• Aucun résultat trouvé

Écrits de la "Petite école" porrétaine

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Écrits de la "Petite école" porrétaine"

Copied!
76
0
0

Texte intégral

(1)

; ; '■ ! ;. ■ ;. ; ■ :■ « :• ^ - ? •, j- ♦ ' ' / / ' ’ fl; ; ' J '' ' 'j ,' ':'■ ■ - H;'.. VI. > '■. "f ;• . :\> ,\tv. ■ ■ ■ . ■ ■■ ; • ' - <•' ;■ V.- *. / iv' i ' »■! ; W < . ' • ^ V^ H; f. ’■■■'■ ■■• '■•: i..'';-- 'fil ■ ’-•) ■ ■’■ •■ !•■■ ■ ';.:■'.■($;■■ - ■;r .■?i > ; ' '.-f: ■ • ., • r ''Y -' •; = •■ . ' ; i -, Vr I ■. ( . '••• «S-‘ ‘ * u'f ^ ^ i\ ; . » •■ ■ Î ; : * ■ ' W f ; ». /?• '.. » » M * ' . M- v .] ■ » I ‘ . i. • ! ' , ' f - - - r ' • h r * . Î • A ■”■ ■'■ ■ ';>i ,'î5 ‘, > ' ‘ ' ■ J ; 1 ,* V / ( t î ' ^ j I, * ‘ » • ' : î; . f ‘ . § i | ; r ' : - • * ■ ! / ■ • '■ : j ' * ‘ •• '; •• ' < ■; ( - • ' ' ; * : ^^ h ‘ h î ‘ ■'. * J •■ ' - r i ’ V 1 • / ;*l :•* S ï ' V h ' ’ h' ' c ■’ f ' 1 ■>. ' •: . i > • ■s • > : • . > , . • ■ ^ > , ! . . . !r v ' s f ‘ ' , } • . , j Î V v * •>!• • >■;-■•■■'■■■ . ‘ ' h ' » , r r " . ' l ? ■ Y*' ; i : î ‘ •' , •. ><»■• •:. ■ .;y

(2)

fid e SPLtHDET EIJCIEMTIaJ - ^

Université de Montréal

(3)
(4)
(5)
(6)
(7)

ECRITS DE LA

(8)
(9)

Conférence Albert-le-Grand 1962

ECRITS DE LA

PETITE ECOLE- PORRÉTAINE

par A N T O IN E /D O N D A IN E,! O. P. / n 1 i 1 AT,

/ S

In s t, d'études médiévales 2715, Chemin de la Côte Sainte-Catherine Montréal Librairie J . Vr in 6, Place de la Sorbonne Paris 1962

(10)

N IH IL O B STA T :

L.-B. Geiger, O. P., Cens. dep. A.-M. Landry, O. P., Cens. dep.

IM PR IM I P O T E S T :

Marianopoli, die vicesima septembris, 1962

Thomas-M , Rondeau, O. P. Prior provincialis

I M P R IM A T U R :

Marianopoli, die vicesima quarta septembris, 1962 t La u r e n t iu s P. Wh e l a n, V. G.

Aux. Marianopoli

Copyright, 1962

Par ITnstitut d’études médiévales Albert-le-Grand de l’Université de Montréal

(11)

LES CONFÉRENCES ALBERT-LE-GRAND

L ’Institut d ’études m édiévales A lbert-le- Grand de l’U n iv ersité de M ontréal (connu a- vant 1942 sous le nom d’in stitu t d ’études m éd ié­ vales d’O ttawa) célèbre chaque année la fête de son patron par une séance académ ique au cours de laquelle un m aître de la p en sée m é­ d iévale exp ose l’un ou l’autre des thèm es qui peuvent intéresser les théologiens, les philo­ sophes et les historiens du m oyen âge. C ette con féren ce publique a lieu, chaque année, à l’U n iv ersité de M ontréal, vers le 15 novem bre, date de la fête de saint A lbert.

Textes publiés :

C on féren ce 1947 : E tien n e Gi l s o n, Philosophie et Incarnation selon saint A ugustin. 55 pages.

C on féren ce 1948 : Paul Vi g n a u x, N o m in a lis m e au X I V e siècle. 96 pages.

C on féren ce 1949 : L ouis-M . Ré g is, O. P., L

’O-d y s s é e ’O-de la m étaphysique. 96 pages.

C on féren ce 1950 : H en ri-Irén ée Ma r r o u, U a m - bivalence du tem p s de l’histoire ch ez saint Augustin. 86 pages.

C on féren ce 1951 : T hom as De m a n, O. P., A u x

origines de la théologie morale. 116 pages.

C on féren ce 1952 : L ouis-B . Geig er, O. P., L e

p r o b lè m e de l’a m our ch ez saint Thom as d ’A q u in . 136 pages.

(12)

C on féren ce 1954 : D . H . Sa l m a n, L a place de la philosophie dans l’u n iversité idéale. 74

pages.

C on féren ce 1955 : M au rice de Ga n d il l a c, V a ­ leu r du tem p s dans la pédagogie spirituelle de Jean Tauler. 100 pages.

C on féren ce 1959 : C. Spic q, O. P., C e que Jésu s

doit à sa m ère selon la théologie biblique et d ’après les théologiens m éd iév a u x . 56 pages.

C on féren ce 1960 : Philippe De l h a y e, P i e r r e L o m b a r d : sa vie, ses œ u vres, sa morale.

112 pages.

C on féren ce 1961 : Jean-P aul Au d e t, A d m i r a ­ tion religieuse et d é s ir de savoir. R éflex io n s sur la condition du théologien. 72 pages.

C on féren ce 1962 : A n toin e Do n d a i n e, O. P .,

E c r its de la « p etite école » porrétaine. 68

pages.

Textes en préparation :

C on féren ce 1957 : R aym ond Ku b a n s k y, N ico la s de C use. L e philosophe aux confins du m oyen âge et de la renaissance.

C on féren ce 1958 : C am ille Bé r u b é, O. F . M . Cap., Philosophie et perfection chrétienne

(13)

ÉCRITS DE LA

« PETITE ÉCOLE » PORRÉTAINE

La censure portée en 1215 par le IV e con cile du Latran contre Joachim de F lore, plutôt contre son lib elle D e unitate seu essentia Trinitatis, puisque le décret faisait un

bel éloge de sa personne, est le dernier fait saillant de la q uerelle porrétaine. L e con flit se term inait par un échec retentissant des disciples de G ilbert de la P orrée N o n content de con ­ dam ner le traité de l’abbé calabrais dirigé contre P ierre Lom bard, le con cile canonisait la form u­ lation du m ystère proposée par le M aître des S en ten ces : « A v e c l’approbation du saint C on ­ cile, disait Innocent III, N o u s croyons et con ­ fesson s avec P ierre Lom bard qu’il est une su ­ prêm e réalité, unique, incom préhensible et in e f­ fable, qui en vérité est le P ère, et le F ils et le Saint-E sprit ». Selon l’exp ression du P. de G hel- linck, c’était « la plus solen n elle consécration qu’ait jam ais reçue un ouvrage de théologie »

1. Peut-être serait-il plus exact de dire Gilbert Porrée (ou même Porret), mais il n’entre pas dans notre propos d’ouvrir ici une discussion pour fixer ce point d’onomas­ tique ; nous conserverons la forme traditionnelle.

2. J. DE Gh e l l in c k, article Pierre Lombard dans le Dictionnaire de théologie catholique, t. 12, Paris, 1935, col. 2010

.

(14)

1 0 É C R IT S D E I A

Or ce m êm e P ierre Lom bard était l’un de ceu x qui, aux côtés de saint B ernard, avaient critiqué G ilbert à R eim s en 1148, un de ceu x contre le s ­ quels les assauts des porrétains avaient été les plus violents. C eu x-ci avaient m ené une lutte opiniâtre pour lever les soupçons d’erreur qui dem euraient attachés à la m ém oire de leur m aître ; ils avaient dénoncé avec fougue les h érésies de ses contradicteurs, com m e si leur noirceur devait contribuer à le blanchir. La d écré­ tale « F irm iter credim us », ou profession de foi du C on cile, m it un term e si d éfin itif à la p o lé­ m ique que les docum ents en rapport avec celle- ci sont tom bés dans l’oubli le plus com plet, à ce point que nous som m es fort mal inform és sur toute l’affaire.

C e serait toutefois une erreur de penser que la querelle porrétaine fut un sim ple épisode de l’histoire doctrinale de la seconde m oitié du X l l e siècle. Si quelques-uns ont pu s’arrêter à une telle m anière de voir, c ’est précisém en t parce que les p ièces du con flit étaient ignorées. D ’autres, au contraire, con cèdent aux porré­ tains un rôle important dans le retour aux P ères de l’E glise inauguré à cette époque, et on aim e à leur reconnaître le m érite de vastes inventaires de la théologie orientale C ependant si l’on tente de v érifier le bien-fondé de cette réputa­ tion, la réalité paraît se réduire à peu de ch ose :

3. Cf. par exemple Revue des sciences philosophiques et théologiques, 26 (1937), p. 454.

(15)

« P E T IT E É C O L E » PO R R É T A IIV E 1 1

à R eim s G ilbert étonna par ses connaissances patristiques ; trente ans plus tard, un de ses d isciples, chanoine de Saint-R uf de V alen ce, pourvut ses amis d’un florilège d ’autorités e x ­ traites des P ères. G ela est bien connu, m ais c ’est tout, sem ble-t-il ! L ’historien doit-il voir en ces m anifestations les vestiges d’une activité plus vaste, ou bien sont-elles des faits isolés, sans signification générale ? C ’est pour répondre à ce doute que nous allons tenter une n ou velle e x ­ ploration du d ossier porrétain, non pour r e ­ m ettre en cause le cas de l’évêqu e de P oitiers mais bien pour apprécier le rôle de ses d is­ ciples dans le renouveau patristique du X l l e siècle

N o u s ne dissim ulerons pas les d ifficu ltés de l’entreprise ; l’approche du but sera longue. E lle s’agrém entera pourtant de la découverte de m atériaux nouveaux et procurera à son term e une vision a ssez p récise de la vérité historique. M atériaux nouveaux, c ’est dire que les docum ents ne sont pas im prim és ; ils sont d ispersés au hasard d e la constitution des dépôts de m anus­ crits m édiévau x et la plupart d’entre eu x ont

4. Le portrait historique de Gilbert demeure difficile

à saisir à travers les sources. On trouvera dans S. Ga m- MERSBACH, Gilbert von Poitiers und seine Prozesse im Urteil der Zeitgenossen (Neue Miinstersche Beitrage zur Geschichtsforschung 5), Kôln-Graz, 1959, les textes des contemporains, partisans et adversaires. Sous le rapport doctrinal, la meilleure étude sur Gilbert reste celle du Rev.

P. A. Ha yen, Le concile de Reims et l’erreur théologique de Gilbert de la Porrée, dans Archives d’hist. doct. et litt, du m. â., 10 (1936), pp. 29-102.

(16)

1 2 É C R IT S D E EA

échappé aux investigations des chercheurs. L es personnes aussi sont nouvelles, car les disciples de l’évêqu e de P oitiers qui font un usage in ces­ sant de l’argum ent patristlque ne sont pas les

p o rreta n i des m anuels et des répertoires ; ce

sont quelques isolés, form ant le cercle que Paul F ou rn ier appelait la « petite école » des porré- tains intégristes et obstinés du dernier tiers du X l l e siècle ^

B ien petite école, en effet, mais qui form e un groupe cohérent, com batif et décidé, étroite­ m ent lié malgré la dispersion géographique de ses m em bres. A u tou r du viru len t polém iste

ano-5. P. Fo u r n ieRj Un adversaire inconnu de saint Ber­ nard et de Pierre Lombard, dans Revue de l’Ecole des Chartes, 47 (1886), p. 396. — Dans son étude sur Gilbert (cf. note précédente), le P. A. Hayen a nommé les porré- tains les plus notoires : « Les disciples du Porrétain furent nombreux, et plusieurs d’entre eux furent éminents. A côté de Jean de Salisbury que nous venons de citer, il faut ranger sans doute Othon de Freisingen et sûrement Raoul Ardent, Jean Beleth, Yves de Chartres, Jordan Fantasme, Nicolas d’Amiens, Etienne d’Alinerra, Hugues de la Rochefoucauld, proposé au siège de Bordeaux, Pierre, adversaire par ail­ leurs inconnu de Gerhoh de Reichersberg, le chanoine A. de Saint-Ruf, les auteurs anonymes du Liber de diversitate nature et persone, des Sententice Divinitatis, de deux com­ mentaires de saint Paul..., peut-être celui du Liber de unitate et uno, plusieurs membres de la Cour romaine, etc. ». Le Concile de Reims..., l. c., pp. 34-35. - - Il y aurait lieu d’ajouter Evrard d’Ypres, dont la Lettre à Urbain III et le Dialogue ont été découverts récemment. J. Lecxercq, Textes sur saint Bernard et Gilbert de la Portée, dans Mediaeval Studies, 14 (1952), pp. 107-128. Ces textes ont été édités, avec une bonne étude sur leur auteur, par N . M. Haring,

A Latin Dialogue on the Doctrine of Gilbert of Poitiers, dans Mediaeval Studies, 15 (1953), pp. 243-289, et The Cis­ tercian Everard of Y pres and His Appraisal of the Conflict between St. Bernard and Gilbert of Poitiers, ibid., 17 (1955), pp. 143-172.

(17)

« P E T IT E É C O L E » PO R R É T A IIV E 1 3

nym e auteur du D e vera philosophia, découvert jadis par Paul F ou rn ier que nous venons de citer, deux ou trois personnages sont peu à peu sortis de l’om bre pour donner consistance et relief au petit cercle. Il y a un quart de siècle le P. de G hellinck ne citait com m e représentants de l’école que cet anonym e auteur du D e vera

philosophia et, peut-être à tort, puisque son

libelle contre P ierre Lom bard n ’a pas été re­ trouvé, Joachim de F lo re Q uelques progrès ont été enregistrés depuis ce m om ent ; ils re s­ taient insuffisants pour autoriser une vu e d ’en ­ sem ble. L es docum ents littéraires que nous nous proposons de faire connaître com bleront en partie les lacunes de notre inform ation et p er­ m ettront une vision plus exacte de la vérité historique.

* * *

Il sem ble utile de rappeler quelques notions d’histoire, bien connues certes, m ais qu’il faut avoir présentes à l ’esprit pour distinguer les écrits devant être retenus com m e tém oins des travaux de la petite école.

L e con cile de R eim s, eu égard à G ilbert de la P orrée, avait eu un prélude. Suspect d’erreurs théologiques, l’évêqu e de P oitiers avait com paru une prem ière fois à P aris en 1147, devant E u ­ gène III. L e pontife, surpris de la savante d é­ fense du prévenu, avait renvoyé l’affaire au

(18)

1 4 É C R IT S D E L A

con cile général qui était convoqué pour la mi- m ars 1148. N u l cloute que, dans l’intervalle qui sépara les deux assem blées, les positions se dur­ cirent de part et d’autre. Saint Bernard avait fait sien nes les accusations portées contre l’é ­ vêque ; il les appuya à R eim s du poids om bra­ geux de son im m ense prestige. G ilbert, fort de sa scien ce supérieure, ne fit rien pour atté­ nuer les form ules qui lui étaient reprochées ; toutefois il se présenta à R eim s avec ses té­ m oins : les écrits des P ères. L ’affaire ne fut pas traitée par le con cile ; celu i-ci était clos depuis deux sem aines quand le pape et un com ité m oins solennel s’en occupèrent. L ’abbé de C lairvaux, appuyé par plusieurs personnages importants dont il su ffit de nom m er ici P ierre Lombard, tenta de faire adopter quatre propositions com m e exp ression de la foi aux v érités qu’il jugeait m enacées. Son sens du m ystère répugnait aux audaces rationnelles de G ilbert, qui affir­ m ait m êm e en D ieu , au m oins verbalem ent, la réalité des distinctions qui sont dues au m ode im parfait de notre connaissance. Il est vrai que la notion de nature est d ifféren te de celle de personne, et les réalités signifiées par les nom s qui les exprim ent ne sont pas identiques, mais cette distinction transposée en D ieu est p ure­ m ent conceptuelle. P lu s d ialecticien que m éta­ physicien, et peut-être sans p ercevoir le secret danger de ses d ivisions logiques, G ilbert ne r e ­ doutait pas de nier l’identité de D ieu et de la divinité, de la nature et des personnes, parce

(19)

« P E T IT E É C O L E » P O R R É T A I N E 1 5

qu’il con cevait la nature d ivine com m e il con ­ cevait l’hum anité, la form e par quoi l’hom m e est hom m e ; la divinité n’était pas D ieu , elle était ce par quoi il était D ieu . G authier de Saint-V ictor form ule ainsi ce qu’il appelle l’h érésie de G il­ bert : « D ivin a natura quæ divinitas dicitur non est D eu s sed form a qua D eu s est, sicut hum a­ nitas hom o non est sed forma qua hom o est » Sans doute serait-il d ifficile de trouver un én on ­ cé aussi radical et aussi com plet de la d istin c­ tion dans les écrits de l’évêqu e de P oitiers ; tel quel cependant il ne le trahit pas. G ilbert, on vien t de le dire, n ie l ’identité « D eu s est deitas », et il exprim e par l’ablatif le rapport de l’une à l’autre « deitas qua D eu s est ». Si trahison il y a, elle est non dans les én on cés m ais dans la m anière de les entendre. La p en sée de G ilbert était, et dem eure pour nous, d ifficile à saisir, parce qu’elle s’exprim ait en form ules qui peu ven t avoir un sens d ifféren t selon qu’on les entend en réaliste ou non. Quand il n ie que la divinité soit D ieu , sa négation peut sim p le­ m ent signifier une distinction selon la raison, m ais elle peut aussi signifier une distinction réelle.

M oins scolastique que l’évêqu e, saint B er­ nard lui reprochait de poser en D ieu une réalité

7. Ga uthier de Sa in t-Victor, Contra quatuor L aby­ rinthos Francice, éd. P. Glorieux, dans Archives d’hist. doctr. et litt. du m. â., 19 (1952), p. 332. Cf. B. Geyer, Senten- tiœ divinitatis, dans Beitrdge z. Geschichte der Philos, des Mittelalters, t. 7 2, 3^ Münster i. W., 1909, p. 199*.

(20)

1 6 É C R IT S D E LA

distincte des personnes ; tout son effort porta sur l’affirm ation de la sim plicité absolue de la réalité divine. C e sont les propositions qu’il tenta de faire adopter qui feront l’objet des critiques acerbes des porrétains, en particulier la prem ière ; « D eu s est deitas », et la quatrièm e, source de l’adage devenu célèb re « Q uidquid in D e o est D eu s est »

G ilbert se d éfend it par la lecture de textes patristiques, de saint H ilaire surtout. C ette m anière de faire a frappe les tém oins oculaires, amis et adversaires, Jean de Salisbury, Othon de F reisin gen , G eoffroy d’A u xerre. C e dernier, alors secrétaire de saint Bernard et prévenu contre l’accusé, se plaint de ce genre de d éfen se: « L ’évêqu e, écrira-t-il plus tard dans sa relation au cardinal A lb in de M ilan, faisait sans cesse relire dans les œ uvres de saint H ilaire et dans des lettres des G recs incorporées aux c o llec­ tions canoniques des fragm ents d ifficiles à com ­ prendre, surtout dans les circonstances agitées où l’on se trouvait »

8. La teneur de la proposition a été conservée par

Jean de Salisbury : «Quarto loco subintulit, quod quoniam Deus simplex est, et quidquid in Deo est Deus est, pro­ prietates personarum sunt ipsæ personæ, et quod Pater est paternitas. Filius est filiatio. Spiritus est processio, et e converso ». Historia pontificalis, ch. 8, ed. R. L.^ Poole,

Oxford, 1927, p. 19. C’est cette proposition qui détermina la plus violente opposition à saint Bernard de la part des amis présents de Gilbert.

9. « Faciebat episcopus in libris beati Hilarii et de corpore canonum in quorumdam Graecorum epistolis, verba minus intelli^ibilin, praesertim in tanta festinatione et in tanta ac tali multitudine, lectitari». PL, 185, 591 A.

(21)

P E T IT E É C O L E » P O R R É T A I N E 1 7

Il existe m aintenant une certaine tendance à souligner l’aspect intransigeant et inquisito­ rial du rôle de saint Bernard dans les affaires doctrinales ou il fut engage ; cette tendance ne doit cependant pas faire oublier l’attitude hau­ taine de G ilb ert à son égard (et à l’égard de tous ceu x qui ne le com prenaient p as), attitude dont on retrouvera le parallèle ch ez ses d is­ ciples. A p res R eim s, où G ilb ert avait échappé à une condam nation solen nelle, l’abbé de Clair- vaux chargea Jean de Salisbury de proposer une rencontre à l’évêque, au cours de laquelle ils pourraient discuter am icalem ent et sans con ­ tention des problèm es disputés ; il lui offrait le choix du lieu de l’entrevue : le Poitou, la P ran ce ou la Bourgogne. G ilbert se contenta de répondre qu’il avait a ssez discuté ; si l ’abbé de C lairvaux prétendait entendre saint H ilaire, il devait com m encer par aller à l’école Il ne s’agit pas là d’une sim ple boutade. E ugène III avait dem andé que des eorrections estim ées né-L idcntitc du destinutuire, A<^lbinus]>, cardinal-évêcjue d’Albano de 1189 à 1199, a été contestée ; nous l’estimons la plus sûre.

10. « Memini me ipsum ex parte abbatis episcopum solicitasse quatinus convenirent in aliquo religioso loco, sive in Pictavia sive in Francia sive in Burgundia, ubi episcopo visum esset, ut amice et sine contentione con­ ferrent supra dictis beati Hylarii. Ille vero respondit iam satis esse quod hucusque contenderant, et abbatem, si plenam intelligenciam Hylarii affectaret, prius in disci­ plinis liberalibus et aliis prediscendis plenius instrui oportere. Erant tamen ambo optime litterati et admodum eloquentes sed dissimilibus studiis». Historia pontificalis, éd. Poole, p. 27.

(22)

1 8 É C R IT S D E

cessaires soient apportées au com m entaire de G ilbert sur le D e T rinitate de B oece ; l’evêqu e revendiqua le droit de se corriger lui-m êm e. Or non seu lem ent il ne m odifia rien de ce qu’il avait dit, m ais il écrivit un nouveau prologue, dans lequel il exprim e un m épris souverain pour ceu x qui, ne pensant pas com m e lui, n ayant jam ais rien appris, croient tout connaître, « hom ines sine ratione philosophi, sine visione prophetæ, præ ceptores im possibilium , iudices occultorum ... » : c’est encore saint Bernard qui est visé

C e bref rappel des conjonctures historiques et des attitudes dans lesq u elles se situe et se déroule le procès intenté à G ilbert de la P orrée va nous perm ettre de p réciser plusieurs traits com m uns aux écrits de la petite école ; si l’un ou l’autre ne possèd e pas tous ces traits, il en p résente cependant toujours a ssez pour écarter tout risque de confusion.

L e p rem ier et le plus apparent de ces signes d istinctifs est l’abondance des citations

patrls-11. «... quamvis nos ab eis dissentire garriant quidam temporum nostrorum fenii atque pacomii ms.), qui cum nihil didicerint, opinione sua nesciunt nihil homines sine ra­ tione philosophi, sine visione prophetæ, præceptores impossi­ bilium, iudices occultorum, quorum mores plurimis notos describere nihil nostra interest ». Gilbert, Super Boetium De Trinitate, Alter Prologus, cité d’après le ms. Toledo, Cabildo 13. 4, fol. Ir-v.

(23)

P E T IT E É C O L E » P O R R É T A I N E 1 9

tiques ; les nom s d ’A ugustin, H ilaire, A m broise, Jérôm e, A thanase, G régoire de N a z ia n ze , So- phrone, T héodoret, d ’autres encore, apparais­ sent très sou ven t dans nos docum ents.

D eu x iem e trait : affirm ation répétée que les adversaires ne peuvent échapper soit à l’erreur d’A rius, soit et m oins encore à celle de Sabel- lius, le p rem ier niant l’unité de la nature dans la T rin ité, le second confondant les trois personnes.

C e reproche se lit déjà dans les com m entaires

de G ilbert sur B oèce.

En troisièm e lieu, on rem arquera la critique de l ’une ou l’autre des form ules que saint B ernard avait voulu faire reconnaître com m e authentiques exp ression s de la vérité de foi.

On notera ensuite l’em ploi de l’ablatif pour exprim er la relation de D ieu à l’essen ce divine ; en outre les porrétains répondront par la néga­ tive à la question « utrum unitates et relationes

quibus personce distinguuntur sint personce et illa natura qua sunt unus D e u s ? »

E nfin il est bien rare qu’on ne se réclam e du m aître et précepteur G ilbert, ou bien que l ’on n ’affecte l ’em ploi de ses m éthodes d ialec­ tiques, com m e la translatio vocabulorum a facul-

tate naturali ad theologica : ce dernier trait

tou-12. Au témoignage d’OxHON de Fr eisin gen, favorable à Gilbert, Eugène III ne statua précisément que sur ce seul argurnent de l’ablatif : « D e primo tantum Romanus pontifex diffinivit, ne aliqua ratio in theologia inter naturam et personam divideret : neve Deus divina essentia diceretur ex sensu ablativi tantum, sed etiam nominativi ». Gesta Friderici, ch. 57, dans Mon. Germ. Hist., Script., t. 20, 384.

(24)

2 0 É C R IT S D E LA

tefois est com m un aux porrétains de toutes nuances.

Le « Liber de vera philosophia »

N o u s som m es désorm ais en m esure d’ouvrir notre dossier. P ou r respecter les traditions péda­ gogiques nous irons du plus connu au m oins connu.

L e p rem ier traité à ven ir entre nos mains sera donc le D e vera philosophia, d écouvert par Paul F ou rn ier il y a trois quarts de siècle dans un m anuscrit provenant de la G rande C har­ treuse et m aintenant con servé à la B ibliothèque P u bliq ue de G renoble L e titre ne doit pas trom per ; sous couleur de d efend re la vraie foi l’ouvrage est une attaque viru len te dirigée contre les philosophes et les théologiens de renom du X l l e siecle, G ilbert de la P orree excep té. G uillaum e de C onches, A bélard, saint Bernard, l’auteur de la S u m m a sententiarum et surtout P ierre Lom bard sont dénoncés pour les erreurs dont ils se sont rendus coupables. A vrai dire le nom de G ilbert n’est pas prononcé, mais le récit qui est fait du con cile de R eim s

13. Codex 1085. — Outre l’étude citée ci-dessus (note 5), Paul Fournier est revenu sur sa découverte dans Joachim de Flore et le Liber de vera philosophia, dans Revue d’Histoire et de littérature religieuse, 4 (1899) et dans Etudes sur Joachim de Flore et ses doctrines, Paris, 1909. En 1899, Fournier voulait attribuer le De vera phi­ losophia à Joachim de Flore ; il s’est rétracté dans ses Etudes..., pp. 98-100.

(25)

« P E T IT E É C O L E » P O R R É T A I ÎŒ 2 1

donne un tel rôle à l’évêqu e que la faveur de 1 auteur du D e vera philosophia lui est in con tes­ tablem ent acquise, et que son unique souci est de le justifier. La proposition « Q uidquid in D eo est D eu s est » est com battue et écartée avec âpreté et insistan ce ; elle est l ’exp ression du sab ellia­ nism e. C e n ’est pas assez dire : les m o d ern i errent plus que Sabellius, parce que celu i-ci ne confondait que les personnes ; ceux-là con fon ­ dent en une seu le et unique réalité les proprié­ tés, les relations, les personnes et la nature divine par laquelle D ieu est

L e p olém iste m an ifeste une assurance si présom ptueuse de posséd er seul la vérité qu’il nous désarm e. « D e nos jours, dit-il, toute l’hu­ m anité la isse p éricliter la foi ; le m alin en profite pour su sciter Sabellius ; il lui a rem is l ’em pire de la T erre afin qu’il sèm e partout sa confusion et entraîne tous les hom m es au T ar­ tare. L es J u ifs et les G entils sont devenus

sabel-14. Le passage mérite d’être lu dans sa forme propre. << Quomodo plus errant moderni quam Sabellius. Hec de infinitis que moderni nostri de trinitate et unitate Dei iam scripserunt a nobis sola sunt apposita ne fastidium generarent ampliora, ut diligens lector perpendat sententie Sabelli et modernorum in quo differant. Si enim utraque conferendo studiose perspexerit multo maiorem inveniet confusionem nostrorum quam Sabellii. Hoc enim solo Sa­ bellius damnatus est quia confundebat personas, dicens, ut predictum est, Deum esse rem unam numero que est Pater et Filius et Spiritus Sanctus, bene quidem sentiens de natura divinitatis, male de personis Trinitatis. Nostri vero non solum confundunt personas in se invicem dicendo rem unam esse Patrem, et illam eamdem numero esse Filium, et ipsam eamdem numero esse Spiritum Sanctum sicut Sabellius, sed etiam confundunt personas ipsas in ipsis

(26)

pro-2 pro-2 É C R IT S D E L A

liens, presque tous les C hrétiens aussi, surtout les Latins... Parm i eux, ceux qui font figure de sages ont été en ivrés par la potion diabolique, à ce point que, lorsqu’il s ’agit de la vérité divine, ils ne savent plus rien dire ou enseigner sinon la confusion de Sabellius. Ils ne peu ven t avoir l’in ­ telligen ce des sen tences des P ères parce qu’ils ignorent les distinctions n écessaires et les m odes du langage ; ils entendent au sens propre les paroles qui ont un sens figure, les sim ilitudes, les équivoques ; ils tronquent les textes pour y trouver un appui, ou bien ils leur ajoutent quel­ que chose ; ils les corrigent, accusant le m anus­ crit d’infidélité par suite de l’inexactitude d ’un copiste. L eu rs propres erreurs, jadis dénoncées par les saints docteurs com m e h érésies, sectes et schism es, reçoiven t m aintenant le nom de

sentences. T o u s sont aveugles et conduisent des

aveugles, et ils se précipitent en sem ble dans prietatibus personarum, dicentes personas ipsas esse ipsas proprietates personarum. N ec hoc solum sufficit eis somniare sed etiam ipsas tres proprietates et relationes personarum dicunt esse illam divinam unamque naturam qua Pater et Filius et Spiritus Sanctus sunt unus Deus. N ec etiam et hoc satis est eis insaniare, sed ipsas totas tres relationes et pro­ prietates et etiam illam naturam unarn numero qua tote tres persone sunt unus Deus dicunt hec, scilicet omnia, esse unum Deum. Item divinant quod Deus ipse. Trinitas cum his om­ nibus est tam simplicissima unitas quod nec etiam ipsa unitas est, quia secundum eos nichil nisi tantum sola unitas est. Sic ergo confundunt hec omnia simul, ita his simul omnibus, scilicet personas, proprietates, naturam, Deum ipsum et unitatem in hanc unitatem fictitiam tamque subtilissimam quod a nullo etiam in solis et nudis et puris intellectibus, nec etiam, ut ridiculose dici solet, in invisibilibus gimphis poterit unquam opinari ». M s Grenoble 1085, fol. 63 vb.

(27)

« P E T IT E É C O L E » P O R R É T A I N E 2 3

l’abîm e. L e mal est d even u incurable ; il est une lèpre u n iverselle. D ieu seul peut lui porter rem ède. D ieu , assurém ent. T ou tefois il se sert du m in istère de l’hom m e pour guérir l’hom m e. M ais qui voudra, qui osera entreprendre une telle tâche ? P erson n e bien sûr ! T ou t espoir est donc perdu « nisi fo rte homo doctissim u s

aliquis... deiciat in capitolio omoousion trinita­ tem »

G et « hom o doctissim us » ce sera l’auteur de la lam entation qu’on vien t d’entendre ; le D e

v e r a philosophia ne prétend à rien de m oins qu’à

restaurer la vérité contre tous. D u fait d e cette attitude sectaire l’ouvrage nous m et en garde contre la cause qu’il devrait d éfend re ; nous craignons à bon droit la partialité de son tém oi­ gnage. Il y aurait cependant beaucoup à glaner dans ce chaum e peu exploré, car l’ouvrage d e ­ m eure mal connu m algré l ’ancienneté de sa d écou verte ; les descriptions et extraits qui en ont été produits sont incapables d’en donner une notion satisfaisante. Il ne sem ble pas qu’il m érite l’honneur d’une édition intégrale ; du m oins devrait-il être étudié avec grand soin pour livrer tout ce qui peut intéresser l’histoire litté­ raire et doctrinale du m om ent. Son exploration m éthodique sera une entreprise laborieuse, il ne faut pas le cacher. Si le m anuscrit qui le con ­ tient n ’est pas volum ineux, son contenu est assez

15. Manifestatio sabelliane heresis. Ms Grenoble 1085, ff. 62rb-63ra.

(28)

2 4 E C R IT S D E LA

confus. L es m arges sont occupées par un très grand nom bre de référen ces, de notules, d’addi­ tions, lesq u elles sont loin d ’être sans intérêt, parce qu’elles tém oignent du travail d ’un lecteur attentif — peut-être l’auteur lui-m êm e — , qui n’a cessé d’enrichir le texte prim itif.

L ’ouvrage est divisé en d ouze distinctions, elles-m êm es su bd ivisées en chapitres d’étendue fort variable ; certains de ceux-ci ne com ptent que quelques lignes, d’autres occupent plusieurs colonnes, l.e u r nom bre d’une distinetion à l’autre n ’est pas uniform e ; il est parfois très élev é, la prem ière distinction en com pte quatre cent soixante-cinq.

U n des principaux b én éfices d’une étude eritique serait de procurer des inform ations p ré­ cieu ses sur les sources réelles de l’œuvre, car il s ’en faut que toutes soient avouées par son auteur. Par exem p le, dans la distinction V II, où sont réfu tées les erreurs des G rees sur la pro­ cession du Saint-Esprit, on fait parler l’arche­ vêque de M ilan, P ierre G hrysolanus, d ’après son m ém oire à l’em pereur A le x is ; quand ce docum ent est épuisé, l’argum entation continue par un long em prunt dont on s’est bien gardé de révéler l’origine : il s’agit en e ffet d’un mor- eeau des S en ten ces de P ierre Lom bard, un des adversaires les plus rudem ent traités d’autre part C e procédé de com position se révélera

16. Ibid., fol. 80ra-b, tiré de 7 Sent., dist. 11, éd. Qua- racchi, 1916, nn. 105 ss.

(29)

P E T IT E É C O L E » P O R R É T A I N E 2 5

sans doute a ssez général ; peut-être m êm e l’in s­ piration et la division en douze distinctions n’on t-elles rien d ’original. N ou s y reviendrons tout à l’heure.

L ’abondance des citations patristiques est accablante ; elle constituera un des obstacles les plus sérieux à une étude m éthodique, parce qu’il faudra id en tifier un nom bre considérable d’autorités. Pour n e nom m er ici que les G recs et O rientaux, nous rencontrons les nom s d’Atha- nase, E usèbe d’E m èse, G régoire d e N a zia n ze, Jean G hrysostom e, Jean D am ascèn e, O rigène, Sophrone, T héodoret. D oit-on supposer ch ez l’auteur une connaissance générale de la litté­ rature chrétienne ancienne ? N on , parce qu’il a utilisé un florilège p récisém en t construit pour procurer des tém oins aux disciples de G ilbert. C eci nous conduit à un second ouvrage de la petite école, la Collatio du chanoine de Saint- R uf.

La « Collatio auctoritatum » d'Adhémar de Saint-Ruf

C ’est l’auteur du D e vera philosophia qui nous fait connaître cette œ uvre non retrouvée jusqu’à m aintenant ; les inform ations qu’il donne à ce propos dépassent leu r objet im m é­ diat ; elles situent de m anière au m oins gén é­ rale l’activité d e plusieurs de nos p olém istes. R ésu m on s le récit par lequel l’auteur du D e

vera philosophia introduit sa d ou zièm e d istin c­

(30)

2 6 É C R IT S D E L A

Il fut de notre temps un certain m aître A — pour la com m odité nous explicitons le nom de ce personnage, A dhém ar — , chanoine de Saint- R u f ; hom m e respectable par l’âge m ais plus en core recom m andable par sa scien ce, sa re li­ gion et sa dignité. D u con cile célébré à R eim s par le pape E ugène III, m om ent à dater duquel se répandirent les nouveautés, jusqu’à la v eille du con cile réuni à R om e par A lexan d re III (c’est-à-dire de 1148 à 1179), A dhém ar se con ­ sacra à une sorte d ’inventaire général des œ uvres des P ères, pour relev er toutes les sen ­ tences qui avaient rapport au dogm e de l’unite et de la trinité divines, et de m anière plus sp é­ ciale pour v érifier s’il s’y trouvait la proposition « Q uidquid in D e o est D eu s est ». L e chanoine de Saint-R uf parcourut l’E urope m éridionale, visita un grand nom bre d ’églises et de m onas­ tères tant en F ran ce qu’en Espagne, en Italie et en G rèce ; il interrogea les érudits, lut une quantité innom brable de volum es. A p res trente années de recherches, n’ayant trouvé aucun té­ m oin de l’adage controversé, il lui parut utile de réunir en un seul ouvrage les autorités qu’il avait recu eillies touchant la doctrine de la T rin ité, de l ’Incarnation et du sacrem ent de l’E ucharistie. Il organisa son florilège en vingt-quatre d is­ tinctions et en fit exécu ter plusieurs copies. U n exem plaire fut destiné à A lexan d re III qui, nous dit-on, le reçut avec les sentim ents d’un disciple pour l’œ uvre de son m aître. U n second ex e m ­ plaire fut donné à l’église de M aguelonne, un

(31)

« P E T IT E E C O L E » P O R R E T A E V E 2 7

troisièm e à l’abbaye de Psalm odi, un quatrièm e fut en voyé en A llem agn e — ce lieu est à retenir ; l’auteur du D e vera philosophia en reçut un qu’il nous dit avoir laissé à Jérusalem ; enfin A dhém ar fit don d’une copie à sa propre église Saint-R uf de V alen ce, et il lui ajouta un autre ouvrage dont il était égalem ent l’auteur, un traité D e T rin ita te dont nous aurons à r e ­ parler

V oilà qui situe dans le tem ps et le lieu, d’une part le florilège d’A dhém ar et son D e Trinitate, d’autre part le D e vera philosophia : les p re­ m iers auront vu le jour vers 1179, le dernier après le con cile du Latran. L es nom s de lieu én on cés sont surtout de la F ran ce m éridionale : Psalm odi, entre N îm e s et A igu es-M ortes, M a- guelonne, dans l’H érault, V alen ce, dans la D rôm e, auxquels il faut ajouter la G rande C har­ treuse où le m anuscrit du D e v e ra philosophia était déjà con servé dès le X lI I e siècle

L ’intention de l ’enquête d ’A d h ém ar est bien m ise en évid en ce par le récit qu’on vien t de lire ; il s’agissait de ju stifier G ilbert de la Por- rée. D e longs passages de la Collatio sont r e ­ produits dans la d ern ière partie du D e vera

philosophia, notam m ent les titres de ses vingt-

quatre distinctions, de sorte que le plan de 17. Ibid., ff. 90vb-91ra. Le texte latin a été publié par P. Fourn ier, Un adversaire inconnu..., pp. 414-415.

18. Ce fait ressort d’une lettre transcrite sur la feuille de garde du manuscrit par une main contemporaine de celle qui a inscrit le De vera philosophia. Cf. P. Fourn ier,

(32)

2 8 É C R IT S D E LA

l’ouvrage peut être restitué L es deux p re­ m iers titres sont révélateurs de la tendance : « Jérôm e et A ugustin font l’éloge d’H ilaire contre ceux qui se m éfien t de lui », et : « D ieu seul doit être écouté quand il s’agit de le con ­ naître et non pas l’hom m e ». L es distinctions 3 à 11 étudiaient les notions de nature, essence, substance, personne et les d iverses acceptions des nom s qui les signifient ; la d ouzièm e dénon­ çait les h érésies d’A riu s et de Sabellius ; les suivantes, jusqu’à la fin, traitaient de l’unité et de la trinité d ivines. C e plan confirm e la ten­ dance strictem ent porrétaine de la Collatio, et celle-ci serait peut-être tom bée sous la censu re qui frappa le libelle de Joachim de F lore si elle avait été connue ; les titres de ses distinctions 14 et 20 prêtent à des confusions que la d écrétale voudra écarter :

« Quarta decim a distinctio ostendit quod hæ c tria nom ina. Pater, F iliu s, Spiritus Sanctus unam rem solitariam non nom inant, sed unum ­ quodque nom inat suam rem singulariter su bsis­ tentem » (fol. 93rb).

« D istin ctio vicesim a ostendit quod si quis per unus D eu s rem solitarie singularem sup­ ponit et eidem hæc tria nom ina Pater, F iliu s,

19. La douzième et dernière distinction du De vera philosophia est faite de larges extraits de la Collatio (ff. 91va-100va). Parfois il n’y a que le titre des distinctions, mais ailleurs les extraits sont plus substantiels ; la distinc­ tion 19 occupe 12 colonnes du ms. (ff. 95va-98rb) : peut- être a-t-elle été transcrite intégralement.

(33)

P E T IT E É C O L E » P O R R É T A IN E 2 9

Spiritus attribuit, Sabellianam hæ resim incur­ rit » (fol. 98rb).

A v e c de tels énoncés on peut se dem ander si G ilbert se serait lui-m êm e reconnu dans ses disciples obstinés.

L e titre de la p rem ière distinction a pu surprendre : « Jérôm e et A ugustin font l’éloge d ’H ilaire contre ceux qui se m éfien t de lui ». Qui pouvait, dans les écoles de théologie au X l l e siècle, m ettre en doute l’autorité du cham ­ pion de la foi ; n ’était-il pas reçu partout au m êm e titre que saint A ugustin, saint A m broise, saint G régoire ? L a m éfiance n ’a pu naître que ch ez des adversaires de G ilbert, troublés par les q uerelles du m om ent. Pour se justifier, l’évêqu e de P oitiers avait fait appel à des textes du D e

Trinitate et du D e syn o d is de son illustre p ré­

d écesseu r. O r ces ouvrages faisaient entendre un écho de la théologie grecque qui pouvait étonner des esprits nourris de saint A ugustin. G eoffroy d ’A u x erre nous a dit plus haut son hum eur, et aussi sa d ifficu lté à entendre les longues lectures de saint H ila ire que G ilbert fit faire à R eim s devant ses juges -° ; le saint

doc-20. Eugène III lui-même avait constaté la difficulté à suivre les lectures de Gilbert ; le témoignage non suspect

d ’OiHON PE Freisingen mérite d’être rappelé : “ Ille (Gil- bertus) orthodoxorum patrum, quas non in schedulis de­ cisas sed in corpore librorum integras attulerat, legi faciens auctoritates eandem se quam illi fidem tenere asserebat.

(34)

3 0 É C R IT S D E L A

teur d even ait suspect par cela m êm e que le prévenu faisait appel à son tém oignage. Lors donc que le chanoine de Saint-R uf entreprend de ju stifier l’autorité de saint H ilaire, c ’est G il­ bert lui-m êm e qu’il veut d éfendre Peut-être prévenait-il égalem ent des objections à son propre florilège ; la place qu’il y donnait à saint H ilaire était considérable, à en juger par les fragm ents entrés dans le D e vera philosophia. C es fragm ents, en effet, perm ettraient d’in ven ­ torier en partie les m atériaux rassem blés par A dhém ar, m ais il y a m ieu x que ce tém oin som m e toute indirect ; la déposition du chanoine de Salnt-R uf peut être entendue par l’autre ouvrage sorti de sa plum e, le D e Trinitate.

Le « De Trinitate » d'Adhémar

L ’existen ce de ce traité a été signalée par le

D e vera philosophia, dans le chapitre où il est

Cumque huiuscemodi sermone seu legendi prolixitate^ dies detineretur, tanquam tædio affectus Romanus inquit antistes: « Multa, frater, dicis, multa, et ea fortassis quæ a nobis non intelliguntur, legi facis. Sed simpliciter a te cognoscere ve­ lim, anne illam summam essentiam, qua tres personas pro­ fiteris unum Deum, credas esse Deum ?... Gesta Friderici, ch. 56, dans MGHS, 20, p. 382.

21. Le De vera philosophia ne reproduit que le titre de cette première distinction ; on aura une notion vraisem­ blable de son contenu en se reportant à la collection d’au­ torités réunies par les Mauristes en tête de l’édition des œuvres de saint Hilaire, sous le titre : Selecta veterum testimonia de sancto Hilario, reproduite dans PL, 10, 203- 208. Les dix premiers témoignages sont précisément tirés de saint Jérôme et plusieurs autres de saint Augustin.

(35)

. P E T IT E E C O L E » P O R R É T A I N E 3 1

parlé de l’origine de la Collatio : A dhém ar en avait laissé un exem plaire avec une copie de celle-ci à son église Saint-R uf de V alen ce L e

D e T rinita te a été retrouvé de nos jours, re s­

titué à son auteur et analysé par le P. F ran z P elster ; il est con servé dans le codex V atican latin 561. C e volum e porte les caractères des m anuscrits de la fin du X l l e siècle. D ans sa prem ière partie il renferm e les Opuscula sacra de B oèce avec les com m entaires de G ilbert de la P orree ; le traité d ’A dhém ar occupe la seconde partie (ff. 171r-282r)

U n prologue solennel, trop long, introduit le lecteur dans la controverse. C ar il s’agit bien d’un écrit polém ique ; on le laisse entendre sans détours. L ison s plutôt ;

« C ertains, logiciens sans connaître les lois de l’art, philosophes sans notions de philosophie, catholiques sans foi, trébuchant d ’en vie, pré­ som ptueux d’orgueil, ont répandu le venin de la détraction sur G ilbert et son com m entaire du

D e T rinitate de B oèce, clam ant à grands cris

qu’il avait écrit contre la foi alors qu’ils ignorent 22. Cf. ci-dessus, note 17 et texte correspondant. 23. F . Pelster, Die anonyme Verteidigungsschrift der Lehre Gilberts von Poitiers itn Cod. Vat. 561 und ihr Ver- fasser Canonicus Adhemar von Saint-Ruf in Valence (um 1180), dans Studia medicevalia R. J. Martin, O. P., Bruges 1948, pp. 113-146.

24. Le codex est décrit dans le catalogue : Codices Vaticani Latini, t. I, M. Vatasso-P. Fra nch i de' Cavalieri,

Romæ, 1902, pp. 420-421. Voir également F . Pelster, Die anonyme..., pp. 114-116.

(36)

3 2 É C R IT S D E LA

totalem ent ce qu’il dit La fausseté de leurs accusations a été m an ifestée au con cile de R eim s, où G ilbert s’est d éfendu virilem ent, ap­ puyé sur l’autorité des P ères. E t nous, pom* faire davantage apparaître la dem ence et l’in fi­ délité de ses détracteurs, l’innocence de G ilbert et la véracité de ses com m entaires, nous ajoute­ rons à ceux-ci, dans les lieu x où B oece traite de la T rin ité, de l’unité dans la T rin ité, de la nature des trois personnes ou des relations, les sen tences d’A ugustin, Jérôm e, H ilaire, A m ­ broise, A thanase et des autres saints docteurs, de sorte que le lecteur diligent pourra constater par lui-m êm e la parfaite harm onie doctrinale de B oèce, de son com m entateur et des P ères »

V oilà qui est clair et nous d isp en se d’in ­ sister sur l’argum ent de l’ouvrage.

Q ue celu i-ci soit bien le D e Trinitate du chanoine de Saint-R uf com m e l’a pense le P . P elster, il est d ifficile d’en douter. L ’auteur du

D e vera philosophia, contem porain et sans au­

cun doute ami d’A dhém ar, nous a dit que celui- ci était l’auteur et de la Collatio et d’un D e

Trinitate. Or, plusieurs fois, une trentaine peut-

être, les marges du m anuscrit du V atican 25. Voici le texte latin du début de l’algarade ; il rappelle à s’y méprendre la sortie de Valter prologus de

Gilbert (citée ci-dessus, note 11) : « Quidam penitus que scripserat (scil. Gilbertus) ignorantes, sine artium veritate logici, sine philosophie noticia philosophi, sine fide catho­ lici, ex invidia tabescentes, ex superbia presumentes, in commentum quod super hoc opus fecerat detractionis ve­ nenum effuderunt, excelsis clamoribus tonantes magistrum Gislebertum scripsisse contra fidem...» Ms. Vat, lat. 561, fol. 175ra.

(37)

P E T IT E É C O L E » P O R R É T A IjNTE 3 3

portent des notules à la m in e de plomb ren ­ voyant à la C ollatio ; par exem p le : « v o y ez

Collatio, distinction 10» ou bien « to u s ces cha­

pitres sont de la Collatio, distinction 14», etc. U n e telle conjonction ne peut être le fait du hasard ; elle s’est nouée dans un esprit connais­ sant les rapports des deux ouvrages ou bien les confrontant l’un à l’autre. N o u s som m es tenté d’attribuer à A dhém ar lui-m êm e ces notules m arginales du cod ex 561. Si l’induction est légi­ time, elle tendrait à faire voir dans ce m anuscrit un exem plaire d’auteur, peut-être la transcrip­ tion en clair de l’original.

L e traité débute par une m anifestation des erreurs opposées d ’A riu s et de Sabellius ; elle est em pruntée, nous dit-on, à A thanase et au pape V igile. P u is les textes patristiques sont m is en parallele de celui de B oèce, celui-ci écrit en gros caractères, ceux-là en m inuscule ordinaire. La largeur des deux colonnes varie d ’une page à l’autre, selon l’im portance resp ective des textes ; en général ce sont les autorités qui l’em portent sur la lettre de B oèce. L e procédé de dém onstration est uniform e. On m et en v a ­ leur une sentence du textus, puis on la confirm e par une série de citations. A dhém ar a nom m é ci-dessus plusieurs de ses sources ; du côté grec il y aurait à ajouter D id ym e, G régoire de N a- zian ze, O rigène, le P seu d o-D en ys, Sophrone, T héodoret.

(38)

3 4 E C R IT S D E LA

Un antécédent du « De vera phi [osophia » (?)

P u isq u e nous som m es à la B ibliothèque V aticane, jetons encore un regard sur le codex R ossianus 212 ; il contient un écrit porrétain non signalé jusqu’ici, croyons-nous, à l’attention des érudits. C e volum e date lui aussi des d er­ n ières années du X l l e siècle ; il présente les caractères particuliers aux m anuscrits du m idi de la F ran ce de cette époque. C ’est un recueil de p ièces d ’origines et de natures variées, com m e par exem p le le D e ecclesiasticis dogm a­

tibus, évid em m en t avec l’attribution à saint A u ­

gustin, ou bien une grande partie de l’H istoire scolastique. Sur les feu illets 96 à 151r se lit un traité de théologie dont les sujets principaux sont la T rin ité, l’Incarnation et le sacrem ent du C orps du Christ. L es m atières sont réparties en dix distinctions et sous des titres qui rap­ p ellen t le D e vera philosophia ; ces titres d é­ noncent sûrem ent un ouvrage porrétain. Par exem ple,

distinction 6 : an natura sit persona ?

distinction 7 : utrum sancta T rinitas sit unum num ero ?

distinction 8 : utrum unitates et relationes qui­ bus persone distinguuntur sint persone et illa natura qua sunt unus D eu s ?

distinction 9 : an natura qua p ersone sim t unus D eu s sit incarnata ?

C es sim ilitudes avec le D e vera philosophia invitaient à instituer une com paraison entre les

(39)

« P E T IT E É C O L E » P O R R É T A I N E 3 5

deux ouvrages. A u term e de la confrontation nous pouvons dire que le traité du cod ex R ossia- nus se retrouve substantiellem ent dans celui du cod ex de G renoble. Il ne s’agit pas d’un second exem plaire du D e vera philosophia ; le contenu du nouveau traité est beaucoup m oins d év e­ loppé. Il est aussi m oins agressif, sans esprit polém ique et ne désigne aucun adversaire m o­ derne. La parenté littéraire entre les deux ou­ vrages est patente. Ou bien le traité court est un extrait du traité long, ou bien celu i-ci est le développem ent de celui-là. D ans l’état actuel de l’enquête nous inclinons à penser que c ’est l’auteur du D e vera philosophia qui est l’em prunteur. N o tre opinion est m otivée par deux faits. En prem ier lieu, dans la distinction contre les G recs, le discours de P ierre G hryso- lanus, com m un aux deux tém oins, n ’est pas suivi dans le cod ex R ossianus du m orceau em prunté à P ierre Lom bard par le D e vera philosophia. G om m e cet élém en t est anonym e, on ne s’e x ­ pliquerait pas com m ent un plagiaire l ’aurait isolé et écarté. Second fait : le traité nouveau ne fait aucune allusion à la Collatio du chanoine de Saint-R uf, laquelle tient une place de tout p re­ m ier plan dans l’autre ouvrage, soit par l’éloge qu’il en fait, soit par l’étendue de la distinction qu’il lui consacre. Il paraît donc probable que nous découvrons ici un antécédent, une source principale du D e vera philosophia ; à m oins que les deux traités, sans rapports directs, aient em ­

(40)

3 6 É C R IT S D E LA

prunté à un tiers inconnu qui serait leur anté­ cédent com m un.

L ’agencem ent des m atériaux dans les deux ouvrages ne suit pas toujours le m em e ordre ; l’em prunteur a voulu affirm er son indépen­ dance. L es déplacem ents affectent surtout la second e m oitié, m ais à l’intérieur des d istin c­ tions com m unes les changem ents sont plus rares. L es sources patristiques sont les m êm es de part et d’autre ; nous retrouvons les m êm es nom s : A thanase, E u sèb e d ’E m èse, G régoire de N a- zian ze, Sophrone, T héodoret.

U n e d ern ière parenté entre le m anuscrit de G renoble du D e vera philosophia et le codex R ossianus, plutôt qu’entre les deux ouvrages, doit être relev ée. D ans l’un et l’autre la com pila­ tion porrétaine est su ivie d’une collection d’au­ torités patristiques qui résum e un florilège. C ette origine se déduit des rubriques d’intro­ duction dans les deux tém oins. U n e anom alie cependant affecte la collection du cod ex R o ssia ­ nus ; ce sont les « F lores ultim e partis collecte » qui vien n en t en prem ier lieu (ff. 134v-146v) ; les « F lo res prim e partis collecte » suivent en seconde place (ff. 146v-151r). D ans la collection de G renoble les rubriques sont identiques mais l’ordre des élém en ts est norm al (ff. 102v-109v). L e florilège, dont il y a ici deux tém oins, ne

(41)

« P E T IT E É C O L E » PO R R É T A IIV E 3 7

s’identifie pas avec la Collatio du chanoine de Saint-R uf ; le D e vera philosophia les distingue nettem ent et leurs divisions respectives ne cor­ respondent pas : la Collatio était répartie en 24 distinctions, le nouveau florilège est d ivisé en deux parties. L ’une et l ’autre étaient de m êm e nature, et le choix de leurs textes s’inspirait d’une m êm e tendance ; nous retrouvons en effet les m êm es auteurs, latins et grecs, et les sen ­ tences concernent les trois thèm es plusieurs fois nom m és.

Le « Liber de diversitate naturæ et personæ »

Q uittons la C ité V aticane et transportons- nous en A ngleterre, à la B ibliothèque de l’U n i- versite de Cam bridge ; c ’est là que nous devrons consulter le L i b e r de d iversita te naturce et per-

sonce, d écou vert jadis par C harles H askins

dans le cod ex l i 4.27. L es inform ations con te­ nues dans la preface de l ’ouvrage nous ont mis sur la piste qui devait aboutir à son auteur, H ugues de H onau, diacre du palais im périal au temps de F réd éric B arberousse ( t en 1190)

27. Ch. Ha sk in s, Studies in the history of mediaeval science, Cambridge (Mass.), 1924 (2nd ed. 1927), pp. 210- 212. — J . DE Gh ell in c k a également attiré l’attention sur le De diversitate... : L ’histoire de «persona» et d’« hy­ postasis » dans un écrit anonyme porrétain du X l l e siècle, dans Hommage à Monsieur Maurice De Wulf, dans Rev. Néoscol., 36, Louvain, 1934, pp. 11-127.

28. Hugues Ethérien et Léon Toscan, dans Archives d’hist. doctr. et litt. du m. â., 19 (1953), pp. 89-90.

(42)

3 8 É C R IT S D E E A

D iscip le de G ilbert de la P orree et par conséquent sachant l’estim e qu il avait portée aux écrits des P ères grecs, H ugues de H onau avait un ardent désir de connaître la p en sée de ceux-ci sur les points de doctrine alors contro­ versés entre les Latins, c’est-a-dire entre les d isciples de P ierre Lom bard et les porrétains. L a fonction qu’il exerçait à la cour im périale lui donna l’occasion de prendre part à une léga­ tion auprès de M anuel C om nene a B yzance. La, il rencontra H ugues E therien. T rès verse dans la théologie grecque, le docte P isan lui prom it de recu eillir les textes qu’il souhaitait. D e retour en A llem agne, H ugu es de H onau dem eura en relation épistolaire avec H ugu es E therien. G est cette correspondance, que nous avons eu la bonne fortune de retrouver, qui a perm is de nom m er l’auteur du D e d iversita te natiirce et

personce.

H ugues de H onau retourna une seconde fois à B yzance, l’année du concile du Latran, en 1179 ; il en rapporta un livret de H ugues E th érien qui avait pour titre : D e differentia

natures et personce, dans lequel le futur cardinal

répondait aux questions de son ami. A u petit opuscule, H ugu es E th érien avait joint son grand ouvrage contre les G recs, le D e sancto et im m o r ­

tali D eo, dans lequel il défendait la doctrine de

l’E glise rom aine sur la procession du S ain t-E s­ prit. D e retour à la cour de F réd éric, H ugu es de H onau eut l’occasion de m ontrer ses trésors.

Références

Documents relatifs

Considering the sufferings to which this population is submitted, Considering the precarious state of their material and moral situation, resulting from the insufficiency of

Organization, the Assembly may wish to take note of the recommendations addressed to the specialized agencies by the General Assembly in its resolution on the Development of Arid

10, The delegation of the United Kingdom consider that in regional committees there should be no distinction between the rights and obligations of Members and Associate Members of

The Working Party decided to request the Programme and Legal Committees to recommend to the Assembly to adopt under Article 21(b) of the Constitution as WHO Regulations No,l

斗斗 • United States of America.- The Government reports as follows: (1965) &#34;A continued threat to public health was posed by rats on ships arriving from plague areas and from

As president of the IV World Congress on Fertility and Sterility, I request you to communicate the realization of the above-mentioned Congress to the Executive Board and the

Montrer que, si on fait tendre ∆t et ∆x v ers 0 de telle mani`ere que le rap p ort ∆t/∆x tende aussi v ers 0 , alors le sch´ema de DuFort-Frankel est conv

Les parents comme le maître doivent faire en sorte que l' éducation soit plus équi- librée, que les enfants soient plus heureux, en cessanf de croire que les