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Médias et biographie : Jean Vincent-Dolor, 40 ans de journalisme à la Réunion (1948-1987)

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Médias et biographie : Jean Vincent-Dolor, 40 ans de

journalisme à la Réunion (1948-1987)

Jacky Simonin, Bernard Idelson

To cite this version:

Jacky Simonin, Bernard Idelson. Médias et biographie : Jean Vincent-Dolor, 40 ans de journalisme à la Réunion (1948-1987). Études de communication - Langages, information, médiations, Université de Lille, 1995, Médias et communication dans un espace régional, pp.41-66. �hal-01614742�

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The media and biography: Jean-Vincent Dolor, 40 years ofjournalismin ReunionIsland (1948-1987).

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Dans une île en mutation rapide, mais pauvre en matériaux historiques sur la période contemporaine, l’approche biographique permet d’aborder l’analyse de l’évolution récente des médias. Le récit de vie d’un acteur clef, Jean Vincent-Dolor, qui en 40 ans de journalisme à la Réunion (1948-1987) a exercé une influence déterminante, notamment à la radio et à la télévision, apporte un éclairage sur les transformations en cours. Trois éléments principaux se dégagent du discours de JVD : 1) la perception du contexte socio-politique del’époque, 2)la conception du rôle prévalent des médias dans leur capacité supposée à influencer les opinions et enfin, 3) un dualisme identitaire, propre aux décideurslocaux, « maîtres » chez eux, mais incompris à Paris.

Qualitative approaches are useful to analyse the recent evolution of local medias in Reunion island. At the head of the State public radio and television in this French oversea territory, Jean Vincent-Dolor was an influent journalist from 1948 to 1987. He has been a central key actor for that crucial period. This paper deals with hislife history throwing relevant light on changes in progress. Three main thematical aspects are set out here, issued from these biographical data : 1) his perception of the social and political former context ; 2) his conception of the dominant fonction of the media upon public opinion ; and 3) he expresses the dual identity — specific of the local decision makers in media area and others — , meaning a gap between the French national and gouvernemental sphere where he was told misunderstood and the island community within which he is perceived as one of the most powerful actor in media and political life.

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Aprèsle procès Dumez.

R. F. O. est un élément clef du dispositif de la répression qui se prépare La mise en scène faite par RFO - Télé samedi soir - en rediffusantl’extrait del’émission « Océnanes » avecle Préfetspécialement consacré àl’affaire del’endiguement dela rivière des Galets- n’est pas quelque chose d’innocent. Lastation deservice public apporte ainsi sa contribution à une campagne orchestrée autour del’affaire dans un but politique répressif bien précis. Sousla direction de Benoît Saudeau, comme pendantles années 60 et 70,le média du pouvoirse met aujourd’hui auservice delarépression judiciaire contreles Réunionnaisluttant pourl’égalité etlajustice.

Vendredi , 7 Mars

Au Tribunal de St Denis Le procès de l’O R T F

(...) Il y a eu toute cette propagande faite àl’occasion du Congrés fédéral socialiste puis delarencontre des Quatre partis, au cours delaquellel’exUDRTF a montré, qu’elle était bien devenue un service privé de propagande (...)

(...)

Ces individus qui dirigent F.R. III Jean Vincent-Dolor se permet tout.

En vingt ans,j’ai vécu des changements considérables. (...). La télévision était l’outil du gouvernement, c’étaitla voix dela France. (...) Le petit écran était encore perçu en 1976 comme un miracle quotidien et au départil n’y a pas eu de critiques. Ce n’est que dansles années 79-80 quel’on a connu des

campagnes contre FR3 Dom- Tom. (le Quotidien du 22/07/95).

Le 18 Juillet 1995, Témoignages, quotidien du Parti Communiste Réunionnais titre en Une :

Il y a vingt ans,le 3 Mars 1975,la Une du mêmejournal titrait:

Ancien adjoint de Jean Vincent-Dolor(appelé communément J.V.D.), JP Roussy, actuel directeur régional de RFO Réunion, sur le point de partir pour une autre affectation déclare:

Ala Réunion,la scène politico-médiatique procède d’unelogique d’acteurs dont l’histoire constitue l’un des principes matriciels forts. Nombre de ses acteurs, présents aujourd’hui, sont ceux d’hier : les mêmes, ou par filiation directe, familiale et/ou politique (Laurent Vergès, ancien maire de la ville du Port et dont il est question du procés, estle fils de Paul Vergès,le président en titre du PCR etle petit fils de Raymond Vergès,l’un des députés d’Outre Mer qui, en 1946 ont oeuvré àla départementalisation des « anciennes colonies »). De manière récurrente, on convoque le passé pour agir au présent. L’histoire, proche ou plus lointaine est utilisée comme une ressource stratégique.

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Et pourtant, de profonds changementsstructurelssontsurvenus depuisles années soixante, qui modifient de fond en comble tant le paysage médiatique, que le contexte socio-politique etsocio-économiqueréunionnais. On peut ainsi approcherles médias réunionnais comme un réseau d’acteurs qui forme un système dynamique en interaction avec un contextelocallui même entransformation. Cet espace public en voie d’émergence s’observe au niveau structurel,(cf. M. Watin et E. Wolff dans ce numéro). L’analyse trouve aussi sa pertinence sil’on s’engage dans une connaissance de ce réseau notabiliaire qui apparaît serré en ce qu’il se vit dans le contexte d’une société insulaire d’interconnaissance. Réseau constitué de continuités et bien sûr de discontinuités, marqué par l’apparition ou la disparition de personnages, émaillé d’événements de tous ordres, technologiques, sociaux,institutionnels, socio-politiques.

Une telle archéologie (qui constitue l’un des axes de recherche de l’URA 1041) appelle, outre la collecte de documents, (notamment la presse elle même), à recourir à l’approche biographique. Carles acteurs dusystème politico-médiatiquelocal ensont aussi pour une part non négligeable,les producteurs.

De tous ces acteurs, se dégage un personnage clef : Jean Vincent-Dolor (J.V.D.). Son « itinéraire médiatique » parle en quelque sorte de lui-même. Journaliste à la Réunion pendant presque 40 ans,il a marquéles médias del’île parson omniprésence,tout d’abord à la radio, ensuite dans la presse écrite, en qualité de responsable du Journal de l’Île, puis dans l’audiovisuel, en présidant aux destinées de la rédaction de la télévision publique, depuis sa création en 1965,jusqu’en 1981. « Mémoire » dela télévision réunionnaise, il a bien voulu collaborer à ce travail de recherche consacré à cette télévision (Idelson, 1995), en relatant sa carrière médiatique.

Les choix essentiels concernant les médias de l’île se sont déroulés durant quarante ans sous ses yeux, souvent également sous la varangue de sa villa. La description de l’histoire de ces médias peut ainsi passer par la mise en scène des récits recueillis auprès de acteurs qui y ont participé (Brusini et James, 1982 : 17). Le récit de J.V.D. (une quinzaine d’heures d’entretien a été réalisée à son domicile — sept visites d’environ deux heures — entre les mois de mai 1994 et mai 1995) a été complété avec celui de quelques autres acteurs de cette période dont certains ont été écartésjustement de la télévision ou des grandes décisions y attenant. Christophe Payet (actuel président du conseil général) et son conseiller Wilfrid Bertile (ancien député-maire de Sa int-Philippe) ont été à l’origine de la création du Parti Socialiste Réunionnais, de la tendancela plus autonomiste des socialistes réunionnais. Ils estiment aujourd’hui avoir été aussi mal traités, sinon plus, que les communistes réunionnais, concernant les médias. Mais, c’est le Parti Communiste Réunionnais qui a finalement fait figure durant toutes ces années, de grand exclu de la télévision. Un entretien avec Paul Vergès,leader de ce parti depuis sa création en 1959jusqu’à nosjours, a, dansla même optique, été réalisé. Enfin, Alain Peyrefitte, ministre de l’Information de 1962 à 1965, qui a pris la décision administrative d’installer la télévision dans les principaux DOM-TOM, a répondu au questionnaire qui lui a été adressé, concernant notamment le thème du contrôle gouvernemental exercé sur la télévision. Jérôme Bourdon (1991 : 127-128) rappelle l’étiquette de « grand censeur » de la télévision attribuée par les journalistes de l’époque à ce ministre. Jugement hâtif qu’il cherche cependant à nuancer, en décrivant l’image de ministre libéral qu’Alain Peyrefitte s’était efforcé de donner delui-même.

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« Lejournaliste, alongtemps été réduit au rôle defaire-valoir ou de porte-voix du pouvoir dontla conception del’information, en matière audiovisuelle,fut particulièrement rigide, au moinsjusqu’en 1968 » (Rieffel, 1991: 251-253).

J’étais comme un zoreil (métropolitain) qui débarque, se souvient-il,j’ai eu l’impression d’arriver au XIXème siècle, dans une société qui n’avait pas perçu tousles bouleversements qui s’étaient produits et qui étaient en train de

continuer à se produire dansle monde, et notamment en Europe.

Selon Bourdon, le contrôle de l’information s’effectuait plus subtilement par le biais de nominations dans les stations régionales, de responsables fidèles à la cause gouvernementale. Alain Peyrefitte souligne pour sa part qu’il est à l’origine de la Loi de juillet 1964, créant l’O.R.T.F. (Office de Radiodiffusion-Télévision-Française), office dont l’une des missions était d’institutionnaliser‘le pluralisme des différents courants de pensée’. Il assure, en réponse à ce questionnaire, n’avoir jamais influé directement surla politique rédactionnelle de la télévision réunionnaise, maisdéclare n’avoir pas été surpris‘que des responsables dela télévision réunionnaise n’aient pas souhaité faire de la propagande pour la sécession de la Réunion’. Comme dans les autres stations régionales de l’Hexagone, Jean Vincent-Dolor ferait ainsi partie de ces hommes de confiance du gouvernement gaulliste de Michel Debré.

Au-delà du cas réunionnais,le thème est ainsi soulevé dela propre perception de son métier parlejournaliste del’audiovisuel, dansla France delafin des années 60. Bourdon(1991)remarque quesilestatutjuridique dela profession est établi depuis longtemps, son statut social commence alors seulement à émerger. Les discours sur la déontologie, la mise en avant du reportage d’investigation, de la recherche de la « vérité », apparaîtront plus tard, d’abord aux Etats-Unis, puis peu à peu en Europe. Ce même champ des relations desjournalistes et du pouvoir dansla presse écrite et audiovisuelle nationale de 1960 à 1985 a été exploré par Rieffel, notamment à travers une étude réalisée sur cent-vingtjournalistes français dontles avis convergent:

En s’intéressant à cette « sphère professionnelle » des journalistes, (ou à leur « espace professionnel »selonleterme de Ruellan(1993)), Rieffel(1993)soulignela relative rareté des travaux consacrés aux journalistes en France (contrairement à d’autres pays, et en particulier aux Etats-Unis) et évoque le mur « de la censure et de l’auto-censure » auquel se seraient heurtéslesjournalistes del’audiovisuelfrançais jusqu’aux années 80. A la Réunion, qui n’a pas connu de « Mai 68 », les bouleversements etles mutationstélévisuelsse produisent plustardivement avec un décalage de plusieurs années (émeutes du quartier du Chaudron de 1991),tant au niveau technique qu’à celui du contenu.

L’itinéraire personnel de J.V.D. n’est sans doute pas étranger à certaines de ses options et conceptions qui ont présidé à son action médiatique. Issu d’unefamille réunionnaise, J.V.D. qui est né à Diego-Suarez à Madagascarle15 novembre1922, passe son enfance et son adolescence en métropole. Il porte un regard extérieur sur la Réunionlorsqu’il vient s’yinstaller àl’âge de 25 ans:

La Seconde Guerre mondiale etson engagement dansla Première arméefrançaise commandée par De Lattre de Tassigny, avec quiil participe au débarquement, va également déterminer un certain nombre de positionslégitimistes qu’il défendra plus tard, concernantl’île.Il est pourl’heure versé,selonl’expression consacrée, dansla première D.F.L.(Division Française Libre) quisetrouve autour de Paris, qu’il définit comme une division de‘gaullistes àtout crin’ ​— et c’estimportant pour comprendre son engagement aux côtés de Michel Debré quiinstallela télévision àla Réunion — puis il est démobilisé.

Une autre expérience personnelle sera déterminante. Il intégre en 1945 l’administration coloniale, à Madagascar (où son père a été gouverneur du Sud), qui

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influencera sa vision de la Réunion mais aussi des décideurs parisiens de qui il se sentira souventincompris. J.V.D. arrive deux ans plus tard àla Réunion. Dès 1948,il va connaître ses premières expériences radiophoniques : l’ingénieur chargé de la R.D.F. (Radio Diffusion Française) lui propose de s’occuper progressivement d’émissions en qualité de pigiste. C’est une radio encore artisanale. La nuit, des agents des P.T.T. captent en morse les dépêches de l’A.F.P. (Agence France Presse), puis les retranscrivent sur des feuillets manuscrits que J.V.D. utilise le matin à 4 heures pour préparer son bulletin d’information. Le média fonctionne alors sur ondes courtes, et les premiers reportageslocaux de J.V.D. sont des reportages sportifs.

A cette époque, une toute petite poignée de notables dionysiens (Saint-Denis étantle chef-lieu du département) gravite autour d’untriangle au centre-ville, délimité parla préfecture,la place du Barachois du front de mer etla cathédrale. C’est dans cet espace que se produit, au début des années 50, une rencontre fortuite entrele père de J.V.D. et le directeur dela Banque dela Réunion, quiles amène à évoquerle projet d’un ami commun, Fernand Cazal, de publier unjournal moderne àla Réunion. Le père de J.V.D. fait allusion àla passion de son fils pourla presse. Quelques semaines plus tard, J.V.D. lance le Journal de l’Île dont il sera responsable jusqu’en 1953, date à laquelle il cède la place au nouveau rédacteur en chef, René Martin-Darène. Personnage lui-aussi marquant de la presse réunionnaise, il est connu pour ses prises de position départementalistestrès engagées, qu’il partage avec J.V.D., mêmesi par ailleurs une rivalité assez prononcée opposeles deuxjournalistes. A ce moment-là, et en partie pour cette dernière raison, J.V.D., qui n’a pas abandonnéla radio pendant son expérience de presse écrite, décide désormais de s’y consacrer exclusivement ; il quitte le Journal de l’Île.

En ce début des années 60,l’idée de créer une télévision àla Réunion apparaît encore à beaucoup comme saugrenue. J.V.D. en a pourtant sentile besoin. Il tente de défendre le projet auprès du ministère parisien ou desfonctionnaires dela préfecture, en vain. Mais l’arrivée dans l’île, notamment à la députation, de Michel Debré, impulse, par le biais de fonds publics conséquents, un développement en équipements sans précédent. C’est dans ce contexte quele Premier ministre du Général de Gaulle demande au ministre de l’Information de l’époque, Alain Peyrefitte, d’installer la télévision dans les départements d’outre-mer. Les premières images sont diffusées devant quelques rares privilégiés détenteurs d’un poste de télévision (estimés à environ cinq cents), le soir de Noël1964. Puis, J.V.D. présente au débutjanvier1965le premierjournaltélévisé de l’histoire dela Réunion. Responsable delarédaction delaradio et delatélévision,il restera à ce poste de rédacteur en chef à la Réunion à la R.T.F. (Radiodiffusion Télévision Française), puis àl’O.R.T.F, et enfin à FR3 Réunion,jusqu’en1981, date à laquelleil est écarté dela rédaction parla gauche.

Brusini et James (1982 : 30-40) se demandent si l’on doit parler d’une ère nouvelle dela « télévision mitterrandiste », àl’instar dela télévision gaulliste ou giscardienne. A la Réunion en tout cas, un tournant se produitinéluctablement :les décideurs du début dela décennie 80 nesouhaitent pas maintenir en poste J.V.D., qui avouelui-même que, de toute façon après toutes ces années,il n’aurait pas supporté, ‘ouvrirle robinet à Vergès après le lui avoir interdit’.‘J’en serais malade, j’aurais les boyaux à l’envers’, ajoute-t-il.Ilse voit alors confierlaresponsabilité dulancement dela Rég ie-Inter-Océan, qui doit gérerles premières publicités delastation detélévision. De1965 à 1981, Jean Vincent-Dolor dépend hiérarchiquement de directeurs successifs de la station, de passage dansl’île, mais c’estfinalementlui seul qui choisitla politique rédactionnelle delatélévision.Il est en outre pendant dix-huit ansle correspondant dansl’île del’A.F.P.Il quittelatélévision publique pour prendresaretraite en1987, maisil continue à prendre part àla vie publique en exerçant, deux fois par semaine,les fonctions de médiateur pénal àla Maison de Justice de Saint-Paul.

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« postulat du sens del’existence racontée »,la vie étant considérée comme « un tout, un ensemble cohérent et orienté... appréhendé comme expression unitaire d’uneintention subjective et objective ».

« Cetteinclination à sefairel’idéologue de sa propre vie en sélectionnant, en fonction d’uneintention globale, certains événementssignificatifs et en

établissant entre eux des connexions propres àleur donner cohérence... trouve la complicité naturelle du biographe que tout... porte à accepter cette création artificielle de sens ».

Avant derendre compte du discours de JVD,il convient —sanstrops’engagerici dans une réflexion (qui reste à mener) surl’épistémologie des approches biographiques — de préciser quelques paramètres qui définissentle statut des récits biographiques au sein des sciences sociales et deleur pertinence dansle champ communicationnel. L’approche biographique nous apparaît utile à unesociologie des professions et des professionnels des médias, en terme de logique d’acteurs, sous l’angle de leurs pratiques et de leurs représentations. Comme elle semble l’une des voies d’accès nécessaire àla connaissance qualitative dela production/réception des médias eux mêmes (cf.la revue Hermés 11-12), dansle cadre d’une ethnographie des publics récepteurs (Proulx, 1994).

Le statut des approches biographiques comprend trois niveaux, celui des méthodes, voire destechniques d’investigation, celui dela pertinence biographique enfonction des contextes sociaux et enfinle niveau théorique. A ce niveau,le statut théorique dela connaissance biographique varie selon les ancrages objectivistes ou phénoménologiques. Si l’on suit Bourdieu (1986), décrire de la sorte la carrière médiatique de JVD,tombesousle coup del’«illusion biographique » qu’il dénonce fortement en tant que

Pour Bourdieu, « l’histoire de vie est une de ces notions de sens commun qui sont entrées en contrebande dansl’univers savant » (69).

Contre « la construction de cette sorte d’artefact socialement irréprochable qu’est l’« histoire de vie », Bourdieuinvite àrecourir àla notion d’« habitus ». La misère du monde (Bourdieu, 1993) surprend sans doute plus d’un, tantl’approche semble rompre aveclesrèglesles mieux établies dela méthode objectiviste, etla prévention quasi atavique contre le sens commun dont il est constamment réaffirmé qu’il ne peut faire l’objet d’un objet sociologique. Ainsi, Mayer (1995) met en coupe réglée ce qu’elle estime être unrenoncement-reniement dela chosesociologique et que Bourdieu a notoirement contribué àlégitimer comme théorie et comme méthode. Mayer reconnaît avec Bourdieu que la biographie représente un instrument de production de connaissance, condition d’enquête oùle sociologuejoue véritablement son rôle d’« accoucheur ». Outre cette fonction maïeutique, c’est une « sociologie compréhensive et compréhensible pourle grand public,s’adressant autant àl’émotion qu’àlaraison » (Mayer, 1995 : 366). Mais à faire porter exclusivement la critique sur des questions de méthode voire surl’habileté relative de Bourdieu à mettre en pratiquela pratique raisonnée qu’il prône del’entretien, son proposreste defaible portée. Ou plutôtil procède d’une défense etillustration dela sociologie objectiviste dont elle pense, à tort, quel’un deses plus notoires militants a commis uneirréparabletrahison. Car cette rupture n’est qu’apparence. Latechnique del’entretien « compréhensif » quitente d’atténuerla violencesymbolique au principe detouteinterrogation, prend certesla forme de la conversation ordinaire car elle semble, selon Bourdieu, la mieux ajustée à ce souci. Mais sa construction du regard repose sur des prémisses objectivistes restées identiques:le cadre explicatif du déterminismeindividuel parlesstructuressociales. La misère du monde reste une entreprise quis’inscrit dans cette parfaite continuité

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« Tenter de se situer en pensée àla place quel’enquêté occupe dansl’espace social... c’est se donner une compréhension générique et génétique de ce qu’il est,fondée surla maîtrise (théorique et pratique) des conditions sociales dontil estle produit: maîtrise des conditions d’existence et des mécanismes sociaux dontles effets s’exercent surl’ensemble dela catégorie dontil fait partie (...) et maîtrise des conditionnementsinséparablement psychiques et sociaux associés à sa position et à sa trajectoire particulières dansl’espace social » (Bourdieu, 1993: 910).

«information préalable (...) d’improviser continûmentles questions pertinentes, véritables hypothèses qui s’appuient sur une représentation intuitive et provisoire dela formule génératrice propre àl’enquêté pourla provoquer à se dévoiler plus complètement » (Bourdieu, 1993: 911).

« L’opposition traditionnelle entreles méthodes dites quantitatives, comme l’enquête par questionaire, etles méthodes dites qualitatives commel’entretien, masque qu’elles ont en commun de reposer surlesinteractions sociales qui s’accomplissent sousla contrainte des structures sociales. Les défenseurs des deux catégories de méthode ont en commun d’ignorer ces structures... » (Bourdieu, 1993: 904, note 2 ).

théorique. Elle peut selire comme une extension du « métier de sociologue » au métier d’enquêteur, comme une réflexion (et une mise en pratique) surles conditions de maîtrise « objective » delarelationsociale que constituel’interaction « enquêteur-enquêté ».

L’enquêté, ainsi défini, permet àl’enquêteur surla base de cette

Lesavoirthéorique dusociologue,transmué en guide d’instruction pour conduire l’entretien, s’investit dansle savoir-faire pratique del’enquêteur. Lorsqu’il condescent à descendre sur le terrain de la vie quotidienne, où les gens ordinaires (le peuple populaire) échangentleursens commun et vaquent àleurs occupationsindigènes,le sociologue savant, ainsi prémuni, se sent suffisamment armé pour affronter ce que tous ceux-là peuvent dire de ce qu’ils pensent et de ce qu’ils font, de ce qu’ils pensent qu’ils font. Puisqueleur dit est conçu, produit puis analysé pourles besoins dela cause: illustrerles données objectives quifabriquentleur point de vue, qui déterminentleur biographie, bref qui font leur destin ; et confirmer ainsi la théorie fondatrice. Théorie qui ne partage pasle‘qualitatif’ etle‘quantitatif’ précise Bourdieu:

D. Bertaux qui a contribué à developper en Fanceles techniques biographiques apparaît bien proche de cette orientation dansla mesure oùil construitl’approche biographique comme un moyen d’accés par les « destins personnels » aux « structures de classe » (Bertaux, 1977). Le recueil de données biographiques, (qu’il juge techniquement plus «rentables », qualitativement plus pertinentes que celles qu’on obtient par questionnaire),lui permet unelecturesociologique des «rapportssoc io-structurels » qui constituent son objet d’étude « et non les représentations symboliques » (Bertaux, 1986: 24). Ce qu’il nommel’approche ethnosociologique consiste à « aller au delà de l’univers des significations subjectives pour atteindre celui des « rapports sociaux objectifs » (Bertaux, 1986 : 27). Le statut méthodologique de la connaissance biographique est différent selon qu’on recourt à la quantification à l’aide du questionnaire — en ce casils alimentent en données, un processus deformulation d’un questionnaire —; ouselon qu’ilss’inscrivent dans un processus de bout en bout qualitatif,remplissant alors desfonctions diverses d’utilisation aux différentes étapes du processus de recherche, fonctions exploratoire, analytique ou expressive.

Bertaux oppose à sa conception structurale, le courant « socio- sémiologique » dont les tenants s’inspirent du cadre phénoménologique, et parmilesquels il range Ferraroti (1983) et Catani. Ce dernier affirme que

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«l’approche biographique, est sui généris parce qu’elle ne permet quel’étude des systèmes de valeurs déduits du récit quele narrateur alui même organisé sinon structuré. La véritable affaire alors, estl’étude, dansle cadre d’une anthropologie comparative des sociétés modernes, des formules particulières qui relèvent tant du devenir que de systèmes de valeur différents, dansleurs variantes etleurs variations. » (Catani, 1982: 42).

« toutel’analyse du récit de Tante Suzanne s’efforce de reconnaître structures sociales, pratiques et représentations collectives enles distinguant dela psychologie et dela morale et qui rendent possiblele récit subjectif des faits » (Catani, 1982: 10).

« Sila transition entre ce quel’on appelle communément mais d’unefaçon réductrice « tradition » et « modernité » constitue le grand faitidéologique mondial (L. Dumont)l’analyse des matériaux biographiques en est un mode d’études privilégié » (Catani, 1982: 12).

«le choix d’approches qualitatives, s’appuyant surles techniques de type ethnologique ou sur des entretienslibres, répond souvent à des problèmes de délimitation de populations étudiées ainsi qu’à un manque de connaissances préalables », Pollack et Heinich soulignent que «la méthode biographique en sciences sociales a donnélieu aux résultatsles plus probantslorsqu’elle a été appliquée (...) aux momentsforts du changement social et économique - chaque fois qu’un groupe social doit s’adapter à un contexte nouveau et redéfinir son identité et ses rapports à d’autres groupes » (Pollack & Heinich, 1986: 3).

En épigraphe à Tante Suzanne, un ouvrage de référence, Catani reprend une citation de Mauss quil’autorise à affirmer que

Les approches biographiquesrelèvent d’orientationsthéoriques quiimpliquent un choix de paradigmes entre l’objectivisme et la phénoménologie, comme elles génèrent des discussions afférentes sur les relations entre les données de nature idéographique ou nomothétique. Elles dépendent par ailleurs du contexte social au sein duquel on les met en œuvre. Lalittérature en ce domaine traitant de cet aspect, souligne fortementle fait queles approches portant surla connaissance qualitative des acteurs et centrées sur leur rapport au monde sont adaptées dans les situations où soit l’observateur découvre un monde qui lui est étranger et des populations quilui sont peu familières, soit que la société qu’il observe connaît des changements significatifs ; ou encorelorsqueles populations observéessont ensituation de changement, c’estle cas desimmigrés ou des individus engagés dans des processus de mobilité sociale. Catani, qui s’intéresse au phénomène d’immigration, se réfère à une théorie du changement social contemporain en terme de passage ou d’interpénétration du holisme et de l’individualisme. Il trouve soninspiration dansles thèses de Dumont:

La recherche de Pollack — pour ne citer que cet exemple — sur l’expérience concentrationnaire, comme restructuration identitaire « radicale » en situation extrême desurvie pose égalementla question desrécits(auto)-biographiques comme mode d’approche qualitative pertinent. Constatant que

C’est en fonction de ces considérations que le choix s’est fait de recourir aux méthodologies qualitatives, plus particulièrement àl’approche biographique. Lerécit que nouslivre J.V.D et dont nous allons exposerleslignes deforce est considéré comme témoignage personnel qui comporte quelques éléments significatifs sur quarante ans del’histoire médiatiqueréunionnaise. Significatifs aux yeux mêmes des acteurs duréseaulocal d’acteurs qui oeuvrent aujourd’hui ausein du paysage aud io-visuel réunionais

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Je dois dire, explique-t-il, quelesinterventions de Michel Debré étaient quelquefois un peu troplongues. Et que ça pouvaitle desservir. Çal’a même desservi. Alors, nous étions attaqués, et moi en particulier, parce que

naturellement Michel Debré avaitlibre accès àl’antenne, et d’autre partle PCR, je m’arc-boutais pour qu’il n’ait pas accès à cette antenne.

Nousluttions, se souvientleleader du P.C.R., pour que nous ayons un droit d’accès àla télévision qui nous était refusé comme àla radio. Et, c’était

tellement net qu’àl’occasion des élections présidentielles de 1965, où Jacques Duclos était candidat,il afallu quejefassele voyage dela Réunion à Paris pour passer, etje me rappelle avoir utilisélaformule: « J’auraifait 20 000 km al ler-retour pour parler deux minutes àla télévision », parce quel’émission était une émission officielle qui devait passer àla Réunion, etje me rappelle que Jacques Duclos m’avait répondu: « Tu t’avances beaucoup, nous verrons si cette

émission est diffusée àla Réunion... », et elle a étéinterdite àla Réunion, elle n’est pas passée, ce quifait quej’ai pu m’adresser à tousles Français, mais pas aux Réunionnais, ce qui vous montre commentla radio etla télévision étaient totalement verrouillées. Et en même temps qu’on nous refusaitl’accès, àla radio d’abord, àla télévision ensuite, eux prenaient part àlalutte politique, et touslesjours.

Complété par celui des opposants communistes etsocialistes,le discours de J.V.D., apporte à cesujet un éclairagesocial, historique et politique dela période concernée. Trois éléments principaux s’en dégagent : 1) La perception du contexte socio-politique del’époque ; 2 ) La conception prévalente du rôle des médias ; et enfin, 3) Un dualisme identitaire. Avant de les parcourir, insistons sur le fait que ces trois thématiques constituent des axes constitutifs de cettelogique d’acteurs que nous tentons (plus largement que dans le cadre de cet article) de mettre à jour. Autrement dit, ce qui peut être jugé comme relevant de la seule subjectivité d’un individu, fût- il un homme clef, participe d’un savoir socio-historique partagé, érigeant ce réseau local polit ico-médiatique en communauté de sens.

Lancée par Michel Debré, la télévision réunionnaise, durant la période d’exercice de son rédacteur en chef, J.V.D., a été partie prenante dans l’opposition départementaliste/autonomiste qui a marqué la vie politique locale. C’est dans ce contexte de bipolarisation exacerbée que les deux camps revendiquent l’usage du média, convaincus desaforce et desoninfluencesurles électeurs. La période qui a précédé le lancement de la télévision à la Réunion a été marquée, sur le plan électoral, parlafraude. Le gouvernement gaulliste ne peut ques’opposer à ces pratiques d’un autre âge, etlatélévision, avecsa dimension politique, est perçue, outre comme‘une fenêtre extérieure sur le monde offerte aux Réunionnais’, (c’est J.V.D. qui l’explique), également comme un instrument permettant de faire passer ses idées. Les interventions-fleuves de Michel Debré, dont J.V.D.reconnaît dans ses entretiensle caractère peu opportun,le montrent:

Paul Vergès et son parti revendiquent eux aussil’utilisation du média:

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Mon raisonnement étaitle suivant, se souvient-il: si c’étaitle P.C.F., aucun problème, c’était un parti communistefrançais,il aurait accès àl’antenne dela mêmefaçon que d’autres. Mais, c’était un parti communiste réunionnais qui a des statuts spécifiques, qui est à Moscou, représenté dela mêmefaçon -les secrétaires généraux hongrois, polonais, bulgares, roumains, etc., sont placés surle même plan. Donc,il s’est mis hors dela collectivité nationale. Ceci est important. Voyez-vous, Paul Vergès allait à Moscou en tant que représentant d’un parti communiste tout àfaitindépendant du Parti communistefrançais. Il y avait Marchais, et puisil y avait Vergès.

C’était une propagande anti-région, affirmel’ancien député socialiste, on disait: « Vous voyez à Maurice, commentils sont misères, voyez

l’indépendance de Madagascar, etc. » Nos voisins étaient des contre-exemples, etlorsqu’en 82, on alancéla coopération régionale quel’on avait toujours prônée, ça allait à contre-courant...

Entre 1965 et 1981, Paul Vergès n’apparaît jamais à la télévision, pas plus d’ailleurs que le courant autonomiste des socialistes. Il n’existe durant cette période aucun débat public télévisé, et il paraîtrait incongru aux décideurs de la télévision réunionnaise de tendre un micro à tous ceux qui pourraient avoir quelques velléités de revendications autonomistes, voire, a fortiori, indépendantistes. La télévision réunionnaise représente alors bien un média d’Etat, d’opinion, aux normes et aux valeurs propres, en symbiose avecle pouvoir en place.

La crise de Cuba qui vient de faire trembler la planète est achevée lorsque la télévisionréunionnaise commence à émettre, mais elle nesesitue pas moins dansle contexte de guerrefroide qui caractériseles relationsinternationales Est/Ouest de l’époque. Pourle gaulliste Jean Vincent-Dolor,soucieux delasuprématie occidentale face aux pays del’Est,le Parti communisteréunionnais constitue une menace, non seulementintérieure, mais également, entermes stratégiques, dans une dimension régionale. Son choix de neutraliserle PCR, explique-t-il,sesitue alors dans un cadre géopolitique.

Située sur la route du pétrole, dans l’océan Indien, la Réunion peut jouer un rôle stratégique. J.V.D. évoque la place des soviétiques dans la région, en Somalie, à Madagascar, ou ailleurs, avec des objectifs de prise d’influence sur le golfe persique, même si la guerre d’Afghanistan n’est pas encore déclarée. Il cite cette phrase de Khrouchtchev: ‘J’espère vivre assez vieux pour voirla faucille etle marteau, dans tous les pays du monde’. Pour lui, il ne fait aucun doute que si Paul Vergès avait réussi à mener la Réunion à l’indépendance, celle-ci serait devenue un « orbite » du « grand frère soviétique », qui souhaitait, toujours selon lui, posséder au milieu de l’océan Indien, un porte-avions permettant de faire atterrir des appareils pour relayer les équipages des sous-marins nucléaires. La Réunion est alors entourée de pays aux convictions politiques plus proches de celles des pays de l’Est — Seychelles, Madagascar, Comores sont gouvernés par des dirigeants socialistes — avec des mouvements anticolonialistes (tels le Comité contre la colonisation de Dar Es Salaam). Et selon Wilfrid Bertile, toute ouverture régionale en terme de coopération serait jugée sinon subversive, du moins suspecte parle gouvernement Debré:

La Réunion estsouvent évoquée comme pilier delasouverainetéfrançaise dansla zone y compris récemment (Gohin, 1990). Les années soixante marquent la consolidation de cette souveraineté, renforcée sans cesse depuis (Maestri, 1994). C’est donc dans ce climat tendu que s’exercel’exclusion dela télévision des sympa​thisants ou du moins présumés commetels, du blocsoviétique. L’approche du débat politiquese

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Moi,j’étais persuadé que ça marcherait,jelui ai cité (au directeur d’Havas),le cas quej’avais vécu du JIR, (Journal del’Île) du Quotidien, del’EDF, quand c’était encorel’Énergie électrique dela Réunion, etje me suis attachéici àlui fairela démonstration que ça pouvait marcher. Je me souviens qu’il m’avait dit: « Pour rentabiliser Canal Plus àla Réunion,il nousfaudrait plus de dix mille abonnés ». Jelui ai dit, plus de dix mille abonnés, mais vousles aurez dansles trois mois, dansles six mois, ça va être une traînée de poudre... », (46 000 abonnés en 1995 àla Réunion. Source: 7 Magazine Réunion n° 942: 31).

Écoute,lui avait-il dit,les décisions ne se prennent pasici, maisje vais te donner un nom et un numéro de téléphone à Paris, tu vas allerle voir de ma part, c’estle président de Régie-Inter-Océan qui est en train de travailler àla mise sur pied de différentes choses, ICV, etc. Chastant, qui est un ami, queje tutoie, queje connais depuis trèslongtemps, et qui était venu en catimini, un an avant, pour voir comment ça (la publicité) pouvait se mettre en place, (...) etje donne un petit mot pour Chastant à Roussy.

révèle ainsi totalement dichotomique, sans possibilité de rencontre ou d’échanges publics d’idées.

Le récit de J.V.D. fait découvrir queles grandes décisions en matière de télévision, et de médias en général, sont le fait d’une petite minorité élitiste et nobiliaire qui gravite autour dujournaliste. Dansla Réunion des années 60 à 80,le monde des médias semble dirigé par une poignée de notables qui,s’ilss’opposent parfois avec virulence, finissent pourtanttoujours pars’entendre. J.V.D.lui-même, nefait passes premières armes dansla profession comme un petitfonctionnaire débutant àla R.T.F.Issu de l’administration coloniale, il va hériter du réseau de connaissances de son père, Anatolien Vincent-Dolor, personnalité réunionnaise qui, en tant qu’administrateur colonial,fut gouverneur du Sud de Madagascar. Même danslarivalité,lesfamilles tissent parfois desliens: ainsile père de J.V.D. entretient desrelations de confiance mutuelle avecle père de Paul Vergès,le Dr Raymond Vergès. Dansle même ordre d’idée,l’implantation des émetteurs autravers del’île poursuit dèsle début, non pas unelogiquetechnique d’efficacité, mais se développe selonle bon vouloir des élus locaux qui font pression sur la station de Saint-Denis (centre décisionnel de l’île), pour posséder, chacun dans son fief, la fameuse lanterne magique. Bien plus tard, au début des années 80, on retrouve encore une minorité, dont un patron de presse local et un directeur de Havas, réunis toujours autour de J.V.D. sous la varangue de sa villa sa int-gilloise, pour poser, dansl’île,les premières pierres dela maison Canal Plus à la Réunion. La discussion entre amis portent sur l’opportunité du projet : J.V.D. explique pourquoiil été convaincu du succès del’opération:

De même, le système de recrutement des journalistes dans l’ensemble de l’audiovisuelfrançais de cette époquefonctionne par cooptation. Leréseau s’établit d’ailleurs en liaison avec Paris, par l’intermédiaire de relations directoriales ou syndicales. J.V.D. explique par exemple commentil afaitrevenir dansl’île,son ex-adjoint, Jean-Philippe Roussy qui avait été muté à Bordeaux après 1981.

Jean-Philippe Roussyrevient ensuite àla Réunion àla direction delasociété de production I.C.V., une filiale de RFO, avant de réintégrer plus tard la station de RFO-Réunion dontil deviendrale directeur régional en 1989.

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Question : Est-ce que selon vousla télévision des années 65 étaitla télévision du gouvernement, de Michel Debré, et si oui, comment s’exerçait son contrôle ? J.V.D. Je vousferaila même réponse qu’avaitfait un desjournalistes dela télévision àje ne sais plus quelle personnalité quilui avait demandé: « Est-ce que vous avez déjà reçu un ordre de Vincent-Dolor defaire, ou de ne pasfaire, de dire, ou de ne pas dire plus exactement ? ». Etil a répondu: « Non,jamais ». Moi de même,je puis dire: « Je n’aijamais reçul’ordre de dire ou de ne pas dire ». Maintenant, sije dis cela,je reconnais que de ma part,il y a une certaine hypocrisie.

La télévision d’Etat fonctionne durant ces années-là comme un système hiératique et monopolistique, d’où tout débat est écarté. Bien que service public, elle ne remplit alors aucun rôle médiateur entre l’État et la société civile. Pour les décideurs locaux, comme pour les responsables parisiens, laisser les communistes réunionnais accéder à l’antenneserait contraire auxintérêtslégitimes dela France menacés parlespectre autonomiste du «largage » dela Réunion. C’est évidemment reconnaître ainsi,la force, l’impact du médium, y compris à ses débuts. Il est également intéressant de constater que cetteidée dela puissance présumée dela télévision, de son pouvoir, dansla diffusion desidées politiques, esttout autant partagée parl’autre camp, communiste autonomiste, qui ne cesse durant toutes ces années de revendiquer l’accession à l’antenne. Dans cette logique de camp, incontournable, J.V.D. reconnaît en toute franchise qu’il utilise le média télévision pour appuyer ses convictions. ‘L’option nationale’, commeill’a décrit, a dû être privilégiée. Le choix de J.V.D. a été, selonlui,le suivant : comment être dans une telle situation à la fois‘bon journaliste et bon Français’ ? En qualité d’ancien combattant, le rédacteur en chef de la télévision estime qu’il a dû trancher. Lejournaliste affirme n’avoirjamais « reçu d’ordre » de Paris, mais ne contourne pas le thème de la déontologie, reconnaissant même clairement que cela estresté pourlui une‘question essentielle’. Le premierjournaliste del’Histoire dela télévision réunionnaise ‘savait’, mais ne ‘pouvait agir autrement’. Une sorte de conscience politique, un engagement total, émergent ici, étrangers, opposés, à la conscience professionnelle, mais guidés par un choiximpératif, non dérogatoire,sur lequelreposetoutela conviction‘d’hommelibre’,issu d’unetradition gaulliste et de résistance,(l’acteursocial yfaitsouvent allusion), même, et c’estlàtoutle paradoxe, quand son attitude, de couperl’antenne à ses contradicteurs, va a contrario des notions de liberté d’expression et de pluralisme inhérentes à l’éthique journalistique, qui il est vrai, ne sont toutefois pas évoquées de la même manière qu’aujourd’hui dans le contexte d’alors.

Ce type d’attitude du journaliste se retrouve de la même façon dans la presse écrite de l’époque ; caractéristique de la presse réunionnaise qui consiste à mêler le commentaire auxfaits, encore en vigueur aujourd’hui(cf. G. Gauthier et P. Breton, dans ce numéro). Les discours toutefois peuvent varier. Michel Debré préfère pour sa part considérer que la création de la télévision s’est inscrite dans un arsenal d’infrastructures rendues sous son mandat plus performantes, (Postes et Télécommunications, Ponts et Chaussées, Gendarmeries) destinées à ‘rompre l’isolement del’île’(Debré,1974: 51). Entout état de cause,ils’agit-là dela défense d’une même logique assimi​lationniste avec la métropole, prévalant jusqu’à la décentralisation et dans une moindre mesure, jusqu’à aujourd’hui. Ce passage de l’entretien avec J.V.D. est à ce sujet révélateur:

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Question: Parce que vous étiez déjà acquis àla cause... ?

J.V.D. Je n’étais pas acquis àla cause,j’étaisfoncièrement contre ce queje considérais êtrele pied àl’étrier pourl’indépendance.

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Quandj’en vois encore, àl’heure actuelle,j’en retire toujours uneimpression pénible:je me dis, mais on a àfaire à des demeurés ou quoi ? (...) On a essayé bien sûr, (...) mais ça donnait des résultats aussilamentables que cela donne maintenant. Avec des gens complètement éberlués qui se demandent de quoiil s’agit, si ça se passe surla planète...

Quand on disait à Paris, voilà ce que nous pourrionsfaire, etc., on nous répondait: « ben, non, non, y’a pas d’argent, vous n’avez pas de moyens, et puis, ce n’est pas votre rôle, vous êtes C.A.T.

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Caractéristique delatélévisionréunionnaise depuis ces débutsjusqu’àlafin dela décennie 70,lafaibleimportance attachée aufaitlocal apparaît clairement àlafois dansle discours de J.V.D. et dansles programmes. La télévision réunionnaise s’emploie d’abord à assurer uneretransmission des programmes nationaux, complétée par des journaux locaux, réalisés avec des moyens assez réduits. La radio produit des reportages sportifs depuis longtemps, et le sport donne l’occasion de quelques émissionslocalestélévisées, quelques émissions enfantinessont égalementréalisées; mais globalement on peut plutôt parler d’indigence en matière de productionlocale télévisée. Deux raisons peuvent être évoquées : d’abord celle des faibles moyens, soulevée par J.V.D, mais aussi l’idée fortement ancrée, et que l’on retrouve également dans la presse écrite, pauvre en reportages locaux (jusqu’à la création du Quotidien de la Réunion en 1976), qu’il ne se passe finalement rien d’intéressant dans l’île. L’heure n’est pas encore aux émissionsinteractives ni au média de proximité, et J.V.D. rechigne à laisser s’exprimer devant une caméra, l’homme de la rue. En fait, la langue créole n’a pasle droit de cité àl’antenne, et seulsles notableslocaux où des gens de passage « qui parlent bien » sont réunis parfois surle plateau. J.V.D.jugela radio - (ou télé- ) trottoir en termes négatifs:

Le fait local peut aussi être considéré comme suspect sur le plan politique, car toute ouverture sur des spécificités réunionnaises, pourrait, dansle contexte décrit plus haut, êtreinterprétée comme autonomiste. Aussi, et c’est danslatradition del’information officielle, (Caudron, 1989)les sourceslocales d’information qu’utilise J.V.D. selimitent principalement au cabinet dela préfecture et à quelques administrationstelles que l’Agriculture ou les Eaux et Forêts. Il faut toutefois reconnaître que J.V.D. a plusieurs fois tenté de développer certaines émissions locales, mais qu’il avait l’impression de se heurter àl’incohérence du système del’audiovisuel métropolitain, celui des C.A.T., Centre d’Actualités Télévisées,surlequel était calquéelastation dela Réunion. Des tentatives d’émissions pour la jeunesse, ou pour les enfants des Hauts de l’île ont ainsi été entreprises. Mais les difficultés matérielles et budgétaires attribuées à Paris limitaientle champ d’action del’époque:

J.V.D. est également àl’origine, avecson directeur del’époque,Irénée Colonne, de l’opération « J.J. » (Jeunes Journalistes) qui a permis de recruter des jeunes journalisteslocaux, dont certains possèdent une bonne connaissance du terrain.

Un thème récurrent du discours de l’intéressé reste ce sentiment de double identité. Si, àla Réunion,il bénéficie d’unelarge marge de manœuvre et de décision,il se heurte

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Oui, parce qu’à Paris, on m’a dit: « Finalement, nous n’avons pas dejournaliste d’outremer ». Il y en avait pas,il y avait moi, mais,je n’étais pas considéré comme unjournaliste d’outremer,j’étais considéré comme unjournaliste métropolitain muté àla Réunion, vous savez,il y avait deux statuts,il y avaitle statut de deux ans, au bout de ces deux ans de séjour,je retournais en

métropole, quatre mois de congé, etje recevais en principe une autre

affectation, et chaquefois on me disait: « Bon, vous retournez àla Réunion ? », je disais, oui, donc, « On n’a pas assez dejournalistes d’outremer, notamment de Réunionnais,il y en a pas »,je dis si,il y a moi, « Oui, oui, mais enfin vous ce n’est pasla même chose... »

- Pour vous donner uneidée del’optique des services parisiens,j’allais tousles deux ans en congé, et bien entenduje passais quelquesjours àla direction générale, àla présidence. J’avais émisl’idée quel’on pouvait utiliserle satellite, pour avoir France-Inter, parce qu’avant nous diffusions France-Inter mais sur ondes courtes, doncl’onde courte, elle étaitinégale comme qualité, etil m’a été répondu: « Vous voulez France Inter àla Réunion ? A quoi cela va servir ? Et d’ailleurs, vous savez,les Antilles n’en veulent pas. » J’ai dit, oui, mais, nous à la Réunion, on est demandeur, on aimerait bien avoir France Inter, pas en totalité, mais avoirles grandes émissions de France Inter,le 13 heures,le matin, certaines émissions, etc. On était accueilli,lorsquel’on émettait cela, et moije me battais puisquej’étais responsable desinformations,je n’avais pas àfaire à

à Paris àl’incompréhension des technocrates et de sa direction technique peu au fait des réalités locales. Le statut même de J.V.D au sein de la télévision peut paraître ambigu : il s’agit d’un statut de fonctionnaire métropolitain détaché dans l’île. Il relate la contradiction évidentelorsquel’opération J.J. de recrutementlocal est amorcée:

De tout temps, les décideurs réunionnais ont éprouvé le sentiment de décalage et de distance vis-à-vis de Paris. Claude Wanquet dans une thèse consacrée àla Révolution à la Réunion évoqueles difficultés qu’éprouve déjàl’administrateur Crémontface aux bureaux ministériels versaillais et à leur « désinvolture » ; lequel fonctionnaire écrit en 1770 que‘les îles ne prospéreront jamais, parce que ceux de qui elles dépendent ne les connaîtrontjamais’ (Wanquet,1977,tome1:136-137). Si J.V.D.soutientla politique entreprise par Michel Debré àla Réunion qu’il approuve sans réserve, à aucun moment il ne se définit comme un médiateur entrele pouvoir central etle département. Bien au contraire,il explique commentle projet d’installation delatélévision àla Réunion a d’abord été perçu avec ironie dans certains ministères parisiens. Une fois la télévision installée,il n’enreste pas moins méfiant àl’égard d’un centralisme bureaucratique, maintes fois évoqué dans son discours, centralisme qui réduisait sa marge manœuvre. Par exemple, il désapprouve la structure de C.A.T. (Centre d’Actualités Télévisées de la station dela Réunion) ​— on vient dele voir — fonctionnant dansles différentes régions métropoles comme relais de la télévision nationale, mais en étant, d’après lui, totalementinadaptée auxréalitésréunionnaises. Dans cescepticisme anti-parisien,il ne se place jamais explicitement sur le terrain politique. Mais il exprime ce qui correspond, en temporalitélongue, à un aspect dela matrice sociale ultra-marine, celui d’une dialectique métropole-Centre/colonie-Périphérie. Là-bas, au milieu du nombre, isolé dans les couloirs des ministères, on n’est qu’un simple administré, alors qu’ici, on est connu, et reconnu, en tant que notable.

Ala Réunion,les décisionssont prises parle binômerédacteur en chef/directeurs successifs de la station, lesquels directeurs restent assez peu de temps dans l’île. J.V.D. possède dela sorte un certain pouvoir de décision surle planlocal, c’est un personnage localinfluent, acteur clef dela vie sociale del’île, alors qu’il se sent perçu un peu comme un « paysan du Danube », lorsqu’il frappe aux portes des ministères parisiens ou encore desa directiontechnique pour obtenirtel outel moyensupplémentaire.Il raconte par exemple commentilréclame en1987la couverture del’île par France-Inter:

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des gens hostiles, mais à des gensincrédules qui se disaient, « bon, ben... ». Je me mettais àleur place etje m’imaginais ce qu’ils devaient penser. Ils pensaient quej’étais quelqu’un qui cherchait à se singulariser en émettant desidées complètementfarfelues: « Qu’est-ce qu’ils ont besoin de France Inter àla Réunion ? Alorsles encombrements surle périphérique,les accidents en montagne, etc. », onleur disait, mais oui, on vit àl’heure dela métropole, etil n’y a pas que ça,il y a aussiles questions politiques, etc. »

Ceci pour vous montrer que pendant trèslongtemps, vus dela métropole, on avait à obéir, on était des mineurs, etilfallait faire ce qu’on nous disait de faire.

- Pourle national etl’international donc,je vous ai dit que c’était une remise à jour des bobinos qui nous arrivaient de Paris. Entre-temps, nous avions reçu des téléscripteurs, heureusement. Mais des téléscripteurs qui donnaient des dépêches fréquemment brouillées, parce qu’il n’y avait pas encore de satellites, donc nous avions souvent des difficultés pour rétablir ces dépêches. Parlons maintenant dela source nationale etinternationale:il y avait un service A.F.P., Afridascar, qui n’était pas du tout adapté à nos besoins. Nous avionsla

nécessité d’avoir des nouvelles nationales etinternationales, et on nous envoyait des dépêches concernantles pays d’Afrique dontl’auditoire

réunionnais se moque éperdument. Ilfaut qu’il y ait des événements commele Rwanda pour queles gens s’intéressent àl’Afrique, même encore maintenant. Alors que depuis, on a parlé dela nécessité dela coopération régionale, etc., maisles Réunionnais s’enf.... d’unefaçon totale. Donc nous avons bagarré pendant des années, et moi commej’étaisle correspondantlocal del’A.F.P., (...) j’allais àla place dela Bourse, àl’AFP-Paris, etjeleur disais: « Ça ne

correspond pas du tout ».

- Mais si, mais si, regardez une carte, vous êtes dansl’alignement Afr ique-Madagascar » me disaient-ils, sous-entendu: « Vous nousfaites suer »... Etil fallutl’intervention de Debré pour avoir ces nouvelles, enfin pas de Debré directement, mais de quelqu’un de son entourage qu’il avait chargé de s’en occuper après quejelui en ai parlé. J’imagine que ce gars-là a dûleur dire: « Oui, vous savezle Premier ministre souhaiterait que..etc. ». Alorslà, évidemment...

Bien plus tôt, pendant les débuts de la radio, J.V.D. se heurte aux mêmes incompréhensions parisiennes:

Enfin, en mêmetemps qu’ilsesentincompris à Paris, J.V.D. est considéré parles opposants del’île commel’âme damnée, serviteur zélé au service de Paris — Christophe Payet utilisele terme de « cerbère » — alors qu’il confirme bien n’avoirjamais été « aux ordres », et tandis qu’il se situe lui-même en opposition avec les décisions techniques dela capitale.

Pour conclure, il nous semble que la nécessité d’adopter une posture anthropologique s’impose dansle contexte dela Réunion. Société « mutante » et « télescopée », où tradition holistique et processus d’individualisation s’interpénètrent, y compris dansle champ politique et médiatique. La Réunionreprésente un espace socio-historique qu’on peut appréhender par les structures comme par les acteurs. Ce qui confère à l’approche biographique non pas seulement la place d’une simple technique, mais en tant qu’elle constitue une construction centrée surle point de vue de l’acteur. Décrire d’une partlesstructurations etlesre-structurations de cet espace, et d’autre partles perceptions de ceux quijouent ou ontjoué unrôle, notamment de premier plan porte ensoisinon une visée explicative, àtoutle moinstémoigne d’un souci d’« élucidation », pour reprendre une formule qu’affectionne Bertaux. L’observation detels processus socio-structurels et socio-sémiologiques s’impose de manière d’autant plus catégorique que sila connaissance dela Réunion dans son histoire contemporaine des trois dernières décennies au niveau de son contexte structurelsouffre d’un certain déficit,la connaissance qualitative, ethnographique et biographique manque de manière encore plus criante.

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