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Mémoire de source, propension à halluciner et psychose : identification de marqueurs cognitifs et cliniques chez une population à haut risque génétique

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Academic year: 2021

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Mémoire de source, propension à halluciner et

psychose : Identification de marqueurs cognitifs et

cliniques chez une population à haut risque

génétique

Thèse

Marie-Anne Gariépy

Doctorat en psychologie – Recherche et intervention (orientation clinique)

Philosophiae doctor (Ph.D.)

Québec, Canada

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Résumé

Les déficits cognitifs sont centraux à la psychose et sont observables plusieurs années avant le premier épisode psychotique. L’atteinte de la mémoire épisodique est fréquemment identifiée comme une des plus sévères, tant chez les patients qu’avant l’apparition de la pathologie chez des populations à risque. Chez les patients psychotiques, l’étude neuropsychologique des processus mnésiques a permis de mieux comprendre l’origine de cette atteinte. Une altération des processus de mémoire de source qui permettent d’associer un souvenir à son origine a ainsi été identifiée et a été associée aux symptômes positifs de psychose, principalement aux hallucinations. La mémoire de source de même que la présence de symptômes sous-cliniques n’ont pourtant jamais été investiguées avant l’apparition de la maladie chez une population à haut risque génétique de psychose (HRG). Or, leur étude permettrait de voir si les déficits en mémoire de source de même que le vécu d’expériences hallucinatoires sont associés à l’apparition de la psychose ou s’ils en précèdent l’émergence, constituant alors des indicateurs précoces de pathologie. Afin d’étudier cette question, trois principaux objectifs ont été poursuivis par la présente thèse : 1) caractériser le fonctionnement de la mémoire de source chez une population HRG afin d’observer si une atteinte de ce processus précède l’apparition de la maladie, 2) évaluer si des manifestations sous-cliniques de symptômes psychotiques, soit les expériences hallucinatoires, sont identifiables chez une population à risque et 3) investiguer si un lien est présent entre le fonctionnement en mémoire de source et la symptomatologie sous-clinique chez une population à risque, à l’instar de ce qui est documenté chez les patients. Les résultats de la thèse ont permis de démontrer que les HRG présentent une atteinte de la mémoire de source ciblée à l’attribution du contexte temporel des souvenirs, ainsi que des distorsions mnésiques qui se manifestent par une fragmentation des souvenirs et par une défaillance de la métacognition en mémoire. Il a également été observé que les expériences hallucinatoires sous-cliniques étaient plus fréquentes chez les HRG. Des associations ont été documentées entre certaines distorsions en mémoire et la propension à halluciner. Ces résultats permettent d’identifier de nouveaux indicateurs cliniques et cognitifs du risque de développer une psychose et permettent de soulever des hypothèses liant l’attribution de la source interne-externe de l’information et le développement de la maladie. Les implications empiriques, théoriques, méthodologiques et cliniques de la thèse sont discutées.

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Abstract

Cognitive deficits are at the core of psychosis and are observed before the onset of the disease. Episodic memory deficits are frequently reported to be among the most severe impairments, both in patients and in at risk populations. In psychotic patients, a refined analysis of episodic memory within a neuropsychological framework allowed for a better understanding of the specific altered processes. Previous studies of psychotic patients showed dysfunctions of source memory processes, which are responsible for the attribution of memories to their specific origin, that were associated with psychotic positive symptoms, especially hallucinations. However, source memory processes and subclinical hallucinatory-like experiences have never been studied before the onset of psychosis in offspring at genetic high risk of psychosis (GHR). It is still unknown if source memory alterations and subclinical symptoms appear at the onset of psychosis or if they precede it, therefore being an early marker of risk. To address this issue, three main objectives were pursued in the present thesis: 1) to examine if an alteration of source memory precede the onset of psychosis by characterizing source memory functioning in GHR, 2) to assess if subclinical hallucinatory-like experiences are present in this at-risk population and 3) to evaluate if source memory and hallucinatory experiences are associated in a GHR population, as seen in patients. Findings of the thesis showed that GHR have impaired source memory functioning, specifically in the retrieving of the temporal context of souvenirs, and present memory distortions as showed by an alteration in the binding of memories and in metacognition processes. It was also observed that GHR experience hallucinatory-like experiences more frequently than controls. Associations were found between hallucination proneness and distortions in source memory. Those results contribute to the identification of new cognitive and clinical markers of psychosis and suggest a specific association between the attribution of internal-external source of information and the development of psychosis. Empirical, theoretical, methodological and clinical contributions of this thesis are discussed.

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Table des matières

Résumé ... iii

Abstract ... v

Table des matières ... vii

Liste des tableaux ... ix

Liste des figures ... xi

Liste des abréviations ... xiii

Remerciements ... xv

Avant-propos ... xix

Introduction générale ... 1

1. Fonctionnement cognitif des patients présentant un trouble psychotique ... 3

2. Identification des marqueurs cognitifs liés au risque de développer une psychose ... 5

3. Mémoire de source et psychose ... 11

3.1 Modèle de mémoire de la source ... 12

3.2 Dysfonctionnements de la mémoire de source dans la psychose ... 14

3.2.1 Mémoire de source chez les patients psychotiques ... 14

3.2.2 Mémoire de source chez les populations à haut risque de psychose. ... 17

3.3 Population générale, expérience hallucinatoire et mémoire de source. ... 19

3.4 Modèle intégratif des hallucinations ... 23

4. Principaux constats et limitations ... 26

5. Objectifs et hypothèses ... 27

6. Structure de la thèse ... 29

CHAPITRE II Mémoire et psychose : Les altérations de la mémoire de source précèdent l’éclosion de la psychose chez des jeunes à haut risque génétique de psychose ... 31

Résumé ... 33

CHAPITRE III Associations entre expériences hallucinatoires sous-cliniques et distorsions en mémoire de source chez des jeunes à haut risque génétique de psychose ... 63

Résumé ... 65

CHAPITRE IV Discussion générale ... 93

1. Contributions empiriques ... 96

1.1 Caractérisation de la mémoire de source ... 96

1.1.2 Comparaison entre HRG et patients psychotiques ... 99

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1.3 Mémoire de source et symptomatologie ... 108

2. Contributions méthodologiques ... 112

2.1 Utilité des tâches expérimentales ... 112

2.2 Impact du sexe sur le fonctionnement de la mémoire de source ... 113

2.3 Comparaison des troubles schizophréniques et bipolaires ... 114

3. Contributions théoriques ... 117

3.1 Modèle de mémoire de source ... 117

3.1.1 Développement normal de la mémoire de source. ... 117

3.1.2 Dissociation des processus en mémoire de source. ... 119

3.1.3 Architecture des processus de mémoire de source ... 123

3.2 Vers une hypothèse développementale des hallucinations ... 125

3.3 Trajectoire développementale de psychose. ... 128

3.4 Sensibilité et spécificité du profil en mémoire de source ... 131

3.5 Candidature en tant qu’endophénotype. ... 132

3.6 Conceptualisation de la psychose ... 133

4. Contributions cliniques ... 135

4.1 Outils et considérations pour le neuropsychologue clinicien ... 135

4.2 Pistes en remédiation cognitive ... 136

4.3 Considérations pour les équipes en psychiatrie. ... 137

5. Principaux constats, limites et perspectives futures ... 140

Conclusions ... 143

Références ... 145

Annexe A : Distributions des données individuelles en mémoire de source selon le groupe ... 159

Annexe B : Performances en mémoire de source chez les HRG en fonction de la présence d’un risque clinique de psychose ... 163

Annexe C : Propension à halluciner chez les 18-25 ans ... 169

Annexe D : Comparaison des performances en mémoire de source chez les HRG en fonction du diagnostic du parent atteint ... 173

Annexe E : Hypothèses de modélisation des trajectoires développementales de mémoire de source en psychose ... 179

Annexe F : Modèle des hallucinations d’Aleman et Laroi (2008) ... 183

Annexe G: Launay-Slade Hallucination Scale (LSHS) – Version française ... 187

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Liste des tableaux

CHAPITRE II

Table 1. Sociodemographic data and global IQ ... 58

CHAPITRE III

Table 1. Sociodemographic data for offspring and controls ... 87 Table 2. Distribution of current clinical diagnoses among offspring ... 88 Table 3. LSHS scores between GHR and controls (mean±SD) ... 89 Table 4. Distribution of participants reporting any hallucinatory experience on LSHS visual/verbal hallucination factors ... 90 Table 5. Source memory performances between offspring with low hallucination proneness (HP-; N=15) and high hallucination proneness (HP+; N=12)1 ... 91

ANNEXES

Tableau B 1. Caractéristiques cliniques et socio-démographiques des HRG à risque clinique de psychose (HRG-C) comparativement aux HRG sans risque clinique connu. ... 165 Tableau B 2. Comparaison des performances en reconnaissance et en attribution de l’origine entre les HRG à risque clinique de psychose (HRG-C; N=6) comparativement aux HRG sans risque clinique connu (N=21). ... 166 Tableau D 1. Variables sociodémographiques des jeunes à haut risque génétique selon le diagnostic du parent atteint. ... 175 Tableau D 2. Comparaison des performances en mémoire de source entre les jeunes à haut risque génétique selon le diagnostic du parent atteint. ... 176

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Liste des figures

CHAPITRE II

Figure 1. Discrimination Index (PR) for origin (source and temporal context) attribution between groups (Mean ± SD) ... 59 Figure 2. Proportion of recognized words for which both source and temporal context were

correctly attributed (Mean ± SD) ... 60 Figure 3. Proportion of erroneous answers among those scored with high confidence (KCI

Index) in a) recognition, and b) temporal context attribution (Mean ± SD) ... 61

ANNEXES

Figure A 1. Répartition des données individuelles selon le groupe sur les scores de mémoire centrale (Indice de discrimination (PR) en reconnaissance, en attribution de la source et en attribution du contexte temporel). ... 161 Figure A 2. Répartition des données individuelles selon le groupe sur les scores de distorsions mnésiques (Unification des représentations en mémoire (Binding); Métacognition (Indice KCI de corruption des connaissances) en reconnaissance et en attribution du contexte temporel). ... 161 Figure B 1. Distributions individuelles des participants en attribution de la source (Indice de discrimination de la source) et du contexte (Indice de discrimination contexte). 167 Figure C 1. Score total de propension à halluciner au LSHS selon le groupe chez les participants âgés de 18 ans et plus. ... 171 Figure D 1. Distributions individuelles des participants en attribution de la source (Indice de discrimination de la source). ... 177 Figure E 1. Modélisation des trajectoires développementales de la mémoire de source chez des jeunes à haut risque génétique ... 181

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Liste des abréviations

ANOVA Analysis of variance

BR Response bias index

DSM-IV-TR Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fourth Edition – Text revised

DSM-5 Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fifth Edition

FAR False Alarm Rate

HR Hit Rate

CHR/HRC Clinical high risk / Haut risque clinique GHR/HRG Genetic high risk / Haut risque génétique

HRG-C Haut risque génétique ayant également un risque clinique HP+ Propension à halluciner élevée

HP- Propension à halluciner faible

IQ/QI Intellectual quotient/Quotient intellectuel

K-SADS-PL Schedule for Affective Disorders and Schizophrenia for School-Age Children-Present and Lifetime Version

KCI Knowledge Corruption Index

LSHS Launay-Slade Hallucination Scale PQ-16 Prodromal Questionnaire – 16 questions

PR Discrimination Index

SCID Structured Clinical Interview for DSM SD/ET Standard deviation/Écart-Type

SOFAS Social and occupational functioning assessment scale WAIS-III Wechsler Adult Intelligence Scale – Third edition WASI Wechsler Abbreviated Scale of Intelligence

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Remerciements

La réalisation de cette thèse n’aurait été possible sans la présence et le support de nombreuses personnes que je souhaite remercier sincèrement pour leur soutien inestimable tout au long des années investies à la réalisation de mon doctorat.

Merci d’abord aux participants de la présente thèse et à leur famille pour leur généreuse collaboration et leur ouverture à contribuer à la recherche malgré les difficultés parfois présentes sur leur parcours. Cette thèse n’aurait pu être réalisée sans votre apport. Vous avez toute ma reconnaissance.

Je tiens à remercier sincèrement Nancie Rouleau, directrice de la thèse, pour votre soutien, vos conseils et votre confiance tout au long de ce parcours. Merci de m’avoir fait découvrir et aimer profondément ce magnifique domaine qu’est la neuropsychologie pédiatrique; votre passion est contagieuse! Vos réflexions scientifiques, théoriques et cliniques toujours justes auront eu un apport significatif à la réalisation de ma thèse, certes, mais ont surtout fait de moi une meilleure clinicienne et scientifique. Merci pour tout.

Merci également à Caroline Cellard et Nathalie Gingras, membres du comité de thèse, pour vos réflexions et vos commentaires toujours constructifs. Vos regards aiguisés et nos discussions toujours intéressantes auront assurément contribué à parfaire la thèse présentée. Merci également aux membres qui se sont ajoutés au jury de thèse, Carol Hudon et Frank Laroi, pour vos précieux commentaires sur le travail accompli.

À toute l’équipe du Centre de recherche de l’Institut Universitaire en Santé Mentale de Québec (CRIUSMQ), mille mercis. Merci au Dr. Michel Maziade pour votre passion pour la recherche et pour votre appui à la réalisation de la thèse. Un immense merci à Elsa Gilbert, pour ton support dans la mise en place de ce projet, pour ton écoute, tes conseils et ton mentorat. Merci à Valérie Beaupré-Monfette pour ton soutien inestimable dans la coordination du recrutement. La réalisation de mon projet aurait été moins aisée sans nos nombreux coups de fil et sans ta bonne humeur! Merci à toute l’équipe clinique, Linda, Marie-Claude, Joanne et Louise pour le support dans l’évaluation clinique des jeunes à

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risque. Merci à Frédéric, Sonya, Denise et Sylvie pour le soutien administratif et technique. Merci finalement à la direction du centre de recherche pour la mise en place d’un milieu de recherche aussi stimulant et supportant pour les étudiants gradués.

Je remercie le centre thématique de recherche en neurosciences (CTRN) pour le support financier offert via l’octroi d’une bourse doctorale pendant la rédaction de la thèse, qui m’aura permis pendant un an de m’investir complètement dans l’avancement de mes travaux.

Merci à Eugénie Simard et Anne-Sophie Godbout, étudiantes de recherche dirigée, pour votre aide au recrutement des participants contrôles et pour votre enthousiasme débordant face au projet.

Je tiens également à souligner l’apport des cliniciens passionnés que j’ai eu la chance de côtoyer lors de mon parcours doctoral; Simon Précourt, Élyse Limoges, Stéphanie Tremblay et Marie-Ève Routhier. Bien que votre implication n’ait pas touché directement mes travaux de recherche, vos connaissances et votre passion pour la neuropsychologie pédiatrique m’ont permis d’enrichir ma pratique comme clinicienne, de développer un regard critique sur l’apport de la recherche clinique, et m’ont surtout convaincu de l’importance de maintenir des liens forts entre chercheurs et cliniciens.

Je ne pourrais par ailleurs passer sous silence la présence de plusieurs collègues et amis, qui ont par leur présence enrichi de façon tellement significative mes années de doctorat. Merci à ma collègue, Pascale, pour le support mutuel dans un parcours pas toujours « comme prévu ». Alexandra, ton amitié aura été une belle surprise de ce doctorat. Traverser les cours, les stages, les préparations de séminaires, d’examens, et j’en passe, aura été un plaisir à tes côtés. À mes amis de longue date, Audrey, David, Ariane, Meggy et Caroline, merci pour votre amitié sans faille, votre compréhension et surtout, votre brin de folie qui m’aura permis de rester saine d’esprit et de garder l’équilibre! Votre amitié m’est si précieuse, merci d’être dans ma vie!

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xvii Je tiens également à exprimer toute mon affection à mes beaux-parents, Claude et Colette, qui ont été témoins de toutes ces années de travail. Merci pour votre support constant, votre intérêt sincère et pour tous ces coups de pouce qui ont adouci notre quotidien de grands étudiants.

Je tiens aussi à témoigner un merci immense à ma famille pour son amour et ses encouragements. Merci à mon père, Jean, pour ta confiance inébranlable. Merci de nous avoir montré la valeur du travail acharné, et surtout, de nous avoir montré toutes jeunes à quel point il est beau de découvrir et de comprendre ce qui nous entoure. Merci à ma mère, Dominique, pour ton support constant et ton amour profond de l’être humain et des enfants qui n’est sans doute pas inconnu à mes choix de vie. Merci pour ta compréhension et tes coups de pouce quand j’en avais besoin. Merci finalement à mes sœurs. Catherine, merci pour ton amour, tes encouragements et ton intérêt envers mon cheminement. Merci surtout pour ta compréhension face à mes horaires chargés qui ont parfois fait de moi une sœur, une tante et une marraine moins présente que je ne l’aurais souhaité. Florence, merci pour ton amitié inébranlable, ta complicité, ton humour et ton écoute. Nos nombreux fous rires, soupers, entraînements et j’en passe continuent d’ensoleiller mon quotidien.

Finalement, les mots me manquent pour exprimer toute ma reconnaissance, mon amour et ma gratitude à mon conjoint, complice de vie et meilleur ami, Bernard. Merci pour ton amour, ta confiance et ta présence sereine à chaque instant, depuis le tout début de cette grande aventure. Merci d’avoir toujours cru en moi, parfois plus que moi-même. Merci pour tous les sacrifices, toutes les bouchées doubles, tout le support (moral et technologique!) et tous les encouragements. Je n’aurais jamais pu accomplir ce doctorat comme je l’ai fait sans ta présence et ton amour. Merci de me rappeler tous les jours ce qui compte le plus et de donner un sens à tous ces efforts investis. Que tu sois à mes côtés fait de moi une personne meilleure. Je t’aime.

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Avant-propos

La présente thèse est constituée d’un chapitre d’introduction générale, de deux chapitres expérimentaux et d’une discussion générale au sein de laquelle sont intégrées des annexes présentant des résultats supplémentaires de la thèse. Les chapitres expérimentaux sont présentés sous forme de manuscrits d’articles rédigés en anglais qui ont tous deux été soumis pour publication à des revues internationales.

Le premier article présenté dans le chapitre II s’intitule « Memory and Psychosis: Source

memory dysfunctions precede onset in non psychotic offspring» a été soumis pour

publication à la revue Schizophrenia Bulletin. Le deuxième article présenté dans le chapitre III s’intitule « Significant subclinical hallucinatory experiences in offspring at genetic risk

of psychosis and their association with source memory distortions» et a également été

soumis à la revue Schizophrenia Bulletin. Les résultats issus de ces articles ont été présentés au 5e congrès de la Schizophrenia International Research Society en avril 2016.

La contribution des coauteurs se détaille comme suit :

MARIE-ANNE GARIÉPY, candidate au doctorat et première auteure des articles, École de psychologie de l’Université Laval, Centre de recherche de l’Institut Universitaire en Santé Mentale de Québec (CRIUSMQ) : Recension des écrits scientifiques, développement du protocole de recherche, suivi éthique, recrutement et collecte des données (jeunes à haut risque génétique et participants contrôles), saisie, analyse et interprétation des résultats et rédaction des manuscrits.

MICHEL MAZIADE, psychiatre, professeur et chercheur, Faculté de médecine de l’Université Laval, CRIUSMQ : Collaboration à l’élaboration du protocole de recherche, à l’interprétation des résultats et à la rédaction des manuscrits.

ELSA GILBERT, neuropsychologue et coordonnatrice de recherche, CRIUSMQ : Collaboration à l’élaboration du protocole de recherche, à l’interprétation des résultats et à la rédaction des manuscrits, soutien à la mise en place du projet, au recrutement et à la démarche de collecte de données.

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CAROLINE CELLARD, professeure et chercheure, École de Psychologie de l’Université Laval, CRIUSMQ : Collaboration à l’analyse et à l’interprétation des données, révision des manuscrits, supervision de la démarche scientifique.

NATHALIE GINGRAS, psychiatre et professeure, Centre Hospitalier Universitaire de Québec, Faculté de médecine de l’Université Laval : Collaboration à l’analyse et à l’interprétation des données, révision des manuscrits, supervision de la démarche scientifique.

NANCIE ROULEAU, professeure et chercheure, École de Psychologie de l’Université Laval, CRIUSMQ : Directrice de la thèse, supervision de la démarche scientifique, collaboration à l’élaboration du protocole de recherche, à l’analyse, à l’interprétation des résultats et à la rédaction des manuscrits.

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Introduction générale

La psychose se définit comme un amalgame de symptômes altérant le fonctionnement et le contact avec la réalité des patients atteints. Les principaux symptômes de psychose sont les symptômes positifs, qui comprennent les délires et les hallucinations, le désordre de la pensée ou du discours, le désordre du comportement moteur et la présence de symptômes négatifs, qui sont caractérisés par une hypoactivation par rapport au niveau fonctionnel normal (i.e. avolition, anhédonie, alogie, asociabilité). Ces symptômes induisent une souffrance significative chez le patient et altèrent de façon marquée son fonctionnement au quotidien, tant au plan comportemental, cognitif, social, qu’affectif (American Psychiatric Association, 2013).

Bien que typiquement associée au spectre des troubles psychotiques comme la schizophrénie, la psychose se retrouve également au sein d’autres diagnostics psychiatriques, dont le trouble affectif bipolaire et la dépression majeure. Certains auteurs conceptualisent d’ailleurs le phénomène de la psychose comme prenant place sur un continuum allant des troubles de l’humeur à la schizophrénie (e.g. Ivleva, et al., 2010; Ketter, Wang, Becker, Nowakowska, & Yang, 2004; Maier, Zobel, & Wagner, 2006; Murray, et al., 2004). De nombreuses études se sont intéressées à l’apparentée entre les diagnostics de ce continuum, notamment entre le trouble bipolaire et la schizophrénie, et supportent la présence de nombreuses similitudes entre ces conditions.

L’apparentée génétique entre le trouble bipolaire et les troubles du spectre de la schizophrénie est aujourd’hui bien documentée. Des études d’association génétique soulignent la contribution des mêmes gènes ou loci dans l’émergence de ces troubles. L’observation d’une agrégation familiale, à savoir que le fait d’avoir un historique familial de schizophrénie ou de trouble bipolaire constitue un facteur de risque pour les diagnostics de l’ensemble du continuum, supporte également l’idée que des déterminants génétiques communs sous-tendent ces troubles (voir Ivleva, et al., 2010; Maier, et al., 2006 pour des revues). Au plan neurobiologique, des anomalies cérébrales structurelles semblables sont également observées, bien que celles documentées en schizophrénie soient généralement plus sévères et étendues. Ainsi, il a été démontré que les patients schizophrènes et

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bipolaires présentent tous deux une diminution globale du volume de la matière blanche et un élargissement ventriculaire (Ivleva, et al., 2010; Moller, 2003), de même qu’une réduction de la matière grise au niveau du cortex préfrontal, du thalamus, du gyrus temporal médian, cingulé et caudé (Yu, et al., 2010). Certaines anomalies seraient néanmoins davantage typiques du profil des patients schizophrènes, dont la réduction du volume de l’amygdale (alors qu’un volume normal ou une augmentation est retrouvée dans le trouble bipolaire) de même que la réduction du volume hippocampique, ce qui pourrait d’ailleurs refléter certaines différences retrouvées entre ces troubles sur le plan de la symptomatologie (p.ex. réduction de l’affect en schizophrénie vs élévation de l’humeur dans le trouble bipolaire, ce qui est cohérent avec la variation du volume de l’amygdale qui est impliquée dans le système limbique) (Murray, et al., 2004). Finalement, de nombreuses études ont souligné la similitude entre les profils cognitifs de patients schizophrènes et bipolaires, chez qui un profil d’atteintes très semblables est présent, malgré une intensité d’atteintes plus modérée chez les patients bipolaires par rapport aux patients schizophrènes (Hill, Harris, Herbener, Pavuluri, & Sweeney, 2008; Hill, et al., 2013; Jabben, Arts, van Os, & Krabbendam, 2010; Seidman, et al., 2002). Des profils cognitifs similaires ont également été documentés avant l’éclosion de la pathologie chez des populations vulnérables à la schizophrénie ou à un trouble de l’humeur (Bora, et al., 2014; Maziade, et al., 2009), de même que lors de la phase prodromique de ces diagnostics (Olvet, et al., 2010), suggérant une similitude qui s’étend au-delà de la phase active de ces troubles. En somme, les nombreuses similitudes au plan génétique, neurobiologique et neurocognitif documentées entre les diagnostics au sein desquels se retrouve la psychose ont mené à une vision dimensionnelle de ces troubles, soulignant l’apport de leur étude conjointe dans la compréhension d’un phénomène comme la psychose, qui chevauche les catégories diagnostiques traditionnelles (Ketter, et al., 2004).

Bien que la psychose soit classiquement définie par l’ensemble de symptômes présenté ci-haut, des atteintes neuropsychologiques1 sont également reconnues comme étant une partie

intégrante de ce phénomène, tant en début d’évolution qu’en phase chronique

1 La notion d’atteinte est définie dans la plupart des études par une performance d’un écart-type sous la

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3 Gately, Giuliano, Goff, Faraone, & Seidman, 2009; Schaefer, Giangrande, Weinberger, & Dickinson, 2013). Des altérations du fonctionnement cognitif sont même identifiées des années avant l’éclosion d’un premier épisode psychotique et sont présentes chez des individus considérés à risque de psychose (Agnew-Blais & Seidman, 2012; Bora, et al., 2014; Correll, Hauser, Auther, & Cornblatt, 2010; Fusar-Poli, et al., 2012; Maziade, et al., 2009; Pukrop & Klosterkötter, 2010). La présence de déficits cognitifs plusieurs années avant l’apparition de la maladie a d’ailleurs mené à l’hypothèse que l’altération de la cognition constituait un marqueur précoce de la pathologie. Ainsi, certains dysfonctionnements cognitifs sont aujourd’hui considérés comme des endophénotypes de la pathologie, appuyant le fait que les déficits cognitifs sont un élément central à la pathologie à tout stade de son évolution (Braff, Freedman, Schork, & Gottesman, 2007; Chan & Gottesman, 2008; Gottesman & Gould, 2003; Green & Harvey, 2014). Le fonctionnement neuropsychologique a même été démontré comme étant un élément significatif permettant de prédire l’évolution et le rétablissement des patients psychotiques (Addington & Addington, 1999, 2000, 2008; Green, 1996; Green & Harvey, 2014; Green, Kern, Braff, & Mint, 2000; Green, Kern, & Heaton, 2004; Nuechterlein, et al., 2011; Tandon, Nasrallah, & Keshavan, 2009). De récentes hypothèses soutiennent également que les altérations cognitives documentées chez les patients pourraient contribuer à l’étiologie de la symptomatologie psychotique (e.g. Aleman & Larøi, 2008d; Brébion, Bressan, Ohlsen, & David, 2013; Brookwell, Bentall, & Varese, 2013; Laroi, Van der Linden, & Levaux, 2008; Waters, Allen, et al., 2012; Waters, Woodward, Allen, Aleman, & Sommer, 2012). L’association intrinsèque présente entre les déficits cognitifs et la psychose appuie la pertinence d’étudier le fonctionnement cognitif au sein du continuum des troubles psychotiques afin de mieux comprendre cette pathologie et ses déterminants.

1. Fonctionnement cognitif des patients présentant un trouble psychotique

Des atteintes neuropsychologiques ont été identifiées de façon consistante chez les adultes aux prises avec un trouble psychotique, avec des tailles d’effets modérées à fortes2. Les

nombreuses méta-analyses réalisées sur le sujet démontrent qu’un affaissement global du

2 Nomenclature de Cohen (1988) pour l’appréciation des tailles d’effets : Taille d’effet faible : ~0.2;

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fonctionnement cognitif est associé à la psychose, au sein duquel des déficits spécifiques plus marqués sont observés, notamment sur le plan de la mémoire épisodique et de la vitesse de traitement de l’information (Aleman, Hijman, de Haan, & Kahn, 1999; Heinrichs & Zakzanis, 1998; Mesholam-Gately, et al., 2009; Schaefer, et al., 2013; Tandon, et al., 2009). Ces déficits cognitifs multiples sont présents tant chez les patients adultes chroniques que ceux en début d’évolution de la maladie, ce qui soutient l’idée que les atteintes cognitives ne peuvent être attribuées à des facteurs confondants comme la chronicité de la maladie, la présence d’hospitalisations multiples ou la prise prolongée de psychotropes. Un profil cognitif similaire a également été observé chez des patients psychotiques adolescents (Brickman, et al., 2004; de la Serna, et al., 2010; Øie, Sundet, & Ueland, 2011; Wozniak, Block, White, Jensen, & Schulz, 2008; Zabala, et al., 2010), supportant le fait que les déficits cognitifs sont inhérents à la pathologie peu importe l’âge des patients évalués.

Bien que les troubles psychotiques soient relativement bien caractérisés à ce jour, on tente encore aujourd’hui de comprendre les mécanismes impliqués dans leur survenue. Une meilleure compréhension de ces mécanismes pourrait améliorer la prise en charge et par le fait même l’évolution clinique des patients, les troubles psychotiques demeurant encore aujourd’hui la source d’incapacité significative pour les patients atteints. Le modèle vulnérabilité-stress, qui postule que les troubles psychotiques émergent de l’interaction entre des stresseurs environnementaux (p.ex. trauma, période de transition, consommation de drogues) et des facteurs de vulnérabilité (p.ex. risque génétique, complications périnatales, milieu de vie nordique ou urbain, etc.), a longtemps occupé une place prépondérante dans la compréhension de ces troubles, en orientant la recherche vers une meilleure compréhension à la fois des facteurs de risques et des éléments pouvant précipiter un premier épisode psychotique. Plus récemment, une adaptation de ce modèle a été développée, et présente l’étiologie et l’évolution des troubles psychotiques comme découlant d’un modèle vulnérabilité-stress-compétence (Nuechterlein, et al., 1994; Ventura, Nuechterlein, Subotnik, Green, & Gitlin, 2004). Ce modèle postule plus précisément que l’émergence et l’évolution des troubles psychotiques découlent certes d’une interaction entre des facteurs de vulnérabilité et des stresseurs ponctuels, mais qu’une médiation de

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5 cette interaction prend place via la présence de facteurs de protection individuels, telles les habiletés et compétences sociales, la capacité à gérer le stress, la présence de réseau social et, dans une optique d’évolution et de prévention de la rechute, la prise de médication (Lecompte & Leclerc, 2012; Nuechterlein, et al., 1994; Ventura, et al., 2004). Cette modélisation a ouvert la voie à tout un pan de recherche portant sur la reconnaissance et le renforcement des facteurs de protection en tant qu’élément pouvant modifier la trajectoire de la maladie, par exemple en diminuant les rechutes ou en améliorant la récupération après un épisode de maladie. De façon plus embryonnaire, ce modèle ouvre également la voie au développement d’approches préventives, en permettant la mise en place d’interventions visant à renforcer les facteurs de protection chez des populations vulnérables, dans l’optique de peut-être arriver à prévenir ou encore à retarder la survenue d’un épisode psychotique. L’étude du fonctionnement cognitif constitue en ce sens un élément d’intérêt afin de soutenir ces recherches, en permettant de mieux comprendre les indicateurs précoces de la pathologie et éventuellement, la façon dont ils peuvent être modulés par divers facteurs de protection afin d’intervenir sur l’évolution du trouble.

2. Identification des marqueurs cognitifs liés au risque de développer une psychose

L’étude de la phase prodromique de la psychose a occupé une part grandissante de la littérature dans les dernières années. La chronicité et la sévérité de la schizophrénie et des autres troubles du spectre psychotique de même que leur impact majeur sur la qualité de vie des patients ont mis en lumière la nécessité de développer des approches permettant d’agir de manière préventive, en amont du premier épisode psychotique. Dans cette optique, de plus en plus d’auteurs s’intéressent à l’identification précoce des individus qui développeront un trouble psychotique. L’étude du fonctionnement cognitif s’avère être une avenue intéressante à explorer en ce sens. En effet, il est postulé qu’un profil développemental atypique accompagne la vulnérabilité à développer un trouble psychotique, tel que suggéré par les modèles neurodéveloppementaux de la psychose. Ces modèles soutiennent que les déficits cognitifs sont une manifestation du dérèglement cérébral qui précède l'émergence des symptômes psychiatriques (Censits, Ragland, Gur, & Gur, 1997; Cornblatt, et al., 2003; Rapoport, Addington, Frangou, & Psych, 2005). Ainsi, les déficits cognitifs sont considérés comme une composante de la maladie qui précède

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l’éclosion franche des symptômes et qui pourrait faciliter l’identification des personnes à risque de développer un trouble psychotique. Cette approche apparaît particulièrement pertinente considérant qu’un diagnostic précoce améliore l’efficacité de la prise en charge et que la durée de la maladie non traitée a été identifiée comme un des principaux facteurs de mauvais pronostic (Chang, et al., 2013; Jeppesen, et al., 2008; Perkins, Gu, Boteva, & Lieberman, 2005).

Les études de cohortes ont été parmi les premières à tenter d’identifier de manière prospective les futurs patients. Ces études sont parvenues à démontrer que la cognition était un élément permettant d’identifier les individus qui allaient développer un trouble psychotique plusieurs années avant l’apparition de la pathologie. Ainsi, il a été démontré que les individus ayant développé un trouble psychotique à l’âge adulte présentaient des performances plus faibles au niveau du fonctionnement intellectuel global de même qu’au plan langagier, et ce, de 10 à 15 ans avant l’éclosion des premiers symptômes psychiatriques francs (Bearden, et al., 2000; M. Cannon, et al., 2006; T. D. Cannon, et al., 2000). Une autre étude de cohorte a même observé que les individus qui avaient développé un trouble psychotique à l’âge adulte présentaient dès l’âge de 8 ans un retard développemental au plan de la cognition équivalent à près d’un an (Gur, et al., 2014). Il a également été observé qu’un déclin au plan du fonctionnement intellectuel, de la vitesse de traitement de l’information et de la mémoire épisodique entre l’adolescence et l’âge adulte précédait le développement de troubles du spectre de la schizophrénie (Meier, et al., 2014). De telles études de cohorte ont permis d’acquérir des connaissances des plus intéressantes par le passé, mais sont de plus en plus rares, car elles exigent des ressources immenses, tant en termes de temps que de budget, et doivent habituellement composer avec d’importants taux d’attrition et une faible incidence de la maladie, ce qui limite l’accès aux connaissances sur la psychose.

Pour ces raisons, deux principaux courants de recherches ont été mis de l’avant afin d’étudier le fonctionnement d’individus considérés comme davantage vulnérables au développement d’un trouble psychotique que la population générale étudiée via les études de cohorte, dans le but de mieux comprendre et identifier les indicateurs sous-jacents à une

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7 telle vulnérabilité. Deux populations ont ainsi été ciblées, à savoir les individus considérés à haut risque clinique (HRC) de développer un trouble psychotique en raison de particularités cliniques considérées comme prépsychotiques ou prodromiques, ainsi que ceux considéré à haut risque génétique (HRG) de développer un trouble psychotique en raison d’un historique familial de pathologie.

L’identification d’individus considérés à haut risque clinique (HRC) de développer une psychose a été à l’origine du développement de plusieurs critères définissant ce statut, dont les plus fréquemment retrouvés dans la littérature font mention 1) de symptômes psychotiques positifs atténués, 2) de symptômes psychotiques brefs, limités dans le temps et intermittents ou 3) de facteurs de risques biologiques dont un diagnostic de trouble de la personnalité schizotypique ou un historique familial de psychose accompagné d’un déclin du fonctionnement social dans le dernier mois (Correll, et al., 2010; Miller, et al., 2003; Yung & McGorry, 1996). Cet état de haut risque clinique a été associé à 20 à 50% de risque de développer une psychose dans l'année suivant l'émergence de ce statut clinique (Brewer, et al., 2005; T. D. Cannon, et al., 2008; Jang, et al., 2011; Lencz, et al., 2006; Lin, et al., 2011; Simon, et al., 2011; Thompson, Nelson, & Yung, 2011; Yung, et al., 2003), ce qui est largement supérieur aux incidences retrouvées dans la population générale, qui oscillent plutôt entre 1 et 3 % (American Psychiatric Association, 2013).

Le risque accru de conversion associé aux critères de HRC a d’ailleurs été au cœur d’un débat récent entourant la parution du DSM-53, où il a été sérieusement considéré d’inclure

un nouveau diagnostic dans la section des troubles psychotiques, soit le Syndrome de

psychose atténuée. Ce syndrome, fort semblable au statut de HRC, a été défini par la

présence de symptômes psychotiques atténués (délire, hallucination ou désordre du discours) présents avec suffisamment d’intensité pour justifier une attention clinique, mais dans un contexte où le contact avec la réalité demeure préservé. Ces symptômes doivent avoir été présents au moins une semaine dans le dernier mois, avoir débuté ou s’être aggravés dans la dernière année et induire suffisamment de détresse ou de

3 Manuel de référence dans l’évaluation des troubles mentaux définissant les entités cliniques et leurs critères

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dysfonctionnement pour nécessiter une démarche clinique. La présence d’altérations cognitives est décrite comme fréquemment observée au sein de ce syndrome (American Psychiatric Association, 2013). Bien qu’il ait finalement été décidé d’inclure ce syndrome dans la section « Conditions nécessitant davantage de recherche » au terme de la mise à jour du DSM, son inclusion reconnait l’importance de poursuivre les recherches visant l’identification précoce des individus à risque de développer un trouble psychotique (voir Shrivastava, et al., 2011; Tsuang, et al., 2013; Woods, Walsh, Saksa, & McGlashan, 2010 pour une présentation de l'argumentaire ayant entouré l'inclusion de ce syndrome dans le DSM-5).

Plusieurs études ont évalué le fonctionnement cognitif des HRC afin de vérifier si les déficits cognitifs identifiés chez les patients psychotiques étaient présents avant l’apparition des premiers symptômes psychiatriques francs. De manière générale, les études concluent à la présence de déficits dont la nature est semblable à ce qu’on retrouve chez les patients atteints, mais d’une amplitude moindre (tailles d’effets modérées plutôt que fortes). De tels déficits cognitifs seraient particulièrement marqués en mémoire épisodique et sur le plan des fonctions exécutives (Bora, et al., 2014; Fusar-Poli, et al., 2012; Pukrop & Klosterkötter, 2010), soit, de manière intéressante, au sein de domaines cognitifs également identifiés comme particulièrement déficitaires chez les patients atteints.

En plus de caractériser les HRC au plan cognitif, on s’est par ailleurs également intéressé aux facteurs cognitifs permettant de prédire quels individus convertiraient vers la psychose. En effet, bien que l’identification des critères HRC permette de cibler des individus particulièrement vulnérables à la psychose, il demeure qu’une forte proportion d’entre eux ne développera pas la maladie ou connaîtra une rémission spontanée de ses symptômes (Simon, et al., 2011). La recherche de « marqueurs de conversion », c'est-à-dire de caractéristiques permettant de distinguer les HRC qui développeront la maladie de ceux qui ne la développeront pas, a donc fait l’objet de plusieurs études qui démontrent l’apport de la cognition dans l’identification des futurs patients psychotiques. Des revues de la littérature portant sur les HRC ont indiqué que la cognition pouvait être un marqueur de conversion d’intérêt. Ces revues ont indiqué que les indicateurs de conversion vers la

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9 psychose qui apparaissent les plus prometteurs pour la recherche future sont les performances en traitement de l’information et en mémoire épisodique verbale (Correll, et al., 2010; Pukrop & Klosterkötter, 2010). Ces impressions ont été corroborées par deux récentes méta-analyses ayant comparé les performances cognitives des HRC ayant développé un trouble psychotique avec les performances de HRC n’ayant pas développé la maladie. Une première méta-analyse a montré que la mémoire épisodique et la mémoire de travail étaient plus déficitaires chez les HRC ayant développé un trouble psychotique, et ce, avant l’apparition du premier épisode psychotique (De Herdt, et al., 2013), alors qu’une seconde a identifié des performances plus faibles sur l’ensemble des domaines cognitifs chez les HRC ayant développé un trouble psychotique, avec un écart plus marqué pour la mémoire épisodique, la mémoire de travail et la fluidité verbale (Bora, et al., 2014). Une autre étude a pour sa part observé que les HRC ayant développé un trouble psychotique au terme d’un suivi de 6 mois se démarquaient au temps de base par des atteintes cognitives plus sévères, notamment au plan de la mémoire épisodique verbale, de la mémoire de travail et des fonctions exécutives (Barbato, et al., 2013). Une équipe de recherche américaine a également démontré une contribution significative de la mémoire verbale à un modèle de prédiction de la conversion vers la psychose (Seidman, et al., 2010), et ce, même en considérant l’apport de variables cliniques comme la présence de pensées inhabituelles ou la consommation de substances (Thompson, et al., 2011). Une autre équipe a par ailleurs observé que les taux de conversion vers la psychose étaient accrus chez des HRC présentant une atteinte sur le plan mnésique par rapport à ceux sans trouble mnésique (48,8% vs 20,6% de conversion respectivement; Lin, et al., 2011), suggérant encore une fois une contribution des performances mnésiques dans la prédiction de la conversion vers un trouble psychotique franc.

Il apparaît ainsi clair que des anomalies cognitives sont associées au risque clinique de développer la pathologie et en précèdent l’émergence. Néanmoins, l’étude des HRC permet difficilement de déterminer si ces déficits cognitifs sont uniquement liés à la présence de symptômes, même atténués, ou s’ils en précèdent l’apparition et sont un indicateur de la vulnérabilité génétique sous-jacente qui serait à l’origine de la maladie. L’étude d’individus considérés à haut risque génétique de psychose (HRG), définis comme des individus en

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bonne santé, sans symptôme psychotique ni diagnostic psychiatrique sévère, mais ayant au moins un proche (apparenté de 1er degré) atteint par la maladie, permet d’éclairer ce point.

Les effets potentiellement confondants de la médication, de la symptomatologie et des hospitalisations n’entrent pas en ligne de compte chez cette population et permettent de tirer des conclusions plus claires quant aux marqueurs cognitifs associés précocement à la vulnérabilité génétique à développer la maladie. Par ailleurs, les HRG n’étant pas tous de futurs patients puisque seuls 9 à 18 % d’entre eux développeront un trouble psychotique (Tandon, Keshavan, & Nasrallah, 2008), leur étude offre une meilleure compréhension des trajectoires développementales associées à la pathologie en permettant le suivi et la comparaison d’individus à risque qui développeront et qui ne développeront pas le trouble.

À l’instar des études ayant porté sur les individus HRC, plusieurs groupes de recherche se sont intéressés à l’étude des HRG. Plusieurs méta-analyses et revues de littératures portant sur le fonctionnement cognitif de cette population rapportent globalement des altérations cognitives associées à des tailles d’effets faibles à modérées sur le plan de l’attention, de la mémoire de travail, des fonctions exécutives et de la mémoire épisodique, ces deux derniers domaines étant souvent associés aux plus grandes tailles d’effet, tant chez les apparentés adultes non atteints que chez les jeunes HRG n’ayant pas encore dépassé l’âge de conversion vers la pathologie (Agnew-Blais & Seidman, 2012; Bora, et al., 2014; Kremen, et al., 1994; Sitskoorn, Aleman, Ebisch, Appels, & Kahn, 2004; Snitz, MacDonald, & Carter, 2006; Trandafir, Méary, Schürhoff, Leboyer, & Szöke, 2006).

En résumé, les études récentes portant sur l’étude de populations à risque de développer un trouble psychotique (HRC et HRG) appuient la pertinence d’étudier le fonctionnement cognitif afin de mieux comprendre la trajectoire développementale des troubles psychotiques avant l’éclosion franche du premier épisode. En effet, il apparait clair que des altérations cognitives sont à la fois associées à la vulnérabilité génétique et au prodrome de la pathologie. De même, il est suggéré que le fonctionnement cognitif soit un marqueur de conversion vers la psychose. De manière intéressante, la mémoire épisodique apparaît être une composante du fonctionnement cognitif particulièrement informative, entre autres car elle est constitue une des atteintes cognitives les plus sévères chez les populations HRC et

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11 HRG tout comme chez les patients, et est associée au développement de la maladie et au fonctionnement futur des patients dans de nombreuses études. Considérant cela, le fonctionnement des processus de mémoire épisodique apparaît particulièrement informatif de l’évolution des troubles psychotiques, et constituera en ce sens le sujet d’intérêt de la présente thèse.

3. Mémoire de source et psychose

Comme présenté ci-haut, la mémoire épisodique apparaît être un des marqueurs cognitifs de la maladie les plus constamment documentés, des déficits mnésiques étant répertoriés tant chez les patients que chez les populations à haut risque clinique et génétique (Aleman, et al., 1999; Bora, et al., 2014; Mesholam-Gately, et al., 2009; Schaefer, et al., 2013; Sitskoorn, et al., 2004; Snitz, et al., 2006; Stone, et al., 2011; Trandafir, et al., 2006). De plus, la mémoire a été liée au pronostic clinique des patients (Gilbert, et al., 2014; Verdoux, Liraud, Assens, Abalan, & van Os, 2002) ainsi qu’à leur fonctionnement social (Addington & Addington, 1999, 2000, 2008; Green, 1996; Green & Harvey, 2014; Green, et al., 2000; Green, et al., 2004). Finalement, les déficits en mémoire semblent répondre à tous les critères d’endophénotype pour la psychose, à savoir qu’ils accompagnent la pathologie, sont héritables, indépendants de la phase active de la maladie et présents même chez les membres non atteints de familles de patients (Braff, et al., 2007; Chan & Gottesman, 2008; Gottesman & Gould, 2003), faisant de la mémoire un processus d’intérêt dans la compréhension de la vulnérabilité génétique au trouble psychotique. Une compréhension plus approfondie du fonctionnement mnésique apparaît donc être une avenue tout indiquée afin de mieux comprendre la psychose et ses marqueurs de vulnérabilité. Toutefois, la plupart des études citées ci-dessus abordant la cognition ont étudié la mémoire épisodique de manière globale et sous un angle souvent psychométrique, en s’intéressant généralement au nombre d’items rappelés (le « quoi ») suite à l’apprentissage d’une liste de stimuli et un délai, négligeant souvent, d’une part, le rappel des informations périphériques à l’item comme la source de l’information ou le contexte d’encodage (le « qui » et le « quand »), et d’autre part, les processus et mécanismes impliqués dans ce rappel (le « comment»). Pourtant, de nombreux processus cognitifs sont déployés lors du rappel d’une information. Une compréhension plus raffinée des processus mnésiques liés à la psychose pourrait

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permettre de mettre en lumière des liens plus spécifiques entre la cognition et la maladie, en identifiant de façon plus détaillée le patron des processus déficitaires et préservés associés à la pathologie. Parmi les processus connus en mémoire épisodique, les processus de

mémoire de source sont maintenant de plus en plus étudiés, compris et documentés chez les

patients psychotiques, bien que peu d’études se soient à l’heure actuelle intéressées au fonctionnement de la mémoire de source chez les populations à haut risque de psychose.

3.1 Modèle de mémoire de la source

La mémoire de source se définit comme le processus cognitif permettant la récupération de l’origine d’un souvenir en mémoire. Ce processus cognitif est caractérisé par la mise en action d’un mécanisme décisionnel basé sur la multitude de caractéristiques encodées simultanément à un souvenir et qui permettent collectivement de spécifier les conditions dans lesquelles celui-ci a été acquis (Johnson, Hashtroudi, & Lindsay, 1993). Johnson et ses collaborateurs (1993) ont proposé un modèle de contrôle de la source qui explicite le fonctionnement de ce processus mnésique. Leur conception repose sur la notion que lorsqu’un évènement est encodé en mémoire, une multitude d’informations périphériques à cet évènement (p.ex. le lieu, les gens présents, le temps de l’année, le moment de la journée, etc.) sont également encodées et forment une trace intégrée et unifiée en mémoire qui constitue alors un souvenir unique et distinct d’autres évènements similaires. Lors du rappel d’un souvenir, les processus de mémoire de source permettent de récupérer ces éléments périphériques à l’évènement cible afin de le remettre en contexte et de retracer son origine. Ce processus permettant de récupérer l’origine d’un souvenir repose notamment sur un jugement décisionnel quant aux caractéristiques périphériques encodées au même moment que l’item et peut conduire à une attribution de l’information centrale à une source externe (i.e. l’information provient de l’extérieur comme une autre personne, un journal, etc.) ou interne (i.e. l’information a été générée (dite, pensée, faite) par l’individu lui-même). Les principales caractéristiques évaluées pour ce faire sont l'information perceptuelle (sons, couleur) et contextuelle (spatiale, temporelle), les détails sémantiques, l'information affective (réactions émotionnelles) et les opérations cognitives qui ont été encodés lorsque la trace mnésique a été formée. Ainsi, la présence en mémoire de plusieurs informations périphériques visuelles, sonores et spatiales facilitera une attribution externe

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13 de l’origine du souvenir. Dans le même ordre d’idée, la présence de plusieurs caractéristiques auditives qui correspondent par exemple au schéma en mémoire de la voix d’un individu contribuera à son identification comme source de l’information rappelée (Johnson, et al., 1993).

L’attribution de l’origine d’une information peut être réalisée par le biais de deux niveaux de traitement de l’information, soit de manière automatique via un traitement heuristique de l’information, ou être le fruit d’un effort conscient via un traitement plus systématique. Un jugement heuristique impliquera des critères décisionnels tels que le niveau de familiarité ou la quantité d’informations perceptuelles disponibles, alors qu’un jugement systématique se basera plutôt sur le caractère plausible de ce qui est rappelé en regard des connaissances et expériences antérieures d’un individu. Ce deuxième type de jugement, plus lent et délibéré, implique la mise en relation de différents souvenirs et connaissances. Ces deux types de jugement peuvent tous deux être modulés par les biais, les suppositions, les buts ainsi que les contraintes temporelles présentes au moment où le souvenir est récupéré (Johnson, et al., 1993). Le type d’information à traiter influence également la nature du jugement mis en place. Ainsi, de l’information qui génère un fort sentiment de familiarité sera prioritairement traitée de manière heuristique, alors qu’une information qui se différencie grandement des expériences mentales antérieures sera traitée de façon plus systématique en raison du sentiment d’incongruité qui y est associé (Mitchell & Johnson, 2009).

En résumé, Johnson et ses collaborateurs (1993) proposent une conceptualisation de la mémoire de source qui permet de mieux comprendre les processus cognitifs à l’œuvre dans la formation d’un souvenir complet, de même que les processus qui permettent collectivement de mettre ces souvenirs en contexte. Ce modèle permet de mieux comprendre les éléments contribuant au fonctionnement harmonieux de la mémoire épisodique, laquelle, rappelons-le, est d’une importance capitale au fonctionnement de tout individu puisqu’elle est à la base de tout apprentissage de même que du développement de sa propre identité et vision du monde.

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3.2 Dysfonctionnements de la mémoire de source dans la psychose

Le fonctionnement de la mémoire de source a été l’objet d’une attention croissante dans les dernières années en lien avec la compréhension du phénomène de la psychose. L’hypothèse d’un trouble au plan de l’attribution de la source des informations apparaissait cohérente pour les chercheurs avec la symptomatologie psychotique, notamment au plan des hallucinations, puisque la définition même de ce symptôme repose sur l’idée d’une méprise quant au caractère réel (i.e. externe) d’un évènement interne (voix, vision, sensation). Il a de plus été noté que les symptômes positifs de psychose comme les hallucinations ont un caractère intrusif et génèrent peu d’activité mentale, ce qui favoriserait leur externalisation (Johnson, et al., 1993; Morrison, 2001). La présente section vise à faire le point sur les conclusions des dernières années de recherche portant sur la mémoire et le contrôle de la source au sein de populations psychotiques ou à haut risque de psychose, qui ont confirmé que la mémoire de source est un processus d’intérêt en psychose.

3.2.1 Mémoire de source chez les patients psychotiques

Plusieurs études réalisées chez des patients psychotiques adultes supportent la présence d’altérations de la mémoire de source chez cette population. Une méta-analyse réalisée à partir des 29 études publiées de 1975 à 2007 sur le sujet a d’ailleurs permis d’identifier des dysfonctionnements de la mémoire source chez cette population, associés à une taille d'effet modérée (Achim & Weiss, 2008). Des études subséquentes ont également corroboré ce résultat. Ainsi, dans une tâche de mémoire de source verbale, des patients ont démontré des performances plus faibles que des participants contrôles en reconnaissance des items centraux, répliquant l’atteinte globale bien connue en mémoire épisodique, mais ont également démontré des performances plus faibles lorsqu’ils devaient statuer sur l’origine de mots appris. De plus, un biais d’attribution externe, c'est-à-dire une tendance à attribuer une information provenant d’une source interne à une source externe, a été identifié chez les patients présentant des hallucinations par rapport aux patients sans hallucinations (Woodward, Menon, & Whitman, 2007). Un résultat semblable a été obtenu dans les travaux de Brunelin et collaborateurs. Cette équipe a observé des atteintes au plan de la discrimination de la source interne et externe chez des patients psychotiques, les patients aux prises avec des hallucinations étant les plus atteints (Brunelin, et al., 2006; Brunelin, et

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15 al., 2007; Brunelin, et al., 2008). Une performance similaire a été observée dans une tâche de mémoire de source verbale utilisant des stimuli plus complexes, soit des phrases complètes plutôt que des mots seuls (Stephane, Kuskowski, McClannahan, Surerus, & Nelson, 2010). Une atteinte au plan de la mémoire de source des actions a aussi été documentée chez des patients schizophrènes, qui ont montré une performance déficitaire lorsqu’ils devaient départager des actions imaginées d’actions réellement exécutées (Gawęda, Moritz, & Kokoszka, 2012). Une récente méta-analyse indiquait d’ailleurs qu’indépendamment de la méthodologie employée, la capacité à reconnaître ses propres actions, paroles ou pensées était constamment identifiée comme perturbée chez des patients atteints de schizophrénie (Waters, Woodward, et al., 2012).

Quelques études ont par ailleurs porté sur le fonctionnement de la métacognition en mémoire qui est défini dans la littérature comme le processus mental permettant de poser un jugement et d’évaluer son propre fonctionnement mnésique. La métacognition en mémoire est en ce sens le processus qui permet d’affirmer avec certitude de la véracité d’un souvenir récupéré s’il apparaît riche et bien contextualisé, ou à l’inverse d’en douter si l’origine de ce souvenir apparaît floue lorsqu’il est récupéré en mémoire. Il a été observé que les patients psychotiques adultes peinent à juger adéquatement de la qualité de leurs attributions en mémoire de source et démontrent une confiance anormalement élevée lorsqu’ils commettent des erreurs en mémoire, témoignant d’une altération de la métacognition en mémoire chez les patients psychotiques (Gawęda, et al., 2012; Moritz, et al., 2014; Moritz & Woodward, 2002; Moritz, Woodward, & Rodriguez-Raecke, 2006; Moritz, Woodward, Whitman, & Cuttler, 2005).

Un fonctionnement semblable en mémoire de source a été documenté chez des adolescents en premier épisode psychotique par notre équipe de recherche. Ainsi, des performances plus faibles ont été observées sur le plan de l’attribution de l’origine des souvenirs, tant au niveau de la capacité à attribuer correctement la source interne-externe de l’information (i.e. l’item était-il prononcé par le participant ou l’expérimentateur) que le contexte temporel (i.e. l’item était-il dans la liste 1 ou la liste 2). Ces performances altérées se sont également accompagnées de représentations en mémoire moins unifiées, c’est-à-dire d’une

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fragmentation du souvenir. De plus, une altération de la métacognition en mémoire, telle qu’évaluée par le jugement de confiance posé envers la qualité des attributions réalisées, a été documentée à l’instar de chez les populations adultes. (Doré, Caza, Gingras, & Rouleau, 2007).

Alors que le fonctionnement cognitif tel qu’évalué classiquement est rarement associé à la symptomatologie psychotique positive, les processus de mémoire de source montrent pour leur part une association avec le symptôme hallucinatoire. Ainsi, notre équipe de recherche a identifié chez des patients psychotiques adolescents un lien significatif entre la présence d’un biais d’attribution externe, soit la tendance à attribuer une information auto-générée à une source externe, et l’intensité des symptômes positifs de psychose (Doré, et al., 2007). Ce lien entre le fonctionnement mnésique et la symptomatologie a été répliqué dans une étude subséquente dans laquelle l’intensité de la symptomatologie positive chez des adolescents en premier épisode psychotique a été liée à des erreurs d’intrusion dans une tâche de mémoire de mots, lesquelles peuvent être considérées comme découlant d’un mauvais contrôle de la source de l’information (Doré, Caza, Gingras, Maziade, & Rouleau, 2009). Les altérations de la mémoire de source ont également été fréquemment liées à la symptomatologie clinique dans les travaux de Gildas Brébion et de son équipe. En effet, dans un modèle intégrant plus d’une décennie de travaux sur le sujet, Brébion et ses collaborateurs (2013) ont présenté une conceptualisation selon laquelle la présence d’altérations des processus de mémoire de source en psychose contribue aux erreurs habituellement observées aux tâches classiques de mémoire (intrusions, répétitions, biais), et est associée à la symptomatologie psychotique (hallucinations et délires). Deux méta-analyses ayant porté spécifiquement sur la question du lien entre hallucination et mémoire de source ont finalement observé que le biais d’attribution externe en mémoire de source constituait un déterminant cognitif important dans la survenue du phénomène hallucinatoire en psychose (Brookwell, et al., 2013; Waters, Allen, et al., 2012).

En somme, les études disponibles indiquent que les populations psychotiques démontrent clairement des atteintes en mémoire de source. Ces atteintes semblent de plus être associées avec la symptomatologie positive chez les patients, bien que la compréhension des

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17 mécanismes sous-tendant cette association demeure à explorer davantage. Ainsi, l’étude des processus de mémoire de source constitue une voie intéressante à explorer, notamment puisqu’elle pourrait contribuer à une meilleure compréhension des processus cognitifs et mnésiques impliqués dans la psychose, mais également à une meilleure compréhension de la symptomatologie psychotique et de ses déterminants.

3.2.2 Mémoire de source chez les populations à haut risque de psychose

La mémoire de source a été nettement moins étudiée au sein des populations à haut risque de psychose, tant clinique que génétique, que chez les patients psychotiques. On en sait donc très peu vu les connaissances actuelles disponibles sur le fonctionnement de ce processus avant l’éclosion de la pathologie franche. Parmi les rares études s’étant intéressées au fonctionnement de la gestion de la source chez les individus à haut risque clinique, seul le contrôle direct de la source a été étudié à l’aide de méthodologies demandant principalement une discrimination perceptuelle (i.e. bottom-up) de la source, c'est-à-dire sans que les aspects mnésiques ne soient sollicités. Ainsi, dans une tâche exigeant de distinguer sa propre voix de celle d’un étranger après qu’une distorsion sonore ait été appliquée, certains chercheurs ont identifié des performances plus faibles chez les individus à haut risque clinique (Johns, et al., 2010), alors que d’autres ont observé des performances équivalentes chez des patients atteints, des contrôles, des apparentés adultes de patients et des individus à haut risque clinique (Versmissen, Janssen, et al., 2007). Dans les deux cas, aucune corrélation n’a été obtenue entre les performances à la tâche et la symptomatologie clinique. Ces deux études apparaissent contradictoires dans leurs résultats, et le manque de données sur le sujet rend difficile une clarification de la situation. Au meilleur de notre connaissance, la mémoire de source n’a pour sa part jamais été étudiée auprès des populations à risque clinique de psychose.

Chez les individus à haut risque génétique, peu de données sont disponibles, et celles-ci concernent surtout les apparentés d’âge adulte plutôt que les enfants de patients. Or, bien que l’étude des apparentés adultes soit informative quant à l’étude de l’association entre cognition et gènes de vulnérabilité, elle renseigne peu sur les trajectoires développementales de la pathologie puisque les apparentés adultes non atteints ont

Figure

Table 1. Sociodemographic data and global IQ
Figure 2. Proportion of recognized words for which both source and temporal context were  correctly attributed (Mean ± SD)
Table 2. Distribution of current clinical diagnoses among offspring
Table  4.  Distribution  of  participants  reporting  any  hallucinatory  experience  on  LSHS  visual/verbal hallucination factors
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