t
5
SALAMMBÔ
pT
LES ARTS
VISUELSpar Ezura WICKY ( Université de Monrréal)
T
'TNFLUENCE des arts visuels sur Salammbô est généralementI-r
abordée suivant deux perspectives différentes, mais non anti-thétiques:
soit, sachant que cc roman constitue la synthèse d'un très grand nombrede
sources,on
essaie de déterminer quels éléments du roman ont été empruntésà
des images consultéespendant sa préparation, soit on cherche à identifier en quoi les images ont pu constituer une source d'inspiration pour Flaubert
en évaluant,
à
travers l'analysedu
style, f influence des arts visuels dans la facture même du roman. Dans chacun des cas, lesimages, bien qu'elles aient un statut différent, peuvent être
cornp-técs au nombre des sources. car elles alimentent la création
litté-raire. Les sources documentaires, chez Flaubert, sont dotées d'un fbrt potentiel dans la mesure où l'activité créatrice se fbnde sur elles comme en rendent compte la Correspondancel et le dossier
<< Sources
et
méthodc »2 rédigé par I'auteur pour défèndre sonroman. Cependant, dans le premier cas, les images sont pet'çues et traitées comme des documents par l'auteur tandis quc, dans le
second, leur réception et leur influence sont d'ordre esthétique. I1
paraît important, pour étudier 1e rôle des images dans la genèse de Salammbô,
de
rétablir cette distinction aux frontières trèsinstables entre f image documentaire
et
l'æuvred'art
parceptce
qu'elle est trèsz fulammbôa
âcùe n'est pas aisée, lossier de genèse de hnce, des notes de prc Flaubert ait Porté @tographie ou à la
I'intérêt de Flaubert
peinrure
était
sansrrs
de sa générationur
ne citer que ceuxbarles Baudelaire ou
s
lors du voyage den
liste de
titres de r qui témoigne d'uneounme
il
l'exPlique'uv
forme artistique§
une monstruosité.æ du monàe un bon
Regardez les livres
inture est mauvaise. >>
notes sur une æuvre
fé
à un autre auteurle, ou
encoreà
desus
préjugéset
leursn à la peinture de son indifférence bien que,
,
Flaubert ait Presqueipartir
de 1851, aPrès mnées avant dedébu-;
I'intuition d'un lienisre du
xx'
siècle. Parsibilité
d'une comPa-ÈlacroixLa Mort
der
à fait convaincante,mais elle ne permet pas d'amorcer un véritable commentaire' car
elle
s'appui".rr
on
point
commun ténu:
l'exaspération dumélange'à,érotisme et àe violence propre à la vision orientaliste.
De mà'nière générale,l'étude de f influence des arts visuels dans salqmmbô
oIf."
p"o de prises rangibles ;il
est difficile d'établirun lien entre la plu"" qu;o".upent les images et en particulier la peinture dans la iéception de Salammbô et celle qu'elles prennent
àans
la
genèse. C'esi pourquoi, pour identifier les analogies .surlesquellei repose l'impression que Salammbô trouve son
lnsprra-tion dans
lei
arts visuels, nous proposons de nous attacher auxdétails, aux plus petites unités du visibles'
Tout d'abord,
la
Correspondance de Flaubert révèle que les détails ont posé beaucoup de problèmes à l'auteur lors des débutslaborieux
àe
la
rédaciionde
Salammbô'Lorsqu'il écrit
:« Carthage va déplorablement. Je me casse
la
tête pour trouvercles
détiils
et n'en trouve pas>> (l' à L'Bouilhet' Paris'2{janv' 58;II' 7961e, on comprend bien que Flaubert souffre du manque depréci-sion de la documentation dont
il
dispose. La frontière, incertaine chez Flaubert, entre le texte utilisé comme source documentaire et le roman sembleici
s'articuler autour du détail. Les détails, eneffet, rendraient la fiction crédible en Supportant l,illusion
réfé-rentielle. Mais où trouver de tels détails lorsque, comme dans le
cas de Carthage,
il
n'y
a pas vraiment de référent connu ?Cette difficùlté, sui laquelle Flaubert revient souvent dans sa
Correspondance, tient manifestement au fait que l'auteur veuille
appliquer, selon ses propres termes,
les
méthodesdu
roman-ô0"*"rô
à un
sujetqri
,"
tuu.uit se prêterà
l'observation.certes, comme I'a montré claude Reichler, Flaubert voyageur se percevait parfois comme un témoin du passéll, mais
le
voyageremplitlafonctiondesourceessentiellementpourleséléments
topographiques, car peu de détails semblent empruntés à
I'obser-uuiiü
àir"ôt". Flaubert subvertit le modèle selon lequel l'auteurde romans est avant tout un observateur capable d'appréhender le
monde avec justesse
et
acuité.En
empruntant ses sources a d,autres textei orientalistes et nonà
une réalité perceptible, ilinscrit Salammbô dans
le
système autoréférentiel que constitue' 109comme 1'expose Edward Saïd12, 1'Orientalisme.
Ce
discoursorientaliste ne s'exprime pas seulement à travers des textes, mais
aussi à travers une multitude d'images. Pourtant, bien que
Flau-bert ait consulté des dizaines d'ouvrages pour la préparation de son roman, on doit constater qu'en proportion, très peu d'images
figurent parmi ses sources et ce d'autant plus que ces ouvrages
étaient peu, voire pas, illustrés.
En effet, d'après le dossier << Sources et méthode », rédigé pour
répondre aux attaques de l'archéologue Froehner, Flaubert ne se
serait inspiré que
de
quelques images pourla
rédaction de Salammbô.Il
évoque une plaquette en or trouvée,dit-il
(r"r+s1, par M. Salzman dans une nécropole phénicienne dont le costumede Salammbô serait
la
description exacte. Or, d'une part,il
neprécise pas
de
quel costumeil
s'agit,car les
vêtements de Salammbô sont décrits précisémentà
deux reprises, et, d'autrepart,
la
description insistant bien plus sur les couleurset
les matières que sur la forme,il
est difficile d'imaginer qu'elle soità ce point fidèle à une image gravée sur du métal. De même,
Flaubert a consulté le fonds du cabinet des médailles de la
Biblio-thèque impériale, mais ses notes ne révèlent qu'une attention aux
sujets représentés13
et
nonà
des détails. Quantà
la
couronneluptiale de Narr'Havas, elle est, selon Flaubert, inspirée de
Céré-monies ët coutumes qui s'observent aujourd'hui parmi les juifs
de Léon de Modène (e150)14 qui n'est pas illustré. On a vu, par
ailleurs, que l'auteur a fait de nombreux efforts pour se procurer
une représentation de mosaiQue
qui
soit
<< vraiment punique >>ainsi que des photographies 9r,750) et qu'il a consulté les planches de l'ouvrage de Creuzerls de même que, fort probablement, celles
de son ami Feydeau qui a, notamment, illustré son livre sur les rites funéraires de dessins de cercueils assyriens copiés au British
Museum16. C'est à peu près
là
toutes les images que Flaubert aurait consultées pour la rédaction de Salammbô.Il
est notoire que toutes ces images ont un caractèredocu-mentaire affirmé
:
elles n'ont pas fait l'objet d'une esthétisationrevendiquée
ou
bienn'ont
pas été envisagéespar
l'auteur àtravers leur dimension artistique. Comme les textes, les images
servent de support à la créarr.N ment secondaire d'une pan p-::
testablement les textes. d'aure de Flaubert révèlent très peu
d'images. Les notes de r cr .S
pour ce qui est vu que pour d interprétation. Que les sour.:res
ment textuelles s'explique.
.i:
de très peu d'images pro\enaaussi que l'information lirres.1u Iégiée pour les anecdotes. -{in:
I'Orient à une image, c'esi à i gravure d'illustration et non
r
ià part le soutien indirect apçrr
qu'il
ne commente pas, Flauhpeintres orientalistes de l'éptr:r
ll
n'est cependant pas \ru.r:peu aux images, car le caraciàrt
qu'il
n'a cessé d'être commenlellet,
si
les images. peinte: trtmajeur dans la genèse de 5;l.:
revanche, la peinture et les
Jif
qui accompagnaient sa prariqu
investi l'écriture flaubertienne.
répondre à une conception du :
visible, à l'exigence de "faire
dans sa Corespondancel9.
Tout d'abord, le roman de F
criptions
qui
ressemblenrtt
exemple, on peut
lire
dans 5<inon
seulemenlla
composiri.-empâtements et épaisseurs de qu'un large amas où les ch;tblanches, les morceaux d'aira,
fusées rouges; les horribles at
alisme.
Ce
discours ruers des textes, maisrtant. bien que
Flau-mr
la préparation de m. très peu d'imageslus que ces ouvrages Éthode », rédigé Pour ehner. Flaubert ne se
nur la
rédaction deuour'ée.
dit-il
(Pl+s2), renne dont le costumeOr. d'une Part,
il
nean
les
vêtements der
reprises, et, d'autrer
les couleurset
lesl'imaginer qu'elle soit
du métal. De même, médailles de la
Biblio-It qu'une attention aux
Quant
à
la
couronnebert. inspirée de
Céré-'rd'hui parmi les iuifs
illustré. On a vu, Par
tlbrts pour se Procurer
.
\'raiment Punique >>a consulté 1es planches
n
probablement, celleslusué son livre sur les
;riens copiés au British s images que Flaubert
pnmbô.
xrt
un caractèredocu-b_Ét d'une esthétisation isagées Par l'auteur à
les textes, les images
servent de support à la création, mais elles ont un statut de docu-ment secondaiie d'une part parce que l'auteur leur préfère
incon-testablement les textes,à'autre part parce que les notes de lecture de Flaubert révèlent très peu
d"
"o-*"'taires
élaborés à partir d'images. Les notes de voyage montrent un intérêt plus grand pou, à" qui est vu que pour des images qui véhiculent déià uneirrt"rp.etuiion. Que
i.,
,out""t
de Salammbô soient essentielle-ment textuelles s'explique, certes, parle fait
quel'on
disposait de très peu d'images provenant de l'Antiquité, maisil
:"-Pt"
aussi qrrË f informa-tioniiur".qo", jugée plus savante' ait été privi-légiée pour les anecdotes. Ainsi, au moment où Flaubert comparel'ôrieni
à une image, c'est à un livrequ'il
fait référence' à uneg*rr."
d'illustradJn et non à un tableaulT' De manière générale'i
futt t"
soutien indirect apporté à Foulognel8 au Salon de 1857qo'il
n"
commente pas, F1àubert note peu son intérêt pour les peintres orientalistes de l'époque''
Il
n'est cependant pas vraiiemblable que Salammbô doive sip"u uu* imuges, car le caractère pictural de l'æuvre est si sensible
qu'il n'a
""r]ré d'êtr" commenté depuis
la parution du roman' En
"f
majeurt,
,i
dans les images, peintes la genèse de Salammbô ou gravées, en tant que n'ont pas documents' joué un rôleenreuarrche, la peinture et les différentes considérations esthétiques
qui accompagnaient sa pratique à cette époque Paraissent avoir
àvesti l,écriùre flaubertienne. Le recours aux arts visuels semble
répondre à une conception du rapport au-réel qui s'appuie.sur le
uisible, à l,exigence àe ,,faire voir,, sur laquelle Flaubert insiste
dans sa CorresPondancelg.
Tout d'abord,
l"
,o-u,
de Flaubert présente souvent desdes-criptions
qui
ressemblent beaucoupà
des
ekphraseis' Pare"Ëmple, on p"ut
lire
dans Salammbô une description évoquantnon
seulementla
compositiond'un
tableau, mais aussi sesempâtements et épaisseuJs de matière
:
«["']
on rue distinguaitqu;un large amas où les chairs humaines faisaient des tach.es
blanches, les morceaux d'airain des plaques grises, le sang des fusées rouges; les horribles animaux passant au milieu de toul "cela,
bataille en termes de formes
et
de couleurs s'apparente à- ceqr"
gu.tn"s décrit
comme une prépicturalisationdu
réel
àl'æuvre
dansles
romansà
visée iéaliste2o' Cette manièreàiufprert"rOer
le
réel en
le
décrivant commes'il
s'agissait à,un,utt"ur,
encadréet
faisant I'objet d'effets picturaux, est, en effet, assez caractéristique des romans duxlx"
siècle'Cepen-dant,
la
comparaison entrà deux médias de nature aussi diffé-rente quela
littérature et les arts visuels ne saurait êtreabor-dée qu"à l'aide d'un dénominateur commun
:
il
peut s'agir dusujet de l'æuvre ou, en l'occurrence, de
la
description ou duco'mmentaire auquel pourrait donner lieu I'image'
Le traitement âes dètails dans Salammàô semble rendre compte
de la perception d'un spectateur attentif à la composition et aux
détails d'un tableau
,
àlo"
que les décors sont souvent laissésdans le flou et font l',objet de descriptions assez vagues, presque
exclusivement topograpËiques, certains éléments sont décrits de
fuô"
oa* précise, f,yperttopf iés par rapportà
l'ensemble' Parexemple, Ies manuscriis
dei
plans imaginés par Flaubert- pour Salammbô présententune
pàg"
errtigrequi
résume ch.aque chapitre dansun
style assez tàlégraphique' relatant essentielle-ment des actions. Or, dans""
"oni"^1",
plusieurs lignes
descrip-tive's, placées entre parenthèses, sont consacrées à Hannon' elles
,orrt
pié"ir"s et
apportent une série de détails sur son compte"o**"
l'agrafed'or qu'il
porte ou ses<< cheveux rares
frisés
couverts
d'huile
.J
a"
poudre d'or >> (r'1872)' En détaillartl'apparence
d'un
personnagà alors quele
paysage était t:aité comme un fond, l'auteurfàit
alors æuvre de compositionpictu-rale.
--
À a" nombreux égards, les arts visuels semblent intervenir dans
le processus d" ,noiéli,ution des éléments apportés par les
diffé-rentes sources. L'analogie entre la description littéraire et la
pra-tique picturale est un tipos du
xtx'
siècle dont témoigne lafor-i*"
"orro"
par des fôrmules telles que<< dépeindre »
- ou.les
,rrJiupf,o."t de critiques, tel Dussolier qui écrit à propos de
Flau-bert
:
« c,est unoitirt,
qui s'en ÿapar la
campagne avec son poroptui,et sa
boîteà
couleuts,et qui
reproduit cequi
estdevant lui, devant son æil P
comme on
dit;
aucun déruii/
linit le
morceau; ryak ce qui demande Plus qucune oPératioru intellecruelle
xtx" siècle marque le début
rapport à la littérature en ol
urt"r.t
et critiques linérailconvoquer la Peinture Pour'
vent de l'écrivain qu'il ait- I
acuité dans sa PercePtion d
Or,
le
détail, justement effet, ce qui a été découPéune conscience sur
le
rnq contexte du récit, le détail c'est-à-dire un élément quiqué et jugé digne d'intér€r
fht
Oe la PercePtion une éces détails visuels sembh
d'un auteur. Cette revaloris
déjààl'æuvre,àl'éPoç
peinture où on monrrait
I
I'observation en extérieur (
vaient valorisées23. On ro son roman, insiste beaucut
rience comme
si
elle luiCarthage à l'éPoque antitl
sur place
a
fournià
Fh
phiques qui comPosent su
Le PaYsage au sein
ùr
urbain ou naturel, est
ÿ[t
est rePrésenté sous
l-ul
En
revanche, certainséI
notamment, ou certains Ptions très détaillées qui
â
-
iralrente
à
ce-
-.,
'i
d,
réel
àCL'Ite manière
-'-
.'i1
s'agissaiti,.
:lCtUraUX, est,..' .iècle. CePen-'.,
--:r
aussi diffé-- -, -:.rtt
être abor-:r-ut s'agir du-:-::tption
ou du rL-ndre compte r:,-..rtion et aux r."Jvent laissés . .L!Ue S. Presque ...nt décrits de ;nsemble. Par Flaubert Pour:i.ume
chaquernt
essentielle-iitnes descriP-,, Hannon, elles:lll
SOn COmPte , - :- EÈ . En détaillanti,1Se était traité
::".position
pictu--
-':.: intervenir dans-
--,ir nâr lesdiffé-1
;-;'r pâI lesOlrre--
:::lraire et laPra-:.
,émoigne lafor--::lindre
>>ou
les-.
-: proPos de Flau-. "'.|(Lgne avec son '. :''' ,,!uit cequi
estdevant lui, clevant son æil physique'
Il
a bienl"'æil
du peintre"' comme onclit;
aLtcun aatàil, aucun effet pa'rtieL nelui
échappe'il
finit le
morceatt; mais saisit-il l'ensemble,salf-ll
composer ce qui demancle plus quele
regar!. juste et net' cequi
exigeune' opération iniellectuelle ?
"2\
'
}dême sila
seconde moitié du
xrx"rie"l"marqueledébutdel'autonomisationdelapeinturepar
rapport à la littérature en ce qui concerne le choix des suiets' les
;;ï;tt
et critiques littéraires continuent' tard dansle
siècle' à"orrroqo", la peinture pour
envisager la littérature' On attend sou-vent de l'écrivain qu'ii ait,
"o**"
le peintre' à la fois une grandeacuité dans sa perception du réel et la faculté de le modéliser' Or,
le
det*t,
justement, est affaire de perception'.Il est' en effet,'ce qui a été découpé, isolé du réel par le regard porté paror"
"orrr.i"rce
surle
monde.À
t'époque de Flaubert, dans lecontexte du récit, le détail est une <<circonstance particuliè'e"22' c'est-à-dire un élément qui a été relaté parce qu'il avait
été.remar-qué et jugé digne d'intérêt par 1'autelr'-Dans une perspectlve qu1
fait de"la"perJeption une éiape préalable à la création arlistique, ces détails visuels semblent àonà"nr", la singularité de la vision
d,un auteur. cette revalorisation du regard et de l'impression-était
;uÈ;l'æuvre,
à l'époque de Flaubert'^dansle
domaine de lapeinture où on montraii un grand intérêt pour l'ébauche et oil i'observation en extérieur comme la peinture sur le motif se
trou-;;t"*
,uiorire"r". on
remarque que Flaubert' lorsqu'il défendson roman, insiste beaucoup sur son voyage' évoquant cette
expé-rience comme
si
ellelui
àonnait une légitimité pour écrire surCarthage à l'époque antique' Bien qrr'anachronique' 1'observation
*,
pti""
a fôurni à Flaubertla
plupart des élémentstopogra-phiques qui composent souvent l'inière-plan des scènes décrites'
Le paysage au sein duquel se déroulent ces scènes'
qu'il
soiturbain ou naturel, est souvent à peine ébauché'
lui
seul d'ailleursest représenté sous forme
de
schémas dansles
manuscrits2'En
revanche, certains éléments, comme les scènes de bataille' notamment, ou certains personnages donnent lieu à desdescrip-tions très détaillées qui évoquent une perception plus rapprochée'
c,est 1e cas rlu lion crucifiÉ, par exemple, qui fait l'objet d'une
description ordonnée et détaillée comme
il
y
en a peu dans Ieroman (s, 85). Ces variations d'accommodation s'accompagnent
d'une impression de fluctuation des distances et créent un effet
perceptif proche de celui qui naît lorsque
l'on
cherche à la foisà saisir I'ensemble et les détails d'un tableau2a.De plus, ce type d'organisation rappelle des tableaux de l'époque où le rapport de
proportion entre
le
décor et les personnages n'était pas encoresoumis aux règles
de
la
perspective établiesau
coursde
la Renaissance25.À
titre d'exemple, on peut évoquer le tableau de Breughel La Tentation de saint Antoine dont on saitqu'il
abeau-coup inspiré Flaubert @.1085). En revanche, les notes prises par
Flaubert sur Claude Lorrain lors de
la
lecture de l'ouvrage de Charles Blanc Histoire des peintres (p.256s1 révèlent son intérêtpour la perspective aérienne qui implique un rendu des distances grâce au traitement du coloris. On en retrouve Ia trace dans cette phrase de Salammbô : << une lumière âpre, et qui semblait vibrer,
reculait la profondeur du ciel, et, pénétrant les objets, rendait la
distance incalculable. >> (s, 2t7). De plus, ce ne serait pas
beau-coup spéculer que de penser que les questions de proportion dans
I'image étaient familières à Flaubert, car les photographies prises
par Du Camp lors du voyage qu'iIs avaient entrepris ensemble
témoignent d'un grand souci de rendre compte des proportions entre les ruines photographiées et le paysage, souvent désertique,
qui les entoure.
La
surface dela
plupart des imagesphotogra-phiques est partagée à égalité entre le paysage et le sujet à
pro-prement parler,
le
plus souvent des ruines antiques. Cela estd'autant plus notable que, bien qu'elles n'aient pas
fait
I'objet d'une standardisation, les photographies d'architecture prises à la même époque en France26 présentent des proportions très diffé-renteset
laissenttout
l'espacede
la
photographieà
l'édificereprésenté. De plus, Du Camp fait très souvent poser un homme
à proximité des ruines de manière à montrer sur la photographie quelles étaient les proportions de l'édifice. Bien que Flaubert n'ait
pas été enthousiasmé par la photographie au cours de son voyage
avec Du Camp, on peut aisément imaginer que cette expérience
a contribué à
le
sensibiliser à ces questions de proportion entrel'objet représenté et l'espacr
a
remarqué quec'était
url'Orientalisme en général
a
Dans ce contexte de retr spective, le détail trahit
l'in
distances et la perception. P
Un point d'or tournait au loin de
le moyeu d'un char attelé de
.l
timon, en les tenant par labnde-Les crinières de bêtes boufi-as
sous un réseau de perles bleu*
Une telle description instaur
le
détail et l'ensemble de I'duit l'ensemble de l'imagr
s'apparente à celui QU€ ctrlt
par F1aubert28. Cependanu :
les observateurs, Mathô et S
percevoir l'ensemble de
l'a
description et, de manière p.l cher des règles de la penper
critiques similaires à celles
époque, à Horace Vemet-!
uniformes ne respectait ftès
représentait tant de détarls sl
proliférer.
Cet eflet d'accumulatitrn e
la multiplication des détaili
fait
des descriptions un eohiérarchisés qu'il est imçross f image de l'armée de merc semblent, en effet. être là p
s'y attarder. Comme I'a m<n
que l'écriture flaubenienrr 1
mme
il
y
en a peu dans lexnmodation s'accompagnent
distances et créent un effet
rsque
l'on
cherche à la foisn tahleau2J. De plus, ce type
de l'époque où le rapport de
rsonnases n'était pas encore
te
établies au coursde
lar
peut évoquer le tableau de inc dont on sait qu'il abeau-vanche. les notes prises par
:
Ia lecture de l'ouvrage de ; rp.156:r révèlent son intérêt ,lique un rendu des distancesn retrouve la trace dans cette
apre. et qtù semblait vibrer, 'nérrant les objets, rendait la
plus. ce ne serait pas
beau-questions de proportion dans
car les photographies prises
;
avaient entrepris ensembletdre compl.e des proportions
pa\ sage. souvent déserrique.
lupan des images
photogra-le pa1'sage et le sujet à
pro-s
ruines antiques. Cela estelles n'aient pas
fait
l'objetües d'architecture prises à la rt des proportions très
diffé-la
photographieà
l'édificeÈ
souvent poser un hommemontrer sur la photographie
ifice. Bien que Flaubert n'ait phie au cours de son voyage
naginer que cette expérience
rrstions de proportion entre
l'objet représenté et l'espace qui l'entoure dont Isabelle Daunais
a
remarqué quec'était
une des problématiques majeures del'Orientalisme en général et de Salammbô en particulier2T.
Dans ce contexte de remise en cause des règles de
la
per-spective, le détail trahit l'introduction de faux rapports entre les
distances et la perception. Par exemple, Flaubert écrit :
Un point d'or tournait au loin dans la poussière sur 1a route d'Utique ; c'était le moyeu d'un char attelé de deux mulets ; un esclave courrait à côté du timon, en les tenant par la bride. Il y avait dans le char deux femmes assises.
Les crinières de bêtes bouffaient entre leurs oreilles à la mode persique, sous un réseau de perles bleues. Splendius les reconnut; il retint ,r,!lrir.,
Une telle description instaure un mouvement de palpitation entre
le détail et l'ensemble de l'objet observé, le détail visuel intro-duit l'ensemble de f image suivant un rapport métonymique qui
s'apparente à celui que convoque la méthode d'induction choisie
par F1auber128. Cependant, suivant
la
logique dela
perspective,les observateurs, Mathô et Splendius en I'occurrence, auraient dû
percevoir l'ensemble de l'attelage avant ses détails. Ce type de description et, de manière plus gén&ale, cette tendance à se déta-cher des règles de la perspective a valu à Flaubert de nombreuses
critiques similaires à celles que Baudelaire adressait, à la même
époque, à Horace Vernet2e qui, pour représenter les détails des uniformes ne respectait pas les lois de la perspective aérienne et représentait tant de détails sur de petits tableaux qu'ils semblaient
proliférer.
Cet effet d'accumulation est aussi à l'æuvre dans Salammbô où
la multiplication des détails, qui prend souvent l'allure d'une liste,
fait
des descriptionsun
ensemble d'éléments hétérogènes non hiérarchisés qu'il est impossible d'appréhender comme un tout, àl'image de l'armée de mercenaires. Les détails, tous séduisants, semblent, en effet, être là pour tenter le lecteur qui souhaiterait
s'y attarder. Comme l'a montré Bernard Vouilloux30, l'impression que l'écriture flaubertienne place tous ces éléments sur le même
plan
est une des critiques majeures adresséesà
l'auteur de 115Salammbô. C'est aussi un des reproches que
l'on
faisait le plussouvent, à
la
même époque, àla
photographie3l. De même, lacritique de Gautier pourtant bienveillante et élogieuse mentionne
un << miroir poli » qui n'est pas sans évoquer le daguerréotype et
qui
trahit f idée d'une précision photographique, d'uneéquiva-lence plus lumineuse. Loin d'insinuer par 1à que l'image
photo-graphique est
un
modèle pour les descriptions de Flaubert,il
semble bon de rappeler que
la
questiondu
choix des détails dans la représentation est une problématique commune à la litté-ratureet
aux arts visuels autour de laquelle se cristallisent denombreux débats à l'époque où Flaubert entame la rédaction de
Salammbô.
Cependant, comme Flaubert l'avoue lui-même lorsqu'il com-mente l'intention de son éditeur de publier une version illustrée32
de Salammbô,
il
a délibérément cherché à laisser le roman dansle vague,
il
s'est employé par le sty1e33 à éviter cette <<précision inepte>>34 qu'il prête à l'image. Par cette remarque, Flauberts'ins-crit dans la lignée des modemes3s qui, tels Baudelaire et Musset,
s'accordent à hair le détail pictural. Cela peut paraître paradoxal,
car on a vu que Flaubert accumulait les détails dans Salammbô,
autant de gages de précision qui contrastent avec cette recherche
du vague.
En effet, jusque-là, comme en témoignent abondamment les
textes comparantla photographie et les autres arts visue1s36, f idée
perdurait que le travail artistique, compofiant une part
d'idéalisa-tion, consistait à choisir les détails représentés pour obtenir une
image correspondant mieux
à
une vision intellectualisée. Cetteidée était souvent évoquée à travers la théorie des sacrifices à
laquelle
il
semble que Flaubert fasse allusion dans une lettre àEnrest Feydeau
qu'il
encourageà
<< apprendrel'art
dessacri-ficesrr31. Selon ce point de vue, très partagé à l'époque de
Flau-bert,
la
représentation n'acquéraitde
valeur artistique qu'en faisant I'objet d'une sélection par rapport au réel dont ellepréten-dait
s'inspirer. Cela préfigurele
contresensde
l'archéologue Froehner qui reproche à Flauberl de ne pas avoir écrit un romanconforme à la vérité historique alors que 7a vérité recherchée par
ce demier se définissait'
artistique.
Ainsi, le traitement du r
une exigence de cont'ormi
du détail dans Salaminbô i
plutôt déptacer I'attention matière. Flaubert, en
eiït
propose un traitement du ce que l'on pourrait percr croix, par exemple. dont
matière même dont ils sct
cette manière, les
détails-lorsqu'il s'agit d'une del
matériau dont
il
est coréléments qui ne suggèret
mais qui, au contraire- c-tr manque des contours. qu'i forme. Par exemple. dans Un soir, à l'heure du souPer.
rapprochaient, et au loin. qrx
tions du terrain. C'était ulr 5
des bouquets de plumc ,I.
guirlandes de Perles. h.rq'i. suivaient en faisant sonncr l: l'on apercevait autour d'eur J
depuis les talons jusqu'aur â
on peut voir, comme Ie t
leur précède l'identitl.-ui
pictural3g. On peut entet
d'écrire un roman dont I'
style
:
<< Ce qui me senùun livre sur ùen un litre :
la seule force du sn'/e
[-où
il
y
a le moins dens
Ici. le mot matière désieD- -
,.11 larsait le plus-- -
-r:.
De même, la, -'
,cieuse mentionne'
-' daguerréotype et.
''
-rrÈ. d'une équiva--.ue f imagephoto-,. '
rs
de Flaubert,il
-,.
choix des détails-
,
,lnmune à lalitté-- :
.e
cristallisent de-
'
., rc' 1a rédaction de.
-:.:rne
lorsqu'ilcom---,
r':- \crsion illustrée32.
,:.ier
1e roman dans,
.:er cette <<précision-
'.:r'ulLle . Flauberts'ins-,
B.,udelaire et Musset.- J... paraître paradoxal, -,:,,:i1s dans ScLlammbô,
-
"
.r\ ec cette recherche-'-':rr
abondamment les.-. ,
'
rl1'ts visuels36, l'idée .:r'i uûe partd'idéalisa--.,:rLis pour obtenir une
'
,:rteilectualisée. Cette'.r..rie des sacrifices à
-..:.,n dans une lettre à
:
!'r
l'0rt
dessacri-.-,i
à I'époque deFlau-. :
rr
arlistique qu en .... récl dont ellepréten--J'-':s
de
I'archéologue"... rroir
écrit un romani
.. \ .rrité recherchée parce demier se délinissait essentiellement en termes de pratique artistique.
Ainsi, le traitement du détail par Flaubert n'est pas motivé par
une exigence de conformité au réel. Pour comparer le traitement
du détail dans salomrnbô àla pratique des arts visuels, on devrait
plutôt déplacer I'attention du détail iconique, dessiné, au détail de matière. Flaubert, en effet, bien qu'i1 utilise un autre médium, propose un traitement du détail qui, bien souvent, s'apparente à
è" qu" 1'on pourrait percevoir de tableaux tels que ceux de
Dela-croix, par exemple, rlont les détails semblent plus renvoyer à la matière même dont
ils
sont faits qu'à ce qu'ils représentent' De cette manière, les détails, dans Salammbô, amènent très souvent.lorsqu'il s'agit d'une description d'objet, une précision^ sur le
matériau dont
il
est composéou
bien sur sa couleur3s, deuxéléments qui ne suggèrent rien sur
la
forme précise de l'obiet,mais qui, au contraire, contribuent à donner f impression
qu'il
ymanque des contours. qu'il n'est qu'un amas de matière dénué de
fbrme. Par exemple, dans ce Passage :
Un soir, à l'heure du souper, on entendit des sons lourds et fêlés qui se
rapprochaient, et au loin, quelque chose de rouge appirut dans les ondula-tiôns du terrain. C'était une grande litière de pourpre, ornée aux angles par
des bouquets de plumes cl'autruche. Des chaînes de cristal, avec des
guirlandei de perlès, battaient sur la tenture fermée. Des chameaux la
iuivaient en laisant sonner la grosse cloche suspendue à leur poitrail, et
l,on apercevait autour d'eur des cavaliers ayant une armure en écailles d'or depuis les talons jusqu'aux
épaules.
(s, 92)on peut voir, comme le remarque Isabelle Daunais, que la
cou-leur précède l'identification de
la
chose ce qui accentue l'effetpictural3e. On peut entendre dans cette perspective
la
volontéà'écrire un roman clont l'essentiel ne serait pas
le
sujet mais lestyle
:
<<Ce cltti rne semble beau, ce queje
voudrais faire, c'est un Livre sur rten un livre sans attache extérieure qui tiendrait par la seule force du sryle 1...1. Les æuvres les plus beLLes sont cellesoù
il
1, a le moins cle matière >> (1. à Louise colet, 16 janv 1852 11,29)'Ici, le mot matière désigne ce sur quoi s'édifie la création, le sujet
de l'æuvre. Or, pour Salammbô
il
sen-rblerait que Flaubert aitsubstitué
à
l'absence de cette matière une matière imaginairefaite de mots et d'images stylistiques évoquant des substances rares et précieuses, propres à convoquer tout l'imaginaire
orien-taliste.
Ces détails qui évoquent la matière sont autant de circonstances
particulières du récit convoquées non pour leur capacité à intro-duire l'ensemble,
à
décrirela
forme de l'objet avec précision,mais parce qu'elles permettent d'introduire la matière de l'objet;
certains détails semblent parfois rendre compte d'une vision si rapprochée qu'elle ne perçoit que
la
couleur, les épaisseurs qui trahissentla
matérialité dela
représentation. Les couleurs, lesodeurs, les matières font reculer le visible dans Salammàô. Ainsi, les descriptions introduisent dans
le
roman une matière toutepoétique comparable à la pure peinture du célèbre petit pan de
mur jaune remarqué par Bergotte dans
À
la
recherche du temps perduao.Le
détail dans Salammbô estle
plus souventun
détail de matière qui évoque autantla
matérialité de l'objet décrit que la facture poétique du roman. Cela entrave le réflexe herméneutiquequi
nous amèneà
investir les détails d'une signification pluslarge, extérieure
à
1'æuvre.Les
associations métonymiquesrenvoient plus à un univers exotique sans contours précis qu'elles
ne forment des images. En effet, les détails visuels, plutôt rares dans Salammbô, sont en général trop précis
et
ponctuels pourgénérer une image. Par exemple, dans 1a description des
chaus-sures d'Hannon (<<
Il
avqit des bottines en feutre noir, semées de lunes d'argerut>> (s, e:;) le détai1 des lunes d'argent, loin de nousrenseigner sur l'allure des bottines nous empêche, au contraire,
d'en avoir une image claire, faute de référent. D'autres détails
visuels, plus nombreux, appartiennent à des comparaisons, f indi-cation qu'ils apportent ne nous renseigne donc pas vraiment sur
l'objet
décrità
proprement parler comme dansla
description suivante d'Hannon:
« [...] La face était si blême qu'elle semblaitsaupoudrée avec de
la
râpure de marbre»
1s:1. Enfin, certains détails visuels semblent assumer avant tout la fonction deconfé-rer au récit la valeur d'un témoignage éclairé, c'est le cas de cette
image qui convoque un Éfo
<< lLes carthaginois) avaient
lt
des chameaux après un voyar
Quel que soit le statut'du d
rôle épistémologique qui
lui
rà
clarifierl'objet
décrit.à
rprécise, à faire d'elle un otrj
apportent paradoxalement un images parcellaires, mais diss
tuent. A une autre échelle. on
détails à celui de I'armée de r
singularités de chaque sous-sr de liste, interdit d'appréhendei
du tout à la partie, du détail dans Salammbô, ce qui peut entre le statut ontolôgique du r
alors que, comme on
l'a
vu- l l'acte d'un regard qui choisit 1e fragment relève de la ruinnostalgieal. Ainsi,
il
semblerar sât que de fragments, les ait tr ser à partir d'eux l'ensemhlece
sensla
critiquede
Saintd'avoir mêlé l'histoire et I'ar
un
tout composé dedétails-fragments. Moins qu'un enser comme un agglomérat de t-ragr homogène. Constamment. le spectateur d'un tableau peut
son regard d'un détail pour ct
Ainsi, le traitement des dâ roman édifie une représentarir peinture à partir d'une série d livresque. Si les arts visuels sr
le roman, c'est bien plus paro rents niveaux, dans le processr
:
matière imaginairepant
des substances rt l'imaginaire orien-ltant de circonstancesleur capacité à intro-objet avec précision,
la matière de l'objet;
mpte d'une vision si
rr.
les épaisseurs quin-
[rs
couleurs, lesms Salammbô. Ainsi, m une matière toute
celèbre petit pan de
t
recherche du temPsiouvenr
un
détail de'
l'objet décrit que la rét'lexe herméneutiqueme signification plus
uions
métonymiquesxrtours précis qu'elles
s visuels, plutôt rares
ris
et
ponctuels Pourbscription des
chaus-îeutre noir, semées de d'ar-sent, loin de nous
mpeche. au contraire, .;rent. D'autres détails
, comparaisons, f
indi-lonc pas vraiment sur
c
dans 1a descriptionllême Et'elle semblait
,
r93r. Enfin, certains. la tbnction de
confé-É- c'est 1e cas de cette
image qui convoque un référent accessible à peu de lecteurs :
<<fLes carthaginois) avaient les gencives décolorées comme celles
des chameaux après un voyage trop long. >> (311).
Quel que soit le statut du détail,
il
n'a pas, dans Salammbô,le rôle épistémologique quilui
revient habituellement, cette facultéà
clarifierl'objet
décrit,à
rendrela
description plus nette etprécise, à faire d'elle un objet de connaissance.
Ici,
les détailsàpportent paradoxalement
un
effet de vague,ils
suscitent des imàges parcellaires, mais dissipent le tout plus qu'ils ne 1e resti-tuent. À une autre échelle, on pourrait comparer le traitement des détails à celui de l'armée de mercenaires où la multiplication des singularités de chaque sous-groupe, souvent présentée sous forme de liste, interdit d'appréhender l'armée comme un tout. Le rapportdu tout à
la
partie, du détail à l'ensemble estdifficile à
saisirdans Salammbô, ce qui peut être imputable à l:amalgame opéré entre le statut ontolôgique du détail et celui du fragment. En effet, alors que, comme on 1'a vu, le détail relève de la perception, de
l'acte d'un regard qui choisit d'isoler une partie de l'ensemble,
le
fragment relève de la ruine, du tout disparu, dontil
porte la nostalgieal. Ainsi,il
semblerait que Flaubert, bienqu'il
ne dispo-sât que de fragments, les ait traités en détail de manière àcompo-ser à partir d'eux l'ensemble du roman. On peut entendre dans
ce
sensla
critiquede
Sainte-Beuvequi
reprocheà
Flaubertd'avoir mêlé l'histoire et l'archéologie
:
alors que l'histoire estun
tout composé de détails, l'archéologie ne propose que des fragments. Moins qu'un ensemble composé, Salammbô apparaîtcomme un agglomérat de fragments qui ne forment jamais un tout homogène. Constamment,
le
lecteur perd I'homogénéité que le spectateur d'un tableau peut regagner en reculant, en détachantson regard d'un détail pour considérer l'ensemble.
Ainsi, 1e traitement des détails dans Salammbô montre que le
roman édifie une représentation de l'Orient sur le modèle de la peinture à partir d'une série de fragments empruntés à un savoir
liur"rqo". Si les arts visuels semblent jouer un si grand rôle dans
le roman, c'est bien plus parce qu'ils entrent en compte, à
diffé-rents niveaux, dans le processus créatif qui préside à sa rédaction
que parce qu'on compte des æuvres d'arts visuels au nombre des sources de Flaubert.
ane condensation excessive de .:!
volonté, mnis il n'est Pas nisé ':'
,série cle rletails snillonts er fr ' :
d'ici.>> (11,783).
10. En effet, dans une lettre '==
Sainte-Beuve '. ,, Moi. j'ni v":r''' =-u
prot'édés du romnn mttdenre . '
17. <<Pour Flaubert et ces c ':'-'
le passé. En ÉgYPre rttt en .A:'::
dans leur sPlendeur vivanre. ': : ' '
cette ruine sPirituelle qu'?:t .: -:' '' toto:Flaubért et le [étichi:rr': '
i--12. Edward W.SaÏo. L'('r'''"
Seuil, 1980).
13. Salammbô, Notes aut'--":':'::
rique de Ia ville de Paris.
14. Léon DE MoDÈ\l-.. (."- '' parmi le.s iuils. traduit Par R:-- i:
15. Gustave Ft-aLteEnt. -\-i :----'
<< Sources et méthode ». P' i ': J.=:r
considérées PrinciPalenrr: ': '''
lParis. Treutiel et Würtz n::' ' ''' i
16. Ernest FËYDu{I'. Hi ' ': r'' anciens (Paris, Gide et J B=-:-.'
17. «[...] c'étail ct''r"--'= 't :'
(Custave FreusrRr- t' ..,
)::--18. << Cïincltts u,le :1' " ' -! :
du bien du susdit Peir:'': '' '''
19. Lettre à Julc' D:-: '- - -:"
bien commencer Par ..: a '" ': ''
20. Roland Brnrur'. ' i ::--' 21. H.aueEnr. Salan'.tt:: r- '-l
dans la Revue .franlaist i- : ' =-:
22. Émile Lrrrnr. Dii;; " "'! '
23. Un véritable éloce ':= ':iL
Constan(in CuYs in Ch:rlc' r' '-pp.34.l-4: " Le Peintre Js = : -'
Callen décrit ainsi cette r' -":c air'. <<Crucial, lhen' lc' :i'-t -' '-:! -11, lini and o re-eYalua:t - ' ''! '
down in rhe dividine lit'.. '- ':t'
firri (unfinished). » (Ant::' J '-
-Technique and the ,llakir: : t! c' sity Press, 20001, P. I I t.
24. Notons que ce raP;. -1 : I
confrontent la plupart dci J:':\ - '-- -'
les géoramas ou les ath''
ÉontoN urlLISÉE
S
Salamntbô, présenré par Gisèle SÉcmcp'n (Paris' Flammarion' «GF»'200 I ).
1. Ainsi, Flaubert écrit à Ernest
a"r;*
le 6 août 1857 : « Pour qu'un livr.e,ui lo rérié, il faut être biurré de ion suiet par-dessus Les oreilles. Alors la
,ouiru, vient toit naturellemenl' comme un îésikat .fatal et comme une floraison de I'idée même.>> (II,752).
2'ManuscriÏsdesalammbôconservésàlaBibliothèquenationaledeFrance
sous ".-3. la cote NAF 23662.
D;
cetie perspective, rappelons, par exemple' qu'au terme de nombreuxOeù"ti i" photogiaphie a ete aO'mise dans I'enceinie du Salon des Beaux-Arts de
lEî;'iti"ï
,;i-veri"lte ot is-st alors qu'elle était jusque-là e:ry:::i:
1111:,::
i'fn,iu.tri". Ce changement de statut est un exemple de Ia remlse en questron
;;il;1"
à"t".itères"qui président à l'attribution drun caractère artistique à uneimase.
""ii
p".exemple, en 1 g57, Flaubert écrit à Eugène.crépet : << si vous .dé.couvriez.
autre chose
,o**,
grouurrr, dessins, etc', enviyezJes-moi' Je payerais je ne sais';;r;
i";
avoirli
reproiuction d'une simple mosaique qui soit réellementi'"iiqLi t Je crois néanmoins être arrivé à des probabililés' on ne pourra pas me
p.oru"t que j'aie dit des absurditls' » (II, 750)'
'
5. AOiianne Tooxs, flàbert anil thi Pictorial Arts: from Image to Text (NewYork, Oxford University Press, 2000)'
6. Alison Fatru.te, Imagination nnd Lo'g'ng', Collected Essays on-Co-nstant' Battdelaire, Nerval and Fio,ub','t (Cambridle -\ew.York' Cambridge University
nËt., iôAil, pp.355-421 : «Flaubert and-some painters of his time» (p'366),
7.ThèsededoctoratdeMartineDesmyttèreAt-conra,«L,Inscriptionde-la
p"irt*" àun. l,æuvre A" ffuuU".t : de l,Oiient rêvé à la modernité», université
àe Séville, 2007, consultable à I'ITEM'
8. Le trairement ou oeraii chez Flaubert a fait l'objet de.plusieurs études.qui
figurent parmi les textes fondateurs de la théorie du détail comme la celeDre
;;b""
âe Roland Barthes (Roland BARrlrEs, «L'Effet de réel»' Communica-tions, no Il.
I 968. PP' 84 9).""ô.'Â
r" ?i"^â, Éâi" a, nou"-bre 1857, Flauberr écrivair dans une leure adressée
B visuels au nombre des
t
(kis"
Flammarion, «GF»,û
lE57 : <<Pour qu'un livrer&sns
les oreilles. Alors la Iful
et comme une floraisonfrèque
nationale de FranceÈ,
qu'au terme de nombreuxtsù
Salon des Beaux-Arts dei{ue-là exposée au palais de
Tb
de la remise en questionfn
caractère artistique à uner Crépet '. << Si vous découvriez
b-ntoi. Je payerais je ne sais
ruîque
qui soit réellementHilités. On ne pourra pas me
àrt: from Ima7e to Te.rr (New
tbllccted Essays on Constanl;
r
Yqk Cambridge UniversitYl-ers
of his time >> (p.366).âLooBIA, « L'Inscription de 1a
hÉ à la modernité >>, université
fôja
de plusieurs études quib
ù
détail comme la célèbreL'Effet de rée7>>,
Communica-&ivair dans une lettre adressée
b ære juste. Cela s'obtient par
une condensation excessive de l'idée, que ce soit naturellement ou à force de
volonté, mais il n'est pas aisé de s'imaginer une vérité constante, à savoir une
série d.e détails saillaits et probables dans un milieu qui est à deLm mille ans
d'ici.>> (T1,783).
10. En effet, dans une lethe datée fu 23-24 décembre 1862, Flaubert écrit à
Sainte-Beuve : <<Moi, j'ai voulufixer un mirage en appliquant à l'Antiquité les
procédés du roman modeme [...]. » (III, 276).
ll.
<< Pour Flaubert eî ces contemporains, le voyage en Orient est voyage dansle passé. En Égypte ou en Afrique du Nord,
il
n'a vu que des ruines'-Aussi chirche-t-il, dalis- ses ,o*ant- oi"ntaux, à reconstruire les monuments détruitsdans leur splendeur vivante, et donc à reslituer le fonctionnement et l'fficace de
cette ruine spirituelle qu'est la pensée fétichisre. » (claude RsrcsLsn, « Pars pro
toto : FlaubËrt et le fétichisme ", Studi francesi, rto29, 1985, pp' 77-83 tp'821)' 12. Edward W. SAID, L'Orientalisme
:
l'Orient créé par I'Occident (Patrs,Seuil, 1980).
13. salammbô, Notes autographes, carnet no 7 conservé à la Bibliothèque
histo-rique de la ville de Paris.
14. Léon DE MoDÈNE, Cérémonies et coutumes qui s'observent auiourd'hui parmi les juifs, riaduit par Richard SruoN (Paris, Éditions Rieder, 1930)'
'
15. Guitave Fr-euspÀt, Salammbô (Paris, Club de l'honnête homme, 1971),<< Sources et méthode », p.503. Georg Friedrich Cnr'uzsn, Religions de l'antiquité
considérées principalement dans leurs formes symboliques et *yt!'!!oq9!-'.s
(Paris, Treuttel et Wtirtz puis J.-J. Kossbühl et Firmin-Didot frères, 1825-1851).
16. Ernest FtsyoBeu, Hlstoire des usages funèbres et des sépuçures des peuples
anciens (Paris, Gide et J. Baudry, 1856-1858).
12.
"[...1 c'était comme une 1raÿure, une vue de I'Orient dans un livre'>>
(Gustave Fr-eusenr, Voyages [Paris, Arléa, 1998]' p.368).
18. « Ci-inclus ur" prtit" note pour Théo lThéophile Gautierl' S'il peut dire du bien du susdit peintre, il me ferait plaisir.>> (ll,74l).
19. Lettre à Juies Duplan, Croisset, le 3 ou 4 octobre 1857 : «Mais il faut
bien commencer par là pour faire voir. » (II, 767).
20. Roland BÀnnres, S/Z (Pans, Seuil, « Points », 1970)' p.61.
21. Fleusenr, Salammbô (éd. citéers), pp.403-10 : « Article d'Alcide Dusolier
dans \a Revue francaise du 31 décembre 1862>> (p.408).
22. Émtleü'rrpi., Dicrionnaire de la langue françar"se (Paris, Hachette, 1881)'
23. Un véritable éloge de l'ébauche est développé par Baudelaire au sujet
^de
Constantin Guys in Charles BAUDELAIRE, Critique d'art (Patis, Gallimard, 1992),
pp.343-4: « Lê peintre de la vie moderne >> (n,:+:;. L'historienne de l'art Anthéa
'Callen
décrit ainsi cette évolution des sensibilités quant à l'ébauche et au plein
ar : << Crucial, then, to the change in the meaning of plein air is a shift in attitudes
to fini and a re-evaluation of the role and importance of the "sketch", a break' doîn in the diviling line between the ûÿo and the rise of the aesthetics of îoî-fini (unfinished.). » - (Anthéa CALLEN, The Art of Impressio,nnism: - Painting
Technique and the Making of Modernity [New-Haven and London, Yale univer-sity Press, 20001, p. 1l).
i4.
Notort quice rapport à la distance fait partie des paradoxes auxquels seconfrontent la plupart des dispositifs visuels à visée totalisante, tels les panoramas,
les géoramas ou les atlas.
25. Cf. Hubert DAMrscH, L'Origine de la perspective (paris, Flammarion,
«Champs»,1993).
26. Anne MoNorNano.-Ia Mi.tsion héliographique
:
Cinq photographesparcourent la France en 1851 (Paris. Editions du patrimoine, 20b2).
27. Isabelle DeuNars, L'Art de la mesure, ou L'invention de l,espace dans les
ré_cits d'orient
(nf
siècle) (SainrDenis, presses de l'université dà vincennes/Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 1996).
28. <<Où les sources manquaient,
j'ai
induit.» (FLeunrnr, Salammbô féd.citéelsl, <<Sources et méthodei, p.490).
29. Ainsi Baudelaire écrit au sujet de Horace Vernet :
.une bataille vraie n'est pas un tableau; car, pour être intelligible et conséquemment rnteressante comme bataille, elle ne peut être représentée que par des lignes blanchès, bleues
ou noires simulant les bataillols en ligne. Le ienain devient, dans uni composition de ce
genre comme dans 1a realité, plus important que les hommes. Mais, dans de pàreilles condi
ti91ts,_ll
1lV a plus-de tableau, ou-du moins, i[n'y a qu,un tableau de tactiquê et de topogra_ phie. M. Horace verner crut une fois, plusieurs fois mème, résoudre la diffiôulté par unà sËrie
d'épisodes accumulés et juxtaposés.-Dès lors, le tableau, privé d,unité, ressàmble à ces
mauvais drames où une surcharge d'incidents parasites empêôhe d'apercevoir l'idée mère, la
conception génératrice.
(C!gl1 Bau»s_L_arns [op. cit.23),pp.268-342: «Salon de 1859» tp.302]).
30. Bernard Vouu-roux, «Les Tableaux de Flaubert», pt.tétioue. i-," t:S. ZOO:.
pp.259-87 (p.267). Voir aussi Adrianne Toorn (op. r.ir.sl. p. li1.
.31. Ainsi, par exemple, en 1855, paul périer qualifiait Ès images photogra_
phiques de « trompe-l'æil collés sur un fond de papier suie >> ot de1 pLàn caias_
tral» et jugeait que les modèles n'y étaient rien de plus qu,un oaccessoire du velours d'Utrecht» (Paul PÉmun, «Exposition universelie
:
photographesfrançais >>, Bulletin de la société française de photogrophie, pp.ùl_Al
ii
LaPhotographie en France. Textes et controverses, lBl6-t87l, André Rourr_lÉ ed.
[Paris, _Macula, 1989], p.277). Voir aussi Bernard Vourr_r_oux (loc. cit.3o) (p.270).
32. L'importance du détail dans les illustrations est d'autant plus importanie que la plupart des illustrations d'alors étaient des gravures dont la préciiion du dessin privilégie le rendu des détails.
33. <<Tout I'art consiste pour l'écrivain, à introduire le flou dans les images
verbales : le .flou n'est pas un déficit initial de la vision
-
laquelle est au contriirenette au départ
-,
c'est tout au contraire ce qui se gagne par le travail de l,écri tyr.e, u1.9officient d'incertitude qui approfondit et élargit la représentation.>>(Pierre-Marc op Bresr, « L'Esthétique du flou : sur les noteJ du Voyàge en Afrique
{e Gustale Flaubert>>, pp.149-59 in Vagues figures ou les promisses du Jtàu,
Bertrand RoucÉ ed. [Pau, Publications de l,université de pau, 1996], p. l5g). 34. <<.Ce n'.était pas la peine d'employer tant d,art à laisser tout dais le v'ague
pour_qu'un
-pignouf vienne démolir mon rêve par sa précision inepte. >> (lll, Zi6).
35. « [...] l'élimination du détail est le dénàminateur comnrun, îe plus petit sais
doute mais peu|être aussi l'un des plus sîtrs, autour duquel se retrouveit artistes
et théoriciens ou critiques "modernes". » (Daniel Anasip, Le Détail : pour une
histoire rapprochée de la peintu^re [Paris, Flammarion, 1996], p.34).
^ 36. Ainsi, par exemple : ,r Ô magnifr.ques portaits ae napnaù, Van Dyck,
Caravage, quand nous sera-t-il donné de savàir assez sacrifier pour a*ivir à
vos effets ! Il faut bien se pénéTrer de cette idée, que la science des sacrifices est
t22
plus dfficile avec La photogrGa. .
:-(Henri oe Le BleucnÈnr. L'.\r :- :-,
in Lo Phorografhia en Frant; .
--37 Lettre à Ernest Feydeau- C:::.r
tes idées et tu prêches soutt'r::. l- -,
lout; tu gâtes I'harmonie de i - ...t
les écrivains .français, Jean-J,;.;.,.:' ,: plus en vue le Beau et l'ér(v:. ,-:
fices. » (lI, 856).
38. Notons que la formuie : .:-:;
contribue à la confusion entre .i -::r.î
39. . Dans îou.ç ce.i eien:: . . :,
lorsque le regord perçoir ... . -.!-'
(Isabelle DeuNets lop. cit.:-',. : -:
40. Marcel PROUST. fu1 pr;, ::.2-t
t987), p.468.
41. <<l-es pratiques du dé:.:. : :-::
la nostaLgie du tout. » (Jean-P:::. \,r ,
ir (Paris, Flammarion,
t : Cinq photographes
rtu-
2002).at
de l'espace dans lesErcrsité de Vincennes
/
illr€Rr. Salammbô féd.
t3iHe et conséquemment
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des sacrffices estplus dfficile avec la photographie qu'avec tout aute moyen de reproduction.>>
(Henri oe LA BLANCISRT, L'Art du photographe fParis, Amyot, 1860], pp. 375-7
in In Photographie en France lop. cit.31), p.3151.
31 Lettre à Ernest Feydeau, Croisset, 28 décembre 1858 : « Tu tiens à établir tes idées et tu prêches souÿent. Tu me diras que c'est etprès, tu as tort, voilà
tout; tu gâtes I'harmonie de ton livre, tu rentres dans la manie de presque tous
les écrivains français, Jean-Jacques, G. Sand; tu manques aux principes, tu n'as plus en vue le Beau et l'éternel Vrai. Enfin, tâche d'apprendre I'art des
sacri-fices.>> (11,856).
38. Notons que la formule consistant à appeler la peinture de la couleur
contribue à la confusion entre la représentation et la.matière de 1a représentation.
39. <<Dans tous ces exemples, le pictural l'emporte, si on peut dire, surrout
lorsque Ie regard perçoit la couleur et h forme avant d'identifier I'objet.>>
(Isabelle DeuNars [op. cit.27], p.751.
40. Marcel Pnousr, l,a Prisonnière (Paris, Gallimard, «Bibl. de la Pléiade», 1987), p.468.
41. << Les pratiques du détail se distinguent de celles du fragment qui gardent
la nostalgie du tout. » (Jean-Pierre MouREy, Philosophies et pratiques du détail : Hegel, Ingres, Sade et quelques autres lParis, Champs Vallon, 19961, p.14).