
 journaliers
 agricoles,
 la
 terre
 reste
 aux
 mains
 des
 grands
 éleveurs
 et
 caféiculteurs
résidant
à
Xico.



La
 signification
 de
 cette
 hiérarchie
 des
 lieux
 sera
 discutée
 plus
 bas,
 puisqu'elle
 coïncide
 avec
 les
 résultats
de
la
question
suivante.

 
 
 
 b‐
l'espace
aimé,
les
lieux
préférés
 
 En
dehors
du
bourg
de
Xico,
seuls
deux
lieux
parmi
ceux
"qui
te
plaisent
le
plus"
sont
évoqués
à
la
fois
 par
les
filles
et
par
les
garçons
:
le
premier
à
l'unanimité
‐la
cascade
de
Texolo
déjà
mentionnée‐,
avec
 de
60
à
70%
des
réponses
fournies,
le
second
par
quelques‐uns
seulement
:
Agua
bendita.

 


Ensuite,
 les
 réponses
 diffèrent
 :
 les
 filles
 ne
 relèvent
 que
 4
 lieux,
 dont
 deux
 villages,
 tous
 situés
 à
 proximité
du
bourg.
Les
garçons
en
revanche
mentionnent
huit
villages
et
hameaux
situés
dans
la
zone
 haute.
L'espace
des
filles,
l'espace
féminin
apparait
ainsi
comme
plus
rétréci
que
celui
des
garçons,
en
 nombre
de
lieux
cités
comme
en
espace
couvert.
Ce
n'est
qu'une
extension
de
l'espace
domestique
et
 familial,
alors
que
l'espace
masculin
le
dépasse
et
le
diversifie.
 
 Les
cartes
sont
particulièrement
parlantes
(fig
3)
:
l'espace
est
"sexuellement
divisé",
entre
un
"haut"
 masculin
 et
 divers,
 et
 un
 "bas"
 féminin
 et
 circonscrit
 aux
 habitudes
 et
 relations
 quotidiennes.
 Les
 réponses
à
la
question
"les
lieux
où
tu
aimerais
vivre",
n'apportent
que
peu
d'informations
nouvelles,
 et
la
carte
relève
en
gros
la
même
division
sexuelle
de
l'espace
:
les
hauts
masculins,
les
bas
féminins.
 
 Retrouverait‐on,
sur
un
autre
registre,
le
fil
des
valorations
différentielles
des
siècles
et
des
sociétés
 passés,
avec
l'opposition
haut/bas?
Quelles
sont
les
raisons
invoquées
au
choix
préférentiel
d'un
lieu
 dans
les
réponses,
les
atouts
attribués
à
tel
ou
tel
lieu,
qu'est‐ce
qu'on
y
recherche?
 
 Le
motif
le
plus
fréquemment
avancé
pour
justifier
de
la
préférence
accordée
à
la
cascade
de
Texolo
 est
celui
de
sa
beauté.
Magnifique
chute
de
plus
de
40
mètres
de
haut,
dans
un
environnement
végétal
 tropical
particulièrement
touffu,
la
cascade
de
Texolo
est
un
lieu
touristique
régional,
très
apprécié
des
 familles
 de
 la
 région
 et
 des
 touristes
 de
 passage,
 où
 ont
 été
 tournés
 plusieurs
 films
 (dont
 "A
 la
 poursuite
 du
 diamant
 vert").
 Il
 suscite
 des
 commentaires
 inspirés,
 surtout
 des
 filles.
 La
 cascade
 est
 valorisée
pour
être
un
lieu
"beau",
mais
surtout
"universellement
beau",
reconnu
par
tous,
touristes
et
 "étrangers"
(à
Xico)
compris.
C'est
un
peu
la
vitrine
de
Xico,
en
même
temps
que
la
preuve
que
tous,
et
 non
 pas
 seulement
 les
 locaux
 et
 résidents,
 peuvent
 admirer
 Xico
 et
 ses
 "valeurs"
 naturelles
 inaltérables.
C'est
aussi,
par
les
touristes
qu'elle
attire,
une
ouverture
sur
l'extérieur,
sur
les
citadins,
 sur
les
rêves
et
les
magies
de
la
ville.
Les
garçons

mentionnent
d'ailleurs
cet
autre
intérêt
de
la
cascade
 :
 celui
 de
 rencontrer
 des
 gens
 différents.
 C'est
 un
 peu
 un
 lien
 entre
 Xico
 et
 le
 monde
 environnant,
 réellement
ou
dans
l'imaginaire.


Arrivant
 en
 seconde
 position
 dans
 les
 motifs
 de
 préférence,
 les
 pratiques
 de
 loisirs
 sont
 clairement
 associées
à
certains
lieux‐dits.
La
natation,
le
pique‐nique
("dia
de
campo"),
la
promenade,
et
enfin
les
 jeux
 collectifs
 et
 les
 sports
 se
 déroulent
 préférentiellement
 dans
 tel
 ou
 tel
 endroit,
 tous
 situés
 aux
 alentours
du
bourg,
et
tous
lieux
de
loisir
exclusifs
des
jeunes
de
Xico.
Aucun
aménagement
spécifique


(12)

de
type
touristique
et
sportif
ne
les
distingue,
seul
l'usage
local
les
a
créés
et
les
entretient
;
ce
sont
les
 "espaces
intimes"
au
sens
de
l'intimité
locale,
de
Xico.
Contrairement
à
la
cascade,
ils
ne
sont
connus,
 et
ne
peuvent
l'être,
que
par
ceux
qui
les
pratiquent
et
leur
donnent
un
sens.
Agua
bendita,
dont
on
a
 vu
que
c'était
un
lieu
"très
connu"
et
fréquenté
par
les
jeunes,
pourrait
être
le
représentant‐type
de
 cette
catégorie
de
lieu,
investi
par
la
jeunesse
du
bourg.

Ce
n'est
plus
le
genre,
féminin
ou
masculin,
 mais
la
résidence
locale
qui
qualifie
ce
lieu‐ci
par
rapport
à
d'autres.

 
 Les
autres
motifs
sont
moins
unanimes
ou
moins
fréquemment
invoqués
:

 ‐
la
référence
à
l'aspect
fonctionnel
et
"commode"
de
telle
ou
telle
localité
(accès
à
l'école,
au
réseau
 de
 communication,
 aux
 circuits
 d'eau
 et
 d'électricité)
 rappelle
 la
 relative
 nouveauté
 de
 tels
 aménagements
et
l'appréciation
positive
qu'ils
suscitent
encore
chez
ces
jeunes,
pourtant
tous
citadins
 depuis
plus
de
dix
ans
;


‐
les
garçons
se
distinguent
en
mentionnant
les
activités
(pêche,
culture,
élevage)
ou
les
modes
de
vie
 (tranquillité,
 faibles
 dépenses
 d'argent,
 air
 pur,
 "personne
 pour
 nous
 gêner")
 qu'ils
 estiment
 caractéristiques
 des
 villages
 des
 hauts.
 Domaine
 une
 fois
 encore
 étranger
 aux
 filles
 qui
 n'en
 mentionnent
ni
les
lieux
ni
les
avantages
supposés.



Pour
les
jeunes
assimilés
à
l'élite
sociale
et
économique
locale,
la
structuration
symbolique
de
l'espace
 de
 Xico
 apparait
 construite
 autour
 de
 l'opposition
 haut/bas
 et
 de
 quelques
 lieux
 "forts",
 signifiants,
 unanimement
mentionnés.
 ‐
Xico
Viejo
et
la
récupération
du
passé
indien
;
 ‐
Rodriguez
Clara
et
l'affirmation
de
la
propriété
;
 ‐
la
cascade
de
Texolo
et
la
valorisation
des
richesses
naturelles,
la
valeur
"universelle"
de
Xico
;
 ‐
Agua
bendita
et
la
"création"
de
nouveaux
lieux
propres,
lieux
de
l'identité
créole
et
"bourgeoise"
(du
 bourg).
 
 Reste
à
voir
si
cette
construction
transparait
dans
les
cartes
mentales
élaborées
par
ces
mêmes
jeunes,
 dans
les
mêmes
conditions
d'enquêtes.
 
 
 
 
 C‐2
Les
cartes
mentales
:
les
modalités
et
critères
de

 connaissance
et
reconnaissance
(figure
4)
 
 
 La
richesse
des
nuances
et
des
marquages
des
lieux
ne
se
retrouve
paradoxalement
pas
dans
l'analyse
 des
cartes
mentales
(7).
Peut‐être
l'échantillonnage
est‐il
trop
réduit,
peut‐être
également
l'expression
 graphique
 est‐elle
 trop
 inusitée
 chez
 ces
 jeunes
 qui
 se
 trouvent
 gênés
 devant
 une
 feuille
 et
 des
 crayons.
Notons
de
plus
que
la
carte
et
le
croquis
ne
sont
pas,
au
Mexique,
des
moyens
communs
de
 communication
et
d'information,
tant
scolaire
que
grand
public.
Si
l'interprétation
psychologique
n'en
 serait
sans
doute
que
plus
fructueuse,
l'interprétation
en
termes
de
vision
collective
s'en
trouve,
en
 revanche,
rendue
difficile
et
délicate.

 
 Les
réponses
à
la
question
:
"dessine
le
municipe
de
Xico"
se
décomposent
comme
suit
:
 
 sur
38
enquêtes


(13)


 I‐
rien
(aucun
dessin)
 
 
 
 6
 
 15.8%
 II‐
les
seules
limites
 
 
 
 17
 
 44.7%
 III‐
le
seul
bourg
 
 
 2
 
 5.2%
 IV‐
les
accès
et
le
réseau
routier
 
 9
 
 23.7%
 V‐
le
municipe
détaillé
 
 
 
 4
 
 10.5%
 
 


La
 catégorie
 II
 regroupe
 des
 croquis
 très
 grossiers
 au
 trait
 mal
 assuré,
 qui
 illustrent
 les
 limites
 municipales,
 selon
 des
 formes
 le
 plus
 souvent
 approximatives.
 Un
 nom
 ‐Xico‐
 est
 parfois
 écrit
 au
 centre,
sans
que
l'on
sache
s'il
s'agit
de
la
représentation
du
bourg
ou
du
nom
de
la
commune
(F12).
 L'accent
est
exclusivement
mis
sur
l'individualisation
de
la
commune
par
rapport
à
ses
environs,
son
 existence
 en
 tant
 que
 telle,
 sans
 aucun
 lien
 de
 dépendance
 ou
 même
 de
 relation
 avec
 les
 espaces,
 territoires
ou
localités
voisins.
On
retrouve
ce
que
F.Péron
appelle
la
"carte‐cellule"
:
"carte
pauvre,
où
 l'accent
est
mis
sur
les
limites,
la
barrière
que
constitue
l'île,
l'enfermement".
Si
dans
le
cas
de
Xico
on
 ne
 peut
 parler
 d'enfermement
 ou
 de
 barrière
 physique,
 on
 peut
 en
 revanche
 souligner
 l'isolement
 volontariste
et
la
revendication
de
particularisme
partagés
par
l'ensemble
des
habitants
de
Xico.
Cela
 se
 traduirait
 ici
 par
 cette
 seule
 mention
 d'une
 entité
 spatiale
 isolée
 et
 indépendante,
 distincte
 et
 distinguée
du
"reste
du
monde",
une
unité
fermée
qui
ne
s'ouvre
que
pour
les
"initiés",
originaires
ou
 résidents
 de
 longue
 date.
 Garçons
 et
 filles
 semblent
 partager
 cette
 vision
 des
 choses,
 avec
 respectivement
un
tiers
et
la
moitié
des
réponses.


La
catégorie
III
souligne
la
prééminence
du
bourg,
qui
à
lui
seul
figure
et
représente
l'ensemble
de
la
 commune.
Les
rues
y
sont
précisément
dessinées
et
dénommées,
avec
une
relative
complexité
dans
le
 graphisme
(G2),
mais
seulement
par
deux
garçons.
En
fait,
je
m'attendais
à
un
plus
grand
nombre
de
 réponses
 de
 ce
 genre,
 en
 ayant
 à
 l'esprit
 la
 place
 tout
 à
 fait
 prépondérante
 de
 cette
 localité,
 lieu
 central
 et
 largement
 dominant
 du
 municipe.
 Mais
 c'est
 à
 travers
 la
 quatrième
 catégorie
 que
 ce
 phénomène
apparait.


En
effet,
dans
la
catégorie
IV,
l'entité
"municipe"
disparaît
en
tant
qu'unité
spatiale
distincte,
au
profit
 du
réseau
routier
qui
permet
l'accès
au
bourg.
Il
ne
s'agit
plus
de
valoriser
la
commune,
mais
plutôt
le
 bourg
et
sa
place
dans
la
région
:
soit
en
marquant
le
tracé
de
la
route
goudronnée
et
les
principales
 localités
 qu'elle
 traverse
 (F9,
 G13),
 soit
 en
 illustrant
 le
 trajet
 du
 bus
 et
 ses
 arrêts
 (F15).
 Dans
 cette
 catégorie,
 les
 villages
 et
 localités
 non
 desservis
 ne
 figurent
 plus
 :
 seul
 existe
 le
 bourg,
 en
 tant
 que
 dernier
maillon
relié
au
réseau
régional
de
communications.
Dans
ces
"cartes‐réseaux"
qui
privilégient
 les
itinéraires
et
les
parcours,
"l'individu
se
place
dans
un
univers
relationnel
par
rapport
à
l'ensemble
 de
la
société"
(F.Péron
1990,
p303).
La
représentation
est
souvent
fonctionnelle,
traduction
immédiate
 de
 l'expérience
 quotidienne.
 Les
 filles
 sont
 plus
 nombreuses
 que
 les
 garçons
 à
 adopter
 cette
 représentation,
 comme
 si
 elles
 étaient
 plus
 attirées
 par
 l'extérieur
 et
 les
 relations
 avec
 les
 autres
 bourgs
 et
 villes
 de
 la
 région.
 L'espace
 féminin
 est
 ici
 d'abord
 de
 relations,
 de
 communications,
 de
 routes.
Il
y
a
coexistence
paradoxale
d'un
espace
féminin
connu,
fréquenté
et
préféré
assez
restreint
 (l'espace
domestique,
cf.
plus
haut)
avec
une
représentation
tournée
vers
l'extérieur,
projetée
sur
les
 routes
du
futur
:
les
activités
commerciales,
d'études
ou
de
travail
qui
s'exercent
en
majorité
dans
la
 grande
 ville
 voisine
 de
 Xalapa,
 les
 liaisons
 matrimoniales
 et
 les
 résidences
 futures,
 que
 beaucoup
 imaginent
en
dehors
de
Xico.


(14)

Enfin,
la
catégorie
V
regroupe
les
croquis
où
figurent
des
éléments
internes
au
municipe
de
Xico,
avec
 ou
 sans
 mention
 des
 limites
 municipales
 ;
 les
 croquis
 peuvent
 être
 de
 type
 carte‐cellule
 (F14,
 G14),
 carte‐monopoly
 (G12)
 ou
 carte‐réseau
 (G3,
 G14),
 et
 souvent
 mêlent
 les
 caractéristiques
 de
 chaque
 type.
 Ils
 révèlent
 une
 connaissance
 approfondie
 de
 l'espace
 dessiné
 et
 des
 pratiques
 spatiales
 spécifiques
liées
à
l'expérience
personnelle
de
chacun.
Trois
de
ces
quatre
dessins
sont
"masculins".
 Les
composants
"marqués"
du
municipe
peuvent
être
:
 
 ‐
les
villages
et
hameaux
isolés,
sans
aucune
indication
de
liaison
ou
chemin
(G12);
le
croquis
signale
 plus
leur
existence
formelle
que
la
connaissance
que
peut
en
avoir
le
jeune
dessinateur.
Il
est
en
cela
 similaire
à
la
"carte‐monopoly"
de
F.Péron,
composée
d'éléments
disjoints,
qui
se
caractérise
comme
 "une
 carte
 statique,
 (qui
 marque)
 l'isolement
 des
 individus,
 un
 espace
 mal
 dominé"
 (id.).
 En
 l'occurrence,
cette
vision
est
celle
d'un
fils
de
commerçant
installé
dans
le
bourg,
qui
entretient
tout
un
 réseau
serré
de
clientèle,
à
travers
le
prêt
et
le
crédit,
dans
les
localités
des
hauts
:
le
jeune
a
dû
en
 entendre
parler,
ou
discuter
avec
les
gens
originaires
de
ces
hameaux,
sans
jamais
y
aller.


‐
les
chemins
et
voies
de
communication.
Les
cartes
F14
et
G3
sont
là
encore
très
liées
à
l'expérience
 directe
 et
 personnelle
 des
 élèves
 :
 la
 première
 est
 d'une
 fille
 d'un
 éleveur‐négociant,
 et
 signale
 les
 chemins
carrossables
qui
traversent
les
principaux
ranchos
d'élevage
du
municipe
;
la
seconde
est
celle
 d'un
garçon
d'origine
paysanne,
manifestement
habitué
à
la
circulation
à
pied
à
l'intérieur
du
municipe
 :
 la
 zone
 haute
 et
 la
 zone
 basse
 sont
 représentées,
 chacune
 avec
 les
 repères
 les
 plus
 efficaces
 :
 le
 réseau
des
ruisseaux
dans
les
hauts
("géographiquement"
exact),
le
réseau
des
chemins
carrossables
et
 des
routes
dans
les
bas.
Les
deux
réseaux
se
lient
"naturellement"
à
hauteur
du
bourg
sans
que
l'élève
 ait
cherché
à
en
souligner
la
conjonction.



 


Avant
 de
 conclure
 sur
 cette
 enquête
 auprès
 des
 jeunes
 gens
 de
 la
 bourgeoisie
 rurale
 de
 Xico,
 je
 voudrais
attirer
l'attention
sur
l'orientation
générale
des
croquis.


L'orientation
N‐S
n'est
évidemment
jamais
marquée
en
tant
que
telle
sur
les
dessins.
Cependant
on
 distingue
4
types
d'orientation.



*‐
 Le
 premier
 concerne
 
 9
 dessins
 très
 confus,
 peu
 lisibles,
 au
 trait
 hésitant
 et
 orientés
 de
 façon
 "unique",
c'est‐à‐dire
d'une
façon
qui
ne
se
répète
pas
dans
d'autres
dessins.
Il
s'agit
dans
tous
ces
cas
 de
"carte‐cellule",
où
seule
importe
l'existence
de
l'unité
"municipe",
quels
que
soient
sa
situation
ou
 ses
rapports
avec
l'extérieur.


*‐
La
plupart
des
orientations
(12
dessins
sur
23)
sont
N‐S.
Tous
les
dessins
de
type
"carte‐réseau",
et
 notamment
 tous
 les
 croquis
 construits
 sur
 les
 axes
 de
 communication,
 relèvent
 de
 ce
 type
 d'orientation,
qui
correspond
à
la
"réalité"
et
aux
conventions
classiques
de
représentation
:
la
ville
de
 Xalapa
est
au
Nord,
le
bourg
de
Xico
au
Sud‐Ouest,
ceux
de
Cosautlan
et
Teocelo
plus
au
Sud
(G13,
F9,
 F15).
Les
représentations
"modernes"
de
ce
monde
local
respectent
le
conformisme
du
graphisme,
et
 prouvent
ainsi
leur
capacité
à
traduire
"leur"
monde
dans
le
langage
universel
de
"l'objectivité".
 
 *‐
A
l'opposé,
les
dessins
les
plus
détaillés,
qu'ils
soient
de
la
catégorie
III
(le
bourg)
ou
de
la
catégorie
V
 (le
municipe
et
ses
éléments
internes),
sont
orientés
non
plus
selon
les
points
cardinaux,
mais
selon
un
 axe
haut/bas
:
dans
le
premier
cas
l'orientation
est
celle
de
la
rue
principale,
qui
monte
et
aboutit
à
 l'église
;
dans
le
second,
le
Cofre
de
Perote,
point
le
plus
élevé
en
altitude,
est
en
haut,
San
Marcos,
en


(15)

zone
basse,
est
au
bas
de
la
feuille.
Ceux
qui
font
preuve
d'une
meilleure
connaissance
"intime"
de
leur
 espace
 (au
 moins
 dans
 sa
 traduction
 graphique),
 sont
 également
 ceux
 qui
 privilégient
 l'orientation
 haut/bas,
c'est‐à‐dire
le
repère
ancestral
et
l'axe
traditionnel
de
reconnaissance,
dans
les
deux
sens
du
 terme.
Reconnaissance
opérationnelle
(ne
pas
se
perdre
dans
la
montagne
et
se
guider
par
rapport
à
 des
 repères
 altitudinaux
 les
 plus
 évidents),
 et
 reconnaissance
 des
 critères
 d'appréciation
 sociale
 et
 culturelle
imposés
depuis
des
siècles
entre
"ceux
des
hauts"
et
"ceux
des
bas".


*‐
Entre
ces
deux
orientations
clairement
définies,
les
"cartes‐cellules"
(8
dessins)
qui
ne
présentent
 que
 les
 limites
 municipales
 sont
 fréquemment
 orientées
 NO‐SE,
 c'est‐à‐dire
 un
 compromis
 entre
 la
 convention
géographique
(le
Nord
en
haut
de
la
feuille)
et
la
pratique
quotidienne,
fut‐elle
seulement
 visuelle
 :
 les
 montagnes
 sont
 en
 haut.
 Compromis
 entre
 la
 vision
 "moderne"
 et
 "objective",
 et
 la
 perception
de
l'espace
"intime,
personnel".
Hésitation
entre
un
espace
fermé
mais
protégé
(la
carte‐ cellule),
et
un
espace
ouvert
et
intégré
à
son
environnement
régional,
plus
riche
d'inconnues.
 
 

 Conclusion
(figure
5
)


 
 
 Quels
sont
les
liens
entre
les
trois
conceptions
de
l'espace
associées
aux
grandes
étapes
historiques,
et
 par
là
sociales
et
culturelles,
qui
se
sont
succédées
sur
ce
petit
territoire
de
Xico?
 

 On
y
a
vu
d'abord
une
grande
rupture,
une
confrontation
sans
merci
entre
indigènes
et
colonisateurs.
 Une
 opposition
 irréductible
 entre
 une
 approche
 "religieuse"
 où
 l'homme,
 la
 société
 et
 l'espace
 sont
 unis
par
des
liens
multiples
et
localisés,
et
une
"idéologie
géographique
moderne"
tendant
à
objectiver
 l'espace.


Après
 la
 conquête,
 les
 vainqueurs
 espagnols
 ont
 imposé
 leurs
 lois,
 gommé
 les
 lieux
 ancestraux
 des
 indiens.
Les
colons
à
leur
tour
ont
découpé
l'espace
municipal
selon
les
nécessités
productives
et
les
 ambitions
 foncières
 de
 chacun.
 Et
 pourtant,
 peu
 à
 peu,
 l'impérieuse
 nécessité
 se
 fait
 sentir
 de
 se
 reconnaître
 dans
 des
 lieux
 spécifiques,
 de
 qualifier
 et
 différencier
 l'espace
 autrement
 que
 par
 des
 critères
 utilitaristes.
 De
 nouveaux
 marqueurs
 localisés
 apparaissent,
 qui
 traduisent
 les
 conditions
 culturelles,
sociales
et
économiques
d'aujourd'hui.



Certains
 reprennent
 les
 anciens
 lieux
 en
 en
 modifiant
 le
 contenu
 :
 Xico
 Viejo,
 de
 centre
 guerrier
 et
 religieux,
 devient
 folklore
 et
 mémoire
 récupérée,
 déviation
 et
 appropriation
 du
 patrimoine
 indigène
 par
les
créoles.


D'autres
sont
nouvellement
institués,
tels
ces
parages
champêtres
qui
deviennent
des
lieux
de
loisir
ou
 de
 promenade
 dominicale
 pour
 la
 petite
 bourgeoisie
 agraire
 de
 Xico,
 et
 acquièrent
 un
 poids
 sentimental
et
affectif
spécifique.
 
 Cependant,
à
toutes
les
époques,
la
dimension
haut/bas
reste
l'élément
dominant
de
la
différenciation
 spatiale.
Cette
opposition
haut/bas
serait‐elle
un
"immuable",
un
élément
structurant
de
la
conception
 de
l'espace
et
des
mentalités
collectives,
indépendamment
des
situations
historiques
traversées?
Qui
 transparait
aujourd'hui
sous
une
division
sexuelle
tout
en
recouvrant
en
fait
des
ressorts
plus
profonds
 et
plus
universels?


 


(16)

Ou
 ne
 serait‐ce
 qu'un
 pâle
 reflet
 des
 conditions
 objectives
 de
 circulation
 et
 de
 production,
 qui
 confinent
les
hauts
dans
le
rôle
de
refuge
et
de
"sous‐espace"
par
rapport
à
la
zone
basse
triomphante,
 tant
sur
le
plan
économique
que
politique
et
social.


C'est
 un
 faux
 problème
 que
 cette
 alternative,
 et
 l'analyse
 des
 "trois
 étapes"
 le
 démontre
 :
 les
 conceptions
de
l'espace,
tout
en
intégrant
une
dimension
spirituelle
sans
aucun
doute
fondamentale,
 sont
liées
aux
conditions
historiques
de
leur
émergence
et
de
leur
viabilité.
Les
"territoires
en
réseaux"
 des
 indiens
 du
 XVIème
 siècle,
 bâtis
 autour
 de
 points
 centraux
 sacralisés,
 sont
 associés
 à
 une
 organisation
socio‐politique
éclatée,
dispersée
en
de
multiples
pouvoirs
localisés,
tout
à
fait
à
l'inverse
 du
centralisme
unificateur
importé
d'Espagne.
Au
contraire,
le
colonisateur
avait
besoin
d'un
pouvoir
 fort
 et
 unifié
 pour
 s'imposer
 à
 la
 population
 autochtone,
 ce
 qui
 s'est
 traduit
 par
 un
 centralisme
 exacerbé
et
la
destruction
des
réseaux,
tout
en
conservant
le
même
territoire.


Aujourd'hui
 encore,
 la
 valoration
 différentielle
 du
 territoire
 de
 la
 commune
 répond,
 pour
 la
 bourgeoisie
 agraire
 d'origine
 espagnole,
 à
 une
 nécessité
 culturelle
 autant
 que
 politique
 :
 trouver
 et
 affirmer
 sa
 place
 dans
 une
 société
 qui
 a
 écrasé
 ses
 origines
 indiennes
 tout
 en
 reniant
 sa
 filiation
 européenne,
et
qui
tente
désespérément
de
se
créer
des
points
d'ancrage
solides.


L'espace
local
est
dès
lors
l'objet
en
même
temps
que
le
support
de
cette
recherche
identitaire.
Ceci
 explique
 la
 permanence
 de
 la
 notion
 de
 "territoire"
 à
 travers
 tant
 de
 ruptures
 et
 de
 conflits,
 de
 contradictions
et
de
convoitises.
 
 
 
 
 
 Aguirre
Beltran
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Regiones
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(17)

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(1)
 Lors
 d'une
 autre
 conquête
 et
 dans
 une
 autre
 région
 d'Amérique,
 les
 Andes,
 les
 conquérants
 procédèrent
de
même
:
"la
prise
de
pouvoir
par
les
Incas
renverse
la
hiérarchie
sociale
entre
gens
de
la
 montagne
et
gens
du
bas"
(F.Paul‐Levy,
M.Segaud
1983,
p80).
 
 (2)
Dotation
de
terres,
effectuée
au
nom
du
roi
au
profit,
le
plus
souvent,
des
guerriers
et
premiers
 conquistadors
en
récompense
de
leurs
services.
Exceptionellement,
comme
à
Xico,
les
indiens
"natifs"
 pouvaient
prétendre
à
cette
dotation.
 (3)
donnés
par
la
révision
exhaustive
des
registres
de
la
propriété
depuis
1872
et
des
listes
d'impôts
 fonciers
sur
les
propriétés
rurales
de
1986
(cf.
Hoffmann
1988).
 (4)
Plusieurs
anthropologues
du
centre
de
recherches
et
d'etudes
supérieures
en
anthropologie
sociale
 de
Xalapa
(CIESAS‐Golfo)
travaillent
actuellement
sur
le
thème
de
l'identité
à
Xico.


( )
 L'adjectif
 "créole"
 est
 utilisé
 ici
 en
 traduction
 du
 terme
 "criollo"
 employé
 par
 ces
 éleveurs
 eux‐ mêmes,
 qui
 signifient
 par
 là,
 à
 la
 fois
 leur
 origine
 "blanche"
 et
 leur
 attachement
 à
 la
 localité.
 "Soy
 criollo
de
Xico"
est
leur
marque
d'identité
première,
avant
d'être
"métis"
ou
"descendant
d'espagnol".
 (6)Je
tiens
à
remercier
le
Mr
Ramirez,
professeur
de
géographie
à
l'école
secondaire
secondaire,
qui
a
 accepté
et
participé
à
cette
expérience.
 (7)Elles
sont
numérotées,
G
pour
garçons
et
F
pour
filles,
et
les
plus
significatives
sont
présentées
en
 annexe.
 


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