A v e c de tels énoncés on peut se dem ander si G ilbert se serait lui-m êm e reconnu dans ses
1 exem plaire qu’il lui avait dédié par une lettre du 6 novem bre 77^^.
La patristique grecque dans le D e sancto et
im m o rta li D e o a jadis fait l’objet d’une étude
qui en a m ontré l’originalité P ou r nous, H ugu es est m oins original par la liste des au teurs qu’il u tilise que par la m anière dont il a accès auprès d’eux. Si, en effet, nous énum érons ces auteurs nous en retrouverons plusieurs qui furent déjà m entionnés et il y a peu de n ou veau x : A thanase, B asile, C yrille, Epiphane, le P seu d o-D en ys, G régoire de N a z ia n ze , G régoire de N y sse, G régoire le Thaum aturge, Jean C hrysostom e et Jean D am ascène. On aura re m arqué l’absence de D id ym e l’A veu gle, O rigène, Sophrone, T héodoret. C e en quoi H ugues Ethé- rien est original, c ’est qu’il traduit lui-m êm e les textes qu’il cite : c ’était un avantage inestim able d’avoir accès direct aux sources, dans leur langue d’origine.
Correspondance
N ou s ne pouvons quitter H ugues E thérien sans dire quelques m ots de la correspondance
44. Jaffé-Wattenbach, Regesta, n. 12957, sous la date du 13 nov. ; PL, 202, 227-228. — La date du 6 nov. est assurée par les plus anciennes copies du document. Cf. Husues Ethérien..., p. 89, n. 1.
45. R. Léchât, La patristique grecque chez un théo logien latin du X l l e siècle, Hugues Ethérien, dans Mé- h^stoive offctts a Chürlcs M o c l l c V y Louvain, 1914,
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échangée avec lui par les m em bres de la petite éc o le ; elle appartient à notre docum entation et éclaire la gen èse du D e differentia natures et
persanes, lui-m êm e antécédent littéraire et h is
torique de l’ouvrage au titre sem blable de H ugu es de H onau.
A p rès sa p rem ière légation à B yzance, le diacre du palais im périal écrivit donc à son ami pour lui rappeler la dem ande qu il lui avait faite de viv e voix. La lettre, qui a été con servée dans le m anuscrit de Colm ar, énum ère une dizaine de questions pour lesq u elles H ugues attend une réponse. V o ici les prem ières de ces questions ; elles seront suffisantes pour caractériser la ten dance du docum ent :
si natura et persona sint idem
si deitas sit persona, et persona sit et sub sistat ex deitatis natura ut ex causa et forma
si, sicut hoc nom en deus predicatur de persona, ita et hoc nom en deitas si d ifferen tia sit inter naturam et p erso
nales proprietates
U n e seconde lettre de H ugues de H onau a H ugues E thérien, écrite avant sa seconde léga tion, vien t ensuite dans notre source (ff. 34v- 35r) ; son auteur insiste pour obtenir les tém oi gnages prom is. G om m e cette p ièce n ’apporte 46. Ms. Colmar 188, ff. 33v-34r. Le document est pu blié dans Hugues Etherien et Leon Toscan,,,, pp. 128-130.
P E T IT E É C O L E » P O R R É T A IIV E 5 3
rien de nouveau sous l’aspect qui nous intéresse ici, nous passons au docum ent suivant, une lettre de P ierre de V ien n e au théologien pisan. P ierre n ’est pas un inconnu ; il est un des d is ciples de G ilbert attaqué par G erhoh de R ei- chersberg et nous l ’avons m ontré en relation avec Plugues E therien dans une controverse theologique Il écrit donc à son ami pour le m êm e m otif que H ugues de H onau : puisque les G recs ont parlé avec plus d ’exactitude que les L atins sur les notions qui intervienn en t dans la doctrine de la T rinité, H ugues voudrait-il lui en voyer un choix d ’autorités des prem iers, qui éclairerait la distinction de la nature et de la personne davantage que ne savent le faire les seconds H ugues E thérien donna une seu le réponse, le D e d ifferen tia naturœ et
person æ ; l’opuscule, en effet, est adressé par
une lettre-dédicace à H ugues de H onau et à P ierre de V ien n e
A u x p ièces p récéd en tes il y a lieu d ’ajouter une lettre de H ugues E therien au sous-diacre de l ’E glise rom aine A lex is. C e docum ent ter m ine une collection de p ièces concernant H ugues lui-m êm e, soit qu’il en soit l’auteur soit qu’elles lui soient adressées ; elle occupe les
4 /. Hugues Ethérien et le concile de Constantinople de 1166, dans Historisches Jahrbuch, 77. Jahrgang (1958), pp. 473-476.
48. l\Is. Colmar 188, fol. 35r-v ; Hugues Ethérien et Léon Toscan..., pp. 131-132.
49. Ibid., ff. 36r-44v ; lettre préface, fol. 36r-v : Hugues Ethérien..., pp. 133-134.
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feu illets 132r à 179r d’un m anuscrit provenant du m onastère de Sain te-C roix et m aintenant a la B iblioteca P rovin cial de T arragone (cod. 92)
Sous les dehors d’une sim ple lettre nous trouvons ici un docum ent de haute qualité et malgré son étendue som m e toute brève (peut- être cinq pages im prim ées) nous le tenons pour la p ièce la plus im portante du dossier porrétain. A lex is, qui avait probablem ent connu H ugues E thérien aux écoles parisiennes vers le m ilieu du siècle, lui avait dem andé des explications sur le m ystère de l’unité et de la trinité divines ; en particulier il avait posé la question : « La d ivi nité du P ère et du F ils, par laquelle l’un et l’autre sont D ieu , est-elle le P ère et le F ils ? » M an ifestem en t nous ne sortons pas du clim at porrétain.
La réponse de H ugu es E thérien est de m êm e type, m ais à l’encontre des écrits de la petite école, elle ne trahit aucune tendance sectaire ; c’est un théologien qui parle et qui n ’oublie pas les lim ites du savoir hum ain devant le m ystère de D ieu , p rem ière vérité qu’il rap pelle à son correspondant. N ean m oin s la dia lectique de la lettre est aussi rigoureuse que
50. On trouvera une analyse des pièces en question