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Cantó Llorca J. (ed.), Isidorus, Etymologiae XVIII

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chroniques et comptes rendus

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Isidorus Hispalensis, Etymologiae XVIII, edición, traducción y notas de Josefa Cantó

Llorca, Paris, Les Belles Lettres, 2007 (Auteurs latins du Moyen Âge), 207 p. La nouvelle édition des Étymologies d’Isidore de Séville, publiée par la collection « Auteurs Latins du Moyen Âge » et destinée à remplacer celle de W. M. Lindsay (Oxford, 1911), progresse peu à peu. Après les livres II, IX, XII, XIII, XVII et XIX, voici mainte-nant le livre XVIII. Les changements apportés par cette édition par rapport à la précédente ne sont pas immenses, mais ils ne sont pas non plus négligeables : par exemple, dans le titre du c. 59 (execratione au lieu de exercitatione) ou dans l’étymologie de sagitta en 8,1 (a sagaci iactu et non plus a sagaci ictu). W. M. Lindsay avait considéré comme des interpolations la phrase siue… dedit (15,1), conservée par la seule famille hispanique, ou les mots binio et quinio (65). Au contraire, J. Cantó les juge authentiques, et ses argu-ments paraissent bons (p.  118 n.  129 pour 15,1 ; pas de note pour le c.  65, mais elle explique son choix dans son article qui vient de paraître : « Observaciones sobre la trans-misión textual de las Etimologías a propósito del libro 18 », dans L’édition critique des

œuvres d’Isidore de Séville. Les recensions multiples, éd. Mª. A. Andrés Sanz, J. Elfassi

et J. C. Martín, Paris, 2008, p. 209-215, spéc. p. 212-213). À juste titre elle réintègre aussi au texte un autem (1,11) et un ab (12,3), transmis par l’immense majorité des témoins mais que W. M. Lindsay avait écartés à cause de sa confiance excessive envers la famille italienne. La seule conjecture personnelle de la nouvelle éditrice, et receptui (3,1), est séduisante. En revanche, la correction de Iouis en Ioui en 3,2 ne s’imposait pas. Et en 4,1, il fallait oser se démarquer de F. Arévalo et de W. M. Lindsay et suivre le témoignage unanime des manuscrits anciens (in hoste au lieu de in hostem : on sait que les auteurs latins tardifs, y compris Isidore, peuvent employer in + abl. au lieu de in + acc.).

L’étude des sources est intéressante, notamment lorsqu’elle permet de distinguer les emprunts de première et de seconde main (par exemple, la note 43 indique que la cita-tion de Properce 4,1,13 vient en fait de Lactance, Inst. 2,6,14 ; cf. aussi la note 85 sur l’utilisation de Juvénal par le biais de Servius). Malheureusement l’index des sources (p.  205-206) est très incomplet (par exemple, ni Juvénal, ni Properce, ni le passage cité de Lactance ne s’y trouvent). En outre, on peut légèrement compléter les notes de J. Cantó. En 1,1, la première phrase fait penser à la Chronique d’Isidore (version longue), c. 31a, dont la source est Augustin, Ciu. 4,6 (qui lui-même cite Justin). En 15,9, le vers de Virgile, Aen. 4,569, est peut-être cité par l’intermédiaire de Cassiodore, Inst. 2,3,15 (voir P. K. Marshall, Isidorus Hispalensis, Etymologiae, II, Paris, 1983, p. 154, à propos d’etym. 2,30,6 ; et P. Courcelle, Lecteurs païens et lecteurs chrétiens de l’Énéide, Paris, 1984, t. 1, p. 362 n. 598). En 31,1, la référence à Mesphrès peut venir de Pline l’Ancien (Histoire naturelle, 36,14,64), bien que celui-ci ne donne pas tous les détails fournis par Isidore ; l’anecdote elle-même a un parallèle chez Hérodote (2,111). En 69,1, il pouvait être utile de donner des précisions sur Dorcatius, inconnu par ailleurs : voir en dernier lieu A. S. Hollis, Fragments of Roman Poetry, c. 60 BC-20 AD, Oxford, 2007, p. 332-333.

De fait, malgré la richesse de l’annotation, le lecteur souhaiterait parfois avoir encore plus de précisions. Par exemple, il est question en 1,8 de la bataille de Thermes (pugna…

Termensis) ; comme elle est peu connue, une note d’explication aurait été nécessaire : en

l’occurrence, l’association avec « la guerre punique » et la bataille de Cannes suggère qu’il s’agit de la victoire d’Hamilcar sur les Romains pendant la première guerre punique (260 av. J.-C.). En 9,2, l’étymologie de uagina (appellata eo quod… baiuletur) n’est pas

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jacques elfassi

évidente : il n’aurait pas été inutile de préciser qu’en raison de la prononciation presque identique du b et du v, et de la palatalisation du g devant i, uagina devait se prononcer [bayina], ce qui explique le rapprochement avec baiulare. D’autres rapprochements étymologiques sont aussi liés à des évolutions phonétiques : bucina et uocina (4,1), ou

teca et tegat (9,3) ; voir sur ce point l’article de R. Maltby, « Late Latin and

Etymologi-sing in Isidore of Seville », dans Latin vulgaire-latin tardif V. Actes du V e Colloque

inter-national sur le latin vulgaire et tardif. Heidelberg, 5-8 septembre 1997, éd.

H. Peters-mann et R. KetteH. Peters-mann, Heidelberg, 1999, p. 441-450. En 14,1, à propos de cassis, voir l’article de D. Briquel, « Deux mots latins d’origine étrusque selon Isidore de Séville », dans Moussyllanea. Mélanges de Linguistique et de Littérature Anciennes offerts à

Claude Moussy, éd. B. Bureau et Chr. Nicolas, Louvain-Paris, 1998, p. 37-39. Au c. 37,

J.  Cantó interprète la formule creta, id est iudicium comme une simple métaphore, le terme de la course étant le symbole du Jugement dernier ; mais on sait que les timbres i et e se confondent en latin tardif : il est donc possible aussi qu’Isidore ait rapproché

creta de crita, « juge » (le mot, emprunté au grec, est attesté dans le Scorpiace, 3,6-7, de

Tertullien, ouvrage qu’Isidore utilise par ailleurs en 8,3). Les ch. 27-41 constituent un développement particulièrement long et virulent contre les jeux du cirque ; or c’est seule-ment au détour d’une longue phrase perdue au milieu de la note 156 que J. Cantó signale que ces jeux se maintinrent au-delà du vie siècle dans la partie orientale de l’Empire

romain : ne serait-ce pas une des clefs du passage ? Les violentes attaques contre le cirque ne relèveraient-elles pas de la polémique anti-byzantine ? Sur les c. 42-51 consacrés au théâtre, on attendait au moins une référence à ces deux articles : J. R. Jones, « Isidore and the Theater », Comparative Drama, 16, 1982, p. 26-48 (repr. dans Drama in the Middle

Ages. Comparative and Critical Essays. Second Series, éd. C. Davidson et J. H. Stroupe,

New York, 1991, p. 1-23) ; et A. Pociña Pérez, « El teatro latino en las Etimologías de Isidoro de Sevilla », dans Mnemosynum C. Codoñer a discipulis oblatum, éd. A. Ramos Guerreira, Salamanca, 1991, p.  245-257. Dernière remarque : en 69,2, l’expression

suram dare a été expliquée par V. J. Matthews, « Suram dare : A Gesture in Roman Ball

Playing », Nikephoros, 3, 1990, p. 185-187 (j’ai découvert cette référence grâce à l’excel-lent mémoire de maîtrise de Renaud Alexandre, Recherches sur le livre XVIII des Étymo-logies d’Isidore de Séville : De bello et ludis. Introduction, traduction et annotation, Paris IV-Sorbonne, 2004).

La revue ALMA étant consacrée à la lexicographie, je terminerais ce compte rendu par quelques remarques sur la langue du livre XVIII des Étymologies. Le genre de certains substantifs est fluctuant : gladius est généralement masculin (6 passim et 9,2), mais neutre en 6,5 et en 7,10 ; contus, masculin en 7,1, est neutre en 7,2 ; en sens inverse, scutum apparaît sous la forme neutre en 12,3, mais sous la forme masculine scutus en 12,1. Plusieurs génitifs de la quatrième déclinaison sont en -ui : receptui (3,1), cursui (26,1). Les deux formes prostrarentur (42,2) et prostrare (56) supposent l’existence d’un verbe

prostro, -as, -are, formé à partir du parfait et du supin de prosterno, -straui, -stratum.

Dans le domaine de la morphologie, on notera aussi le nominatif Iouis (3,2), le nomi-natif féminin pluriel haec (2,8) et l’infinitif présent odere (51,1). Quelques phénomènes syntaxiques méritent d’être signalés : utor suivi de l’ablatif en 12,5, mais de l’accusatif en 8,1 ; le génitif employé avec la valeur d’un datif d’attribution (après consecrare) en 27,2 ; le relatif masculin qui après un antécédent neutre (uinculum, en 7,6). La phrase la plus remarquable pour le spécialiste de latin tardif se trouve en 1,10 : Prelia dicuntur ab

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impremendo hostis hostem ; le gérondif s’y substitue au participe présent, et son « sujet »

(celui qui fait l’action exprimée par le gérondif) est au nominatif. Enfin, voici une liste, probablement non exhaustive, de mots rares : semispatium (6,5), chelidionacus (6,7),

francisca (6,9), tautanus (7,7), scaptos (8,2), ancisio (12,3), prorostra (15,1) et laquea-rius désignant un type de gladiateur (56) ; hormis francisca et laquealaquea-rius, ces mots sont

commentés par I. Velázquez, Latine dicitur, vulgo vocant. Aspectos de la lengua escrita y

hablada en las obras gramaticales de Isidoro de Sevilla, Logroño, 2003.

Jacques Elfassi

Enzo Portalupi, Sincerus, sinceritas e lemmi affini da Tertulliano a Tommaso d’Aquino,

un’analisi storico-semantica con annesso archivio lessicografico in cd-rom, Padova, Il Poligrafo, 2006 (Subsidia mediaevalia Patavina, 10), 418 p. et un cd-rom.

Enzo Portalupi s’inscrit dans une double tradition, d’une part celle du Père Roberto Busa et de son Index Thomisticus, d’autre part celle de Paul Tombeur et de ses instru-ments d’analyse lexicographique. Parti de l’étude des Questiones disputatae de Veritate de Thomas d’Aquin, il n’a cessé, au cours des années, d’élargir le champ d’une recherche sous-tendue par un intérêt marqué pour les concepts philosophiques et leur vocabulaire, en particulier pour les notions de veritas et de sinceritas. C’est à cette dernière qu’est consacré l’ouvrage ici recensé et, par ailleurs, présenté ci-dessus (p. 277-279) par Alberto Bartola qui retrace la genèse de l’entreprise, détaille la structure des deux chapitres centraux et expose les conclusions de chacune de leurs sections chronologiques.

Rappelons les objectifs que s’est assignés l’auteur : suivre l’histoire de quelques termes déterminés sur un laps de temps donné, mais sans s’interdire un regard sur l’époque précédente et sur la suivante ; proposer une méthode lexicographique, portant sur la construction d’une base de données et sur une mise au point d’analyse sémantique ; fournir, du iie au xiiie siècle, une concordance pour les mots sincerus, sinceritas et pour

les lemmes apparentés, exhaustive dans le cas d’auteurs particulièrement importants ; et ainsi contribuer à l’histoire du concept de sincérité dans la culture européenne.

La réalisation de ce propos repose sur la mise en œuvre d’un corpus de textes étendu, que le cd-rom joint au volume met à la disposition du lecteur. Une table des auteurs et des œuvres ainsi réunis (p. 401-418) permet d’en apprécier la richesse et la diversité. La constitution de ce corpus a bénéficié des techniques actuelles de production de banques de données textuelles et lexicographiques et, de ce fait, se trouve en partie tributaire de l’état général du traitement électronique des textes latins patristiques et médiévaux. C’est ainsi que, devant la multiplication récente de mises en ligne plus ou moins dispersées, E. Portalupi a préféré s’en tenir au résultat des dépouillements qu’il avait effectués pour sa thèse de doctorat, base de la présente publication, et à renoncer à des consultations qui, pour les lemmes -sincer-, auraient peut-être porté de 3000 à 4000 le nombre des occur-rences, mais vraisemblablement sans renouvellement notable. Mise à part cette restriction, en partie compensée par les mises à jour et prolongements présentés à la fin de l’ouvrage (p.  295-333), la documentation provient d’instruments électroniques pour deux tiers environ : en premier lieu, comme on peut s’y attendre, des grandes collections élaborées à

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