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Nouvelle forme d'application collective du test de Rorschach

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Academic year: 2021

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GENEVIÈVE LANGLOIS

PôOo

NOUVELLE FORME D’APPLICATION COLLECTIVE DU TEST DE RORSCHACH

Mémoire présenté

à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval

pour l’obtention

du grade de maître en psychologie (M.Ps.)

École de psychologie

FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES UNIVERSITÉ LAVAL

JANVIER 2000

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RÉSUMÉ

Ce mémoire avait pour but d’expérimenter une nouvelle forme d’administration du test de Rorschach. Il s’agissait d’une application collective qui ne faisait pas intervenir le filtre verbal comme élément nécessaire à la production de la réponse, tel que cela se trouve dans l’administration standard et dans les tentatives d’application collective du test. Il a été proposé une administration basée uniquement sur la comparaison d’une planche par rapport à une autre dans un processus d’évaluation et de comparaison entre les planches. Pour ce faire, des étudiants en psychologie (n= 60) ont participé au projet et ce, sur une base volontaire. Il s’agissait pour eux d’observer des combinaisons de planches et de déterminer la ressemblance ou la différence entre les paires présentées. Les résultats ont démontré que les planches ont, dans l’ensemble, tendance à se regrouper selon des caractéristiques communes soit les déterminants (couleur, mouvement forme et estompage). Ainsi, ce mémoire, innovateur dans le domaine, aura permis de faire ressortir, de manière statistiquement significative, les affinités qu’ont les planches entre elles.

Jean-Marc Lessard Geneviève Langlois

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AVANT-PROPOS

La réalisation de mon mémoire est maintenant achevée. Tout au long de ce périple, plusieurs personnes m’ont accompagnée et chacune, à leur manière, aura contribué à l’atteinte ce but que je m’étais fixé. Je tiens donc à remercier toutes ces personnes qui me sont chères.

Tout d’abord, je tiens à remercier mon superviseur Monsieur Jean- Marc Lessard. Il m’a fait confiance et a su m’encadrer tout au long de ce projet. Il a également fait preuve de patience et de compréhension, mais plus que tout, il m’a donné la chance d’aller plus loin et de cheminer vers de plus hauts sommets.

Je ne pourrais passer sous silence !’extraordinaire collaboration de Denis Lacerte pour tous ses judicieux conseils et son énorme travail à mes analyses statistiques, de même que ma plus fidèle amie, Mélanie Lavoie- Tremblay, pour m’avoir aidée dans mon expérimentation et pour avoir vécu avec moi chaque moment de ce long périple. Elle est toujours disponible pour moi et je l’en remercie énormément.

Je tiens également à remercier ma famille, tout d’abord, ma tante Lise Le Houillier pour ses corrections et ses encouragements, mon compagnon de vie, Frédéric Théberge, pour avoir cru en moi et pour m’avoir offert soutien, encouragements, compréhension et patience et enfin, mes parents Claire et Yvan Langlois pour les valeurs qu’ils m’ont transmises et pour m’avoir donnée le désir de me surpasser continuellement.

Il y a aussi mes employeures au PEPS de l’Université Laval, Mesdames France Lebel et Caroline Gilbert ainsi que mes amies et amis, Myriam, Mélanie, Julie et Louis que je tiens à remercier chaleureusement pour m’avoir fait rire ainsi que pour m’avoir encouragée et compris.

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TABLE DES MATIÈRES

Page

RÉSUMÉ...i

AVANT-PROPOS... ii

TABLE DES MATIÈRES... iii

LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX... v

LISTE DES ANNEXES...vi

CADRE THÉORIQUE... ... 7

Nouvelle application collective du test de Rorschach...7

L’échelonnement multidimensionnel... 11

Le Rorschach : la nature du test... 14

Le Rorschach : administration standard... 14

La cotation et !’interprétation... 17

Les localisations... 18

La qualité du développement...20

Les déterminants... 20

Les contenus... 29

Les réponses banales... 31

Le niveau d’organisation (Z)... 33

Le matériel : les planches du test...34

La signification des planches :... 35

Les liens entre les planches... 42

Les objectifs de la recherche... 46

Les hypothèses...47 MÉTHODE...48 Les sujets... 48 L’instrument de mesure... 49 La procédure... 49 L’analyse statistique... 50 RÉSULTATS...51 DISCUSSION... 53

La description des planches selon leur position sur le graphique...53

L’interprétation de résultats dans la vérification des hypothèses... 58

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Figure et tableau... 66 Annexes... 68 BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE... 73

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LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX

Page Figure 1

Échelonnement multidimentionnel des planches du Rorschach... 66

Tableau 1

Coordonnées des planches du Rorschach dans les solutions

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LISTE DES ANNEXES

Annexe A : Formulaire de réponses Annexe B : Formulaire de consentement

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CADRE THÉORIQUE

Nouvelle application collective du test de Rorschach

Plus d’un demi-siècle après sa découverte, le test de Rorschach non seulement tient toujours, mais de toutes les épreuves objectives ou projectives visant à saisir la dynamique d’ensemble d’une personnalité, il s’avère une des méthodes les plus utilisées par les praticiens (psychologues, cliniciens, psychiatres, orienteurs) et il fait chaque année l’objet du plus grand nombre de recherches et de publications (Chabert, 1983 ; Weiner, 1997). Celles-ci enrichissent sans cesse son interprétation et élargissent son champ d’application. Le Rorschach peut servir notamment à évaluer les dommages neuropsychologiques, l’anxiété, le niveau de fonctionnement de la personne (Goldfried, Stricker & Weiner, 1971) et il peut également servir à l’étude de la personnalité (Exner, 1997).

Selon Klopfer et Kelley (1942), le Rorschach s’avère une méthode remarquablement efficace pour estimer la personnalité ou encore pour révéler la richesse ou la pauvreté des expériences psychiques d’un individu. Dans le même ordre d’idées, Chabert (1983) et Beizmann (1982) proposent qu’à condition que ces résultats recoupent des données obtenues par d’autres méthodes, ce test aboutit à une estimation dynamique des ressources actuelles et latentes du sujet, ainsi que de ses points vulnérables, bilan sur lequel peuvent prendre solidement appui un conseil psychologique, une indication psychothérapique, un pronostic évolutif. Ces mêmes auteurs ainsi que Weiner (1997) affirment que, dans le domaine de la psychiatrie, la validité de la méthode, comme procédure diagnostique, est établie et que le test de Rorschach offre une bonne fidélité lorsqu’il est utilisé adéquatement. Dans ce sens Exner (1995) ajoute que le Rorschach demeure probablement le meilleur instrument qui soit actuellement disponible et que si utilisé avec

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sagesse, il s’avère une méthode, bien que délicate d’utilisation, de grande valeur qui génère une profusion de renseignements sur le sujet.

Malgré ses multiples applications et sa grande valeur ce test comporte néanmoins des restrictions quant à son utilisation. En effet, une connaissance de la dynamique de la personnalité, une expérience considérable de la méthode (Klopfer 86 Davidson, 1962) et une maîtrise des symboles utilisés dans la cotation (Loosli-Ustéri, 1958 ; Lessard 86 Laveault, 1975) sont requises. De plus, le Rorschach est souvent délaissé en raison de l’effort de mémoire que son application nécessite et en raison de la crainte d’une utilisation erronée du test (Lessard 85 Laveault, 1975). Son interprétation s’avère également un procédé complexe, car elle requiert une expérience considérable de la méthode. En outre, Piotrowski et ses collaborateurs (1998) rapportent que plusieurs psychologues utilisent peu le Rorschach en raison du temps requis pour son administration et son interprétation.

Plusieurs études effectuées rapportent que différents facteurs font varier les réponses des sujets au test de Rorschach. En effet, Exner, Arbruster et Mittman (1978) ont démontré que lorsque le sujet connaît la personne qui lui fait passer le test, que ce soit son thérapeute ou son professeur, il fournira en moyenne 16 réponses de plus que s’il ne connaît pas !’expérimentateur. De plus, lorsqu’il s’agit de son thérapeute le sujet fournira plus de réponses d’ordre sexuelles (4,3 contre 0,8). Dans une autre série d’études Wickes (1956), Groos (1959) et Hersen et Greaves (1971) ont montré qu’un renforcement, qu’il soit verbal ou non-verbal, peut modifier les fréquences de certains types de réponses. Finalement, il semblerait que l’état psychologique du sujet au moment de la passation du test puisse également contribuer à la sélection finale des réponses (Exner, 1995).

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Ces diverses limites incitent à se questionner et à vérifier si certaines de ces contraintes peuvent être contournées. Diverses tentatives ont été proposées du côté de !,administration collective du test. En effet, Klopfer et Kelley (1942) rapportent qu’au début des années 1940 des tentatives sont effectuées dans le but d’élargir les applications du Rorschach afin de contrer le manque d’instruments d’évaluation de la personnalité. Il semblerait que le Rorschach soit une bonne méthode capable de révéler les faiblesses cachées de la personnalité. Ainsi, plusieurs chercheurs tentent de vérifier les possibilités d’une administration collective. Une première méthode consiste à projeter les dix planches du Rorschach dans une demi-obscurité, chacune pendant trois minutes. Les sujets inscrivent leurs interprétations sur des feuilles spéciales, comportant une reproduction en noir et blanc de chaque planche sur laquelle ils indiquent la localisation de leurs réponses (Anzieu,

1992).

Une autre méthode consiste à donner au sujet une liste de réponses ronéotypées ; trente par planche, dont une moitié est extraite de protocoles normaux et l’autre moitié de protocoles de cas pathologiques. Les réponses sont présentées par groupes de dix. Le sujet doit choisir à chaque fois les trois réponses qui se rapprochent le plus de sa perception. Cette technique a uniquement une valeur de dépistage des cas psychiatriques. Son avantage consiste en sa cotation à peu près automatique (Anzieu, 1992).

Une troisième méthode, celle de Hans Zulliger propose une alternative au Rorschach. Cette méthode appelée test Z Collectif est inspirée du test de Rorschach et est créée dans un but de sélection du personnel. Le test ne comprend que trois planches, différentes de celles du Rorschach. La première suggère surtout des réponses forme, la deuxième des réponses couleur, la troisième des réponses mouvement (Zulliger, 1957). Des diapositives permettent la projection sur écran et la passation collective.

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Celles-ci se font alors à temps limité, soit quinze secondes par planche. Les sujets inscrivent leur(s) réponse(s) ainsi que la ou les localisation(s) de leur(s) réponse(s) sur une feuille-réponse prévue à cette fin. Ce test est standardisé pour la passation collective. Le dépouillement et !'interprétation demeurent analogues au Rorschach. Dans cette méthode, l’idée d’utiliser les planches du Rorschach fut rejetée parce qu’elles furent jugées trop compliquées pour un usage collectif (Zulliger, 1957). De plus, changer le mode de passation établi par le créateur du test sans risquer de commettre des erreurs était, semble-t-il, impossible. L’idée de n’utiliser que quelques planches fut également rejetée. Toutefois, la validation du test Z collectif concorde avec celle du Rorschach (Zulliger, 1957). Enfin, d’autres recherches révèlent que les procédures d’évaluation du Rorschach collectif proposent un degré de validité et de fidélité très élevé avec la méthode standard (Klopfer & Kelley,

1942).

Une quatrième approche collective est proposée par Chéné et Meunier (1975) de l’Université Laval. Dans cette procédure, chaque sujet utilise un livret contenant la représentation des dix planches. Chaque planche est projetée sur un écran et le sujet doit, dans la période de « performance », indiquer à quoi la planche lui fait penser. Il lui est également demandé d’entourer la partie utilisée pour voir sa réponse sur une reproduction de la planche située dans le haut de la page. Une durée de trois minutes par planche est allouée. Lorsque cette partie est terminée, la période d’enquête est effectuée. Chaque planche est à nouveau projetée à l’écran et le sujet indique, pour chaque réponse, ce qui lui a fait penser à la réponse fournie : exactement comme la démarche individuelle le demande.

Les différentes recherches et alternatives proposées sur le Rorschach collectif indiquent qu’il est possible de l’appliquer de façon collective sans le dénaturer et sans en modifier de façon significative les résultats. De plus, les composantes

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de base dégagées par une administration individuelle demeurent présentes de sorte que l'évaluation de la personnalité conserve sa validité (Gaumont, 1969 ; Anzieu, 1992). En outre, ?administration collective permet de recueillir les principales données d'un protocole de Rorschach tout en permettant une économie de temps. Les nuances d’une administration individuelle (gestes, voix, etc.) s’avèrent cependant sacrifiées au profit de l’aspect collectif (Klopfer 85 Kelley, 1942 ; Chéné 85 Meunier, 1975). Par ailleurs, l’ensemble des recherches effectuées jusqu’à présent ne s’est intéressé qu’aux conséquences de même qu’aux possibilités de transposer !’administration et !’interprétation de Rorschach individuels aux Rorschach collectifs.

La recherche actuelle s’inscrit dans la lignée des applications collectives du Rorschach, utilisant par contre une procédure différente de celles expérimentées jusqu’à présent. En effet, la présente étude propose une administration collective basée uniquement sur la comparaison d’une planche par rapport à une autre dans un processus d’évaluation et de comparaison entre les planches. Cette procédure permet de conduire à de nouvelles interprétations. De plus, l’étude de la valeur de cette méthode et des résultats qu’elle présente ouvre d’autres perspectives à cet instrument d’évaluation de la personnalité. Ainsi, il s’agit d’identifier les dimensions du Rorschach pouvant résister à une analyse des résultats du test selon la méthode des préférences et selon un traitement statistique : !’échelonnement multidimensionnel (multidimensional scaling).

L’échelonnement multidimensionnel

L’échelonnement multidimensionnel s’avère une méthode statistique où les items étudiés vont se regrouper ou s’éloigner les uns des autres selon leurs similitudes ou dissimilitudes. Les termes similitude et dissimilitude sont utilisés pour désigner aussi bien des relations de proximité telles que

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proche, similaire, semblable, que leur inverse, les relations de distance telles que lointain, différent. L’échelonnement multidimensionnel permet de déterminer la dimensionnalité suffisante pour représenter correctement les données et est utilisée lorsque l’on veut savoir quelle proximité le sujet attribue entre divers items présentés. La combinaison de toutes les paires possibles est construite et le sujet évalue la similitude ou encore la relation entre deux items (Tournois & Dickes, 1993).

L’échelonnement multidimensionnel réalise, dans sa forme classique, la transformation ordinale d’une matrice de «proximité » pour la représenter sous forme de distances dans un espace euclidien (Tournois 85 Dickes, 1993). Les résultats permettent de voir une représentation spatiale des items (Shiftman, Reynolds 85 Youg, 1981). En se référant au résultat de l’analyse, !’échelonnement multidimensionnel propose une technique de représentation géométrique. Ce n’est pas nécessairement une technique qui vise à rechercher des facteurs sous-jacents au phénomène étudié, il s’agit plutôt d’une technique résumant !’information en la représentant sous une forme immédiatement perceptible, car l’appréhension visuelle d’une carte devient plus facile que la lecture d’une grande matrice de données.

Par ailleurs, !’échelonnement multidimensionnel ne réduit pas !’information, elle la condense en une forme accessible (Tournois 85 Dickes, 1993). L’échelonnement multidimensionnel a pour tâche de rechercher la position la plus exacte possible (en terme de distance) des objets dans cet espace.

Ce traitement statistique repose sur un modèle de mesure qui présente plusieurs avantages (Tournois 85 Dickes, 1993) :

- il s’avère très peu exigeant sur les données qu’il permet de traiter : !’information ordinale suffit.

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- il demeure peu contraignant dans son fonctionnement : une transformation monotone suffit.

- il s’avère avantageux dans sa réalisation : les distances de la configuration finale sont du niveau d’intervalle et dépassent !’information ordinale des données de départ.

La prise en compte de ces aspects spécifiques permet de mettre l’accent sur un intérêt important de ces techniques : ces analyses ouvrent la porte à la mesure de phénomènes pour lesquels !’information disponible demeure floue (Tournois & Dickes, 1993).

L’échelonnement multidimensionnel possède des composantes telles que les échelles d’évaluation qui sont tout à fait appropriées pour les dispositifs d’observation à réponses ordonnées comme celles présentées dans le présent mémoire. À cause de son apparente facilité de construction, on en fait un large usage en psychologie (Tournois & Dickes, 1993). Les échelles d’évaluation demandent, de la part du sujet, une réponse qui consiste à choisir parmi plusieurs modalités entre lesquelles existent une relation d’ordre (Tournois & Dickes, 1993). Les échelles d’évaluation proposent des applications très variées. Elles sont utilisées entre autres, pour l’évaluation des préférences. Les échelles d’évaluation se caractérisent également par le fait que le stimulus est évalué au moyen d’un dispositif qui tient compte de la relation d’ordre entre les échelons.

L’application de la procédure du présent projet est donc fondée, en partie, sur les propriétés du traitement des données de !’échelonnement multidimensionnel et de ses composantes entre autres, les échelles d’évaluation.

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Le Rorschach : la nature du test

Le Rorschach propose bien plus qu’un test projectif. En effet, il semblerait que les réponses soient formées par une intégration des traces mnésiques aux sensations provoquées par le stimulus (Exner, 1995). Les informations obtenues avec cet instrument sont essentiellement descriptives. La description peut être assez étendue et couvrir différentes caractéristiques telles que les styles de réponses, !’affectivité, les opérations cognitives, les motivations, les préoccupations, ainsi que les perceptions interpersonnelles, inter-environnementales et les modes de réactivité.

Le Rorschach fournit des informations sur les habitudes, les traits et les styles ainsi que sur la psychologie de la personne. De plus, il s’agit d’un test provoquant une profusion d’opérations perceptives et cognitives ouvrant la voie à la projection. Enfin, le test de Rorschach présente au sujet non seulement un matériel non verbal mais un matériel apparemment dépourvu de significations préalables : des taches d’encre (Exner, 1995). Finalement, Exner (1995) rapporte que la nature de la situation du test de Rorschach force le sujet à convertir la tache en quelque chose qu’elle n’est pas. Le sujet est confronté à une situation particulière de résolution de problèmes qui suppose un certain degré de violation de la réalité. En même temps, le sujet conserve le souci de sa propre intégrité. C’est pourquoi l’exigence de fausse perception déclenche un ensemble d’opérations psychologiques qui culmine dans la prise de décision et la formulation de la réponse.

Le Rorschach : administration standard

L’administration traditionnelle du Rorschach s’avère relativement simple. L’expérimentateur et le sujet se placent dans une position côte à côte. Celle-ci offre à l’examinateur une meilleure vue des planches, lui permettant de suivre plus facilement les indications du sujet. De plus, cette position permet de réduire les effets des signaux parasites que

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!,expérimentateur émet par inadvertance et qui peuvent influencer le sujet (Exner, 1995).

La consigne : le test commence en tendant au sujet la planche I et en lui demandant : « Qu’est-ce que cela pourrait être ? » C’est la consigne de base et il n’est pas utile d’y ajouter quoi que ce soit (Tarrab, 1992 ; Exner, 1995). En effet, moins !,expérimentateur en dit, mieux cela vaut pour le sujet, afin de conserver le plus possible le caractère spontané et objectif des réponses fournies. La consigne requiert du sujet de mettre un terme à !,insignifiance du matériel en adoptant une attitude « sémantique » : il doit formuler des significations. Certaines sont implicitement suggérées par la nature ou la configuration des planches. De plus, la consigne « qu’est-ce que cela pourrait être » déclenche une série d’opérations cognitives complexes, notamment le balayage du champ, !,encodage, le classement, la comparaison, le tri et le choix (Exner, 1998). De nombreuses décisions sont prises à chaque planche.

Tout au long de 1 ,administration, !,expérimentateur doit noter le temps que prend le sujet pour émettre une réponse ainsi que le temps total de passation du test. Le tableau de ces temps permettra ensuite de savoir à quelles planches le sujet s’est notablement écarté de sa moyenne habituelle et, par conséquent, quels points vulnérables ont été touchés en lui (Anzieu, 1992). De plus, !,expérimentateur doit transcrire tout le matériel verbal du sujet. La durée totale pour !,administration d’un test de Rorschach se situe entre quarante-cinq minutes et deux heures (Tarrab, 1992 ; Exner, 1995).

L’administration du test se fait selon trois phases bien distinctes : la performance, l’enquête et le test des limites (Chabert, 1983 ; Exner, 1995). La première phase, la performance, permet un premier contact avec les planches. Elle demeure relativement simple et elle sert au sujet à produire

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un matériel sur lequel portera l’analyse (Klopfer 85 al., 1954). Ainsi, c’est lors de cette partie que les dix planches du test sont présentées au sujet. Ce dernier donne ses réponses et l’examinateur intervient le moins possible, se contentant de noter les réponses verbatim. Des auteurs ont précisé quelques règles régissant les rares interventions de l’examinateur durant cette partie de !’administration. Ainsi, Exner (1995) demande plus d’une réponse à la première planche, mais pas plus que cinq. La moyenne des réponses totale fournies lors de la performance est de vingt-deux ce qui devrait représenter trois à quatre réponses par planche.

La seconde phase, l’enquête, devient autrement plus complexe que tout le reste de la procédure d’administration du Rorschach. Elle consiste en un dialogue avec le sujet, nécessaire pour approfondir des points obscurs ou mal définis pendant la passation du test. Ainsi, le matériel fourni à la phase performance est repris ici afin de bien cerner les réponses et de recueillir des éclaircissements sur ces dernières et ce, dans le but d’effectuer une cotation juste (Klopfer 86 al., 1954 ; Exner, 1995). Ainsi, l’enquête sert non pas à générer de nouvelles informations, mais simplement à clarifier ce qui a été perçu pendant la phase d’association (Exner, 1995). Cette partie du test est abordée immédiatement après la passation de la dixième planche.

Finalement, la troisième phase demeure le choix de !’expérimentateur et ne fait pas proprement partie de !’administration. Toutefois, elle ne sert pas moins à rechercher des composantes importantes dans le tableau clinique (Klopfer 85 al., 1954). Ainsi, suite à l’enquête, !’expérimentateur bénéficie d’un moyen supplémentaire d’obtenir de !’information sur le matériel du test fourni par le sujet. Il s’agit de l’épreuve du test des limites. Cette, dernière consiste à suggérer quelques réponses au sujet pour voir si celui-ci les accepte ou les refuse. Ce type d’enquête n’est fait que pour aller rechercher un matériel manquant, c’est-à-dire non fourni par le sujet

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(Klopfer & al., 1954). Par exemple, le test aux limites peut être utilisé lorsque le sujet n'a mentionné aucune réponse couleur. L'intérêt du test aux limites devient évident puisqu’il permet de situer un individu comme sujet dans son rapport à une réalité humainement socialisée en mettant en évidence sa participation ou son accession plus ou moins effective à un champ symbolique collectif (Chabert, 1983).

Le test des limites peut également s'effectuer selon la modalité : « choix des planches ». Cette façon consiste à proposer au sujet de choisir parmi les dix planches qui lui ont été présentées, les deux qu’il a « le plus aimées » et les deux qu'il a « le moins aimées ». Cette épreuve s’avère intéressante car elle permet au sujet de manifester ses investissements positifs ou négatifs par rapport à un matériel qui lui a été imposé (Chabert, 1983).

La cotation et l'interprétation

Ces deux parties constituent la plus grande partie du travail pour !'expérimentateur. Si, comme il a été mentionné plus haut, !'administration s’avère relativement simple, il en est tout autrement pour ces deux parties. La cotation des réponses du Rorschach doit représenter l’opération cognitive effectuée par le sujet au moment où il a donné sa réponse (Exner, 1995). Cette partie exige également de !’expérimentateur qu'il possède une grande maîtrise des symboles utilisés. Quant à !'interprétation, elle nécessite un haut niveau de formation. De plus, une interprétation approfondie et la rédaction d’un rapport détaillé peuvent prendre jusqu’à une demi-journée. Cette longueur du temps d’un Rorschach n’est pas sans poser des problèmes de rémunération et de rentabilité.

Le type « ouvert » de réponses suscitées par ce mode d’administration a nécessité une procédure plus complexe de correction et d'interprétation du

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test. La pratique de ce test a ainsi dégagé des catégories principales de cotations qui sont : les localisations, les déterminants, la qualité formelle, le contenu, les réponses banales et !,organisation.

Les localisations

Les localisations sont le premier élément de la cotation. Elles consistent à savoir quelle partie de la tache est concernée par la réponse. Il s’agit probablement de !,opération la plus facile du processus de cotation. Les localisations représentent la façon dont la personne appréhende la réalité environnante. Cette appréhension donne des indications sur le niveau intellectuel et sur le mode de fonctionnement du sujet (Exner, 1997). Le caractère ouvert du test permet différentes approches de la planche, les principales localisations possibles sont les suivantes :

- localisation globale (W) :

La localisation globale consiste en une perception globale de la tache. Elle correspond à la façon la plus commune, la plus « normale » d’appréhender la planche de manière synthétique. Il s’agit du mode d’appréhension le plus logique et est en rapport avec la faculté de synthèse du sujet (Tarrab, 1992). Elle apparaît en général aux planches compactes, par exemple aux planches I et V où la réponse chauve-souris est souvent donnée (Chabert, 1983). Leur présence dans un protocole devient nécessaire pour témoigner de l’existence d’une adaptation perceptive de base qui permet de penser que le sujet possède des possibilités d’approche du monde socialisé.

Les réponses globales garantissent, quand elles apparaissent en nombre suffisant et qu’elles sont associées à des perceptions justes, le caractère adaptatif du fonctionnement cognitif (Chabert, 1983). Sur le plan

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de l’activité cognitive les réponses W témoignent d’une adaptation de base à la réalité objective et ce, quand elles proposent une description de la tache perçue dans son ensemble, associée à un engramme courant. En ce sens, les réponses W rendent compte du nécessaire de socialisation de la pensée (Chabert, 1983).

- localisation de détails courants (D) :

Le symbole D désigne les réponses qui s’attachent à une localisation partielle de la planche dans ses découpes les plus fréquemment utilisées par une population donnée. La liste des réponses D est en effet établie à partir de critères statistiques. Les réponses D dénotent une façon plus pratique, plus pragmatique et concrète d’utiliser le matériel perceptif proposé au sujet (Tarrab, 1992). Les réponses D représentent une signification adaptative et socialisée : appréhender les planches en utilisant un pourcentage de réponses D plus ou moins éloigné des normes établies témoigne de la qualité de la participation à un mode de pensée collectif (Chabert, 1983). Exner rapporte que la capacité de fournir des réponses D dans un protocole de Rorschach reflète des aptitudes de vision concrète, d’aspect pratique et adapté. Enfin, lorsque les réponses D s’avèrent sous-représentées ou qu’il y en a très peu, cela reflète un manque d’adaptation à la réalité et de bon sens (Tarrab, 1992).

- localisation de petits détails (Dd) :

Le symbole Dd désigne les réponses appréhendées dans les localisations beaucoup plus rarement perçues par la population de référence (Chabert, 1983). Ces réponses portent en général sur de petits détails de bordure ou sur des profils. Les réponses Dd renvoient à des coupes plus ou moins arbitraires, à l’intérieur d’un D, et dont le contour ne repose pas sur un contenu bien évident (Exner, 1995). De plus, un grand nombre de réponses Dd dénotent une tendance à se livrer à des subtilités extjçssiyes. Le

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sujet néglige l’essentiel pour ne s’occuper que de l’accessoire. Cela dénote aussi une incapacité intellectuelle, dans la mesure où les Dd sont d’ordinaire très stéréotypés. Enfin, les réponses Dd sont souvent retrouvées chez les sujets minutieux à l’extrême.

La qualité du développement

La valeur interprétative des données concernant la localisation devient considérablement accrue par l’ajout d’un second symbole qui vise à différencier la qualité spécifique du contour. Toutes les réponses globales ne sont pas sélectionnées ni organisées de la même manière et il en va de même pour les réponses D et Dd. (Exner, 1995)

En effet, il semble que certains sujets fassent preuve «d’imagination » en formant leurs réponses, alors que d’autres utilisent une approche plus simple voire concrète, de la planche (Exner, 1995). Ces différences dans les processus cognitifs sont cotées selon que la réponse est inorganisée, simple organisée, combinée et supérieure. Ainsi, une réponse «sang » sera cotée inorganisée puisque cela reflète une utilisation concrète et plutôt nonchalante du champ perceptif. Par ailleurs, une réponse sera considérée comme simple lorsqu’elle ne contient qu’un seul objet et que les contours de ce dernier seront spécifiques. Finalement, la réponse combinée et supérieure nécessite une activité cognitive d’organisation plus grande. La réponse devra contenir plus d’un objet et ces objets devront être mis en relation.

Les déterminants

La cotation des déterminants demeure certainement la plus importante et la plus complexe des opérations de cotation. Elle consiste à déterminer quelles sont les caractéristiques de la planche qui ont contribué à la

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formation du percept (Exner, 1995). Le but de cette cotation est de donner des informations sur le processus perceptivo-cognitif qui a produit la réponse (Exner, 1995). Ainsi, les déterminants représentent les ressources utiles pour réaliser l’adaptation. Ils se classent en 4 catégories :

1. La forme (F) :

La forme s’avère le déterminant fondamental (Tarrab, 1992). Elle est incluse dans plus de 95% de toutes les réponses (Exner, 1995). Selon Lern er (1991), il ne faut pas être surpris de retrouver la forme dans autant de réponses, puisqu’elle représente la partie la plus importante de notre monde visuel. La réponse utilisant la forme pure se base exclusivement sur les caractéristiques formelles de la planche (Exner, 1998). Elle doit être déterminée par la forme ou le pourtour de la tache (Houareau, 1974). Un nombre suffisant de réponses F témoigne de !’utilisation, par le sujet, d’un mode de fonctionnement courant, habituel, normal, nécessaire, qui consiste à cerner la réalité au plus près de son contour formel dans un mouvement d’adaptation réaliste opérant dans la mesure du possible (Chabert, 1983).

Les réponses F pure, bien que possédant la qualité de rendre compte de l’aptitude d’un sujet à donner aux choses un contour établissant des frontières stables entre le dedans et le dehors, représentent un type de perception qui demeure limité, appauvri, sans les nuances émotives et affectives impliquées dans les réponses intégrant la couleur, l’estompage et le mouvement à l’aspect formel (FC, CF, FT, TF, M, FM, etc.) et sans l’enrichissement imaginatif impliqué dans les réponses «mouvement ». Dans ce sens, Mucchielli (1968) souligne que le sujet se met « à distance » des aspects affectifs ou émotifs et se sert de sa raison pour répondre. Ainsi, plus les affects sont stables, plus précise devient la vision des formes.

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Par ailleurs, les réponses forme correspondent à une prise de contact intellectuel de la réalité perçue (Houareau, 1974), elles reflètent également !,objectivité, le réalisme, la capacité de porter un jugement sans implication inutile et le contrôle (Lessard & Laveault, 1975 ; Tarrab, 1992). Selon Loosli- Ustéri (1958) et Mucchielli (1968), un protocole à forte dominance de la forme indiquerait !,étouffement de la vie affective ainsi que la privation du contact spontané immédiat aussi bien avec le monde ambiant qu’avec leur personnalité profonde. Dans un même ordre d’idées, Tarrab (1992) affirme que les réponses F constituent une des plus importantes indications du contact de l’individu avec la réalité.

Quatre catégories de réponses formelles sont généralement distinguées : les F+ ou réponse hyperdétaillée, les Fo ou réponse ordinaire, les Fu ou réponse inhabituelle et les F- ou réponse de mauvaise forme (Exner, 1995 ; Chabert, 1983). Les réponses F+ reflètent un accord entre la forme de la tache et la forme que le sujet perçoit. Ce sont également des réponses beaucoup plus détaillées que de coutume, sans nuire à la qualité formelle d’ensemble. Les réponses Fo reflètent une forme mentionnée de manière simple et évidente pour un objet fréquemment perçu dans la découpe concernée. Il n’y a pas d’enrichissement particulier par des détails. Les réponses Fu reflètent quant à elles des réponses dont les contours ne sont pas aberrants. Ces sont des réponses peu courantes qui sont cependant facilement perceptible par !’observateur. Les réponses F- reflètent quant à elles un rapport lointain très vague, entre la forme de la tache et celle perçue par le sujet. Parfois il n’y a même pas de rapport entre les deux. D’une manière générale, les réponses F+ doivent être plus fréquentes que les réponses F-.

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2. Le mouvement (M) :

La réponse mouvement, telle que Rorschach la conçoit, reproduit véritablement des mouvements ou des activités qui font partie de la vie psychique intérieure du sujet (Beck, 1967). La réponse M implique une capacité d’activité imaginative, une capacité de voir des personnes humaines, d’avoir de l’empathie, d’intégrer des besoins de créativité, de sensibilité aux autres ainsi qu’une capacité chez le sujet d’avoir des perceptions bien différentes et bien intégrées (Lessard & Laveault, 1975 ; Tarrab, 1992). Elle représente également une stabilité émotionnelle et elles témoignent d’une activité mentale qui procède par opérations complexes pour réorganiser les données perceptives de la tache (Lessard & Laveault, 1975 ; Chabert, 1983).

De plus, il semblerait qu’un nombre de réponses M se situant entre trois et huit reflète un certain niveau d’intelligence (Klopfer & al., 1954 ; Lessard 85 Laveault, 1975 ; Tarrab, 1992). En ce sens, la capacité de donner des réponses M semble augmenter avec l’âge, avec le développement psychologique. Ainsi, le jeune enfant a peu ou pas de réponses mouvement. Ces réponses apparaissent avec le développement intellectuel, avec la capacité progressive d’avoir une vie affective intérieure et personnelle (Tarrab,

1992).

Par ailleurs, l’analyse des réponses mouvement fournit des informations supplémentaires dans la mesure où elles se définissent par la projection d’un mouvement qui n’existe pas dans le matériel. Pour qu’une réponse mouvement soit identifiée comme telle, il faut qu’elle relève de la projection d’un mouvement qui n’est pas représenté sur la planche, ce qui réfère à la faculté d’intériorisation du sujet. Ainsi, c’est le sujet qui apporte cette dimension dynamique à la perception du mouvement (Chabert, 1983 ; Tarrab, 1992). Les réponses M les plus courantes sont données aux planches construites en configurations bilatérales marquant l’orientation

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relationnelle et identificatoire des représentations humaines; les mouvements solitaires qui apparaissent ailleurs, en particulier dans les planches compactes, sont davantage focalisés sur l’image de soi (Chabert, 1983).

Les réponses mouvement se composent de trois catégories distinctes : le mouvement humain, le mouvement animal et le mouvement d’objet inanimé. Pour coter une réponse mouvement humain (M), il ne suffit pas que des personnages humains aient été identifiés : le mouvement ou la posture doivent être mentionnés (Exner, 1995). Le mouvement humain (M) est aussi coté pour des animaux à qui il est attribué une action habituellement effectuée par des humains. Ces réponses se retrouvent davantage dans les protocoles d’enfants. Chez l’adulte, un trop grand nombre de ce type de réponses dans un protocole de Rorschach indique une certaine immaturité affective, un signe névrotique accompagné d’un sentiment de frustration (Tarrab, 1992). Quant aux réponses de type mouvement animal (FM), ces dernières seront cotées FM seulement pour des activités conforme à l’espèce de l’animal. Finalement, pour les réponses mouvement d’objets inanimés une cote (m) est attribuée lorsque le mouvement est associé à une forme inanimée. Ce type de réponse suggère des tensions internes qui résultent d’une mauvaise intégration des besoins aux exigences de la réalité (Lessard & Laveault, 1975). Cette tension peut être positive et contribuer au rétablissement de l’équilibre lorsqu’elle n’est pas trop forte (Lessard & Laveault, 1975). Enfin, pour chacune des réponses mouvement, l’exposant «a » ou «p » doit être ajouté afin d’indiquer si le mouvement mentionné par le sujet est passif ou actif.

3. La couleur (C) :

Les déterminants sensoriels manifestent la réceptivité du sujet à des caractéristiques objectives du matériel du test de Rorschach, en l’occurrence à leurs qualités chromatiques (Chabert, 1983). Les réponses utilisant les

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qualités chromatiques de la planche se divisent en trois catégories : les réponses couleur pure (C), les réponses couleur-forme (CF) et les réponses forme-couleur (FC). Les réponses couleur pure impliquent une réponse déterminée uniquement par la couleur et dénote une certaine instabilité, une absence de contrôle chez le sujet. Il semble toutefois que cela soit assez rare de retrouver la couleur seule (Tarrab, 1992 ; Exner, 1995). Le plus souvent, la couleur est suivie ou précédée de l’élément forme.

Les réponses couleur-forme sont liées à un déterminant formel, mais la couleur joue le rôle prépondérant et la forme le rôle secondaire. Une réponse de type couleur-forme représente l’affectivité égocentrique, le narcissisme, l’instabilité (Anzieu, 1992). Quant aux réponses forme-couleur, elles sont liées à un déterminant couleur, mais la forme joue le rôle prépondérant et la couleur le rôle secondaire. Une réponse de type forme-couleur représente !’utilisation la plus contrôlée de la couleur (Exner, 1995). De plus, selon Anzieu (1992) les réponses forme-couleur expriment l’affectivité socialement adaptée et acceptée par le sujet.

De façon générale, la réponse C reflète l’affectivité du sujet en relation avec le monde extérieur (Rorschach, 1947 ; Tarrab, 1992 ; Klopfer & Davidson, 1962 ; Mucchielli, 1968). Ainsi, la façon dont le sujet réagit aux couleurs révèle la nature de ses affects et la qualité du contrôle qu’il exerce sur eux (Tarrab, 1992). En outre, plus il y a de réponses couleur, plus l’affectivité se montre expansive et dilatée (Beizmann, 1982). La somme des réponses couleur constitue en quelque sorte la mesure des dispositions extratensives du sujet, sa capacité de réagir affectivement aux stimuli qui lui sont proposés (Beizmann, 1982 ; Tarrab, 1992).

Par ailleurs, les réponses couleur peuvent être de deux types soit chromatique ou achromatique. Les réponses achromatiques sont celles où le

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sujet utilise les caractéristiques blanche, grise et noire de la planche. Elles sont liées à une forme de rétention affective et lorsqu’elles touchent la sensibilité du sujet, elles donnent naissance à des manifestations de l’ordre de l’inquiétude, de l’anxiété ou de l’angoisse (Chabert, 1983). Il faut également ajouter, selon Chabert (1983) que les quatre planches gris-noir sont des planches compactes (sauf la planche I) si bien que la dimension structurale alourdit encore le poids de la dimension sensorielle.

Quant aux réponses chromatiques, elles peuvent être de deux ordres : les réponses utilisant les planches dites rouges et les réponses utilisant les planches dites pastel. Les planches dites rouges (planches II et III) s’avèrent surtout frappantes et intéressantes par le contraste des couleurs rouge, noir et blanc, contraste qui peut être brutalement ressenti, ici encore corroboré par !’organisation structurale (Chabert, 1983). La présence du rouge devient déterminante dans la sollicitation d’affects bruts, c’est-à-dire dans la réactivation de mouvements pulsionnels. Une autre particularité des planches rouges est qu’elles sont organisées en configuration bilatérale, c’est- à-dire inductrices éventuellement de représentations de relations (Chabert,

1983).

Quant aux planches dites pastel (planches VIII, IX et X), elles ont en commun des teintes pâles et passées, ce qui leur confère classiquement un rôle d’inducteurs d’affects. Elles se distinguent toutefois entre elles par leur signification respective. Ainsi, la planche VIII compense le choc possible occasionné par le changement de facture du matériel (apparition des pastels) par une structure relativement claire, les diverses parties étant délimitées les unes par rapport aux autres sans empiétement mutuel des couleurs (Chabert, 1983). La planche IX réalise une complexité rare dans le mélange de teintes imbriquées les unes dans les autres, ce qui donne (un peu comme à la planche VII) une impression d’interpénétrabilité encore accentuée par la

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présence d’un blanc plutôt bleuté au centre (Chabert, 1983). La planche X s’avère plus colorée mais aussi très particulière du fait de la multiplicité des couleurs et de l’éparpillement des taches qui la rend difficile. En somme, les planches dites pastel sont particulièrement significatives puisqu’elles suscitent l’émergence d’émotions et d’affects et qu’elles permettent d’appréhender le type de rapport que le sujet établit avec son environnement (Chabert, 1983).

4. L’estompage (E) :

L’estompage s’avère une notion subtile qui, tout comme la couleur, demeure en rapport avec l’affectivité mais surtout avec l’affectivité latente, dispositionnelle. Les réponses estompage concernent les différentes nuances perceptibles à l’intérieur des gris, des noirs voire même de certaines couleurs. Ce type de réponses apparaît généralement aux planches sombres (surtout aux planches IV et Vf), mais elles demeurent aussi admises aux planches pastel. L’ensemble de la littérature s’entend pour distinguer trois catégories d’estompage : l’estompage de texture (T), de diffusion (Y) et vista (V).

L’estompage de texture renvoie aux peaux de fourrure, à quelque chose qu’il est possible de palper, de toucher, à des surfaces. Dans un protocole de Rorschach, 99% de tous les sujets adultes non-consultant donnent au moins une réponse texture. Les réponses estompage de texture se caractérisent par la sensibilité tactile et réfèrent à des besoins fondamentaux dont ils mettent en évidence l’existence nue, insatisfaite, carencée, ou à l’inverse la valeur restauratrice qui permet la satisfaction du désir, l’effacement de l’inquiétude (Chabert, 1983).

L’estompage de type vista (perspective) renvoie aux dégradés du stimulus qui induisent une interprétation de tridimensionnalité, de

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profondeur ou de volume comme dans «tout au fond », «derrière », «une vue aérienne » (Exner, 1998). En général, ces réponses suggèrent la distance entre deux objets ou entre les parties de deux objets. De plus, les réponses estompage utilisent les contours de la zone estompée ce qui confère une impression de profondeur définissant différents plans dans l’espace. Enfin, ce type de réponse met l’accent sur le manque d’assurance, les carences de l’estime de soi, le narcissisme, la crainte de la critique, la défense et l’auto- évaluation (Chabert, 1983 ; Exner, 1995).

L’estompage de diffusion renvoie quant à lui à toutes les utilisations de l’estompage qui ne correspondent ni aux critères de la texture ni à ceux de la vista. Ce type de réponse est constitué par des engrammes aux contours flous, du type nuages, volutes de fumée. De plus, l’estompage de diffusion prend une valeur défensive dans la mise en avant de réponses floues qui jouent un rôle d’écran par rapport aux émergences fantasmatiques et

participent ainsi au mécanisme de refoulement (Chabert, 1983).

De façon générale, l’estompage reflète une adaptation timide et craintive au monde (Lessard & Laveault, 1975). Il reflète également une sensibilité à ses propres besoins d’amour, d’appartenance et de réalisation personnelle (Lessard SsLaveault, 1975 ; Tarrab, 1992 ; Klopfer 85 Davidson, 1962). La réaction à l’estompage reflète également la façon dont la personne reconnaît, accepte et utilise les besoins d’amour, d’appartenance et de réalisation personnelle (Lessard 85 Laveault, 1975). Il s’agit d’un premier niveau d’acceptation des besoins et ce niveau conditionne les réactions ultérieures de la personne face à l’impact du milieu (Lessard 85 Laveault,

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Les contenus

Le test de Rorschach donne lieu à une grande variété de réponses possibles : certaines apparaissent fréquemment, d’autres demeurent plus rares ou tout à fait personnelles. Ces réponses représentent le niveau socioculturel du sujet, la richesse de ses connaissances et de ses champs d’intérêts (Tarrab, 1992). De plus, leur caractère cru, direct ou stéréotypé ou encore leur dimension métaphorique, rendent compte de l’accès possible ou non à la symbolisation, à l’intégration des processus primaires aux processus secondaires permettant de lier les représentations (Anzieu, 1992).

Les contenus représentent ce que la personne perçoit sur les planches et tient une place très particulière dans la méthode de Rorschach (Bolzinger, Hordern & Dounovetz, 1970). Les contenus sont souvent envisagés d’un point de vue formel. Toutefois, ils ont une signification particulière qui reflètent les besoins de la personne, ses préoccupations, ses anxiétés. Selon les auteurs, la signification des contenus peut varier quelque peu. Ainsi, pour Rorschach (1947), les réponses de type contenu seront plus ou moins variées selon la souplesse ou la stéréotypie des associations d’idées. Pour Klopfer et ses collaborateurs (1954), les personnes peu douées du point de vue intellectuel se limitent trois fois sur quatre à des réponses humaines ou animales. Pour Böhm (1985), la diversité des contenus doit être prise en considération pour l’évaluation quantitative et surtout qualitative de !’intelligence. Enfin pour Anzieu (1992), les réponses contenu reflètent la diversité des intérêts du sujet, elles renseignent sur les liens entre les capacités intellectuelles du sujet et ses traits de personnalité.

Les contenus se divisent en plusieurs catégories. Cependant, celles qui demeurent les plus utilisées sont celles des contenus humains (H) et animaux (A). Cela peut témoigner d’une double orientation des investissements dans le sens de l’adaptation au monde social (A%), mais

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aussi de !,attention portée au monde relationnel interne (H%) (Chabert, 1983). La présence de plusieurs réponses A et H rend compte d’une référence possible à l’imaginaire, renforçant encore l’accent général porté sur l’intériorité.

Le contenu H :

L’apparition d’un minimum de réponses humaine (H) au Rorschach est nécessaire : elle rend compte de la capacité d’un individu à s’identifier à une image humaine et donne une indication sur l’intérêt que le sujet porte aux humains et à ses identifications (Chabert, 1983 ; Anzieu, 1992 ; Exner, 1995). Les représentations humaines marquent dans un premier temps l’aptitude de l’individu à reconnaître son identité subjective. Elles témoignent des possibilités éventuelles de se représenter soi-même dans un système de relations qui ouvre la voie à l'empathie et à la reconnaissance de l’autre dans le repérage de ses similitudes et de ses différences (Chabert, 1983). Le pourcentage de réponses humaines est considéré comme un indice de socialisation et il réfère principalement à une représentation de soi et à une acceptation de son image du corps (Chabert, 1983). Il indique également la capacité d’établir des relations interpersonnelles.

La nature des contenus : H, Hd, (H) et (Hd) fait état de la facilité ou de la difficulté à atteindre ces caractéristiques (Klopfer & al., 1954 ; Chabert, 1983 ; Exner, 1997). De plus, la répartition des contenus humains en humains, entiers et réels, le H pur et partie d’humain Hd ou humain irréel (H) indique si les conceptions de l’humain, y compris de soi-même, sont fondées sur des expériences réelles ou sont dérivées de quelques notions imaginaires (Exner, 1995). La fréquence des réponses H pures fournit des renseignements importants sur les conceptions que le sujet a de son environnement social ainsi que sur les attitudes qu’il prend envers lui.

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Enfin, les contenus Hd sont courants chez les individus qui demeurent méfiants envers leur environnement social (Exner, 1995).

Le contenu A :

L’apparition d’un pourcentage minimal de réponses animales A s’avère également requise au test de Rorschach et constitue un facteur d’une intégration adaptative et socialisante. Il réfère à une perception plus facile et simpliste de la réalité. Il demeure fréquent chez les enfants. Chez les adultes il devient l’indice d’un niveau intellectuel moyen ou de stéréotypie.

Un pourcentage de réponses A présent dans une proportion de trente à quarante-cinq pourcent est considéré comme un indice de conformisme, de participation à la mentalité collective. De plus, lorsque le pourcentage de réponse A s’avère faible, cela informe sur la richesse de la pensée et des expériences, puisqu’une majeure partie du contenu est alors investie vers d’autres intérêts (Tarrab, 1992). Toutefois, un pourcentage supérieur à 50% devient l’indice d’une défense de type fuite et régression (Klopfer & al., 1954 ; Chabert, 1983 ; Exner, 1997). Enfin, beaucoup de réponses animales sont considérées comme des banalités ou des réponses populaires et ce principalement aux planches I, II, III, V, VI, VIII et X.

Les réponses banales

Les réponses banales demeurent celles qui «sautent aux yeux », elles sont évidentes au bon sens et à la bonne perception. Il s’agit de réponses fréquemment données dans un protocole de Rorschach. Elles apparaissent à tous les trois protocoles. D’ailleurs, Rorschach (1947) suggère que ces réponses représentent la capacité du sujet à percevoir d’une manière conventionnelle. Par ailleurs, Anzieu (1992) rapporte qu’elles signifient

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!,adaptation sociale élémentaire. Ainsi, ce type de réponses réfère à un certain conformisme social.

Selon Exner (1995), la très grande fréquence d’apparition des réponses banales suggère que celles-ci représentent les contours les plus caractéristiques du stimulus ou certaines de ses caractéristiques les plus évidentes et facilement identifiables. En ce sens, Klopfer et ses collaborateurs (1954) ajoute que la réponse banale est cotée comme une réponse qui revient fréquemment, indépendamment du milieu, du sexe, de l’âge, de la culture, ayant une valeur universelle. C’est aussi une réponse facilement acceptée par la majorité quand elle est suggérée, si elle n’a pas été spontanément perçue par le sujet. Il existe 13 réponses banales, selon la classification de Exner (1998) qui se retrouvent aux planches suivantes :

1. Planche I : Toute la tache (W) ; représentant une créature avec le corps au centre et les ailes sur les côtés : une chauve-souris vue en mouvement ou immobile.

2. Planche I : Toute la tache (W), représentant un papillon avec le corps au centre et les ailes sur les côtés.

3. Planche II : la partie noire de la tache (D) : tout animal ou partie d’animal de type chien, ours, lapin taureau, rhinocéros.

4. Planche III : La partie noire de la tache (D) : deux êtres humains ou deux animaux habillés comme des êtres humains.

5. Planche IV : Humain ou Humanoïde tel que géant, monstre, créature de science-fiction.

6. Planche V : Toute la tache (W) : planche tenue à l’endroit seulement représentant une créature avec le corps au centre et les ailes sur les côtés, soit une chauve-souris

7. Planche V : soit un papillon ou une chauve-souris tous les deux doivent être vus en mouvement ou immobiles.

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8. Planche VI : Toute la tache (W) avec ou sans la partie D supérieure : une peau de fourrure, un animal, un tapis, de la fourrure. La texture doit être utilisée.

9. Planche VU : (D) : Têtes ou figures d’un être humain spécifiées féminins, enfants ou indiens ou de sexe non précisé.

10. Planche VIII : Partie de la tache (D) : Tout animal à quatre pattes, habituellement de race canine, féline ou rongeur, par exemple, loup, ours, chien.

11. Planche IX: (D) : Personnage humain ou humanoïde tel que sorcière, géant, monstre, créature de science-fiction.

12. Planches X : Partie bleue (D) : crabe, sans inclusion du D12. 13. Planche X : Partie bleue (D) : araignée, sans inclusion du D12.

Le niveau d’organisation (ZI

Beck (1967) introduit un score d’organisation qui consiste à rendre compte des réponses qui mettent en relation de façon significative plusieurs parties du stimulus. Il propose un schéma de pondération des réponses organisées en fonction du type d’organisation et de la complexité du stimulus concerné. Cette particularité évalue la capacité d’établir des liens entre les composantes de la réponse. Cette mesure a été proposée et adoptée par les auteurs sous divers modes (Klopfer 85 al., 1954 ; Piotrowski, 1957 ; Beck,

1967).

Exner (1997) a systématisé cette présentation dans le système intégré. Il fait référence à deux principaux modes d’organisation : celui qui se retrouve dans une réponse globale et celui établit entre des détails de la planche reliés entre eux par un lien quelconque. Cette cote évalue la capacité d’établir des relations entre les différentes composantes d’une situation. Ces liens peuvent être simples ou complexes selon la situation

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étudiée ou les composantes incluses dans cette situation. Ainsi, on attribue un score Z à toute réponse qui comporte de la forme et répond à au moins un des critères suivants :

(1) réponse globale dont la qualité du développement est +, v/+, ou o. (2) les réponses où deux (ou plus) détails adjacents sont mis en

relation.

(3) les réponses ou deux (ou plus) détails non-adjacents sont mis en relation.

(4) les réponses dans lesquelles l’espace blanc est articulé avec d’autres détails de la tache.

Pour coter Z il faut toujours que la réponse ait une composante formelle (Exner, 1995).

De plus, une juste cotation de l’activité organisationnelle au Rorschach, tant en termes de fréquence de Z que de sommes des scores, peut fournir des données très utiles qui contribuent à évaluer des aspects de l’activité cognitive du sujet. Finalement, un Z élevé indique un bon niveau intellectuel (Beck, 1967 ; Anzieu, 1995).

Le matériel : les planches du test.

Le Rorschach se compose de 10 planches, chacune comportant une tache d’encre et offrant une bonne variété de déterminants tels que la forme, le mouvement, la couleur et l’estompage. La première planche du test est noire, les deux suivantes sont noires et rouges. Les planches 4, 5, 6, 7 sont noires et les trois dernières sont colorées.

L’analyse planche par planche a permis de mettre en évidence des réactions spécifiques aux caractéristiques individuelles de chacune. L’interprétation dynamique prend réellement son sens dès lors qu’il devient possible de se référer à la spécificité de chaque planche et à ses sollicitations

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fantasmatiques et affectives (Anzieu, 1992). En outre, le matériel du test de Rorschach a fait l’objet d’analyses serrées de la part de divers auteurs pour en découvrir sa signification. Ainsi, l’analyse du matériel du test demeure empiriquement fondée sur l’étude du « discours Rorschach ». Par ailleurs, la mise en place du contenu latent et du contenu manifeste des planches de Rorschach permet d’établir des liaisons qui rendront possible une meilleure compréhension du discours du sujet puisque celui-ci porte non seulement sur un objet réel mais sur un objet symboliquement ou fantasmatiquement signifiant (Chabert, 1983). Les descriptions qui suivent rapportent brièvement ce qui ressort des recherches effectuées sur le matériel du test de Rorschach.

Signification des planches :

Planche I : Elle est la première planche présentée au sujet, donc le premier contact avec le test (Lessard 85 Laveault, 1975 ; Tarrab,

1992). Elle représente une situation nouvelle, non structurée et inattendue, mais simple (Klopfer 85 al., 1954 ; Houareau, 1974). Il s’agit d’une situation de surprise où le sujet ne peut recourir à ses schèmes de pensées habituels.

Le stimulus de cette planche propose une tache gris-noir très étalée, mais aussi très centrée, appelant autant une saisie unitaire qu’un découpage en deux ou en trois : la partie du milieu et les deux parties latérales (Traubenberg 85 Boizou, 1984). Cette planche renvoie à l’instauration d’un contact ce qui peut accentuer l’expression de l’angoisse devant l’inconnu, de la dépendance à l’adulte ou renforcer, au contraire, les diverses attitudes défensives (Traubenberg 85 Boizou, 1984).

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De plus, cette planche testerait la capacité de « relation » et « d’échange » du sujet avec l'altérité (Tarrab, 1971). Cette planche sera souvent cotée W, D et M. Selon Klopfer et Kelley (1942) un sujet ne donnant pas de réponse W à cette planche aurait de la difficulté à aborder les situations non familières. Enfin, la réponse la plus fréquente pour l'ensemble de cette planche demeure la chauve-souris. Environ 60% de tous les sujets identifient cette planche comme une chauve-souris (Exner, 1995).

Planche II : La situation de test a perdu son caractère de surprise ; la conformité et le contenu de la tache prennent davantage d’importance (Tarrab, 1992). La structuration du stimulus s’avère ici très différente, marquée autant par le blanc central que par les taches rouges qui s’organisent plus souvent autour d’un vide que dans une structure symétrique bilatérale (Traubenberg 85 Boizou, 1984). Cette structure bilatérale peut être cependant le support de réponses adaptatives, de la projection du mode relationnel (Traubenberg 85 Boizou, 1984).

En outre, cette planche réfère à la première apparition de la couleur (le rouge) et représente l’affectivité (Klopfer 85 al., 1954 ). La thématique générale demeure celle de la provocation émotionnelle. Son interprétation peut également contenir une valeur sexuelle (Klopfer 85 al., 1954 ; Tarrab, 1992 ). Le contenu fait appel à l’évocation de l’intérieur du corps féminin avec des fantasmes de naissance ou d’expression de la recherche du sein maternel (Tarrab, 1971 ; Traubenberg 85 Boizou, 1984). La mesure de cette planche touchera la maturité émotionnelle, la

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capacité de résister au stress, à la douleur et à !,agression (Mucchielli, 1968 ; Laveault 85 Lessard, 1975).

Par ailleurs, des réponses W, D, mouvement et couleur sont souvent données à cette planche. Selon Klopfer et Kelley (1942), un sujet possédant un certain niveau d’organisation et d’intérêt optera plus facilement pour une réponse de type W. De plus, à cette planche, des réponses « animaux en mouvement » sont souvent émises.

Planche III : La signification symbolique dominante de cette planche prend corps dans la disposition spatiale en face-à-face de deux silhouettes particulièrement prégnantes visuellement (Traubenberg 85 Boizou, 1984). Par ailleurs, cette planche est la deuxième à présenter la couleur. Une habileté à s’adapter plus adéquatement à cette planche peut refléter une habileté d’adaptation graduelle et émotionnelle à cette situation (Klopfer 85 al., 1954). De plus, cette planche demeure celle des personnages humains et du mouvement (Tarrab, 1992). Anzieu (1992) souligne à cet effet, que la planche III est connotée comme la plus active. La capacité de la personne à entrer en interaction avec les autres est mesurée ici (Lessard 85 Laveault, 1975). À ce sujet, Tarrab (1971) dit de cette planche qu’elle testerait «la relation de couple » et selon Traubenberg et Boizou (1984) il s’agirait plutôt ici de la représentation de soi face à un semblable. Cette planche favorise également la perception du mouvement humain en raison des représentations qu’elle propose (Klopfer 85 al., 1954).

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De plus, Traubenger et Boizou (1984) rapportent que la représentation humaine s’impose à cette planche plus que partout ailleurs et traduit le besoin de représentation de soi. La structure de la planche induit une mise en relation avec l’autre et il s’agit dans la majorité des cas, de deux personnages sexués ou non ou de deux animaux qui sont dans une interrelation convergente ou non. Enfin, des réponses W, mouvement et couleur sont souvent émises par les sujets (Klopfer & Kelley, 1942). En effet, des réponses d’humains en action, souvent des femmes, sont fournies. De plus, la structure de la planche favorise les réponses W et le centre rouge de la planche favorise quant à lui des réponses de type FC.

Planche IV : Cette planche est totalement noire (avec des estompages). Son caractère étalé et fermé renvoie à une impression de masse qui s’avère sans doute renforcée par l’aspect sombre et gris. Selon Anzieu (1992) il s’agirait de la planche la plus mauvaise et la plus forte. C’est la planche la plus ombragée, la plus sombre (Klopfer & al., 1954 ; Tarrab, 1992) et elle ne met pas d’emblée l’accent sur la représentation du corps (Anzieu, 1992).

La planche évoque force, puissance et autorité (Traubenberg & Boizou, 1984). Ainsi, par ses qualités sensorielles, elle représente à la fois l’autorité, la masculinité, la génitalité masculine (Mucchielli, 1968 ; Klopfer 85 al., 1954 ; Tarrab, 1992). Certains auteurs tels Klopfer et ses collaborateurs (1954) l’associent à la planche du père. En outre, la réaction spontanée est en principe globale (W). Klopfer et Kelley (1942) rapportent également que des réponses D et

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estompage sont souvent fournies. D’ailleurs, cette planche présente un effet d’estompage rarement oublié par les sujets.

Planche V : Plus compacte, moins étalée sur l’axe vertical, cette planche semble abordée, par l’enfant comme par l’adulte, d’une façon unitaire et immédiate. Elle fait essentiellement appel à la projection de l’unité (Traubenberg 86 Boizou, 1984). Il s’agit de la planche la plus facile, la plus évidente et la plus simple du test. Les réponses « chauve-souris » ou « papillon » sont les plus fréquentes, d’ailleurs considérées comme réponses banales (Tarrab, 1992 ; Exner, 1998). En effet, cette planche est considérée comme la planche banalité charnière du test. Son absence propose souvent le signe d’une grave atteinte. Cette banalité s’avère aussi significative au niveau de la personnalité du sujet : l’absence de la banalité charnière devient un signe de refoulement (Tarrab, 1971). Enfin, cette planche favorise la récupération après l’impact de la planche IV (Klopfer 86 al.,

1954).

Planche VI : Cette planche se caractérise par un axe central autour duquel se prolonge une forme massive à la base et effilée dans la partie supérieure. Le stimulus ici s’avère fortement estompé dans la distribution des gris. Cette représentation fait référence à la sexualité virile (Traubenberg 86 Boizou, 1984). Ce même point de vue est adopté par Tarrab (1992), Klopfer et ses collaborateurs (1954) et Houareau (1974). Cette planche représente, avec la planche IV, la planche la plus estompée. Le mode d’utilisation de l’estompage à cette planche et à la planche IV indique la façon d’avoir accès à ses besoins internes et la capacité de les gérer (Klopfer 86 al., 1954).

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De plus, la planche pose la question de !’unité de la personne, mais plus précisément de l’intégration de la sexualité à l’image de soi, à l’existence personnelle (Tarrab, 1992). Cette planche est considérée difficile. Des réponses estompage sont souvent fournies à cette planche et comparable avec celles de la planche IV (Klopfer & Kelley, 1942).

Planche VII : Son organisation spatiale s’avère particulière : à la fois en configuration bilatérale et en construction creuse, ouverte. Quant à sa tonalité chromatique, elle demeure aussi particulière, le gris clair estompé et la large participation du blanc atténuant le contraste et le contour, limitant la tache proprement dite et son environnement dans une interpénétration du dedans et du dehors (Chabert, 1983).

De plus, tout comme la planche III, cette planche représente davantage le mouvement humain. Elle se caractérise par une sorte de légèreté, de fragilité, de délicatesse ; il s’en dégage un caractère d’esquisse : il s’agit de quelque chose d’instable, de non définitif (Tarrab, 1992). Elle se caractérise également par son aspect de diffusion, de douceur des teintes, à la féminité et à l’aspect maternel (Klopfer & al., 1954 ; Tarrab,

1992).

Pour Traubenberg et Boizou (1984) cette planche propose un symbolisme féminin à cause de la figure et du fond blanc. La planche suscite beaucoup d’associations concernant l’image maternelle. Pour Mucchielli (1968) cette planche reflète l’incertitude de l’avenir et le besoin de support devant cette

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précarité. Le symbole maternel devient celui qui répond le mieux à cette demande (Mucchielli, 1968). En outre, il est admis que la planche VII demeure la planche des contacts avec le monde extérieur. Enfin, des réponses W et mouvement s’avèrent particulièrement fréquentes ici.

Planche VIII : Elle est la première à être entièrement colorée (Klopfer 86 al., 1954 ; Tarrab, 1992). Il s’agit d’ailleurs de la caractéristique principale de cette planche (Tarrab, 1992). Elle mesure la capacité d’adaptation à une situation sociale générale, la relation facile (Mucchielli 1968 ; Lessard 86 Laveault, 1975). Des contenus anatomiques et géographiques sont souvent rapportés (Klopfer 85 al., 1954). De plus, une représentation de l’intérieur du corps et des thèmes de morcellement sont souvent présents dans cette planche (Traubenberg et Boizou, 1984). Enfin, l’aspect de « communication affective » est facilité ici et éventuellement le thème du contact par la rencontre de deux animaux souvent mentionnée par les sujets dans les détails roses des côtés.

Planche IX : Cette planche est aussi caractérisée par la présence de couleurs. La structure de cette planche : les couleurs qui se mélangent, la forme et l’estompage rendent la réponse difficile. Elle induit l’incertitude et les formes demeurent floues ce qui augmente l’effort pour répondre à cette planche. Elle requiert un plus grand engagement au plan émotif (Mucchielli, 1968). Traubenberg et Boizou (1984) soulignent l’expression émotionnelle plus grande dans cette planche que dans la planche VIII.

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Par ailleurs, cette planche rappelle la planche II par la présence du D médian. Elle sollicite les projections imaginaires, souvent sous forme de personnages inquiétants (Traubenberg 85 Boizou, 1984). Évidemment, les réponses couleur demeurent les plus fréquentes (Klopfer 85 Kelley, 1942).

Planche X : Elle est la dernière planche du test et la dernière d’une série de trois planches colorées. Tarrab (1992) affirme qu’il s’agit de la « planche couleur par excellence ». Elle se caractérise par son morcellement. Les interprétations de « détails » sont très nombreuses. Elle s’avère aussi une planche qui invite à un engagement ou à une réponse affective sociale à cause des détails et des couleurs (Mucchielli, 1968 ; Laveault et Lessard, 1975). Cette planche pourrait donner une bonne image de la réaction du sujet à des stimuli divers et simultanés, de sa plus ou moins bonne adaptation sociale (Tarrab, 1971). Elle est également considérée comme la planche d’individuation et de séparation (Anzieu, 1992). Enfin, des réponses de type forme- couleur dans les détails de la planche sont souvent fournies par les sujets.

Finalement, selon Tarrab (1971), de la planche I à la planche V !’expérimentateur procède à l’évaluation de la personnalité de base du sujet et de la planche VI à la planche X il fait l’évaluation de la façon dont le sujet utilise sa personnalité de base.

Les liens entre les planches

La littérature sur les planches du test de Rorschach fait mention de nombreux liens possibles entre ces planches, notamment en cè qui concerne

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