Le transfert d’une méthode de dosage automatisée de 3 catécholamines majeures dans l’urine humaine: utilisation de l’erreur totale comme critère de décision
E. ROZET1, W. DEWE2, P. CHIAP3, F. LECOMTE1, PH. HUBERT1
1 Laboratoire de Chimie Analytique, Institut de Pharmacie, Université de Liège; 2 Lilly
Development Centre ; 3 Laboratoire d’Analyse des Médicaments, Institut de Pharmacie,
Université de Liège
Objectif : Un transfert analytique consiste à transférer physiquement une méthode analytique précédemment validée depuis le laboratoire émetteur vers un laboratoire receveur après avoir démontré que le laboratoire receveur maîtrise la méthode. Il est donc essentiel d’avoir toutes les garanties que la méthode est en effet maîtrisée par le laboratoire receveur. Deux nouvelles approches statistiques basées sur l’utilisation de l’erreur totale comme outil de décision quant à la validité d’un transfert de méthodes analytiques ont été décrites (1). Nous nous proposons ici de montrer l’applicabilité de ces deux approches au cas du transfert d’une méthode de dosage automatique de trois catécholamines majeures dans l’urine humaine.
Méthodes : Dans la première approche statistique, un intervalle de tolérance attendu au niveau β (2) similaire à celui utilisé lors de la validation de méthodes est calculé et ensuite comparé à des limites d’acceptation autour de l’estimation de la vraie valeur de l’analyte quantifié. La seconde approche consiste à estimer le risque d’avoir des résultats en dehors de ces limites d’acceptation. Les limites d’acceptation ont été fixées à ±15% et le niveau β à 95%. La norépinéphrine, l’épinéphrine et la dopamine, ainsi que le standard interne (3,4-Dihydroxybenzylamine hydrobromide) sont dosés dans l’urine par HPLC-ECD couplée « on-line » à une colonne d’extraction de type RAM contenant de l’acide nitro-phényl-boronique comme ligand. Ces composés sont séparés en mode isocratique sur une colonne C14 triplement recouverte par un mélange d’acétonitrile et de tampon phosphate pH= 3,5 (3,5:96,5 ; v/v) contenant 0,54 g/l d’octane-1-sulfonate et 0,1 g/l d’EDTA. La détection électrochimique se fait à un potentiel de travail de 600 mV.
Résultats : L’utilisation des deux nouvelles approches statistiques a permis de démontrer que le laboratoire receveur maîtrise la méthode analytique et qu’il peut donc l’appliquer lors de ces analyses de routine. En effet, pour l’approche de l’intervalle de tolérance, le profile d’exactitude montre que les limites supérieures et inférieures des intervalles de tolérance sont toutes comprises dans les limites d’acceptation de ±15%. Pour l’approche du risque, l’examen du profile de risque montre que le risque maximum d’obtenir des résultats futurs chez le laboratoire receveur hors des limites d’acceptation est inférieur à 5%, quelque soit l’analyte considéré.
Conclusion : Le transfert de la méthode de dosage de 3 catécholamines majeures dans l’urine humaine par HPLC-ECD couplé « on-line » à l’extraction en phase solide vers le laboratoire receveur est accepté. Deux récentes approches statistiques basées sur l’erreur totale comme critère de décision ont été appliquées avec succès. En particulier, l’approche du risque permet de connaître le risque d’utilisation de la méthode en routine chez le receveur, donnant ainsi de réelles garanties aux laboratoires ainsi qu’aux autorités quant à la maîtrise de la méthode analytique par ce laboratoire.
Références :
1.Dewé W. et coll. Soumis pour publication.
2.Hubert Ph et coll. Harmonization of strategies for the validation of quantitative analytical procedures A SFSTP proposal-part I. J. Pharm. Biomed. Anal. 2004 ; 36 : page 579-page 586.